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Guédelon

Guédelon ou le château de Guédelon est un chantier de construction expérimental d'un château fort, débuté en 1997, selon les techniques et les matériaux utilisés au Moyen Âge.

Château de Guédelon
Image illustrative de l’article Guédelon
Le château de Guédelon en mai 2014.
PĂ©riode ou style Architecture philippienne
Type Château fort
Architecte Florian Renucci
DĂ©but construction 1997
Fin construction estimation : 2029
Destination initiale Chantier de construction utilisant des technologies anciennes
Propriétaire actuel Maryline Martin
CoordonnĂ©es 47° 35′ 01″ nord, 3° 09′ 20″ est
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion historique Bourgogne
Région Bourgogne-Franche-Comté
DĂ©partement Yonne
Commune Treigny
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Château de Guédelon
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Château de Guédelon
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Château de Guédelon
Site web guedelon.fr

Ce projet architectural situé à Treigny dans l'Yonne, dans une ancienne carrière désaffectée au centre d'une forêt et proche d'un étang[1] - [2] à une trentaine de kilomètres au sud-ouest d'Auxerre, vise à améliorer les connaissances en castellologie et en archéologie expérimentale. Tout en développant une réflexion du type « art et traditions populaires », il met en scène dans un déroulement réel la construction d'un programme monumental, ce qui le différencie des parcs à thème.

Histoire

Château de Guédelon en : la pierre de taille est utilisée en moyen appareil pour les escarpes des tours et les chaînages verticaux.
Plan de masse du château de type philippien et du logis du seigneur : six tours circulaires maçonnĂ©es (quatre aux angles, deux qui forment le châtelet d'entrĂ©e) sont reliĂ©es entre elles par des courtines aveugles couronnĂ©es d'un chemin de ronde qui parcourra les 150 mètres de pĂ©rimètre du château[3].

L'idĂ©e de construire un château fort Ă  partir de rien germe depuis 1994 dans la tĂŞte de Michel Guyot, propriĂ©taire et restaurateur du château de Saint-Fargeau, Ă  la suite du succès rencontrĂ© par le spectacle historique de Saint-Fargeau qu'il a organisĂ© pour financer la restauration[4]. Dans ce but, il met en place un comitĂ© scientifique qui cautionne le projet (avec notamment Nicolas Faucherre[5] et le castellologue Christian Corvisier qui ont travaillĂ© Ă  Saint-Fargeau) et fait appel Ă  Maryline Martin[alpha 1] qui devient la directrice gĂ©nĂ©rale du chantier mĂ©diĂ©val[1] - [2] - [7]. Le choix du terrain s'est arrĂŞtĂ© sur le site de GuĂ©delon en raison de sa position (sur une lĂ©gère Ă©minence idĂ©ale pour la surveillance) et en raison de ses ressources naturelles, comme il Ă©tait d’usage durant l’époque mĂ©diĂ©vale car les transports de matĂ©riaux Ă©taient lents et onĂ©reux[8] : il est situĂ© directement dans une carrière de grès ferrugineux (ce qui permet une rĂ©duction des coĂ»ts et des dĂ©lais de transport) et Ă  proximitĂ© d'une forĂŞt (oĂą l'on rĂ©colte du bois de chauffe pour la chaux), d'une route, oĂą l'on dispose d'arène grĂ©seuse, de glaise et d'eau[9]. Le projet voit sa première pierre posĂ©e le et est prĂ©vu pour durer 25 annĂ©es, au travers de l'Association des Compagnons Bâtisseurs de Puisaye crĂ©Ă©e Ă  cet effet[1].

L'association lève plus de quatre millions de francs grâce au soutien de l'Union europĂ©enne, de la rĂ©gion Bourgogne, de la Caisse des DĂ©pĂ´ts et Consignations, d'ÉlectricitĂ© de France, et d'un particulier suisse[10]. Trente-cinq personnes ont Ă©tĂ© embauchĂ©es dont des maçons, des charpentiers professionnels et des personnes non qualifiĂ©es, en plus d'une centaine de bĂ©nĂ©voles ponctuels[1]. Par la suite, une sociĂ©tĂ© Ă  actions simplifiĂ©e est crĂ©Ă©e, actions dĂ©tenues principalement par Michel Guyot et Maryline Martin, et remplaçant l'association[11], sociĂ©tĂ© qui ne reçoit pas de subventions[7]. Le chantier est visitable de mars Ă  novembre[1]. La première annĂ©e du chantier, celui-ci avait accueilli 80 000 visiteurs[1].

Guédelon a démarré comme un chantier médiéval sur une conception dont la plupart des difficultés ne sont examinées qu’au fur et à mesure qu’elles se présentent. Le projet initial n’a résolu ni la totalité des plans et des masses, ni la chronologie d’enchaînement des travaux. On a d’abord paré à l'immédiat : la fabrication des mortiers, la taille et l’approvisionnement de la pierre (essentiellement du grès ferrugineux[alpha 2] extrait de la carrière au pied du château, et du calcaire pour les œuvres d'art[alpha 3]). Trente-mille tonnes de grès sont nécessaires pour la construction du château[13].

En 1997, tandis que les plans du château sont rĂ©alisĂ©s par l'architecte en chef des monuments historiques Jacques Moulin[7], le chantier est installĂ© en forĂŞt oĂą dĂ©bute le dĂ©frichement d'une clairière de 10 hectares par les essarteurs[14]. Ils sont relayĂ©s par les terrassiers qui rendent le terrain parfaitement plat et les maçons qui Ă©tablissent les fondations[alpha 4]. En 1998, une grange d'entrĂ©e destinĂ©e Ă  l’accueil des visiteurs, des loges de toile et de bois destinĂ©es aux travaux du village et aux artisans sont rapidement construites et la construction des soubassements du château dĂ©bute. Le chantier ouvre au public le . Un an plus tard, la cour est remblayĂ©e et les premiers murs s'Ă©lèvent Ă  un mètre cinquante de haut ; la tour de la chapelle et la courtine ouest prennent peu Ă  peu forme[15].

En 2001, le périmètre bâti monte à trois mètres. Tandis que la construction du pont dormant se termine, celles de l'escalier à vis de la tour de la chapelle (mise en place de douze marches) et de l'escalier rampant de la tour maîtresse se poursuivent. La citerne d’approvisionnement en eau du château est achevée en 2001 et le puits coiffé de sa margelle.

Le pont a Ă©tĂ© achevĂ© en , constituĂ© de 57 troncs de chĂŞne et de 670 clous forgĂ©s Ă  la main. La tour de la chapelle comporte dĂ©sormais une voĂ»te Ă  croisĂ©e d'ogives et 12 marches de plus sur son escalier Ă  vis. C'est aussi le dĂ©but de l'Ă©dification de la poterne.

L'annĂ©e 2003 est marquĂ©e par la construction du logis seigneurial de 13,8 m de longueur et la mise en charge de la voĂ»te de la tour maĂ®tresse. Deux cages d'Ă©cureuil sont construites. DĂ©montables pour pouvoir ĂŞtre remontĂ©es en diffĂ©rents points du château, elles ont un simple tambour dans lequel un homme peut soulever Ă  lui seul une charge de 150 kg Ă  plus de 4 mètres de hauteur[16].

Les deux années suivantes voient l'aménagement du rez-de-chaussée de la tour maîtresse : le sol est dallé, on construit la porte, l’assommoir, des archères. La construction de l'escalier rampant se poursuit, et on démarre enfin l'édification de la tuilerie qui se termine en 2006.

Le logis seigneurial reçoit sa charpente en 2010[17]. Pendant la saison 2011, la couverture du toit formĂ©e de 28 000 tuiles est achevĂ©e, la courtine reçoit une cage d'Ă©cureuil pour monter les matĂ©riaux sur la tour maĂ®tresse. Ă€ la diffĂ©rence des deux cages prĂ©cĂ©dentes, celle-ci est pivotante sur presque 180° et Ă  double tambour[18], deux hommes pouvant dĂ©sormais monter 400 Ă  500 kg de mortier ou 600 kg de pierres en une seule montĂ©e[16].

Au printemps 2014, un moulin Ă  eau est construit près du château avec l'aide de l'Inrap, après une collaboration de deux ans. D'une longueur de cinq mètres, d'une hauteur de 5,60 mètres et d'une largeur de 2,50 mètres, il possède une roue Ă  aubes de 2,40 mètres qui actionne une meule d'environ un mètre de diamètre et d’environ 250 kilogrammes. Mis en eau au printemps, ce moulin est inaugurĂ© et prĂ©sentĂ© au public le . Il est inspirĂ© de deux moulins dĂ©couverts Ă  Thervay dans le Jura après une fouille prĂ©ventive lors du chantier de la ligne LGV Rhin-RhĂ´ne, l'un d'eux datait d'une pĂ©riode comprise entre les VIIIe et Xe siècles, tandis que l’autre datait d'entre les XIe et XIIe siècles[19] - [20].

Ă€ terme, les courtines de 9 mètres de hauteur et 2,50 mètres d’épaisseur, entourĂ©es de fossĂ©s secs, formeront un pĂ©rimètre de 150 mètres et dessineront un plan polygonal, la façade Sud faisant 52,50 mètres, la façade Nord 49,50 mètres, la façade Ouest 50,10 mètres et l'Est 47,10 mètres. Les tours de flanquement feront 15 mètres de hauteur, celle du logis 23,10 mètres et le donjon 28,50 mètres[21].

  • Évolution du chantier depuis 2000
  • Le chantier en 2000 (au premier-plan, une cage d'Ă©cureuil).
    Le chantier en 2000 (au premier-plan, une cage d'Ă©cureuil).
  • Le chantier en 2005.
    Le chantier en 2005.
  • Le chantier en juillet 2006.
    Le chantier en .
  • Le chantier en aoĂ»t 2007.
    Le chantier en .
  • Le chantier en juin 2008.
    Le chantier en .
  • Le chantier en juillet 2009.
    Le chantier en .
  • Le chantier en juillet 2011.
    Le chantier en .
  • Le chantier en mai 2014.
    Le chantier en .
  • Le chantier en aoĂ»t 2015.
    Le chantier en .
  • Le chantier en aoĂ»t 2016.
    Le chantier en .
  • Le chantier en aoĂ»t 2017.
    Le chantier en .
  • Le chantier en aoĂ»t 2019.
    Le chantier en .
  • Le chantier en aoĂ»t 2020.
    Le chantier en .
  • Le chantier en aoĂ»t 2021.
    Le chantier en .

L’histoire imaginée du seigneur de Guédelon

L’équipe chargée de la construction du château de Guédelon s’est appuyée sur une histoire concrète, créée à partir de récits médiévaux (pour ne faire aucun anachronisme). Elle a créé un seigneur, Guilbert Courtenay, qui aurait demandé la construction d’un « château-résidence », c’est-à-dire un château de petite taille. En effet, il est un petit seigneur, qui ne possède pas les fonds et les moyens nécessaires pour demander la création d’un très grand château, comme, par exemple, celui du Louvre de Paris. Ce seigneur chevalier de Puisaye serait né en 1199 et serait le vassal de Jean de Toucy. Il aurait épousé l’une de ses nièces, ce qui le fit entrer dans la lignée de ce dernier, un lignage important et illustre de Toucy. Ce sera donc grâce à ce mariage qu’il pourra avoir des terres supplémentaires, desquelles il aura des revenus en plus, qui lui serviront à cette construction.

Finalement, l’équipe, qui a suivi les directives d’historien(ne)s en collaboration avec Michel Guyot, va achever le récit : le souverain de France aurait donné au seigneur de Guédelon l’autorisation de « bastir chatel ».

Objectif

La méthode de construction est celle des châteaux de l'époque médiévale construits au XIIIe siècle (plus exactement entre la fin du XIIe siècle jusqu'au début XIVe siècle, en cohérence avec le type d'architecture philippienne), en partant d'un site vierge et en utilisant uniquement des techniques de l'époque telles qu'elles étaient connues en Puisaye dans l'Yonne.

Le projet de Guédelon est notamment de permettre à l'archéologie expérimentale médiévale l'analyse complète d'un chantier de construction sur le long terme et ainsi d'aller au-delà d'une expérience ponctuelle sur des objets ou des opérations isolées. Dans ce souci du détail, l'utilisation de produits industrialisés est réduite au strict nécessaire, notamment pour des questions de sécurité. De même l'usage des radios, de canettes, des montres est prohibé sur le chantier, tandis que les fumeurs doivent faire preuve de discrétion[1].

Le chantier a pris pour parti de faire du château la propriété fictive d'un seigneur de bas rang dénommé Guilbert Courtenay, ou Guilbert de Guédelon, avec une date de démarrage fictive du chantier en 1228[22]. Ce parti pris vise à rendre réaliste historiquement la taille du château en justifiant l'absence de pont-levis, de douves, de prison, d’oubliettes mais la présence d'un donjon, d'une chapelle, d'une chambre seigneuriale et d'un moulin hydraulique[13].

La définition d’une époque, le milieu du XIIIe siècle, et la mise en scène d’une stratégie de déroulement ont donné au chantier sa vraie dimension. Déjà en cela, parce que la part d’improvisation provoque d’inévitables « remords de constructeur », l’entreprise est représentative du cheminement médiéval. Le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre savent qu’à chaque étape vont surgir des problèmes inédits. Non seulement cela n’a rien d’étonnant, mais c’est l’intérêt d’un tel ouvrage. Et le mérite est d’être à l’affût, de guetter comme une promesse, chaque complication ou contrariété, parce qu’elle fait partie de la raison d’être du chantier de Guédelon[23].

Guédelon n’est pas au premier chef un lieu pour faire des démonstrations d’outils et d’habileté artisanale. Bien sûr, il est aussi cela, et bien plus encore puisqu’il se veut un instrument éducatif, un lieu pour faire réfléchir autant qu’intéresser à des professions. Mais en fin de compte, il ne s’agit pas tant de construire un château fort que d’expérimenter, de redécouvrir, de vérifier et de trouver des réponses au parcours d’obstacles d’une telle tentative.

Les métiers

Le charretier et sa jument percheronne attelée au trinqueballe[alpha 5].

Le chantier regroupe plusieurs corps de métiers d'« œuvriers » (terme médiéval générique pour désigner les ouvriers) qui travaillent entre trente-huit et quarante-huit heures par semaine, de mars à novembre[14] :

  • les carriers procèdent Ă  l'extraction de blocs de pierre dans la carrière du site. Le bruit des outils sur la roche les renseigne sur la duretĂ© de la pierre et sur son emploi : les roches les plus dures servent de base aux tours, celles de rĂ©sistance moyenne sont destinĂ©es au tailleur, les plus friables et sableuses sont utilisĂ©es pour consolider les tours de l'intĂ©rieur. Ă€ l'aide de ciseaux, ils percent des trous appelĂ©s « emboĂ®tures » espacĂ©s de 25 cm le long d'une ligne de coupe et dans lesquels ils placent des coins en acier[alpha 6]. En frappant ces coins Ă  l'aide d'une masse, la pierre est fendue en blocs pouvant ensuite ĂŞtre travaillĂ©s par les tailleurs ;
  • les tailleurs de pierre crĂ©ent d'abord des « Ă©pures » (tracĂ©s gĂ©omĂ©triques dessinĂ©s Ă  l'Ă©chelle 1 sur un plancher) pour ensuite crĂ©er des gabarits. Ces derniers sont alors utilisĂ©s Ă  l'atelier de taille afin de façonner des pierres utilisĂ©es pour la construction du château. Une fois sa pierre terminĂ©e, chaque tailleur la grave de marques lapidaires (marque de tâcheron, marque de pose et abreuvoir). Pour une pierre simple (un cube comme pierre de parement de tour par exemple), le tailleur peut en façonner 3 par jour. Pour des pierres sculptĂ©es entrant dans des Ĺ“uvres d'art, il peut mettre plusieurs jours voire plusieurs semaines[24] ;
  • les maçons assemblent les pierres grâce Ă  du mortier fabriquĂ© Ă  partir de mĂ©langes de chaux aĂ©rienne, de terre et de sable, provenant du travail des chaufourniers puis des gâcheurs ;
  • les bĂ»cherons abattent des arbres (principalement du chĂŞne) utilisĂ©s pour la confection de charrettes, de tuiles en bois (des tavaillons) ou plus gĂ©nĂ©ralement la couverture des bâtiments ;
  • les charpentiers sont chargĂ©s des rĂ©alisations en bois du chantier : Ă©chafaudages, coffrages pour le soutien des voĂ»tes, portes et pont-dormant. Ils sont Ă©galement chargĂ©s de la fabrication des manches d'outils et d'engins : charrettes, cages Ă  Ă©cureuils, treuils Ă  tambour ;
  • les forgerons exercent les fonctions de taillandier (font les clous utilisĂ©s pour le pont-dormant et la toiture du château, fabriquent et rĂ©parent les outils, notamment ceux des tailleurs de pierre), de marĂ©chal-ferrant (ferrage des animaux et soin), de serrurier (gonds et pentures de portes), de ferronnier (grille de l'oculus dans la tour de la chapelle) et de coutelier (armes blanches, couteaux) ;
  • les tuiliers utilisent l'argile extraite de la forĂŞt pour rĂ©aliser les tuiles et les carreaux du château ;
  • le vannier utilise de l'osier pour fabriquer des mannes, gros paniers en osier Ă  2 ou 4 poignĂ©es qui peuvent supporter jusqu'Ă  30 kg et servent notamment au transport de mortier ou de petits matĂ©riaux (sable, terre, petites pierres). La chaux contenue dans le mortier corrode l'osier, d'oĂą le recours frĂ©quent au mannelier, faiseur de mannes. Le vannier rĂ©alise Ă©galement des caisses Ă  outils, des vantaux de volets, des hottes, des ruches ou tresse des nattes de chaume qui amortissent les chocs durant la taille et le transport[25] ;
  • le cordier utilise du chanvre, un rouet et un carrĂ© mobile pour tresser des cordages plus ou moins longs et plus ou moins gros, selon leurs utilisations.

Pour reporter les mesures, les « œuvriers » de Guédelon, supervisés par un maître d'œuvre, utilisent tout comme leurs ancêtres la « pige » (bâton gradué), la corde à nœuds, le compas et l'équerre.

  • Le charpentier.
    Le charpentier.
  • Le tailleur de pierre en biaude, large blouse de travail en grosse toile descendant Ă  mi-cuisse, nouĂ©e Ă  la taille par une ceinture.
    Le tailleur de pierre en biaude, large blouse de travail en grosse toile descendant à mi-cuisse, nouée à la taille par une ceinture.
  • La forge.
    La forge.
  • Le vannier dans sa loge.
    Le vannier dans sa loge.
  • Atelier de teinture minĂ©rale et vĂ©gĂ©tale.
    Atelier de teinture minérale et végétale[26].
  • Atelier de corderie avec le carrĂ© et le rouet.
    Atelier de corderie avec le carré et le rouet.
  • Four du potier.
    Four du potier.
  • Fabrication de deniers dans l'atelier monĂ©taire.
    Fabrication de deniers dans l'atelier monétaire.
  • Atelier de teinture (pigments vĂ©gĂ©taux) et de peinture (pigments minĂ©raux).
    Atelier de teinture (pigments végétaux) et de peinture (pigments minéraux).

Accompagnement et outillage scientifique

L'Ă©quipe de projet comprend :

Un conseil scientifique permanent, composé d’historiens et d’archéologues du bâti historique, accompagne de façon active les programmes annuels. Il se compose de médiévistes spécialement concernés par le fonctionnement des chantiers[28]. Sur l’expérimentation globale de mise en place du chantier (planification, échafaudage, mortier, taille de la pierre, charpenterie) se greffent des expériences annexes comme celles du travail de forge, de la terre cuite, de la teinture. On y étudie aussi l’organisation de la basse-cour, du potager et le chantier reste ouvert à d’autres expériences, comme la réalisation, dès 2014, d'un moulin à farine hydraulique en partenariat avec l'Inrap, dans la forêt de Guédelon[29]. L'organisation de colloques, où seront invités d’autres chercheurs, sur les interrogations concernant la mise en œuvre physique et le déroulement matériel des chantiers médiévaux. Ces rencontres doivent aboutir à des publications thématiques.

En 2018, le comité scientifique inclut, outre Jacques Moulin :

  • Anne Baud, docteur en archĂ©ologie mĂ©diĂ©vale, maĂ®tre de confĂ©rences Ă  l'universitĂ© Lyon II ;
  • Nicolas Reveyron, historien de l'art, professeur Ă  l'universitĂ© Lyon II ;
  • Christian Corvisier, historien de l'architecture ;
  • FrĂ©dĂ©ric Épaud, archĂ©ologue, chargĂ© de recherche au CNRS, spĂ©cialiste du bois et notamment des charpentes mĂ©diĂ©vales ;
  • Philippe Durand, maĂ®tre de ConfĂ©rences en histoire de l'art du Moyen Ă‚ge Ă  l'universitĂ© de Bordeaux 3 ;
  • Nicolas Faucherre, archĂ©ologue et historien de la fortification, professeur d'histoire de l'art Ă  l'universitĂ© de Nantes[30].

Les fresques

En utilisant comme sources des enluminures des XIIe et XIIIe siècles, des fresques ont été peintes sur le site de Guédelon et cela principalement dans la chambre du logis. La peintre du chantier s’est, ainsi, grandement inspirée de fresques se trouvant à l’église de Moutiers, à 4 kilomètres du château.

La fresque de l’intérieur du logis a un sous-bassement en ocre jaune, couleur qui a été créée sur le site, à partir de pigments minéraux.

Retrouver ce type de couleur dans un château du Moyen Âge n’est pas surprenant. En effet, cette couleur était prédominante à cette époque, comme le rouge et toutes les autres couleurs vives. C’est, par ailleurs, pour cela que Maryline Martin a fait le choix (qui, comme elle l’a dit durant une interview, est toujours en questionnement malgré la réalisation de ces peintures murales) de ne faire peindre ces fresques qu’à des lieux précis du château et non sur l’ensemble du site, comme cela aurait été le cas au 13ème siècle, malgré les idées reçues qu’il est possible d’avoir de nos jours. C’était en réalité une période très colorée. De ce fait, puisque ces couleurs sont puissantes à l'œil, elle a trouvé que cela serait de trop pour les yeux contemporains du public si l'entièreté du château avait été peint.

Enfin, le choix de peindre des scènes non religieuses a été fait, pour représenter, en quelque sorte, le futur dans le passé.

Retombées

Logo du chantier du château de Guédelon depuis 2014.

Le chantier de Guédelon, réalisé sur une ancienne carrière boisée, présente plusieurs aspects.

Tout d'abord le projet a un impact scientifique, le projet permet de mettre en pratique certaines connaissances historiques théoriques sur l'art de construire des châteaux forts.

Le projet a Ă©galement des retombĂ©es touristiques importantes. Sur un modèle d'auto-financement (qui sera utilisĂ© plus tard pour le chantier de la flèche de la Basilique Saint-Denis[31]), le chantier est passĂ© d'une affluence de 80 000 personnes la première annĂ©e, Ă  environ 265 000 en 2013, malgrĂ© une baisse entre 2009 et 2013[11]. Il reçoit plus de 300 000 visiteurs en 2015[13] - [22] - [2] et en fait le deuxième site touristique de Bourgogne, après les Hospices de Beaune[32].

Au total le château dĂ©gage un chiffre d'affaires qui va de 3 Ă  4,5 millions d'euros[7] - [11]. Le chantier s'adresse en partie Ă  un public scolaire, qui reprĂ©sente le tiers de ses visiteurs[2]. Il accueille 71 % de visiteurs français et a une certaine attractivitĂ© internationale notamment au Royaume-Uni avec le tournage en d'une sĂ©rie documentaire Secrets of the Castle diffusĂ©e sur BBC Two[2].

Enfin, le chantier a crĂ©Ă© plus de cent emplois et 650 personnes viennent bĂ©nĂ©volement renforcer les Ă©quipes (chiffres de 2018). GuĂ©delon veut valoriser les mĂ©tiers artisanaux et a l'ambition de devenir une rĂ©fĂ©rence dans l'apprentissage du bâti ancien. Les « Ĺ“uvriers » sont recrutĂ©s dans le cadre de la convention collective 3 246 animation[33] ce qui montre leur double compĂ©tence en animation et en construction. Le chantier emploie du personnel permanent, des stagiaires, mais aussi un personnel saisonnier[34].

Approche sociologique

On peut faire également une lecture sociologique du chantier : la visée expérimentale et scientifique du projet n'étant pas la seule. Les objectifs pédagogiques, sociaux et humains, mais également touristiques, économiques, écologiques, font de Guédelon un feuilleté d'identités multiples, en tension[35]. Guédelon est un château fort « neuf », confrontant les limites de l'ancien et du contemporain, le XIIIe et le XXIe siècles, le droit du travail et la démarche expérimentale, etc.[36]. Enfin, il questionne des valeurs d'authenticité, de travail, de beauté. Il se constitue donc, dans un lieu relativement clos, comme un objet de recherche particulièrement riche pour la démarche sociologique[37].

Notes et références

Notes

  1. Maryline Martin, étudiante aux Langues orientales et à l'École du Louvre, puis cadre dans une société internationale d'import-export, réoriente sa vie en 1992 et revient sur les terres de son enfance, en Puisaye. Elle y crée « Émeraude », une entreprise d'insertion spécialisée dans l'entretien des rivières et des forêts. « De ce travail en Puisaye naissent les rencontres avec des ouvriers aujourd'hui en place à Guédelon et avec Michel Guyot »[6]
  2. Grès clivable, homogène, prĂ©sentant une hauteur de banc de 1 m Ă  1,50 m. Selon les bancs, il contient de 30 Ă  40 % de minerai de fer. En fonction de sa teneur en pigments d'ocre ou en minerai de fer, sa couleur varie entre le miel (ce qui donne une pierre assez friable et de qualitĂ© moindre) au pain brĂ»lĂ© (qui donne une pierre très dure utilisĂ©e pour les linteaux, les voussoirs, les assises de rĂ©alignement)[12]
  3. La finesse du grain de calcaire se prête mieux à la taille, cette pierre étant ainsi utilisée pour les fenêtres, arcs, escaliers.
  4. Le banc de roche inférieur de la carrière, impropre comme pierre de taille (fendue en utilisant les failles naturelles, elle donne des parements de moellons éclatés aux arêtes vives), est utilisée en fondation[12].
  5. Chariot utilisé pour le transport de lourds fardeaux, comportant un essieu à deux roues de très grand diamètre sous lequel on suspend la charge.
  6. Des feuillards métalliques sont placés entre la pierre et le coin.

Références

  1. Jon Henley, « King of a modern medieval castle », The Guardian, .
  2. Olly Grant, « A trip back in time at Guédelon Castle », Telegraph, .
  3. Philippe Durand, Guédelon. Construire aujourd'hui un château du XIIIe siècle, Éditions Jean-Paul Gisserot, , p. 10.
  4. Michel Guyot Marie de Seguin, J'ai rêvé d'un château. De Saint-Fargeau à Guédelon. Un fabuleux défi, J.-C. Lattès, , p. 22-24
  5. « Faucherre », sur La compagnie des Architectes en Chef des Monuments Historiques, (consulté le ).
  6. Philippe Minard et François Folcher, Guédelon : des hommes fous, un château fort, Aubanel, , p. 17.
  7. Élise Godeau, « Guédelon, créneau pédago », Libération, .
  8. Philippe Minard et François Folcher, Guédelon : des hommes fous, un château fort, Aubanel, , p. 57.
  9. Philippe Durand, Guédelon. Construire aujourd'hui un château du XIIIe siècle, Editions Jean-paul Gisserot, , p. 6.
  10. François Wenz-Dumas, « Les bâtisseurs du Moyen Âge : A Saint-Fargeau, en Puisaye, des mordus construisent, avec les techniques de l'époque la réplique exacte d'un château fort du XIIIe siècle », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Cristiane Perruchot, « Guédelon, une rentable leçon d'histoire médiévale »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Les Échos, .
  12. Michel Colardelle, La vie dans le donjon au Moyen Âge, Éd. du Cherche-Lune, , p. 176.
  13. Joséphine de Bernardi, « Guédelon, le château fort du XXIe siècle », La Croix, .
  14. Caroline Delwail, « Les bâtisseurs de Guédelon », L'Histoire, no 265,‎ , p. 26-27.
  15. Michel Colardelle, La vie dans le donjon au Moyen Âge, Éd. du Cherche-Lune, , p. 172.
  16. Fiche pratique trop fort le château ! no 15, avril 2011.
  17. Hugh Schofield, « France's new medieval castle », BBC, .
  18. « Guédelon - Nous bâtissons un château fort », sur www.guedelon.fr (consulté le ), cage d'écureuil à double tambour.
  19. Denis Sergent, « À Guédelon, des archéologues reconstituent un moulin du Moyen Âge », La Croix, .
  20. « Communiqué de presse | Archéologie expérimentale : un moulin pour Guédelon », sur Inrap, (consulté le ).
  21. « Les châteaux-forts Fiche pédagogique »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [PDF], p. 4/5.
  22. (en) Kim Willsher, « Grander designs at Guédelon: historic chateau project brings past to life », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) John Lichfield, « It’s now 1245, and the walls of Guédelon are rising », The Independent,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
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  25. Thierry Darques, « Vanniers et tisseurs à Guédelon », sur Futura (consulté le ).
  26. Il produit quinze couleurs à partir de pigments locaux minéraux (ocre, hématite) et végétaux (iris, rhubarbe, tanaisie, garance plantées dans un jardin tinctorial en terrasse).
  27. Philippe Durand, Anne Baud, Nicolas Reveyron et Florian Renucci, Guédelon, construire aujourd'hui un château du XIIIe siècle, Jean-Paul Gisserot, .
  28. Emmanuel Gleyze 2019.
  29. SAS Guédelon, Construire pour comprendre n°1 (le moulin hydraulique), Guédelon, , p. 1-2.
  30. Emmanuel Gleyze 2019, p. 16.
  31. « La basilique de Saint-Denis espère retrouver bientôt son clocher », sur Le Point, (consulté le ).
  32. Christiane Perruchot, « Guédelon, une rentable leçon d'histoire médiévale », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  33. « Convention collective de l’éducation, de la culture, des loisirs et de l’animation (ECLAT) – Brochure JO 3246 – Code IDCC 1518 », sur Dicotravail, (consulté le ).
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  36. Emmanuel Gleyze, Pour une sociologie des pierres. Étude sociohistorique du rapport de l'homme à la pierre. L'exemple de l'édification d'un château médiéval au XXIe siècle, Éd.Université Montpellier 3, , p. 473.
  37. Emmanuel Gleyze, L'aventure Guédelon. L'édification d'un château médiéval au XXIe siècle, Éd.PULM, , p. 157.

Annexes

Bibliographie

  • Maryline Martin et Florian Renucci (prĂ©f. Nicolas Faucherre), La construction d'un château fort : GuĂ©delon, Rennes, Éditions Ouest-France, , 128 p. (ISBN 978-2-7373-4248-6)
  • « GuĂ©delon : immersion dans les techniques du XIIIe siècle », Les Cahiers techniques du bâtiment, no 258,‎ (ISSN 0241-6794)
  • Michel Guyot et Marie de Seguin, J'ai rĂŞvĂ© d'un château, Paris, J.-C. Lattès, , 212 p. (ISBN 978-2-7096-2848-8)
  • Philippe Minard (photogr. François Folcher), GuĂ©delon : Des hommes fous, un château fort, Paris, Aubanel, , 139 p. (ISBN 2-7006-0313-3)
  • Emmanuel Gleyze, Pour une sociologie des pierres : Étude sociohistorique du rapport de l'homme Ă  la pierre. L'exemple de l'Ă©dification d'un château mĂ©diĂ©val au XXIe siècle (GuĂ©delon, Bourgogne), UniversitĂ© Montpellier 3,
  • Emmanuel Gleyze (prĂ©f. Nathalie Heinich), L'Aventure GuĂ©delon : l'Ă©dification d'un château mĂ©diĂ©val au XXIe siècle, Montpellier, Presses universitaires de la MĂ©diterranĂ©e, , 192 p. (ISBN 978-2-36781-287-8, prĂ©sentation en ligne)
  • Clotilde Deschamps (dir.), Une analyse d'un chantier mĂ©diĂ©val : Le site Guedelon (Yonne), MusĂ©um national d'histoire naturelle, , 95 p.
  • Lucie Hoornaert, « Le Château de GuĂ©delon, 20 ans d'archĂ©ologie expĂ©rimentale », ArchĂ©ologia, no 549,‎ , p. 52-59.
  • Nicolas Reveyron, Castellologie, chantier mĂ©diĂ©val et archĂ©ologie expĂ©rimentale : l’exemple de GuĂ©delon (Treigny, Yonne) : in Châteaux du Moyen Ă‚ge, de l’étude Ă  la valorisation - Actes du colloque du Puy-en-Velay des 3-5 juin 2004, Le Puy-en-Velay, SociĂ©tĂ© acadĂ©mique du Puy-en-Velay et de la Haute-Loire et Cahiers de la Haute-Loire, (ISBN 978-2-9516-5810-3)

Reportages

  • Les grandes Ă©nigmes de la science, L'ExpĂ©rience du Moyen Ă‚ge proposĂ©e et prĂ©sentĂ©e par François de Closets (diffusĂ© sur France 2, le 10 mai 2003)
  • GuĂ©delon, chantier mĂ©diĂ©val, (Burg guedelon, Eine Baustelle wie im Mittelalter) Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Ingrid et Reinhard Kungel (diffusĂ© sur Arte) ;
  • GuĂ©delon. Ils bâtissent un château fort, (Sie bauen eine Ritterburg), DVD-VidĂ©o / DVD-Rom en trois langues, documentaire « Les dix ans de GuĂ©delon » (GuĂ©delon/RK-Film, 2007, 74 min) plus visite du chantier pour enfants (45 min), rĂ©alisĂ© par Ingrid et Reinhard Kungel (qui suivent les constructions depuis 2000 jusqu'Ă  l'achèvement en 2023).
  • GuĂ©delon dans l’émission Ça manque pas d’air, sur France 3 Bourgogne Franche-ComtĂ©. Émission diffusĂ©e le 20 avril 2009.
  • GuĂ©delon, renaissance d'un château mĂ©diĂ©val, rĂ©alisĂ© par Lindsey Hill, 2015 (91 minutes, diffusĂ© sur Arte le 3 septembre 2016, rediffusĂ© le 2 juillet 2019)
  • GuĂ©delon II : une aventure mĂ©diĂ©vale, rĂ©alisĂ© par Bianca Zamfira, 2019, 1h30 (diffusĂ© sur Arte le 15 juin 2019, rediffusĂ© le 2 janvier 2023)

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