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Catastrophe de pont

Une catastrophe de pont est la destruction catastrophique d'un pont, par surcharge, incendie, ou défaillance structurelle.

catastrophe de pont

Si les ponts en bois et les ponts en pierre, les plus anciens, fragiles de par leur conception et pas toujours rĂ©alisĂ©s dans de bonnes conditions, se sont souvent effondrĂ©s ou ont Ă©tĂ© dĂ©truits par des phĂ©nomĂšnes naturels comme les dĂ©bĂącles d’hivers rigoureux ou des incendies, peu de ces sinistres sont restĂ©s dans la mĂ©moire des hommes. Seuls le pont de Sterling en Écosse en 1297 ou le premier grand incendie du pont de Londres en 1212 sont connus comme ayant gĂ©nĂ©rĂ© un grand nombre de victimes.

Les catastrophes les plus spectaculaires concernent essentiellement des ponts de grandes dimensions et notamment les ponts mĂ©talliques. Pour certains, des phĂ©nomĂšnes de rĂ©sonance de l’ouvrage ont Ă©tĂ© incriminĂ©s. C’est en particulier le cas pour le pont d'Angers en France en 1850, le pont de Saint-PĂ©tersbourg en 1905 et le pont de Tacoma (États-Unis) en 1940. Les expertises modernes ont mis en avant plutĂŽt des dĂ©faillances de matĂ©riaux ou des phĂ©nomĂšnes physiques particuliers comme le couplage aĂ©roĂ©lastique tablier-vent pour le pont de Tacoma. Pour beaucoup des phĂ©nomĂšnes naturels (tempĂȘte, sĂ©isme ou coulĂ©e de boues) sont Ă  l’origine des sinistres.

Dans la plupart des cas, les causes sont Ă  rechercher dans une fragilitĂ© des fondations pour les ponts anciens, ou un dĂ©faut dans les matĂ©riaux ou dans la structure pour les plus modernes. L’erreur humaine est quant Ă  elle systĂ©matiquement prĂ©sente, soit du fait d’un dĂ©faut de conception, soit au niveau de la rĂ©alisation, soit enfin dans un dĂ©faut de suivi ou d’alerte[1].

Ponts en bois

Incendie du pont de Londres (1212)

Les premiers ponts Ă©taient en bois et Ă©taient trĂšs sensibles au feu. L’incendie le plus spectaculaire, qui provoqua le plus grand nombre de morts, est celui qui se produisit le aux deux extrĂ©mitĂ©s du pont de Londres et qui provoqua la mort de prĂšs de 3 000 personnes[2]. Il ne doit pas ĂȘtre confondu avec le Grand incendie de Londres qui frappa le centre de Londres (Angleterre) du dimanche 2 au mercredi [3].

Pont de Stirling (Écosse - 1297)

La premiĂšre grande catastrophe connue est celle de l’effondrement du pont de Stirling en Écosse en 1297 durant la bataille du pont de Stirling. La stratĂ©gie de William Wallace est alors d’attendre qu’un nombre suffisant d’Anglais aient traversĂ© le pont pour ordonner deux charges : la premiĂšre contre le gros des troupes anglaises et la seconde dans le but de couper la route Ă  toute retraite. Le pont s’écroule au passage de la seconde charge Ă©cossaise, sous l’effet de la charge, provoquant la fuite des troupes anglaises restantes.

Incendie du KapellbrĂŒcke (1993)

Le KapellbrĂŒcke, ou pont de Lucerne, Ă©tait l'un des plus grands ponts couverts en bois d'Europe. Il fut dĂ©truit par un incendie le et reconstruit Ă  l'identique l'annĂ©e suivante[4].

Ponts en pierre

De nombreux ponts en pierre ont Ă©tĂ© dĂ©truits sur les grands fleuves lors des multiples hivers rigoureux qui ont pu se succĂ©der au cours des siĂšcles, particuliĂšrement au moment de la dĂ©bĂącle. Un accident indĂ©pendant de phĂ©nomĂšnes climatiques est celui de l’affouillement en pied de pile entraĂźnant un basculement ou un affaissement de celle-ci, puis une chute du tablier puis de l’arche. Un exemple caractĂ©ristique de ce type de dĂ©sordre pour les ponts en pierre est celui du pont de Tours en France.

Pont de Tours (France - 1978)

Image externe
L'effondrement du pont sur le site de France3-Val de Loire.

Le pont Wilson de Tours est le plus vieux pont de Tours encore debout, construit entre 1765 et 1778. Il est composĂ© de quinze arches, long de 434 mĂštres et traverse la Loire. Quatre arches cĂŽtĂ© sud s'effondrent successivement les 9 et , suivies de la culĂ©e sud le suivant. En tout, cinq piles et six arches s'effondrent, soit un tiers du pont, mais il n’y eut aucune victime. Le seul automobiliste prĂ©sent sur le site rĂ©ussit, en accĂ©lĂ©rant, Ă  s’échapper avant que ne s’effondre la premiĂšre arche[5].

Ponts en briques

Viaduc de Barentin (France - 1846)

Le vers 6 h du matin[6], le viaduc de Barentin s'effondre alors qu'il est presque terminé, créant de vives polémiques, accusant la surcharge de ballast ou la faiblesse des piliers. Il est rapidement reconstruit en six mois, nécessitant seize millions de briques.

Ponts métalliques

Au XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle, plusieurs accidents de ponts mĂ©talliques se sont produits et un phĂ©nomĂšne de mise en rĂ©sonance de l’ouvrage a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© au passage de troupe. Lorsque la frĂ©quence de l'action extĂ©rieure coĂŻncide avec la frĂ©quence de rĂ©sonance de la vibration de la passerelle, il y aurait une forte augmentation de l'amplitude du pont, et l’ouvrage ne le supporterait pas. Ce serait ainsi le cas pour les ponts de la Basse-ChaĂźne Ă  Angers, France (1850), le Pont Ă©gyptien (Saint-PĂ©tersbourg, 1905) et le pont de Tacoma (USA, 1940). Dans beaucoup de manuels figurent ces explications, toutefois la connaissance actuelle du comportement des matĂ©riaux retient aujourd’hui d’autres explications pour ces catastrophes.

Pont de la Basse-ChaĂźne (France - 1850)

La rupture du Pont de la Basse-ChaĂźne Ă  Angers en 1850.

Le pont de la Basse-ChaĂźne (Angers), inaugurĂ© en , Ă©tait un pont suspendu ancrĂ© au sol, conçu par l'architecte Joseph Chaley et autorisĂ© par le dĂ©cret royal du pour une durĂ©e de concession de 35 ans.

Le matin du , le 3e bataillon du 11e rĂ©giment d'infanterie lĂ©gĂšre[7] partait en direction de la place de l'AcadĂ©mie pour y passer une revue. Ils revenaient du bois d'AvrillĂ© oĂč ils avaient fait une halte pour prendre un repas. Ce jour-lĂ , une tempĂȘte Ă©pouvantable s'abattait sur Angers mais les hommes continuĂšrent leur marche en direction du pont. Le lieutenant colonel Simonet, qui commandait la troupe, avait fait rompre le pas[8].

Une partie du bataillon avait atteint la rive gauche quand le vent violent provoqua des oscillations du pont suspendu, qui furent accentuĂ©es par les soldats se balançant d'un cĂŽtĂ© Ă  l'autre, dans le but d'Ă©quilibrer le tablier. Un « craquement formidable » se fit entendre, puis le poids des soldats acheva la rupture des cĂąbles de suspension qui prĂ©cipita le rĂ©giment dans la riviĂšre, provoquant la mort de 223 hommes (226 selon certaines sources), parfois transpercĂ©s dans leur chute par leurs baĂŻonnettes. Deux employĂ©s d'octroi qui accompagnaient le bataillon, moururent noyĂ©s dans ce drame. Les Ă©crits, qui tentent de faire part de l'horreur de la scĂšne, mentionnent : « La Maine devint rouge et vit se dĂ©battre dans les affres de la mort 485 soldats »[9]. Plus tard, la tempĂȘte, ainsi que l'oxydation des cĂąbles du pont suspendu seront mis en cause dans cette tragĂ©die[8].

La variante de l'histoire accuse la marche au pas du rĂ©giment d'ĂȘtre responsable de la rupture du pont, pourtant arrĂȘtĂ©e avant l'entrĂ©e du pont selon certains Ă©crits : les vibrations rĂ©guliĂšres sur le pont suspendu donnĂšrent au tablier un mouvement ondulant, s'amplifiant car entretenu par le pas des soldats jusqu'Ă  l'entrĂ©e en rĂ©sonance du pont et sa destruction. Le matĂ©riau constitutif du tablier du pont, Ă  savoir l'acier, a alors vibrĂ© selon la mĂȘme frĂ©quence que le rythme de la marche au pas du rĂ©giment, ce qui a gĂ©nĂ©rĂ© ce phĂ©nomĂšne. Cette version est contestĂ©e puisqu'un rĂšglement interdisant la marche au pas sur les ponts existait avant cette catastrophe[10].

Pont suspendu de Yarmouth (Angleterre - 1845)

Le pont suspendu de Yarmouth, dans la ville Great Yarmouth (Royaume-Uni) s’est effondrĂ© le sous une surcharge occasionnĂ©e par le passage d'enfants sur l’ouvrage. 79 personnes pĂ©rirent dans cette catastrophe. Ils s’étaient rassemblĂ©s sur le pont pour voir un clown cascadeur dans un tonneau tirĂ© par des oies sur la riviĂšre. Quand il est passĂ© sous le pont, l’ensemble de la charge s’est brutalement dĂ©placĂ©, provoquant la rupture des chaĂźnes sur le cĂŽtĂ© sud, entraĂźnant la chute du tablier dans son ensemble[11].

Pont ferroviaire du Tay (Écosse - 1879)

Les travées manquantes, aprÚs la catastrophe

InaugurĂ© le , le pont ferroviaire du Tay dessert la ligne Édimbourg-Dundee[12]. Conçu par l'ingĂ©nieur architecte Thomas Bouch, il est alors le plus long pont du monde, avec 85 travĂ©es. La portion centrale de l'ouvrage Ă©tait constituĂ©e de treize travĂ©es de 60 mĂštres de portĂ©e Ă  27 mĂštres au-dessus des eaux[12]. Le une forte tempĂȘte s'abattit sur l'Écosse avec des vents de force 10 Ă  11 sur l'Ă©chelle de Beaufort, provoquant l'effondrement du pont sur sa partie centrale lors de la traversĂ©e d'un train, faisant environ 75 victimes[12].

Des dĂ©fauts de conception (circulation du train dans sa partie centrale entre les poutres porteuses et non au-dessus, vent de rĂ©fĂ©rence insuffisant) et de rĂ©alisation (des barres de contreventement non fixĂ©es et donc sans effet), l'effet du vent et le passage du train (vitesse excessive du convoi) sont des causes qui ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es dans cette catastrophe. L'enquĂȘte conclut que le pont avait Ă©tĂ© « mal conçu, mal construit et mal entretenu »[13].

Pont ferroviaire sur la Birse (Suisse - 1891)

Le , le pont mĂ©tallique ferroviaire sur la Birse prĂšs de MĂŒnchenstein en Suisse, construit en 1875 par Gustave Eiffel, cĂšde sous le poids d'un train. Cet Ă©vĂ©nement, actuellement la plus grande catastrophe ferroviaire en Suisse, fit 71 morts et 170 blessĂ©s[14].

Pont Ă©gyptien (Saint-PĂ©tersbourg - 1905)

L'effondrement de 1905

Le pont Égyptien (en russe : ЕгОпДтсĐșĐžĐč ĐŒĐŸŃŃ‚) Ă  Saint-PĂ©tersbourg en Russie est un pont prolongeant l'avenue Lermontov et enjambant la Fontanka. Le pont d'origine, prĂ©vu pour les piĂ©tons et les vĂ©hicules tirĂ©s par des chevaux, exista jusqu'au dĂ©but du XXe siĂšcle, avant de s'effondrer le quand un escadron de cavalerie le traversa. Le pont actuel est construit au mĂȘme emplacement en reprenant les sphinx, Ɠuvres de Pavel Sokolov[15], ainsi que d'autres dĂ©tails du pont d'origine, ce qui en fait une simple Ă©vocation, assez superficielle, de la splendeur d'antan. Ce pont-ci fut achevĂ© en 1955.

Comme pour le pont de la Basse-ChaĂźne, un phĂ©nomĂšne de mise en rĂ©sonance du pont au passage de la troupe a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©. Toutefois les experts pensent dĂ©sormais qu’il s’agit plutĂŽt soit d’un problĂšme de conception, soit d’un dĂ©faut dans l’acier d’une des chaĂźnes[16].

Pont de Québec

ÉlĂ©vation de la travĂ©e centrale en 1916, juste avant l'effondrement.

Premier effondrement (1907)

Le Ă  17 h 37, aprĂšs quatre annĂ©es de construction, la partie sud du pont s'effondra dans le fleuve St-Laurent en Ă  peine 15 secondes, et Ă  peine 20 minutes avant la fin de la journĂ©e de travail. Des 100 travailleurs qui s'y trouvaient, 76 furent tuĂ©s et les autres furent blessĂ©s. 33 des victimes Ă©taient des travailleurs Mohawks de la rĂ©serve de Kahnawake, 17 autres victimes Ă©taient originaires des États-Unis, et 26 Ă©taient des QuĂ©bĂ©cois. La tradition orale des Hurons-Wendat de Wendake fait Ă©galement Ă©tat de six ou sept victimes provenant de leurs rangs.

DeuxiĂšme effondrement (1916)

Le , alors que la partie centrale prĂ©fabriquĂ©e Ă©tait en train d'ĂȘtre Ă©levĂ©e en place entre les deux sections rebĂąties, un effondrement tue treize personnes.

Pont de Saint-Denis-de-Pile (France - 1931)

Le au matin, 16 camions sont utilisĂ©s pour les essais de charges du pont de Saint-Denis-de-Pile avec un poids total de 120 tonnes. En s'engageant sur le pont, le quatorziĂšme vĂ©hicule se dĂ©porta et heurta un cĂąble de suspension, un hauban. Le camion qui le suivait le percuta par l’arriĂšre et le projeta plus violemment sur le cĂąble dĂ©jĂ  fragilisĂ©, qui cĂ©da en quelques secondes. Les haubans se sĂ©parĂšrent du pont qui se cassa en deux plaques qui plongĂšrent dans la riviĂšre. Douze camions et leurs passagers furent immĂ©diatement engloutis dans les eaux. L'accident causa la mort de treize personnes (dont le fils de Leinekugel-Lecoq) et fit seize blessĂ©s graves ainsi que la « une » de toute la presse nationale[17].

Pont de Tacoma (États-Unis - 1940)

Le premier pont de Tacoma est un pont suspendu qui franchissait le dĂ©troit de Tacoma, un rĂ©trĂ©cissement du Puget Sound, et reliait les villes de Tacoma et Gig Harbor dans l'État de Washington au reste des États-Unis. InaugurĂ© le , il s'est effondrĂ© le , lors d'un des plus cĂ©lĂšbres et spectaculaires accidents de gĂ©nie civil.

La destruction du pont est due au vent. L’explication rĂ©side dans le couplage aĂ©roĂ©lastique du vent et de la structure. L'Ă©nergie du vent se transfĂšre au pont et les oscillations s'amplifient progressivement jusqu'Ă  la ruine[18]. Les oscillations ont durĂ© plus de 45 minutes avant l'effondrement.

La vitesse du vent lors de l'accident n'était que de 67 km/h et le pont avait été dimensionné pour des vitesses beaucoup plus élevées, mais en ne tenant compte que des effets statiques.

Une explication erronĂ©e de l’accident, nĂ©anmoins trĂšs rĂ©pandue[19], consiste Ă  incriminer un phĂ©nomĂšne de rĂ©sonance entre le pont et des tourbillons d’air formĂ©s dans le sillage du tablier (tourbillons de Karmann). Du fait de ces tourbillons, une variation alternative de la pression de l'air sur le tablier se produirait. Lorsque la frĂ©quence de cette force correspond Ă  l'une des frĂ©quences de vibration naturelle du pont, un phĂ©nomĂšne de rĂ©sonance se dĂ©clencherait.

Le pont du Tangiwai (Nouvelle-ZĂ©lande - 1953)

La catastrophe du Tangiwai du a Ă©tĂ© le pire accident ferroviaire en Nouvelle-ZĂ©lande. Un express de nuit assurant la liaison de Wellington Ă  Auckland est tombĂ© dans la riviĂšre Whangaehu Ă  Tangiwai, Ă  dix kilomĂštres (six miles) Ă  l'ouest de Waiouru. Le pont sur la North Island Main Trunk Railway sur la riviĂšre avait Ă©tĂ© gravement endommagĂ© quelques minutes plus tĂŽt par un lahar (coulĂ©e boueuse d’origine volcanique) du mont Ruapehu. La locomotive Ă  vapeur de classe KA, les cinq voitures de seconde classe, et la voiture de tĂȘte de premiĂšre classe ont dĂ©raillĂ©, causant la mort de 151 des 285 personnes Ă  bord du train. Sur les 176 passagers de seconde classe Ă  bord, seulement 28 ont survĂ©cu[20] - [21].

Silver Bridge (États-Unis - 1967)

Le Silver Bridge aprĂšs son effondrement, vu de l'Ohio.

Le Silver Bridge est un pont suspendu qui fut construit en 1928 et fut nommé ainsi à cause de sa peinture aluminium. Ce pont qui enjambait l'Ohio reliait Point Pleasant (Virginie-Occidentale) à Gallipolis (Ohio).

Le , vers 17 h, le pont s’est soudainement effondrĂ© dans la riviĂšre Ohio. Trente et un vĂ©hicules sur les trente-sept qui Ă©taient sur le pont au moment du sinistre, ont Ă©tĂ© prĂ©cipitĂ©s dans le fleuve entraĂźnant la mort de quarante-six personnes et neuf autres ont Ă©tĂ© griĂšvement blessĂ©s[22].

L'examen des dĂ©bris rĂ©vĂ©la que la cause de l'effondrement Ă©tait la dĂ©faillance d'une seule barre Ă  Ɠil d'une suspension Ă  chaĂźne, due Ă  un petit dĂ©faut profond de 0,1 pouce (2,54 mm).

Pont de Sully-sur-Loire (France - 1985)

Le Ă  7 h 40, par un froid intense (tempĂ©rature de −20 °C), le tablier du pont suspendu de Sully-sur-Loire (Loiret) s'effondre sur toute sa longueur dans le lit de la Loire.

L'examen des aciers a montrĂ© qu'il s'agissait de ruptures fragiles au niveau des suspentes et des Ă©triers liĂ©es aux caractĂ©ristiques chimiques des aciers (forte teneur en carbone, en soufre et phosphore), aux amorces de rupture par usinage des filetages et Ă  une trĂšs faible rĂ©silience, notamment Ă  basse tempĂ©rature (rĂ©silience en KV 2,5 joules Ă  −20 °C - 4 joules Ă  −0 °C et 6 joules Ă  +20 °C)[23].

Pont de Mirepoix-sur-Tarn (France, 2019)

Le , le tablier du pont s'effondre vers 8 h du matin lors du passage d'un convoi de l'entreprise de bĂątiment et travaux publics (BTP) Puits Julien Fondations de plus de 51 tonnes — composĂ© d'un tracteur routier d'une masse Ă  vide de 9,5 tonnes conduit par le gĂ©rant de la sociĂ©tĂ©, d'une semi-remorque de 10,9 tonnes et d'une foreuse de puits de 30,8 tonnes selon le procureur de la RĂ©publique responsable de l'enquĂȘte[24] — donc en forte surcharge pour un pont limitĂ© Ă  19 tonnes et Ă  un seul camion sur le pont[25] - [26] - [27] - [28]. Le camion et une voiture et leurs occupants sont prĂ©cipitĂ©s dans les eaux du Tarn[29].

L'effondrement fait l'objet d'un rapport du BEATT qui conclut sur le non-respect de la réglementation par les véhicules.

Ponts en béton

Pont de Koror-Babeldaob

Ce pont en cantilever situé aux Palaos s'effondre en 1996, faisant deux morts et coupant la capitale du reste du pays.

Viaduc du Souvenir (Québec - 2000)

Boulevard du Souvenir overpass collapse (en)

Pont Hintze Ribeiro (Portugal - 2001)

Le , Ă  21 h 15, alors que des pluies intenses s'abattent sur toute la rĂ©gion du Douro depuis plusieurs jours, le 4e pilier du pont Hintze Ribeiro est emportĂ© par la crue, entraĂźnant avec lui trois des cinq travĂ©es centrales du tablier ainsi que 59 personnes qui passaient Ă  ce moment-lĂ  sur l'ouvrage. Il n'y a aucun survivant et les opĂ©rations de secours sont extrĂȘmement compliquĂ©es en raison de l'impressionnant dĂ©bit du fleuve. En tout, 36 victimes ne seront jamais retrouvĂ©es. Les travĂ©es du pont avaient chacune une portĂ©e de 50 mĂštres. Quatre vĂ©hicules ont Ă©tĂ© entraĂźnĂ©s dans la chute de l'ouvrage (dont un autocar).

Le pont avait été construit entre 1884 et 1888. Le , la travée de rive (premiÚre section) du cÎté de Castelo de Paiva avait été dynamitée lors de la révolte de la Monarchie du Nord. Le pont ne sera rétabli qu'en 1928.

Le pont, bien que dans un Ă©tat peu reluisant, n'Ă©tait pourtant pas au bord de la ruine. En fait, la cause de l'effondrement du quatriĂšme pilier est due Ă  un contexte hydraulique particulier. Lors de la rupture, l'eau n'Ă©tait pas Ă  son plus haut niveau historique, une crue prĂ©cĂ©dente Ă©tant montĂ©e Ă  trois mĂštres du tablier en 1909. En revanche, les ouvrages hydrauliques disposĂ©s en amont ont conduit Ă  un flux hydrologique (dĂ©charges des barrages notamment) provoquant l'Ă©rosion du lit du fleuve. De plus, le phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© accentuĂ© par de nombreux prĂ©lĂšvements de sable ainsi que par les conditions climatiques et la pluviomĂ©trie qui n'ont fait qu'augmenter le dĂ©bit Ă©rodant. Le pilier qui a cĂ©dĂ© est Ă©galement le seul Ă  ĂȘtre fondĂ© sur des pieux en bois, car le bon sol granitique Ă©tait trop profond Ă  cet endroit pour ĂȘtre atteignable. De fait, l'Ă©rosion a jouĂ© un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la dĂ©stabilisation de la pile. En aval du pont, dans le lac formĂ© par le barrage de Crestuma, Ă  certains points du profil en long du Douro, les affouillements ont atteint l'impressionnante taille de 28 mĂštres (profil en long = Coupe longitudinale sur la ligne axiale du fleuve permettant de voir la dĂ©nivellation d'un tracĂ©, comme pour les profils en long de route construits de maniĂšre analogue)[30].

À la suite de ce dĂ©sastre, le gouvernement portugais a Ă©tĂ© accusĂ© de nĂ©gligence. La pression politique et publique a entrainĂ© la dĂ©mission du Ministre de l'Ă©quipement social Jorge Coelho avec cinq de ses secrĂ©taires d'État. Bien que cette tragĂ©die ne soit pas de la responsabilitĂ© d'une personne en particulier (d'ailleurs il n'y eut aucune condamnation), mais plutĂŽt Ă  une sĂ©rie de nĂ©gligences de plusieurs autoritĂ©s compĂ©tentes, la carence du gouvernement Ă©tait rĂ©elle : les Ă©lus locaux avaient demandĂ© Ă  de nombreuses reprises des mesures financiĂšres pour l'entretien de l'ouvrage. En 1986, des images filmĂ©es lors d'une plongĂ©e montrent dĂ©jĂ  des faiblesses dans la fondation du pilier. Les derniers travaux structurels remontaient Ă  1990.

En , un monument dédiés aux victimes appelé "Ange du Portugal" (Anjo de Portugal) est construit entre les deux nouveaux ponts enjambant le Douro.

Pont d'Andorre (Andorre - 2009)

Le , un pont en construction dans la vallée d'Andorre s'effondre partiellement entraßnant la mort d'ouvriers du chantier.

Pont Morandi (Italie - 2018)

Le , le pont Morandi, qui franchit le val Polcevera Ă  GĂȘnes, s'effondre en partie (250 m). Le bilan est de 43 morts et de nombreux blessĂ©s.

Pont de Pittsburgh (États-Unis - 2022)

Le vendredi 28 janvier 2022, un pont s'effondre Ă  Pittsburgh, sans faire aucun mort[31].

Sinistres de guerres ou d’attaques terroristes

Il existe de nombreux cas d'attaques terroristes sur les ponts : leur Ă©rosion est aussi un moyen connu de la guĂ©rilla. La plus grande catastrophe de ce genre a eu lieu en Inde en 2002, quand un pont ferroviaire traversant la riviĂšre Dhava a Ă©tĂ© dĂ©truit provoquant la mort de 130 personnes.

De nombreux ponts ont Ă©tĂ© dĂ©truits lors de guerres : un exemple rĂ©cent fut le Stari Most, le pont en pierre de Mostar en Bosnie-HerzĂ©govine. Pendant la guerre de Bosnie-HerzĂ©govine en 1993, les Croates et Bosniaques s’affrontĂšrent pendant un peu moins d’un an dans la ville, et le pont fut dĂ©truit par les forces croates du HVO le pour interrompre les passages bosniaques.

Causes communes

Dans la plupart des cas, les causes sont Ă  rechercher dans un dĂ©faut dans les matĂ©riaux ou dans la structure. L’erreur humaine est quant Ă  elle systĂ©matiquement prĂ©sente, soit du fait d’un dĂ©faut de conception, soit au niveau de la rĂ©alisation, soit enfin dans un dĂ©faut de suivi ou d’alerte[1].

Notes et références

  1. H. Niandou (2009), p. 15-17
  2. « The European magazine, and London review, Volumes 57-581810 », Philological Society, (consulté le )
  3. Toutes les dates sont données dans le calendrier julien, qui restera en usage en Angleterre jusqu'en 1752.
  4. « La Suisse a aussi eu son incendie historique à Lucerne » (consulté le )
  5. « Effondrement du pont de Tours », sur cg37.fr (consulté le ) [PDF]
  6. « Écroulement du viaduc de Barentin », Le Journal de Rouen, (lire en ligne)
  7. Angers.fr
  8. Structurae
  9. Les Archives DĂ©partementales du Maine-et-Loire
  10. Art-et-Histoire.com
  11. (en) « The Events of 1845 », sur jeron.je/ (consulté le )
  12. H. Niandou (2009), p. 21
  13. H. Niandou (2009), p. 22
  14. Naufrage ferroviaire, article du , 24heures.ch.
  15. Auteur des lions du pont aux Lions et des griffons du pont de la Banque.
  16. (en) « The Egyptian bridge », sur gotosaintpetersburg.com/ (consulté le )
  17. L’histoire de Saint-Denis-de-Pile: un pont plus tard, ou une Ă©norme injustice rĂ©parĂ©e 80 ans aprĂšs.
  18. La chute du pont de Tacoma - Pascal HĂ©mon, Laboratoire d’hydrodynamique de l’école polytechnique de Paris, 2009 (voir archive)
  19. (en) Billah, K.; R. Scanlan (1991). « Resonance, Tacoma Narrows Bridge Failure, and Undergraduate Physics Textbooks ». American Journal of Physics 59 (2): p. 118–124
  20. Report Board of Inquiry (Archived from 2003) [PDF]
  21. (en)« tangiwai rail disaster », sur web.archive.org/ (consulté le ) [PDF]
  22. (en) « Silver Bridge Collapse », sur corrosion-doctors.org/ (consulté le )
  23. Jean-Paul Persy, « Effondrement du pont suspendu de Sully-sur-Loire », Bulletin ponts mĂ©talliques, no 13,‎ , p. 17-22.
  24. Armelle Parion et Julie Rimbert, « L’effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn a coĂ»tĂ© la vie Ă  deux enfants du pays », Le Parisien, 20 novembre 2019.
  25. « Effrondrement d’un pont Ă  Mirepoix-sur-Tarn : «Aucune faille de sĂ©curité» sur la derniĂšre inspection », Le Parisien, .
  26. Stéphane Thépot, « Une adolescente tuée dans l'effondrement d'un pont prÚs de Toulouse », Libération, .
  27. « Au moins un mort aprÚs l'effondrement d'un pont au nord de Toulouse », Libération, .
  28. Pont effondré à Mirepoix-sur-Tarn : le poids du camion estimé à "plus de 40 tonnes"
  29. Rapport d’enquĂȘte technique sur la chute d’un poids lourd et d’une voiture dans le Tarn aprĂšs l’effondrement du pont routier sur la commune de Mirepoix-sur-Tarn (31) le 18 novembre 2019, Bureau d’EnquĂȘtes sur les Accidents de Transport Terrestre (BEA-TT), N° ISRN : EQ-BEAT--21-5--FR
  30. (pt) « ErosĂŁo e extracção de areias foram as causas da queda da ponte Hintze Ribeiro », sur PÚBLICO (consultĂ© le )
  31. « Un pont s'effondre à Pittsburgh, juste avant un discours de Joe Biden sur les infrastructures dans la ville », sur Le HuffPost, (consulté le )

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • A. Talon, D. Breysse, H. Niandou (coordinateur), L. Peyras, R. Harouimi, Base de donnĂ©es : dĂ©faillance, [lire en ligne], 360 pages [PDF]
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