Crotalus horridus
Crotale des bois
- Crotalus atricaudatus Latreille, 1802
- Crotalus horridus atricaudatus Latreille, 1802
Crotalus horridus, le Crotale des bois, est une espĂšce de serpents de la famille des Viperidae[1].
C'est un reptile venimeux qui se rencontre dans l'est des Ătats-Unis et l'extrĂȘme-sud du Canada, et mesure de 91 Ă 152 cm â gĂ©nĂ©ralement moins de 100 cm â pour un poids de 500 g Ă 1,5 kg. Il prĂ©sente des motifs de lignes transversales brun sombre ou noires sur une base brun clair Ă grise. Les lignes prĂ©sentent une bordure irrĂ©guliĂšre, en zigzag, en forme de « M » ou de « V », avec une face ventrale jaunĂątre â toutefois des individus mĂ©laniques, intĂ©gralement noirs, sont assez frĂ©quents. Il est potentiellement l'un des serpents les plus dangereux de son aire de rĂ©partition de par ses grands crochets Ă venin et la forte quantitĂ© qu'il en injecte, mais son caractĂšre plutĂŽt placide et sa pĂ©riode d'activitĂ© restreinte dans l'annĂ©e font qu'il est rarement impliquĂ© dans des morsures mortelles sur l'Homme. Par ailleurs la composition de son venin varie fortement entre les diffĂ©rentes populations, certains Ă©tant principalement neurotoxiques, d'autres hĂ©morragiques (ou une combinaison des deux), et d'autres enfin n'ayant aucune de ces caractĂ©ristiques et considĂ©rĂ©s comme peu actifs. Bien que non classĂ©e comme espĂšce menacĂ©e par l'UICN dans sa globalitĂ© elle est toutefois considĂ©rĂ©e comme « en danger » par plusieurs Ătats d'AmĂ©rique â et mĂȘme considĂ©rĂ©e comme Ă©teinte dans le Maine et dans le Rhode Island.
Description
Ce serpent atteint une longueur de 91 Ă 152 cm[2], mĂȘme si la plupart mesurent moins de 100 cm, pour un poids de 500 g Ă 1,5 kg[3] - [4] - [5] - [6]. Le plus grand spĂ©cimen rĂ©fĂ©rencĂ© mesure 182,2 cm et le plus gros faisait un poids de 4,5 kg[7] - [8].
Les Ă©cailles dorsales sont carĂ©nĂ©es[9] et celles de la tĂȘte assez petites sauf vers l'avant et au-dessus des yeux, dont la pupille est fendue verticalement. La tĂȘte se dĂ©coupe nettement du corps, avec un museau plutĂŽt arrondi.
Il est de couleur de base grise ou marron clair avec des bandes transversales brun sombre Ă noires, qui ont une forme de « M » ou de « V » avec une bordure irrĂ©guliĂšre, en zigzag. Souvent une bande de couleur rouille est prĂ©sente vers le cou. Le ventre est jaunĂątre, parfois marquĂ© de noir[10]. Les individus mĂ©laniques â intĂ©gralement noirs â sont assez communs[11].
Diagnose
Les Ă©cailles du dos sont disposĂ©es en 21 Ă 26 rangĂ©es â plutĂŽt 25 rangĂ©es dans les populations du sud et 23 dans les populations du nord. Les femelles ont de 158 Ă 177 Ă©cailles ventrales et les mĂąles de 163 Ă 183. Les mĂąles ont de 20 Ă 30 Ă©cailles sous-caudales, de 15 Ă 26 pour les femelles. L'Ă©caille rostrale est en gĂ©nĂ©ral plus haute que large. Dans la zone entre les narines et le front il y a de 4 Ă 22 Ă©cailles incluant 2 grandes Ă©cailles triangulaires, suivies par 2 grandes et rectangulaires Ă©cailles prĂ©-frontales. Entre les Ă©cailles supra-oculaires et inter-nasales il ne se trouve qu'une Ă©caille. Il y a de 5 Ă 7 Ă©cailles inter-orbitales. En gĂ©nĂ©ral la premiĂšre Ă©caille supra-labiale touche l'Ă©caille prĂ©-nasale[7].
- TĂȘte en gros plan.
- TĂȘte en gros plan (autres couleurs).
- Spécimen mélanique.
- Spécimen ocre et noir.
- Spécimen bien adapté aux feuilles mortes.
- Spécimen plutÎt noir-gris.
RĂ©partition
Cette espĂšce se rencontre[1] :
- dans l'est des Ătats-Unis dans l'est du Texas, dans l'est de l'Oklahoma, dans l'est du Kansas, dans le sud-est du Minnesota, dans le sud et l'est de l'Iowa, au Missouri, en Arkansas, en Louisiane, au Mississippi, en Alabama, en GĂ©orgie, dans le nord de la Floride, en Caroline du Nord, en Caroline du Sud, en Virginie, en Virginie-Occidentale, au Kentucky, dans le sud de l'Indiana, dans le sud et l'est de l'Illinois, dans le sud-ouest du Wisconsin, en Ohio, dans l'est du Maryland, en Pennsylvanie, au New Jersey, Ă New York, Ă Rhode Island, au Connecticut, au Massachusetts, au New Hampshire et dans le sud du Vermont.
C'est la seule espĂšce de crotale prĂ©sente dans le nord-est des Ătats-Unis et elle Ă©tait la seule espĂšce de reptile venimeux au QuĂ©bec[2], mais elle est maintenant considĂ©rĂ©e comme Ă©teinte au Canada depuis 2001 par la Loi sur les espĂšces en pĂ©ril[12], et elle a Ă©galement disparu du Maine et de Rhode Island, et est quasiment Ă©teinte au New Hampshire.
Biologie et mĆurs
Ce serpent est venimeux. Durant l'hiver, il hiberne dans les trous ou crevasses de rochers, souvent avec d'autres serpents comme Agkistrodon contortrix et Pantherophis obsoletus[11]. Il est actif de mi-mai Ă mi-octobre (dans le Massachusetts)[13].
Il vit dans les forĂȘts de feuillus. Il se nourrit principalement de petits mammifĂšres mais peut Ă©galement chasser de petits oiseaux, des grenouilles, ou de petits serpents. MĂȘme s'il peut attaquer de petits Crotalus il s'attaque plutĂŽt Ă des Thamnophis[14]. Comme la plupart des crotales, ce serpent utilise son odorat pour trouver les lieux de passage de ses proies et pour s'embusquer et les mordre Ă leur passage, les suivant jusqu'Ă ce qu'elles meurent et puissent ĂȘtre mangĂ©es[15] - [16]. Ils se postent dans les branches basses pour attaquer leurs proies qui sont gĂ©nĂ©ralement terrestres (les proies arboricoles sont capturĂ©es lorsqu'elles sont au sol)[16] - [17]. Leurs proies se rĂ©partissent statistiquement comme suit :
- Peromyscus : 33,3 %
- Microtus : 10,9 %
- Tamias : 10,6 %
- Sylvilagus : 10,4 %
- Sigmodon : 5,3 %
- Sciurus : 4,2 %
Les juvéniles ont un régime alimentaire différent, chassant principalement des proies plus petites comme des musaraignes ou des Peromyscus (consommés aussi par les adultes)[18].
Reproduction
C'est un serpent ovipare. Les plus petites femelles produisant des Ćufs viables mesurent 72,2 cm[19]. Durant l'Ă©tĂ© les femelles gravides semblent prĂ©fĂ©rer les milieux ouverts, rocheux, et plus chauds, surtout avant de pondre[14] - [20].
Venin
Ce serpent est potentiellement l'un des plus dangereux d'Amérique du Nord à cause de ses grands crochets à venin et de la grande quantité de venin qu'il injecte.
Cette dangerositĂ© est tempĂ©rĂ©e par le comportement peu agressif de ce serpent et sa longue pĂ©riode de dormance[21]. MĂȘme en des endroits oĂč ce serpent est trĂšs prĂ©sent, on ne relĂšve que peu de cas de morsures fatales[22].
La toxicité de son venin varie énormément en fonction de la localisation géographique des populations. Au moins 4 types de venins ont été décrits pour cette espÚce : le type A est principalement neurotoxique et se rencontre dans les populations du sud de sa répartition ; le type B génÚre principalement des hémorragies et se rencontre dans les populations du nord et quelques-unes au sud-est ; le type C est relativement peu actif ; des populations A+B existent également aux zones de contact entre les types A et B[21].
Sous-espĂšces
Aucune sous-espĂšce n'est reconnue par Reptile Database[23]. La sous-espĂšce Crotalus horridus atricaudatus (Latreille in Sonnini and Latreille, 1802) est considĂ©rĂ©e comme invalide[24]. Des Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques indiqueraient qu'il pourrait exister deux sous-espĂšces (Brown & Ernst, 1986) mais qu'elles ne peuvent pas ĂȘtre distinguĂ©es par des critĂšres morphologiques[7].
Menaces
Cette espÚce est classée comme « Préoccupation mineure » (LC) sur la liste rouge de l'UICN. Ce classement vient de sa larges distribution, sa population (supposée) élevée, et parce qu'il n'y a pas de menace connue mettant en cause sa population[25].
Elle est toutefois classĂ©e comme « En danger » dans les Ătats du New Jersey, du Vermont et du Massachusetts[26], Virginie, New Hampshire, Indiana[27] et Ohio, et comme « MenacĂ©e » dans les Ă©tats de New York, du Connecticut, de l'Illinois, du Minnesota et du Texas.
Ce serpent est Ă©teint dans le Maine et dans le Rhode Island, et il est protĂ©gĂ© dans la plupart des Ătats des Appalaches. MalgrĂ© tout leur population dĂ©cline toujours Ă cet endroit[28].
Dans la culture
Ce serpent a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© comme emblĂšme d'abord de la RĂ©volution amĂ©ricaine[29] puis des Ătats-Unis eux-mĂȘmes[30], notamment lors de la guerre d'indĂ©pendance, et comme symbole de la marine continentale, sur son pavillon (le First navy jack (en)), de 1975 Ă 1976 et de 2002 Ă 2019. Parmi les raisons de ce choix, le caractĂšre rĂ©putĂ© doux du serpent, qui n'attaquerait que pour se dĂ©fendre et qui symboliserait donc l'idĂ©e de dĂ©fense de ses droits[31].
Il a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme State reptile (en) par l'Ătat de Virginie-Occidentale en 2008[32].
Notes et références
- (en) Référence Reptarium Reptile Database : Crotalus horridus
- R. Conant, A Field Guide to Reptiles and Amphibians of Eastern and Central North America, Houghton Mifflin Company Boston, (1re Ă©d. 1958), 429 p. (ISBN 0-395-19979-4)
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- H.S. Fitch, G.R. Pisani & H.W. Greene, 2004 : A FIELD STUDY OF THE TIMBER RATTLESNAKE lN LEAVENWORTH COUNTY, KANSAS. Journal of Kansas Herpetology
- W.S. Brown, M. KĂ©ry & J.E. Hines, 2007 : Survival of timber rattlesnakes (Crotalus horridus) estimated by capture-recapture models in relation to age, sex, color morph, time, and birthplace. Copeia, 2007, no 3, p. 656-671
- R.W. Clark, 2006 : Fixed videography to study predation behavior of an ambush foraging snake, Crotalus horridus. Copeia, 2006, no 2, p. 181-187
- J.A. Campbell & W.W. Lamar : The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere (2 volumes). Comstock Publishing associates, 2004. (ISBN 0-8014-4141-2)
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- K.P. Schmidt & D.D. Davis., 1941 : Field Book of Snakes of the United States and Canada. G.P. Putnam's Sons. New York. p. 365
- Crotalus horridus sur le site du Species at Risk Public Registry. Consulté le 26 octobre 2015.
- http://www.mass.gov/eea/docs/dfg/nhesp/species-and-conservation/nhfacts/crotalus-horridus.pdf
- Timber Rattlesnake Fact Sheet at NY State Dept. of Environmental Conservation. Accessed 8 February 2007.
- R.W. Clark, 2004 : Timber rattlesnakes (Crotalus horridus) use chemical cues to select ambush sites. Journal of chemical ecology, vol. 30, no 3, p. 607-617
- H.K. Reinert, D. Cundall & L.M. Bushar, 1984 : Foraging behavior of the timber rattlesnake, Crotalus horridus. Copeia, p. 976-981
- S.G. Platt, A.W. Hawkes & T.R. Rainwater, 2001 : Diet of the canebrake rattlesnake (Crotalus horridus atricaudatus): An additional record and review. Texas Journal of Science, vol. 53, no 2, p. 115-120
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- Reptarium Reptile Database, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
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- UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
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- (en) Frederick C. Hicks, The Flag of the United States, an Address in the House of Representatives, June 14, 1917 [« Le drapeau des Ătats-Unis, discours Ă la Chambre des reprĂ©sentants le 14 juin 1917 »], Washington, , p. 12.
- (en) Thomas Waser, « The Symbolism of the Timber Rattlesnake in Early America », sur Herpetology Guy (Thomas Waser) on Steemit (consulté le ) : « Le drapeau de Gadsden est en fait considéré comme l'un des premiers drapeaux de l'Amérique avant qu'il soit remplacé par Old Glory, la banniÚre étoilée. »
- (en) Thomas Waser, « The Symbolism of the Timber Rattlesnake in Early America », sur Herpetology Guy (Thomas Waser) on Steemit (consulté le )
- « Senate concurrent resolution 28 (bill status 2008 regular session) », West Virginia Legislature (consulté le )
Voir aussi
Publication originale
- Linnaeus, 1758 : Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, ed. 10 (texte intégral).
Articles connexes
- Gadsden flag
- le genre Crotalus, les crotales
- Venin
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Crotalus horridus (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Crotalus horridus Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Crotalus horridus Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Crotalus horridus (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence Reptarium Reptile Database : Crotalus horridus LINNAEUS, 1758 (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Crotalus horridus Linnaeus 1758 (consulté le )
- (en) Référence UICN : espÚce Crotalus horridus Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence Wild Herps : photographies de Crotalus horridus (consulté le )