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Profil en long (route)

Le profil en long d'une route est, avec le profil en travers et le tracé en plan, un des trois éléments qui permettent de caractériser la géométrie d’une route[1]. Il est obtenu par élévation verticale dans le sens de l’axe de la route de l’ensemble des points constituant celui-ci.

Éléments de composition du profil en long

Le profil en long est profondément marqué par la valeur très faible des pentes qu'on peut donner à la route pour assurer des vitesses de circulation convenables et par les problèmes de visibilité nécessaire à une conduite non dangereuse.

Le profil en long est ainsi constitué d'une succession de segments de droites (ou pentes) et d'arcs de cercles permettant de raccorder entre eux les segments de droites.

Choix des segments de droites

La pente des droites ne peut dépasser un certain maximum fixé pour chacune des catégories de route : 4 à 8 % selon les catégories.

D'autre part, on n'emploie normalement jamais de pente nulle de façon que l'écoulement des eaux s'effectue facilement. On adopte en général les pentes longitudinales minimales suivantes :

  • 0,5 % dans les zones oĂą la pente transversale de la chaussĂ©e est infĂ©rieure Ă  0,5 %, s’il y a risque de verglas,
  • Au moins 0,2 % dans les longues sections en dĂ©blai : pour que l’ouvrage longitudinal d’évacuation des eaux ne soit pas trop profondĂ©ment enterrĂ© du cĂ´tĂ© aval ;
  • Au moins 0,2 % dans les sections en remblai prĂ©vues avec des descentes d’eau.

La position des droites par rapport au terrain naturel dépend de plusieurs facteurs tels que :

  • Ă©viter des terrassements inutiles : position proche de la surface du terrain naturel,
  • Ă©quilibrer les dĂ©blais-remblais,
  • minimiser le mouvement des terres,
  • accentuer la position en dĂ©blais pour accroĂ®tre les dĂ©blais d'un matĂ©riau utile, protĂ©ger l'environnement (vue, bruit...),
  • accentuer la position en remblai pour Ă©viter un mauvais matĂ©riau ou un matĂ©riau d'extraction onĂ©reuse, rendre plus agrĂ©able la route Ă  l'usager, Ă©viter une zone inondable.

Ces éléments de droites font apparaître des angles dits "saillants" ou "rentrants" qui correspondent aux zones de raccordement par cercle, éventuellement par arc de clothoïde.

Choix des cercles

Les rayons des cercles sont essentiellement en relation avec la visibilité qu'on doit assurer, éventuellement avec un confort dynamique. Les distances de visibilité nécessaires dépendent de la manœuvre que l’on veut assurer (s'arrêter ou dépasser un véhicule) et de la vitesse à laquelle on peut circuler.

On définit ainsi des distances d'arrêt et des distances de visibilité.

Distance d'arrĂŞt

La distance d'arrêt est calculée comme la somme de la distance parcourue pendant le temps de perception réaction (distance de perception-réaction) et de la distance de freinage.

d= dpr + df

La distance de freinage étant dépendante du coefficient de frottement longitudinal choisi, la distance d'arrêt retenue en conception est variable selon les pays. Ce coefficient correspond à une route légèrement humide et un pneumatique usagé (de 0,31 à 0,46 pour la France et de 0,28 à 0,38 pour le Canada), ce qui donne des distances d'arrêt suivantes :

Pays Vitesse de conception (en km/h)
80 90 100 110 120 130
France 105 130 160 195 230 280
Canada 140 170 200 220 240 260
U.N.E.S.C.O. 110 133 156 180 - -

En France, les distances d'arrêt intermédiaires en alignement et en courbe sont les suivantes :

V85 km/h 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130
d (alignement) m 15 25 35 50 65 85 105 130 160 195 230 280
D (en courbe de rayon<5V) m 15,5 26,5 40 55 72 95 121 151 187 -- -- --

Distance de visibilité

On considère 3 distances de visibilité :

  • dD : distance de visibilitĂ© de dĂ©passement normal nĂ©cessaires au dĂ©passement normal (puissance moyenne du vĂ©hicule).
  • dd : distance de visibilitĂ© de dĂ©passement minimale qui correspond Ă  un dĂ©passement normal effectuĂ© par un vĂ©hicule plus puissant.
  • dMd : distance de visibilitĂ© de manĹ“uvre de dĂ©passement (le vĂ©hicule dĂ©passĂ© freine).

dMd < dd < dD : la distance de visibilité la plus contraignante est donc dD, et on trouve dans l'ordre de contraintes décroissante dD, dd puis dMd.

Elles sont en relation avec la vitesse V : en particulier dd = 4 V et dD = 6 V lorsque V < 100 km/h sinon 5 V et 7 V.

Remarque : les conditions de visibilité supposent :

  • l'Ĺ“il Ă  1 m de haut.
  • Le vĂ©hicule : 1,20 m de hauteur
  • Obstacle dangereux : 0,15 m de hauteur.
  • Obstacle permanent : 0,00 m de hauteur (peinture).

On doit assurer la visibilité :

  • partout pour la distance d'arrĂŞt,
  • partout pour la distance de visibilitĂ© dMd de prĂ©fĂ©rence pour la vitesse Vr + 20 km/h,
  • pour la distance dd sur la moitiĂ© du trajet.

Il existe des relations entre les rayons des courbes du profil en long et les distances de visibilité pour respecter les conditions de visibilité nécessaires à la conduite des véhicules. RV = f [d, vitesse, type de raccordement (saillant, rentrant)]

En angle saillant, on veut assurer :

  • seulement la possibilitĂ© "d'arrĂŞt" sur les chaussĂ©es uni-directionnelles (2 ou 4 voies) puisqu'il n'y a pas de problème de dĂ©passement ;
  • la possibilitĂ© de dĂ©passement relativement difficile (le vĂ©hicule dĂ©passĂ© freine) ou mĂŞme fluidifier la circulation sur les routes bidirectionnelles (2 ou 3 voies).

En angle rentrant, il faut assurer seulement la visibilité pour la distance d'arrêt, la visibilité de dépassement étant toujours assurée. Leur dimensionnement est essentiellement fonction de considérations liées au confort dynamique, aux conditions de visibilité nocturne et aux conditions de ruissellement.

La présence d’un passage supérieur au droit d’un angle rentrant doit faire l’objet d’un examen particulier.

En pratique

  • Jusqu'Ă  70 km/h, c'est la contrainte de visibilitĂ© nocturne qui est primordiale :

Sur la base d'un faisceau de phares, d'axe horizontal situé à 0,75m et de 1 degré d'ouverture, et pour une distance d'arrêt en courbe d (en m), le rayon est donné par la formule : R = d²/(1,5+0,035d)

  • Pour 80 km/h, c'est la distance d'arrĂŞt en ligne droite qui est retenue.
  • Au delĂ , la contrainte principale relève du confort et concerne l'accĂ©lĂ©ration verticale subie par les usagers.

Bien que le confort ne puisse être mesuré précisément car fortement dépendant du système de suspension du véhicule, de la flexibilité des pneumatiques et de la charge transportée entre autres, les normes internationales admettent une accélération verticale centrifuge maximale de 0,3 m/s² soit environ g/33. La condition résultante est :
R = V²/3,9 avec V exprimée en km/h

Cette condition est le maximum recommandé. Cependant, pour les routes à faibles caractéristiques (relief difficile notamment), la sécurité n'étant pas mise en jeu, des valeurs d'accélération supérieures peuvent être admises mais au détriment du confort des usagers. La valeur maximale envisageable peut être portée à 0,5 m/s².

En synthèse

Catégorie de route R60

(60 km/h)

T80 et R80

(80 km/h)

T100

(100 km/h)

Déclivité maximale 7 % 6 % 5 %
Rayon minimal en angle saillant 1500 m 3000 m 6000 m
Rayon minimal en angle rentrant 1500 m 2200 m 3000 m

Notes et références

Origine du texte

Autres références

  1. Ces notions sont également valables pour tout axe de transport (fer, voie d'eau, aéroport, XXXduc)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Collectif, sous la direction de Guy Michaud, Les routes de France, Paris, Association pour la diffusion de la pensĂ©e française, , 170 p.
  • HervĂ© Brunel, Cours de gĂ©nie civil : annĂ©e 2007-2008, Bourges (18), UniversitĂ© d'OrlĂ©ans - IUT de Bourges, , 98 p. (lire en ligne)
  • Philippe Carillo, Conception d'un projet routier : guide technique, Paris, Eyrolles, , 102 p. (ISBN 978-2-212-14107-8, lire en ligne)
  • Jean Barillot - HervĂ© Cabanes - Philippe Carillo, La route et ses chaussĂ©es : Manuel de travaux publics, Paris, Eyrolles, , 272 p. (ISBN 978-2-212-67923-6, lire en ligne)
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