Aude (fleuve)
L'Aude est un fleuve du Sud de la France dont le cours de 223,6 kilomÚtres[1] s'inscrit dans la région Occitanie, depuis les Pyrénées catalanes jusqu'à la mer Méditerranée.
l'Aude | |
L'Aude Ă Carcassonne. | |
Cours de lâAude (carte interactive) l'Aude sur OpenStreetMap. | |
Caractéristiques | |
---|---|
Longueur | 223,6 km [1] |
Bassin | 5 327 km2 [1] |
Bassin collecteur | Bassin de l'Aude |
DĂ©bit moyen | 43,60 m3/s (Moussan) [2] |
Organisme gestionnaire | SMBVA, ... |
Régime | Pluvio-nival méridional |
Cours | |
Source | En amont du lac d'Aude, massif du Carlit, Pyrénées |
· Localisation | Les Angles, France |
· Altitude | 2 172 m |
· CoordonnĂ©es | 42° 34âČ 22âł N, 2° 01âČ 12âł E |
Embouchure | Mer Méditerranée |
· Localisation | Fleury/Vendres, France |
· Altitude | 0 m |
· CoordonnĂ©es | 43° 12âČ 47âł N, 3° 14âČ 24âł E |
GĂ©ographie | |
Principaux affluents | |
· Rive gauche | la Cesse, le Fresquel, l'Orbiel, l'Argent-Double, le Trapel, le Sou de Val de Daigne |
· Rive droite | l'Orbieu, le Sals, le Lauquet |
Pays traversés | France |
Départements | AriÚge, Aude, Hérault, Pyrénées-Orientales |
Régions traversées | Occitanie |
Principales localités | Limoux, Carcassonne |
Sources : SANDRE:« Y1--0200 », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap | |
Il a donné son nom au département de l'Aude.
Ătymologie
Dans l'Antiquité, l'Aude était appelée Atax par les Romains[3]. Certains auteurs antiques, comme Polybe, ont nommé le fleuve NarbÎn[4]
En 1342, le cartulaire roussillonnais d'Alart la nomme l'Auda ou la Ribera d'Aude[5]. Au Moyen Ăge, pour dĂ©signer l'Aude, on employa aussi les termes Adice, de nouveau Atax, Fluvium Atacis, Flumine Atace, Flumen Ataze ou encore Juxta Aditum fluvium[5]. Selon toute vraisemblance, le nom actuel vient d'une Ă©volution progressive dâAtax donnĂ© par Strabon, dans sa GĂ©ographie[6], mot empruntĂ© au terme gaulois atacos signifiant « fougueux » ou « trĂšs rapide »[7]
GĂ©ographie
Cours du fleuve
Le fleuve prend sa source dans le massif du Carlit, quelques centaines de mĂštres en amont du lac d'Aude, Ă 2 172 m d'altitude[8], dans la commune des Angles (dĂ©partement des PyrĂ©nĂ©es-Orientales). Pour la simplicitĂ©, certains situent la source du fleuve dans le lac dâAude[9], qui se trouve Ă Ă 2 135 m d'altitude. Au dĂ©but de son cours, lâAude coule parallĂšlement Ă la TĂȘt â la forĂȘt domaniale de BarrĂšs[10], puis le col de la Quillane Ă une altitude de 1 713 mĂštres[11], marquent la ligne de partage des eaux entre les deux fleuves cĂŽtiers â puis oblique vers le nord, ensuite vers lâouest pour se jeter, aprĂšs un parcours dâenviron deux cents kilomĂštres, dans la mer MĂ©diterranĂ©e, Ă quelques kilomĂštres au nord-est de Narbonne, Ă la limite des dĂ©partements de l'Aude et de l'HĂ©rault, entre les Cabanes de Fleury et Vendres.
Du massif pyrénéen à Carcassonne, son cours est orienté sud-nord. L'Aude présente alors les caractéristiques d'un cours d'eau de montagne, elle traverse le Capcir, en alimentant plusieurs lacs de barrage (Matemale, Puyvalador), s'enfonce dans des gorges (celles de Saint-Georges sont les plus pittoresques), traversant des terrains anciens. à partir d'Axat, aprÚs avoir reçu l'apport de l'Aiguette en rive droite et du Rébenty en rive gauche à Saint-Martin-Lys, le fleuve traverse les barres calcaires des pré-Pyrénées (défilé de Pierre-Lys) et arrose la petite commune de Belvianes-et-Cavirac à la sortie des gorges, puis Quillan, Campagne-sur-Aude, Espéraza, Couiza, Alet-les-Bains et Limoux. En aval de la grande cité médiévale de Carcassonne, l'Aude s'infléchit vers l'est. Ce coude résulte d'une capture, l'Aude ayant jadis coulé dans le val de l'Hers, indice de surcreusement par une hydrologie ancienne à la suite du soulÚvement des Pyrénées[12].
à partir de Carcassonne, le fleuve s'assagit et suit le grand sillon tectonique qui sépare les Pyrénées (CorbiÚres) du Massif central (montagne Noire), recevant de ces reliefs une série d'affluents dont les principaux sont l'Orbieu en rive droite, l'Argent-Double et la Cesse en rive gauche. Désormais, longée par le canal du Midi et sinuant au milieu des vignes, l'Aude pénÚtre dans la large plaine alluviale de Narbonne, en partie conquise sur le golfe du Lion et parsemée de sites d'anciens étangs, avant de se jeter dans la mer Méditerranée.
- La source de l'Aude, quelques centaines de mĂštres en amont du lac d'Aude.
- L'Aude Ă Matemale.
- L'Aude à Réal (Pyrénées-Orientales).
- L'Aude Ă Axat.
- L'Aude Ă Couiza.
Départements, communes et cantons traversés
LâAude traverse quatre dĂ©partements, et soixante-quinze communes[1] rĂ©parties comme suit (liste non exhaustive) :
- Pyrénées-Orientales : Les Angles, Matemale, FormiguÚres, Réal, Puyvalador ;
- AriÚge : Quérigut, CarcaniÚres, Le Puch, Rouze ;
- Aude : Escouloubre, FontanÚs-de-Sault, Aunat, BessÚde-de-Sault, Le Clat, Roquefort-de-Sault, Sainte-Colombe-sur-Guette, Artigues, Axat, Saint-Martin-Lys, Belvianes-et-Cavirac, Quillan, Campagne-sur-Aude, Espéraza, Couiza, Montazels, Luc-sur-Aude, Alet-les-Bains, Cournanel, Limoux, Pieusse, Cépie, Pomas, Rouffiac-d'Aude, Preixan, Couffoulens, Cavanac, Carcassonne, Villedubert, Berriac, TrÚbes, FontiÚs-d'Aude, Floure, Barbaira, Marseillette, Capendu, Blomac, Douzens, Puichéric, Saint-Couat-d'Aude, Roquecourbe-Minervois, La Redorte, Castelnau-d'Aude, Azille, Homps, Tourouzelle, Argens-Minervois, Lézignan-CorbiÚres, Roubia, Paraza, Canet, Ventenac-en-Minervois, Raissac-d'Aude, Saint-Nazaire-d'Aude, Marcorignan, Saint-Marcel-sur-Aude, Moussan, SallÚles-d'Aude, Cuxac-d'Aude, Narbonne, Coursan, Salles-d'Aude, Fleury ;
- HĂ©rault : Olonzac, Lespignan, Vendres.
Toponymes
L'Aude a donnĂ© son hydronyme aux treize communes suivantes : Raissac-d'Aude, FontiĂšs-d'Aude, Saint-Couat-d'Aude, Castelnau-d'Aude, SallĂšles-d'Aude, Cuxac-d'Aude, Salles-d'Aude, Saint-Marcel-sur-Aude, Saint-Nazaire-d'Aude, Rouffiac-d'Aude, Campagne-sur-Aude, Luc-sur-Aude, Fleury-dâAude.
Bassin versant
L'Aude prĂ©sente un bassin hydrographique[13] de 6 074 km2 qui s'Ă©tend, inĂ©galement, sur six dĂ©partements : les PyrĂ©nĂ©es-Orientales, l'Aude, l'AriĂšge, la Haute-Garonne, le Tarn et l'HĂ©rault (la Haute-Garonne et le Tarn ne sont concernĂ©s que par le cours des affluents ou sous-affluents du fleuve). Selon le SANDRE, l'Aude traverse vingt-cinq zones hydrographiques et son bassin versant est de seulement 5 327 km2[1]. Ce bassin versant est constituĂ© Ă 48,51 % de « territoires agricoles », Ă 48,29 % de « forĂȘts et milieux semi-naturels », Ă 2,51 % de « territoires artificialisĂ©s », Ă 0,52 % de « zones humides », Ă 0,16 % de « surfaces en eau »[1].
Affluents
L'Aude a cent-dix-sept tronçons affluents référencés[1].
Avant Carcassonne, l'Aude reçoit comme tributaires des cours d'eau de faible longueur qui présentent souvent des caractéristiques de torrents de montagne.
à partir de Carcassonne, préfecture de l'Aude, donc dans sa basse vallée, le fleuve reçoit des riviÚres plus puissantes, originaires, pour la plupart d'entre elles, de la montagne Noire. De l'amont vers l'aval, les principaux affluents de l'Aude[16] sont :
- la Lladura ou Lladure (rg[note 1]), 16 km Ă RĂ©al ;
- le Galbe (rg), 14 km Ă Puyvalador ;
- la Bruyante (rg), 14 km Ă Usson-les-Bains ;
- l'Aiguette (rd), 20 km Ă Artigues ;
- le RĂ©benty (rg), (34 km) Ă Saint-Martin-Lys ;
- le ruisseau de Saint-Bertrand (rd), 19 km Ă Quillan ;
- le ruisseau de Fa ou Faby (rg), 14 km à Espéraza ;
- la Sals (rd), 20 km Ă Couiza ;
- le ruisseau de VĂ©raza (rd), 8,9 km Ă Alet-les-Bains ;
- le ruisseau de Saint-Polycarpe (rd), 13 km Ă Limoux ;
- la Corneilla (rg), 22 km Ă Limoux ;
- le Cougaing (rg), 17 km Ă Limoux ;
- le Sou de Val de Daigne (rg), 30 km Ă CĂ©pie ;
- le Lauquet (rd), 37 km Ă Couffoulens ;
- le Fresquel (rg), 63 km Ă Carcassonne ;
- le Trapel (rg), 19 km Ă Villedubert ;
- l'Orbiel (rg), 41 km Ă TrĂšbes ;
- l'Argent-Double (rg), 37 km Ă La Redorte ;
- l'Ognon (rg), 23 km, bassin versant 123 km2 Ă Olonzac ;
- l'Orbieu (rd), 84 km Ă Saint-Nazaire-d'Aude ;
- la Cesse (rg), 54 km Ă Saint-Marcel-sur-Aude.
Rang de Strahler
Au moins un affluent, comme le Fresquel, a un nombre de Strahler de cinq, celui de lâAude est en consĂ©quence de six Ă son embouchure.
Hydrologie
Dans son cours supĂ©rieur, l'Aude prĂ©sente un rĂ©gime nivo-pluvial (avec un maximum de printemps liĂ© Ă la fonte des neiges). Puis, Ă partir de Carcassonne[17] oĂč son dĂ©bit moyen atteint 20,4 m3/s, le rĂ©gime devient presque exclusivement pluvial (le dĂ©bit au Grau de Vendres[18], lors de sa rencontre avec la MĂ©diterranĂ©e, avoisine 50 m3/s).
L'Aude se caractérise donc, dans son cours inférieur, par un régime pluvio-nival de type méridional aux étiages sévÚres durant la période estivale (9,8 m3/s en août à Moussan[2], dans sa basse plaine alluviale, non loin de son embouchure, contre une moyenne annuelle de 44,2 m3/s). Les fortes pluies automnales permettent une remontée rapide du débit qui atteint son maximum en février (78,6 m3/s) et demeure soutenu au printemps grùce à la fonte des neiges du massif pyrénéen.
Crue de 1626
Dans son imposant ouvrage « Les Paysans de Languedoc » lâhistorien Emmanuel Le Roy Ladurie mentionne une inondation qui a dĂ©truit le village dâEspĂ©raza en 1626. Il nâen dit pas plus et ne cite pas de source. On ne connaĂźt donc pas lâorigine du sinistre. En date du , un acte de dĂ©cĂšs Ă peine lisible en atteste (AD 11 â 1E1 p 40d) : on parvient Ă lire « âŠ. furent summergĂ©s 26 habitans âŠ. » et suit une liste de noms. La crue a pu provenir de l'Aude, comme du ruisseau torrentueux le Ravanel.
Crues de 1999
Des prĂ©cipitations exceptionnelles et brutales, si caractĂ©ristiques du climat mĂ©diterranĂ©en pendant la saison automnale, peuvent ĂȘtre Ă l'origine de crues dĂ©vastatrices comme celles des 12 et . Le bilan de ces derniĂšres, qui affectĂšrent la basse vallĂ©e de l'Aude, fut catastrophique : trente-cinq victimes, des centaines de personnes hĂ©litreuillĂ©es ou rĂ©cupĂ©rĂ©es par moyens nautiques, des milliers d'habitations, d'entreprises et de locaux commerciaux plus ou moins endommagĂ©s, 5 000 hectares de vignes plus ou moins dĂ©vastĂ©s, la voirie, les rĂ©seaux d'eau potable et d'assainissement gravement atteints[20]. L'ampleur de la catastrophe s'explique par la conjugaison de deux phĂ©nomĂšnes : des prĂ©cipitations orageuses d'une ampleur exceptionnelle (jusqu'Ă 620 mm tombĂ©s en deux jours Ă LĂ©zignan-CorbiĂšres, câest-Ă -dire plus que le total annuel) et une forte tempĂȘte sur le golfe du Lion qui entraĂźna une montĂ©e de 80 cm du niveau de la mer et empĂȘcha, conjuguĂ©e avec la forte houle et le vent, le bon Ă©coulement d'eaux dĂ©jĂ gonflĂ©es par les pluies diluviennes[20]. Un retour d'expĂ©rience rĂ©alisĂ© pour le ministĂšre de lâamĂ©nagement du territoire et de lâenvironnement[21] initia de nombreuses amĂ©liorations (en prĂ©vention, en alerte (mĂ©tĂ©orologique, aux populations), en gestion de crise)[22] au niveau national et au niveau local.
Crues de 2018
Un épisode méditerranéen intense a provoqué une crue exceptionnelle dans la nuit du 14 au , sur l'Aude médiane et ses affluents, puis le , sur l'Aude aval.
Notes et références
Notes
- rd pour rive droite et rg pour rive gauche
Références
- Sandre, « Fiche cours d'eau - L'Aude (Y1--0200) » (consulté le )
- Banque Hydro - MEDDE, « SynthÚse de la Banque Hydro - L'Aude à Moussan (1965-2009) (Y1612020) » (consulté le )
- Guy Barruol, Les Peuples prĂ©romains du Sud-Est de la Gaule : Ă©tude de gĂ©ographie historique, Paris, Ăd. de Boccard, 1969, Revue archĂ©ologique de Narbonnaise (RAN), SupplĂ©ments 1. p. 387.
- Polybe, Histoire générale, Tome I, Livre III, chap 37.
- Amiel 1999, p. 21
- Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne] Livre IV
- « Atacos / Atax / Attagus (Aude) - 808 - L'encyclopïżœdie - L'Arbre Celtique », sur www.arbre-celtique.com (consultĂ© le )
- « Source identifiable de lâAude, en amont du lac dâAude, altitude : 2172 m » sur GĂ©oportail (consultĂ© le 20 fĂ©vrier 2023).
- « Localisation du lac dâAude, altitude : 2135 m » sur GĂ©oportail (consultĂ© le 20 fĂ©vrier 2023).
- « ForĂȘt domaniale de BarrĂšs, sĂ©parant les vallĂ©es supĂ©rieures de lâAude et de la TĂȘt, altitude approximative de la partie centrale de cette ligne de crĂȘte : 1880 m » sur GĂ©oportail (consultĂ© le 20 fĂ©vrier 2023).
- « Col de la Quillane, sĂ©parant les vallĂ©es de lâAude et de la TĂȘt, altitude : 1713 m » sur GĂ©oportail (consultĂ© le 20 fĂ©vrier 2023).
- Article de Pierre Minvielle in Guide des merveilles naturelles de la France, SĂ©lection du Reader's Digest, 1973, p. 65.
- Amiel 1999, p. 14
- « SMMAR - Syndicat mixte des milieux aquatiques et des riviÚres »
- « Site de la fédération Aude claire », sur audeclaire.org (consulté le )
- Sont cités les affluents dont le cours excÚde 10 km. Les longueurs officielles sont celles données par le SANDRE, tapez le nom du cours d'eau.
- « Données de la station hydrologique de Carcassonne (Pont-neuf) »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?), sur www.hydro.eaufrance.fr. Naviguer sur la page pour obtenir les différentes données hydrologiques, code de la station : Y1232010. SOURCE INEXPLOITABLE CAR LIEN BRISà ET IMPOSSIBLE DE NAVIGUER DANS UNE ARCHIVE
- Chiffre Encyclopédie EnCarta 2006, article sur l'Aude.
- Banque Hydro - MEDDE, « SynthÚse de la Banque Hydro - L'Aude à Coursan (Y1612040) » (consulté le )
- « Les inondations de novembre 1999 dans l'Aude sur le site de la préfecture de l'Aude », sur aude.pref.gouv.fr.
- Claude LEFROU, Xavier MARTIN, Jean-Pierre LABARTHE, Jean VARRET, Brigitte MAZIERE, Raymond TORDJEMAN et RenĂ© FEUNTEUN, « Les crues des 12, 13 et 14 novembre 1999 dans les dĂ©partements de l'Aude, de l'HĂ©rault, des PyrĂ©nĂ©es-Orientales et du Tarn », sur occitanie.developpement-durable.gouv.fr, direction rĂ©gionale de lâĂquipement et du DĂ©veloppement durable, (consultĂ© le )
- « Retour sur une crue historique en 1999 en Languedoc-Roussillon », direction rĂ©gionale de lâĂquipement et du DĂ©veloppement durable, (consultĂ© le )
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.