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Frères de Saint-Gabriel

Les Frères[alpha 1] de l'instruction chrétienne de Saint-Gabriel (en latin : institutum Fratrum instructionis Christianae a S. Gabriele) appelés couramment Frères de Saint-Gabriel forment une congrégation laïque masculine de droit pontifical.

Frères de Saint-Gabriel
Image illustrative de l’article Frères de Saint-Gabriel
Devise : Deo soli
Ordre de droit pontifical
Approbation pontificale 19 février 1910
par Pie X
Institut Congrégation laïque masculine
Type Apostolique
Spiritualité Montfortaine selon l'École française de spiritualité
But Enseignement
Structure et histoire
Fondation juin 1715
Saint-Laurent-sur-Sèvre
Fondateur Louis-Marie Grignion de Montfort puis reformé par Gabriel Deshayes.
Abréviation S.G.
Patron La Vierge Marie et saint Gabriel
Site web http://www.freres-saint-gabriel.org/
Liste des ordres religieux

Historique

Première phase

Louis-Marie Grignion de Montfort, fondateur des Frères Saint-Gabriel, en compagnie d’un des premiers frères (image du XIXe siècle).

Louis-Marie Grignion de Montfort[alpha 2] fonde une congrĂ©gation de religieuses, les Filles de la Sagesse (dont la cofondatrice est la bienheureuse Marie-Louise Trichet) et une autre, de pères et de frères, nommĂ©e indiffĂ©remment Compagnie de Marie ou CommunautĂ© du Saint-Esprit. Juridiquement, les premiers frères sont les quatre qui prononcent leurs vĹ“ux en juin 1715 pour l'Ă©ducation et l'instruction de la jeunesse connue d'abord sous le nom de « Frères du Saint-Esprit ». Pères, frères et sĹ“urs dĂ©pendent d'un seul supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral qui rĂ©side Ă  Saint-Laurent-sur-Sèvre (VendĂ©e) oĂą le père de Montfort meurt et est inhumĂ©.

Le septième supérieur est le père Gabriel Deshayes (1767-1841). Il entre dans la Compagnie de Marie à 53 ans, à la demande instante de son prédécesseur qui voit en lui un sauveur, non des sœurs qui étaient prospères, mais de la congrégation masculine réduite à un nombre presque squelettique. Grâce à son zèle, les pères se multiplient et plus encore les frères, qu'il décide de diviser en deux groupes. Les uns restent avec les pères et sont leurs auxiliaires pour des tâches temporelles ou pastorales. Les autres, plus nombreux, sont destinés à l'enseignement.

La maison principale qu'il leur donne Ă  Saint-Laurent-sur-Sèvre est appelĂ©e Saint-Gabriel en son honneur et l'on prend vite l'habitude d'appeler ses habitants « Frères de Saint-Gabriel ». Ce nom, qui remplace le premier, « Frères du Saint-Esprit », devient officiel quand les frères sont autorisĂ©s Ă  enseigner dans toute la France par un dĂ©cret de l'empereur NapolĂ©on III, le . Il est canoniquement reconnu par le Saint-Siège en 1910.

La division des Frères en deux groupes, opérée par Gabriel Deshayes, prépare un autre changement plus important : l'autonomie des frères enseignants par rapport à la Compagnie de Marie. En , quelques mois après la mort du père Deshayes, son successeur n'est pas un prêtre, mais un frère. Le rôle joué par les trois premiers supérieurs frères, frère Augustin (1842-1852), frère Siméon (1852-1862) et frère Eugène-Marie (1862-1883) est déterminant pour façonner le visage de l'institut.

Deuxième phase : de 1842 à nos jours

Depuis son autonomie jusqu'au XXIe siècle la congrégation vit une histoire où se succèdent quatre périodes principales.

Au XIXe siècle

Les effectifs de la congrégation augmentent. Alors qu'au XVIIIe siècle, ils ne furent jamais très nombreux - une trentaine au total, on en compte 184 en 1850, 398 en 1860, 1027 en 1900. Leur mission principale est l'éducation. Ils l'exercent dans des centaines d'écoles primaires, quelques pensionnats importants, neuf établissements de sourds-muets[alpha 3], cinq d'aveugles, quelques orphelinats et des classes primaires de collèges dirigés par des ecclésiastiques ou des jésuites.

Tous leurs établissements se trouvent en France, avec une présence au Canada à partir de 1888 et en Égypte à partir de 1890. En France, les plus nombreux sont situés dans l'ouest ; les autres dans le sud-est (la Provence), le centre de (l'Auvergne), le nord et la région parisienne.

De 1900 Ă  1945

La loi française du sur les associations impose aux congrĂ©gations d'obtenir l'autorisation par une loi. Cette autorisation ayant Ă©tĂ© refusĂ©e, la congrĂ©gation est lĂ©galement dissoute en France en 1903. L'armĂ©e vient expulser en les frères se trouvant Ă  la maison-mère de PloĂ«rmel en , ce qui suscite l'indignation de la population locale. L'administration gĂ©nĂ©rale se fixe en Belgique. Plus de quatre cents frères quittent l'institut. D'autres, qui restent en France, sont contraints de se « sĂ©culariser » : suppression de l'habit religieux, interdiction de vivre en communautĂ©. D'autres encore partent pour l'Ă©tranger. Les pays oĂą ils se fixent au dĂ©but du siècle sont situĂ©s en Europe, en Afrique et en Asie.

  • En Europe, l'implantation de la congrĂ©gation reste passagère en Suisse et aux Pays-Bas et sans grand dĂ©veloppement en Angleterre. En Belgique, en Italie et en Espagne elle donne naissance Ă  des provinces qui existent encore, malgrĂ© leurs Ă©preuves, comme la mort violente de quarante-neuf frères en 1936 pendant la guerre civile espagnole.
  • En Asie, il en est de mĂŞme pour les deux pays, la ThaĂŻlande et l'Inde, oĂą ils arrivent respectivement en 1901 et 1903.

La dimension internationale donnée ainsi à la congrégation a pour conséquence de justifier son statut : de droit diocésain jusqu'alors, elle devient de droit pontifical en 1910. En 1936, l'institut gagne encore deux autres pays : le Congo belge et Singapour.

De 1946 Ă  1965

Une fois passĂ©e l'Ă©preuve de la Seconde Guerre mondiale, la congrĂ©gation repart de plus belle. Pendant vingt ans, de 1946 Ă  1966, elle passe de 1 200 Ă  1 800 frères ; elle crĂ©e douze provinces nouvelles ; elle ouvre dix-huit juvĂ©nats, cinq noviciats et sept scolasticats ; elle prend en charge une moyenne de dix Ă©coles par an d'un continent Ă  l'autre ; elle gagne onze nouveaux pays : le BrĂ©sil (1936), le SĂ©nĂ©gal (1954), la Malaisie (1955), le Sri Lanka (1956), l'Irak (1957), la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo et la RĂ©publique du Congo (1957), le Centrafrique (1957), la Colombie (1961), le PĂ©rou (1962), le Cameroun (1964), le Rwanda (1965), auxquels on peut ajouter en 1968, la Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e. En 2013, elle est toujours prĂ©sente dans ces pays sauf au Sri Lanka et en Irak.

Depuis 1965

Le concile Vatican II (1962-1965) marque le début d'une nouvelle étape dans l'histoire de l'institut. La rénovation adaptée de la vie religieuse demandée par le décret conciliaire Perfectae Caritatis du va mobiliser pendant des années les énergies des Frères, en particulier ceux qui participent aux chapitres généraux successifs d'une longueur inhabituelle. Leurs travaux aboutissent en 1971 à la rédaction d'une nouvelle règle appelée Règle de vie qui sera approuvée officiellement par l'Église en 1986.

D'autres changements apparaissent :

  • un approfondissement du charisme montfortain ;
  • un souci de collĂ©gialitĂ© dans le gouvernement par les Conseils d'institut dont le premier remonte Ă  1972 ;
  • le fait de considĂ©rer les laĂŻcs avec qui les Frères collaborent comme des partenaires Ă  part entière (quelques-uns seront mĂŞme prĂ©sents au chapitre gĂ©nĂ©ral d'avril 2000) ;
  • le dĂ©placement des forces vives de la congrĂ©gation de l'Occident (Europe et Canada, oĂą elle recrute beaucoup moins) vers l'Afrique et l'Asie, oĂą sont suscitĂ©es dĂ©sormais les vocations.

En effet, malgré les perturbations apportées par la violence et la guerre dans certains pays (république démocratique du Congo, Congo Brazzaville, Rwanda), les deux provinces d'Afrique centrale et du Sénégal n'ont cessé de s'affirmer et leur avenir est désormais aux mains des Africains eux-mêmes. En Thaïlande, un élève sur cinq dans l'enseignement catholique est éduqué par les Frères de Saint-Gabriel. L'Inde compte presque cinq cents frères, présents dans seize États et appartenant à six provinces religieuses. Elle devient à son tour missionnaire, en envoyant des frères hors de ses frontières : île Maurice (1969), Tanzanie (1963), Fidji (1973), Tonga (1989), Madagascar (1997), les Philippines (1998).

Agressions sexuelles

En mai 2022, les Frères de Saint-Gabriel reconnaissent les actes de pédocriminalité commis par plusieurs de leurs membres. Ainsi le prêtre Gabriel Girard a agressé sexuellement au moins une vingtaine d'enfants, garçons et filles, entre 1965 et 1972 dans deux écoles, à Loctudy dans le Finistère, au sein de l'école Saint-Tudy gérée à l'époque des faits par les frères de Saint-Gabriel et à Issé dans la Loire-Atlantique. La congrégation missionne un historien pour étudier ces faits[1] - [2].

Supérieurs généraux

Durant le XIXe siècle, après la mort du P. Deshayes (), quatre supérieurs généraux, les frères Augustin, Siméon, Eugène-Marie et Hubert vont à leur manière donner corps à cet institut naissant.

  • Le F. Augustin (1842-1852), Breton du Morbihan, esprit pratique et administrateur avisĂ©, c'est le premier supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral frère. Il continue l’œuvre de Gabriel Deshayes, son père spirituel. Il Ă©tablit la congrĂ©gation sur des bases solides. Il lui donne son autonomie, lui construit une maison mère, fait imprimer sa règle et son premier manuel de piĂ©tĂ©, la fait reconnaĂ®tre lĂ©galement en France par un dĂ©cret de NapolĂ©on III, sous son nouveau nom de Saint-Gabriel.
  • Le F. SimĂ©on (1852-1862). Angevin de BeauprĂ©au, il a Ă©tĂ© maĂ®tre des novices et assistant gĂ©nĂ©ral avant son mandat de supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral : il est ensuite (fait unique dans l'institut) de nouveau assistant gĂ©nĂ©ral et directeur des jeunes profès : c'est donc pendant cinquante ans qu'il exerce une influence dĂ©cisive sur l'institut. Par son esprit de prière, il donne aux Frères une haute idĂ©e de leur consĂ©cration religieuse et, par sa douceur et sa bontĂ© proverbiales, il est au point de dĂ©part de l'esprit gabriĂ©liste, fait de simplicitĂ©, de paix et de charitĂ©.
  • Le F. Eugène-Marie (1862-1883). NĂ© en Provence, loin du petit groupe originel, il apporte Ă  l'institut un nouveau souffle. Il cherche Ă  implanter et Ă  financer des noviciats dans toute la France. D'une culture biblique prodigieuse, il rĂ©dige une nouvelle règle moins juridique oĂą la place faite Ă  la pĂ©dagogie est considĂ©rable. Sa prioritĂ© est de donner aux Frères une solide formation religieuse et profane, sans jamais sĂ©parer la science et la vertu. Il meurt subitement, Ă  59 ans, après avoir Ă©tĂ©, malgrĂ© sa mauvaise santĂ©, Ă©lu cinq fois de suite (autre fait unique dans l'histoire de l'institut).
  • Le F. Hubert (1883-1898). Il doit se dĂ©battre dans le maquis des nouvelles lois scolaires. En 1888, l’annĂ©e mĂŞme de la bĂ©atification du Père de Montfort, il envoie les premiers frères au Canada et, deux ans plus tard, en Égypte.

Le XXe siècle se divise en deux parties : de 1898 à 1965, une période d'extension et de mission, et de 1965 à l'an 2000, une révision en profondeur de la vie religieuse apostolique et gabriéliste.

  • Avec le F. Martial (1898-1922), ce sont les dures Ă©preuves de la sĂ©cularisation de 1903 en France et celles de la Première Guerre mondiale. Il rĂ©pand alors l'institut dans une dizaine de pays en Europe et en Asie. Il fait approuver les constitutions par le Saint-Siège en 1910.
  • Le F. SĂ©bastien (1922-1935) est considĂ©rĂ© comme un administrateur rigoureux qui est aussi Ă©conome gĂ©nĂ©ral pendant vingt-et-un ans. C'est lui qui favorise la prĂ©paration intellectuelle des Frères, l'expansion missionnaire et crĂ©e le second noviciat (une pĂ©riode de reprise spirituelle).
  • Avec le F. BenoĂ®t-Marie (1935-1946), reviennent les Ă©preuves successives : fin de la mission d'Abyssinie, mort violente de quarante-neuf frères pendant la guerre d'Espagne, situations difficiles crĂ©Ă©es par la Seconde Guerre mondiale. Il dĂ©missionne le .
  • Le F. Anastase (1946-1953) ouvre son gĂ©nĂ©ralat par la canonisation du père de Montfort en 1947. Après les Ă©preuves de la guerre, il favorise un retour Ă  la discipline religieuse et fonde cinq nouvelles provinces.
  • Le F. Gabriel-Marie (1953-1965) dans un enseignement très abondant donnĂ© par des lettres et des retraites, anime et ranime la vie spirituelle des Frères qui n'auront jamais Ă©tĂ© aussi nombreux (presque 1 800 en 1965).

Le concile Vatican II propose un aggiornamento de la vie de l'Église et de la vie religieuse. Le dernier tiers du XXe siècle est dans cette foulée.

  • Le F. Romain Landry (1965-1976) est le supĂ©rieur du chapitre (rencontre internationale de dĂ©lĂ©guĂ©s de l'institut) de l’aggiornamento qui prĂ©pare la règle de vie. Il travaille aussi Ă  la rĂ©conciliation de la famille montfortaine. Cette pĂ©riode est marquĂ©e par un dĂ©veloppement rapide des provinces d'Asie, le dĂ©but de la crise des vocations en Europe occidentale et le dĂ©part de nombreux frères.
  • Le F. Jean Bulteau (1976-1988) fait approuver la règle de vie et veut susciter chez les frères le dĂ©sir de la mettre en pratique. Il forge entre les provinces une meilleure connaissance et une plus grande solidaritĂ©.
  • Le F. Jean Friant (1988-2000). Pendant son gĂ©nĂ©ralat, le patrimoine montfortain et les racines deshaysiennes de l'institut sont redĂ©couverts. Il intensifie la collaboration dans la famille montfortaine, encourage le partenariat avec les laĂŻcs, favorise l'internationalitĂ© entre les frères et suscite une nouvelle expansion de l'institut en dehors de l'Europe.

Avec le XXIe siècle, s'amorce une nouvelle ère.

  • Le F. RenĂ© Delorme, Ă©lu en l'an 2000 13e supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral, met en Ĺ“uvre les dĂ©cisions du 29e chapitre gĂ©nĂ©ral. Les axes de renouveau se font dans la lignĂ©e de la mission pour les pauvres, les plus petits. L'institut veut encourager la participation des laĂŻcs dans sa spiritualitĂ© et sa mission. Enfin, elle se veut prĂ©sente et active dans le domaine des moyens modernes d'information et de communication.
  • Le 14 avril 2012, a lieu l'Ă©lection du F. John Kallarackal. C'est le premier supĂ©rieur non francophone et non europĂ©en, puisqu'il est de nationalitĂ© indienne : 14e supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral pour un premier mandat de six ans.

Activités et diffusion

Les Frères de l'instruction chrétienne de Saint-Gabriel se dédient à l'éducation des jeunes à l'éducation dont des écoles pour sourds et aveugles et l'apostolat missionnaire :

Fin 2005, la congrĂ©gation comptait deux cent cinquante-neuf maisons et 1 261 religieux ; vingt-six d'entre eux sont prĂŞtres.

Notes et références

Notes

  1. « Frères » prend une majuscule initiale pour dĂ©signer l’ensemble de l'ordre dans la locution « les Frères de l’instruction… ». Pour dĂ©signer un frère individuellement ou un groupe restreint de frères, on Ă©crit « un frère », « un frère de Saint-Gabriel », « un frère de l'instruction… », « des frères de l'instruction… », etc. Source : Conventions typographiques.
  2. canonisé en 1947.
  3. Dont celui de Saint-Jean-de-la-Ruelle, dans la banlieue d'Orléans.

Références

Sources

  • Louis Bauvineau, Histoire des Frères de Saint-Gabriel, Rome, , 613 p.
  • Louis Bauvineau, La mĂ©moire de Saint-Gabriel, Rome, , non paginĂ©.
  • Mgr_Laveille1924">Mgr Laveille, Gabriel Deshayes et ses familles religieuses, Union des Ĺ’uvres de Presse Catholique, .
  • GaĂ«tan Bernoville, Grignion de Montfort apĂ´tre de l'Ă©cole et les Frères de Saint-Gabriel, Paris, Albin Michel, , 370 p.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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