Conchita SupervĂa
Conception SupervĂa Pascual (en catalan : ConcepciĂł Supervia i Pascual), connue aussi comme Conchita SupervĂa (en catalan : Conxita Supervia), (Barcelone, – Londres, ) est une mezzo-soprano lyrique espagnole très populaire et historiquement importante. MalgrĂ© sa disparition prĂ©coce et tragique, c'est l'une des cantatrices les plus marquantes de son Ă©poque.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ă 40 ans) Londres |
Nom de naissance |
ConcepciĂł Supervia i Pascual |
Pseudonyme |
Conchita SupervĂa |
Nationalité | |
Formation | |
Activité |
Tessiture | |
---|---|
Label |
Fonotipia (en) |
Excellence
Ses exceptionnels dons vocaux lui permettent la rapiditĂ© dans la coloratura et une maĂ®trise des nuances sonores et des timbres. Conchita SupervĂa a chantĂ© les plus grands rĂ´les pour de mezzo-soprano coloratura : les trois grandes hĂ©roĂŻnes de Gioachino Rossini : Rosina[1] du Barbier de SĂ©ville, Angelina de La Cenerentola et Isabella de L'italiana in Algeri, la rendant cĂ©lèbre dans le monde entier. ComposĂ©s pour mezzo-sopranos, ces rĂ´les avaient Ă©tĂ© dĂ©naturĂ©s par d'autres modèles stylistiques postĂ©rieurs en Ă©tant chantĂ©s par des sopranos lĂ©gères lors de l'extinction de la mezzo coloratura. DouĂ©e de tempĂ©rament et de prĂ©sence scĂ©nique[2], exacte dans le phrasĂ© et l'intention, son usage exagĂ©rĂ© du vibrato (très rapide, surtout dans le registre infĂ©rieur) lui vaut en revanche des adversaires critiques. Cependant, sa restauration philologique du bel canto rossinien est sa contribution majeure au monde lyrique.
En chantant ces rĂ´les dans les tonalitĂ©s originales[3], SupervĂa revient Ă la tradition stylistique, et devient pionnière de figures aussi cĂ©lèbres de nos jours que Teresa Berganza, Marilyn Horne, Frederica von Stade, Agnes Baltsa, Lucia Valentini Terrani, Cecilia Bartoli et Joyce DiDonato.
Parcours
Conchita SupervĂa Ă©tudie le chant au Colegio de la Damas de Barcelone[3] puis au Conservatoire de musique de Liceu[4]. Dès ses quinze ans, le , elle fait ses dĂ©buts au Théâtre ColĂłn de Buenos Aires en interprĂ©tant un rĂ´le secondaire dans une Ĺ“uvre de l'argentin CĂ©sar Stiattesi, Bianca de Beulieu[3]. Dès lors, un de ses professeurs de chant, Goula, qui possède sa propre compagnie, l'embauche pour rĂ©aliser de petits rĂ´les ; par exemple, la mĂŞme annĂ©e, elle incarne Zulima des Les Amants de Teruel de Tomás BretĂłn et Lola dans Cavalleria rusticana.
L'année suivante, en 1911, elle débute avec grands succès au Théâtre Costanzi de Rome[2], choisie pour Octavian[5] lors de la création italienne du Chevalier à la rose aux côtés d'Haricléa Darclée[3].
Ses rĂ©ussites suivantes se font Ă Bari, La Havane avec la compagnie de MarĂa Barrientos, et au Liceu de Barcelone, dans Carmen (1912 Ă Bologne)[3], Santuzza, Mignon, OrphĂ©e et Eurydice, Dalila et La Favorite de Donizetti. Elle chante en outre Cherubino du Mariage de Figaro, Hänsel de Hänsel et Gretel.
En 1929, Ă Turin, Conchita SupervĂa, assure la crĂ©ation italienne du personnage de Conception dans L'Heure espagnole de Ravel, La vida breve de Manuel de Falla et le rĂ´le titre dans La Fata Malerba (1927) de Vittorio Gui toujours Ă Turin[6].
Le , elle débute à La Scala dans Hänsel, suivi par Cherubino et Octavian, dirigée par le compositeur lui-même, Richard Strauss, dans Le Chevalier à la rose et se produit souvent à Milan ensuite[3].
Entre 1916 et 1935, elle joue les premiers rôles de la trilogie de Rossini : La Cenerentola, Le barbier de Séville et L'italiana in Algeri dans tous les grands théâtres du monde. Elle règne à l'Opéra lyrique de Chicago où elle passe la saison 1915–1916[3] où sont ovationnés ses rôles phares[2]. Elle se produit ensuite à Paris, dans Werther de Massenet[7], au Théâtre des Champs-Élysées ou à l'Opéra de Paris où elle devient « la véritable coqueluche »[8], notamment pour sa « pétulante Carmen qui est parfois discuté (à tort) »[8] ; à Londres Covent Garden (1934 avec La Cenerentola), Rome, Florence, Bergame (dans La Damnation de Faust de Berlioz), Monaco, Ferrare et Gênes.
En 1934, dans le long-métrage Prima Donna (Chant du crépuscule) de Victor Saville, elle interprète « Baba l'étoile », en chantant aussi bien une valse musette que la Bohème de Puccini.
Outre des opĂ©ras, Supervia a Ă©tĂ© une notable interprète de zarzuelas et de mĂ©lodies — dont certaines enregistrĂ©es au disque[7] — de Bizet, LĂ©o Delibes, AlbĂ©niz, JoaquĂn Turina, Tomás BretĂłn, Manuel de Falla (Siete canciones populares españolas) et Enrique Granados.
Sa présence scénique, son timbre, son tempérament passionné ont participé à sa renommée.
Vie privée
En 1931, Conchita SupervĂa Ă©pouse l'industriel britannique Benjamin Rubinstein[3] et s'Ă©tablit Ă Londres, oĂą elle est tout aussi populaire[7]. Elle doit se retirer de la scène en 1935, par recommandation mĂ©dicale pendant une grossesse avec complications. Elle est morte soudainement, le , Ă seulement quarante ans, des consĂ©quences d'une infection gĂ©nĂ©rale provenant de l'accouchement de son enfant mort-nĂ©e[3] - [9]. Son fils, Giorgio, est le fruit d'un prĂ©cĂ©dent et bref « mariage » antĂ©rieur, en 1917, avec Francesco Santamaria, ex-maire de Naples[10].
Elle est enterrée au cimetière juif de Golders Green, s'étant convertie pour complaire à son mari[11].
Discographie
- The Complète Conchita Supervia Vol. 1 : Odeon 1927-1928 ( – , 2CD Marston) (OCLC 55591781)
- The Complète Conchita Supervia Vol. 2 : Fonotipia And Odeon 1929-1930 (2CD Marston) (OCLC 124040858)
- The Complète Conchita Supervia Vol. 3 : Parlophone And Odeon 1930-1932 (2CD Marston) (OCLC 247411588)
- The complete Conchita Supervia Vol. 4 : Odeon/Ultraphone 1932-1933 (2CD Marston) (OCLC 497852657)
- The complete Conchita Supervia Vol. 5 : Elusive selections and alternative takes (1928-1933, Marston) (OCLC 967235433)
- The Conchita Supervia Songbook (1927-1932, Pearl) (OCLC 54098486)
- Conchita Supervia - orchestre sous la direction d'Angelo Albergoni (enregistrements Fonotipia 1927-1928, Lebendige Vergangenheit 89023) (OCLC 26199167)
- The Emi Record Of Singing Vol 3 - 1926-1939
- Rossini - The Supreme Operatic Recordings / Supervia
- Operatic Arias (1930-1936) / Conchita Supervia
- Conchita Supervia in opera and songs (1927-1932, Pearl GEMM CD 9191) (OCLC 49904192)
- The unknown Supervia (1929-1932, Pearl) (OCLC 28128559)
- Conchita Supervia in opera and song : Rossini..., Bizet (extraits de Carmen) et Falla (Siete canciones populares españolas) (1927, 1932, coll. « Prima voce » Nimbus NI 7836/7) (OCLC 659110559), (BNF 38385240)
- Art Of Singing - Golden Voices Of The Century (DVD 1996, BBC / IMG Artists / Warner Classics) (OCLC 746641303)
SupervĂa n'a pas laissĂ© d'enregistrements complets d'opĂ©ras, seulement des scènes et arias, mais elle a enregistrĂ© des zarzuelas complètes : La Leyenda del Beso et La verbena de la Paloma[12].
Bibliographie et sources
- Gonzalo Badeles Maso, Voces, 1987.
- Enzo Valenti Ferro, Las voces: Teatro ColĂłn, 1908-1982, Caglianone, 1983.
- Lanfranco Rasponi, The Last Prima Donnas, Knopf, 1982.
- Theodore Baker et Nicolas Slonimsky (trad. de l'anglais par Marie-Stella Pâris, préf. Nicolas Slonimsky), Dictionnaire biographique des musiciens [« Baker's Biographical Dictionary of Musicians »], t. 3 : P–Z, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 1905, 1919, 1940, 1958, 1978), 8e éd. (1re éd. 1900), 4728 p. (ISBN 2-221-06787-8), p. 4100.
- Encyclopédie de la musique (trad. de l'italien), Paris, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche/Pochothèque. Encyclopédies d'aujourd'hui », , 1 142 (ISBN 2-253-05302-3, OCLC 491213341), p. 760.
- (en) Desmond Shawe-Taylor, « Supervia [SupervĂa], Conchita », dans Stanley Sadie (Ă©d.), The New Grove Dictionary of Music and Musicians, vol. 29, Londres, Macmillan, , 2e Ă©d., 25 000 p. (ISBN 9780195170672, lire en ligne).
- Alain Pâris, Dictionnaire des interprètes et de l'interprétation musicale au XXe siècle, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 1985, 1989, 1995), 4e éd. (1re éd. 1982), 1278 p. (ISBN 2-221-08064-5, OCLC 901287624), p. 852.
Notes et références
- (en) London Green, « The Art of conchita Supervia », The Opera Quarterly, vol. 2, no 4,‎ , p. 109–110 (ISSN 0736-0053 et 1476-2870, DOI 10.1093/oq/2.4.109, lire en ligne, consulté le )
- Encyclopédie de la musique 1995, p. 769.
- Baker 1995, p. 4100.
- (en) Stanley Henig, « Marston Records - The Complete Conchita Supervia vol. 1 - Odeon 1927-1928 » (version du 15 janvier 2009 sur Internet Archive)
- « ArkivMusic | Conchita Supervia (1895-1936) - Opera And Song Recital », sur www.arkivmusic.com (consulté le )
- (it) Il Teatro di Torino di Riccardo Gualino, « 1927-05-15 - Gui, La Fata malerba », sur teatrotorino.unito.it, .
- Grove 2001.
- Pâris 2004, p. 852.
- (en) « Conchita Supervia Rubenstein », sur findagrave.com, .
- (ca) « Diccionari biogrà fic de dones », sur dbd.ca (consulté le )
- (en) Rupert Christiansen, Prima Donna, Penguin, p. 286
- RTVE. La zarzuela. 05/03/2015