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Argémone mexicaine

Argemone mexicana

L'ArgĂ©mone mexicaine (Argemone mexicana L.), ou Faux chardon du Mexique[1] - [2], est une plante herbacĂ©e annuelle Ă©pineuse de la famille des PapavĂ©racĂ©es dont l’aire d’origine s’étend du centre du Mexique jusqu’au Honduras.

C’est une plante herbacĂ©e annuelle avec des feuilles Ă©pineuses et d’élĂ©gantes fleurs jaunes qui a Ă©tĂ© introduite dans de nombreux pays tropicaux secs oĂč elle s’est naturalisĂ©e. Elle se rĂ©pand principalement associĂ©e aux cultures agricoles et aux friches. La plante est toxique et particuliĂšrement ses graines.

Argemone mexicana est appelé également Chardon de Gorée, Chardon bénit des Antilles, Chadwon mabré, ZÚb dragon (créole des Antilles)[3], Pavot épineux (en espagnol cardosanto, chicalote et au Mexique adormidera, adormidera espinosa[n 1]).

L’huile extraite des graines sert Ă  protĂ©ger le bois des attaques de termites au NigĂ©ria alors qu’en Inde, au Mexique et aux Antilles, elle sert parfois Ă  fabriquer du savon, au graissage et Ă  l’éclairage. Si de grandes quantitĂ©s de graines d'argĂ©mone sont utilisĂ©es pour falsifier l’huile de moutarde ou l’huile de sĂ©same, il en rĂ©sulte des ƓdĂšmes et des glaucomes chez ses consommateurs.

Nomenclature et Ă©tymologie

L’espĂšce a Ă©tĂ© dĂ©crite et nommĂ©e Argemone mexicana par Carl LinnĂ© en 1735 dans Species Plantarum 1: 508–509[4].

Le nom de genre Argemone est empruntĂ© au grec ancien áŒ€ÏÎłÎ”ÎŒÏŽÎœÎ·, ης (áŒĄ) / argemĂŽnĂȘ « argĂ©mone », une sorte de pavot selon Dioscoride II, 177[5] qui servait Ă  traiter la cataracte.

L’épithĂšte spĂ©cifique mexicana est un terme de latin scientifique signifiant « du Mexique ».

Synonymes

D’aprùs POWO[6], le nom valide Argemone mexicana possùde 20 synonymes:

Synonymes homotypiques
  • Argemone mexicana var. typica Prain (1895), not validly publ.
  • Echtrus mexicanus (L.) Nieuwl. (1914)
  • Papaver mexicanum (L.) E.H.L.Krause (1902)
Synonymes hétérotipiques
  • Argemone alba Raf. (1817)
  • Argemone alba var. leiocarpa Fedde (1909)
  • Argemone leiocarpa Greene in Pittonia 3: 345 (1898)
  • Argemone leiocarpa var. mexicanoides Fedde (1909)
  • Argemone leiocarpa var. ochroleucoides Fedde (1909)
  • Argemone mexicana var. anacanthoidea Fedde (1909)
  • Argemone mexicana subvar. inermis Fedde (1909)
  • Argemone mexicana f. leiocarpa (Greene) Ownbey (1958)
  • Argemone mexicana var. lutea Kuntze (1891)
  • Argemone mexicana var. ochroleuca Britton (1901), nom. illeg.
  • Argemone mexicana var. parviflora Kuntze (1891)
  • Argemone mucronata Dum.Cours. ex Steud. (1840)
  • Argemone sexvalvis Stokes (1812)
  • Argemone spinosa Gaterau (1789)
  • Argemone spinosa Moench (1794)
  • Argemone versicolor Salisb. (1796)
  • Echtrus trivialis Lour. (1790)

Description

Argemone mexicana est une plante herbacĂ©e, Ă©pineuse, annuelle ou parfois vivace de courte durĂ©e, de 20 Ă  100 cm de hauteur[7] - [2]. Ses tiges gĂ©nĂ©ralement courtes, sont ramifiĂ©es, et munies d'aiguillons clairsemĂ©s.

Ses feuilles basilaires denses sont portĂ©e par un pĂ©tiole de 5–10 mm et possĂšdent un limbe glauque Ă  taches bleu-vert, plus pĂąle sur la partie infĂ©rieure, largement oblancĂ©olĂ© ou obovale Ă  elliptique, de 5-20(-25) cm de long sur 2,5-7,5(-8) cm de large, glabre, lĂ©gĂšrement Ă©pineux sur les nervures, Ă  base cunĂ©iforme, Ă  bord pennatipartite, et apex aigu ; les lobes sont bordĂ©s de dents ondulĂ©es, et de dents Ă©pineuses apicalement.
Les feuilles caulinaires sont alternes, semblables aux feuilles basilaires, mais les feuilles supérieures sont plus petites et sessiles, souvent subamplexicaules.

Les boutons floraux sont ovoĂŻdes, d’env. 1,5 cm. Les fleurs sont solitaires, parfois en cymes peu fleuries Ă  pĂ©dicelle trĂšs court.

La fleur comporte 2 (ou 3) sĂ©pales cymbiformes[n 2] d’env. cm, avec apex Ă©peronnĂ©, glabre ou peu Ă©pineux ; ces sĂ©pales se dĂ©tachent quand le bourgeon floral s’ouvre. Les 6 pĂ©tales sont jaunes (ou orange), largement obovales, de 1,7 Ă  3 cm, Ă  base largement cunĂ©iforme et apex arrondi. Les nombreuses Ă©tamines portent des anthĂšres Ă©troitement oblongues, de 1,5–2 mm, enroulĂ©es aprĂšs dĂ©hiscence. L’ovaire est elliptique ou oblong, de 7–10 mm, Ă  Ă©pines explicites ; les styles trĂšs courts portent des stigmates rouge foncĂ©, 4-6-lobĂ©s[7]. Les fleurs sont mellifĂšres[2].

Le fruit est une capsule oblongue Ă  largement elliptique, de 2,5–5 cm de long sur 1,5–3 cm de large, Ă  Ă©pines, Ă  4-6 valves dĂ©hiscentes de l'apex Ă  1/4-1/3 de la longueur de la capsule. Les graines sphĂ©riques, brun noir, de 1,5–2 mm de diamĂštre, visiblement tessellĂ©es[n 3]. Il y a plusieurs centaines de graines par capsule[2].

Sous les tropiques, Argemone mexicana fleurit et fructifie toute l’annĂ©e. Les fleurs s’ouvrent tĂŽt le matin, et durent de 2 Ă  3 jours. Les principaux pollinisateurs sont de petites abeilles sans dard, mais Argemone mexicana est avant tout autogame[8].

  • Fleur, stigmates rouges
    Fleur, stigmates rouges
  • Bourgeon floral, sĂ©pales caducs
    Bourgeon floral, sépales caducs
  • Capsule ouverte, graines noires
    Capsule ouverte, graines noires

Distribution

L’aire d’origine de l’argĂ©mone mexicaine s’étend du centre du Mexique jusqu’au Honduras : Belize, El Salvador, Guatemala, HaĂŻti, Honduras, Mexique Central, Mexique Sud-Est, Mexique Sud-Ouest, Nicaragua[6].

Elle a été introduite dans un grand nombre de pays tropicaux et subtropicaux.

C'est une plante annuelle qui pousse principalement dans le biome tropical à saison sÚche marquée. Elle pousse sur les terrains vagues ouverts, le long des routes et des voies ferrées, dans les champs comme mauvaise herbe[8].

On la trouve entre autres dans les zones arides du nord du Mexique et du sud des États-Unis, en Afrique de l’Ouest, en Inde et Chine (sur les cĂŽtes). Elle s’est aussi installĂ©e dans la plupart des pays africains, depuis le Cap-Vert jusqu’en Somalie et en Afrique du Sud[8]. Elle a Ă©tĂ© introduite dans les Antilles, Ă  La RĂ©union ainsi que dans de nombreux pays arides des deux hĂ©misphĂšres. À La RĂ©union, elle se trouve un peu partout dans l'arriĂšre littoral et surtout dans la zone sĂšche sous le vent. Elle orne les champs et les chemins de l'Ăźle, fleurissant deux fois par an. En maraĂźchage elle peut devenir, une contrainte importante si elle n'est pas maĂźtrisĂ©e en dĂ©but de culture[9].

CaractĂšre envahissant

A. mexicana est une mauvaise herbe annuelle rĂ©pandue principalement associĂ©e aux cultures agricoles et aux friches qui peut aussi ĂȘtre envahissante. Elle est signalĂ©e comme envahissante dans de nombreux pays d'Asie, d'Afrique, des CaraĂŻbes et des AmĂ©riques, et d'OcĂ©anie (Australie et un certain nombre d'États insulaires du Pacifique)[10] et en Nouvelle-CalĂ©donie, oĂč elle a Ă©tĂ© introduite en 1900[11].

Usages

Une quarantaine de composĂ©s phytochimiques bioactifs ont Ă©tĂ© extraits de l’Argemone mexicana[12] : des alcaloĂŻdes (sanguinarine, berbĂ©rine, oxyberbĂ©rine, argĂ©mexirine, (-)-argĂ©monine, protopine etc.), des terpĂ©noĂŻdes, des stĂ©roĂŻdes, des glucides (lactose, arabinose), des alcools Ă  longue chaine, des acides aminĂ©s (cystĂ©ine, phĂ©nylalanine), des flavonoĂŻdes (lutĂ©oline, Ă©riodictyol, quercĂ©tine, rutine etc.), des acides phĂ©noliques et aromatiques.

Des extraits de la plante montrent de nombreuses activités (in vitro) comme des activités antibactériennes, anti-inflammatoires, cytotoxiques, anti-VIH etc.[12]

Le département de médecine traditionnelle du Mali a reconnu A. mexicana comme un phytomédicament normalisé pour le traitement à domicile du paludisme[12].

La berbĂ©rine Ă  petite dose amĂ©liore la circulation sanguine et possĂšde Ă©galement des propriĂ©tĂ©s hallucinogĂšnes. Mais une overdose entraĂźne la mort par paralysie du systĂšme nerveux central. Elle a d’autres effets pharmacologiques, notamment une activitĂ© spasmolytique, une activitĂ© antibactĂ©rienne, et dans une certaine mesure une activitĂ© antifongique et antiprotozoaire. Pour l’essentiel, la berbĂ©rine se forme dans les fleurs[8].

Cette espÚce produit un latex jaune, utilisé traditionnellement pour lutter contre les verrues[2].

Les graines d’Argemone mexicana contiennent 35–40 % d’une huile jaune orangĂ© constituĂ©e principalement d’acide linolĂ©ique (54–61%) et d’acide olĂ©ique (21–33%) mais aussi de la sanguinarine, un composĂ© toxique Ă  des concentrations pouvant atteindre 10 g/l. Des mĂ©langes accidentels de graines d’Argemone mexicana avec des cĂ©rĂ©ales ou des olĂ©agineux ont provoquĂ© des dĂ©cĂšs dans plusieurs pays, dont l’Afrique du Sud[8].

Au Nigeria, l’huile des graines s’emploie pour protĂ©ger le bois des attaques de termites, alors qu’en Inde, au Mexique et aux Antilles, elle sert parfois Ă  fabriquer du savon, au graissage et Ă  l’éclairage. L’huile des graines d’Argemone mexicana, appelĂ©e « huile d’argĂ©mone » ou « huile de katkar », est parfois ajoutĂ©e Ă  l’huile de moutarde en Inde pour en augmenter le piquant. Si de grandes quantitĂ©s sont utilisĂ©es pour falsifier l’huile de moutarde ou l’huile de sĂ©same, il en rĂ©sulte des ƓdĂšmes et des glaucomes chez ses consommateurs.

Toxicité

Ibrahim HA. et Ibrahim H.[13] (2009) ont montrĂ© que des extraits de la plante avaient une toxicitĂ© aigĂŒe sur la souris (LD50=400 mg/kg de poids corporel) lorsqu'il est administrĂ© par voie intrapĂ©ritonĂ©ale aux sujets. L’huile extraite des graines possĂšde aussi une toxicitĂ© sur les animaux, qui serait due Ă  la sanguinarine, un alcaloĂŻde. La sanguinarine est le composant causal du glaucome et de l'hydropisie Ă©pidĂ©mique, une maladie ayant entrainĂ© la neuroparalysie et la mort de plusieurs personnes[12]. La ressemblance entre les graines de moutarde et d’Argemone mexicana est la cause du mĂ©lange accidentel d'huiles, mĂȘme si la pĂ©riode de floraison n'est pas la mĂȘme.

Les vaches Ă©vitent la plante alors que les moutons et les chĂšvres n’en mangent que lorsque les autres vĂ©gĂ©taux sont peu abondants, mais les autruches en raffolent[8].

L’argĂ©mone du Mexique est parfois cultivĂ©e comme plante ornementale.

Production

Argemone mexicana n’est utilisĂ© qu’à l’échelle locale, et il n’y a pas de commerce international. En Afrique, sa culture comme olĂ©agineux pour les marchĂ©s intĂ©rieurs est signalĂ©e au Mali et en ÉrythrĂ©e[8].

Galerie

  • Argemone mexicana (Parc national Kruger, Afrique du Sud)
    Argemone mexicana (Parc national Kruger, Afrique du Sud)
  • DĂ©tail de la fleur
    DĂ©tail de la fleur
  • Argemone mexicana - capsule et graines
    Argemone mexicana - capsule et graines

Notes

  1. d’aprùs le wikipdia espagnol Argemone mexicana
  2. qui ressemble à une barque, c'est-à-dire généralement creusée et allongée, avec les bords relevés.
  3. dessin en damier, soit à fines nervures réticulées

Références

  1. (fr) Référence INPN : Argemone mexicana L., 1753 (TAXREF)
  2. Bernard Suprin, De fleur en fleur, guide des plantes mellifĂšres en Nouvelle-CalĂ©donie., NoumĂ©a, Éditions PhotosynthĂšse, , 528 p., p. 311
  3. Jacques Fournet, Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana éditions, Cirad,
    Tome 1 (ISBN 2-87614-489-1) ; Tome 2 (ISBN 2-87614-492-1).
  4. Référence Biodiversity Heritage Library : 358527
  5. Dioscorides, Pedanius Dioscorides of Anazarbus, translated by Lily Y. Beck, Olms - Weidmann, , 630 p.
  6. (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Argemone mexicana L.
  7. (en) Référence Flora of China : Argemone mexicana Linnaeus
  8. Pl@nteUse, « Argemone mexicana (PROTA) » (consulté le )
  9. Daniel Schartz, Mi-aime-a-ou, « Argemone mexicana L. » (consulté le )
  10. Vélez-Gavilån, CABI, « Argemone mexicana (Mexican poppy) » (consulté le )
  11. Vanessa Hequet, Mickaël Le Corre, Frédéric Rigault, Vincent Blanfort, Les espÚces exotiques envahissantes de Nouvelle-Calédonie, IRD, Institut de Recherche pour le Développement, , 87 p. (lire en ligne), p. 17, p. 47
  12. Goutam Brahmachari, Dilip Gorai, Rajiv Roy, « Argemone mexicana: Chemical and pharmacological aspects », Revista Brasileira de Farmacognosia, vol. 23, no 3,‎
  13. Ibrahim HA, Ibrahim H, « Phytochemical screening and toxicity evaluation on the leaves of Argemone mexicana Linn. (Papaveraceae) », Int Jor App Sci, vol. 3,‎

Voir aussi

Références internes

Références externes

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