Accueil🇫🇷Chercher

Hospices de Beaune

Les hospices de Beaune (ou hôtel-Dieu de Beaune) sont un hôtel-Dieu ou hospice de style gothique flamboyant[2] avec toiture en tuile vernissée de Bourgogne, fondé au XVe siècle par le chancelier des ducs de Bourgogne Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins, à Beaune en Bourgogne. Il est un des plus célèbres du monde, tant par sa fastueuse et remarquable architecture traditionnelle bourguignonne que par son prestigieux domaine viticole bourguignon dont la production est historiquement vendue aux enchères pour financer son fonctionnement, sous le nom de vente des hospices de Beaune. Actif jusque dans les années 1960, classé aux monuments historiques depuis 1862, il est à ce jour un musée d'histoire de la médecine et expose entre autres le polyptyque Le Jugement dernier de Rogier van der Weyden.

HĂ´tel-Dieu de Beaune
ou Hospices de Beaune
Cour intérieure avec toiture en tuile vernissée de Bourgogne.
Présentation
Type
Destination initiale
Destination actuelle
Style
Construction
1443 Ă  1457
Propriétaire
HĂ´pital moderne de Beaune
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Province
Commune
Adresse
Rue de l'HĂ´tel-Dieu
Coordonnées
47° 01′ 19″ N, 4° 50′ 12″ E
Localisation sur la carte de la Côte-d’Or
voir sur la carte de la Côte-d’Or
Localisation sur la carte de Bourgogne
voir sur la carte de Bourgogne
Localisation sur la carte de Bourgogne-Franche-Comté
voir sur la carte de Bourgogne-Franche-Comté
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

Historique

En 1441, à la fin de la guerre de Cent Ans, après avoir hésité entre Autun et Beaune, Nicolas Rolin, richissime chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et son épouse Guigone de Salins fondent cet hôtel-Dieu richement doté, proche de la collégiale Notre-Dame de Beaune du XIIe siècle, et de l'hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune du XIVe siècle, siège du Parlement de Bourgogne.

Beaune est choisie pour son important taux de passage et pour son absence de grande fondation religieuse. L'influence flamande se fait sentir dans cette importante cité d'un État bourguignon qui s’étend alors jusqu'aux Pays-Bas.

Les premières démarches du chancelier commencent en 1441, en sollicitant le pape et le duc de Bourgogne. Le 4 août 1443 est signé l'acte de fondation.

« Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d’Autun, seigneur d’Authume et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443 […] dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels […] je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère… »

L'établissement est indépendant de tout ordre religieux. Les terrains nécessaires sont progressivement acquis, et les travaux commencent. Les bâtiments se présentent sous la forme d'un U, qui sera clos au XVe siècle d'une grange, puis du bâtiment XVIIe actuel sur son côté nord-ouest. Les travaux commencent par la grande salle sur la rue, achevée autour de 1449-50, et s'achève par le côté sud-ouest[3].

Chapelle et cimetière sont bénis les 30 et 31 décembre 1451. Le , ce « palais pour les pauvres malades » accueille ses premiers patients. Vieillards, infirmes, orphelins, malades, parturientes, indigents, fréquenteront gratuitement l'institution, du Moyen Âge au XXe siècle.

En 1459, le chancelier Rolin obtient la création de l'ordre des sœurs hospitalières de Beaune, dont la règle associe vie monastique et soins aux pauvres et aux malades.

Un incendie en 1500 oblige Ă  reprendre les combles nord, reconstruits plus sobrement.

Description

La façade extérieure, relativement austère, contraste avec la richesse de la décoration de la cour centrale, avec ses célèbres toits en tuile vernissée de Bourgogne, et celle de l'intérieur de l'édifice. Le choix de l'ardoise pour le grand bâtiment date de la fondation du chancelier. Ce matériau était encore peu employé dans la région, et donc plus prestigieux que les tuiles. Il n'a pas été possible jusqu'à présent de déterminer à quelle époque des tuiles vernissées ont été employées pour la première fois sur ce bâtiment - déjà présentes sur la maquette du XVIIIe siècle. Les décors de faitage ont été largement restaurés et augmentés aux XIXe et XXe siècle, par exemple avec l'ajout de gargouilles[3].

  • Maquette gĂ©nĂ©rale.
    Maquette générale.
  • Grande salle « des pĂ´vres », cĂ´tĂ© rue.
    Grande salle « des pôvres », côté rue.
  • Grande salle « des pĂ´vres », et entrĂ©e principale.
    Grande salle « des pôvres », et entrée principale.
  • Vente des hospices de Beaune, en automne.

Cour intérieure

De forme rectangulaire, elle comporte un puits à eau en ferronnerie gothique. Elle donne vue sur les différents bâtiments aux toits en tuile vernissée de Bourgogne, technique probablement originaire d'Europe centrale, devenue caractéristique des monuments bourguignons (la grande salle est couverte de simples ardoises de Trélazé).

Ces tuiles ont quatre couleurs (rouge, brun, jaune et vert) formant des motifs d'entrelacs géométriques. Elles ont été reconstruites entre 1902 et 1907 par Sauvageot qui a recréé des motifs personnels, les dessins originaux ayant été perdus. Les parties nord, est et ouest comprennent deux étages à galerie, avec colonnettes de pierre au rez-de-chaussée et de bois au premier, permettant le passage à l'abri des sœurs soignantes. De nombreuses lucarnes arborent des décorations sculptées en bois et en ferronnerie.

Chapelle

Elle fait partie intégrante de la salle des « pôvres » et était décorée, à l'origine, du polyptyque du Jugement dernier, du peintre flamand Rogier van der Weyden, fermé en semaine et ouvert pour les dimanches et fêtes solennelles. Guigone de Salins y repose. Un jubé en bois sépare, depuis la restauration des bâtiments, chapelle et salle des malades.

Grande salle « des pôvres »

De dimensions imposantes (près de 50 m de long, 14 m de large et 16 m de haut), elle est couverte d'une charpente monumentale apparente et peinte, en forme de toit en carène de bateau renversĂ©e, couverte d'ardoise de TrĂ©lazĂ©. Les poutres traversières sortent d'engoulants : gueules de dragons multicolores qui Ă©voquent les monstres de l'enfer. De petites tĂŞtes sculptĂ©es, reprĂ©sentant des caricatures des bourgeois beaunois dont les visages sont accompagnĂ©s de tĂŞte d'animaux qui symbolisent leurs dĂ©fauts respectifs, rythment les travĂ©es. Le carrelage comprend le monogramme de Rolin et sa devise : « Seulle * ». Ce mot accompagnĂ© de l'Ă©toile signifie que sa femme, Guigone de Salins est la seule dame de ses pensĂ©es.

La salle est occupée par deux rangées de lits à rideaux bordant les murs sud et nord, la place centrale étant réservée aux tables et aux bancs pour les repas. Le mobilier a été reconstitué en 1875 par Maurice Ouradou[4] (le gendre de l'architecte Viollet-le-Duc). Deux patients pouvaient se coucher sur chaque lit. Derrière chaque lit, un coffre permettait de ranger les vêtements des malades. Un couloir comportant une banquette équipée de chaises d'aisance court le long du mur derrière les rideaux.

Salle Sainte-Anne

Située à l'ouest, au contact de la salle des « pôvres », et dédiée à sainte Anne, d'une capacité de quatre lits.

Salle Saint-Hugues

Voisine de la dernière, elle a été créée en 1645 et comprend quelques lits destinés à des malades plus aisés. Elle est remarquable par ses peintures murales d'Isaac Moillon représentant différents miracles du Christ ainsi que saint Hughes, en évêque et chartreux.

Il est aussi représenté sur le retable de l'autel, ressuscitant des enfants morts de la peste. Cette salle de malades a été réaménagée dans son décor du XVIIe siècle.

Salle Saint-Louis

Dédiée au roi Saint Louis, elle ferme la cour à l'est et a été construite en 1661 à l'emplacement d'une grange. Cette pièce contient aussi de beaux coffres gothiques, une fontaine et deux séries de tapisseries du XVIe siècle, dont l'une tissée à Tournai raconte en sept épisodes la parabole du Fils prodigue et l'autre provenant de Bruxelles évoque l'histoire de Jacob.

Salle Saint-Nicolas

Située au nord-ouest de la cour, et dédiée à saint Nicolas, elle était destinée aux malades les plus graves, avec 12 lits. Elle sert actuellement de salle d'exposition sur l'histoire des Hospices et de son vignoble. Un pavage de verre permet de voir couler la Bouzaise qui servait à l'évacuation des eaux usées.

Salle Polyptyque du Jugement Dernier

Les Hospices de Beaune abritent une œuvre remarquable, peinte au XVe siècle, le polyptyque du Jugement dernier du peintre flamand Rogier van der Weyden, polyptyque à volets mobiles rectangulaires, composé à l'origine de neuf panneaux de chêne à fil vertical peints, dont six sur les deux faces initialement exposées dans la chapelle des « pôvres » malades.

Probablement réalisé entre 1446 et 1452, ce retable a d'abord été attribué à Jan van Eyck en 1836 avant d'être attribué à Rogier van der Weyden en 1843. Scié sur toute l'épaisseur des panneaux, l'envers et l'endroit (correspondant aux positions ouverte et fermée) sont exposés conjointement dans une même salle spéciale climatisée.

Apothicairerie (pharmacie)

Cette apothicairerie comprend deux petites pièces avec ses étagères de flacons et de fioles. La première salle présente un mortier en bronze doté d'un arc accroché au pilon permettant d'alléger son poids et ainsi de faciliter le travail des apothicaires lors de la préparation des remèdes.

  • SĹ“ur Pierrette Monnet
    SĹ“ur Pierrette Monnet
  • Pots - Poudre de cloportes
    Pots - Poudre de cloportes

Dans la deuxième salle, les étagères présentent une collection de 130 pots de faïence datés de 1782 dans lesquels étaient conservés plantes médicinales, onguents, huiles, pilules et sirops de la pharmacopée des simples médecines.

Cuisine

Dotée d'une vaste cheminée à deux foyers, elle est meublée de différents éléments dont un tourne-broche automatisé datant de 1698, animé par un petit automate en costume traditionnel appelé « Messire Bertrand » qui semble tourner la manivelle en veillant aux activités de la cuisine.

  • Sainte Marthe et la Tarasque
    Sainte Marthe et la Tarasque

La cuisine est aujourd'hui présentée comme elle était au début du XIXe siècle avec son grand fourneau muni de deux robinets d'eau chaude appelés « cols de cygne ». Une statue de Sainte Marthe et la Tarasque, en bois polychrome (XVe siècle), veille sur la pièce, encadrée de bassines de cuivre.

Anciennes caves

Une ancienne cave à vin voûtée médiévale de plus de 300 m est construite sous les Hospices de Beaune. La réserve particulière de vin des Hospices y est conservée. Cette cave est ouverte à la visite publique uniquement durant la vente des hospices de Beaune.

Vignoble et vente de charité des vins des hospices

Les Hospices de Beaune sont propriĂ©taires d'un domaine viticole bourguignon grâce Ă  des dons et des hĂ©ritages de riches seigneurs bourguignons du Moyen Ă‚ge depuis 1471 et Ă  cinq siècles de gestion du patrimoine. Il comporte actuellement près de 60 hectares situĂ©s notamment dans le vignoble de la cĂ´te de Beaune et vignoble de la cĂ´te de Nuits, dont la plupart des parcelles sont situĂ©es dans des zones d'appellation premiers crus et grands crus d'exceptions. Les quarante-et-une cuvĂ©es de prestige obtenues sont vendues depuis 1794 sous forme d'enchères, le troisième dimanche de novembre sous le nom de vente des hospices de Beaune. Le rĂ©sultat des ventes est, depuis cinq siècles, consacrĂ© entièrement au fonctionnement charitable et religieux des anciens hospices et des nouvelles institutions hospitalières civiles et laĂŻques.

Les Hospices de Beaune, devenus aujourd'hui musée, ont été modernisés avec les Hospices civils de Beaune qui emploient à ce jour 700 salariés et financent :

  • Le centre hospitalier Philippe Le Bon de court sĂ©jour de Beaune, ouvert en 1971
  • Le Centre Nicolas Rolin de long et moyen sĂ©jour
  • Deux structures d'hĂ©bergement pour personnes âgĂ©es dĂ©pendantes : l'HĂ´tel-Dieu et la CharitĂ©

Philatélie

  • En 1941, un timbre de 5 francs brun-noir est Ă©mis. Il reprĂ©sente la cour intĂ©rieure de l'HĂ´tel-Dieu. Il porte le no YT 499.
  • En 1942, un timbre de 15 francs brun-carminĂ© est Ă©mis. Il reprĂ©sente la cour intĂ©rieure de l'HĂ´tel-Dieu (mĂŞme visuel que le timbre prĂ©cĂ©dent). Il porte le no YT 539.
  • En 1943, un timbre de 4 francs bleu est Ă©mis. Il reprĂ©sente Nicolas Rolin et Guigone de Salins d'après le tableau de Roger de la Pasture et le porche de l'HĂ´tel-Dieu. Il a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une vente anticipĂ©e le Ă  Beaune. Il porte le no YT 583.
  • En 2003, un timbre de 0,50 euro multicolore est Ă©mis. Il reprĂ©sente les toits de l'HĂ´tel-Dieu. Il porte le no YT 3597[5].

Hospices de Beaune au cinéma

Notes et références

  1. Notice no PA00112112, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Les Hospices de Beaune », sur Beaune et le Pays Beaunois Tourisme, (consulté le ).
  3. Pierre Jugie, « L'Hôtel-Dieu de Beaune », Congrès archéologique de France, vol. 1994, no 152,‎ , p. 203-209 (lire en ligne).
  4. Site web consacré aux hospices de Beaune.
  5. Catalogue Yvert et Tellier, Tome 1.

Annexes

Bibliographie

  • Jules Guiffrey, Les tapisseries de l'hĂ´pital de Beaune, dans Bulletin archĂ©ologique du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1887, p. 239-249 (lire en ligne)
  • Étienne Bavard, Jean-Baptiste Boudrot, HĂ´tel-Dieu de Beaune, 1443-1880, MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'histoire d'archĂ©ologie et de littĂ©rature de l'arrondissement de Beaune, Beaune, 1881 ; 365p. (lire en ligne)
  • Roland de Narbonne (textes), Michel Tiziou (photographies), HĂ´tel Dieu, Beaune, Ă©ditions Service d'Editions RĂ©gionales, 1992 (ISBN 978-2907701358),
  • Nicole de Reyniès, Brigitte Fromaget, Michel Rosso (photographe), Les Tapisseries des hospices de Beaune, CĂ´te-d'Or, Inventaire du patrimoine (collection Images du patrimoine), Paris, 1993 ; 64p. (ISBN 978-2-90472706-1)
  • Brigitte Fromaget, Claudine Hugonnet-Berger, L'HĂ´tel-Dieu de Beaune, Somogy Ă©ditions d'art, Paris, 2005 ; 128p. (ISBN 978-2-85056835-0)
  • Laurent Gotti, Hospices de Beaune, La Saga d'un hĂ´pital-vigneron, Ă©ditions FĂ©ret, (ISBN 978-2351560488),
  • Marie-ThĂ©rĂ©se Berthier, John-Thomas Sweeney, Histoire des Hospices de Beaune, Vins, domaines et donateurs, Guy TrĂ©daniel Editeur, (ISBN 978-2-8132-0499-8).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.