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Crotalus atrox

Crotale du Texas, Crotale diamantin de l'Ouest

Crotalus atrox, Ă©galement appelĂ© Crotale diamantin de l'Ouest ou Crotale du Texas, est une espĂšce de serpents de la famille des Viperidae[1]. Il se rencontre sur une large bande dans le sud-ouest des États-Unis et dans le nord du Mexique oĂč il frĂ©quente diffĂ©rents milieux tels des dĂ©serts, des broussailles, des forĂȘts. Actif de mars Ă  octobre, il est plutĂŽt diurne au printemps et en automne mais devient nocturne sur les fortes chaleurs estivales. L'hiver, il hiberne dans le sol, parfois en compagnie d'autres serpents. Ce crotale atteint en gĂ©nĂ©ral 120 voire 150 cm de long mais certains spĂ©cimens peuvent dĂ©passer m, et il pĂšse de 1,8 Ă  2,7 kg avec un record Ă  6,7 kg. La tĂȘte, nettement distincte du corps, prĂ©sente un museau relativement arrondi et des yeux aux pupilles fendues. Le corps possĂšde des Ă©cailles carĂ©nĂ©es et est gĂ©nĂ©ralement de couleur gris-brun ou brun, rosĂ©, rouge, jaune ou blanc sale avec une sĂ©rie de 24 ou 25 taches foncĂ©es sur le dos de forme rectangulaire Ă  hexagonale. La queue prĂ©sente de 2 Ă  8 bandes noires bordĂ©es de blanc, juste avant la « sonnette ».

Les reprĂ©sentants de cette espĂšce carnivore se nourrissent quasi exclusivement de petits mammifĂšres, principalement des rongeurs. Il est lui-mĂȘme la proie de divers animaux tels que les coyotes, les renards, les faucons et les hiboux. EspĂšce vivipare, la femelle donne naissance Ă  une douzaine − maximum 25 − petits qui naissent vivants Ă  l'issue d'une gestation de 6 Ă  7 mois. Mesurant prĂšs de 30 cm Ă  la naissance, les petits sont immĂ©diatement en mesure de mordre et d'injecter du venin. Ils ne restent que quelques heures avec leur mĂšre puis se dispersent. Le venin de ce crotale est assez peu actif comparĂ© Ă  celui d'autres crotales mais il en produit beaucoup et est capable d'en injecter 300 mg avec un maximum Ă  plus de 700 mg.

Description

Spécimen photographié au parc zoologique de Barcelone

Ce serpent atteint en moyenne 120 cm de long, mais peut atteindre 150 cm voire trĂšs exceptionnellement 180 cm, le record enregistrĂ© Ă©tant de 213 cm[2]. Les mĂąles sont nettement plus grands que les femelles, cette diffĂ©rence apparaissant aprĂšs la maturitĂ© sexuelle[3]. Il pĂšse de 1,8 Ă  2,7 kg, avec les plus gros individus pouvant atteindre 6,7 kg[4] - [5].

Il est gĂ©nĂ©ralement d'une couleur gris-brun mais peut aussi ĂȘtre brun, rosĂ©, rouge, jaune, rose ou blanc sale. Cette couleur est traversĂ©e sur le dos d'une sĂ©rie de 24 Ă  25 taches foncĂ©es, la plupart du temps gris-brun Ă  brun foncĂ©. Les premiĂšres taches peuvent ĂȘtre rectangulaires mais deviennent plutĂŽt hexagonales ensuite puis peuvent ĂȘtre en forme de diamant. La queue prĂ©sente de 2 Ă  8 (gĂ©nĂ©ralement entre 4 et 6) bandes noires sĂ©parĂ©es par des bandes blanches ou grises. La tĂȘte prĂ©sente une bande sombre partant de l'Ɠil et descendant vers l'arriĂšre en forme de virgule, bordĂ©e d'une couleur claire[3]. La face ventrale est blanche.

La tĂȘte se dĂ©tache nettement du corps, avec un museau arrondi. Les Ă©cailles sont fortement carĂ©nĂ©es, de forme triangulaire au bout arrondi. La pupille de l'Ɠil est fendue verticalement.

  • VariabilitĂ© de l'apparence
  • Bandes noires sur la queue
    Bandes noires sur la queue
  • DĂ©tails de la tĂȘte
    DĂ©tails de la tĂȘte
  • Individu mĂ©lanique (noir)
    Individu mélanique (noir)
  • Individu albinos
    Individu albinos
  • Individu uni, sans aucun motif
    Individu uni, sans aucun motif
  • Individu gris peu contrastĂ©
    Individu gris peu contrasté
  • Individu marron-beige
    Individu marron-beige

Confusion possible avec d'autres serpents

La rĂ©partition de cette espĂšce recouvre celle de nombreux autres serpents. Crotalus scutulatus a Ă©galement des anneaux sur la queue mais les bandes noires sont plus fines. Crotalus horridus n'a pas d'anneau caudal. Chez Crotalus oreganus ces anneaux sont brun-beige. Chez Crotalus molossus la queue est uniformĂ©ment noire ou peu distincte, ainsi que pour Crotalus basiliscus. Crotalus tigris a une tĂȘte plus petite et un motif dorsal plus marquĂ©. Crotalus simus a une queue grise, sans anneaux. Enfin les membres du genre Sistrurus n'ont pas d'anneau caudal et des plaques plus larges sur la tĂȘte[3].

RĂ©partition

Aire de répartition de l'espÚce Crotalus atrox selon l'UICN (consulté le ).

Cette espùce se rencontre dans le sud-ouest des États-Unis et dans le nord du Mexique. Ceci comprend les États suivants[1] :

Des populations isolées existent également dans le sud de Veracruz et le sud d'Oaxaca[6].

L'espĂšce semble Ă©galement ĂȘtre prĂ©sente sur plusieurs Ăźles du golfe de Californie, incluant San Pedro MĂĄrtir, Santa MarĂ­a, Tiburon et les Ăźles Turner[3].

Biologie et mƓurs

C'est un serpent dont la période d'activité dépend de la saison : principalement diurne ou crépusculaire au printemps et en automne il devient nocturne et crépusculaire durant les mois les plus chauds de l'été[7].

Il frĂ©quente les plaines cĂŽtiĂšres, les collines rocheuses, et est Ă  l'aise dans de nombreux types de vĂ©gĂ©tations comme les zones sableuses, les broussailles, les forĂȘts de pins et de chĂȘnes, ainsi que dans les dĂ©serts.

C'est un animal solitaire qui ne rencontre d'autres membres de son espÚce que durant la saison des amours. Il est principalement actif du mois de mars au mois d'octobre. Le reste du temps il hiberne plus ou moins profondément, car il lui arrive de se chauffer au soleil durant des jours d'hiver suffisamment chauds. Le reste du temps il reste dans des crevasses ou terriers, parfois avec d'autres serpents d'espÚces différentes.

Mauvais grimpeur il reste au sol que ce soit pour chasser, se chauffer ou se cacher. Lorsqu'il est menacĂ© il s'enroule, la tĂȘte sortie, et en agitant la « sonnette » de sa queue comme avertissement.

Alimentation

Ce serpent est un carnivore qui chasse activement ou qui attrape en embuscade diverses proies de taille petite à modérée.

Il peut se passer de nourriture trĂšs longtemps, jusqu'Ă  prĂšs de deux ans. Une Ă©tude a montrĂ© que dans des conditions de famine il peut rĂ©duire ses dĂ©penses Ă©nergĂ©tiques de 80 % en moyenne, et qu'il convertit ses rĂ©serves de graisse en masse musculaire et squelettique[8].

C'est un prĂ©dateur de nombreux animaux. Il consomme toutefois principalement de petits mammifĂšres, surtout des rongeurs (prĂšs de 95 % de son alimentation[3]) mais il peut aussi s'attaquer Ă  des oiseaux et des reptiles, ces derniers sont gĂ©nĂ©ralement de petits lĂ©zards principalement chassĂ©s par les plus jeunes Crotalus atrox. Il ne semble pas consommer d'insectes, et si des sauterelles (entre autres) ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans l'estomac de ce serpent c'est probablement via des proies autres qu'il ingĂšre[9].

Il est lui-mĂȘme la proie de plusieurs prĂ©dateurs, tels que les coyotes, les renards, les faucons et les hiboux.

Reproduction

Mùle dont on peut voir les hémipénis, utilisés pour la reproduction

Crotalus atrox est un serpent vivipare. La reproduction a lieu à l'automne. La gestation dure de 6 à 7 mois et une femelle donne naissance en moyenne à une portée comportant une douzaine de petits. Les nouveau-nés restent prÚs de leur mÚre quelques heures avant de se disperser, ce qui fait que le taux de mortalité chez les jeunes est trÚs élevé.

Les nouveau-nĂ©s mesurent prĂšs de 30 cm et sont pleinement capables d'injecter du venin dĂšs leur naissance.

Venin

Comme la plupart des autres crotales américains le venin de cette espÚce contient des enzymes protéolytiques, qui détruisent les tissus par catabolisation.
Son venin, principalement hĂ©motoxique, affecte surtout les vaisseaux sanguins, les cellules du sang ainsi que le cƓur, grĂące notamment Ă  des mĂ©talloprotĂ©inases[10] - [11]. Son venin contient Ă©galement des cytotoxines et des myotoxines qui dĂ©truisent les cellules et les muscles[12]. Parmi les autres consĂ©quences de l'action de ce venin, on peut citer aussi la gangrĂšne gazeuse localisĂ©e et une altĂ©ration de la capacitĂ© Ă  rĂ©gĂ©nĂ©rer les tissus[13].

Les effets d'une morsure sont des douleurs, une hĂ©morragie interne, un fort gonflement accompagnĂ© de dommages musculaires, d'ecchymoses, de cloques et de nĂ©croses. À cela peut s'ajouter des maux de tĂȘte, des nausĂ©es et vomissements, des douleurs abdominales, des diarrhĂ©es, des Ă©tourdissements et des convulsions.

La dose lĂ©tale mĂ©diane (DL50) pour cette espĂšce est de 2,72 mg/kg par injection intraveineuse, de 20 mg/kg par injection intramusculaire et de 18,5 mg/kg par injection sous-cutanĂ©e, ce qui est nettement plus Ă©levĂ© (et donc moins toxique) que pour de nombreux autres serpents de ce type[14] - [15].
Toutefois ce serpent possĂšde de grandes glandes Ă  venin et peut donc injecter une grande quantitĂ© de venin en une seule morsure − entre 250 et 350 mg avec des maxima de 700 Ă  800 mg[16] - [17].

Le taux de mortalitĂ© des morsures non soignĂ©es se situe entre 10 et 20 %[18].

Menaces

L'espĂšce est classĂ©e dans la catĂ©gorie « PrĂ©occupation mineure » (LC) sur la liste rouge de l'UICN en raison de sa vaste zone d'habitat, de sa population supposĂ©e nombreuse, et en raison de l’absence de menace prĂ©cise laissant supposer une baisse importante de cette population dans un futur proche, celle-ci Ă©tant stable[19].

Ces animaux sont toutefois souvent capturés et tués pour leur peau, comme nourriture ou comme simple amusement notamment lors de Rattlesnake round-up (en).

Voir aussi

Publication originale

  • Baird & Girard, 1853 : Catalogue of North American Reptiles in the Museum of the Smithsonian Institution. Part 1.-Serpents. Smithsonian Institution, Washington, p. 1-172 (texte intĂ©gral).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Western diamondback rattlesnake » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Référence Reptarium Reptile Database : Crotalus atrox
  2. L.M. Klauber, 1930. Differential characteristics of Southwestern rattlesnakes allied to Crotalus atrox. Bulletins of the Zoological Society of San Diego, vol. 6, p. 1-74
  3. J.A. Campbell & W.W. Lamar : The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere. Comstock Publishing Associates, Ithaca and London, 2004. p. 870. (ISBN 0-8014-4141-2)
  4. M.R. Stolpe, R.L. Norris, C.D. Chisholm et al., 1989 : Preliminary observations on the effects of hyperbaric oxygen therapy on western diamondback rattlesnake (Crotalus atrox) venom poisoning in the rabbit model. Annals of Emergency Medicine, vol. 18, no 8. DOI 10.1016/S0196-0644(89)80216-1
  5. Encyclodedia of Life
  6. R.W. McDiarmid, J.A. Campbell, T. Touré, 1999 : Snake Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference. Herpetologists' League, vol. 1, p. 511. (ISBN 1-893777-00-6)
  7. C. atrox sur le site The Reptiles and Amphibians of Arizona
  8. M.D. McCue, 2006 : Characterizing the starvation syndrome in the western diamond-back rattlesnake, a species well-suited to tolerate long-term fasting. The FASEB Journal, vol. 20, no 5. ((en) résumé)
  9. L.M. Klauber, 1997 : Rattlesnakes: Their Habitats, Life Histories, and Influence on Mankind. Seconde édition (PremiÚre édition publiée en 1956 et 1972). University of California Press, Berkeley. (ISBN 0-520-21056-5)
  10. J.N. Bjarnason & J.W. Fox, 1988 : Hemorrhagic Toxins from Snake Venoms. Toxin Reviews, vol. 7, no 2, p. 121-209. DOI 10.3109/15569548809059729
  11. J.B. Bjarnason & A.T. Tu, 1978 : Hemorrhagic toxins from western diamondback rattlesnake (Crotalus atrox) venom: Isolation and characterization of five toxins and the role of zinc in hemorrhagic toxin e. Biochemistry, vol. 17, no 16. DOI 10.1021/bi00609a033
  12. J.J. Calvete, E. Fasoli et al., 2009 : Exploring the Venom Proteome of the Western Diamondback Rattlesnake, Crotalus atrox, via Snake Venomics and Combinatorial Peptide Ligand Library Approaches. Journal of Proteome Research, vol. 8, no 6. DOI 10.1021/pr900249q
  13. J. Gutiérrez & A. Rucavado, 2000 : Snake venom metalloproteinases: Their role in the pathogenesis of local tissue damage. Biochimie, vol. 82, no 9-10. DOI 10.1016/S0300-9084(00)01163-9
  14. Sean Thomas LD50 (en)
  15. LD50 Menu (Dr. Bryan Grieg Fry) (en)
  16. R. Norris, 2004 : Venom Poisoning in North American Reptiles. In J.A. Campbell & W.W. Lamar, 2004 : The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere. Comstock Publishing Associates, Ithaca and London. p. 870. (ISBN 0-8014-4141-2)
  17. J.H. Brown, 1973 : Toxicology and Pharmacology of Venoms from Poisonous Snakes. Springfield, Illinois: Charles C. Thomas. p. 184. (ISBN 0-398-02808-7)
  18. Clinical Toxinology Resource (Crotalus atrox) (en)
  19. UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
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