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Culture alsacienne

L'Alsace connaît une tradition vivante et authentique. Ses maisons sont à colombages..

Maisons Ă  colombages Ă  Colmar.

Sa langue, l'alsacien, transmise de génération en génération et encore très présente au XXIe siècle, atteste la singularité de la région et la volonté de ses habitants de pérenniser ses coutumes.

L'Alsace est une terre de fête. Aux festivités nationales s'ajoutent de nombreuses manifestations locales, célébrées avec ferveur. L'Alsacien aime à se réunir en famille dans une ambiance joyeuse, car la famille est importante en Alsace.

Dans les villages, le Messti ou la Kilbe, qui a lieu une fois par an, est la fête familiale par excellence. Après le culte puis un repas copieux, les familles se retrouvent à la foire-kermesse. Des produits du village ou du hameau voisin sont exposés par les artisans. Les réjouissances se terminent par un bal. Le folklore, vivant, se manifeste lors de ces festivités locales. Costumes, musiques et danses traditionnelles sont de mise.

Gastronomie

Un verre de vin alsacien traditionnel
Baeckeoffe traditionnel
Maennele, petit bonhomme brioché traditionnel de la Saint-Nicolas

L'Alsace est très connue pour son vin, sa bière et sa choucroute. Mais d'autres spécialités rappellent les bons petits plats d'autrefois. Ces mets sont à déguster dans les Winstubs, restaurants typiquement alsaciens, au cadre intime et à l'ambiance chaleureuse.

La réputation gastronomique de la région est largement fondée. Des restaurants cotés proposent des mets très raffinés comme le foie gras. On y mange bien, en qualité comme en quantité. La région est riche en produits du terroir. La production concerne essentiellement les boissons : la bière et le vin.

Florissante, la brasserie alsacienne utilise le houblon et l'orge de la plaine de Basse-Alsace. Sa production correspond à plus de la moitié des ventes françaises.

Le vignoble est présent dans une grande partie de la région. Un itinéraire a été nommé Route des Vins d'Alsace. Le vignoble d'Alsace, cultivé sur les collines sous-vosgiennes, bénéficie d'un micro-climat chaud et ensoleillé à l'origine de la grande variété de cépages. Les vins d'Alsace peuvent se consommer tout au long d'un repas.

Bien servie par les produits de son sol, la cuisine alsacienne est originale et d'une grande saveur, puisque faite Ă  la pure graisse d'oie ou de porc. Le jambon, le gendarme, la saucisse viennoise et la knack sont les classiques de la charcuterie alsacienne.

Les charcuteries sont souvent employées en potée. En effet, dans ce pot-au-feu, le bœuf est remplacé par du lard salé et des saucisses. Un chou blanc est ajouté aux autres légumes. La choucroute est le plat alsacien par excellence, la plus réputée étant celle cuisinée au vin d'Alsace.

Les autres incontournables sont le Baeckeoffe, à base de porc, mouton, bœuf et pommes de terre, et la tarte flambée (Flammekueche) avec fromage blanc (Bibeleskaes), parfois additionné de crème, oignons et lardons, ou encore les pâtes aux œufs (Spaetzle) agrémentées de crème fraîche et de croûtons. Outre cette cuisine familiale, l'Alsace produit de nombreux mets raffinés, comme le foie gras, très renommé, ou le sandre, succulent poisson.

En ce qui concerne la pâtisserie, l'Alsace compte une grande variété de tartes, le Kougelhopf étant le gâteau traditionnel ainsi que le gâteau au vin blanc et le gâteau au vin rouge. Décembre et janvier, mois festifs donc gourmands, sont riches en spécialités pâtissières.

Le jour de la Saint-Nicolas, le 6 décembre, une multitude de petits bonshommes briochés aux yeux de raisins, appelés Maennele ou Mannala et de pain d'épices avec une image du saint envahissent les vitrines de la région. Dès cette date, les bonnes pâtissières, retranchées dans leur cuisine, confectionnent une quinzaine de variété de petits gâteaux appelés Braedele ou Bredala, dégustés durant les fêtes de Noël.

Le petit déjeuner de l'année nouvelle est célébré avec le Stolle (Christstolle), petit pain en pâte levée, et le bretzel géant. Les festivités se terminent avec la galette des Rois, plus connue.

La Winstub, littéralement pièce à vin, restitue le mieux l'art de vivre alsacien. À l'origine, il s'agit d'une salle ouverte au public, analogue au bar à vin, permettant aux propriétaires, les producteurs, d'écouler le surplus de leur production viticole. Le vin est servi en pichet toute la journée, accompagné de petits plats simples, type jarret de porc braisé. La législation de l'Alsace, subdivision administrative territoriale de l’Empire allemand qui autorisait les vignerons à faire restaurant chez eux pour concurrencer les brasseries allemandes, fut en effet prolongée pour les vignerons alsaciens lorsque leur région fut reprise par la France en 1919[1]. L'équivalent pour la bière existe sous la désignation Bierstub.

Aujourd'hui, la Winstub est le restaurant typiquement alsacien, par son esprit terroir et bistrot. On y retrouve les saveurs d'autrefois, les petits plats tels que les galettes de pommes de terre (Grumbeerekiechle) et les quenelles de foie (Lewerknaepfele) ou le baeckeoffe et la choucroute, plus riches. On y mange au coude Ă  coude sur des tables en bois recouvertes de nappes Ă  carreaux rouges. La Winstub est un lieu oĂą l'on prend encore le temps de vivre.

Les repas s'attardent souvent autour d'un Stammtisch : autour d'une table, les habitués viennent refaire le monde. Autrefois, certaines Winstubs étaient le lieu de prédilection des artistes. Ils y discutaient, récitaient des poèmes ou jouaient de la guitare.

Les brasseries sont surtout prospères à partir du XVIIIe siècle. À l'époque, ce sont les fabriques mêmes qui sont installées dans la cité strasbourgeoise. Des bâtiments annexes y permettent la dégustation. D'abord lugubres et fréquentées par des gens "avertis", les brasseries s'ouvrent à un public plus large. Elles adoptent le style des brasseries bavaroises et accueillent des orchestres. Chaque établissement a sa clientèle, qui varie selon la catégorie sociale et la tendance politique.

De nos jours, peu de grandes brasseries subsistent à Strasbourg, cédant la place aux Bierstubs, au cadre plus intime.

Langue

Plaque de rue bilingue Ă  Ensisheim

L'alsacien est toujours largement utilisé et reste une véritable langue véhiculaire, même si son usage s'amenuise, surtout en ville en raison de l'apport migratoire. Ce parler original n'est ni de l'allemand standard, ni du français, mais fait partie de l'allemand supérieur. Il est issu plus précisément du groupe alémanique parlé en Alsace centrale, comme dans le pays de Bade voisin et la Suisse alémanique limitrophe.

La frontière linguistique qui le sépare du français ne correspond ni à la route des Crêtes des Vosges, ni à des limites départementales. Ainsi certaines vallées du versant alsacien des Vosges ont depuis des siècles une culture romane (pays welche), supportée par une langue aujourd'hui en voie de disparition : le welche.

Au cours des alternances politiques qui ont attaché l'Alsace à la France ou à l'Allemagne, le français et l'allemand ont, à côté de ce parler traditionnel, tour à tour, bénéficié d'un régime de faveur, étant souvent enseignés et imposés de manière à éliminer l'alsacien, assimilé à la langue du pays vaincu.

L'alsacien provient des Alamans, peuples germaniques qui ont investi la région en 406, lors des invasions barbares dans l'Empire Romain. Le vocabulaire issu du latin n'avait cependant pas disparu, ce qui fit de l'alsacien une langue spécifique. La géographie linguistique de l'Alsace se divise en deux zones principales. Car outre le français républicain se parlent encore couramment le bas-alémanique de Basse-Alsace, ou bas-rhinois, le bas-alémanique de Haute-Alsace, ou haut-rhinois ; la limite poreuse se situant entre Sélestat et Colmar. Puis se distinguent des îlots particuliers comme le haut-alémanique du Sundgau, le bas-alémanique strasbourgeois qui comprend du francique, le francique rhénan lorrain de l'Alsace Bossue, le francique rhénan palatin dans la région de Wissembourg, quelques taches romanes à Orbey et dans la vallée de la Bruche, à Montreux et aux environs de Courtavon-Levoncourt[2].

Par ailleurs, et contrairement aux idées reçues, l'alsacien s'écrit, au même titre que les autres alémaniques. Un proverbe alsacien : Au d'schwàrze Hiehner läje wissa Eier, les poules noires aussi pondent des œufs blancs.

Architecture traditionnelle

Maison à Betschdorf, et son faîtage tranché d'une Wàlm.
Mise en œuvre de torchis sur palançons tressés, écomusée d'Alsace

La maison Ă  colombage, ou FĂ chwarikhĂĽs, constituĂ©e d'une structure en bois dĂ©montable (assimilant ainsi traditionnellement ce type de bâtiment Ă  un bien meuble) et de remplissages en torchis, est un des symboles de l'Alsace. Si le mode de couverture traditionnel est la tuile en Ă©caille (dite Biberschwánz, soit « queue de castor Â», en raison de sa forme), il a souvent Ă©tĂ© remplacĂ© par l'emploi, moins coĂ»teux et plus pratique, de la tuile mĂ©canique inventĂ©e au XIXe siècle par Gilardoni Ă  Altkirch. Le colombage, encore nommĂ© pan de bois apparent, disparaĂ®t peu Ă  peu Ă  partir de 1870, avec l'arrivĂ©e de maçons transalpins qui apporteront l'habitude de dissimuler la structure sous un crĂ©pi. Le colombage alsacien se distingue des autres par sa disposition oblique, et l'utilisation poussĂ©e de la triangulation des pans ; une technique essentielle pour affronter les sĂ©ismes du fossĂ© rhĂ©nan. Le toit, Ă  charpentage triangulaire, prĂ©sente une pente prononcĂ©e, atteignant souvent 60°, qui se redresse lĂ©gèrement avant la gouttière. De structure Ă  deux versants, leur faĂ®tage est parfois tranchĂ© par une autre pente, la WĂ lm. Les pans et poutrage sont emboĂ®tĂ©s entre eux, et fixĂ©s par des clavettes et des chevilles de bois. Le torchis, Laehme ou Wickelbodde, est appliquĂ© par pressage ou par superposition contre un tressage en bois souple, les palançons (FlachtwĂ rik). Le crĂ©pi Ă  base de chaux sera soit laissĂ© blanc, soit colorĂ© en rouge, bleu, vert, jaune ou mauve, ou bien peint de motifs.

Dans son plan traditionnel[3] la maison alsacienne entoure une cour intérieure souvent munie d'un puits, d'où l'on accède à l'entrée de la maison par un double escalier. La maison traditionnelle propose une pièce de vie principale de grande taille, la gross Stub, où siège le poêle en fonte (Plateofe), issu essentiellement des fonderies de Zinzwiller ou de Lucelle, ou en terre cuite (Kaechelofe ou Chunscht). C'est dans cette pièce que vit principalement la famille, ou que travaille l'artisan. Les murs sont soit couverts d'un lambris, Getafelt, plus ou moins ouvragé, soit traités à la chaux et colorés. Le plafond se décore de caissons de bois peint ou ouvragé. La cuisine séparée est de petite taille mais comprend un évier (Wàsserstein) muni à partir du XVIIIe siècle d'une pompe à eau ; il s'y lie un débarras indépendant appelé Kammerle, d'où une porte conduit aux bâtiments agricoles par la remise. Grands-parents et célibataires logent chacun dans une chambre à part, la klein Stub. On accède à la cave semi-souterraine de l'extérieur, par une porte cintrée pour le passage des tonneaux. Dans l'étage supérieur se trouvent les chambres, Kàmmere ; celles des enfants, du personnel domestique ancien et les chambres d'ami. Au même niveau se tient parfois une hotte qui récupère la fumée, le fumoir ou Reicherkammerle, qui permet de fumer des aliments comme le lard (Bürespeck). Sous les toits se trouve le grenier divisé en petites pièces. Jusqu'au XVIIIe siècle la fumée y circule directement, puis sera guidée vers l'extérieur par un conduit coiffé d'une mitre, ou Kàminkàpp. Dans certaines fermes le toit couvre plusieurs étages dont les niveaux sont marqués par de petites ouvertures caractéristiques. Ce sont les séchoirs.

Mais l'uniformité du style des maisons alsaciennes est une illusion, car il existe de part et d'autre de la région des variations architecturales. Si les maisons de l'Alsace Bossue se distinguent par des décorations de losange et par un premier étage en pierre de taille, celles du Pays de Hanau comprennent un porche en pierre et un poutrage très ornementé et sculpté. Dans le Kochersberg le bâtiment multiplie les balcons, à l'intérieur de la cour, et le porche en grès sculpté soutient les dépendances des domestiques ; les poutres s'ornent d'un petit personnage insolite, le Männele. La vallée vosgienne réduit la pente des toits et fait disparaître le colombage au profit de la pierre de taille. Dans le Sundgau la maison est d'un seul bloc, Eindàchhüs, réunissant toutes les fonctions sous un seul toit, et se caractérise par l'utilisation de poteaux corniers (Eckpfoschten) très massifs au-delà du XVIe siècle. Dans le Ried l'entrée ainsi que les façades sont couvertes d'un auvent et le colombage démarre à partir du sol avec un soubassement maçonné. On distingue ensuite les maisons de la plaine agricole, dont les porches en bois se décorent de losanges et d'une croix de Saint André. Dans le vignoble les maisons sont pourvues d'une cave à vin en pierre de taille, qui est chauffée en hiver pour maintenir une température idéale à la vinification. Les édifices utilisent généreusement le grès rose et la maçonnerie pour les encadrements, fontaines et puits.

Costume traditionnel

Costumes traditionnels d'Alsace.

Le costume traditionnel alsacien tel qu'il est exhibé dans le folklore contemporain, ou dans l'imagerie populaire, avec le grand nœud caractéristique n'est qu'un aspect épisodique du costume alsacien traditionnel, et date du début du XIXe siècle. Mais la guerre de 1870, qui fera de l'Alsace un Land allemand, verra l'apparition furtive d'une petite cocarde tricolore sur ce ruban noué, en guise de forte contestation et d'attachement à la France[4]. Depuis cet événement la coiffe alsacienne à grand nœud noir, qui n'est que l'évolution ornementale d'une coiffe paysanne du Kochersberg, symbolisera la spécificité alsacienne, c'est-à-dire un fort attachement à la France tout en revendiquant une culture locale très développée à distinguer de la germanité d'outre-Rhin. Les coiffes traditionnelles les plus courantes, entre le XVIIIe et le XIXe siècle restent toutefois d'une forme moins connue du grand public, puisqu'il s'agit des coiffes à bec, ou Schnaeppenhub, et des bonnets à couture médiane, ou Schlupfkappen[5]. Les coiffes à bec seront interdites en 1793 durant la Révolution française, qui les considère trop allemandes, dans le cadre de l'unification nationale.

Dans la vie quotidienne, et en dehors du symbolisme, le costume traditionnel a Ă©voluĂ© au fil des Ă©poques, selon les nombreux apports culturels dont l'Alsace a bĂ©nĂ©ficiĂ©. Bien qu'il soit malaisĂ© de dĂ©finir une date marquant le dĂ©but d'une mode alsacienne, tĂ©moin d'une certaine unitĂ© culturelle, il est possible de corrĂ©ler l'Ă©mergence d'un style local Ă  la stabilitĂ© d'une population dans le temps. Pour l'Alsace cette stabilisation aurait commencĂ© durant l'ère de romanisation aux environs de 90 par la Pax Romana[6], avec le lent amalgame des diverses tribus celtes autochtones et la pĂ©rennisation des commerces, de l'artisanat et de l'agriculture, puis la naissance de la vigne alsacienne au IIIe siècle. Ainsi, malgrĂ© l'invasion dĂ©cisive des Alamans en 406, le dĂ©peuplement gallo-romain qui s'ensuivra, et l'incursion des Huns au Ve siècle qui laissera place Ă  l'invasion franque, les pratiques locales perdurent et s'enrichissent, habillant l'Alsacien de synthèses des diffĂ©rents apports. De fait s'il n'existe pas de style contemporain alsacien, faute de crĂ©ateurs de mode locaux et Ă  cause de l'internationalisation des tenues vestimentaires, le passĂ© a montrĂ© l'existence de spĂ©cificitĂ©s stylistiques, d'inventions, notamment au XVIIIe siècle dans les grandes villes comme Strasbourg. Au XVIe siècle la jupe deviendra un marqueur religieux selon sa couleur, sa dĂ©coration et sa taille. Ainsi, si la jupe des femmes catholiques, nommĂ©e Kutt, reste longue jusqu'aux chevilles, celle des protestantes luthĂ©riennes, la Rock, se raccourcit jusqu'Ă  laisser apparaĂ®tre le jupon sur 10 cm. Ă€ partir de 1830, les protestantes porteront la jupe verte, bleue ou rouge, et les catholiques la jupe rouge garance. Une bordure de velours noir signera le deuil.

Photographie d'une alsacienne en costume traditionnel par Adolphe Braun (années 1870)

Le costume masculin

Dans sa version traditionnelle de la région de Strasbourg, il est utilisé pour les évènements folkloriques et les représentations de bloosmusik. Il se caractérise par une profusion de boutons dorés, entre 60 et 70 selon la richesse de celui qui le porte.

  • chapeau Ă  larges bords en feutre noir
  • pantalon noir garni de 5 boutons dorĂ©s du cĂ´tĂ© extĂ©rieur
  • veste noire garnie de boutons dorĂ©s
  • gilet rouge croisĂ©
  • chemise blanche avec un galon noir nouĂ© au cou

Le costume féminin

Celui-ci est beaucoup plus complexe, une coiffe composĂ©e d'un bonnet noir et d'une bande de tissu de 3,60 mètres de longueur que l'on croise pour obtenir un nĹ“ud, il est cousu sur le bonnet. Il forme des pans retombant Ă  l'arrière de la tĂŞte.

  • chemisier blanc en broderie anglaise
  • jupe avec un corselet blanc et plastron
  • tablier noir brodĂ©
  • châle rouge vert
  • panty et jupon

Marché de Noël

Marché de Noël à Colmar

Les premières traces des marchés de Noël remontent au XIVe siècle en Allemagne et en Alsace, sous l'appellation « Marché de Saint Nicolas ». Le premier document relatant un marché de Noël est daté de 1434 sous le règne de Frédéric II de Saxe, évoquant un « Striezelmarkt » qui a eu lieu à Dresde le lundi précédent Noël. Plus tard, la Réforme a perpétué la tradition en le rebaptisant « Christkindelsmärik » (marché de l'Enfant Christ) pour lutter contre le culte des saints. Le marché de Noël de Strasbourg date de 1570, celui de Nuremberg de 1628.

Au XIXe siècle, le Christkindelsmärik se tenait au Frohnhof (place aux corvées) entre la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, le palais des Rohan de Strasbourg et le musée de l'Œuvre Notre-Dame (actuelle place du château) et avait lieu huit jours avant Noël et jusqu'à la messe de minuit.

Un important renouveau, considéré comme commercial, a eu lieu au milieu des années 1990. De nombreuses villes en Europe ont instauré leur propre marché de Noël avec des chalets et parfois des attractions.

Musique

De l'organiste Albert Schweitzer à Roger Siffer, en passant par le compositeur Victor Nessler, la musique alsacienne s'étend sur un large domaine stylistique. L'Alsace est doté d'un conservatoire de musique très actif de rayonnement européen, et ouvert à l'international, grâce au conservatoire de Strasbourg inauguré en 1855. Outre l'enseignement, il accueille un centre expérimental de musique contemporaine ainsi qu'un laboratoire de percussions.

La musique folklorique est fortement liée aux autres musiques germaniques (ou alémaniques), et se présente surtout sous la forme d'ensembles de cuivres jouant de la Bloosmusik lors des festivités locales. Beaucoup d'orchestres jouent également à l'international à l'image de l'orchestre de brasserie Perle. Comme en Allemagne cette forme musicale reste très vivante et de nombreux compositeurs contemporains, dont le trompettiste Pierre Schneider, continuent de l'enrichir. À l'instar de la musique celtique, elle connaît aussi une modernisation grâce à des groupes comme les Bredelers qui chantent en alsacien, et dont le fondateur défend aussi la langue française sur la scène internationale avec Ludax, un groupe Rock Pop Pirate.

Quelques orchestres parmi les plus connus d'après-guerre, de Strasbourg, figurent D’ Meislocker, Les Joyeux Strasbourgeois, Les Cigognes d'Alsace ou D'Luschtige Steckelburger. Les orchestres de brasserie, eux, sont soutenus par de grandes brasseries alsaciennes et participent à des évènements liés à la bière ou à des festivités gastronomiques, voire à des concours. Leur nom reprend celui de la brasserie, comme le groupe D'Fischerkappel ou Kronenbourg.

Vie artistique et intellectuelle

Poterie terre vernissée de Strasbourg

Depuis l'antiquité, l'Alsace est le lieu d'un brassage culturel très riche[7]. La fertilité de son sol et les routes commerciales en font un centre de ravitaillement pour les armées romaines, de sorte qu'un artisanat organisé se développe, conduisant au fil des époques à des corporations (Zunft) d'artisans d'art puis à la genèse d'un centre artistique et littéraire, notamment grâce à l'imprimerie installée dans la république de Strasbourg dès le milieu du XVe siècle, au lycée protestant de Strasbourg (Gymnasium) et au succès de l'Humanisme diffusé par l'École Latine de Sélestat.

L'artisanat d'art le plus connu et le plus ancien concerne la poterie, en particulier la terre vernissée. Les styles portent le nom des villages où siégeaient les artisans ; on connaît ainsi encore le style Soufflenheim, Betschdorf, Haguenau, Diemeringen, Adamswiller et Butten ; mais beaucoup moins les styles de Strasbourg, Colmar et Mulhouse.

Au milieu du XXe siècle apparaît une scène théâtrale humoristique en alsacien, avec Germain Müller, dans un théâtre nommé le Barabli (parapluie). S'agissant des arts graphiques, ce sont les œuvres de Hansi, puis de Tomi Ungerer, qui demeurent les plus connues de la culture alsacienne auprès du grand public.

Auteurs et humanistes

La poésie commence avec celle chantée par les troubadours du Moyen Âge, les Minnesaenger. Les humanistes alsaciens étaient surtout publiés, grâce à l'invention de Gutenberg, par les principaux éditeurs et imprimeurs de Strasbourg que furent Grüninger, Schott, Knobloch, Flach, Hupfuff, avec une organisation commerciale de niveau européen et un développement du mécénat.

  • Konrad Puller de Hohenburg : troubadour.
  • Reinmar de Haguenau : troubadour.
  • Goesli d’Ehenheim : troubadour.
  • Gottfried de Strasbourg : « Tristan et Iseut ».
  • Jean Geiler de Kaysersberg (1446-1510)
  • SĂ©bastien Brant (1457-1521) : magistrat de mĂ©tier, il Ă©crira sur les diffĂ©rentes formes de « folie » avec la Nef de Fous (Narrenschiff), dĂ©jĂ  polĂ©mique pour l'Ă©poque puisque rĂ©digĂ© en allemand et non en latin.
  • Jakob Wimpheling (1450-1528) : historien, moraliste et professeur.
  • Ottmar Nachtgall (Luscinius) (1480 - 1537) : musicien, philologue, hellĂ©niste strasbourgeois.
  • Beatus Rhenanus (1485-1547) : Ă©diteur d'auteurs classiques
  • Johann Fischart (1546-1591) : satiriste, pamphlĂ©taire.
  • JĂ©rĂ´me Guebwiller (1473-1545)[8]
  • Johann Witz (Sapidus) (1490-1561)[9] - [10]

Après 1700

Catégories

  • Écrivains alsaciens
  • Écrivains de langue alsacienne

Peintres, sculpteurs

Le bouillonnement culturel alsacien, en plus d'engendrer ses propres artistes, attirait de nombreux Ă©trangers.

Hans Weiditz : l'outre Ă  vin et la brouette
Huile sur Toile, L. de Seebach, rue de l'hĂ´pital Ă  Strasbourg
  • Nicolas Gerhaert de Leyde : sculpteur flamand, se fixe Ă  Strasbourg de 1463 Ă  1467 et rĂ©alise l'Homme accoudĂ© de la cathĂ©drale de Strasbourg.
  • Nicolas Meisterlin : sculpteur.
  • Veit Wagner : sculpteur.
  • Georges Mueglich : sculpteur, rĂ©alise la croix du cimetière de Colmar en 1507.
  • Hans Bonghart : sculpteur, rĂ©alise le polyptyque de Kaysersberg en 1518.
  • Nicolas Hagnover : sculpteur, rĂ©alise le retable de la cathĂ©drale de Strasbourg en 1501.
  • Hans Weiditz : illustre entre autres l'Ă©dition Knobloch de la Bible de Luther en 1524.
  • Jean Wechtelin : illustrateur-graveur.
  • Hans Baldung Grien (1484-1545) : s'installe Ă  Strasbourg en 1509, illustre les ouvrages de Geiler von Kaysersberg.
  • Martin Schongauer (1445-1491) : peintre connu pour sa Tentation de Saint-Antoine, la Vierge au buisson de rose et la Sainte Famille.
  • Mathias GrĂĽnewald (nĂ© vers 1475–1480, mort en 1528) : peintre.
  • Jacques Rothmueller (1804-1862) : peintre, lithographe.
  • ThĂ©ophile Schuler (1821-1878) : artiste peintre.
  • Jean-Jacques Henner (1829-1905) : artiste peintre romantique.
  • FrĂ©dĂ©ric Auguste Bartholdi (1834-1904) : sculpteur.
  • Lothaire de Seebach (1853-1930) : peintre.
  • LĂ©on Hornecker (1864-1924) : artiste peintre.
  • Charles Spindler (1865-1938) : illustrations et marqueterie alsatique.
  • BenoĂ®t Hartmann (1865-1945) : aquarelliste, peintre.
  • Alfred Marzolff (1867-1936) : sculpteur.
  • Henri Loux (1873-1907) : illustrateur.
  • Paul Braunagel (1873-1954) : peintre, illustrateur.
  • Auguste Cammissar (1873-1962) : peintre-verrier.
  • LĂ©o Schnug (1878-1933) : illustrateur, redĂ©core notamment la maison Kammerzell et le Haut-Koenigsbourg.
  • Luc Hueber (1888-1974) : peintre et coloriste.
  • Hans Haug (1890-1965) : dessinateur, directeur des musĂ©es.

LĂ©gendes et contes d'Alsace

« La légende des géants en Alsace » (Le Petit Français illustré, 2 mars 1889).

L'Alsace comme la région voisine du Pays de Bade sont très riches en légendes que les folkloristes essayent depuis le XIXe siècle de retranscrire pour faire face à la disparition de la transmission orale traditionnelle. Ce monde légendaire, élaboré entre le XVe et le XVIIIe siècles était alors transmis lors des Kunkelstuben (veillées villageoises). Gérard Leser a regroupé ces légendes qui évoque la présence des créatures du petit peuple d'Alsace telles que les gnomes, nain, lutins, génies domestiques mais également des géants[11].

Annexes

Bibliographie

  • Michèle Bardout, La paille et le feu. Traditions vivantes d'Alsace, Coll. Espace des Hommes, Ed. Berger-Levrault, Paris, 1980, 182 p. (ISBN 2-7013-0342-7)
  • Alfred Daul (et al.), 's ElsassbĂĽech. Le livre de l'Alsace, Éd. du Donon, s.l., 2010, 478 p. (ISBN 978-2-914856-65-2)
  • Marie-NoĂ«le Denis, Alsace, Coll. Terroirs, hommes et paysages, Éditions du ChĂŞne, Paris, 1991, 166 p., (ISBN 2-85108-671-5)
  • Marguerite Doerflinger et GĂ©rard Leser, Ă€ la quĂŞte de l'Alsace profonde. Rites-Traditions-Contes et lĂ©gendes, Coll. Toute l'Alsace, Ed. S.A.E.P., Colmar-Ingersheim, 1986, 148 p. (ISBN 2-7372-0807-6)
  • Jean-Marie Gillig, Bilinguisme et religion Ă  l'Ă©cole : la question scolaire en Alsace de 1918 Ă  nos jours, Ed. La NuĂ©e Bleue, Strasbourg, 2012, 334 p. (ISBN 9782716508032)
  • Odile Gozillon-Fronsacq, Alsace cinĂ©ma : cent ans d'une grande illusion, La NuĂ©e Bleue, Strasbourg, 1999, 142 p. (ISBN 9782716503631)
  • Le Guide du droit local. Le droit applicable en Alsace et en Moselle de A Ă  Z, Ed. Institut du Droit local alsacien-mosellan, Strasbourg, 2015 (4e Ă©d.), 454 p. (ISBN 9782908484229)
  • FrĂ©dĂ©ric Hoffet, Psychanalyse de l'Alsace, Éd. Coprur, Colmar, 2008 (4e Ă©d.), 230 p. (ISBN 978-2-84208-188-1)
  • Dominique Huck, Une histoire des langues de l'Alsace, Ed. NuĂ©e Bleue, Strasbourg, 2015, 521 p. (ISBN 9782716508520)
  • Jean-Pierre Klein (et al.), Alsace, Éditions Christine Bonneton, Paris, 1982, 398 p. (ISBN 2-86253-032-8)
  • Pierre Kretz et Astrid Ruff, L'Alsace pour les Nuls, Éditions First-GrĂĽnd, Paris, 2010, 463 p. (ISBN 978-2-7540-1994-1)
  • GĂ©rard Leser, FantĂ´mes et revenants en Alsace. Le trĂ©sor des lĂ©gendes, Ed. BelvĂ©dère, Pontarlier, 2015, 367 p. (ISBN 9782884193658)
  • Marc Lienhard, Histoire et alĂ©as de l'identitĂ© alsacienne, Ed. NuĂ©e Bleue, Strasbourg, 2011, 241 p. (ISBN 9782868203687)
  • Michèle Meyer, L'Alsace dans tous ses objets, Éditions HoĂ«beke, Paris, 1998, 115 p. (ISBN 2-84230-041-6)
  • Henri Nonn, L'Alsace et ses territoires, Éd. Presses Universitaires de Strasbourg, 2008, 576 p. (ISBN 9782868203687)
  • « Le PanthĂ©on alsacien. Ces hommes et ces femmes qui ont fait l'Alsace Â», in Les Saisons d'Alsace, no 52, , 112 p.
  • Gilles Pudlowski, Dictionnaire amoureux de l’Alsace, Plon, Paris, 2010, 800 p. (ISBN 978-2-259-20947-2)
  • « Religions, Alsace, Ă©tat des lieux Â», in Les Saisons d'Alsace, no 43, , 112 p.
  • Freddy Sarg, Traditions & coutumes d'Alsace, Éditions du Donon, s.l., 2013, 278 p. (ISBN 978-2-914856-96-6)
  • Charles Spindler (et al.), Ceux d'Alsace : l'hommage d'un artiste aux Alsaciens et Ă  leurs traditions, Place Stanislas, Nancy, 2010 (rĂ©Ă©d. du texte de 1928), 222 p. (ISBN 978-2-355-78055-4)
  • Alfred Wahl et Jean-Claude Richez, La vie quotidienne en Alsace entre France et Allemagne. 1850-1950, Coll. La vie quotidienne, Éditions Hachette, Paris, 1993, 341 p. (ISBN 2-01-017993-5)
  • Anne Wolff et Jean-Luc Neth, Quelques paillettes, un peu de soie...Coiffes d'Alsace du XVIIIe et du dĂ©but du XIXe siècle, Éd. MusĂ©e d'Unterlinden, Colmar, 2009, 192 p. (ISBN 9782902068388)
  • Rose Marlin, Les Ă©toiles du Christkindel, Éd. du 3/9, 2021, 44 p. (ISBN 978-2-492200-06-9)

Fiction

Documentaires

De nombreuses archives télévisées liées à la culture alsacienne peut être consultées sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), notamment :

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Alain Marty, « spéciale Alsace », émission In Vino BFM sur BFM Business, 12 mai 2012
  2. Matzen (Raymond), Proverbes et dictons d'Alsace, Rivages, Paris, 1987.
  3. Ruch (Maurice), La maison alsacienne, son mobilier et ses objets familiers, Ă©ditions Saep, Ingersheim-Colmar, 1980.
  4. Biret (Mireille) et Klipfel (Monique), La vie politique : entre protestation et autonomisme, CRDP d'Alsace, Base Numérique du Patrimoine d'Alsace, 1er juin 2011 article
  5. Wolf (Anne) et Neth (Jean-Luc), Quelques paillettes, un peu de soie. Coiffes d'Alsace du XVIIe et du début du XIXe siècle, Musée Unterlinden, Colmar 2009, 191 pages. (ISBN 978-2-902068-38-8)
  6. Muller (Robert), Schimpf (Jean-Paul), Parlons alsacien, L'Harmattan, 1998, page 14. (ISBN 2738471781)
  7. Bleze (Pierre), Fischer (Georges) et Streicher (Jean Claude), Histoire des Alsaciens, éditions Fernand Nathan, collection Dossiers de l'histoire, Luçon, 1979.
  8. « Jérôme Gebwiller », sur randoenalsace.fr (consulté le ).
  9. « Biographies alsaciennes », sur crdp-strasbourg.fr, CRDP d'Alsace, (consulté le ).
  10. (de) « Johannes Sapidus », sur renaissance-port.de (consulté le ).
  11. Gérard Leser, Le monde merveilleux et inquiétant des gnomes, nains, lutins et géants en Alsace, Éditions du Donon, (ISBN 978-2-914856-80-5 et 2-914856-80-6, OCLC 867752460)
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