AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Cichorium intybus

Chicorée amÚre, Chicorée sauvage, Chicorée commune, Chicorée intybe

La Chicorée amÚre (Cichorium intybus L.) est une espÚce de plantes herbacées vivaces de la famille des Astéracées. Elle est à l'origine de salades comme la barbe de capucin Ce lien renvoie vers une page d'homonymie, les endives ou chicons ou les chicorées rouges italiennes (voir Radicchio), mais aussi les chicorées à café, etc.

Cette espĂšce est aussi appelĂ©e ChicorĂ©e sauvage par les horticulteurs et certains botanistes alors qu’elle est trĂšs cultivĂ©e dans les rĂ©gions mĂ©diterranĂ©ennes[n 1] et qu’elle possĂšde de nombreux cultivars bien diffĂ©rentiĂ©s et trĂšs Ă©voluĂ©s. Et comme le remarque Michel Chauvet[1], il conviendrait mieux de l’appeler « chicorĂ©e amĂšre », car ses reprĂ©sentants sont prĂ©cisĂ©ment apprĂ©ciĂ©s pour leur amertume, que la sĂ©lection a maintenue bien plus que chez Cichorium endivia, la chicorĂ©e endive. Car il faut prendre garde de ne pas confondre cette espĂšce cultivĂ©e avec l'espĂšce proche: la ChicorĂ©e endive (Cichorium endivia) qui donne deux salades: la chicorĂ©e frisĂ©e et la chicorĂ©e scarole.

Connue en Europe, depuis l'AntiquitĂ© grĂ©co-romaine, elle fait partie des plantes dont la culture est recommandĂ©e dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou dĂ©but du IXe siĂšcle). Ses principaux groupes de cultivars actuels dĂ©veloppĂ©s depuis le XVIIe siĂšcle, ont pris une importance Ă©conomique variable selon les pays. Ainsi, la production d’endives reste concentrĂ©e dans l’Union EuropĂ©enne, avec 249 000 t dont 57 % en France, 23 % en Belgique et 20 % aux Pays-Bas[1].

DĂ©nominations

En langue Ă©trangĂšre, la plante est appelĂ©e par exemple Chicory en anglais, Gemeine Wegwarte en allemand ou achicoria comĂșn en espagnol.

Étymologie

Le nom de genre Cichorium vient du latin classique cichorium « chicorĂ©e », venant lui-mĂȘme du grec ÎșÎčÏ‡ÎżÏÎčα, ωΜ (τα) kikhoria « chicorĂ©e » (lĂ©gume), forme de neutre pluriel du singulier ÎșÎčÏ‡ÎżÏÎčÎżÎœ kikhorion, nom d’origine Ă©gyptienne[11].

L’épithĂšte spĂ©cifique intybus est empruntĂ© au latin qui lui-mĂȘme vient du grec ጔΜτυÎČÎżÎœ entybon qui indiquait la chicorĂ©e scarole.

Le terme français chicorĂ©e vient aussi du grec ÎșÎčÏ‡ÎżÏÎčα, kikhoria, via le latin et l'italien. Il apparait comme cikorĂ© (XIII s.), cicoree (v. 1370), puis chicorĂ©e (1528) sous l’influence de la prononciation de l’italien cicoria (av. 1250). C’est la raison de la migration du h derriĂšre le premier c: cichorium → chicorĂ©e.

Description

Appareil végétatif

  • Plante jeune.
    Plante jeune.
  • Tige.
    Tige.
  • Feuilles basales.
    Feuilles basales.
  • Feuilles.
    Feuilles.

Cichorium intybus est une espÚce de type vivace quand elle pousse dans les prÚs, les champs incultes ou les bords de chemin, mais pour la production de graines, ses cultivars sont généralement cultivés en bisannuelle.

C'est une plante herbacĂ©e robuste, plus ou moins pubescente, de 40 cm Ă  m de haut. La rosette de feuilles la premiĂšre annĂ©e est aplatie, la jeune pousse au printemps est rapidement dressĂ©e, comme une sorte d’ébauche du chicon. La racine est pivotante et charnue. La tige unique, trĂšs rameuse, velue, Ă  rameaux rigides (participant Ă  la rĂ©sistance au vent) et minces formant avec elle un angle obtus, prĂ©sente des feuilles basales en rosette profondĂ©ment dĂ©coupĂ©es (roncinĂ©es) en lobes Ă©cartĂ©s ou renversĂ©s, semblables aux feuilles de pissenlit, des feuilles intermĂ©diaires entiĂšres lancĂ©olĂ©es, embrassant la tige, et des feuilles supĂ©rieures rĂ©duites Ă  des bractĂ©es[12]. Ces feuilles sont trĂšs velues sur les nervures principales. Toutes les parties de la plante produisent un latex blanc et sont amĂšres[13].

Appareil reproducteur

  • Aspect gĂ©nĂ©ral.
    Aspect général.
  • Capitule.
    Capitule.
  • Capitule de profil
    Capitule de profil
  • Fruits (akĂšnes)
    Fruits (akĂšnes)

Les inflorescences sont des capitules formées de fleurs ligulées, bleues, poussant souvent directement sur la tige voire à la base des ramifications. Les capitules axillaires et terminaux, solitaires ou en grappes, possÚdent 15-20 fleurons. Ceux-ci sont bleus ou exceptionnellement roses ou blanc bleuté[12].

Les capitules s'Ă©talent dĂšs l'aube (l'inflorescence Ă©tant orientĂ©e vers l'est) et se referment dĂ©finitivement vers midi (phĂ©nomĂšne de photonastie). Cependant, un ciel couvert perturbe ce cycle et les fleurs peuvent rester ouvertes jusqu'Ă  la tombĂ©e de la nuit voire jusqu'au lendemain alors que de nouvelles fleurs s'ouvrent. La briĂšvetĂ© de la floraison de chaque inflorescence conduit Ă  ce que la plante porte peu de fleurs ouvertes en mĂȘme temps, ce qui lui donne un aspect dĂ©garni. La pĂ©riode de floraison va de juillet Ă  septembre. La pollinisation est entomogame et autogame. Les fruits sont des akĂšnes Ă  aigrettes avec des graines Ă  dissĂ©mination barochore[13].

Formes cultivées

Habitat et répartition

Cichorium intybus, Canada
  • Habitat type : friches vivaces xĂ©rophiles europĂ©ennes. TrĂšs commune dans les prĂ©s, les champs incultes et au bord des chemins. Originaire d'Europe continentale, d'Asie et d'Afrique du Nord, elle est cultivĂ©e et naturalisĂ©e dans de nombreux pays (AmĂ©rique du Nord, Chine, etc).
  • Aire de rĂ©partition[18]: l’espĂšce est originaire de l’Europe continentale, de l’Atlantique Ă  l’Oural (sans l’Irlande et le Royaume-Uni), le Proche Orient, Iran, Caucase, Pakistan, Afghanistan, l’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, OuzbĂ©kistan, Tadjikistan, TurkmĂ©nistan), le Maghreb (Maroc, AlgĂ©rie, Tunisie, mais pas la Libye), l’Égypte.
    Elle a Ă©tĂ© introduite en AmĂ©rique du Nord et une grande partie de l’AmĂ©rique du Sud, quelques pays d’Afrique (Égypte, Libye, Mauritanie, Éthiopie, Afrique du Sud, Congo RDC...), en Asie du Sud, Asie orientale (sauf Japon), Asie du Sud-Est, SibĂ©rie occidentale et centrale, Australie.

Histoire

Dans les textes anciens, il est difficile de distinguer Cichorium intybus de Cichorium endivia. Les deux espĂšces ont Ă©tĂ© cultivĂ©es trĂšs tĂŽt et il existe des formes Ă  feuilles larges dans chacune d'elles. La chicorĂ©e amĂšre existe Ă  l’état sauvage partout en Europe continentale[1].

Le philosophe et botaniste grec ThĂ©ophraste (-371 ; -288) a dĂ©crit l’espĂšce sous le nom de kikhorion ÎșÎčÏ‡ÎżÏÎčÎżÎœ, et indique qu’elle possĂšde une longue racine qui lui permet de rĂ©gĂ©nĂ©rer quand on a cueilli ses feuilles (Recherches sur la plantes[19], p.281). Quatre siĂšcles plus tard, le pharmacologue grec Dioscoride (+30 ; +90) indique que le seris σΔρÎčς existe sous forme « sauvage et cultivĂ©e. La sauvage est appelĂ©e « amĂšre » pikris ou « chicorĂ©e » kikhorion; elle a des feuilles plus grandes et est meilleure pour l’estomac que celle des jardins. Cette derniĂšre est aussi de deux types: l’un, avec ses grandes feuilles ressemble Ă  la laitue, l’autre a des feuilles assez Ă©troites et est assez amer » (Materia medica[20], II, 132).

L’encyclopĂ©diste romain Pline l'Ancien (+23 ; +79), contemporain de Dioscoride, prĂ©cise dans son Histoire naturelle[21], (HN. XIX, 129; XX, 73, XXI, 88) les vertus mĂ©dicinales que l'on prĂȘte dans l'AntiquitĂ© Ă  la chicorĂ©e sauvage (qu’il nomme cichorium) et signale que « En Égypte (province romaine de l'Égypte), on appelle cichorium l’espĂšce sauvage et sĂ©ris l’espĂšce cultivĂ©e, qui est plus petite et plus nervurĂ©e » (HN, XX, 73).

La chicorĂ©e est cultivĂ©e en Europe comme plante mĂ©dicinale pendant le Moyen Âge. Elle fait partie de la liste des plantes potagĂšres recommandĂ©es dans le capitulaire De Villis, par Charlemagne et elle est indiquĂ©e par Hildegarde de Bingen (1098-1179) comme plante mĂ©dicinale.

Au XIIe siĂšcle, l’agronome d’Al-Andalus, Ibn al-Awam, consacre une longue section Ă  la chicorĂ©e dans Le Livre de l’agriculture, sans qu’on sache de quelle espĂšce il s’agit. Il y dĂ©crit le blanchiment plusieurs siĂšcles avant les autres EuropĂ©ens « quand on ramĂšne la terre autour des pieds de chicorĂ©e, repiquĂ©s ou restĂ©s en place, de façon que les feuilles en soient couvertes et qu’on n’en voient passer que les extrĂ©mitĂ©s, et si chaque fois que le plante a poussĂ© on continue Ă  ramener la terre comme la premiĂšre fois, de maniĂšre Ă  couvrir les feuilles Ă  l’exception des extrĂ©mitĂ©s, lorsqu’on arrachera la chicorĂ©e ainsi traitĂ©e, on trouvera les feuilles blanches, tendres, d’un goĂ»t agrĂ©able et d’un bon suc (sans amertume) » (Le livre de l’agriculture[22], Vol. 2, p.146, article IV).

Ce n’est que vers la fin du XVIe siĂšcle que des preuves indiscutables de distinction entre les deux espĂšces cultivĂ©es apparaissent. Au milieu du XVIIIe siĂšcle, De Combles distingue un premier groupe, non nommĂ©, qui apparait Ă  travers ses descriptions, et un second groupe nommĂ© scariole. Il indique que la chicorĂ©e sauvage « qui s’appelle Endive nom synonyme » est d’un grand intĂ©rĂȘt pour la salade, soit rĂ©coltĂ©e jeune aprĂšs semi dense soit par forçage des racines Ă  partir d’octobre. Les racines sont rentrĂ©es en cave et piquĂ©es sur des meules de fumier (sans couverture de terre). Le forçage dure environ 25 jours. Mais en introduisant un poĂȘle dans la cave, on peut rĂ©duire la durĂ©e Ă  14 jours.

La gamme variĂ©tale semble rester Ă  peu prĂšs la mĂȘme au cours du XIXe siĂšcle[23].

La Chicorée sauvage et l'Homme

Utilisations alimentaires

Plusieurs groupes de cultivars (cultigroupes) issus de Cichorium intybus L. sont cultivés à divers usages.

On consomme directement les jeunes feuilles cuites ou crues en salades, des cultigroupes de la variété foliosum dont l'amertume est limitée comme radicchio, chicorée pain de sucre, puntarelle, etc.

1. Groupe Chicorée à couper

Ces chicorĂ©e Ă  couper sont trĂšs cultivĂ©es en Italie. Les feuilles sont coupĂ©es Ă  ras de terre. L’’opĂ©ration peut ĂȘtre recommencĂ©e tous les 20 Ă  30 jours.

En France, ce groupe de cultivars fut abondement cultivĂ©, en particulier le type Ă  feuille lobĂ©e, blanchie Ă  l’obscuritĂ©, appelĂ© Barbe de capucin[n 2]. La technique, d’origine italienne, fut largement adoptĂ©e en France au XIXe siĂšcle. En 1912, plus de 600 maraĂźchers pratiquaient encore l’étiolage dans la rĂ©gion parisienne, surtout Ă  Montreuil Ă  l’est de Paris. Mais l’essor de l’endive et la pĂ©nibilitĂ© du forçage en cave ont fait disparaĂźtre cette spĂ©cialitĂ© en France alors qu’elle s’est maintenue en Italie[1].

Chicorée à couper
Barbe de capucin,
Vilmorin-Andrieux 1904

C'est une salade obtenue par la mise en forçage de racines disposées dans des couches de fumier, à l'obscurité, dans une cave par exemple. Ce forçage provoque la pousse de feuilles étiolées, longues et étroites.

2. Groupe Pain-de-sucre
Pain-de-sucre

La ChicorĂ©e Pain-de-sucre forme de grosses pommes allongĂ©es avec des feuilles trĂšs larges, vert clair, repliĂ©es les unes dans les autres. Elle donne une salade tendre et amĂšre, trĂšs apprĂ©ciĂ©e des amateurs. Elle revient Ă  la mode comme Ă©lĂ©ment des salades prĂȘtes Ă  l’emploi.

Ce type de salade est connue surtout en France, en Suisse et en Italie, oĂč on cultive aussi un cultivar proche, le « Bianca di Milano »[1].

3. Groupe Catalognia

Ces chicorĂ©es de Catalogne (Cichorium intybus var. foliosum) donnent de grosses rosettes de feuilles de 30–40 cm de long, Ă  lobes pointus. Elles ont l’aspect d’un pissenlit gĂ©ant. Les feuilles sont consommĂ©es cuites.

La chicorĂ©e-asperge (it. catalogna da puntarelle) est formĂ©e de 10 Ă  20 tiges de feuilles lancĂ©olĂ©es sortant d’un plateau basal. Quand elles atteignent 20 Ă  30 cm de long, elles sont rĂ©unies en bottes et portent le nom de puntarelle[1].

Chicorée de Catalogne.
Chicorée puntarelle
4. Groupe Radicchio

La chicorĂ©e italienne ou chicorĂ©e rouge, est formĂ©e de feuilles dont le limbe est rouge et les nervures d’un blanc Ă©clatant. Elles sont cultivĂ©es traditionnellement dans la rĂ©gion de Veneto, dans le Nord de l’Italie.

Rosso di Treviso (Rouge de Trévise) est un type à feuilles allongées, serrées les unes contre les autres mais ne pommant pas.

Les chicorĂ©es rouges sont consommĂ©es crues, en salade, seule ou en mĂ©lange. En Italie, on les prĂ©pare aussi grillĂ©es, aprĂšs les avoir fait mariner dans de l’huile d’olive[1].

5. Groupe Grumolo

La chicorée améliorée forme de petites rosettes à feuilles larges non pommées, vertes ou blondes. Elle compte parmi les plus savoureuses[1].

6. Groupe Witloof
Endive ou chicon

Par forçage Ă  l'obscuritĂ© des racines d'autres cultigroupes de la variĂ©tĂ© foliosum, on obtient des salades d'hiver plus tendres: les cultivars Ă  grosse racine Ă©mettent Ă  l'abri de la lumiĂšre de jeunes pousses pĂąles (nĂ©erl. witloof: morph. feuillage blanc, chicon) et renflĂ©es, les chicons, plus largement vendus sous le nom d’endives. C'est une culture souvent industrialisĂ©e dans le nord de l'Europe.

La culture de l’endive est apparue dans la rĂ©gion de Bruxelles vers 1850. Elle resta secrĂšte pendant une vingtaine d’annĂ©es. Henry de Vilmorin la remarque Ă  Gand et l’introduit en France en 1875. Dans les annĂ©es 1950, la rĂ©gion Nord-Pas-de-Calais devient la premiĂšre rĂ©gion productrice, devant la Flandre belge et les Pays-Bas[1].

7. Groupe Chicorée industrielle
Chicorée à grosse racine ou Chicorée à café.

La chicorĂ©e Ă  cafĂ© est apparue dans le Nord-Ouest de l’Europe, au XVIIIe siĂšcle. De nos jours, elle est devenue une spĂ©cialitĂ© de la Belgique et du Nord de la France, oĂč une seule entreprise, La ChicorĂ©e Leroux, commercialise l’essentiel de la production. Les grosses racines de la chicorĂ©e Ă  cafĂ© (Cichorium intybus subsp. intybus var. sativum), issue d'une sous-espĂšce distincte des plantes prĂ©cĂ©dentes, sont utilisĂ©es torrĂ©fiĂ©es pour fabriquer un succĂ©danĂ© du cafĂ©, plus digeste que ce dernier quand il est notamment mĂ©langĂ© au lait. Avant la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, dans les campagnes françaises, le « cafĂ© » Ă©tait souvent de la chicorĂ©e ou un mĂ©lange chicorĂ©e cafĂ©. De nos jours, la forme « chicorĂ©e instantanĂ©e » (ou soluble) s’est imposĂ©e pour ses qualitĂ©s gustatives et sa rapiditĂ© de prĂ©paration.

8. Groupe Soncino

La radice di Soncino « racine de Soncino » et la radice di Chiavari, sont des chicorées consommées uniquement en Italie.

Usage médicinal

La Chicorée sauvage est un tonique amer, cholagogue, dépuratif et légÚrement laxatif[24].

En France, la Note explicative de l’Agence du mĂ©dicament (devenue l’ANSM) de 1998 admet qu’il est possible de revendiquer, pour la racine de chicorĂ©e, les indications suivantes : traditionnellement utilisĂ©e 1) comme cholĂ©rĂ©tique et cholagogue 2) pour faciliter les fonctions d’élimination urinaire et digestive 3) pour favoriser l’élimination rĂ©nale de l’eau 4) comme adjuvant des rĂ©gimes amaigrissants 5) dans le traitement des troubles symptomatique de troubles digestifs tels que : ballonnement Ă©pigastrique, lenteur Ă  la digestion, Ă©ructations, flatulence[25].

Certaines variĂ©tĂ©s de chicorĂ©e Ă  cafĂ© sont Ă©galement cultivĂ©es pour la production d'inuline, dont on tire un Ă©dulcorant et de l'amidon Ă  usage diĂ©tĂ©tique. En France, environ 180 000 t d’inuline sont extraites des racines de chicorĂ©e par an (Willeman[26], 2016).

Au Moyen Âge, la ChicorĂ©e sauvage Ă©tait considĂ©rĂ©e comme une plante magique, anaphrodisiaque. La plante Ă©tait broyĂ©e puis appliquĂ©e. Elle Ă©tait censĂ©e diminuer voire ĂŽter toute ardeur de luxure[27].

« Le 26 janvier 1709, on sait que la princesse de Soubise, qui languit depuis longtemps, et qui s’est trouvĂ©e inopinĂ©ment soulagĂ©e par l'usage de la chicorĂ©e crue, est retombĂ©e dans ses premiers accidents. »

— Comte de Cosnac & Edouard Pontal, MĂ©moires du marquis de Sourches sur le rĂšgne de Louis XIV[28].

Utilisation fourragĂšre

Traditionnellement donnĂ©e aux lapins dans les Ă©levages familiaux et parfois aux chevaux pour lesquels elle Ă©tait rĂ©putĂ©e pouvoir remplacer l'avoine[29], la chicorĂ©e sauvage fait l'objet d'une redĂ©couverte dans les Ă©levages de ruminants en Europe[30]. Son utilisation est plus commune en Nouvelle-ZĂ©lande[31]. Sa valeur alimentaire est Ă©levĂ©e ; exemple : UnitĂ© fourragĂšre lait = 0,97 ; PDIN (protĂ©ine digestibles) = 171 au stade feuillu (mi-juin)[30]. Elle est riche en minĂ©raux, vitamines et tannins mais pauvres en fibres[30]. Les tannins augmentent le taux d'assimilation des protĂ©ines (d'oĂč un indice PDIN Ă©levĂ©) et offrirait une certaine protection contre la mĂ©tĂ©orisation et contre les parasites digestifs[32].

La chicorĂ©e est le plus souvent paturĂ©e car sa conservation est difficile, l'ensilage de mĂ©langes contenant de la chicorĂ©e est possible. Du fait de sa pauvretĂ© en fibres , elle ne doit pas reprĂ©senter plus de 25 % de la ration. Étant pĂ©renne, elle peut par exemple ĂȘtre semĂ©e avec un ray-grass anglais et un trĂšfle blanc et doit ĂȘtre paturĂ©e toutes les trois semaines pour Ă©viter la montĂ©e Ă  graines[30].

Sa culture est en particulier appréciée par les éleveurs bio[33].

La sélection de variétés fourragÚres est ancienne en France (Grosse chicorée fourragÚre, par exemple)[34] et en Italie. Les variétés actuelles sont majoritairement sélectionnées en Nouvelle-Zélande : Puna II (monte moins à graines) , Forage feast (variété d'origine française), Six Point, Oasis, Choice, Grouse, Spadona.

Classification

Cette espÚce a été décrite pour la premiÚre fois en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778).

Liste de sous-espÚces, convariétés et variétés

Selon Tropicos (29 mai 2014)[35] (attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • Cichorium intybus subsp. divaricatum (Schousb.) Bonnier & Layens
  • Cichorium intybus subsp. glabratum (C. Presl) Arcang.
  • Cichorium intybus subsp. glaucum (Hoffmanns. & Link) Tzvelev
  • Cichorium intybus subsp. sativum (Bisch.) Janch.
  • Cichorium intybus convar. foliosum (Hegi) Holub
  • Cichorium intybus convar. radicosum (Alef.) Holub
  • Cichorium intybus var. eglandulosum Freyn & Sint.
  • Cichorium intybus var. endivia (L.) C.B. Clarke
  • Cichorium intybus var. foliosum Hegi
  • Cichorium intybus var. glabratum (C. Presl) Gren. & Godr.
  • Cichorium intybus var. intybus
  • Cichorium intybus var. radicosum Alef.
  • Cichorium intybus var. sativum Bisch.

Notes et références

Notes

  1. la demande de chicorĂ©e sauvage est telle en Italie, que l’on vend des graines de chicorĂ©e sauvage pour la cultiver en jardin (Michel Chauvet, 2018)
  2. Attention, Barbe-de-capucin est aussi le nom botanique donné à la plante sauvage (Cichorium intybus var. foliosum L.), voir INPN

Références

  1. Michel Chauvet, Encyclopédie des plantes alimentaires, 700 espÚces du monde entier, 1700 dessins, Belin, , 878 p.
  2. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 29 mai 2014
  3. Référence Biodiversity Heritage Library : 358834#page/255
  4. Tela Botanica, <https://www.tela-botanica.org>, licence CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, consulté le 29 mai 2014
  5. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  6. Nom vernaculaire en français d’aprĂšs Termium plus, la banque de donnĂ©es terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  7. Voir la fiche de cette espÚce sur le site VASCAN (Base de données des plantes vasculaires du Canada) de Canadensys.
  8. Voir cette espĂšce sur le site Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)
  9. Voir dĂ©finition donnĂ©e par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française.
  10. Chicorée sauvage sur le site Le jardin, consulté le 29 mai 2014.
  11. (direction) Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française (tome I, II), Le Robert,
  12. (en) Référence Flora of China : Cichorium intybus Linnaeus
  13. François Couplan, Eva Styner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Delachaux et Niestlé, , p. 162
  14. Voir endive, dĂ©finition donnĂ©e par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office quĂ©bĂ©cois de la langue française.
  15. Informations lexicographiques et étymologiques de « chicon » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  16. chicon dans Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  17. Claire DorĂ© et F. Varoquaux, Histoire et amĂ©lioration de cinquante plantes cultivĂ©es, p 209-210, Éditions Quae, 2006. (ISBN 2738012159), (ISBN 9782738012159)
  18. (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Cichorium intybus L.
  19. Théophraste, Recherche sur les plantes, à l'origine de la botanique (Suzanne Amigues), Belin, , 414 p.
  20. Dioscorides, Pedanius Dioscorides of Anazarbus, translated by Lily Y. Beck, Olms - Weidmann, , 630 p.
  21. Pline l'Ancien, Histoire naturelle (traduit, présenté et annoté par Stéphane Schmitt), BibliothÚque de la Pléiade, nrf, Gallimard, , 2131 p.
  22. Yaáž„yĂ  b. Muáž„ammad Ibn al-ÊżAwwĂąm, Le livre de l’agriculture (trad. de J.-J. ClĂ©ment-Mullet) Vol. 2, Librairie A. Franck, (lire en ligne)
  23. Michel Pitrat, Claude Foury, coord., Histoires de légumes, éditions QUAE, 2013, 2015, 410 p.
  24. Henri Leclerc, Précis de phytothérapie : essais de thérapeutique par les plantes françaises, Masson, (ISBN 2-225-45595-3 et 978-2-225-45595-7, OCLC 21072399, lire en ligne)
  25. Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes mĂ©dicinales, 4e Ă©d., revue et augmentĂ©e, Paris, Tec & Doc - Éditions mĂ©dicales internationales, , 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)
  26. Honorine Willeman, Contribution Ă  la recherche des composĂ©s impliquĂ©s dans l’amertume de la racine de chicorĂ©e – Approches mĂ©tabolique et sensorielle de l’influence de la torrĂ©faction (thĂšse), UniversitĂ© de Lille 1, (lire en ligne), 2016)
  27. Guide de visite, les plantes magiques, du jardin des neuf carrés de l'abbaye de Royaumont
  28. « Mémoires du marquis de Sourches sur le rÚgne de Louis XIV - janvier 1708-juin 1709 », tome onziÚme 1891, p. 256.
  29. (en) Bureau of Foreign and Domestic Commerce, Department of Commerce, Commerce reports, partie 3, (lire en ligne), p. 74
  30. Robin Vergonjeanne, « Chicorée et plantain, des espÚces de pùturage aux nombreux atouts », sur web-agri, (consulté le )
  31. (en) « Making good use of chicory », sur Rural living, (version du 27 juillet 2011 sur Internet Archive)
  32. (en) S. Athanasiadou, D. Gray, D. Younie et O. Tzamaloukas, « The use of chicory for parasite control in organic ewes and their lambs », Parasitology, vol. 134, no 2,‎ , p. 299–307 (ISSN 0031-1820 et 1469-8161, DOI 10.1017/S0031182006001363, lire en ligne, consultĂ© le )
  33. (en) Dr Robert Blair, Nutrition and Feeding of Organic Cattle, (lire en ligne), p. 68
  34. une variété indiquée par l'Encyclopédie Quillet, article "Chicorée, 1946
  35. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 29 mai 2014

Voir aussi

Article connexe

Bases de référence

Autre lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.