AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Bythograeidae

Les Bythograeidae sont une famille de crabes, la seule de la super-famille des Bythograeoidea. Elle comprend 14 espĂšces dans six genres. Ces crabes sont connus des monts hydrothermaux.

Étymologie

Le nom Bythograeidae vient du grec bythos (profondeur) et graia (crabe de mer).

Description

Le groupe des Bythograeidae est un groupe monophylĂ©tique, taxon frĂšre de la superfamille Xanthoidea qui auraient colonisĂ©s les monts hydrothermaux aux environs de l’ÉocĂšne[1].

Tous les Bythograeidae sont prĂ©sents dans l’ocĂ©an Pacifique, sauf deux espĂšces (Austinograea rodriguezensis) se trouvant dans l’ocĂ©an indien) et Segonzaciames atlantica (dans l'ocĂ©an atlantique).

Phylogénie

Dans les Brachyura, les Bythograeidae sont un groupe taxonomique distinct, et constitue une super famille. Les Bythograeidae ont comme caractĂ©ristique leur morphologie trĂšs homogĂšne mais leur relation phylogĂ©nĂ©tique avec les autres brachyoures n’est pas encore dĂ©finie. Pourtant, une analyse les osselets des intestins de plusieurs crabes, a laissĂ© envisager une proximitĂ© phylogĂ©nĂ©tique entre Bythograeidae et xanthoides. À l’aide d’une autre analyse cladistique sur les caractĂšres morphologiques, il a Ă©tĂ© trouvĂ© que Bythograeidae serait un groupe frĂšre de trapeziodea, sur la base d’une comparaison de spermatoizoĂŻdes[2].

AprĂšs l’observation de l’ultrastructure de plusieurs brachyoures, il a Ă©tĂ© proposĂ© que les Bythograeidae pourraient dĂ©river des Xanthoidea, Lacocarcinus serait le groupe le plus proche des Bythograeidae[3].

Origines

Aucun fossile de ce groupe n’a Ă©tĂ© retrouvĂ©, la date de l’origine de Bythograeidae reste donc inconnue. Guinot a suggĂ©rĂ© en 1988 que cette famille pourrait dĂ©river d’un ancĂȘtre qui Ă©tait adaptĂ© aux sources hydrothermales peu profondes, et que la rĂ©duction de leurs yeux au stade adulte pourrait correspondre Ă  une adaptation rĂ©cente de la vie dans les eaux profondes des Ă©vents.

RĂ©partition

La distribution de Allograea, Bythograea, Cyanagraea est dans le dorsal Est du Pacifique. Celle de Austinograea alayseae, Allactaga williamsi et Gandalfus est dans l’Ouest du Pacifique et Austinograea rodriguezensis se trouve uniquement dans la dorsale centrale indienne[4].

Mode de vie

Au niveau des sites hydrothermaux, des petites colonies peu denses de vestimentifĂšres et de polychĂštes ont Ă©tĂ© observĂ©es. Les actinies et polychĂštes serpulidĂ©s Ă©taient Ă©galement des reprĂ©sentants de la faune fixĂ©e alentour. Enfin, les crabes Bythograeidae Ă©taient les principaux reprĂ©sentant de l’ordre des crustacĂ©s dĂ©capodes.

Les monts hydrothermaux ou encore fumeur sur lesquels vivent ces crabes sont Ă©phĂ©mĂšres, ils peuvent durer de 10 Ă  100 ans. Ils permettent d’évacuer une partie de la chaleur de la terre. Ce sont des environnements extrĂȘmes, avec des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es, des concentrations Ă©levĂ©es en sulfures, en mĂ©taux lourds et en dioxyde de carbone, le tout, avec de faibles valeurs en pH ainsi qu'un faible accĂšs Ă  la lumiĂšre et donc une quasi-impossibilitĂ© de permettre la photosynthĂšse[5].

RĂ©gime alimentaire

Ce sont des prĂ©dateurs omnivores et nĂ©crophages, leur prĂ©sence est directement liĂ©e Ă  l’activitĂ© des consommateurs primaires. Ils peuvent cependant ĂȘtre Ă©galement retrouvĂ©s loin des sites actifs.

Réserves énergétiques

Dans l’étude de Phleger and al [6], les compositions en acide gras chez des espĂšces vivant dans les Ă©vents hydrothermaux ont Ă©tĂ© mesurĂ©es. On en retient que les B.thermydron ont Ă©tĂ© la seule espĂšce de Bythograeidae Ă  ĂȘtre Ă©tudiĂ©.

Les classes de lipides les plus prĂ©sentes chez B.thermydron sont les lipides polaires qui reprĂ©sentent 75% des lipides dans les branchies et 34% dans le corps des adultes contre 74% dans le corps des juvĂ©niles. Suivi par la deuxiĂšme classe la plus reprĂ©sentĂ©, les triacylglycĂ©rol (TAG), qui sont des rĂ©serves d’énergie importantes. Ils reprĂ©sentaient 56% des acides gras dans corps des adultes et 17% dans leurs branchies mais avaient un faible taux chez les juvĂ©niles (<10%) [6].

Les stérols représentants 7% des lipides dans les branchies des adultes ainsi que dans le corps des adultes et des juvéniles. Le cholestérol étant le stérol le plus présent avec un taux de 88% dans le corps des adultes et 94% dans les branchies et dans le corps des juvéniles [6].

En ce qui concerne la composition en acides gras, les acides gras saturés représentent 14% des acides gras présent dans le corps et les branchies des adultes (20% chez les juvéniles). Les acides gras monoinsaturés sont les plus représentés : aux alentours de 50% dans le corps et les branchies des adultes et 38% dans le corps de juvéniles. Les acides gras poly-insaturés quant à eux représentent 35% des acides gras dans les branchies des adultes et dans le corps des juvéniles contre 27% dans le corps des adultes [6].

Les acides gras produits par des endosymbiotes bactériens représentent 18 à 20% des acides gras dans le corps des B.thermydron du stade juvénile au stade adulte [6].

Résistance aux hautes températures

Les heat shock proteins (HSP) sont des protĂ©ines impliquĂ©es dans la rĂ©ponse Ă  des stress importants, que ça soit thermiques, l’exposition Ă  des mĂ©taux lourds, des changements de pression, l’hypoxie... Elles sont prĂ©sentes dans de nombreux taxons tel que les bactĂ©ries, les plantes mais aussi chez les animaux.

Ces protĂ©ines agissent au sein mĂȘme des cellules en Ă©vitant les mauvais repliements des protĂ©ines cellulaires. Lors d'un stress, si une protĂ©ine prend une mauvaise conformation, elle ne peut plu traverser la membrane cellulaire et ainsi, ne peut jouer son rĂŽle dans le mĂ©tabolisme.

Les Hsp70 sont les protĂ©ines chaperones de classe 1 les plus conservĂ©es et les plus abondantes des HSP. Deux types de HSP coexistent, l’HSC70 qui est l’HSP constitutive et l’Hsp70 inductible.

Lorsque l’on compare les HSP70 des crabes Bythograeidae et Xanthidae (crabes cĂŽtiers), on observe que les crabes hydrothermaux possĂšdent un intron (HSC70, avec un ou deux microsatellites) dans la sĂ©quence gĂ©nĂ©tique de HSP70 que les crabes cĂŽtiers n'ont pas. Ceci suggĂšre qu’il y a eu une recombinaison gĂ©nĂ©tique et les microsatellites suggĂšrent que l’intron a Ă©voluĂ© rapidement. La prĂ©sence et l’emplacement d’introns est propre Ă  chaque espĂšce et ne peut donc pas servir Ă  diffĂ©rencier HSP70 et HSC70. Pour ce faire, il faut observer les sĂ©quences N-terminales des gĂšnes, qui est plus courte pour les HSP70.

Une étroite relation entre les gÚnes HSP70 des Bythograeidae et des Xanthidae a été mise en avant, ce qui corrÚle avec des études précédentes [7] - [1], notamment cladistiques, qui avaient également conclue à une proximité phylogénétique entre les Bythograeidae et les Xanthidae [8].

Étude des populations

Les Ă©vents Ă©tant souvent Ă©phĂ©mĂšres, on pense que ces colonies de crabes consistent en des mĂ©tapopulations reliĂ©es par des larves planctoniques. Dans l’étude de Watanabe et al. 2020[4], ils ont utilisĂ© des sĂ©quences de codes Ă  barres du gĂšne COI mitochondrial afin d’étudier non seulement la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique mais Ă©galement la connectivitĂ© entre les diffĂ©rents sites. Les tests n’ont rĂ©vĂ©lĂ© aucune subdivision de population, suggĂ©rant bien une migration larvaire. De plus, les larves ont un comportement phototactique et une prĂ©fĂ©rence pour les hautes tempĂ©ratures, ce qui corrobore l’hypothĂšse selon laquelle elles se dispersent grĂące aux courants marins de surface. Ainsi, dans cette Ă©tude, les larves examinĂ©es proviendraient bien d’une seule mĂ©tapopulation de 1 000 km.

Liste des genres

Selon World Register of Marine Species (24 juin 2016)[9] :

  • genre Allograea Guinot, Hurtado & Vrijenhoek, 2002
  • genre Austinograea Hessler & Martin, 1989
  • genre Bythograea Williams, 1980
  • genre Cyanagraea Saint Laurent, 1984
  • genre Gandalfus McLay, 2007
  • genre Segonzacia Guinot, 1989


Expéditions

La famille des Bythograeidae a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1977 lors d’une expĂ©dition du rift des GalĂĄpagos, oĂč plusieurs spĂ©cimens adultes, magalopae et juvĂ©niles ont Ă©tĂ© collectĂ©s. Bythograeidae est un groupe de crabe endĂ©miques des Ă©cosystĂšmes hydrothermaux se situant au niveau des dorsales ocĂ©aniques.

En 1993, la campagne ocĂ©anographique française appelĂ©e Naudur a effectuĂ© une exploration au niveau de la dorsale du Pacifique oriental Ă  2 600 mĂštres de profondeur. À ce niveau, l’activitĂ© hydrothermale apparait soit sous forme d’émissions de fluides chauds (>300 °C) ou tiĂšdes (20−50 °C)[10].

Références taxinomiques

Référence

  • Williams, 1980 : A new crab family from the vicinity of submarine thermal vents on the Galapagos Rift (Crustacea: Decapoda: Brachyura). Proceedings of the Biological Society of Washington, vol. 93, n. 2, p. 443–472.

Sources

  • Ng, Guinot & Davie, 2008 : Systema Brachyurorum: Part I. An annotated checklist of extant brachyuran crabs of the world. Raffles Bulletin of Zoology Supplement, n. 17 p. 1–286.
  • De Grave & al., 2009 : A Classification of Living and Fossil Genera of Decapod Crustaceans. Raffles Bulletin of Zoology Supplement, n. 21, p. 1-109.

Notes et références

  1. R. von Sternberg, N. Cumberlidge et G. Rodriguez, « On the marine sister groups of the freshwater crabs (Crustacea: Decapoda: Brachyura) », Journal of Zoological Systematics and Evolutionary Research, vol. 37, no 1,‎ , p. 19–38 (ISSN 0947-5745 et 1439-0469, DOI 10.1046/j.1439-0469.1999.95092.x, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. Zhengfei Wang, Dan Tang, Xuejia Shi et Huayun Guo, « Genetic Basis of Hydrothermal Vent Adaptation in Bythograeidae Crabs: Insights from Adaptive Evolution of Mitochondrial Protein Coding Genes », Pakistan Journal of Zoology, vol. 51, no 5,‎ (DOI 10.17582/journal.pjz/2019.51.5.1721.1731, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Won-Kyung Lee, Se-Joo Kim, Bo Kyeng Hou et Cindy Lee Van Dover, « Population genetic differentiation of the hydrothermal vent crab Austinograea alayseae (Crustacea: Bythograeidae) in the Southwest Pacific Ocean », PLOS ONE, vol. 14, no 4,‎ , e0215829 (ISSN 1932-6203, DOI 10.1371/journal.pone.0215829, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. (en) Hiromi K Watanabe, Chong Chen, Shigeaki Kojima et Shogo Kato, « Population connectivity of the crab Gandalfus yunohana (Takeda, Hashimoto & Ohta, 2000) (Decapoda: Brachyura: Bythograeidae) from deep-sea hydrothermal vents in the northwestern Pacific », Journal of Crustacean Biology, vol. 40, no 5,‎ , p. 556–562 (ISSN 0278-0372 et 1937-240X, DOI 10.1093/jcbiol/ruaa045, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. V. Leignel, L. A. Hurtado et M. Segonzac, « Ecology, adaptation and acclimatisation mechanisms of Bythograeidae Williams, 1980, a unique endemic hydrothermal vent crabs family: current state of knowledge », Marine and Freshwater Research, vol. 69, no 1,‎ , p. 1 (ISSN 1323-1650, DOI 10.1071/mf17007, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. (en) Phleger, C. F., Nelson, M. M., Groce, A. K., Cary, S. C., Coyne, K. J., & Nichols, P. D., « Lipid composition of deep-sea hydrothermal vent tubeworm Riftia pachyptila, crabs Munidopsis subsquamosa and Bythograea thermydron, mussels Bathymodiolus sp. and limpets Lepetodrilus spp », Comparative Biochemistry and Physiology,‎ , p. 196-210
  7. C. C. TUDGE, B. G.M. JAMIESON, M. SEGONZAC et D. GUINOT, « Spermatozoal ultrastructure in three species of hydrothermal vent crab, in the generaBythograea, AustinograeaandSegonzacia(Decapoda, Brachyura, Bythograeidae) », Invertebrate Reproduction & Development, vol. 34, no 1,‎ , p. 13–23 (ISSN 0792-4259 et 2157-0272, DOI 10.1080/07924259.1998.9652349, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en) Vincent Leignel, Marie Cibois, Brigitte Moreau et BenoĂźt ChĂ©nais, « Identification of new subgroup of HSP70 in Bythograeidae (hydrothermal crabs) and Xanthidae », Gene, vol. 396, no 1,‎ , p. 84–92 (DOI 10.1016/j.gene.2007.02.025, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. World Register of Marine Species, consulté le 24 juin 2016
  10. Charles F. Phleger, Matthew M. Nelson, Ami K. Groce et S. Craig Cary, « Lipid composition of deep-sea hydrothermal vent tubeworm Riftia pachyptila, crabs Munidopsis subsquamosa and Bythograea thermydron, mussels Bathymodiolus sp. and limpets Lepetodrilus spp. », Comparative Biochemistry and Physiology Part B: Biochemistry and Molecular Biology, vol. 141, no 2,‎ , p. 196–210 (ISSN 1096-4959, DOI 10.1016/j.cbpc.2005.03.001, lire en ligne, consultĂ© le )
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.