Cichorium intybus
Chicorée amÚre, Chicorée sauvage, Chicorée commune, Chicorée intybe
La Chicorée amÚre (Cichorium intybus L.) est une espÚce de plantes herbacées vivaces de la famille des Astéracées. Elle est à l'origine de salades comme la barbe de capucin , les endives ou chicons ou les chicorées rouges italiennes (voir Radicchio), mais aussi les chicorées à café, etc.
Cette espĂšce est aussi appelĂ©e ChicorĂ©e sauvage par les horticulteurs et certains botanistes alors quâelle est trĂšs cultivĂ©e dans les rĂ©gions mĂ©diterranĂ©ennes[n 1] et quâelle possĂšde de nombreux cultivars bien diffĂ©rentiĂ©s et trĂšs Ă©voluĂ©s. Et comme le remarque Michel Chauvet[1], il conviendrait mieux de lâappeler « chicorĂ©e amĂšre », car ses reprĂ©sentants sont prĂ©cisĂ©ment apprĂ©ciĂ©s pour leur amertume, que la sĂ©lection a maintenue bien plus que chez Cichorium endivia, la chicorĂ©e endive. Car il faut prendre garde de ne pas confondre cette espĂšce cultivĂ©e avec l'espĂšce proche: la ChicorĂ©e endive (Cichorium endivia) qui donne deux salades: la chicorĂ©e frisĂ©e et la chicorĂ©e scarole.
Connue en Europe, depuis l'AntiquitĂ© grĂ©co-romaine, elle fait partie des plantes dont la culture est recommandĂ©e dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou dĂ©but du IXe siĂšcle). Ses principaux groupes de cultivars actuels dĂ©veloppĂ©s depuis le XVIIe siĂšcle, ont pris une importance Ă©conomique variable selon les pays. Ainsi, la production dâendives reste concentrĂ©e dans lâUnion EuropĂ©enne, avec 249 000 t dont 57 % en France, 23 % en Belgique et 20 % aux Pays-Bas[1].
DĂ©nominations
- Nom scientifique valide : Cichorium intybus L.[2]. Ce nom a été donné par Carl Linné en 1753 dans Species plantarum 2:813[3]
- Nom vulgaire (vulgarisation scientifique) accepté, recommandé ou typique en français : Chicorée amÚre[4] - [5] - [6] - [7] ou Chicorée sauvage[4] - [5] - [6] - [8] - [7],
- Autres noms vulgaires : Chicorée commune[9], Chicorée ordinaire[9], Chicorée intybe[5],
- Noms vernaculaires (langage courant), pouvant désigner éventuellement d'autres espÚces : chicorée[5] - [6] - [9] - [7], barbe-de-capucin[5] - [6], fausse gerbe[5], yeux-de-chat[5], lacheta[5], laideron[5], sautorna[5], etc. Autrefois on l'appelait aussi écoubette, écoubette bleue ou cheveux de paysan[10].
En langue Ă©trangĂšre, la plante est appelĂ©e par exemple Chicory en anglais, Gemeine Wegwarte en allemand ou achicoria comĂșn en espagnol.
Ătymologie
Le nom de genre Cichorium vient du latin classique cichorium « chicorĂ©e », venant lui-mĂȘme du grec ÎșÎčÏÎżÏÎčα, ÏÎœ (Ïα) kikhoria « chicorĂ©e » (lĂ©gume), forme de neutre pluriel du singulier ÎșÎčÏÎżÏÎčÎżÎœ kikhorion, nom dâorigine Ă©gyptienne[11].
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique intybus est empruntĂ© au latin qui lui-mĂȘme vient du grec áŒÎœÏÏ ÎČÎżÎœ entybon qui indiquait la chicorĂ©e scarole.
Le terme français chicorĂ©e vient aussi du grec ÎșÎčÏÎżÏÎčα, kikhoria, via le latin et l'italien. Il apparait comme cikorĂ© (XIII s.), cicoree (v. 1370), puis chicorĂ©e (1528) sous lâinfluence de la prononciation de lâitalien cicoria (av. 1250). Câest la raison de la migration du h derriĂšre le premier c: cichorium â chicorĂ©e.
Description
Appareil végétatif
- Plante jeune.
- Tige.
- Feuilles basales.
- Feuilles.
Cichorium intybus est une espÚce de type vivace quand elle pousse dans les prÚs, les champs incultes ou les bords de chemin, mais pour la production de graines, ses cultivars sont généralement cultivés en bisannuelle.
C'est une plante herbacĂ©e robuste, plus ou moins pubescente, de 40 cm Ă 1 m de haut. La rosette de feuilles la premiĂšre annĂ©e est aplatie, la jeune pousse au printemps est rapidement dressĂ©e, comme une sorte dâĂ©bauche du chicon. La racine est pivotante et charnue. La tige unique, trĂšs rameuse, velue, Ă rameaux rigides (participant Ă la rĂ©sistance au vent) et minces formant avec elle un angle obtus, prĂ©sente des feuilles basales en rosette profondĂ©ment dĂ©coupĂ©es (roncinĂ©es) en lobes Ă©cartĂ©s ou renversĂ©s, semblables aux feuilles de pissenlit, des feuilles intermĂ©diaires entiĂšres lancĂ©olĂ©es, embrassant la tige, et des feuilles supĂ©rieures rĂ©duites Ă des bractĂ©es[12]. Ces feuilles sont trĂšs velues sur les nervures principales. Toutes les parties de la plante produisent un latex blanc et sont amĂšres[13].
Appareil reproducteur
- Aspect général.
- Capitule.
- Capitule de profil
- Fruits (akĂšnes)
Les inflorescences sont des capitules formées de fleurs ligulées, bleues, poussant souvent directement sur la tige voire à la base des ramifications. Les capitules axillaires et terminaux, solitaires ou en grappes, possÚdent 15-20 fleurons. Ceux-ci sont bleus ou exceptionnellement roses ou blanc bleuté[12].
Les capitules s'Ă©talent dĂšs l'aube (l'inflorescence Ă©tant orientĂ©e vers l'est) et se referment dĂ©finitivement vers midi (phĂ©nomĂšne de photonastie). Cependant, un ciel couvert perturbe ce cycle et les fleurs peuvent rester ouvertes jusqu'Ă la tombĂ©e de la nuit voire jusqu'au lendemain alors que de nouvelles fleurs s'ouvrent. La briĂšvetĂ© de la floraison de chaque inflorescence conduit Ă ce que la plante porte peu de fleurs ouvertes en mĂȘme temps, ce qui lui donne un aspect dĂ©garni. La pĂ©riode de floraison va de juillet Ă septembre. La pollinisation est entomogame et autogame. Les fruits sont des akĂšnes Ă aigrettes avec des graines Ă dissĂ©mination barochore[13].
Formes cultivées
- sous-espÚce et variété glabratum : Chicorée glabre[8]
- sous-espÚce et variété foliosum : Chicorée de Bruxelles[6], Chicorée witloof[6] - [9], endive[14], chicon[15] - [16], etc., mais qui est aussi à l'origine des cultivars comme la Chicorée de Catalogne ou le Grumolo verde,
- sous-espÚce et variété sativum : chicorée à café[8] ou chicorée industrielle[17],
Habitat et répartition
- Habitat type : friches vivaces xérophiles européennes. TrÚs commune dans les prés, les champs incultes et au bord des chemins. Originaire d'Europe continentale, d'Asie et d'Afrique du Nord, elle est cultivée et naturalisée dans de nombreux pays (Amérique du Nord, Chine, etc).
- Aire de rĂ©partition[18]: lâespĂšce est originaire de lâEurope continentale, de lâAtlantique Ă lâOural (sans lâIrlande et le Royaume-Uni), le Proche Orient, Iran, Caucase, Pakistan, Afghanistan, lâAsie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, OuzbĂ©kistan, Tadjikistan, TurkmĂ©nistan), le Maghreb (Maroc, AlgĂ©rie, Tunisie, mais pas la Libye), lâĂgypte.
Elle a Ă©tĂ© introduite en AmĂ©rique du Nord et une grande partie de lâAmĂ©rique du Sud, quelques pays dâAfrique (Ăgypte, Libye, Mauritanie, Ăthiopie, Afrique du Sud, Congo RDC...), en Asie du Sud, Asie orientale (sauf Japon), Asie du Sud-Est, SibĂ©rie occidentale et centrale, Australie.
Histoire
Dans les textes anciens, il est difficile de distinguer Cichorium intybus de Cichorium endivia. Les deux espĂšces ont Ă©tĂ© cultivĂ©es trĂšs tĂŽt et il existe des formes Ă feuilles larges dans chacune d'elles. La chicorĂ©e amĂšre existe Ă lâĂ©tat sauvage partout en Europe continentale[1].
Le philosophe et botaniste grec ThĂ©ophraste (-371 ; -288) a dĂ©crit lâespĂšce sous le nom de kikhorion ÎșÎčÏÎżÏÎčÎżÎœ, et indique quâelle possĂšde une longue racine qui lui permet de rĂ©gĂ©nĂ©rer quand on a cueilli ses feuilles (Recherches sur la plantes[19], p.281). Quatre siĂšcles plus tard, le pharmacologue grec Dioscoride (+30 ; +90) indique que le seris ÏΔÏÎčÏ existe sous forme « sauvage et cultivĂ©e. La sauvage est appelĂ©e « amĂšre » pikris ou « chicorĂ©e » kikhorion; elle a des feuilles plus grandes et est meilleure pour lâestomac que celle des jardins. Cette derniĂšre est aussi de deux types: lâun, avec ses grandes feuilles ressemble Ă la laitue, lâautre a des feuilles assez Ă©troites et est assez amer » (Materia medica[20], II, 132).
LâencyclopĂ©diste romain Pline l'Ancien (+23 ; +79), contemporain de Dioscoride, prĂ©cise dans son Histoire naturelle[21], (HN. XIX, 129; XX, 73, XXI, 88) les vertus mĂ©dicinales que l'on prĂȘte dans l'AntiquitĂ© Ă la chicorĂ©e sauvage (quâil nomme cichorium) et signale que « En Ăgypte (province romaine de l'Ăgypte), on appelle cichorium lâespĂšce sauvage et sĂ©ris lâespĂšce cultivĂ©e, qui est plus petite et plus nervurĂ©e » (HN, XX, 73).
La chicorĂ©e est cultivĂ©e en Europe comme plante mĂ©dicinale pendant le Moyen Ăge. Elle fait partie de la liste des plantes potagĂšres recommandĂ©es dans le capitulaire De Villis, par Charlemagne et elle est indiquĂ©e par Hildegarde de Bingen (1098-1179) comme plante mĂ©dicinale.
Au XIIe siĂšcle, lâagronome dâAl-Andalus, Ibn al-Awam, consacre une longue section Ă la chicorĂ©e dans Le Livre de lâagriculture, sans quâon sache de quelle espĂšce il sâagit. Il y dĂ©crit le blanchiment plusieurs siĂšcles avant les autres EuropĂ©ens « quand on ramĂšne la terre autour des pieds de chicorĂ©e, repiquĂ©s ou restĂ©s en place, de façon que les feuilles en soient couvertes et quâon nâen voient passer que les extrĂ©mitĂ©s, et si chaque fois que le plante a poussĂ© on continue Ă ramener la terre comme la premiĂšre fois, de maniĂšre Ă couvrir les feuilles Ă lâexception des extrĂ©mitĂ©s, lorsquâon arrachera la chicorĂ©e ainsi traitĂ©e, on trouvera les feuilles blanches, tendres, dâun goĂ»t agrĂ©able et dâun bon suc (sans amertume) » (Le livre de lâagriculture[22], Vol. 2, p.146, article IV).
Ce nâest que vers la fin du XVIe siĂšcle que des preuves indiscutables de distinction entre les deux espĂšces cultivĂ©es apparaissent. Au milieu du XVIIIe siĂšcle, De Combles distingue un premier groupe, non nommĂ©, qui apparait Ă travers ses descriptions, et un second groupe nommĂ© scariole. Il indique que la chicorĂ©e sauvage « qui sâappelle Endive nom synonyme » est dâun grand intĂ©rĂȘt pour la salade, soit rĂ©coltĂ©e jeune aprĂšs semi dense soit par forçage des racines Ă partir dâoctobre. Les racines sont rentrĂ©es en cave et piquĂ©es sur des meules de fumier (sans couverture de terre). Le forçage dure environ 25 jours. Mais en introduisant un poĂȘle dans la cave, on peut rĂ©duire la durĂ©e Ă 14 jours.
La gamme variĂ©tale semble rester Ă peu prĂšs la mĂȘme au cours du XIXe siĂšcle[23].
La Chicorée sauvage et l'Homme
Utilisations alimentaires
Plusieurs groupes de cultivars (cultigroupes) issus de Cichorium intybus L. sont cultivés à divers usages.
On consomme directement les jeunes feuilles cuites ou crues en salades, des cultigroupes de la variété foliosum dont l'amertume est limitée comme radicchio, chicorée pain de sucre, puntarelle, etc.
1. Groupe Chicorée à couper
Ces chicorĂ©e Ă couper sont trĂšs cultivĂ©es en Italie. Les feuilles sont coupĂ©es Ă ras de terre. LââopĂ©ration peut ĂȘtre recommencĂ©e tous les 20 Ă 30 jours.
En France, ce groupe de cultivars fut abondement cultivĂ©, en particulier le type Ă feuille lobĂ©e, blanchie Ă lâobscuritĂ©, appelĂ© Barbe de capucin[n 2]. La technique, dâorigine italienne, fut largement adoptĂ©e en France au XIXe siĂšcle. En 1912, plus de 600 maraĂźchers pratiquaient encore lâĂ©tiolage dans la rĂ©gion parisienne, surtout Ă Montreuil Ă lâest de Paris. Mais lâessor de lâendive et la pĂ©nibilitĂ© du forçage en cave ont fait disparaĂźtre cette spĂ©cialitĂ© en France alors quâelle sâest maintenue en Italie[1].
Chicorée à couper |
Barbe de capucin, Vilmorin-Andrieux 1904 |
C'est une salade obtenue par la mise en forçage de racines disposées dans des couches de fumier, à l'obscurité, dans une cave par exemple. Ce forçage provoque la pousse de feuilles étiolées, longues et étroites.
2. Groupe Pain-de-sucre
La ChicorĂ©e Pain-de-sucre forme de grosses pommes allongĂ©es avec des feuilles trĂšs larges, vert clair, repliĂ©es les unes dans les autres. Elle donne une salade tendre et amĂšre, trĂšs apprĂ©ciĂ©e des amateurs. Elle revient Ă la mode comme Ă©lĂ©ment des salades prĂȘtes Ă lâemploi.
Ce type de salade est connue surtout en France, en Suisse et en Italie, oĂč on cultive aussi un cultivar proche, le « Bianca di Milano »[1].
3. Groupe Catalognia
Ces chicorĂ©es de Catalogne (Cichorium intybus var. foliosum) donnent de grosses rosettes de feuilles de 30â40 cm de long, Ă lobes pointus. Elles ont lâaspect dâun pissenlit gĂ©ant. Les feuilles sont consommĂ©es cuites.
La chicorĂ©e-asperge (it. catalogna da puntarelle) est formĂ©e de 10 Ă 20 tiges de feuilles lancĂ©olĂ©es sortant dâun plateau basal. Quand elles atteignent 20 Ă 30 cm de long, elles sont rĂ©unies en bottes et portent le nom de puntarelle[1].
Chicorée de Catalogne. |
Chicorée puntarelle |
4. Groupe Radicchio
La chicorĂ©e italienne ou chicorĂ©e rouge, est formĂ©e de feuilles dont le limbe est rouge et les nervures dâun blanc Ă©clatant. Elles sont cultivĂ©es traditionnellement dans la rĂ©gion de Veneto, dans le Nord de lâItalie.
Rosso di Treviso (Rouge de Trévise) est un type à feuilles allongées, serrées les unes contre les autres mais ne pommant pas.
Les chicorĂ©es rouges sont consommĂ©es crues, en salade, seule ou en mĂ©lange. En Italie, on les prĂ©pare aussi grillĂ©es, aprĂšs les avoir fait mariner dans de lâhuile dâolive[1].
Radicchio di Treviso |
5. Groupe Grumolo
La chicorée améliorée forme de petites rosettes à feuilles larges non pommées, vertes ou blondes. Elle compte parmi les plus savoureuses[1].
6. Groupe Witloof
Par forçage Ă l'obscuritĂ© des racines d'autres cultigroupes de la variĂ©tĂ© foliosum, on obtient des salades d'hiver plus tendres: les cultivars Ă grosse racine Ă©mettent Ă l'abri de la lumiĂšre de jeunes pousses pĂąles (nĂ©erl. witloof: morph. feuillage blanc, chicon) et renflĂ©es, les chicons, plus largement vendus sous le nom dâendives. C'est une culture souvent industrialisĂ©e dans le nord de l'Europe.
La culture de lâendive est apparue dans la rĂ©gion de Bruxelles vers 1850. Elle resta secrĂšte pendant une vingtaine dâannĂ©es. Henry de Vilmorin la remarque Ă Gand et lâintroduit en France en 1875. Dans les annĂ©es 1950, la rĂ©gion Nord-Pas-de-Calais devient la premiĂšre rĂ©gion productrice, devant la Flandre belge et les Pays-Bas[1].
7. Groupe Chicorée industrielle
La chicorĂ©e Ă cafĂ© est apparue dans le Nord-Ouest de lâEurope, au XVIIIe siĂšcle. De nos jours, elle est devenue une spĂ©cialitĂ© de la Belgique et du Nord de la France, oĂč une seule entreprise, La ChicorĂ©e Leroux, commercialise lâessentiel de la production. Les grosses racines de la chicorĂ©e Ă cafĂ© (Cichorium intybus subsp. intybus var. sativum), issue d'une sous-espĂšce distincte des plantes prĂ©cĂ©dentes, sont utilisĂ©es torrĂ©fiĂ©es pour fabriquer un succĂ©danĂ© du cafĂ©, plus digeste que ce dernier quand il est notamment mĂ©langĂ© au lait. Avant la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, dans les campagnes françaises, le « cafĂ© » Ă©tait souvent de la chicorĂ©e ou un mĂ©lange chicorĂ©e cafĂ©. De nos jours, la forme « chicorĂ©e instantanĂ©e » (ou soluble) sâest imposĂ©e pour ses qualitĂ©s gustatives et sa rapiditĂ© de prĂ©paration.
8. Groupe Soncino
La radice di Soncino « racine de Soncino » et la radice di Chiavari, sont des chicorées consommées uniquement en Italie.
Usage médicinal
La Chicorée sauvage est un tonique amer, cholagogue, dépuratif et légÚrement laxatif[24].
En France, la Note explicative de lâAgence du mĂ©dicament (devenue lâANSM) de 1998 admet quâil est possible de revendiquer, pour la racine de chicorĂ©e, les indications suivantes : traditionnellement utilisĂ©e 1) comme cholĂ©rĂ©tique et cholagogue 2) pour faciliter les fonctions dâĂ©limination urinaire et digestive 3) pour favoriser lâĂ©limination rĂ©nale de lâeau 4) comme adjuvant des rĂ©gimes amaigrissants 5) dans le traitement des troubles symptomatique de troubles digestifs tels que : ballonnement Ă©pigastrique, lenteur Ă la digestion, Ă©ructations, flatulence[25].
Certaines variĂ©tĂ©s de chicorĂ©e Ă cafĂ© sont Ă©galement cultivĂ©es pour la production d'inuline, dont on tire un Ă©dulcorant et de l'amidon Ă usage diĂ©tĂ©tique. En France, environ 180 000 t dâinuline sont extraites des racines de chicorĂ©e par an (Willeman[26], 2016).
Au Moyen Ăge, la ChicorĂ©e sauvage Ă©tait considĂ©rĂ©e comme une plante magique, anaphrodisiaque. La plante Ă©tait broyĂ©e puis appliquĂ©e. Elle Ă©tait censĂ©e diminuer voire ĂŽter toute ardeur de luxure[27].
« Le 26 janvier 1709, on sait que la princesse de Soubise, qui languit depuis longtemps, et qui sâest trouvĂ©e inopinĂ©ment soulagĂ©e par l'usage de la chicorĂ©e crue, est retombĂ©e dans ses premiers accidents. »
â Comte de Cosnac & Edouard Pontal, MĂ©moires du marquis de Sourches sur le rĂšgne de Louis XIV[28].
Utilisation fourragĂšre
Traditionnellement donnĂ©e aux lapins dans les Ă©levages familiaux et parfois aux chevaux pour lesquels elle Ă©tait rĂ©putĂ©e pouvoir remplacer l'avoine[29], la chicorĂ©e sauvage fait l'objet d'une redĂ©couverte dans les Ă©levages de ruminants en Europe[30]. Son utilisation est plus commune en Nouvelle-ZĂ©lande[31]. Sa valeur alimentaire est Ă©levĂ©e ; exemple : UnitĂ© fourragĂšre lait = 0,97 ; PDIN (protĂ©ine digestibles) = 171 au stade feuillu (mi-juin)[30]. Elle est riche en minĂ©raux, vitamines et tannins mais pauvres en fibres[30]. Les tannins augmentent le taux d'assimilation des protĂ©ines (d'oĂč un indice PDIN Ă©levĂ©) et offrirait une certaine protection contre la mĂ©tĂ©orisation et contre les parasites digestifs[32].
La chicorĂ©e est le plus souvent paturĂ©e car sa conservation est difficile, l'ensilage de mĂ©langes contenant de la chicorĂ©e est possible. Du fait de sa pauvretĂ© en fibres , elle ne doit pas reprĂ©senter plus de 25 % de la ration. Ătant pĂ©renne, elle peut par exemple ĂȘtre semĂ©e avec un ray-grass anglais et un trĂšfle blanc et doit ĂȘtre paturĂ©e toutes les trois semaines pour Ă©viter la montĂ©e Ă graines[30].
Sa culture est en particulier appréciée par les éleveurs bio[33].
La sélection de variétés fourragÚres est ancienne en France (Grosse chicorée fourragÚre, par exemple)[34] et en Italie. Les variétés actuelles sont majoritairement sélectionnées en Nouvelle-Zélande : Puna II (monte moins à graines) , Forage feast (variété d'origine française), Six Point, Oasis, Choice, Grouse, Spadona.
Classification
Cette espÚce a été décrite pour la premiÚre fois en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778).
Liste de sous-espÚces, convariétés et variétés
Selon Tropicos (29 mai 2014)[35] (attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :
- Cichorium intybus subsp. divaricatum (Schousb.) Bonnier & Layens
- Cichorium intybus subsp. glabratum (C. Presl) Arcang.
- Cichorium intybus subsp. glaucum (Hoffmanns. & Link) Tzvelev
- Cichorium intybus subsp. sativum (Bisch.) Janch.
- Cichorium intybus convar. foliosum (Hegi) Holub
- Cichorium intybus convar. radicosum (Alef.) Holub
- Cichorium intybus var. eglandulosum Freyn & Sint.
- Cichorium intybus var. endivia (L.) C.B. Clarke
- Cichorium intybus var. foliosum Hegi
- Cichorium intybus var. glabratum (C. Presl) Gren. & Godr.
- Cichorium intybus var. intybus
- Cichorium intybus var. radicosum Alef.
- Cichorium intybus var. sativum Bisch.
Notes et références
Notes
- la demande de chicorĂ©e sauvage est telle en Italie, que lâon vend des graines de chicorĂ©e sauvage pour la cultiver en jardin (Michel Chauvet, 2018)
- Attention, Barbe-de-capucin est aussi le nom botanique donné à la plante sauvage (Cichorium intybus var. foliosum L.), voir INPN
Références
- Michel Chauvet, Encyclopédie des plantes alimentaires, 700 espÚces du monde entier, 1700 dessins, Belin, , 878 p.
- The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 29 mai 2014
- Référence Biodiversity Heritage Library : 358834#page/255
- Tela Botanica, <https://www.tela-botanica.org>, licence CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, consulté le 29 mai 2014
- Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
- Nom vernaculaire en français dâaprĂšs Termium plus, la banque de donnĂ©es terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
- Voir la fiche de cette espÚce sur le site VASCAN (Base de données des plantes vasculaires du Canada) de Canadensys.
- Voir cette espĂšce sur le site Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)
- Voir dĂ©finition donnĂ©e par le Grand dictionnaire terminologique de lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française.
- Chicorée sauvage sur le site Le jardin, consulté le 29 mai 2014.
- (direction) Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française (tome I, II), Le Robert,
- (en) Référence Flora of China : Cichorium intybus Linnaeus
- François Couplan, Eva Styner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Delachaux et Niestlé, , p. 162
- Voir endive, dĂ©finition donnĂ©e par le Grand dictionnaire terminologique de lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française.
- Informations lexicographiques et étymologiques de « chicon » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- chicon dans Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
- Claire DorĂ© et F. Varoquaux, Histoire et amĂ©lioration de cinquante plantes cultivĂ©es, p 209-210, Ăditions Quae, 2006. (ISBN 2738012159), (ISBN 9782738012159)
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Cichorium intybus L.
- Théophraste, Recherche sur les plantes, à l'origine de la botanique (Suzanne Amigues), Belin, , 414 p.
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- Yaáž„yĂ b. Muáž„ammad Ibn al-ÊżAwwĂąm, Le livre de lâagriculture (trad. de J.-J. ClĂ©ment-Mullet) Vol. 2, Librairie A. Franck, (lire en ligne)
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- Henri Leclerc, Précis de phytothérapie : essais de thérapeutique par les plantes françaises, Masson, (ISBN 2-225-45595-3 et 978-2-225-45595-7, OCLC 21072399, lire en ligne)
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- Guide de visite, les plantes magiques, du jardin des neuf carrés de l'abbaye de Royaumont
- « Mémoires du marquis de Sourches sur le rÚgne de Louis XIV - janvier 1708-juin 1709 », tome onziÚme 1891, p. 256.
- (en) Bureau of Foreign and Domestic Commerce, Department of Commerce, Commerce reports, partie 3, (lire en ligne), p. 74
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- (en) Dr Robert Blair, Nutrition and Feeding of Organic Cattle, (lire en ligne), p. 68
- une variété indiquée par l'Encyclopédie Quillet, article "Chicorée, 1946
- Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 29 mai 2014
Voir aussi
Article connexe
Bases de référence
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives au vivant :
- Alabama Plant Atlas
- Base de données des plantes d'Afrique
- FloraWeb
- Global Biodiversity Information Facility
- Invasive Plant Atlas of the United States
- TAXREF (INPN)
- Tela Botanica
- VASCAN
- (en) ARKive
- (en) Atlas of Florida Plants
- (en) Australasian Pollen and Spore Atlas
- (en) Australian Plant Name Index
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- (en) PalDat
- (en) The Plant List
- (en) PLANTS Database
- (en) Plants of the World Online
- (en + it) Portale della Flora d'Italia
- (en) SystÚme d'information taxonomique intégré
- (en) Tropicos
- (en) VicFlora
- (en) World Register of Marine Species
- (en) Référence JSTOR Plants : Cichorium intybus (consulté le )
- (en) Référence Flora of Missouri : Cichorium intybus
- (fr) Référence Belles fleurs de France 2 : Cichorium intybus (consulté le )
- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Cichorium intybus L.
- (fr) Référence INPN : Cichorium intybus L., 1753 (TAXREF)
Autre lien externe
- (en) Cichorium intybus sur Cichorieae Portal