EugĂšne Cavaignac
Louis EugĂšne Cavaignac, connu aussi sous le nom de gĂ©nĂ©ral Cavaignac, nĂ© le 23 vendĂ©miaire an XI () Ă Paris et mort le dans son chĂąteau d'Ourne Ă FlĂ©e, est un gĂ©nĂ©ral et homme d'Ătat français. Gouverneur d'AlgĂ©rie (1848) puis prĂ©sident du Conseil des ministres chargĂ© du pouvoir exĂ©cutif durant l'annĂ©e 1848. Candidat Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 1848, il est battu par Louis-NapolĂ©on Bonaparte.
Louis-EugĂšne Cavaignac | ||
EugÚne Cavaignac, photographié par Pierre Petit dans les années 1850. | ||
Fonctions | ||
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Chef du pouvoir exécutif de la République française | ||
â (5 mois et 22 jours) |
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PrĂ©sident du Conseil | Lui-mĂȘme | |
Prédécesseur | François Arago | |
Successeur | Louis-Napoléon Bonaparte (président de la République) Adolphe Thiers (indirectement) |
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Président du Conseil des ministres français | ||
â (5 mois et 22 jours) |
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Chef de l'Ătat | Lui-mĂȘme | |
Gouvernement | Cavaignac | |
Législature | Assemblée constituante | |
Prédécesseur | François Arago (président de la Commission exécutive) | |
Successeur | Odilon Barrot | |
Gouverneur d'Algérie | ||
â (2 mois et 5 jours) |
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Président du Conseil | Jacques Dupont de l'Eure | |
Prédécesseur | Duc d'Aumale | |
Successeur | Nicolas Changarnier | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Louis EugĂšne Cavaignac | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Ancien 11e arrondissement de Paris (France) | |
Date de décÚs | (à 55 ans) | |
Lieu de décÚs | Ourne (Sarthe, France) | |
Nationalité | Française | |
Parti politique | Républicain modéré (centre) | |
Conjoint | Louise Odier | |
Enfants | Godefroy Cavaignac | |
DiplĂŽmĂ© de | Ăcole polytechnique | |
Profession | Officier général | |
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Présidents du Conseil des ministres français | ||
Famille et descendance
Il est le fils de Jean-Baptiste Cavaignac[1], conventionnel rĂ©gicide, et de Marie-Julie de Corancez et le frĂšre cadet du rĂ©publicain Godefroy Cavaignac. Ăpoux en 1851 de Louise Odier, fille de James Odier. Son fils est le ministre de la IIIe RĂ©publique : Godefroy Cavaignac (1853-1905) et son petit-fils, l'historien EugĂšne Cavaignac (1876-1969).
Stanislas Mangin (1917-1986) figure Ă©galement au nombre de ses nombreux descendants.
Enfance et jeunesse
Son pĂšre ayant Ă©tĂ© nommĂ© directeur des Domaines, de l'Enregistrement et des Eaux et ForĂȘts du royaume de Naples auprĂšs de Joseph Bonaparte puis de Joachim Murat, il y passe son enfance de 1808 Ă 1812. Ă la Restauration, son pĂšre doit quitter la France en tant que rĂ©gicide, et sâexile Ă Bruxelles. Sa mĂšre reste Ă Paris avec ses trois enfants, vivant dans une semi-pauvretĂ©[2]. Il entre au collĂšge Sainte-Barbe oĂč il se distingue, notamment en mathĂ©matiques.
CarriĂšre militaire
Il est admis Ă l'Ăcole polytechnique en 1820 puis poursuit sa formation de 1822 Ă 1824 Ă lâĂcole dâapplication dâartillerie Ă Metz.
Il entra dans le génie et était capitaine en second dans le 2e régiment du génie, durant l'expédition de Morée entre 1828 et 1829, qui permit l'évacuation des troupes turco-égyptiennes des principales places-fortes du PéloponnÚse lors de la guerre d'indépendance grecque[3].
La révolution de 1830
En 1830, Louis-EugÚne Cavaignac, alors à Arras, fut parmi les premiers à se déclarer du cÎté des insurgés parisiens. AprÚs la révolution de 1830, il manifesta hautement ses tendances républicaines comme son frÚre aßné Godefroi.
En 1831, il signa à Metz le projet d'association nationale. En conséquence de cette démarche, le gouvernement le mit en non-activité.
L'Algérie
Il est Ă©loignĂ© en AlgĂ©rie en 1832 dans l'armĂ©e d'Afrique oĂč il se signala lors de plusieurs expĂ©ditions pĂ©rilleuses. AprĂšs le succĂšs de l'expĂ©dition de Mascara, Ă laquelle le capitaine Cavaignac avait pris part, le marĂ©chal Clauzel, songeant Ă rentrer Ă Oran, voulut laisser une garnison française Ă Tlemcen qu'il occupait Ă l'extrĂ©mitĂ© ouest de l'AlgĂ©rie, Ă une distance considĂ©rable de tous secours, au milieu du territoire tenu par les Kabyles. Cavaignac fut dĂ©signĂ© en . On lui adjoignit 500 hommes, avec le titre de chef de bataillon provisoire.
Il rĂ©sista pendant quinze mois dans le mĂ©chouar de Tlemcen Ă tous les efforts d'Abd el-Kader. Il repoussa les attaques rĂ©itĂ©rĂ©es de nombreuses troupes et il s'approvisionna par des raids chez les tribus voisines. Enfin, il fut relevĂ© en et, le suivant, le grade de chef de bataillon lui fut confĂ©rĂ© Ă la sollicitation du marĂ©chal Bugeaud. Le commandant Cavaignac quitta bientĂŽt l'Afrique et revint en France oĂč l'appelaient de graves intĂ©rĂȘts et oĂč il fut retenu quelque temps par des problĂšmes de santĂ©.
Ă peine rĂ©tabli, il retourna Ă Alger oĂč il fut de nouveau abandonnĂ© avec son bataillon dans Cherchell, ainsi exposĂ© Ă des dangers plus grands et plus continuels qu'Ă Tlemcen. Il s'en tira avec grande gloire et une blessure grave (1840). BlessĂ© de nouveau devant Miliana, il fut nommĂ© colonel de zouaves et continua Ă servir la France par ses faits d'armes. Il inaugure, le , la pratique des enfumades : plusieurs centaines de SbĂ©has sont asphyxiĂ©s dans les grottes oĂč ils se sont rĂ©fugiĂ©s[4]. Il prendra part la mĂȘme annĂ©e Ă la bataille d'Isly, oĂč il commanda l'avant-garde. On lui accorda enfin, en 1844, le titre de marĂ©chal de camp.
La révolution de 1848
Caricature de Cavaignac en protecteur de la jeune république.
AprÚs la révolution de février 1848, un des premiers actes du gouvernement provisoire fut de l'élever au grade de général de division, en lui confiant le gouvernement de l'Algérie. Il revint cependant en métropole et se fit élire représentant du peuple dans les départements de la Seine et du Lot.
Plusieurs fois, on lui offrit le portefeuille de ministre de la Guerre, mais il s'obstina longtemps à le refuser. Il l'accepta une premiÚre fois du 20 mars au 5 avril puis, à la suite de l'attentat du 15 mai contre l'Assemblée nationale, une deuxiÚme fois du 17 mai au , lorsque le gouvernement provisoire eut cédé la place à une commission du pouvoir exécutif, composée de cinq membres.
Le 23 juin commence ce que l'on appelle les journĂ©es de Juin, une rĂ©volte ou rĂ©volution par les partisans de la « RĂ©publique dĂ©mocratique et sociale » Ă Paris. Cavaignac se dĂ©robe aux demandes pressantes du gouvernement de faire sortir la troupe de ses casernes. Le 24 juin, un dĂ©cret de l'AssemblĂ©e nationale lui dĂ©lĂšgue tous les pouvoirs exĂ©cutifs. Il montre d'abord quelque hĂ©sitation sur les mesures Ă prendre, mais il dĂ©ploie bientĂŽt la plus grande Ă©nergie et parvint, aprĂšs plusieurs jours (24, 25 et 26 juin) d'une lutte acharnĂ©e qui fit 1 600 tuĂ©s cĂŽtĂ© gouvernemental et entre 3 000 et 5 000 morts du cĂŽtĂ© de l'insurrection, Ă prendre le contrĂŽle. Il se forge alors une rĂ©putation mauvaise auprĂšs des ouvriers qu'il a durement rĂ©primĂ© lors de ces journĂ©es de Juin ; certains lui donnent mĂȘme le surnom de "prince du sang", ce qui joue sur sa rĂ©putation lors des Ă©lections prĂ©sidentielles du 10 et 11 dĂ©cembre 1848.
Le 28 juin, l'AssemblĂ©e dĂ©clare qu'il avait bien mĂ©ritĂ© de la patrie, lui offre le bĂąton de marĂ©chal de France qu'il refuse, et lui confie de nouveau le pouvoir exĂ©cutif[5] avec le titre de prĂ©sident du Conseil des ministres, qu'il conserve jusqu'au [6]. Investi de ces pouvoirs pour prĂ©venir le retour du dĂ©sordre, il ordonne la mise en Ă©tat de siĂšge, la suspension des journaux hostiles, la dĂ©portation des insurgĂ©s. En mĂȘme temps, il refuse son concours Ă la propagande rĂ©volutionnaire, offrant un asile au Pape qui a quittĂ© ses Ătats et envoyant des troupes en Italie pour protĂ©ger sa retraite.
La popularité beaucoup trop rapide du général Cavaignac, l'engouement de la bourgeoisie pour tous ses actes sans exception, se sont usés bien vite. AprÚs la promulgation de la nouvelle Constitution du 4 novembre instaurant la DeuxiÚme République et l'élection du président de la République au suffrage universel, il se porte candidat à la présidence de la République, mais il ne peut guÚre réunir que le cinquiÚme des suffrages, malgré le soutien du National et de l'Association démocratique des amis de la Constitution.
Fin de carriĂšre politique
caricature de Lamartine, Cavaignac et Louis-Napoléon Bonaparte.
Il fut nettement battu par Louis-NapolĂ©on Bonaparte, Ă qui il refusa de prĂȘter serment aprĂšs le coup d'Ătat du (Bonaparte obtint 5 434 000 voix, Cavaignac 1 448 000 voix, Ledru-Rollin 370 000 voix, Raspail 37 000 voix et Lamartine 18 000 voix).
Ălu dĂ©putĂ© de Paris en , rĂ©Ă©lu en , il refusa de prĂȘter serment Ă l'Empire et prit sa retraite, retirĂ© dans la Sarthe. Il mourut subitement, en octobre 1857, dans son chĂąteau d'Ourne.
DĂ©corations
- LĂ©gion d'honneur :
- Chevalier : 1833
- Officier : 1841
- Commandeur de la LĂ©gion d'honneur : 1843
- Ordre Royal du Sauveur (GrĂšce)
- Croix d'or
Hommage
- Un buste de Cavaignac est installé salle des conférences du palais Bourbon (Paris).
Notes et références
- Jean-Baptiste Cavaignac est parfois confondu avec l'un de ses frÚres prénommé également Jean-Baptiste, qui fut baron mais ne porta pas la particule.
- Julie Cavaignac, Les MĂ©moires d'une inconnue, Plon, 1894 [lire en ligne].
- Lettres d'EugÚne Cavaignac, Expédition de Morée (1828-1829), Revue des deux Mondes, 141, .
- Jean-Jacques Tur, Ombres et lumiĂšres de l'AlgĂ©rie française, Paris, LâHarmattan, , 202 p. (ISBN 978-2-296-96972-8, prĂ©sentation en ligne).
- EncyclopĂŠdia Universalis, « LOUIS EUGĂNE CAVAIGNAC », sur EncyclopĂŠdia Universalis (consultĂ© le ).
- « EugÚne Cavaignac, président du conseil des ministres, chef du pouvoir exécutif », sur Google Books (consulté le ).
Ćuvres
- Lettres d'EugÚne Cavaignac, Expédition de Morée (1828-1829), (capitaine en second dans le 2e régiment du génie), Revue des deux Mondes, 141, .
- De la régence d'Alger, note sur l'occupation, Paris : Victor Magen, 1839.
Bibliographie
Bibliographie ancienne
- Hippolyte Castille, Biographie de Cavaignac.
- EugĂšne de Mirecourt, Les contemporains â EugĂšne Cavaignac, Paris, Mirecourt, 1857.
- Alfred de La GuĂ©ronniĂšre, Portrait de Cavaignac (dans ses Ătudes et portraits politiques).
- Auguste Deschamps, EugĂšne Cavaignac, Paris, Librairie Internationale, 1870.
Bibliographie contemporaine
- Général Pierre Ibos, Le Général Cavaignac : Un dictateur républicain, Paris, Hachette, 1930 (coll. « Figures du Passé »).
- (en) Frederick Î. De Luna, The French Republic under Cavaignac, 1848, Princeton (New Jersey), Princeton University Press,â , X-451 p. (prĂ©sentation en ligne).
- Yvert Benoßt (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
- Pierre Givaudon, Chronique des Cavaignac, VendĂŽme, Ăditions du Cherche-Lune, 2010.
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (de + en) Artists of the World Online
- Ressource relative Ă la vie publique :
- Ressource relative aux militaires :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Biographie
Sources partielles
- Godefroy Cavaignac (1853-1905) - maire de Flée, conseiller général de La Chartre-sur-le-Loir, président du Conseil général de la Sarthe, député de Saint-Calais, ministre de la Marine et de la Guerre, par Pierre Givaudon, dans : Revue Historique et Archéologique du Maine, Le Mans (17 rue de la reine BérengÚre), 2005, t. CLVI p. 73-112 + illustrations [lettre de Gabriel Monod à Godefroy Cavaignac, ; portrait du général EugÚne Cavaignac par Horace Vernet ; portrait de Godefroi Cavaignac (1800-1845) par David d'Angers ; portrait de Godefroy Cavaignac, photo 1875 ; portrait de Blanche Mojon, sa femme, photo 1895 ; portrait en pied de Godefroy Cavaignac, photo 1895 ; « M. Cavaignac et l'affaire Dreyfus », caricature, juillet, 1898].
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « EugĂšne Cavaignac » dans Dictionnaire universel dâhistoire et de gĂ©ographie, (lire sur Wikisource).
- « EugĂšne Cavaignac », dans Charles MulliĂ©, Biographie des cĂ©lĂ©britĂ©s militaires des armĂ©es de terre et de mer de 1789 Ă 1850, [dĂ©tail de lâĂ©dition].
Ćuvre ayant un rapport avec Cavaignac
François-Désiré Froment-Meurice : coffret à épaulettes du général Cavaignac, argent, musée de la vie romantique, hÎtel Scheffer-Renan, Paris.