Siete canciones populares españolas
Sept chansons populaires espagnoles
Siete canciones populares españolas Sept chansons populaires espagnoles | |
Page de titre de la partition. | |
Genre | Mélodie |
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Musique | Manuel de Falla |
Effectif | Chant et piano |
Durée approximative | 12 minutes |
Dates de composition | 1914, Paris |
Dédicataire | « à Madame Ida Godebska » |
Création | Athénée de Madrid |
Interprètes | Luisa Vela (soprano) et Falla |
Siete canciones populares españolas (« Sept chansons populaires espagnoles ») G. 40, est un cycle de mélodies pour voix et piano, du compositeur Manuel de Falla, arrangements issus du folklore espagnol.
En plus d'être la composition la plus arrangée de Falla et l'une des plus populaires, elle est l'un des cycles de mélodies les plus souvent interprétés en langue espagnole. Dédiée « à Madame Ida Godebska »[1] l'œuvre est créée à l'Athénée de Madrid le par sa commanditaire, Luisa Vela et le compositeur[2] et publiée chez Max Eschig en 1922.
Description
L'œuvre est composée à la demande d’une cantatrice espagnole de l’Opéra-Comique, Luisa Vela, durant les derniers mois du séjour de plusieurs années à Paris du compositeur[3]. Les mélodies originales des chansons populaires proviennent de recueils et non d'une collecte sur le terrain[3].
Les styles et la provenance des chansons sont très diverses. Elles proviennent de différentes parties de l'Espagne : une asturiana des Asturies, dans le Nord ; la séguédille, une sorte de flamenco, de Murcie, dans le Sud-Est où le texte compare la femme inconstante à « la peseta passant de main en main »[2]... ; et la « Jota » d'Aragon, dans le Nord-Est. « Nana » est une berceuse et « Polo » exprime un désir sauvage de vengeance sur un amant infidèle. Tous les textes traitent d'amour et de séduction, que ce soit de façon ludique, sérieuse ou tragique. La première chanson, par exemple, fait allusion à l'importance de la virginité d'une jeune fille et de sa valeur sur le marché du mariage, comme le drap précieux taché, qui perd de sa valeur. Alors que la berceuse traite du résultat de l'amour.
Le numéro 6, « Chanson », a été utilisé plusieurs fois par Falla. En 1904, il l'intègre à ses Chants de la Nuit de Noël pour voix et guitare, dans Un berger porte une dinde, mais en mode mineur. Pour les Siete canciones, il part d'une source différente : un recueil de José Inzenga (1828–1891), Ecos de España où se trouve Chant de Grenade, pratiquement la même mélodie, mais en mode majeur[3]. La même mélodie se retrouve dans Chansons espagnoles anciennes de Lorca, dans Les petits pèlerins.
Partant du matériel folklorique, Falla harmonise ces fragments mélodiques laconiques, en ajoutant de riches accords et des sonorités modales. La présence du piano est importante et très élaborée[3], notamment dans « Jota », où il fournit une brillante ritournelle et dans « Polo », où ses notes rapides et répétées martèlent avec les cris passionnés de la voix[4]. Les jeux métriques et les subtilités du texte, ont fait des Siete canciones les mélodies espagnoles les plus chantées[4]. Falla procède de trois manières différentes : il puise dans le recueil et ne procède qu'à de légères retouches (c'est le cas pour« Le drap mauresque », « Séguidille murcienne » et « Asturienne ») ; il peut aussi travailler le rythme et la mélodie choisie (comme dans la Berceuse, la Chanson et « Polo ») ; il peut aussi, comme dans la Jota, recréer un style à partir de différentes sources[3].
Dans un article de 1917[5], il résume sa conception :
« Plutôt que d'utiliser strictement les chansons populaires, j'ai essayé d'en extraire le rythme, la modalité, leurs lignes et motifs ornementaux caractéristiques, ainsi que leurs cadences modulantes […]. Je pense modestement, que c'est plus l'esprit que la lettre qui importe dans le chant populaire. Le rythme, la modalité et les intervalles mélodiques déterminés par leurs inflexions et leurs cadences constituent l’essentiel de ces chants […]. Et je dirai même plus : l'accompagnement rythmique ou harmonique d'une chanson populaire a autant d’importance que la chanson elle-même. Nous devons donc prendre l'inspiration directement du peuple et celui qui ne le comprend pas, ne réussira qu'à faire de son œuvre une imitation plus ou moins ingénieuse de ce qu'il a l'intention de faire[6]. »
La partition est créée à Madrid dans le cadre d'un double hommage à Falla et Joaquín Turina et publiée en 1922 chez Max Eschig, avec une adaptation française de Paul Milliet[7].
Durée : environ 12 min[8].
Contenu
- El paño moruno (« Le drap mauresque ») —
Allegro vivace. - Seguidilla murciana (« Séguédille murcienne ») —
Allegro spirituoso. - Asturiana (« Asturienne ») —
Andante tranquillo. - Jota —
Allegro vivo. - Nana (« Ma petite ») —
Calmo e sustenuto. - Canción (« Chanson ») —
Allegretto. - Polo —
Vivo.
Arrangements
Le cycle a été arrangé pour la guitare par Miguel Llobet (publié en 1957 chez Eschig)[9] et pour orchestre par Ernesto Halffter (1950 et 1966)[10] - [11] et Luciano Berio (1978)[12]. Falla et Paul Kochanski ont organisé six des chansons pour violon (en omettant le no 2 et en modifiant l'ordre), présenté comme Suite populaire espagnole (1925) ; laquelle a été également transcrite pour violoncelle par Maurice Maréchal[13]. Cette prolixité atteste sa popularité[4]. La collection a inspiré un semblable recueil de chansons folkloriques publié par l'élève, ami et collaborateur de Falla, Federico García Lorca.
Discographie
Avec piano
- María Barrientos, soprano ; Manuel de Falla, piano (, 78t Columbia Regal RXX 7003 / Pavilion Records-Pearl 9852 / 4CD HOM 13080)[14] (OCLC 31230421)
- Conchita Supervía, mezzo-soprano ; Frank Marshall, piano (, Pearl GEMM CD 9975 / Nimbus NI 7836/37) (OCLC 43761733)
- Victoria de los Ángeles, soprano ; Gerald Moore, piano (1951, EMI) (OCLC 421986385)
- Gérard Souzay, baryton ; Jacqueline Bonneau, piano (, Testament 1311) (OCLC 53712003)
- Ana-Maria Iriarte, mezzo-soprano ; Roger Machado, piano (, « Les introuvables de Manuel de Falla » 4CD EMI 5 69235 2)
- Cora Canne Meijer ; Liesbeth Rümke-Hoppen, piano (1956, LP Guilde Internationale du Disque / The Musical Masterpiece Society MMS-76)[15]
- Teresa Berganza, mezzo-soprano ; Felix Lavilla, piano (1961, LP Decca CEP 642 / RCA 74321 35636 2)
- Ana Raquel Satre, mezzo-soprano ; Noël Lee, piano (LP Ricordi 30CS014)[16]
- Victoria de los Ángeles, soprano ; Gonzalo Soriano, piano (4-6/ et 2-, EMI) (OCLC 970509104 et 815766949)
- Elena Cernei, mezzo-soprano ; Albert Guttman, piano (1970, LP Electrecord) (OCLC 23256931)
- Victoria de los Ángeles, soprano ; Alicia de Larrocha, piano (concert, Hunter College, Université de New York, , EMI)
- Emma Sargsyan, mezzo-soprano ; Vladimir Viktorov, piano (1972, Melodiya)
- Marilyn Horne, mezzo-soprano ; Mindru Katz, piano (1973, Decca 436578-2) (OCLC 724298716) — avec des œuvres de Bizet, Debussy et Nin.
- José Carreras, ténor ; Eduarto Müller, piano (concert, Salzbourg 1981, Orfeo C 871 121)
- José Carreras, ténor ; Martin Katz, piano (1985, Philips Classics 411 478-2)
- Teresa Berganza, mezzo-soprano ; Juan Antonio Alvarez-Parejo, piano (, Claves Records CD 50-8405 / 3CD Brilliant Classics 6990) (OCLC 906202796 et 61450660)
- Bernarda Fink, mezzo-soprano ; Anthony Spiri, piano (, Harmonia Mundi) (OCLC 937827370) — avec des mélodies de Rodrigo et Granados
- Estrella Morente, mezzo-soprano ; Javier Perianes, piano (6-, Harmonia Mundi HMC902246) (OCLC 956697821)[17].
Avec guitare
- Teresa Berganza, mezzo-soprano ; Narciso Yepes, guitare (, 2CD DG 435 848-2) (OCLC 40978846)
- Ann Monoyios, soprano ; Manuel Barrueco, guitare (24-, EMI CDC 7 54456 2)[18] (OCLC 70449004)
- Núria Chocq Mampel, soprano ; Christian Locussol, guitare (2001, La Mà de Guido) (OCLC 906570456)
El paño moruno est enregistré par Pepe de Lucia, chant et Paco de Lucía, guitare (1976, Philips 836 032-2) (OCLC 39825792)
Avec orchestre
- Victoria de los Ángeles, soprano ; dir. Josep Pons (, Harmonia Mundi HMG 901432) (OCLC 237904931)
- Alicia Nafé, mezzo-soprano ; Orchestre de chambre de Lausanne, dir. Jesús López Cobos (1992, Denon CO-75339) (OCLC 884626624) — orchestration Berio.
- Marta Senn, mezzo-soprano ; Orchestre symphonique Simón Bolívar, dir. Eduardo Mata (, Dorian DOR 90210) — orchestration Berio.
- José Carreras, ténor ; English Chamber Orchestra, dir. Luciano Berio (Philips)
- Aïnhoa Arteta, soprano ; Orquesta de la Comunidad de Madrid, dir. José Ramón Encinar (, DG 0028947648918) (OCLC 949891229) — orchestration Halffter
Violon ou violoncelle et piano ou guitare
- Daniil Chafran, violoncelle ; Nina Musinyan, piano (années 1950, LP Melodiya / CD Omega Classics)
- Sandra Rivers, violon ; Cho-Liang Lin, piano (1977, LP coll. « RTVE : El Mundo De La Música – 14 » Zafiro ZTV-14)
- Sebastian See-Schierenberg, violon ; Ramon Ruiz, guitare (, Signum SIGCD405)[19].
Version orchestre
- Orchestre symphonique de la RTVE, dir. Igor Markevitch (c. 1969, LP Philips 839 775 LY / 6851 117) (OCLC 807747504)
Bibliographie
- Brigitte François-Sappey et Gilles Cantagrel (dirs.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 916 p. (ISBN 2-213-59210-1, OCLC 417117290, BNF 35723610), p. 209–210.
- Jacques Viret, « Siete canciones populares españolas », dans Marc Honegger et Paul Prévost (dir.), Dictionnaire des œuvres de la musique vocale, t. II (G-O), Paris, Bordas, , 2367 p. (ISBN 2040153950, OCLC 25239400, BNF 34335596), p. 1929.
- Paolo Pinamonti, « Quand la composition est transcription : les Siete canciones populares españolas de Falla-Halffter-Berio », dans Louis Jambou (éd.), Manuel de Falla : latinité et universalité, actes du colloque international tenu en Sorbonne, 18-21 novembre 1996, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, coll. « Musiques/écritures, Série Études », (OCLC 42863594, lire en ligne).
- (en) Carol A. Hess, « Falla (y Matheu), Manuel de ; 3. The established composer. », dans Grove Music Online, Oxford University Press,
- (en) Jihyun Park (Thèse de doctorat), A Study of « Siete canciones populares españolas » by Manuel de Falla, Université du Kansas, , 42 p. (lire en ligne [PDF]).
- Yvan Nommick, « Siete canciones populares españolas — par Estrella Morente », p. 3–4, Harmonia Mundi HMC 902246, 2016 (OCLC 956697821).
Notes et références
- Siete canciones populares españolas sur lieder.net.
- Honegger 1992, p. 1929.
- Nommick 2016, p. 3.
- Grove 2001.
- Manuel de Falla, « Nuestra Música », Música, no 2, juin 1917.
- « Más que utilizar severamente los cantos populares, he procurado extraer de ellos el ritmo, la modalidad, sus líneas y motivos ornamentales característicos, sus cadencias modulantes […]. Pienso modestamente, que en el canto popular, importa más el espíritu que la letra […]. Aún diré más: el acompañamiento rítmico y armónico de una canción popular tiene tanta importancia como la canción misma. Hay que tomar, por tanto, la inspiración directamente del pueblo, y quien no lo entienda así, sólo conseguirá hacer de su obra un remedo más o menos ingenioso de lo que se proponga realizar. »
- (OCLC 220631789)
- Cantagrel 1994, p. 210.
- (OCLC 935454854)
- (OCLC 491941415)
- Pinamonti 1999, p. 426.
- (OCLC 77386862)
- (OCLC 494586807)
- [vidéo] Disponible sur YouTube
- Cora Canne Meijer sur rene-gagnaux.ch.
- Courts extraits audio lire en ligne sur Gallica
- (en-GB) « Siete Canciones populares Españoles - Manuel de Falla, Javier Perianes & Estrella Morente Song - BBC Music », sur BBC (consulté le )
- Courts extraits audio en ligne sur Archive.org.
- (en) Livret en ligne sur hyperion-records.co.uk.
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- Siete canciones populares españolas, partitions libres sur l’International Music Score Library Project.
- [vidéo] Extraits des Siete canciones par Li-Kung Kuo, violon et Nicolas Lestoquoy, guitare () sur France Musique.fr
- Arabesques : Manuel de Falla émission de François-Xavier Szymczak (2e sur 5 émissions ; 1 h 58 min. ; ), consacrée à Falla (à 1 h 30 min. environ, El paño moruno interprété par Paco de Lucía et les Siete canciones intégralement, par Alicia Nafé), podcast sur France Musique.fr