Ferdinand Barbedienne
Ferdinand Barbedienne né le à Saint-Martin-de-Fresnay[1] et mort le [2] à Paris est un industriel français, connu pour sa fonderie de bronze d'art.
localisation inconnue .
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(Ă 81 ans) Paris |
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Gustave Leblanc-Barbedienne (neveu) |
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Biographie
Fils d’un modeste cultivateur normand, Ferdinand Barbedienne réalise une première fortune dans une affaire de papiers peints installée au 24 et 26, rue Notre-Dame-des-Victoires à Paris. En 1836, l'ingénieur, mécanicien et outilleur Achille Collas (1795-1859) invente un procédé mécanique de réduction de sculptures en ronde-bosse, en améliorant le pantographe des sculpteurs, dont il dépose le brevet en 1837[Notes 1] - [3] - [4].
Ferdinand Barbedienne s'associe avec Achille Collas en 1838, en fondant la Société A. Collas & Barbedienne, pour la production et la commercialisation de copies réduites de sculptures en utilisant divers matériaux, tels que l'albâtre, le bois, le bronze, l'ivoire ou la stéatite. Ils reproduisent, en bronze et en réduction, un grand nombre d'œuvres sculptées, conservées dans des musées européens, destinées à orner les intérieurs modernes. De plus, ils mirent au point de nouveaux procédés chimiques pour patiner les bronzes.
Ils présentent une réduction de la Vénus de Milo[Notes 2] à l'Exposition nationale de 1839, ce qui leur vaut une médaille d'argent. L'idée fondamentale de Ferdinand Barbedienne est la démocratisation de l'art, en rendant financièrement accessibles des reproductions fidèles de chefs-d'œuvre. Les thèmes choisis sont souvent allégoriques et puisent largement dans le répertoire antique. Il est alors qualifié de « Gutenberg de la statuaire »[5].
Sous contrat d'édition[6] avec les artistes, posant ainsi les bases juridiques d'une nouvelle industrie[Notes 3] - [7] - [8], Ferdinand Barbedienne reproduit les œuvres de sculpteurs contemporains comme François Rude en 1843, Carrier-Belleuse, Barye, Barye le fils, Émile-Coriolan Guillemin, Emmanuel Frémiet, Gardet, Jacquemart, Louis Albert-Lefeuvre, Pierre-Jules Mêne, Charles Valton, Henri Chapu, Fabio Stecchi ou Eugène Aizelin, et crée de très nombreux modèles de bronze d’ameublement, des émaux champlevés[9], ou émaux cloisonnés, en collaboration avec l'émailleur Alfred-Paul-Louis Serre (1837-1906), hauts et bas-reliefs en bois, etc.
Le procédé de duplication Collas - Barbedienne est perfectionné dans une machine à copier d'un seul bloc, qui leur permet d'obtenir une nouvelle médaille d'argent à l'Exposition nationale de 1844, à Paris[10] - [11]. L’idée de Barbedienne est de démocratiser l’art pour le rendre accessible, tout en étant conforme dans la reproduction de l’œuvre. Cette invention lui permet de commercialiser en plus grande quantité les œuvres de sculpteurs comme, entre autres, Paul Dubois ou Antonin Mercié[12].
La société envoie quelques pièces à l'Exposition universelle de 1851 à Londres, où elle reçoit une médaille spéciale pour sa reproduction en demi-taille de la porte principale, créée par Lorenzo Ghiberti, pour le baptistère Saint-Jean de Florence[13]. Par la suite, Achille Collas reçoit la grande médaille d'honneur à l'Exposition universelle de 1855 à Paris[14].
À partir de 1855, le célèbre ornemaniste Louis-Constant Sévin (1821-1888) entre dans la société en qualité de sculpteur ornemaniste. À la mort d'Achille Collas, en 1859, Ferdinand Barbedienne devient seul propriétaire de la fonderie, qui compte alors 300 employés. En 1865, il devient président du comité des industries du bronze, poste qu'il conserva jusqu'en 1885[15].
Lors de la guerre franco-allemande de 1870, et à cause de la pénurie de métaux bruts, il doit cesser son activité de fondeur d'art. Cependant, l'activité de l'atelier perdure grâce à une commande de 70 canons pour le ministère de la Défense nationale. L'activité reprend une fois la guerre terminée et une grande partie de la production est destinée à l'exportation. Plus de 1 200 pièces sont produites chaque année. La qualité de la fonte, de la ciselure et de la patine, propres à la technique de Barbedienne, ont fait que la signature du fondeur a progressivement gagné en importance. Il est promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur le .
En 1878, la société présente une horloge monumentale de style néo-Renaissance, ornée d'émaux d'Alfred Serre, à l'Exposition universelle de 1878 à Paris, qui lui vaut une médaille d'or.
En 1879, Ferdinand Barbedienne acquiert 125 modèles de coulée à la vente successorale d'Antoine-Louis Barye[16], ce qui lui permet de consacrer un catalogue entier à ses œuvres[17].
En 1889, le catalogue compte 450 sujets déclinés en plusieurs dimensions, créés par 45 sculpteurs différents, dont une bonne moitié de contemporains à succès[18]. Cette même année, il coule, pour la première fois, une réduction de la Vénus de Milo en aluminium, métal dont la production à l'échelle industrielle prend alors son essor.
À l'Exposition universelle de Paris de 1889, à Paris, la maison Barbedienne présente de nouveau un grand nombre de ses compositions, dont la grande horloge néo-Renaissance de 1878[19]. Cette horloge a fait partie de la succession Leblanc-Barbedienne et a été donnée, par ses héritiers, à la ville de Paris, et est conservée à l'hôtel de ville[20].
À la mort de Ferdinand Barbedienne, le à Paris, l'entreprise compte plus de 600 salariés. Il est inhumé le à Paris au cimetière du Père-Lachaise (53e division)[21] - [22].
Son monument funéraire est orné de son buste réalisé par Henri Chapu, et de trois statues allégoriques, œuvres d'Alfred Boucher. Sa sépulture est inaugurée le , en présence de nombreuses personnalités du monde artistique. Un discours faisant l'éloge du défunt est prononcé par le professeur Eugène Guillaume, sculpteur, et directeur de l'Académie de France à Rome[Notes 4] - [Notes 5].
- D'après Antoine-Louis Barye, Thésée combattant le centaure Biénor, parc de l'École cathédrale de Viborg.
- D'après Lorenzo Ghiberti, Les Portes du Paradis du baptistère Saint-Jean de Florence, anciennement Collection Demidoff.
- Louis-Constant Sévin et Alfred Serre, Grande horloge (1878), bronze doré, hôtel de ville de Paris.
Postérité
N'ayant pas eu d'enfant, c'est son neveu et successeur, Gustave Leblanc-Barbedienne, qui développe la fonderie en se spécialisant dans les bronzes monumentaux. En , un décret présidentiel pris par Sadi Carnot autorise en effet Gustave Leblanc à s'appeler désormais Gustave Leblanc-Barbedienne. Les ateliers et salons d'exposition se trouvaient 63 rue de Lancry dans le 10e arrondissement de Paris[23].
Il signe un contrat avec Auguste Rodin, assurant à la compagnie l'exclusivité de Printemps éternel et du Baiser pour vingt ans. En , il réalise la fonte des premières épreuves du groupe des Bourgeois de Calais.
Le nombre d'œuvres de toutes dimensions sorties des ateliers Barbedienne est très important, mais d'une qualité toujours exceptionnelle[24] - [Notes 6].
Fernand Thesmar fit ses premières pièces dans son atelier.
L'activité à l'exportation de la fonderie, est renforcée par l'ouverture d'une succursale à Berlin en 1913, tandis que des concessionnaires assurent la diffusion en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Après la guerre de 1914-1918, pendant laquelle les ateliers sont en partie détruits par la Grosse Bertha lors des bombardements de Paris, l'entreprise réalisera d'innombrables monuments commémoratifs[25] et signera la production posthume des bustes de Daumier de 1929 à 1952.
Le changement progressif du goût du public entraînera une baisse lente mais inéluctable de la production, et la maison Barbedienne arrêtera définitivement son activité le .
Sa sépulture
« Sur un haut pilier carré de pierre des Vosges repose le buste en bronze du mort […] À droite et à gauche du pilier, à la tête du sarcophage qu'il surmonte, deux figures grandeur nature de femmes, en bronze également. Toutes deux portent des palmes, mais l'une d'elles, celle qui symbolise l'Art, est casquée ; une chimère se tord sur son casque. L'autre est armée d'un marteau c'est l'industrie qu'elle allégorise. Sur le soubassement qui porte le monument tout entier, au pied du sarcophage, une délicieuse figure d'enfant est assise. Son buste est nu, mais la nudité en est si profondément chaste qu'elle est attendrissante. D'un geste découragé et très simple, mais qui exprime une douleur vraiment inconsolable, elle laisse retomber sur la pierre un flambeau dont la flamme vacille et s'éteint. »
— « Nouvelles diverses - Faits du jour », in Le Gaulois du [26] et « Bloc-Notes parisien - Le monument de Ferdinand Barbedienne », Le Gaulois du [27].
- Vue générale du monument.
- Henri Chapu, Buste de Ferdinand Barbedienne.
- Alfred Boucher, L'Industrie.
- Alfred Boucher, La Douleur.
- Alfred Boucher, L'Art.
Références dans la culture
- Marcel Proust le mentionne dans À la recherche du temps perdu dans le tome La prisonnière.
- Raymond Queneau, dans son roman Un rude hiver (1939), mentionne le fondeur au chapitre XI : « Sur la cheminée, entre deux bronzes de Barbedienne […] »
- Jean-Paul Sartre, dans sa pièce de théâtre Huis clos (1944) mentionne un « bronze de Barbedienne » dans la description du décor représentant l'enfer : un salon Second Empire.
- Michel Audiard le mentionne dans son film Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.
- Patrick Modiano, dans son roman les Boulevards de ceinture (1972) écrit : « […] et de ce bronze de Barbedienne si beau, sous la clarté des lampes. » (folio, n 1033, page 146, première ligne).
- Sarah Bernhardt raconte dans ses Mémoires, que, lorsqu'elle fut admise au Conservatoire de musique et de déclamation, pour la récompenser, le vieil ami de la famille M. Meydieu lui proposa de l'emmener chez Barbedienne afin de choisir une pendule pour sa chambre.
Bibliographie
Publications
- Alfred de Champeaux, Dictionnaire des fondeurs, ciseleurs, modeleurs en bronze et doreurs depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque actuelle, Paris, Rouam, Londres, Gilbert et Cie, 1886, vol. I (A - C), (Barbedienne, pp. 59-68), (OCLC 41549554)
- Catherine Chevillot, « Les Stands industriels d’édition de sculptures à l’Exposition universelle de 1889 : l’exemple de Barbedienne », La Revue de l’Art, 1992, no 95, pp. 61-67[28] - [29].
- Élisabeth Lebon, Dictionnaire des fondeurs de bronze d’art, France 1890-1950, Perth, Marjon éditions, 2003[30].
- Bernard Metman, « La Petite Sculpture au XIXe siècle. Répertoire », [Documents sur la sculpture française et répertoire des fondeurs du XIXe siècle], Archives de l’art français (Société d’Histoire de l’Art français), 1989, t. 30 (?), pp. 175-218
- Florence Rionnet, « Barbedienne ou la fortune de la sculpture au XIXe siècle », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, année 2001, 2002, pp. 301-324[31].
- Florence Rionnet, La Maison Barbedienne. Correspondances d’artistes, Paris, CTHS, Collection « format » no 65, 2008 (ISBN 978-2-7355-0666-8)[32].
- Florence Rionnet, Les Bronzes Barbedienne : l’œuvre d’une dynastie de fondeurs (1834-1954), Paris, Arthena, , 572 p. (ISBN 978-2-903239-58-9, OCLC 959938324, lire en ligne). — Catalogue des 2000 modèles édités par cette maison et répertoriés à ce jour.
Archives
Les papiers personnels de Ferdinand Barbedienne sont conservés aux Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 368AP[33]
Notes et références
Notes
- Sous la direction de Marie-Thérèse Baudry - Principes d'analyse scientifique - La sculpture, méthode et vocabulaire, Imprimerie nationale, Paris, 1978.
- DĂ©couverte en 1820.
- Depuis de nouvelles dispositions juridiques datant de 1968 et de 1981, les tirages d’épreuves originales sont limités en France, à douze exemplaires issus du même moule : huit exemplaires numérotés de 1/8 à 8/8 (Décret no 95-172 du ), plus quatre exemplaires hors-commerce dits « épreuves d’artiste », numérotés de EA I/IV à EA IV/IV (code de déontologie des fonderies d'art du ). Avant cette obligation, les tirages des éditions originales étaient illimités.
- Villa MĂ©dicis.
- Eugène Guillaume, Inauguration du monument de Ferdinand Barbedienne au Cimetière du Père-Lachaise, le , éditeur E. Capiomont à Paris, (OCLC 25830895)
- Son principal concurrent, le fondeur Albert Susse dira de Ferdinand Barbedienne, qu'il cherchait la plus haute qualité dans ses moulages, et qu'il était la « fierté de la nation » et qu'il « portait la splendeur de notre industrie si hautement, à toutes les compétitions internationales »
Références
- « LH/107/30 », sur Base Léonore (consulté le )
- « Informations », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
- [PDF]Agnès Bracquemond - sculpture - Les procédés de reproduction, sur le site academieart-meudon.fr, consulté le .
- Musée du Conservatoire National des Arts et Métiers : Tour à réduire les portraits par Achille Collas, sur le site cnum.cnam.fr, consulté le .
- (en)Christie's - A French patinated bronze statue of Venus de Milo, sur le site christies.com, consulté le .
- Gilles Perrault, L'œuvre originale et la sculpture d'édition, sur le site gillesperrault.com, consulté le .
- [PDF]Fondeurs de France - Code de déontologie 2005, sur le site fondeursdefrance.org, consulté le .
- Legifrance - Décret no 95-172 du , sur le site legifrance.gouv.fr, consulté le 21 février 2015.
- (en)Christie's - Vase d'ornement en bronze doré et émail champlevé,sur le site christies, consulté le .
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- (en)Reductions and enlargements, sur le site cantorfoundation.org, consulté le .
- Expertisez.com, « Ferdinand Barbedienne (1810-1882) est un industriel français et grand bronzier de son époque », sur expertisez.com (consulté le ).
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- Ferdinand Barbedienne, sur le site marcmaison.fr, consulté le .
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- « Informations », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
- Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 75-76
- Histoire et vies du 10e arrondissement - La maison Barbedienne, sur le site hv10.org, consulté le .
- (en) Bronze Gallery, « Bronze Gallery - 19th & 20th Century Bronze Sculptures - Barbedienne foundry », sur www.bronze-gallery.com (consulté le ).
- Université de Lille, Les monuments aux morts, sur le site monumentsmorts.univ-lille3.fr, consulté le 5 février 2015.
- « Nouvelles diverses - Faits du jour - Inauguration du monument de Ferdinand Barbedienne », Le Gaulois du , sur le site gallica.bnf.fr, consulté le 5 février 2015.
- « Bloc-Notes parisien - Le monument de Ferdinand Barbedienne », in Le Gaulois du 23 novembre 1894, sur le site gallica.bnf.fr, consulté le 5 février 2015.
- Catherine Chevillot, Les Stands industriels d’édition de sculptures à l’Exposition universelle de 1889 : l’exemple de Barbedienne, p. 61-67, sur le site persee.fr, consulté le 5 février 2015.
- Catherine Chevillot à la Bibliothèque Nationale de France, sur le site data.bnf.fr, consulté le .
- Élisabeth Lebon à la Bibliothèque Nationale de France, sur le site data.bnf.fr, consulté le .
- Florence Rionnet à la Bibliothèque Nationale de France, sur le site data.bnf.fr, consulté le .
- cths.fr.
- Notice des Archives nationales.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- AGORHA
- Bridgeman Art Library
- (en) Art Institute of Chicago
- (en) Art UK
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) Grove Art Online
- (en) Musée d'art Nelson-Atkins
- (en) MutualArt
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Ressource relative aux militaires :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ferdinand Barbedienne dans la Base Joconde.
- Société Collas et Barbedienne à la Bibliothèque Nationale de France.