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Conquête de l'île d'Elbe

La conquête de l’île d’Elbe, aussi appelée opération Brassard, est une opération de la Seconde Guerre mondiale entreprise par les Alliés (troupes françaises, appui aéronaval anglais et américain) au cours de la campagne d'Italie pour s'emparer de l'île d'Elbe du 17 au .

Conquête de l'île d'Elbe
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation de l'île d'Elbe dans l'archipel Toscan, entre la Corse et l'Italie.
Informations générales
Date -
Lieu île d'Elbe
Issue Victoire alliée.
Commandants
Forces navales :
Drapeau du Royaume-Uni contre-amiral Thomas Hope Troubridge (en)
Forces terrestres :
Drapeau de la France général Jean de Lattre de Tassigny
Drapeau de l'Allemagne Général Gall
Forces en présence
Britanniques :
Force navale N
Commandos de la Royal Navy
26 Vickers Wellington
Français :
9e DIC
Bataillon de choc
Commandos d'Afrique
2e GTM
Américains :
LCI, PT boats
87th Fighter Wing
57th Air Division
Allemands :
Deux bataillons d'infanterie
Batteries d'artillerie côtière
60 canons de moyen et gros calibre
Pertes
Britanniques :
38 morts et 9 blessés
Français :
252 morts et 635 blessés (pertes des forces navales inconnues)
Environ 500 morts et 2 000 prisonniers

Campagne d'Italie,
Seconde Guerre mondiale

Batailles

Arrière-plan et contexte

Sous le commandement du général Harold Alexander le 15e groupe d'armées allié s'empara de Rome le 4 juin 1944, contraignant les 14e et 10e armées allemandes à se retirer en Italie du Nord[1]. Ce succès fut suivi par la préparation du débarquement de Provence (opération Dragoon). C'est au 15e groupe d'armées qu'on demanda de fournir la majorité des troupes de débarquement. Cela réduisait la 5e armée américaine à cinq divisions. L'ensemble du 15e groupe d'armées ne comportait plus alors que 18 divisions et cette réduction des effectifs retardait les intentions d'Alexander d'atteindre la Ligne gothique, au nord de la péninsule italienne, en août 1944[1].

Une opération qu'on pouvait toujours réaliser était l'invasion de l'île d'Elbe (opération Brassard) ; elle avait été prévue à l'origine pour le 25 mai, en même temps que l'opération Diadem[2]. Les débarquements avaient ensuite été reportés en raison du manque de soutien aérien et pour laisser aux troupes françaises qui manquaient d'expérience plus de temps pour s'entraîner[2]. Les objectifs de l'invasion étaient d'empêcher les Allemands d'utiliser l'île comme un poste avancé et de permettre aux canons alliés d'interdire la circulation sur le canal de Piombino[1], détroit entre l'île d'Elbe et la Toscane. On ne sait pas si les Allemands avaient conscience des plans alliés, toujours est-il qu'Hitler « attachait une grande importance à rester le maître de l'île d'Elbe aussi longtemps que possible. » Le 12 juin le commandant allemand en Italie, le Feldmarschall Kesselring, fut informé que « l'île d'Elbe devait être défendue jusqu'au dernier homme et à la dernière cartouche ». Le 14 juin des renforts allemands partis de Pianosa commencèrent à arriver sur l'île. Cette décision de renforcer l'île d'Elbe n'était pas connue des Alliés qui croyaient que l'activité navale entre l'île et le continent était en fait une évacuation[3].

Planification et ordre de bataille

Goumiers marocains du 2e groupe de tabors embarquant dans un Landing Craft en Corse pour l'invasion de l'Ile d'Elbe.

Le commandant des forces navales pour l'opération était le contre-amiral Thomas Hope Troubridge de la Royal Navy. Il était à la tête de la Force N, qui serait responsable du débarquement de la division d'assaut. La division qui avait été choisie était la 9e division française d'infanterie coloniale, comprenant le 4e (Colonel Cariou) et 13e régiments de tirailleurs sénégalais (colonel Jean Chrétien) elle est renforcée par le bataillon de choc, les commandos d'Afrique, le 2e groupe de tabors marocains et 200 mulets[3] - [4]. La faible profondeur des eaux interdisait d'employer de grands navires de transport. Le seul soutien de tir par l'artillerie navale devait être fourni par la force de débarquement « Hedgehogs » et deux canonnières légères, le HMS Aphis et le HMS Cockchafer[3].

La force navale devait comprendre trois groupes :

  • Le Groupe 1 était constitué de vedettes-torpilleurs et de torpilleurs légers. Ils devaient à l'origine opérer des diversions et le débarquement de commandos français sur la rive nord de l'île. Leur objectif devait être les batteries de canons qui s'y trouvaient[3].
  • Le Groupe 2 serait composé de cinq Landing Craft Infantry[5] et de huit embarcations légères chacune remorquant un Landing Craft Assault[5]. Leur objectif était quatre plages sur la côte sud[3].
  • Le Groupe 3 comprenait le plus gros de la force, dans neuf Landing Craft Infantry, quatre Landing Ship Tank, trois vedettes à moteur pour remorquer les Landing Craft Support (de taille moyenne). Les débarquements principaux devaient avoir lieu sur deux plages baptisées Kodak Amber et Kodak Green à 4 heures du matin. Ils seraient suivis à 4 heures et demie par 28 autres Landing Craft Infantry et, après l'aube, de 40 Landing Craft Tank, transportant l'équipement le plus lourd[3].

Dans ses dernières instructions avant le débarquement, l'amiral Troubridge disait s'attendre à ce que les batteries sur le rivage fussent réduites au silence par les bombardements aériens et les commandos. Il ajoutait que la garnison se composait d'environ 800 hommes parmi lesquels on comptait beaucoup de Polonais et d'autres non-Allemands : ils ne devraient guère opposer une grande résistance[3].

Déroulement de la bataille

Dans la journée du , à 11 heures, les Commandos d'Afrique, à bord de LCI et LCT appareillent vers leur objectif, l'île d'Elbe. Après un débarquement très tôt dans la matinée du , l'île est rapidement conquise et les troupes allemandes demandent l'autorisation d'évacuation le .

La garnison allemande est attaquée et vaincue par les troupes françaises du général de Lattre de Tassigny venues de Bastia comprenant la presque totalité des effectifs de la 9e division d'infanterie coloniale, des Tabors marocains, des tirailleurs sénégalais et un groupe de commandos s'y illustrèrent. Les combats entre les troupes sénégalaises et les troupes allemandes furent durs, l'infanterie coloniale française (13e RTS) utilisa des lance-flammes pour déloger les combattants allemands.

Certains militaires se livrèrent à des exactions sur les habitants[6]Selon des rapports rédigés par les Carabiniers italiens, les troupes françaises se livrèrent à des viols (191 recensés), des pillages et tuèrent 11 habitants civils de l’île. Les Italiens appellent ces événements les "Marocchinate" en référence au fait que le plus gros des troupes était d’origine marocaine, même si celles-ci étaient encadrées par des sous-officiers et officiers, dont une bonne partie issus de Corse.

Notes et références

  1. Tomblin 2004, p. 379
  2. Bimberg 1999, p. 36
  3. Tomblin 2004, p. 380
  4. Tomblin 2004, p. 382.
  5. Les navires spéciaux du D-Day
  6. Tommaso Baris, « Le corps expéditionnaire français en Italie : Violences des « libérateurs » durant l’été 1944 », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, Presses de Sciences Po, vol. 1, no 93, , p. 47-61 (ISBN 9782724630671, DOI 10.3917/ving.093.0047)

Annexes

Bibliographie

  • Patrick de Gmeline, Commandos d’Afrique : De l’Île d’Elbe au Danube, Paris, Presses de la Cité, coll. « Troupes de choc », , 335 p. (ISBN 2-258-00685-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Edward L. Bimberg, The Moroccan Goums : Tribal Warriors in a Modern War, Westport (Conn.)/London, Greenwood Publishing Group, , 152 p. (ISBN 0-313-30913-2)
  • (en) Wesley Frank Craven, The Army Air Forces in World War II : January 1939 to August 1942, Washington, D.C., DIANE Publishing, , 788 p. (ISBN 0-912799-03-X)
  • (en) Jean de Lattre de Tassigny, The History of the French First Army, George Allen and Unwin Ltd.,
  • (en) Barbara Tomblin, With Utmost Spirit : Allied Naval Operations in the Mediterranean, 1942—1945, Lexington, University Press of Kentucky, , 578 p. (ISBN 0-8131-2338-0, lire en ligne)
  • (en) Spencer Tucker, Who's Who in Twentieth Century Warfare, Routledge, , 384 p. (ISBN 0-415-23497-2)
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