Blast (web TV)
Blast est un site d'information indĂ©pendant, ainsi qu'une web TV lancĂ©e par le journaliste d'investigation Denis Robert sous la forme d'une sociĂ©tĂ© coopĂ©rative d'intĂ©rĂȘt collectif et financĂ©e par le biais du financement participatif.
Le souffle de l'info |
Fondation |
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Type | |
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Forme juridique |
SociĂ©tĂ© coopĂ©rative d'intĂ©rĂȘt collectif (SCIC) |
Domaine d'activité |
Ădition de journaux |
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Fondateurs | |
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Site web |
SIREN | |
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SIRET | |
TVA européenne |
FR64892496597 |
Histoire
Blast est fondé le à Paris[1] à l'initiative de Denis Robert, écarté de la direction de la rédaction de Le Média[2]. Parmi ses fondateurs figurent plusieurs personnalités, comme Sabrina Ali Benali, Elise Van Beneden (présidente depuis 2020 d'Anticor), Pablo Servigne, David Dufresne, Bruno Gaccio, Gaspard Glanz, Gaël Giraud, Olivier Kautz, Florent Massot, Paloma Moritz, Alexis Poulin, Maxime Renahy et Salomé Saqué[3].
Le média se présente comme un « média libre et indépendant » se définissant en réaction « contre l'autoritarisme » et « les violations des libertés »[4]. Il traite les thématiques de la politique, de l'écologie, l'investigation, de la géopolitique, de l'économie, de la santé, de la justice, des luttes sociales, de la culture, à travers des reportages, des lives, des chroniques, des émissions de débats, des entretiens, des conférences, des articles de fond et des formations[5].
Blast lance en fĂ©vrier 2021 une campagne de financement, Ă une pĂ©riode oĂč le journal La Croix publie son 34e baromĂštre mĂ©dia, faisant Ă©tat du plus bas niveau historique de l'intĂ©rĂȘt de la population française pour l'information[1]. AprĂšs 23 jours, 5 400 contributeurs permettent de collecter plus de 500 000 âŹ[3]. Un mois aprĂšs le dĂ©but de la campagne, 620 000 ⏠sont rĂ©coltĂ©s auprĂšs de 6 500 contributeurs, sur les 100 000 ⏠initialement attendus[6]. Cette collecte permet l'embauche de 12 salariĂ©s. Le , la somme totale rĂ©coltĂ©e est de 802 367 âŹ, apportĂ©s par 8 542 donateurs[7]. Fin mars, la somme est de 923 031 euros. Pour LibĂ©ration, cette somme est « apparemment modeste pour le lancement dâun site dâinfo, mais record pour une telle initiative »[8].
Investigation télévisée
Blast publie sur sa plate-forme une grande enquĂȘte du mĂ©dia Off-investigation fondĂ© Ă la fin de l'annĂ©e 2021 par le journaliste d'investigation, Jean-Baptiste Rivoire, ex-rĂ©dacteur en chef adjoint de l'Ă©mission « SpĂ©cial Investigation » de Canal+[9], aprĂšs les conflits avec le milliardaire Vincent BollorĂ© qui ont entraĂźnĂ© son dĂ©part de Canal+. Off-investigation se prĂ©sente comme « indĂ©pendant »[10].
Les deux journalistes d'investigation se sont associĂ©s pour la diffusion sur Blast de la sĂ©rie « Emmanuel, un homme d'affaires Ă l'ĂlysĂ©e »[11], premiĂšre sĂ©rie d'investigation indĂ©pendante en 9 Ă©pisodes de 26 minutes sur la prĂ©sidence de la RĂ©publique française et « les parts dâombre d'Emmanuel Macron et de son action »[11] - [12], en particulier dans le domaine des « conflits d'intĂ©rĂȘts » et « financement par des lobbies privĂ©s »[11] - [12]. Plusieurs chaĂźnes de tĂ©lĂ©visions ayant refusĂ© les propositions d'enquĂȘtes sur le quinquennat d'Emmanuel Macron, le journaliste Jean-Baptiste Rivoire a choisi de lancer Off-investigation avec une Ă©quipe de journalistes[13]. La crĂ©ation de ce mĂ©dia repose sur une campagne de financement participatif. Dans un interview Ă RFI, Rivoire Ă©voque « les pressions que lâexĂ©cutif et les oligarques exercent sur les mĂ©dias dans lâHexagone »[13].
Le premier Ă©pisode de la sĂ©rie est consacrĂ© aux liens entre le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâĂlysĂ©e Alexis Kohler et la sociĂ©tĂ© Mediterranean Shipping Company (MSC), numĂ©ro 2 mondial du fret maritime[14].
Sans ĂȘtre dans les vidĂ©os les plus visionnĂ©es sur YouTube, l'Ă©pisode rĂ©alise un bon dĂ©marrage pour un format investigation avec 0,6 million de vues en trois jours[15] puis dĂ©passe 1,1 million de vues[13].
Polémiques et procÚs
Plainte en diffamation de Bernard-Henri LĂ©vy
Le , Bernard-Henri LĂ©vy (BHL) poursuit pour diffamation le mĂ©dia Blast devant la 17e chambre du tribunal de Paris et demande 100 000 euros de dommage et intĂ©rĂȘts, pour un article de Blast affirmant que l'Ă©mir du Qatar Hamad ben Khalifa Al Thani aurait demandĂ© Ă ses services de procĂ©der Ă un virement de 9,1 millions d'euros Ă BHL en 2011. Selon BHL, le document-preuve est un faux[16] - [17] - [18]. Le , au motif qu'« il sâagit dâune dĂ©duction, voire dâun procĂšs dâintention, dont la pertinence peut ĂȘtre librement dĂ©battue, mais dont la vĂ©ritĂ© est impossible Ă prouver. Il nâappartient en effet pas au tribunal de se prononcer sur la pertinence des opinions, mĂȘme si elles peuvent lĂ©gitimement heurter, et le passage ne prĂ©sentant pas un caractĂšre diffamatoire », le tribunal dĂ©boute BHL de ses demandes et le condamne Ă verser 3 000 euros Ă Blast au titre de l'article 700 du code de procĂ©dure civile. BHL fait appel de ce jugement[19] - [20] - [21] mais perd Ă nouveau son procĂšs, la cour d'appel estimant que lâenquĂȘte de Blast est diffamatoire (dans le sens oĂč elle porte atteinte Ă lâhonneur du plaignant) mais possĂšde une « base factuelle suffisante »[22].
Liens financiers avec Anticor
En , au moment de sa campagne de financement participatif, l'un des cofondateurs, ancien financier et ancien informateur de la DGSE, Maxime Renahy, quitte Blast et lance une polémique autour de son financement, en partie par l'homme d'affaires Hervé Vinciguerra ayant également financé l'association de lutte contre la corruption et la fraude fiscale Anticor et soutien d'Arnaud Montebourg[7] - [23] - [24].
Conflit syrien : accusation de complotisme
En novembre 2021, un article de Blast affirme que la guerre en Syrie aurait Ă©tĂ© « programmĂ©e » par le Qatar et la France, sur la base d'un document confidentiel. Conspiracy Watch juge ce document « douteux » et affirme qu'il a circulĂ© sur internet 10 ans auparavant. Conspiracy Watch allĂšgue aussi que l'article de Blast contient « beaucoup dâincohĂ©rences et un brin de conspirationnisme ». Le document, source de cette affaire, relate une rĂ©union secrĂšte qui aurait eu lieu en 2011 entre Bernard-Henri LĂ©vy et le Premier ministre qatari Hamad ben Jassem Al Thani. Dans un compte rendu qui amĂšne au dossier syrien, BHL y est prĂ©sentĂ© comme « conseiller et envoyĂ© spĂ©cial de son Excellence le prĂ©sident Français Nicolas Sarkozy ». Elie Guckert, journaliste et membre du collectif citoyen Syrie Factuel, et Rudy Reichstadt, de Conspiracy Watch, arguent que le document ne semble pas authentifiĂ©, que la date (Ă©crite en arabe sur le document) donnĂ©e par Blast est erronĂ©e, et que la rhĂ©torique de l'article de Blast est complotiste, affirmant que Bernard Henry-LĂ©vy aurait jouĂ© un rĂŽle de manipulation pour fomenter une guerre alors mĂȘme que de nombreux Ă©vĂ©nements se sont dĂ©roulĂ©s avant mĂȘme la date de la rĂ©union Ă©voquĂ©e dans le document, et gommant les motifs lĂ©gitimes de manifestation des Syriens[25] - [26] - [27]. Un droit de rĂ©ponse a Ă©tĂ© adressĂ© par Blast Ă Conspiracy Watch[28].
Licenciement de Serge Faubert
Fin , un litige oppose Serge Faubert et sa direction concernant un sujet sur Taha Bouhafs. Serge Faubert propose de revenir sur d'anciennes polĂ©miques le concernant, prĂ©cĂ©dant celles de harcĂšlement sexuel. La rĂ©dactrice en chef, Soumaya BenaĂŻssa, dĂ©clare : « Son sujet me posait problĂšme, parce quâil manquait dâĂ©lĂ©ments. Je lui ai dit quâon gardait lâinformation, mais quâil devait la documenter ». Serge Faubert propose alors une autre version de son Ă©mission oĂč les parties considĂ©rĂ©es litigieuses sont coupĂ©es de moitiĂ©, et reçoit alors un SMS tardif de Denis Robert lui reprochant un jugement sur Taha Bouhafs â sur son « communautarisme et/ou son islamo-gauchisme » â contrevenant aux valeurs de Blast. Serge Faubert est alors persuadĂ© d'avoir Ă©tĂ© censurĂ©. Il envoie un courriel Ă ses collĂšgues faisant part de son dĂ©saccord et d'une proposition de crĂ©ation d'une sociĂ©tĂ© de journalistes servant de mĂ©diateur dans ce genre de cas. Il est alors convoquĂ© pour un entretien prĂ©alable Ă un licenciement et reçoit ensuite une notification de licenciement pour cause rĂ©elle et sĂ©rieuse de six pages. Denis Robert dĂ©clare au Monde : « Je ne voulais pas le virer. Mais il m'a envoyĂ© son avocat. » Denis Robert dĂ©ment toute censure, arguant d'une critique dâordre journalistique. Plus tard, Denis Robert twitte : « Dans cette histoire, deux bonnes nouvelles : Blast se sĂ©pare d'un Ă©lĂ©ment qui crĂ©ait des tensions permanentes (âŠ) et cette querelle picrocholine crĂ©e un nouveau mĂ©dia. »[29] - [30].
à la suite des accusations portées par Serge Faubert contre son ancienne rédaction, vingt journalistes de Blast défendent la ligne éditoriale, la liberté et l'indépendance du média[31].
Accusations de maltraitance managériale
Une enquĂȘte en deux volets publiĂ©e par ArrĂȘt sur images en juin 2023 dĂ©crit des pratiques de management brutales, voire toxiques, de Denis Robert et de son entourage, en particulier du directeur des programmes Mathias Enthoven. Une quinzaine de membres de l'Ă©quipe tĂ©moignent en ce sens. Les difficultĂ©s internes ont notamment conduit au licenciement du producteur Thomas Bornot, ce dernier Ă©tant entrĂ© en dĂ©pression, et la mĂ©decine du travail est intervenue en 2022.
La direction de Blast, cependant, conteste ou minimise les faits[32].
Notes et références
- MaĂŻwenn Bordron, « Denis Robert lance une nouvelle webTV : "Il y a une nĂ©cessitĂ© vitale d'information aujourdâhui" » , sur France Culture, (consultĂ© le ).
- Ariane Chemin, « Le Média veut démettre Denis Robert de ses fonctions de directeur de la rédaction » , sur Le Monde, (consulté le )
- Anne-Laure Chery, « Plus de 500.000 euros déjà récoltés pour le nouveau média indépendant lancé par Denis Robert » , sur France 3 Grand Est, (consulté le )
- « Lancement de Blast, le média libre et indépendant lancé par Denis Robert » , sur Alternative Révolutionnaire Communiste, (consulté le ).
- Thomas Moysan, « Lancement du média Blast par Denis Robert » , sur CB News, (consulté le )
- Thibaud Le Meneec, « Blast, le nouveau site qui veut prendre le contrepied des "médias mainstream" » , sur Europe 1, (consulté le ).
- Erwan Seznec, « Le donateur dâAnticor a aussi donnĂ© Ă Blast et soutient Arnaud Montebourg » , sur Causeur, (consultĂ© le )
- Adrien Franque, « «Blast», contre-média ou média des contres ? » , sur liberation.fr, (consulté le ).
- « Jean-Baptiste Rivoire lance son média Off Investigation », sur www.strategies.fr, (consulté le )
- Virginie Roussel, « Jean-Baptiste Rivoire résiste à Vincent Bolloré » , sur La Libre Belgique, (consulté le )
- Richard SĂ©nĂ©joux, « Baptiste Rivoire lance le site Off Investigation : âSur Internet, il manque de vraies enquĂȘtes filmĂ©esâ » , sur TĂ©lĂ©rama, (consultĂ© le )
- « Jean-Baptiste Rivoire : « BollorĂ© a supprimĂ© les enquĂȘtes Ă Canal+ et Delphine Ernotte a crĂ©Ă© un guichet unique pour les documentaires » », sur L'Obs, (consultĂ© le )
- Steven Jambot et Simon Decreuze, « Off-investigation: l'enquĂȘte vidĂ©o pour conviction, Macron en ligne de mire » , sur Radio France internationale, (consultĂ© le )
- Sophie Roselli, « En poste à GenÚve, il est pressenti pour rejoindre Macron à l'Elysée » , sur Tribune de GenÚve, (consulté le )
- Blast, « Affaire Kohler : Le scandale qui menace Macron » , sur Youtube, (consulté le )
- « Justice : BHL traßne Blast devant les tribunaux » , sur Politis, (consulté le )
- Alain LĂ©authier, « Blast vs BHL, Carla Bruni et Platini : "Notre enquĂȘte met en lumiĂšre la politique du chĂšque du Qatar" » , sur Marianne, (consultĂ© le )
- Paul Aveline, « Blast contre BHL : au tribunal, le secret des sources en question - Par Paul Aveline | ArrĂȘt sur images » , sur Arret sur images, (consultĂ© le )
- Tribunal judiciaire de Paris 17ᔠChambre Presse-civile, « Jugement rendu le 22 septembre 2021 » , sur Blast, (consulté le )
- Rémi Dupré, « Bernard-Henri Lévy débouté dans son procÚs en diffamation contre le journaliste Denis Robert » , sur Le Monde, (consulté le )
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- Yann Philippin, « Blast, BHL et le Qatar : ce quâa dit la justice » , sur Mediapart, (consultĂ© le )
- Adrien Franque, « Polémique autour du financement de «Blast», le nouveau média de Denis Robert » , sur Libération, (consulté le )
- Paul Aveline, « PremiĂšre crise pour Blast, le mĂ©dia de Denis Robert - Par Paul Aveline | ArrĂȘt sur images » , sur ArrĂȘt sur images, (consultĂ© le )
- « Conspiracy News #46.2021 » , sur Conspiracy Watch, (consulté le )
- (en) Syrie Factuel, « BHL, le Qatar et la Syrie : les grosses « ficelles » de Blast » , sur Medium, (consulté le )
- Conspiracy Watch, « Les DĂ©conspirateurs â lâĂ©mission #04 » , sur YouTube, (consultĂ© le )
- « Qatar connection : Une réponse de droit » , sur Blast, (consulté le )
- Aude Dassonville, « Un journaliste licenciĂ© de « Blast » prĂ©tend avoir Ă©tĂ© victime dâune censure », Le Monde,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- « Viré de Blast ! (mais ça ne fait rien, je continue) » (consulté le )
- « DĂ©claration des journalistes de Blast, le souffle de lâinfo » , sur Blast, (consultĂ© le )
- AlizĂ©e Vincent, « Blast, oĂč l'on souffre de l'info », sur ArrĂȘt sur images, (consultĂ© le ).