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Helmut Kohl

Helmut Josef Michael Kohl [ˈhɛlmuːt ˈjoːzɛf ˈmÉȘçaːʔeːl ˈkoːl][2], nĂ© le Ă  Ludwigshafen et mort le dans la mĂȘme ville, est un homme d'État allemand.

Helmut Kohl
Illustration.
Helmut Kohl en 1996.
Fonctions
Chancelier fédéral d'Allemagne
–
(16 ans et 26 jours)
Président Karl Carstens
Richard von WeizsÀcker
Roman Herzog
Gouvernement Kohl I, II, III, IV et V
LĂ©gislature 9e, 10e, 11e, 12e et 13e
Coalition CDU/CSU-FDP
Prédécesseur Helmut Schmidt
Successeur Gerhard Schröder
Président du groupe CDU/CSU au Bundestag
–
(5 ans, 9 mois et 21 jours)
LĂ©gislature 8e et 9e
Prédécesseur Karl Carstens
Successeur Alfred Dregger
Président fédéral de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
–
(25 ans, 4 mois et 26 jours)
Prédécesseur Rainer Barzel
Successeur Wolfgang SchÀuble
Vice-président fédéral de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
–
(3 ans, 6 mois et 26 jours)
Président Kurt Georg Kiesinger
Rainer Barzel
Ministre-président de Rhénanie-Palatinat
–
(7 ans, 7 mois et 6 jours)
Gouvernement Kohl I, II et III
LĂ©gislature 6e, 7e et 8e
Coalition CDU-FDP (1969-1971)
CDU (1971-1976)
Prédécesseur Peter Altmeier
Successeur Bernhard Vogel
Biographie
Nom de naissance Helmut Josef Michael Kohl
Date de naissance
Lieu de naissance Ludwigshafen (Reich allemand)
Date de décÚs [1]
Lieu de décÚs Ludwigshafen (Allemagne)
Nationalité Allemande
Parti politique CDU
Conjoint Hannelore Renner (1960-2001)
Maike Richter (2008-2017)
DiplÎmé de Université de Heidelberg
Profession Historien
Politologue
Religion Catholique

Signature de Helmut Kohl

Helmut Kohl
Chanceliers fédéraux allemands

EntrĂ© Ă  l’Union chrĂ©tienne-dĂ©mocrate d'Allemagne (CDU) en 1946, il est le chef du gouvernement ouest-allemand puis allemand pendant seize ans, du au . Seul Otto von Bismarck aura Ă©tĂ© chancelier plus longtemps.

Il participe Ă  la construction europĂ©enne en tentant de mettre en place son grand projet des États-Unis d’Europe ; il contribue Ă  l'instauration de l’Acte unique puis du traitĂ© de Maastricht, et est l'un des pĂšres de l’euro, qu’il impose Ă  une population allemande alors profondĂ©ment attachĂ©e au mark. Proche de François Mitterrand, il favorise l'entente franco-allemande : en 1984, il apparaĂźt main dans la main avec le prĂ©sident français Ă  l'ossuaire de Douaumont.

En 1990, aprĂšs la chute du mur de Berlin, il parvient Ă  mener Ă  bien la rĂ©unification allemande, ce qui lui vaut le surnom de « chancelier de l’unitĂ© ». Des difficultĂ©s Ă©conomiques s’ensuivent cependant, notamment en ex-Allemagne de l'Est, conduisant Ă  une baisse de sa popularitĂ©.

En 1998, la CDU/CSU est devancée aux élections fédérales par le SPD conduit par Gerhard Schröder, qui lui succÚde à la chancellerie. Helmut Kohl est ensuite mis en cause dans l'affaire des caisses noires de la CDU, ce qui lui vaut des ennuis judiciaires et le contraint à démissionner de la présidence d'honneur du parti en 2000. Il se tient ensuite en retrait de la vie politique. Son ancienne protégée Angela Merkel devient chanceliÚre fédérale en 2005.

Situation personnelle

TroisiÚme enfant d'une famille catholique et conservatrice, Helmut Kohl perd son frÚre aßné au cours de la Seconde Guerre mondiale[3]. Dans les derniÚres semaines de la guerre, alors qu'il a 15 ans, il est lui aussi mobilisé mais ne participe à aucun combat. En 1946, il adhÚre à la toute nouvelle Union chrétienne-démocrate (CDU), et participe l'année suivante à la création de la section de la Junge Union (JU, Union des Jeunes) à Ludwigshafen[4].

AprĂšs l'obtention de son Abitur (baccalaurĂ©at allemand, sanctionnant deux annĂ©es de scolaritĂ© de plus qu'en France) en 1950, il s'inscrit aussitĂŽt Ă  l'universitĂ© Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main pour y Ă©tudier le droit. En 1951 il choisit de poursuivre ses Ă©tudes Ă  l'universitĂ© de Heidelberg, oĂč il est diplĂŽmĂ© en histoire et sciences politiques[4].

Helmut Kohl se marie deux fois. En 1960, il épouse Hannelore Renner (née en 1933 et s'étant donné la mort en 2001), avec qui il a deux fils : Walter Kohl (né en 1963) et Peter Kohl (né en 1965). En 2008 il se marie à Maike Richter, née en 1964, qui est donc sa cadette de 34 ans.

Parcours politique

DĂ©buts

Helmut Kohl intĂšgre en 1953 le comitĂ© directeur de la CDU de RhĂ©nanie-Palatinat, prĂ©sidĂ©e par le ministre-prĂ©sident Peter Altmeier. Élu vice-prĂ©sident rĂ©gional de la JU l'annĂ©e suivante, il rejoint l'institut Alfred Weber de l'universitĂ© de Heidelberg oĂč il devient un membre actif de l'association estudiantine AIESEC.

Il entame ensuite une carriÚre dans le privé, d'abord en tant qu'adjoint au directeur d'une fonderie à Ludwigshafen et, en 1959, en tant que manager de l'Union des industries chimiques de Ludwigshafen. En 1958, il obtient son doctorat pour sa thÚse Développements politiques dans le Palatinat et reconstruction des partis politiques aprÚs 1945[5]. L'année suivante il devient président de la section CDU de Ludwigshafen. En 1960 il épouse Hannelore Renner, qu'il connaßt depuis 1948. Ils auront deux fils.

Ascension

Aux élections régionales du , Helmut Kohl est élu député de la 6e circonscription au Landtag de Rhénanie-Palatinat. L'année suivante il prend la présidence du groupe chrétien-démocrate au conseil municipal de Ludwigshafen. AprÚs les élections régionales du , au cours desquelles la CDU perd la majorité absolue dont elle disposait depuis huit ans, il est porté à la présidence du groupe parlementaire. En 1966, il prend la suite de Peter Altmeier comme président du parti dans le Land, et fait alors figure de principal successeur de ce dernier à la direction du gouvernement régional.

Ministre-président de la Rhénanie-Palatinat

RĂ©Ă©lu dĂ©putĂ© le , Helmut Kohl conserve la prĂ©sidence du groupe. Deux ans plus tard, le , il est investi ministre-prĂ©sident de RhĂ©nanie-Palatinat Ă  seulement 39 ans, en remplacement d'Altmeier, Ă  ce poste depuis . Alors que son Land est l'un des moins performants du pays, il le transforme en sept ans en une rĂ©gion dynamique[4]. Il prend alors la tĂȘte d'une coalition noire-jaune avec le Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate (FDP).

Au congrÚs fédéral de la CDU du à Mayence il est élu vice-président fédéral par 392 voix sur 476, soit une trÚs forte majorité de 82,4 %. Lors des élections régionales du il est chef de file des chrétiens-démocrates et remporte 49,9 % des voix et la majorité absolue des siÚges avec 53 députés sur 100. Il s'agit de la meilleure performance du parti dans le Land en vingt-cinq ans.

Personnalité de la CDU

Environ six mois plus tard, au congrĂšs fĂ©dĂ©ral du Ă  Sarrebruck, Helmut Kohl dĂ©cide de se prĂ©senter Ă  la prĂ©sidence du parti contre le prĂ©sident du groupe parlementaire Rainer Barzel. Alors qu'il Ă©tait censĂ© faire alliance avec Gerhard Schröder (homonyme du futur chancelier), reprĂ©sentant de l'aile droite, ce dernier se rĂ©tracte et permet Ă  Barzel de l'emporter par 344 voix contre 174. Ce score de 33,6 % n'empĂȘche en rien Kohl d'ĂȘtre rĂ©Ă©lu Ă  la vice-prĂ©sidence fĂ©dĂ©rale, par 470 suffrages favorables sur 502 exprimĂ©s, soit 93,4 %.

Par deux fois en 1972, lors d'une motion de censure constructive puis des Ă©lections fĂ©dĂ©rales anticipĂ©es, Rainer Barzel Ă©choue dans sa tentative de renverser le chancelier social-dĂ©mocrate Willy Brandt. Au scrutin parlementaire, le SPD devient mĂȘme la premiĂšre force politique du Bundestag. Barzel est alors contraint Ă  la dĂ©mission de la direction du parti. Le , au congrĂšs fĂ©dĂ©ral de Bonn, Helmut Kohl est Ă©lu prĂ©sident fĂ©dĂ©ral avec un score Ă©crasant de 520 voix sur 571, soit 91,1 % des suffrages en sa faveur.

Le triomphe se poursuit deux ans plus tard, aux élections régionales du . Avec 53,9 % des voix, la CDU réalise son meilleur score historique, et le meilleur score jamais obtenu par un parti en Rhénanie-Palatinat. Au Landtag, elle détient désormais 55 siÚges sur 100. Cette victoire le met en position de force pour les élections fédérales de 1976.

Parcours au Bundestag

Lors des lĂ©gislatives du , Helmut Kohl est candidat de la CDU/CSU Ă  la chancellerie, avec le slogan « Social, sĂ»r, libre ». Les conservateurs rĂ©alisent 48,6 % des suffrages, leur deuxiĂšme meilleur score depuis vingt-cinq ans. Avec 243 dĂ©putĂ©s sur 496, ils ne sont qu'Ă  six siĂšges de la majoritĂ© absolue, mais le Parti libĂ©ral-dĂ©mocrate choisit de maintenir son alliance avec le social-dĂ©mocrate Helmut Schmidt. Bien que confinĂ© dans l'opposition, Kohl prend la prĂ©sidence du groupe CDU/CSU au Bundestag et dĂ©missionne du gouvernement de la RhĂ©nanie-Palatinat. Son ministre de l'Éducation, Bernhard Vogel, dĂ©jĂ  prĂ©sident de la CDU du Land depuis 1974, lui succĂšde.

En 1978, il envisage de présenter la candidature du ministre-président de Bade-Wurtemberg Hans Filbinger à l'élection présidentielle du , mais la révélation de son passé de juge militaire à l'époque nazie amÚne ce dernier à la démission et au retrait de la vie politique. Les chrétiens-démocrates reportent alors leur choix sur Karl Carstens, président du Bundestag.

À l'approche des Ă©lections fĂ©dĂ©rales du 5 octobre 1980, il renonce Ă  affronter de nouveau Schmidt et soutient la candidature du nouveau ministre-prĂ©sident de Basse-Saxe Ernst Albrecht. Lors d'un vote du groupe parlementaire de la CDU/CSU, Albrecht est battu de justesse par le ministre-prĂ©sident de BaviĂšre Franz Josef Strauß. La campagne trĂšs Ă  droite de Strauß, qui choisit le slogan « La libertĂ© ou le socialisme », est un Ă©chec dans la mesure oĂč les partis chrĂ©tiens refluent Ă  44,5 % et 226 siĂšges. De plus, l'opposition rĂ©ciproque entre le Bavarois et les libĂ©raux rend impossible tout accord de coalition. L'Ă©chec de Strauß Ă©limine donc pour Kohl son principal rival au sein de son camp[4]. À l'ouverture de la lĂ©gislature, Kohl est rĂ©Ă©lu prĂ©sident du groupe et s'impose comme le seul opposant au chancelier Schmidt.

Accession au pouvoir

Visite Ă  Bonn en RFA d'Erich Honecker en 1987.
Les dirigeants des États membres du Sommet du G7 1983 devant le capitole de Williamsburg.
De gauche à droite : Pierre Trudeau, Gaston Thorn, Helmut Kohl, François Mitterrand, Ronald Reagan, Yasuhiro Nakasone, Margaret Thatcher et Amintore Fanfani.

Le , la coalition sociale-libérale au pouvoir depuis 1969, se rompt à la suite des désaccords irréconciliables sur la politique économique. Profitant de ce virage à droite des libéraux, Kohl entreprend des négociations avec le FDP en vue de reconstituer une « coalition noire-jaune », majoritaire au Bundestag. En deux semaines, les négociations sont finalisées. Il dépose alors une motion de censure constructive et se fait élire chancelier fédéral par le Bundestag en remplacement de Helmut Schmidt, par 256 voix contre 235, le .

Il souhaite cependant légitimer sa désignation par de nouvelles élections fédérales. Il organise alors sa défaite lors d'un vote de confiance le , 8 députés votant en sa faveur, contre 218. Aux élections anticipées du , les chrétiens-démocrates triomphent de nouveau. En remportant 48,8 % des suffrages exprimés, ils réalisent leur deuxiÚme meilleur score et obtiennent 246 députés sur 598, soit seulement cinq siÚges de moins que la majorité absolue. Il reconduit alors son alliance avec les libéraux-démocrates.

En 1985, la visite de Reagan au cimetiÚre militaire de Bitburg provoque une polémique, en raison de la présence de tombes SS sur le lieu.

Politique Ă©trangĂšre

Affiche de la CDU pour les Ă©lections europĂ©ennes de 1989 montrant les deux hommes d'État main dans la main.

Le , Helmut Kohl cĂ©lĂšbre, au mĂ©morial de Verdun, avec François Mitterrand le souvenir des soldats français et allemands tombĂ©s durant la PremiĂšre Guerre mondiale. L'image des deux hommes d'État main dans la main durant la cĂ©rĂ©monie a fait le tour du monde et est devenue le symbole de la rĂ©conciliation franco-allemande[3].

En , quelques jours aprÚs le décÚs de François Mitterrand, Helmut Kohl assiste, ému, à la cérémonie officielle en son hommage, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris[6].

Il apporte son soutien Ă  Boris Eltsine en vue de l’élection prĂ©sidentielle russe de 1996. Se rendant Ă  Moscou le jour de l’annonce de la candidature du chef de l’État russe, il prĂ©sente celui-ci comme « un partenaire absolument fiable, qui a toujours respectĂ© ses engagements »[7].

Questions sociétales

En matiÚre sociétale, il restreint le droit à l'avortement[8].

Engagement en faveur de l'UE

Il se rĂ©vĂšle interventionniste pour engager l’Allemagne dans le projet de monnaie unique et permettre Ă  son pays de jouer un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans le pilotage de cette monnaie[9]. Il affirme avoir « agi comme un dictateur » pour imposer l'euro dans son pays, qui aurait selon lui repoussĂ© cette option en cas de rĂ©fĂ©rendum[9].

En 1988, Helmut Kohl est lauréat avec François Mitterrand du prix international Charlemagne qui récompense les mérites pour l'unification européenne[10]. En , lors du conseil de Vienne, il reçoit le titre de citoyen d'honneur de l'Europe[11].

RĂ©unification allemande

Helmut Kohl au milieu de politiciens allemands lors de l'ouverture officielle de la porte de Brandebourg à Berlin, le 22 décembre 1989.

En 1989, lors de l'effondrement du gouvernement communiste d'Allemagne de l'Est, Helmut Kohl s’engage en faveur d’une rapide rĂ©unification de l'Allemagne au sein d’une alliance occidentale[3]. Peu aprĂšs la chute du mur de Berlin, il perçoit trĂšs vite l'appĂ©tit des Allemands de l'Est pour une rĂ©unification des deux États et l'obtient au pas de charge, malgrĂ© les craintes qu'elle suscite parmi ses alliĂ©s. Il restera notamment dans l'histoire pour avoir forcĂ© la main de MikhaĂŻl Gorbatchev et George H. W. Bush, les dirigeants soviĂ©tique et amĂ©ricain, mais aussi de ses alliĂ©s europĂ©ens, comme François Mitterrand, afin que la RDA anciennement communiste rejoigne la RFA en 1990, moins d'un an aprĂšs la chute du mur[12].

RĂ©Ă©lu chancelier en 1991, il doit faire face aux difficultĂ©s liĂ©es Ă  la rĂ©unification, mais parvient Ă  ĂȘtre reconduit dans ses fonctions en 1994. Cependant, la rĂ©cession qui frappe l’Allemagne et accĂ©lĂšre la remise en cause du modĂšle d’économie de marchĂ© « sociale », et l’inefficacitĂ© des mesures prises par le gouvernement pour enrayer la montĂ©e du chĂŽmage provoquent une forte baisse de sa popularitĂ©, y compris dans les LĂ€nder de l’Est qui lui Ă©taient pourtant favorables en raison de son rĂŽle dans la rĂ©unification.

Défaite et départ de la chancellerie

Enregistrant un certain nombre de revers électoraux dans les scrutins régionaux, notamment en 1998, Kohl doit en outre faire face à la montée en puissance du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD), réorganisé sous l'impulsion de Gerhard Schröder. En , aprÚs seize ans de gouvernement chrétien-démocrate, le SPD remporte les élections législatives et Gerhard Schröder succÚde à Helmut Kohl à la chancellerie[3]. Au mois d'octobre suivant, Wolfgang SchÀuble remplace Helmut Kohl à la présidence de la CDU.

Scandale des caisses noires de la CDU

La fin de la carriĂšre politique d'Helmut Kohl sera moins glorieuse. À partir de la fin 1999, la CDU est atteinte par un vaste scandale politico-financier qui met en cause la gestion des annĂ©es Kohl. Celui-ci est accusĂ© Ă  titre personnel d'avoir omis de dĂ©clarer des contributions de 1 Ă  2 millions de marks (de 500 000 Ă  1 million d'euros). Il finit par reconnaĂźtre avoir recueilli des dons occultes[12].

La rĂ©vĂ©lation de l'existence de comptes occultes qui alimentaient les caisses noires de la CDU le conduit Ă  dĂ©missionner de la prĂ©sidence d'honneur du parti en [3] - [13]. Il fait alors l'objet d’une enquĂȘte judiciaire pour « malversations », close en 2001 aprĂšs le paiement d'une amende de 300 000 marks.

Angela Merkel, qu'il avait prise sous son aile (il la surnommait « la jeune fille » au dĂ©but des annĂ©es 1990), en profite alors pour l'Ă©vincer, dĂ©nonçant ces montages dans un article. En 1999 elle lui succĂšde Ă  la tĂȘte de son parti Ă  l'issue d'une bataille interne. L'ancien chancelier, contraint de dĂ©missionner de son poste de prĂ©sident d'honneur du parti, ne lui pardonnera jamais cette trahison[12].

Retrait de la scĂšne publique et mort

DÚs lors absent de la scÚne politique allemande, Helmut Kohl est réguliÚrement cité lors des élections fédérales de 2005, qui voient Angela Merkel, son ancienne « protégée »[14], accéder au poste de chancelier.

Helmut Kohl et son Ă©pouse en 2009.

En 2009, en plus d'une fracture de la hanche qui l'oblige Ă  rester dans un fauteuil roulant, Helmut Kohl est victime d'un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral qui lui paralyse le bas du visage[15]. Le , il retrouve MikhaĂŻl Gorbatchev et George H. W. Bush pour fĂȘter le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, mais il n'est pas en mesure d'assister aux commĂ©morations officielles[15]. Le , Ă  l'Ăąge de 85 ans, il est hospitalisĂ© en soins intensifs au CHU de Heidelberg[16].

En il reçoit Viktor OrbĂĄn lors d'une visite trĂšs mĂ©diatisĂ©e[17] - [18]. À cette occasion, il s'exprime au sujet de la crise migratoire en Europe et de la politique d'Angela Merkel concernant les migrants. Il critique l'ouverture des frontiĂšres aux rĂ©fugiĂ©s, se dit « en accord » avec la politique de Viktor OrbĂĄn et estime que l'Europe ne peut « devenir une nouvelle patrie » pour les migrants[19]. Cette prise de position lui vaudra de nombreuses critiques[20].

Helmut Kohl meurt le , Ă  l'Ăąge de 87 ans, dans sa maison de Ludwigshafen, dans le sud-ouest du pays[21].

La chanceliĂšre fĂ©dĂ©rale, Angela Merkel affirme alors qu’Helmut Kohl a « changĂ© [sa] vie de maniĂšre dĂ©cisive » grĂące au rĂŽle qu’il a jouĂ© dans la rĂ©unification de l’Allemagne[14], ajoutant qu'il a Ă©tĂ© « une chance pour nous, Allemands »[14]. L’ancien prĂ©sident des États-Unis George H. W. Bush salue « l’un des plus grands leaders de l’Europe d’aprĂšs-guerre » et « un vrai ami de la libertĂ© » tandis que l'ancien dirigeant soviĂ©tique MikhaĂŻl Gorbatchev Ă©voque « une personnalitĂ© exceptionnelle » ayant fait preuve « d'un profond intĂ©rĂȘt pour la Russie »[20]. Selon le prĂ©sident de la Commission europĂ©enne, Jean-Claude Juncker, Helmut Kohl Ă©tait « l’essence mĂȘme de l’Europe »[14] ; Jacques Delors, ancien prĂ©sident de la Commission, rend hommage Ă  « un citoyen de l'Europe »[20]. Le prĂ©sident de la RĂ©publique française, Emmanuel Macron, estime qu'« Helmut Kohl fut l’un des grands hommes de l’Europe et du monde libre »[14]. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU, AntĂłnio Guterres, se dit « trĂšs affectĂ© » par le dĂ©cĂšs de Helmut Kohl, « un ami personnel »[20].

Buste d'Helmut Kohl Ă  Berlin.

Sa veuve, Maike Kohl-Richter, ayant refusĂ© que soient organisĂ©es des obsĂšques nationales, un hommage lui est rendu le au Parlement europĂ©en de Strasbourg lors d’une cĂ©rĂ©monie en prĂ©sence de la chanceliĂšre allemande Angela Merkel, de l'ancien prĂ©sident amĂ©ricain Bill Clinton, du prĂ©sident français Emmanuel Macron et des prĂ©sidents du Conseil europĂ©en Donald Tusk, de la Commission europĂ©enne Jean-Claude Juncker et du Parlement europĂ©en Antonio Tajani. Sont prĂ©sents 22 anciens chefs d'État et de gouvernement, principalement europĂ©ens (exceptĂ© l'ancien prĂ©sident indonĂ©sien Bacharuddin Jusuf Habibie), 12 chefs d'État et de gouvernement europĂ©ens en exercice, quatre anciens prĂ©sidents du Parlement europĂ©en ainsi que l'ancien couple royal d'Espagne Juan Carlos et Sofia. La dĂ©pouille d’Helmut Kohl est ensuite transfĂ©rĂ©e Ă  Spire, oĂč une cĂ©rĂ©monie privĂ©e eut lieu en la cathĂ©drale, avant l'inhumation[22].

Postérité

La rose Helmut Kohl, un rosier Ă  grandes fleurs.

Helmut Kohl est à l'origine de la maison de l'Histoire de la République fédérale d'Allemagne, ouverte le .

Distinctions

DĂ©corations

RĂ©compenses

Publications

  • Je voulais l'unitĂ© de l'Allemagne, Paris, Editions de Fallois, 1997.

Notes et références

  1. Viviane Chaudon, « Helmut Kohl, artisan d’une Europe unifiĂ©e, est mort Ă  87 ans », lacroix.com, 16 juin 2017.
  2. Prononciation en haut allemand (allemand standard) retranscrite selon la norme API
  3. Blandine Milcent, « Allemagne : Helmut Kohl, l'homme qui avait « touché le manteau de l'Histoire » », lexpress.fr, 16 juin 2017.
  4. Patrick Saint-Paul, « Helmut Kohl, le pÚre de la réunification », Le Figaro, samedi 17 juin 2017, page 10.
  5. [PDF] ThĂšse d'Helmut Kohl.
  6. Michel Henry, Florence Aubenas et Brigitte Vital-Durand, « Cérémonie officielle en hommage à François Mitterrand dans la cathédrale Notre-Dame de Paris », liberationfr, 12 janvier 1996.
  7. HĂ©lĂšne Richard, « Quand Washington manipulait la prĂ©sidentielle russe », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  8. (es) Ediciones El PaĂ­s, « Mujeres de la RFA piden que se apliquen las leyes que protegen, a la mujer en la RDA », El PaĂ­s,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. (en-GB) Jeevan Vasagar, « Helmut Kohl: I acted like a dictator to bring in the euro », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. « Prix Charlemagne Lauréates 1988 François Mitterrand et Helmut Kohl », karlspreis.de (consulté le 16 juin 2017).
  11. « Une cĂ©rĂ©monie europĂ©enne d'hommage Ă  Helmut Kohl en prĂ©paration, peut-ĂȘtre Ă  Strasbourg », 20minutes.fr avec AFP, 20 juin 2017.
  12. « Retour sur la carriÚre d'Helmut Kohl en quatre événements marquants », franceinfo.fr avec AFP, 16 juin 2017.
  13. D'aprÚs Shahzad Abdul, « Helmut Kohl, une image ternie aprÚs l'affaire des « caisses noires » », sur lacroix.com, .
  14. Clémence Apetogbor, « L'ex-chancelier allemand Helmut Kohl est mort à l'ùge de 87 ans », 20minutes.fr, 16 juin 2016.
  15. « Helmut Kohl absent des festivités des 20 ans de la chute du Mur », Le Temps, 6 novembre 2009.
  16. « InquiĂ©tudes sur l’état de santĂ© de l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl », lemonde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
  17. (de) « Kohl gegen Merkel », zeit.de, 16 avril 2016.
  18. (en) « Helmut Kohl: Europe can't be home to millions of refugees », dw.com, 16 avril 2016.
  19. (de)« FĂŒr Merkels FlĂŒchtlingspolitik findet Kohl deutliche Worte », welt.de, 16 avril 2016.
  20. Yohan Blavignat, « Helmut Kohl, pÚre de la réunification allemande, est mort », lefigaro.fr, 16 juin 2017.
  21. Daniel Vernet, « Helmut Kohl, ancien chancelier allemand, est mort », lemonde.fr, 16 juin 2017.
  22. Philippe Ricard, « L’Europe et l’Allemagne rendent un dernier hommage Ă  Helmut Kohl », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Paul Picaper et Karl Hugo Pruys, Helmut Kohl, Paris, Fayard, 1998.
  • (de) Wolfram Bickerich et Hans-Joachim Noack, Helmut Kohl. Die Biografie, Berlin, Rowohlt Verlag, (ISBN 978-3-87134-657-6).
  • (de) Stephan Eisel, Helmut Kohl – Nahaufnahme, Bonn, Bouvier, (ISBN 978-3-416-03293-3).
  • (de) Henning Köhler, Helmut Kohl. Ein Leben fĂŒr die Politik, Cologne, Quadriga Verlag, , 1001 p. (ISBN 978-3-86995-076-1).
  • (de) Hans Peter Schwarz, Helmut Kohl. Eine politische Biographie, Munich, Deutsche Verlags-Anstalt, (ISBN 978-3-421-04458-7).
  • (en) Christian Wicke, Helmut Kohl's Quest for Normality. His Representation of the German Nation and Himself, New York/Oxford, Berghahn Books, (ISBN 978-1-78238-573-8).
  • (en) Clay Clemens et William E. Paterson, The Kohl Chancellorship, Routledge, 2014.

Articles connexes

Liens externes

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