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Apposition

En grammaire, le terme « apposition » (du latin appƏsÄ­tÄ­o « action d’ajouter »[1]) a des interprĂ©tations diverses[2]. Il y a plusieurs constructions syntaxiques comprenant une partie considĂ©rĂ©e comme telle par divers grammairiens, et aucune de leurs dĂ©finitions ne couvre la notion dans toutes ces constructions, des facteurs sĂ©mantiques et syntaxiques divers y Ă©tant impliquĂ©s[3].

InterprĂ©tations de la notion d’apposition

Au sens le plus large, l’apposition est un mot ou un groupe de mots associĂ© Ă  un terme de la phrase, qui dĂ©signe la mĂȘme rĂ©alitĂ© que ce terme mais d’une autre maniĂšre (identitĂ© de rĂ©fĂ©rence)[2]. Le plus souvent, on considĂšre comme apposition une entitĂ© disjointe, c’est-Ă -dire sĂ©parĂ©e du terme auquel elle est apposĂ©e par une pause dans la parole et une virgule Ă  l’écrit, mais il y a aussi des entitĂ©s conjointes considĂ©rĂ©es comme des appositions. Les entitĂ©s appelĂ©es appositions sont diverses quant Ă  leur nature. Exemples en français :

  • syntagme nominal disjoint directement postposĂ© au terme auquel il est apposĂ© : Ajaccio, chef-lieu de la Corse, est la ville natale de NapolĂ©on[2] ;
  • syntagme nominal disjoint et sĂ©parĂ© par un ou plusieurs termes du terme auquel il est apposĂ© : Un homme s’approcha, un mĂ©decin[4] ;
  • syntagme nominal disjoint antĂ©posĂ© : Simple comparse, Dupont ne fut pas inquiĂ©tĂ© par la police[5] ;
  • adjectif disjoint directement postposĂ© ou sĂ©parĂ© par un ou plusieurs termes, ou bien antĂ©posĂ© : Ravi, l’enfant mangeait sa pomme dans la cour / L’enfant, ravi, mangeait sa pomme dans la cour / L’enfant mangeait sa pomme dans la cour, ravi[6] ;
  • proposition complĂ©tive disjointe Ă  l’infinitif, postposĂ©e: Il a commis cette faute : pardonner![4] ;
  • proposition complĂ©tive disjointe introduite par que, postposĂ©e : Il caressait cet espoir, que la mauvaise nouvelle Ă©tait fausse[4] ;
  • proposition relative disjointe et postposĂ©e : Nos amis ne viendront pas, ce qui me peine[4] ;
  • nom conjoint postposĂ© : une girafe mĂąle[5] ;
  • nom conjoint directement antĂ©posĂ© : le professeur Durand, le mont PĂ©lion[2].
  • nom conjoint antĂ©posĂ© en construction indirecte : la ville de Paris[2].

Dans des grammaires d’autres langues :

  • (ro) :
    • adjectif substantivĂ© disjoint et postposĂ© : Pajul Cupidon, vicleanul, mult e rău și alintat « Le page Cupidon, le fourbe, est trĂšs mĂ©chant et gĂątĂ© » (Mihai Eminescu)[7] ;
    • syntagmes nominaux disjoints du terme auquel ils sont apposĂ©s et coordonnĂ©s entre eux (apposition multiple) : Răducu, colegul și prietenul lui, participase mai Ăźnainte la un concurs de șah « Răducu, son camarade et ami, avait participĂ© auparavant Ă  un concours d’échecs »[8] ;
    • nom complĂ©tĂ© par une proposition relative, apposĂ© Ă  une proposition : Lucrează Ăźncet, fapt care nu-mi convine « Il/Elle travaille lentement, ce qui ne me convient pas » (littĂ©ralement « 
 fait qui
 »[9] ;
  • (hu)[10] :
    • adjectif substantivĂ© disjoint et postposĂ© : Vettem csizmĂĄt, pirosat « J’ai achetĂ© des bottes, des rouges » ;
    • mot substantivĂ© exprimant une quantitĂ©, disjoint et postposĂ© : EgyĂ©l almĂĄt, kettƑt/sokat! « Mange des pommes, deux/beaucoup » ;
    • nom exprimant le possesseur du terme auquel il est apposĂ©, disjoint et postposĂ© : ElkĂ©rtem a könyvet, JĂłskĂĄĂ©t « J’ai demandĂ© le livre, celui de JĂłska ».

Outre la nature de l’apposition, divers auteurs prennent en compte des termes de natures diverses auxquels on peut ajouter une entitĂ© appelĂ©e apposition. C’est le plus souvent un nom (voir la plupart des exemples ci-dessus), mais cela peut aussi ĂȘtre une autre entitĂ©. Exemples en français[4] :

  • un pronom personnel : Lui, mĂ©decin, ne peut accepter
 ;
  • un pronom dĂ©monstratif : Celui-lĂ , un bon garçon, sera fĂ©licitĂ© ;
  • un pronom possessif : La mienne, la voiture grise, est garĂ©e lĂ -bas ;
  • le syntagme d’un infinitif : Tuer un homme, crime irrĂ©parable
 ;
  • une proposition : Si l’on tue un homme, crime irrĂ©parable


Restrictions de la gamme des entités considérées comme des appositions

Divers grammairiens rĂ©duisent la gamme des constructions ci-dessus lorsqu’ils traitent de l’apposition. Pour le français, Mauger 1971, par exemple, en exclut l’adjectif qui, selon lui, peut bien ĂȘtre disjoint, mais en tant qu’épithĂšte[11]. Pour Grevisse et Goosse 2007, « l’apposition est un Ă©lĂ©ment nominal placĂ© dans la dĂ©pendance d’un autre Ă©lĂ©ment nominal et qui a avec celui-ci la relation qu’a un attribut avec son sujet, mais sans copule ». Cette grammaire aussi en exclut donc l’adjectif, mais aussi le verbe Ă  l’infinitif et la proposition[5]. Il en est de mĂȘme en ce qui concerne les grammaires traditionnelles de l’anglais, du roumain ou des langues du BCMS. Exemples d’appositions dans ces grammaires :

  • (en) : John Smith, the butcher, came in « John Smith, le boucher, entra »[3] ;
The novelist Joseph Conrad couldn't speak English until he was 47 « Le romancier Joseph Conrad ne parlait pas anglais avant l’ñge de 47 ans »[12]
  • (ro) : Te-a căutat Ion, portarul « Il y a Ion, le concierge qui t’a cherchĂ© »[9] ;
Om prudent, Busuioc trăgea cu coada ochiului Ăźntr-acolo « Homme prudent, Busuioc regardait du coin de l’Ɠil vers lĂ -bas » (Liviu Rebreanu)[7] ;
Fluviul Dunărea este cel mai mare din Europa « Le fleuve du Danube est le plus long d’Europe »[7] ;
  • BCMS : (cnr) : Ovo je Petar, komĆĄija « C’est Petar, un/le voisin »[13] - [14] ;
(hr) : Nedaleko od kuće primijetili su psa skitnicu « Non loin de la maison, ils ont remarquĂ© un chien vagabond »[15] ;
(sr) : na reci Dunavu « sur le fleuve du Danuble »[16].

Toutes les entitĂ©s que les grammaires du hongrois considĂšrent comme des appositions sont disjointes et postposĂ©es, sans prendre en compte les infinitifs et les propositions. Ce qui dans d’autres grammaires est une apposition conjointe est, selon elles, un complĂ©ment du nom ou du pronom : Pista bĂĄtyĂĄm « mon frĂšre aĂźnĂ© Pista ». Par contre, elles incluent parmi les appositions les adjectifs disjoints qui sont, il est vrai, substantivĂ©s dans cette situation : A lejtƑket, a havasakat mĂ©g nem sĂŒti elĂ©g melegen a nap « Les pentes, les neigeuses, ne sont pas encore assez chaudement ensoleillĂ©es »[10].

Statut grammatical de l’apposition

Les grammairiens sont en gĂ©nĂ©ral d’accord pour affirmer que l’apposition a pour trait principal l’identitĂ© de rĂ©fĂ©rence avec le terme auquel elle est associĂ©e[2] - [3] - [17] - [10] - [5]. Certains y ajoutent ou mentionnent seulement l’équivalence syntaxique avec ce terme[8] - [3]. Selon certains auteurs, l’un des critĂšres de dĂ©finition de la construction appositive est sa transformabilitĂ© en construction sujet + copule + attribut[10] - [5].

Comme il n’y a pas d’unitĂ© de points de vue sur la dĂ©finition de l’apposition, il n’y en a pas non plus sur la question si l’apposition est ou non une fonction syntaxique et, dans ce dernier cas, si elle est un type d’épithĂšte ou de complĂ©ment du nom/pronom, ou bien si elle est une fonction syntaxique Ă  part.

L’apposition vue sans fonction syntaxique

Selon certains auteurs, l’apposition n’est pas une fonction grammaticale, l’entitĂ© mise en apposition n’ayant pas par elle-mĂȘme de fonction syntaxique. La preuve en serait qu’un syntagme nominal peut ĂȘtre apposĂ©[2] :

  • au sujet : M. Dupont, le professeur, a les cheveux frisĂ©s ;
  • Ă  l’attribut : Je le vois gentil, plein de prĂ©venances ;
  • Ă  un complĂ©ment d’objet direct : J’aperçois la « ville », espĂšce de gros village aux rues tortueuses ;
  • Ă  un complĂ©ment du nom/pronom : Je revois la coiffe de ma grand-mĂšre, une vieille femme ridĂ©e ;
  • Ă  un mot mis en apostrophe : Vous, Duval, le gĂ©nie de la classe, rĂ©pondez.

Cet argument est prĂ©sent chez d’autres auteurs aussi, mĂȘme de ceux qui ne nient pas Ă  l’apposition une fonction syntaxique.

Exemples en anglais[17] :

  • sujet : Joseph Conrad, the famous English novelist, couldn't speak English until he was 47 « Joseph Conrad, le fameux romancier anglais, ne parla pas anglais jusqu’à l’ñge de 47 ans ;
  • attribut : The man is a fool, a complete idiot « Cet homme est un fou, un idiot accompli » ;
  • COD : Everyone visits the White House, the home of the President « Tout le monde visite la Maison blanche, la rĂ©sidence du PrĂ©sident » ;
  • complĂ©ment circonstanciel de lieu : The place is miles away, much too far to walk « Cet endroit est Ă  plusieurs milles d’ici, beaucoup trop loin pour y aller Ă  pied ».

En roumain[8] :

  • sujet : Noul venit, chiar prietenul său, n-a fost de aceeași părere « Le nouveau venu, justement son ami, n’était pas du mĂȘme avis » ;
  • attribut : El pare abătut, mai precis supărat « Il semble abattu, plus exactement, fĂąchĂ© » ;
  • COD : Îmi aleg unul, pe acesta « Je m’en choisis un, celui-ci » ;
  • complĂ©ment d’objet indirect : I-am trimis colegului, adică lui Nicu, toate cărțile « J’ai evoyĂ© tous les livres Ă  notre collĂšgue, c’est-Ă -dire Ă  Nicu » ;
  • complĂ©ment circonstanciel de temps : Se prezintă joi, adică de azi Ăźn trei zile « Il/Elle se prĂ©sente jeudi, c’est-Ă -dire dans trois jours » ;

En hongrois[10] :

  • sujet : ZsĂłfi, (azaz/vagyis) a lĂĄnyom hegedĂŒlni tanul « ZsĂłfi, (c’est-Ă -dire) ma fille, apprend le violon » ;
  • attribut : Ez a fiĂș KĂĄroly, (azaz) a sĂłgorom « Ce garçon est KĂĄroly, (Ă  savoir) mon beau-frĂšre » ;
  • COD : MĂĄr rĂ©g nem lĂĄttam ÁdĂĄmot, (vagyis) az unokaöcsĂ©met « Il y a longtemps que je n’ai pas vu ÁdĂĄm, (je veux dire) mon cousin » ;
  • complĂ©ment circonstanciel d’accompagnement : LillĂĄval, (vagyis) a hĂșgom kislĂĄnyĂĄval mentĂŒnk moziba « Je suis allĂ©(e) au cinĂ©ma avec Lilla, (Ă  savoir) la fillette de ma sƓur cadette ».

Dans Nagy 1980, une grammaire du hongrois, l’apposition ne figure pas dans le chapitre de la syntaxe. On y considĂšre qu’elle est en dehors de la proposition, Ă©tant une construction elliptique, consistant en le terme subordonnĂ© Ă  un terme rĂ©pĂ©tĂ©. D’une phrase complexe comme TĂ©l volt, kemĂ©ny tĂ©l volt « C’était l’hiver, c’était un hiver rigoureux », la partie redondante est Ă©liminĂ©e et il en reste l’adjectif kemĂ©ny « rigoureux » en tant qu’apposition : TĂ©l volt, kemĂ©ny « C’était l’hiver, un rigoureux »[18].

L’apposition vue comme un Ă©lĂ©ment subordonnĂ© Ă  part

Ce statut est attribuĂ© Ă  l’apposition par Grevisse et Goosse 2007, par exemple, ainsi que par les grammaires du BCMS mentionnĂ©es dans cet article.

Dans le cas de l’apposition conjointe, il y a des divergences quant Ă  considĂ©rer lequel des termes de la construction est en fait l’apposition. Pour certains, c’est toujours le second, par exemple pour Mauger 1971. Ainsi, dans le syntagme le mois de juin, l’apposition serait de juin, et dans le roi RenĂ© – RenĂ©[4]. De mĂȘme pour les grammaires du roumain : dans fluviul Dunărea « le fleuve du Danube », l’apposition serait Dunărea[7]. Par contre, selon Grevisse et Goosse 2007, l’apposition est parfois le second terme (ex. une girafe mĂąle), mais d’autres fois le premier : le mois dans le syntagme le mois de mai, le poĂšte dans la phrase J’ai rencontrĂ© le poĂšte Hugo. Son interprĂ©tation dĂ©coule de la dĂ©finition que cette grammaire donne Ă  l’apposition, considĂ©rant que celle-ci provient d’une phrase oĂč poĂšte est le noyau de l’attribut, rĂ©sultat d’une transformation de la suite de phrases J’ai rencontrĂ© Hugo. Hugo est un poĂšte[5].

Les grammaires BCMS ont le mĂȘme point de vue que Grevisse et Goosse 2007 de l’apposition antĂ©posĂ©e Ă  un nom propre, pour exprimer ce qu’est quelqu’un ou quelque chose : gospodin Galović « monsieur Galović »[15], KomĆĄija ima kuću u gradu Zagrebu « Le voisin a une maison dans la ville de Zagreb »[13], restoran „Proleće“ « le restaurant Le Printemps »[16].

Dans des grammaires du hongrois, seul un certain type d’apposition est considĂ©rĂ© comme un Ă©lĂ©ment subordonnĂ© Ă  part, celui qu’on y appelle apposition d’identification, ex. PistĂĄt, a fiamat ellenfĂ©lnek tekintettĂ©k « Ils considĂ©raient Pista, mon fils, comme un adversaire »[10].

L’apposition vue comme un type d’épithĂšte ou de complĂ©ment du nom/pronom

Dans certaines grammaires traditionnelles, tous les types d’appositions exprimĂ©es par un nom ou un substitut de nom (pronom, numĂ©ral, adjectif qualificatif ou relationnel substantivĂ©s) sont considĂ©rĂ©es comme un type d’une fonction syntaxique qui rĂ©unit l’épithĂšte et le complĂ©ment du nom ou du pronom.

Dans les grammaires du roumain, par exemple, oĂč c’est cette fonction syntaxique qui est prise en compte, l’apposition est considĂ©rĂ©e comme un type de cette fonction exprimĂ©e par :

  • un nom : Unul dintre colegi, Ovidiu, nu a răspuns la apel « L’un des collĂšgues, Ovidiu, n’a pas rĂ©pondu Ă  l’appel » [8], Moș Vasile era un cărpănos [...] « Le pĂšre Vasile Ă©tait un avare [
] » (Ion Creangă)[7] ;
  • un pronom : Portarul, altul, l-a salutat « Le concierge, un autre, l’a saluĂ© »[9] ;
  • un numĂ©ral Ă  valeur pronominale : Ceilalți doi prieteni negustori, al cincilea și al șaselea, se mulțumiră să Ăźncuviințeze [
] « Les deux autres marchands, le cinquiĂšme et le sixiĂšme, se contentĂšrent d’approuver [
] (Mihail Sadoveanu)[7] ;
  • un autre adjectif qualificatif ou relationnel substantivĂ© : Pajul Cupidon, vicleanul, mult e rău și alintat « Le page Cupidon, le fourbe, est trĂšs mĂ©chant et gĂątĂ© »[7].

Dans des grammaires du hongrois[19], oĂč l’épithĂšte et le complĂ©ment du nom/pronom sont Ă©galement rĂ©unis en une seule fonction syntaxique, on trouve le mĂȘme traitement de l’apposition. On y Ă©tablit les diffĂ©rences entre l’épithĂšte et le complĂ©ment du nom/pronom, d’un cĂŽtĂ©, et l’apposition, de l’autre : cette derniĂšre est postposĂ©e au terme dĂ©terminĂ©, en reçoit la dĂ©sinence (Ă©ventuellement la postposition), en est disjointe et peut constituer avec ce terme une construction sujet + copule + attribut. On y distingue deux types d’apposition :

  • l’un comprenant celui exprimĂ© par un adjectif substantivĂ© (VegyĂ©l kenyeret, frisset! « AchĂšte du pain, du frais »), transformable en Ă©pithĂšte, et celui exprimant un possesseur (MegĂ©rkezett a levĂ©l, a barĂĄtomĂ© « La lettre, celle de mon ami, est arrivĂ©e »), transformable en complĂ©ment du nom/pronom ;
  • l’autre, appelĂ© d’identification, transformable seulement en attribut : Én, beteg ember, csupĂĄn csak vĂĄrok « Moi, homme malade, je ne fais qu’attendre » (Endre Ady)[20].

Dans des grammaires du hongrois plus récentes, seul le premier type ci-dessus est rangé parmi les épithÚtes et les compléments du nom/pronom[10] - [21].

L’apposition vue comme une entitĂ© Ă  statut grammatical intermĂ©diaire

Selon certains grammairiens, la construction appositive d’identification est une construction à coordination[22]. En effet, les deux ont des traits communs[10] :

  • Les termes de la construction appositive sont interchangeables.
  • N’importe lequel des termes peut ĂȘtre Ă©liminĂ©.
  • Entre les deux termes on peut inclure des expressions telles c’est-Ă -dire, Ă  savoir, plus exactement.
  • Les deux termes ont le mĂȘme statut syntaxique par rapport Ă  un terme tiers, mais l’éventuelle identitĂ© des morphĂšmes de ce rapport n’est pas due Ă  l’accord, qui est caractĂ©ristique entre un terme subordonnĂ© et son terme rĂ©gissant. Une telle identitĂ© peut ĂȘtre celle en cas grammatical, du moins dans certaines langues (voir la section suivante).

Cependant, la construction appositive présente aussi des traits différents de ceux de la construction à coordination :

  • Les termes de la construction appositive peuvent ĂȘtre mis en rapport sujet + copule + attribut, ce qui n’est pas une caractĂ©ristique gĂ©nĂ©rale de la construction Ă  coordination.
  • Dans la construction appositive il y a un rapport direct non seulement entre ses termes et leur rĂ©fĂ©rent, mais aussi entre les termes. C’est pourquoi, leur identitĂ© de nombre, par exemple, est un phĂ©nomĂšne d’accord.

En analysant les caractĂ©ristiques de la construction appositive, Balogh 1999 arrive Ă  la conclusion qu’elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une construction intermĂ©diaire entre les constructions Ă  coordination et celles Ă  subordination[10].

SpĂ©cificitĂ©s morphosyntaxiques de l’apposition en quelques langues

Dans certaines langues Ă  dĂ©clinaison, les termes de la construction appositive exprimĂ©s par des noms ou des substituts de noms sont d’ordinaire aux mĂȘmes cas et nombre. Dans les langues qui connaissent la catĂ©gorie grammaticale du genre, ils peuvent ou non ĂȘtre au mĂȘme genre aussi.

Exemples en BCMS :

  • (hr) : Glavni grad Hrvata leĆŸi kao ĆĄto je poznato na rijeci Savi « La capitale des Croates se trouve, comme on le sait, sur la riviĂšre Save » (les deux termes au cas locatif)[15] ;
  • (cnr) : Javi se Petru, komĆĄiji koji prodaje kuću « Adresse-toi Ă  Petar, le voisin qui vend la maison » (au datif)[13] ;
  • (sr) : s doktorom Simićem « avec le docteur Simić » (Ă  l’instrumental)[16].

En hongrois, l’apposition exprimĂ©e par un adjectif substantivĂ© est toujours au mĂȘme cas que le terme auquel il est associĂ©. L’apposition exprimĂ©e par un nom ou un pronom est au mĂȘme cas pour les fonctions de sujet, de COD, de COI d’attribution et de CC d’accompagnement/d’instrument, mais peut ĂȘtre Ă  un cas diffĂ©rent pour les fonctions qui s’expriment par plusieurs dĂ©sinences, tel le CC de lieu. Exemples[10] :

A szerelmemet, az elsƑt nem felejtem el « Mon amour, le premier, je ne l’oublie pas » (COD, Ă  l’accusatif) ;
PistĂĄnak, a barĂĄtomnak « Ă  Pista, mon ami » (COI d’attribution, au datif) ;
LillĂĄval, a hĂșgom kislĂĄnyĂĄval mentĂŒnk moziba « Je suis allĂ©(e) au cinĂ©ma avec Lilla, la fillette de ma sƓur cadette » (CC d’accompagnement, Ă  l’instrumental) ;
Az iskolĂĄban, (azaz) a tanĂĄriban Ă©rdeklƑdtĂŒnk a tanĂ©vkezdĂ©srƑl « C’est Ă  l’école, (plus exactement) dans la salle des professeurs que nous nous sommes renseignĂ©(e)s sur le dĂ©but de l’annĂ©e scolaire » (CC de lieu, les deux Ă  l’inessif) ;
egy mĂĄsik helyen, a mellvĂ©d ĂĄrnyĂ©kĂĄban « Ă  un autre endroit, Ă  l’ombre du parapet » (CC de lieu, le premier au superessif, le second Ă  l’inessif).

En roumain actuel, une langue Ă  dĂ©clinaison relativement rĂ©duite, l’apposition est toujours au nominatif, le terme auquel elle est associĂ©e pouvant ĂȘtre Ă  un autre cas : I-am scris Floricăi, sora mea « J’ai Ă©crit Ă  Florica, ma sƓur » (datif + nominatif)[9].

Notes et références

  1. Gaffiot 1934, p. 147.
  2. Dubois 2002, p. 46.
  3. Crystal 2008, p. 31.
  4. Mauger 1971, p. 42-45.
  5. Grevisse et Goosse 2007, p. 422-425.
  6. Bescherelle 1990, p. 25.
  7. Bărbuță 2000, p. 252-254.
  8. Constantinescu-Dobridor 1998, articole apoziție.
  9. Avram 1997, p. 350.
  10. Balogh, J. 1999.
  11. Mauger 1971, p. 46.
  12. Eastwood 1994, 14. o.
  13. Čirgić 2010, p. 283-284.
  14. Dans le BCMS il n’y a pas d’articles, une telle apposition peut donc correspondre en français Ă  une avec article dĂ©fini ou indĂ©fini, selon le contexte.
  15. Barić 1997, p. 563.
  16. Klajn 2005, p. 233-234.
  17. Eastwood 1994, p. 14.
  18. Nagy 1980, p. 128.
  19. Par exemple Balogh, D. et al. 1971 (p. 335-336).
  20. Exemples de P. Lakatos 2006, p. 173-174.
  21. Kålmånné Bors et A. Jåszó 2007, p. 424-425.
  22. Cf. Balogh, J. 1999, ne nommant pas d’auteurs qui l’affirment.

Sources bibliographiques

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  • (hu) Balogh, DezsƑ ; GĂĄlffy, MĂłzes ; J. Nagy, MĂĄria, A mai magyar nyelv kĂ©zikönyve [« Guide du hongrois d’aujourd’hui »], Bucarest, Kriterion, 1971
  • (hu) Balogh, Judit, « A jelzƑ Ă©s az Ă©rtelmezƑ » [« L’épithĂšte/complĂ©ment du (pro)nom et l’apposition »], Magyar NyelvƑr, nr. 2, 1999, p. 191-207 (consultĂ© le )
  • (ro) Bărbuță, Ion et alii, Gramatica uzuală a limbii romĂąne [« Grammaire usuelle du roumain »], Chișinău, Litera, 2000 (ISBN 9975-74-295-5) (consultĂ© le )
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  • La grammaire pour tous, Bescherelle 3, Paris, Hatier, 1990, (ISBN 2-218-02471-3)
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  • (hu) Nagy, KĂĄlmĂĄn, Kis magyar nyelvtankönyv [« Petite grammaire du hongrois »], Bucarest, Kriterion, 1980
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  • Szende, Thomas et Kassai, Georges, Grammaire fondamentale du hongrois, Paris, Langues et mondes – l'AsiathĂšque, 2001, (ISBN 2-911053-61-3)

Bibliographie supplémentaire

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