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Bataille de Peleliu

La bataille de Peleliu, nom de code opération Stalemate II (« Impasse » en français), s'est déroulée durant la Seconde Guerre mondiale entre les États-Unis et le Japon dans le Pacifique entre et sur l'île de Peleliu dans l'archipel des Palaos.

Bataille de Peleliu
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la bataille de Peleliu.
Informations générales
Date au
Lieu ĂŽle de Peleliu
Issue Victoire américaine
Commandants
Roy Geiger
William H. Rupertus
Kunio Nakagawa
Forces en présence
III Amphibious Corps :
* 1re division des Marines
* 81e division d'infanterie
soit 28 000 hommes
11 000 hommes
Pertes
1 794 morts
8 010 blessĂ©s
10 695 morts
202 prisonniers

Seconde Guerre mondiale - Guerre du Pacifique

Batailles

Campagne des îles Mariannes et Palaos



Batailles et opérations de la guerre du Pacifique

Japon :

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Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Théâtre américain

CoordonnĂ©es 7° 01′ nord, 134° 15′ est

Les forces américaines, constituées à l'origine de la seule 1re division de Marines, plus tard renforcée par la 81e division d'infanterie de l'armée, se sont battues pour cette petite île de corail et son terrain d'aviation. Le général américain William H. Rupertus, le commandant de 1re division de Marines, avait prévu que l'île serait sécurisée en quatre jours, mais en raison de fortifications bien installées et de la forte résistance japonaise, les combats ont duré plus de deux mois. Cette bataille est sûrement la plus controversée de la guerre, en raison de la valeur stratégique douteuse de l'île et du grand nombre de morts. En effet, après la victoire américaine décisive dans la bataille de la mer des Philippines, l'amiral William Halsey estimait que l'aviation japonaise ne représentait plus une menace aussi sérieuse et l'objectif de Peleliu apparaissait donc moins stratégique.

Proportionnellement au nombre d'hommes impliqués, Peleliu a été après Iwo Jima la seconde bataille la plus meurtrière de la guerre du Pacifique pour les Américains, un tiers de ceux y étant engagés ayant été soit tués soit blessés ; en ne prenant en compte que les unités et bataillons d'infanterie de combat le taux de pertes sur l'île atteignit près de 65 %. Plus de 97 % des défenseurs japonais périrent de leur côté. Les deux armées se sont mutuellement annihilées dans une bataille d'attrition où la sauvagerie des deux camps et l’âpreté des combats, ont été jugées comme inégalées après-guerre par les vétérans des affrontements précédents et des suivants contre l'Empire nippon (politique d'absence de prise de prisonniers encore plus prononcée que lors de la plupart des autres batailles du Pacifique, prise de trophées et souvenirs de guerre à base de parties de corps humains, mutilation des cadavres, torture…).

Après la fin de la bataille, quelques escarmouches ont continué à éclater sporadiquement. Le dernier groupe de soldats japonais, constitué de 26 hommes, ne s'est rendu aux troupes américaines stationnées sur place que le , soit près de deux ans et demi après la fin de la conquête de l'île.

Contexte

Durant l'été 1944, les victoires dans le Sud-Ouest et le Centre du Pacifique ont amené la guerre assez près du Japon pour permettre aux bombardiers américains de frapper le territoire japonais lui-même. Mais il y avait désaccord entre les deux stratégies proposées pour écraser l'empire du Japon. La stratégie de MacArthur était de reconquérir les Philippines, pour pouvoir se lancer ensuite à la conquête de l'archipel japonais. La stratégie de l'amiral Nimitz passait quant à elle par une reconquête méthodique des îles du Pacifique afin de pouvoir ensuite conquérir les îles du Japon les plus au sud.

Ces deux stratĂ©gies incluaient la conquĂŞte de l'archipel des Palaos, notamment des Ă®les d'Angaur et de Peleliu, et la 1re division de Marines avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© choisie pour l'assaut sur Peleliu. Peleliu est une petite Ă®le de treize kilomètres carrĂ©s Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord-est de l'archipel de Palau, Ă  900 km Ă  l'est de Mindanao aux Philippines. Les deux commandants voulaient neutraliser une menace aĂ©rienne japonaise et construire leur propre terrain d'aviation. La nĂ©cessitĂ© d'une telle bataille a souvent Ă©tĂ© remise en question, mĂŞme avant le dĂ©but de celle-ci, et elle a Ă©tĂ© plus tard considĂ©rĂ©e comme inutile.

Préparatifs

Préparatifs japonais

Pendant l'Ă©tĂ© 1944, l'archipel des Palaos est dĂ©fendu par environ 30 000 Japonais, avec environ 11 000 hommes Ă  Peleliu, constituĂ©s de la 14e division d'infanterie ainsi que de travailleurs corĂ©ens et d'Okinawa. Le colonel Kunio Nakagawa (en), commandant du 2e rĂ©giment de la division, dirige l'amĂ©nagement des dĂ©fenses de l'Ă®le.

Après la perte des îles Salomon, Marshall, Mariannes et Gilbert, l’armée impériale japonaise a mis sur pied une équipe de recherche chargée de mettre au point de nouvelles techniques de défense des îles. Avec l’assentiment du quartier-général impérial, le colonel Kunio Nakagawa choisit d’abandonner la stratégie de défenses sur les plages, ainsi que les contre-attaques suicides pour adopter la guerre d’usure (fukkaku).

Les débarquements ne seraient plus perturbés que par des positions fortifiées, et des contre-attaques coordonnées. Nakagawa concentre le gros des défenses à l’intérieur des terres, en utilisant au mieux la topographie du terrain accidenté de l’île, et en construisant un système de bunkers, de positions souterraines et de grottes fortifiées.

Fortifications japonaises.

La majoritĂ© des dĂ©fenses de Nakagawa fut concentrĂ©e sur le point le plus Ă©levĂ© de l'Ă®le, les monts Umurbrogol (dominĂ©s par le rois Kar), ainsi que sur plusieurs collines et crĂŞtes escarpĂ©es. SituĂ© au centre de Peleliu, le mont Umurbrogol dominait une large partie de l’île, y compris le stratĂ©gique terrain d'aviation. Cette montagne comprenait quelque 500 grottes calcaires, connectĂ©es entre elles par des tunnels. Beaucoup Ă©taient d'anciennes galeries de mine qui furent transformĂ©es en positions dĂ©fensives. Les ingĂ©nieurs y ajoutèrent des portes coulissantes blindĂ©es en acier, munies de multiples ouvertures permettant de tirer avec des mitrailleuses, voire avec de l'artillerie. Les Japonais creusèrent et installèrent, en plus, diverses positions dans le mont Umurbrogol, armĂ©es de mortiers de 81 mm et de 151 mm, de canons de 20 mm, et soutenues par des blindĂ©s lĂ©gers et des dĂ©tachements anti-aĂ©riens. Les entrĂ©es des grottes Ă©taient construites de manière Ă  rĂ©sister aux grenades et aux lance-flammes. Toutes ces grottes et ces bunkers Ă©taient reliĂ©s entre eux, par un vaste système de tunnels s'Ă©tendant dans tout le centre de Peleliu, permettant aux Japonais de reculer et de rĂ©occuper les positions au grĂ© des besoins, tirant ainsi le meilleur parti de toutes ces positions.

Sur les plages, les Japonais utilisèrent, lĂ  aussi, le terrain Ă  leur avantage. Le nord des plages de dĂ©barquement Ă©tait situĂ© en face d'un promontoire en corail de 9 mètres, qui avait une vue sur les plages Ă  partir d'une petite pĂ©ninsule, un endroit appelĂ© plus tard « le Point » par les AmĂ©ricains. Des trous furent creusĂ©s dans l'arĂŞte pour y installer un canon de 47 mm, et 6 canons de 20 mm. Ces positions Ă©taient fermĂ©es hermĂ©tiquement, laissant juste une meurtrière permettant de faire feu sur les plages. Des positions similaires Ă©taient disposĂ©es le long des km de plages. Les Japonais couvrirent les plages de centaines d'obstacles contre les pĂ©niches de dĂ©barquement, principalement des mines, de mĂŞme qu'un grand nombre d'obstacles lourds pouvant parfois exploser s'ils Ă©taient renversĂ©s. Un bataillon fut placĂ© le long des plages pour les dĂ©fendre contre les dĂ©barquements, mĂŞme si les dĂ©fenses sur les plages n'avaient pour but que de retarder l'avance amĂ©ricaine.

Préparatifs américains

DĂ©signation Commandant Effectifs
Flotte du Pacifique Amiral Chester Nimitz
3e Flotte Amiral William F. Halsey
TF 31 Joint Expeditionary Force Vice-amiral Theodore S. Wilkinson
TF 32 Western Attack Force Contre-amiral Fort
TF 32.1 Peliliu Attack Group Commodore Loud
TF 36 Expeditionary Troops Général Holland Smith Troupes débarquées
TF 36.1 Western Landing Group Général Roy Geiger III Amphibious Corps, commandement au combat
TF 36.1.1 Peliliu Landing Force Général Rupertus 1re division des Marines

À l'inverse des Japonais qui avaient radicalement changé de tactique, le plan d'invasion américain était similaire aux débarquements précédents déjà effectués dans le Pacifique. Ils choisirent de débarquer sur les plages du sud-ouest, à cause de la proximité du terrain d'aviation. Le 1er régiment de Marines, commandé par Chesty Puller, avait pour mission de débarquer au nord des plages choisies, le 5e régiment de Marines, commandé par Harold « Bucky » Harris (en), devrait débarquer au centre, et le 7e régiment, commandé par Herman Hanneken, débarquerait au sud. Un régiment d'artillerie, le 1er régiment d’artillerie de l’USMC, débarquerait après les régiments d'infanterie. La mission des 1er et 7e régiments était de garder les flancs du 5e régiment pour lui permettre de s’emparer du terrain d'aviation. Le 5e régiment devait ensuite pousser jusqu'à la rive est pour couper l'île en deux. Le 1er régiment devrait alors avancer au nord jusqu'au mont Umurbrogol, tandis que le 7e régiment nettoierait le Sud de l'île. Seul un bataillon était en réserve, et la 81e division d'infanterie pouvant venir en soutien depuis Angaur, une île au sud de Peleliu.

Une première vague de chalands américains se dirige vers la plage de débarquement le , alors que les navires bombardent le secteur en appui.

Le , les Marines embarquèrent Ă  Pavuvu, au nord de Guadalcanal, pour une traversĂ©e de 3 400 km Ă  travers le Pacifique jusqu'Ă  Peleliu. Des Ă©quipes spĂ©cialisĂ©es de la marine, les UDT (Underwater Demolition Team, Ă©quipes de dĂ©molition sous-marine), commencèrent Ă  nettoyer les plages de leurs obstacles, tandis que les navires de la marine commençaient Ă  bombarder Peleliu le .

Les cuirassĂ©s Pennsylvania, Maryland, Mississippi, Tennessee et Idaho, les croiseurs lourds Columbus, Indianapolis, Louisville, Minneapolis et Portland, les croiseurs lĂ©gers Cleveland, Denver et Honolulu, 3 porte-avions, et 5 porte-avions lĂ©ger lancèrent 519 obus de 406 mm, 1 845 obus de 356 mm, 896 750 kg de bombes, et tirèrent environ 75 000 cartouches de calibre 12,7 mm sur la minuscule Ă®le de 13 km2. Les bombardements furent tels que le contre-amiral Jesse B. Oldendorf devait mĂŞme dĂ©clarer la veille du jour-J : « Nous n’avons plus de cibles ».

Les Américains crurent les bombardements efficaces, comme le contre-amiral Jesse B. Oldendorf qui déclara que la marine avait atteint ses objectifs. En réalité, la majorité des positions japonaises étaient intactes. Même le bataillon laissé pour défendre les plages était pratiquement indemne. Durant cette phase, les défenseurs de l'île firent feu avec parcimonie, afin d'éviter de révéler leurs positions. Le bombardement réussit seulement à détruire le terrain d'aviation japonais sur l'île, ainsi que les bâtiments entourant le terrain. Les Japonais restèrent dans leurs positions fortifiées, prêts à attaquer les troupes qui n'allaient pas tarder à débarquer.

La bataille

Le débarquement

Les Marines dĂ©barquèrent Ă  8 h 32 le , le 1er rĂ©giment de Marines au nord sur « White Beach », et les 5e et 7e rĂ©giments respectivement au centre et au sud sur « Orange Beach ». Durant l'approche des pĂ©niches de dĂ©barquement, les Japonais ouvrirent le feu avec des munitions anti-navires de 47 mm et des canons de 20 mm. Ă€ 9 h 30, les Japonais avaient coulĂ© 60 vĂ©hicules amphibies LVT et DUKW.

Des Marines s'apprĂŞtent Ă  poser pied sur la plage.

Le 1er rĂ©giment fut rapidement bloquĂ© par un feu nourri venant du « Point ». Le commandant Chesty Puller Ă©chappa lui-mĂŞme de peu Ă  la mort quand un obus s'Ă©crasa sur son vĂ©hicule LVT. Les moyens de communication furent anĂ©antis par un obus de 47 mm. Le 7e rĂ©giment fit lui-mĂŞme face Ă  des problèmes similaires. Beaucoup de leurs LVT furent mis hors d'Ă©tat durant l'approche, laissant leurs occupants s'Ă©chouer sur la barrière de corail, blessĂ©s, tout en Ă©tant fauchĂ©s par les mitrailleuses japonaises. Les pertes humaines Ă©taient terrifiantes et ceux qui rĂ©ussirent Ă  rejoindre la plage vivants avaient perdu leurs fusils et d'autres Ă©quipements essentiels.

Le 5e régiment fit les meilleures avancées ce jour-là, grâce à son éloignement des positions de bombardement japonaises. Ses hommes poursuivirent en direction du terrain d'aviation, mais durent affronter la première contre-attaque de Nakagawa. Sa division blindée traversa le terrain d'aviation pour repousser les Marines, mais fut bientôt assaillie par tous les tanks disponibles, par les bombardements de la marine, ainsi que par les bombardiers en piqué. Les tanks de Nakagawa furent anéantis, avec l'infanterie qui les accompagnait.

Des Marines attendent le moment de l'assaut dans une tranchée sur « Orange Beach ».

Ă€ la fin du Jour-J, les AmĂ©ricains tenaient une bande de km de plage, mais pas beaucoup plus. Leur plus grosse poussĂ©e vers le sud leur avait permis d'avancer d'un kilomètre et demi dans les terres, mais le premier rĂ©giment n'avait pas pu faire de progrès Ă  cause de l'action retardatrice du « Point ». Les Marines dĂ©plorèrent 1 100 victimes, avec environ 200 morts, et 900 blessĂ©s. Rupertus, toujours ignorant du changement de tactique japonais, avait cru que ceux-ci s'effondreraient une fois leur pĂ©rimètre de dĂ©fense percĂ©.

Le terrain d'aviation et le Sud de Peleliu

À J+1, le 5e régiment de Marines se mit en marche pour prendre le contrôle de l’aérodrome, et atteindre le rivage est. Ses hommes avancèrent rapidement à travers le terrain d'aviation sous d'intenses bombardements tirés depuis les hauteurs du Nord de l'île, essuyant de lourdes pertes dans ce mouvement. Après la conquête du terrain d'aviation, ils s'avancèrent rapidement jusqu'à la partie orientale de Peleliu, laissant les défenseurs du Sud de l'île être anéantis par le 7e régiment. Cette partie de l'île fut fortement défendue par les Japonais qui y occupaient encore de nombreux fortins. La température ambiante atteignait 46 °C, et les Marines eurent bientôt à déplorer des pertes dues à la déshydratation. Pour compliquer les choses, le seul approvisionnement en eau disponible fut contaminé par du pétrole. À J+8, les 5e et 7e régiments de Marines avaient rempli leurs objectifs, occupant le terrain d'aviation et la partie sud de l'île.

Deux Marines Ă  Peleliu.

S’étant rapidement emparés de l’aérodrome, les forces américaines l'utilisèrent dès le troisième jour de la bataille. Des avions de reconnaissance L-3 Grasshopper débutèrent des missions de pointage pour l'artillerie des Marines, et l'artillerie navale. Le (J+11), des F4U Corsair étaient basés sur l'aérodrome. Les Corsair commencèrent des missions de bombardement en piqué sur Peleliu, et amenèrent aussi deux armes très utiles pour combattre les fortifications japonaises : des roquettes d'une part, afin de faire sauter l'entrée des grottes pour l'infanterie, et le napalm d'autre part. Ce dernier, utilisé pour la seconde fois dans le Pacifique, prouva son utilité en brûlant la végétation autour des défenses et en tuant leurs occupants.

Le « Point »

Les fortifications du « Point » continuaient Ă  causer de lourdes pertes sur les plages de dĂ©barquement. Puller donna l'ordre au capitaine George Hunt, commandant la compagnie K du 3e bataillon du 1er Marines, de prendre la position. La compagnie s'approcha du Point Ă  court d'approvisionnement, ayant perdu la plupart de ses mitrailleuses en approchant par la plage. Un des pelotons de Hunt fut stoppĂ© durant une journĂ©e entière. Le reste de la compagnie fut lui aussi en grand danger lorsque le flanc droit de la compagnie fut isolĂ©. Mais bientĂ´t, un peloton commença Ă  enlever des positions japonaises une par une. En se dissimulant Ă  l'aide de grenades fumigènes, ils prirent d'assaut chaque position, la dĂ©truisant Ă  la grenade et au fusil. Après avoir dĂ©truit six positions de mitrailleuses, les Marines firent face Ă  une grotte armĂ©e d'un canon de 47 mm. Un lieutenant aveugla la caverne avec une grenade fumigène, permettant Ă  un caporal de lancer une grenade Ă  l'intĂ©rieur. Les occupants furent forcĂ©s de sortir, et ils furent tous abattus.

Des Marines observent leurs compagnons lancer des grenades dans un abri japonais Ă  la fin de septembre.

La compagnie K avait capturé le « Point », mais Nakagawa lança contre-attaque après contre-attaque pour reconquérir le terrain. Les 30 heures suivantes virent se succéder quatre contre-attaques majeures contre une seule compagnie, dangereusement à court d'approvisionnement et d'eau. Les Marines se battirent bientôt au corps à corps pour repousser les défenseurs japonais. Avant l'arrivée des renforts, la compagnie fut réduite à 18 hommes valides, déplorant 157 pertes dans la bataille pour le « Point ».

L'île Ngesebus

Des Marines passent devant des cadavres nippons alors qu'ils avancent plus profondément sur l'île.

Le 5e Marines, après avoir conquis l'aĂ©rodrome, fut envoyĂ© pour prendre l'Ă®le Ngesebus, au nord de Peleliu. Ngesebus Ă©tait occupĂ© par plusieurs positions d'artillerie japonaises, et accueillait un aĂ©rodrome encore en construction. L'Ă®lot Ă©tait connectĂ© Ă  Peleliu par une petite chaussĂ©e, mais le commandant Bucky Harris dirigeant le 5e Marines opta plutĂ´t pour un dĂ©barquement amphibie de rive Ă  rive, prĂ©voyant que la chaussĂ©e serait un objectif trop Ă©vident pour les dĂ©fenseurs de l'Ă®le. Harris coordonna lui-mĂŞme le bombardement de prĂ©-dĂ©barquement le , fait par les canons de 150 mm de l'armĂ©e, par l'artillerie navale, par les obusiers du 11e Marines ainsi que par des attaques aĂ©riennes et des tirs de canon de 75 mm depuis les vĂ©hicules amphibies Landing Vehicle Tracked (LVT) qui approchaient de l'Ă®le. Ă€ l'inverse des bombardements sur Peleliu, les bombardements de Ngesebus furent eux, très efficaces, neutralisant la majoritĂ© des dĂ©fenseurs japonais. Les Marines durent tout de mĂŞme faire face Ă  une certaine opposition sur les crĂŞtes et dans les grottes, mais l'Ă®le tomba rapidement, avec des pertes minimales pour le 5e Marines. Il y eut seulement Ă  dĂ©plorer 15 tuĂ©s et 33 blessĂ©s, contre 470 pertes pour les Japonais.

L'arĂŞte du Nez sanglant

Après avoir neutralisé le « Point », le 1er régiment de Marines fit mouvement au nord pour attaquer la poche d'Umurbrogol, bientôt nommée « Nez sanglant » par les Marines. Puller emmena ses hommes dans de nombreux assauts, mais chaque attaque était rapidement repoussée par les Japonais. Le 1er Marines fut piégé dans des chemins étroits entre les crêtes montagneuses, chacune fortifiée de manière à pouvoir soutenir les autres et prenant les assaillants dans des feux croisés. Les Marines subirent de plus en plus de pertes, et avancèrent très lentement à travers les crêtes. Les Japonais, là encore, firent preuve de retenue dans leur feu, ne tirant que s’ils étaient certains d'infliger de grandes pertes. Pour infliger de plus grands dommages, les snipers japonais commençaient à tirer sur les brancardiers, sachant que si ceux-ci étaient touchés, d'autres viendraient les secourir et seraient eux aussi pris pour cible. À la place des charges suicides, les Japonais s'infiltraient au cœur des lignes américaines pour attaquer les Marines dans leurs refuges.

Un F4U Corsair bombarde le mont Umurbrogol dans lequel ont été creusées des casemates shōwa.

Une bataille particulièrement sanglante eut lieu quand le premier bataillon du 1er Marines, sous le commandement du major Raymond Davis, attaqua la colline 100. Après six jours de combat, le bataillon déplorait 71 % de pertes. Le capitaine Everett Pope (en) et sa compagnie pénétrèrent profondément dans les crêtes, avec ses 90 hommes restants pour s'emparer de ce qu'il croyait être la « colline 100 ». Il fallut toute une journée de combats sanglants pour parvenir à ce que Pope croyait en être la crête mais il se retrouva à la base d'une autre crête, occupée par encore plus de défenseurs japonais. Coincés à la base de cette crête, Pope et ses soldats créèrent un petit périmètre de défense, qui fut attaqué sans relâche par les Japonais pendant la nuit. Les Américains manquèrent rapidement de munitions et durent lutter contre les attaquants au corps à corps, voire en jetant des coraux et des caisses de munitions vides sur les Japonais. Pope et ses hommes réussirent à tenir jusqu'à l'aube. Après avoir évacué le poste, il ne restait plus que 9 hommes valides au sein de la compagnie. Le capitaine Pope reçut la médaille d'honneur pour ces actions.

Finalement, les Japonais infligèrent 60 % de pertes au 1er rĂ©giment de Marines de Puller, qui perdit 1 749 hommes sur environ 3 000. Après six jours de combats meurtriers sur le mont Umurbrogol, le gĂ©nĂ©ral Roy Geiger, commandant le III Amphibious Corps, envoya des Ă©lĂ©ments de la 81e division d'infanterie Ă  Peleliu pour relever le rĂ©giment. Le 321e rĂ©giment de combat dĂ©barqua sur les plages ouest de Peleliu, au nord du mont Umurbrogol, le . Le 321e rĂ©giment et le 5e et 7e Marines attaquèrent successivement le mont Umurbrogol, dĂ©plorant chacun des pertes similaires. Ă€ la mi-octobre, les 5e et 7e Marines avaient tous deux perdu environ la moitiĂ© de leurs hommes. Roy Geiger dĂ©cida d’évacuer toute la 1re division de Marines pour la remplacer par des troupes de la 81e division d'infanterie. Le 323e rĂ©giment dĂ©barqua le 15 octobre, et Ă  partir de la troisième semaine d'octobre, la plupart des Marines avaient Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s Ă  Pavuvu. Les troupes de l'armĂ©e terminèrent la bataille contre les Japonais restants sur l'arĂŞte du « Nez sanglant », combattant pendant encore un mois entier avant d'ĂŞtre entièrement maĂ®tres de l'Ă®le. De petits groupes de soldats japonais continuèrent cela dit Ă  mener une guĂ©rilla jusqu'en .

Nakagawa, dans les dernières heures de la bataille, déclara que « Notre épée est cassée et nous avons été à court de lances ». Il brûla alors les couleurs de son régiment et commit seppuku. Il fut promu au grade de général de corps d'armée à titre posthume pour son courage montré sur Peleliu.

Conséquences

Marines à l'hôpital de Guadalcanal après avoir été blessés à la bataille de Peleliu.

La rĂ©duction de la poche japonaise autour du mont Umurbrogol est considĂ©rĂ©e comme le combat le plus difficile que l'armĂ©e amĂ©ricaine ait rencontrĂ© durant toute la Seconde Guerre mondiale. La 1re division de Marines avait subi de telles pertes qu'elle est restĂ©e hors de combat jusqu'Ă  l’invasion d'Okinawa le . Au total, la 1re division dĂ©plora plus de 6 000 pertes durant son mois sur Peleliu, soit plus du tiers de ses effectifs. La 81e division d'infanterie dĂ©plora 3 000 pertes durant son sĂ©jour sur l'Ă®le. Du cĂ´tĂ© japonais, 10 695 soldats furent tuĂ©s et seulement 202 faits prisonniers.

La bataille a été très controversée en raison du manque de valeur stratégique de l'île. L'aérodrome ne fut que très peu utilisé pour la campagne des Philippines, qui était pourtant le but de l'avancée américaine dans le Pacifique Sud. L'île ne fut jamais utilisée comme relais pour de grandes opérations d'invasion. Ce fut l'atoll d’Ulithi, dans l'archipel des Carolines au nord des Palaos, qui fut utilisé comme base relais pour l'invasion d’Okinawa. De plus, l'amiral Halsey argumentait que les Japonais présents dans le secteur des Palaos, ayant subi de très grandes pertes, n'étaient pas en mesure de gêner l'invasion des Philippines. Il a été dit que le seul gain a été l'expérience de combat acquise lors de l'attaque des positions fortifiées de l'île.

Sur les recommandations de l'amiral William F. Halsey, l'occupation prévue des îles de Yap, toujours dans les Palaos, fut annulée. Halsey avait aussi recommandé l'annulation des débarquements sur Peleliu et sur Angaur, afin que Marines et soldats soient plutôt envoyés sur l'île de Leyte. Le débarquement de MacArthur s'y effectua alors que la bataille de Peleliu était encore en cours, démontrant ainsi l'inutilité de l'île pour ce débarquement. Mais la proposition de Halsey fut rejetée par Nimitz, celui-ci pensant que l'île pouvait être conquise très vite et servir d'aérodrome de soutien pour le débarquement aux Philippines.

Le Japon, quant à lui, utilisa des tactiques identiques avec un grand succès à Iwo Jima et Okinawa, infligeant les pires pertes à l'armée américaine de toute la guerre du Pacifique.

Peu de reportages furent faits sur la bataille. À cause de la prédiction de conquête en « trois jours » de Rupertus, seulement six journalistes la suivirent. Aux États-Unis, elle fut largement éclipsée par le retour de MacArthur aux Philippines et la poussée des Alliés à travers la France et la Belgique en Europe.

DĂ©corations

La décoration la plus prestigieuse, la Medal of Honor, a été donnée à huit soldats pour les combats à Peleliu, dont cinq à titre posthume (indiquées par *) :

  • Caporal Lewis K. Bausell*, 1er bataillon 5e Marines
  • Soldat première classe Arthur J. Jackson, 3e bataillon 7e Marines
  • Soldat première classe Richard E. Kraus*, 8e bataillon amphibie
  • Soldat première classe John D. New*, 2e bataillon 7e Marines
  • Soldat première classe Wesley Phelps*, 3e bataillon 7e Marines
  • Capitaine Everett P. Pope, USMC, 1er bataillon 1er Marines
  • Soldat première classe Charles H. Roan*, 2e bataillon 7e Marines
  • Premier lieutenant Carlton R. Rouh, 1er bataillon 5e Marines

Un navire américain, l'USS Peleliu, a été nommé en l'honneur de cette bataille.

Sources

Notes et références

    Bibliographie

    • (en) Joseph H. Alexander, Storm Landings : Epic Amphibious Battles in the Central Pacific, (ISBN 1-55750-032-0).
    • (en) Joseph H. Alexander, The Battle History of the U.S. Marines : A Fellowship of Valor, Harper Perennial, (ISBN 0-06-093109-4), « Heading for the Philippines ».
    • (en) Bobby Blair et John Peter DeCioccio, Victory at Peleliu : the 81st Infantry Division's Pacific Campaign, Norman, University of Oklahoma Press, coll. « Campaigns and commanders » (no 30), , 310 p. (ISBN 978-0-806-14154-1).
    • (en) Harry Gailey, Peleliu : 1944, Nautical & Aviation Pub Co of Amer, (ISBN 0-933852-41-X).
    • (en) James H. Hallas, The Devil's Anvil : The Assault on Peleliu, Praeger Publishers, (ISBN 0-275-94646-0).
    • (en) Samuel Eliot Morison, Leyte: June 1944 - Jan 1945, vol. 12 of History of United States Naval Operations in World War II (en), Little, Brown and Company, (ISBN 0-316-58317-0).
    • (en) Bill D. Ross, Peleliu : Tragic Triumph, Random House, (ISBN 0-394-56588-6).
    • (en) Gordon Rottman et Howard Gerrard, Peleliu 1944 : The Forgotten Corner Of Hell, Osprey Publishing, (ISBN 1-84176-512-0).
    • (en) Eugene B. Sledge, With the Old Breed (en) : At Peleliu And Okinawa, Oxford University Press, (ISBN 0-19-506714-2).
    • Eugène B. Sledge (trad. de l'anglais amĂ©ricain par Pascale Haas, prĂ©f. Bruno Cabanes), Frères d'armes [« With the Old Breed : At Peliliu and Okinawa »], Paris, Les Belles Lettres, coll. « MĂ©moires de guerre » (no 25), , 532 p. (ISBN 978-2-251-44889-3)
    • (en) Bill Sloan, Brotherhood of Heroes : The Marines at Peleliu, 1944 -- The Bloodiest Battle of the Pacific War, Simon & Schuster, , 386 p. (ISBN 0-7432-6009-0, prĂ©sentation en ligne).
    • (en) Derrick Wright, To the Far Side of Hell : The Battle for Peleliu, 1944, Fire Ant Books, , 176 p. (ISBN 0-8173-5281-3).
    • Kazuyoshi Takeda, Peleliu : Guernica of paradise, Vega Dupuis, (prĂ©sentation en ligne).
      11 volumes.
      Ce manga, réalisé notamment grâce à la documentation de Masao Hiratsuka, membre du Groupe de Recherches sur la guerre du Pacifique, décrit le terrible quotidien des soldats japonais durant et après la bataille.

    Annexes

    Articles connexes

    • Bataille d'Angaur, partie de l'opĂ©ration Stalemate II, bataille se dĂ©roulant en mĂŞme temps que la bataille de Peleliu Ă©galement appelĂ©e Operation Stalemate.
    • Bataille d'Iwo Jima (fĂ©vrier 1945), qui connut les mĂŞmes difficultĂ©s.

    Filmographie

    Liens externes

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