Accueil🇫🇷Chercher

Cornus mas

Le Cornouiller mâle ou Cornouiller sauvage (Cornus mas) est une espèce de cornouillers originaire du sud de l'Europe et de l'Asie. Il est parfois appelé cornier ou fuselier.

Étymologie

L'espèce doit son nom latin (cornu = corne) au fait que son bois est dur comme la corne, Mas (Mas = mâle) car son bois exceptionnellement dur était utilisé dans l'Antiquité pour fabriquer des armes de guerre, dont les sarisses et les xystons en usage dans l'armée macédonienne[1].

RĂ©partition

On rencontre le Cornouiller mâle plutôt dans l'est de l'Europe et au Proche-Orient. En France il est commun dans le nord où il est surnommé « olivier de Normandie »[2]. Il est absent dans l'ouest. En Suisse, on le rencontre principalement dans la région lémanique et au Tessin[3].

Statuts de protection, menaces

L'espèce est évaluée comme non préoccupante aux échelons mondial, européen et français[4]. En France l'espèce est classée en danger (EN) en Auvergne.

Description

Le Cornouiller mâle est un arbre rustique (Zone USDA 5)[5] mesurant jusqu'Ă  12 m de haut, pour l'espèce Cornus controversa. Sa longĂ©vitĂ© est supĂ©rieure Ă  100 ans, jusqu'Ă  300 ans. Il rejette de souche et drageonne. Il peuple les forĂŞts claires, les lisières, fruticĂ©es, haies, taillis sur calcaire.

Le Cornouiller mâle est entomogame, sa reproduction s'effectue à l'aide d'insectes pollinisateurs[6].

Les feuilles caduques de 4 Ă  10 cm de long sur 2 Ă  cm de large sont entières, opposĂ©es, lĂ©gèrement gaufrĂ©es, au revers vert sombre. Elles tombent de façon assez prĂ©coce en automne.

Les fleurs jaunes sont petites (5 Ă  10 mm de diamètre) et apparaissent en fĂ©vrier–mars avant les feuilles[7]. Cette floraison prĂ©coce, avant celle du Forsythia, fait du cornouiller une excellente plante mellifère.

Les fruits, appelĂ©s cornouilles ou cornes sont des drupes rouges de 15 Ă  35 mm de long contenant un noyau allongĂ©. Elles ont un goĂ»t acidulĂ©, sont comestibles[8] et parfois commercialisĂ©es. On les consommera de prĂ©fĂ©rence blettes comme les nèfles, par exemple quand les fruits viennent de tomber sur le sol. Elles ont un goĂ»t rappelant celui de la griotte.

Branche ensoleillée portant des fruits brillants allant du vert pâle au rouge vif.
Fructification.
Petits fruits oblongs, très brillants, virant du blanc au rouge, rappelant certaines variétés de cerises bigarreau
DĂ©tail (fruits, dits cornouilles).
Gros plan sur des graines fusiformes, couleur bois très clair, et sur des fruits séchés, noirs et fripés comme des raisins secs
Graines et fruits secs - MHNT.

Variétés horticoles

Il existe quelques cultivars fruitiers tels que :

  • 'Elegant' : variĂ©tĂ© prĂ©coce ukrainienne
  • 'Jolico' : cultivar allemand Ă  gros fruit sucrĂ©
  • 'Pioneer' : gros fruit de 3,5 cm de long en forme de poire, juteux, sucrĂ© et aromatique
  • 'Redstone' : gros fruit hâtif ; arbre très rustique
  • 'Yellow Fruited' : fruit jaune

Culture

Photo en gros plan avec quelques jeunes pousses dont on voit les cotylédons très allongés et, perpendiculairement, les premières vraies feuilles lancéolées
Plantules de Cornouillers mâles de semis.

Le Cornouiller mâle apprécie les sols frais et calcaires. Selon une autre source, il préfère les sols secs et bien drainés[9].

Il supporte bien la taille et peut être formé en haie. La fructification est sujette à l'alternance. Il se propage habituellement par marcottage ou bouture à talon en automne. Le semis peut nécessiter deux ans avant de lever puis 8 à 10 ans avant de fructifier, et ne garantit pas la fidélité au fruit d'origine.

Les semis de noyaux donnent les plus beaux sujets[9].

Propriétés et utilisations

Consommations de baies

Largement utilisé par les Géorgiens, Azéris, Arméniens, Turcs et Iraniens[10], on lui prête de nombreuses vertus. Ses baies (cornouilles ou cornes) sont comestibles[11].

Elles ont un goĂ»t rappelant celui de la cerise. Elles sont consommĂ©es bien mĂ»res. Les cornouilles contiennent 8 Ă  9 % de sucres (surtout du glucose et du fructose), de 2 Ă  3 % d'acide malique et de 70 Ă  125 mg de vitamine C pour 100 g. Elles sont surtout consommĂ©es cuites, en gelĂ©e et marmelade. Elles peuvent ĂŞtre conservĂ©es en saumure et lacto-fermentĂ©es[12]. Autrefois, cet arbre Ă©tait très cultivĂ© car ses fruits Ă©taient très apprĂ©ciĂ©s[13].

Les fruits se consomment généralement une fois tombés à terre, sinon ils sont trop acides. Les cornouilles sont climactériques, elles continuent de mûrir hors de l'arbre[14].

Elles sont parfois fermentées pour donner un vin de cornouilles (notamment en Arménie), lequel peut être distillé en eau-de-vie.

Le bois et l'arbre

Le bois est dur, dense, élastique et droit. Cette densité le rend précieux pour l'artisanat, l'ébénisterie, les poignées d'outils, les pièces pour des machines, des engrenages, des rayons de roues, des manches d'outils, des lances, des javelots et des arcs (pour sa souplesse, un bois concurrent de l'if)[15]. Les artisans le considérant souvent bien supérieur à tout autre bois[16].

Cornus mas a été utilisé à partir du septième siècle avant J.-C. par les artisans grecs. L'association du bois avec l'armement était si commune que le nom grec employé comme synonyme pour le verbe « lancer » dans la poésie, pendant les quatrième et troisième siècles avait la même racine. En Italie, le mazzarella, l'uncino ou le bastone, le bâton porté par les butteri ou les bergers de la région de la Maremme, est traditionnellement fait de cornouiller, appelée crognolo ou grugnale, provenant des dialectes italiens : corniolo.

Le colorant rouge utilisé pour faire des fezzes a été produit à partir de son écorce, et le tanin est produit à partir de ses feuilles.

Ses racines puissantes permettent de lutter contre l'Ă©rosion des sols.

L'espèce est utile à la faune car lièvres et cerfs apprécient son feuillage, tout comme les abeilles apprécient ses fleurs précoces à la fin de l'hiver, et les oiseaux ses fruits en été.

Excellent bois de chauffe, très bon charbon de bois.

Compte tenu de sa très longue longévité, on le choisit pour définir les limites des forêts[17].

Curiosités

Photo d'un vieil arbre dans le jardin d'une riche ferme ancienne de brique et de pierre à toit d’ardoise et chiens-assis.
Un Cornus mas multiséculaire.
  • Pour un orthodoxe serbe, cette plante a une valeur sacrĂ©e. Ses bourgeons sont cueillis la veille de NoĂ«l, cĂ©lĂ©brĂ© par eux selon le calendrier julien, soit . Le matin en se levant ils les consomment avec une gorgĂ©e de vin rouge, en faisant le signe de croix, dans l'espoir de rester en bonne santĂ© tout au long de l'annĂ©e. Le cornouiller est considĂ©rĂ© par les Serbes comme un symbole de bonne santĂ©; en effet le dicton populaire « Zdrav kao dren » signifie littĂ©ralement « sain comme le cornouiller ».
  • Le cheval de Troie a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par les Grecs en bois de cornouiller. Bois sacrĂ© d'Apollon situĂ© sur le mont Ida[18].

Noms de famille

Références

  1. Les cornouillers sur le site booksofdante.wordpress.com
  2. Boisvert, Clotilde,, La cuisine des plantes sauvages (ISBN 2-205-02637-2 et 978-2-205-02637-5, OCLC 13363687, lire en ligne)
  3. Lauber, Konrad., Gfeller, Ernest. et Gygax, Andreas., Flora Helvetica : flore illustrée de Suisse, P. Haupt, (ISBN 978-3-258-07206-7 et 3-258-07206-X, OCLC 717930974, lire en ligne)
  4. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 1 février 2022.
  5. Flowerdew, Bob., Bob Flowerdew's the complete book of fruit : a practical guide to growing and using fruits and nuts., Penguin Studio, (ISBN 0-670-86752-7 et 978-0-670-86752-3, OCLC 34776996, lire en ligne)
  6. Francis Hallé, Les arbres amoureux ou comment se reproduire sans bouger, Paris, salamandre, , 143 p. (ISBN 9782940584307), p. 37
  7. Jean Sabot, 150 plantes mellifères : culture multiplication, Paris, La maison rustique, coll. « Faire soi-même », , 96 p. (ISBN 2-7066-0105-1), p. 30
  8. Petit atlas... des plantes comestibles, éd. Soregraph, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-01550-6)
  9. Brosse, Jacques., Larousse des arbres et des arbustes, Larousse, (ISBN 2-03-505172-X, OCLC 44481748, lire en ligne)
  10. http://www.lefestindedoudette.fr/ingredients/fruits-et-derives/cornouille-4700
  11. Jean Claude Bruneel, Alimentaire mon cher espace vert ; Plantes voisines à savourer gratuitement pour le plaisir et la santé ; Flore gourmande anthropique en Flandres - Artois - Hainaut ; URL=http://floregourmande.org/wp-content/uploads/2016/06/AMCEV.pdf (voir tableau)
  12. Couplan, François, 1950- ..., La Cuisine sauvage : comment accommoder mille plantes oubliées, vol. 2, Équilibres aujourd'hui, (ISBN 2-87724-025-8 et 978-2-87724-025-3, OCLC 462042665, lire en ligne)
  13. Joel Reynaud, La Flore de Pharmacien, Ed TEC et DOC, 2002
  14. http://www.fruitiers-rares.info/articlesA-141a146/article144-Cornus-mas-Cornouiller-male.html
  15. (en) F. Demir et Hakki Kalyoncu, I., « Some nutritional, pomological and physical properties of cornelian cherry (Cornus mas L.) », Journal of Food Engineering, vol. 60, no 3,‎ , p. 335–341 (DOI 10.1016/S0260-8774(03)00056-6) :
    « The wood is heavier than water and does not float, therefore it is used for tools, machine parts, etc. »
  16. (en) Minor M., III Markle, « The Macedonian Sarrissa, Spear and Related Armor », American Journal of Archaeology, vol. 81, no 3,‎ , p. 323–339 [324] (DOI 10.2307/503007, JSTOR 503007)
  17. Lieutaghi, Pierre, 1939- ..., Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux, Arles, Actes Sud, , 1322 p. (ISBN 2-7427-4778-8, OCLC 470419220, lire en ligne)
  18. (it) Mario Giannitrapani, « Ierobotanica rituale e fitonimie sacre greco-italiche » [archive du ] [PDF] (consulté le )
  19. Marie-Thérèse Morlet, Dictionnaire étymologique des noms de famille Perrin, 1991. p. 249

Voir aussi

Bibliographie

  • François Poplin, « Du cornouiller magique Ă  Mars sanguineus », Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 154, no 1,‎ , p. 139–162 (DOI 10.3406/crai.2010.92788, lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.