Apposition
En grammaire, le terme « apposition » (du latin appĆsÄtÄo « action dâajouter »[1]) a des interprĂ©tations diverses[2]. Il y a plusieurs constructions syntaxiques comprenant une partie considĂ©rĂ©e comme telle par divers grammairiens, et aucune de leurs dĂ©finitions ne couvre la notion dans toutes ces constructions, des facteurs sĂ©mantiques et syntaxiques divers y Ă©tant impliquĂ©s[3].
InterprĂ©tations de la notion dâapposition
Au sens le plus large, lâapposition est un mot ou un groupe de mots associĂ© Ă un terme de la phrase, qui dĂ©signe la mĂȘme rĂ©alitĂ© que ce terme mais dâune autre maniĂšre (identitĂ© de rĂ©fĂ©rence)[2]. Le plus souvent, on considĂšre comme apposition une entitĂ© disjointe, câest-Ă -dire sĂ©parĂ©e du terme auquel elle est apposĂ©e par une pause dans la parole et une virgule Ă lâĂ©crit, mais il y a aussi des entitĂ©s conjointes considĂ©rĂ©es comme des appositions. Les entitĂ©s appelĂ©es appositions sont diverses quant Ă leur nature. Exemples en français :
- syntagme nominal disjoint directement postposé au terme auquel il est apposé : Ajaccio, chef-lieu de la Corse, est la ville natale de Napoléon[2] ;
- syntagme nominal disjoint et sĂ©parĂ© par un ou plusieurs termes du terme auquel il est apposĂ© : Un homme sâapprocha, un mĂ©decin[4] ;
- syntagme nominal disjoint antéposé : Simple comparse, Dupont ne fut pas inquiété par la police[5] ;
- adjectif disjoint directement postposĂ© ou sĂ©parĂ© par un ou plusieurs termes, ou bien antĂ©posĂ© : Ravi, lâenfant mangeait sa pomme dans la cour / Lâenfant, ravi, mangeait sa pomme dans la cour / Lâenfant mangeait sa pomme dans la cour, ravi[6] ;
- proposition complĂ©tive disjointe Ă lâinfinitif, postposĂ©e: Il a commis cette faute : pardonner![4] ;
- proposition complétive disjointe introduite par que, postposée : Il caressait cet espoir, que la mauvaise nouvelle était fausse[4] ;
- proposition relative disjointe et postposée : Nos amis ne viendront pas, ce qui me peine[4] ;
- nom conjoint postposé : une girafe mùle[5] ;
- nom conjoint directement antéposé : le professeur Durand, le mont Pélion[2].
- nom conjoint antéposé en construction indirecte : la ville de Paris[2].
Dans des grammaires dâautres langues :
- (ro) :
- adjectif substantivĂ© disjoint et postposĂ© : Pajul Cupidon, vicleanul, mult e rÄu Èi alintat « Le page Cupidon, le fourbe, est trĂšs mĂ©chant et gĂątĂ© » (Mihai Eminescu)[7] ;
- syntagmes nominaux disjoints du terme auquel ils sont apposĂ©s et coordonnĂ©s entre eux (apposition multiple) : RÄducu, colegul Èi prietenul lui, participase mai Ăźnainte la un concurs de Èah « RÄducu, son camarade et ami, avait participĂ© auparavant Ă un concours dâĂ©checs »[8] ;
- nom complĂ©tĂ© par une proposition relative, apposĂ© Ă une proposition : LucreazÄ Ăźncet, fapt care nu-mi convine « Il/Elle travaille lentement, ce qui ne me convient pas » (littĂ©ralement « ⊠fait qui⊠»[9] ;
- (hu)[10] :
- adjectif substantivĂ© disjoint et postposĂ© : Vettem csizmĂĄt, pirosat « Jâai achetĂ© des bottes, des rouges » ;
- mot substantivĂ© exprimant une quantitĂ©, disjoint et postposĂ© : EgyĂ©l almĂĄt, kettĆt/sokat! « Mange des pommes, deux/beaucoup » ;
- nom exprimant le possesseur du terme auquel il est apposĂ©, disjoint et postposĂ© : ElkĂ©rtem a könyvet, JĂłskĂĄĂ©t « Jâai demandĂ© le livre, celui de JĂłska ».
Outre la nature de lâapposition, divers auteurs prennent en compte des termes de natures diverses auxquels on peut ajouter une entitĂ© appelĂ©e apposition. Câest le plus souvent un nom (voir la plupart des exemples ci-dessus), mais cela peut aussi ĂȘtre une autre entitĂ©. Exemples en français[4] :
- un pronom personnel : Lui, médecin, ne peut accepter⊠;
- un pronom démonstratif : Celui-là , un bon garçon, sera félicité ;
- un pronom possessif : La mienne, la voiture grise, est garée là -bas ;
- le syntagme dâun infinitif : Tuer un homme, crime irrĂ©parable⊠;
- une proposition : Si lâon tue un homme, crime irrĂ©parableâŠ
Restrictions de la gamme des entités considérées comme des appositions
Divers grammairiens rĂ©duisent la gamme des constructions ci-dessus lorsquâils traitent de lâapposition. Pour le français, Mauger 1971, par exemple, en exclut lâadjectif qui, selon lui, peut bien ĂȘtre disjoint, mais en tant quâĂ©pithĂšte[11]. Pour Grevisse et Goosse 2007, « lâapposition est un Ă©lĂ©ment nominal placĂ© dans la dĂ©pendance dâun autre Ă©lĂ©ment nominal et qui a avec celui-ci la relation quâa un attribut avec son sujet, mais sans copule ». Cette grammaire aussi en exclut donc lâadjectif, mais aussi le verbe Ă lâinfinitif et la proposition[5]. Il en est de mĂȘme en ce qui concerne les grammaires traditionnelles de lâanglais, du roumain ou des langues du BCMS. Exemples dâappositions dans ces grammaires :
- (en) : John Smith, the butcher, came in « John Smith, le boucher, entra »[3] ;
- The novelist Joseph Conrad couldn't speak English until he was 47 « Le romancier Joseph Conrad ne parlait pas anglais avant lâĂąge de 47 ans »[12]
- (ro) : Te-a cÄutat Ion, portarul « Il y a Ion, le concierge qui tâa cherchĂ© »[9] ;
- Om prudent, Busuioc trÄgea cu coada ochiului Ăźntr-acolo « Homme prudent, Busuioc regardait du coin de lâĆil vers lĂ -bas » (Liviu Rebreanu)[7] ;
- Fluviul DunÄrea este cel mai mare din Europa « Le fleuve du Danube est le plus long dâEurope »[7] ;
Toutes les entitĂ©s que les grammaires du hongrois considĂšrent comme des appositions sont disjointes et postposĂ©es, sans prendre en compte les infinitifs et les propositions. Ce qui dans dâautres grammaires est une apposition conjointe est, selon elles, un complĂ©ment du nom ou du pronom : Pista bĂĄtyĂĄm « mon frĂšre aĂźnĂ© Pista ». Par contre, elles incluent parmi les appositions les adjectifs disjoints qui sont, il est vrai, substantivĂ©s dans cette situation : A lejtĆket, a havasakat mĂ©g nem sĂŒti elĂ©g melegen a nap « Les pentes, les neigeuses, ne sont pas encore assez chaudement ensoleillĂ©es »[10].
Statut grammatical de lâapposition
Les grammairiens sont en gĂ©nĂ©ral dâaccord pour affirmer que lâapposition a pour trait principal lâidentitĂ© de rĂ©fĂ©rence avec le terme auquel elle est associĂ©e[2] - [3] - [17] - [10] - [5]. Certains y ajoutent ou mentionnent seulement lâĂ©quivalence syntaxique avec ce terme[8] - [3]. Selon certains auteurs, lâun des critĂšres de dĂ©finition de la construction appositive est sa transformabilitĂ© en construction sujet + copule + attribut[10] - [5].
Comme il nây a pas dâunitĂ© de points de vue sur la dĂ©finition de lâapposition, il nây en a pas non plus sur la question si lâapposition est ou non une fonction syntaxique et, dans ce dernier cas, si elle est un type dâĂ©pithĂšte ou de complĂ©ment du nom/pronom, ou bien si elle est une fonction syntaxique Ă part.
Lâapposition vue sans fonction syntaxique
Selon certains auteurs, lâapposition nâest pas une fonction grammaticale, lâentitĂ© mise en apposition nâayant pas par elle-mĂȘme de fonction syntaxique. La preuve en serait quâun syntagme nominal peut ĂȘtre apposĂ©[2] :
- au sujet : M. Dupont, le professeur, a les cheveux frisés ;
- Ă lâattribut : Je le vois gentil, plein de prĂ©venances ;
- Ă un complĂ©ment dâobjet direct : Jâaperçois la « ville », espĂšce de gros village aux rues tortueuses ;
- à un complément du nom/pronom : Je revois la coiffe de ma grand-mÚre, une vieille femme ridée ;
- à un mot mis en apostrophe : Vous, Duval, le génie de la classe, répondez.
Cet argument est prĂ©sent chez dâautres auteurs aussi, mĂȘme de ceux qui ne nient pas Ă lâapposition une fonction syntaxique.
Exemples en anglais[17] :
- sujet : Joseph Conrad, the famous English novelist, couldn't speak English until he was 47 « Joseph Conrad, le fameux romancier anglais, ne parla pas anglais jusquâĂ lâĂąge de 47 ans ;
- attribut : The man is a fool, a complete idiot « Cet homme est un fou, un idiot accompli » ;
- COD : Everyone visits the White House, the home of the President « Tout le monde visite la Maison blanche, la résidence du Président » ;
- complĂ©ment circonstanciel de lieu : The place is miles away, much too far to walk « Cet endroit est Ă plusieurs milles dâici, beaucoup trop loin pour y aller Ă pied ».
En roumain[8] :
- sujet : Noul venit, chiar prietenul sÄu, n-a fost de aceeaÈi pÄrere « Le nouveau venu, justement son ami, nâĂ©tait pas du mĂȘme avis » ;
- attribut : El pare abÄtut, mai precis supÄrat « Il semble abattu, plus exactement, fĂąchĂ© » ;
- COD : Ămi aleg unul, pe acesta « Je mâen choisis un, celui-ci » ;
- complĂ©ment dâobjet indirect : I-am trimis colegului, adicÄ lui Nicu, toate cÄrÈile « Jâai evoyĂ© tous les livres Ă notre collĂšgue, câest-Ă -dire Ă Nicu » ;
- complĂ©ment circonstanciel de temps : Se prezintÄ joi, adicÄ de azi Ăźn trei zile « Il/Elle se prĂ©sente jeudi, câest-Ă -dire dans trois jours » ;
En hongrois[10] :
- sujet : ZsĂłfi, (azaz/vagyis) a lĂĄnyom hegedĂŒlni tanul « ZsĂłfi, (câest-Ă -dire) ma fille, apprend le violon » ;
- attribut : Ez a fiĂș KĂĄroly, (azaz) a sĂłgorom « Ce garçon est KĂĄroly, (Ă savoir) mon beau-frĂšre » ;
- COD : MĂĄr rĂ©g nem lĂĄttam ĂdĂĄmot, (vagyis) az unokaöcsĂ©met « Il y a longtemps que je nâai pas vu ĂdĂĄm, (je veux dire) mon cousin » ;
- complĂ©ment circonstanciel dâaccompagnement : LillĂĄval, (vagyis) a hĂșgom kislĂĄnyĂĄval mentĂŒnk moziba « Je suis allĂ©(e) au cinĂ©ma avec Lilla, (Ă savoir) la fillette de ma sĆur cadette ».
Dans Nagy 1980, une grammaire du hongrois, lâapposition ne figure pas dans le chapitre de la syntaxe. On y considĂšre quâelle est en dehors de la proposition, Ă©tant une construction elliptique, consistant en le terme subordonnĂ© Ă un terme rĂ©pĂ©tĂ©. Dâune phrase complexe comme TĂ©l volt, kemĂ©ny tĂ©l volt « CâĂ©tait lâhiver, câĂ©tait un hiver rigoureux », la partie redondante est Ă©liminĂ©e et il en reste lâadjectif kemĂ©ny « rigoureux » en tant quâapposition : TĂ©l volt, kemĂ©ny « CâĂ©tait lâhiver, un rigoureux »[18].
Lâapposition vue comme un Ă©lĂ©ment subordonnĂ© Ă part
Ce statut est attribuĂ© Ă lâapposition par Grevisse et Goosse 2007, par exemple, ainsi que par les grammaires du BCMS mentionnĂ©es dans cet article.
Dans le cas de lâapposition conjointe, il y a des divergences quant Ă considĂ©rer lequel des termes de la construction est en fait lâapposition. Pour certains, câest toujours le second, par exemple pour Mauger 1971. Ainsi, dans le syntagme le mois de juin, lâapposition serait de juin, et dans le roi RenĂ© â RenĂ©[4]. De mĂȘme pour les grammaires du roumain : dans fluviul DunÄrea « le fleuve du Danube », lâapposition serait DunÄrea[7]. Par contre, selon Grevisse et Goosse 2007, lâapposition est parfois le second terme (ex. une girafe mĂąle), mais dâautres fois le premier : le mois dans le syntagme le mois de mai, le poĂšte dans la phrase Jâai rencontrĂ© le poĂšte Hugo. Son interprĂ©tation dĂ©coule de la dĂ©finition que cette grammaire donne Ă lâapposition, considĂ©rant que celle-ci provient dâune phrase oĂč poĂšte est le noyau de lâattribut, rĂ©sultat dâune transformation de la suite de phrases Jâai rencontrĂ© Hugo. Hugo est un poĂšte[5].
Les grammaires BCMS ont le mĂȘme point de vue que Grevisse et Goosse 2007 de lâapposition antĂ©posĂ©e Ă un nom propre, pour exprimer ce quâest quelquâun ou quelque chose : gospodin GaloviÄ Â« monsieur GaloviÄ Â»[15], KomĆĄija ima kuÄu u gradu Zagrebu « Le voisin a une maison dans la ville de Zagreb »[13], restoran âProleÄeâ « le restaurant Le Printemps »[16].
Dans des grammaires du hongrois, seul un certain type dâapposition est considĂ©rĂ© comme un Ă©lĂ©ment subordonnĂ© Ă part, celui quâon y appelle apposition dâidentification, ex. PistĂĄt, a fiamat ellenfĂ©lnek tekintettĂ©k « Ils considĂ©raient Pista, mon fils, comme un adversaire »[10].
Lâapposition vue comme un type dâĂ©pithĂšte ou de complĂ©ment du nom/pronom
Dans certaines grammaires traditionnelles, tous les types dâappositions exprimĂ©es par un nom ou un substitut de nom (pronom, numĂ©ral, adjectif qualificatif ou relationnel substantivĂ©s) sont considĂ©rĂ©es comme un type dâune fonction syntaxique qui rĂ©unit lâĂ©pithĂšte et le complĂ©ment du nom ou du pronom.
Dans les grammaires du roumain, par exemple, oĂč câest cette fonction syntaxique qui est prise en compte, lâapposition est considĂ©rĂ©e comme un type de cette fonction exprimĂ©e par :
- un nom : Unul dintre colegi, Ovidiu, nu a rÄspuns la apel « Lâun des collĂšgues, Ovidiu, nâa pas rĂ©pondu Ă lâappel » [8], MoÈ Vasile era un cÄrpÄnos [...] « Le pĂšre Vasile Ă©tait un avare [âŠ] » (Ion CreangÄ)[7] ;
- un pronom : Portarul, altul, l-a salutat « Le concierge, un autre, lâa saluĂ© »[9] ;
- un numĂ©ral Ă valeur pronominale : CeilalÈi doi prieteni negustori, al cincilea Èi al Èaselea, se mulÈumirÄ sÄ ĂźncuviinÈeze [âŠ] « Les deux autres marchands, le cinquiĂšme et le sixiĂšme, se contentĂšrent dâapprouver [âŠ] (Mihail Sadoveanu)[7] ;
- un autre adjectif qualificatif ou relationnel substantivĂ© : Pajul Cupidon, vicleanul, mult e rÄu Èi alintat « Le page Cupidon, le fourbe, est trĂšs mĂ©chant et gĂątĂ© »[7].
Dans des grammaires du hongrois[19], oĂč lâĂ©pithĂšte et le complĂ©ment du nom/pronom sont Ă©galement rĂ©unis en une seule fonction syntaxique, on trouve le mĂȘme traitement de lâapposition. On y Ă©tablit les diffĂ©rences entre lâĂ©pithĂšte et le complĂ©ment du nom/pronom, dâun cĂŽtĂ©, et lâapposition, de lâautre : cette derniĂšre est postposĂ©e au terme dĂ©terminĂ©, en reçoit la dĂ©sinence (Ă©ventuellement la postposition), en est disjointe et peut constituer avec ce terme une construction sujet + copule + attribut. On y distingue deux types dâapposition :
- lâun comprenant celui exprimĂ© par un adjectif substantivĂ© (VegyĂ©l kenyeret, frisset! « AchĂšte du pain, du frais »), transformable en Ă©pithĂšte, et celui exprimant un possesseur (MegĂ©rkezett a levĂ©l, a barĂĄtomĂ© « La lettre, celle de mon ami, est arrivĂ©e »), transformable en complĂ©ment du nom/pronom ;
- lâautre, appelĂ© dâidentification, transformable seulement en attribut : Ăn, beteg ember, csupĂĄn csak vĂĄrok « Moi, homme malade, je ne fais quâattendre » (Endre Ady)[20].
Dans des grammaires du hongrois plus récentes, seul le premier type ci-dessus est rangé parmi les épithÚtes et les compléments du nom/pronom[10] - [21].
Lâapposition vue comme une entitĂ© Ă statut grammatical intermĂ©diaire
Selon certains grammairiens, la construction appositive dâidentification est une construction Ă coordination[22]. En effet, les deux ont des traits communs[10] :
- Les termes de la construction appositive sont interchangeables.
- Nâimporte lequel des termes peut ĂȘtre Ă©liminĂ©.
- Entre les deux termes on peut inclure des expressions telles câest-Ă -dire, Ă savoir, plus exactement.
- Les deux termes ont le mĂȘme statut syntaxique par rapport Ă un terme tiers, mais lâĂ©ventuelle identitĂ© des morphĂšmes de ce rapport nâest pas due Ă lâaccord, qui est caractĂ©ristique entre un terme subordonnĂ© et son terme rĂ©gissant. Une telle identitĂ© peut ĂȘtre celle en cas grammatical, du moins dans certaines langues (voir la section suivante).
Cependant, la construction appositive présente aussi des traits différents de ceux de la construction à coordination :
- Les termes de la construction appositive peuvent ĂȘtre mis en rapport sujet + copule + attribut, ce qui nâest pas une caractĂ©ristique gĂ©nĂ©rale de la construction Ă coordination.
- Dans la construction appositive il y a un rapport direct non seulement entre ses termes et leur rĂ©fĂ©rent, mais aussi entre les termes. Câest pourquoi, leur identitĂ© de nombre, par exemple, est un phĂ©nomĂšne dâaccord.
En analysant les caractĂ©ristiques de la construction appositive, Balogh 1999 arrive Ă la conclusion quâelle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une construction intermĂ©diaire entre les constructions Ă coordination et celles Ă subordination[10].
SpĂ©cificitĂ©s morphosyntaxiques de lâapposition en quelques langues
Dans certaines langues Ă dĂ©clinaison, les termes de la construction appositive exprimĂ©s par des noms ou des substituts de noms sont dâordinaire aux mĂȘmes cas et nombre. Dans les langues qui connaissent la catĂ©gorie grammaticale du genre, ils peuvent ou non ĂȘtre au mĂȘme genre aussi.
Exemples en BCMS :
- (hr) : Glavni grad Hrvata leĆŸi kao ĆĄto je poznato na rijeci Savi « La capitale des Croates se trouve, comme on le sait, sur la riviĂšre Save » (les deux termes au cas locatif)[15] ;
- (cnr) : Javi se Petru, komĆĄiji koji prodaje kuÄu « Adresse-toi Ă Petar, le voisin qui vend la maison » (au datif)[13] ;
- (sr) : s doktorom SimiÄem « avec le docteur SimiÄ Â» (Ă lâinstrumental)[16].
En hongrois, lâapposition exprimĂ©e par un adjectif substantivĂ© est toujours au mĂȘme cas que le terme auquel il est associĂ©. Lâapposition exprimĂ©e par un nom ou un pronom est au mĂȘme cas pour les fonctions de sujet, de COD, de COI dâattribution et de CC dâaccompagnement/dâinstrument, mais peut ĂȘtre Ă un cas diffĂ©rent pour les fonctions qui sâexpriment par plusieurs dĂ©sinences, tel le CC de lieu. Exemples[10] :
- A szerelmemet, az elsĆt nem felejtem el « Mon amour, le premier, je ne lâoublie pas » (COD, Ă lâaccusatif) ;
- PistĂĄnak, a barĂĄtomnak « Ă Pista, mon ami » (COI dâattribution, au datif) ;
- LillĂĄval, a hĂșgom kislĂĄnyĂĄval mentĂŒnk moziba « Je suis allĂ©(e) au cinĂ©ma avec Lilla, la fillette de ma sĆur cadette » (CC dâaccompagnement, Ă lâinstrumental) ;
- Az iskolĂĄban, (azaz) a tanĂĄriban Ă©rdeklĆdtĂŒnk a tanĂ©vkezdĂ©srĆl « Câest Ă lâĂ©cole, (plus exactement) dans la salle des professeurs que nous nous sommes renseignĂ©(e)s sur le dĂ©but de lâannĂ©e scolaire » (CC de lieu, les deux Ă lâinessif) ;
- egy mĂĄsik helyen, a mellvĂ©d ĂĄrnyĂ©kĂĄban « Ă un autre endroit, Ă lâombre du parapet » (CC de lieu, le premier au superessif, le second Ă lâinessif).
En roumain actuel, une langue Ă dĂ©clinaison relativement rĂ©duite, lâapposition est toujours au nominatif, le terme auquel elle est associĂ©e pouvant ĂȘtre Ă un autre cas : I-am scris FloricÄi, sora mea « Jâai Ă©crit Ă Florica, ma sĆur » (datif + nominatif)[9].
Notes et références
- Gaffiot 1934, p. 147.
- Dubois 2002, p. 46.
- Crystal 2008, p. 31.
- Mauger 1971, p. 42-45.
- Grevisse et Goosse 2007, p. 422-425.
- Bescherelle 1990, p. 25.
- BÄrbuÈÄ 2000, p. 252-254.
- Constantinescu-Dobridor 1998, articole apoziÈie.
- Avram 1997, p. 350.
- Balogh, J. 1999.
- Mauger 1971, p. 46.
- Eastwood 1994, 14. o.
- ÄirgiÄ 2010, p. 283-284.
- Dans le BCMS il nây a pas dâarticles, une telle apposition peut donc correspondre en français Ă une avec article dĂ©fini ou indĂ©fini, selon le contexte.
- BariÄ 1997, p. 563.
- Klajn 2005, p. 233-234.
- Eastwood 1994, p. 14.
- Nagy 1980, p. 128.
- Par exemple Balogh, D. et al. 1971 (p. 335-336).
- Exemples de P. Lakatos 2006, p. 173-174.
- Kålmånné Bors et A. Jåszó 2007, p. 424-425.
- Cf. Balogh, J. 1999, ne nommant pas dâauteurs qui lâaffirment.
Sources bibliographiques
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- (hu) Kålmånné Bors, Irén et A. Jåszó, Anna, « Az egyszerƱ mondat » [« La phrase simple »], A. Jåszó, Anna (dir.), A magyar nyelv könyve [« Le livre de la langue hongroise »], 8e édition, Budapest, Trezor, 2007 (ISBN 978-963-8144-19-5), p. 345-436 (consulté le )
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- (hu) Nagy, Kålmån, Kis magyar nyelvtankönyv [« Petite grammaire du hongrois »], Bucarest, Kriterion, 1980
- (hu) P. Lakatos, Ilona (dir.), Grammatikai gyakorlĂłkönyv (mintaelemzĂ©sekkel Ă©s segĂ©danyagokkal) [« Exercices de grammaire avec des modĂšles dâanalyse et des matĂ©riaux auxiliaires »], Budapest, BölcsĂ©sz Konzorcium, 2006 (ISBN 963-9704-28-8) (consultĂ© le )
- Szende, Thomas et Kassai, Georges, Grammaire fondamentale du hongrois, Paris, Langues et mondes â l'AsiathĂšque, 2001, (ISBN 2-911053-61-3)
Bibliographie supplémentaire
- Neveu, Franck, Ătudes sur l'apposition, Paris, HonorĂ© Champion, coll. « Grammaire et Linguistique », 1998 (ISBN 2-85203-682-7)
- Neveu, Franck (dir.), « Nouvelles recherches sur l'apposition », Langue française, vol. 125, n° 1, (consulté le )
- Neveu, Franck, « Apposition », Encyclopédie grammaticale du français, 2021 (consulté le )