1er régiment de spahis marocains
Le 1er régiment de spahis marocains (1er RSM) était une unité appartenant à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l'armée française. Dissous en 1945, son nom et ses traditions sont alors repris par le 1er régiment de marche de spahis marocains (1er RMSM), issu de la France libre.
1er régiment de spahis marocains | |
Insigne de 1939 (non homologué par l'armée) | |
Création | 1914 |
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Pays | France |
Branche | Cavalerie |
Type | RĂ©giment |
RĂ´le | Cavalerie |
Ancienne dénomination | Régiment de marche de chasseurs indigènes à cheval Régiment de marche de spahis marocains 21e régiment de spahis marocains |
Inscriptions sur l’emblème |
La Marne 1914 Pogradec 1917 Skumbi 1917 Bofnia 1918 Uskub 1918 Danube 1918 Levant 1920-1927 |
Guerres | Première Guerre mondiale Campagne du Levant Seconde Guerre mondiale |
Décorations | Croix de guerre 1914-1918 5 palmes Croix de guerre des TOE 3 palmes Mérite militaire chérifien |
Il s'illustre particulièrement au cours de la Première Guerre mondiale, au sein de l'Armée française d'Orient, en Macédoine, en Albanie et en Serbie, où il obtient cinq citations à l’ordre de l’Armée, deux ordres serbes, un ordre roumain et un ordre marocain ainsi que la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire, puis pendant la campagne du Levant (1920-1927) où il reçoit la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs.
Il était le régiment de cavalerie le plus décoré de l’armée française. Son étendard est le seul des emblèmes des unités de cavalerie à être décoré de la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire[1].
Création et différentes dénominations
- 1914 : Régiment de Marche de Chasseurs Indigènes à cheval (RMCIC)
- 1915 : RĂ©giment de Marche de Spahis Marocains (RMSM)
- 1920 : 1er RĂ©giment de Marche Spahis Marocains (1er RMSM)
- 1921 : 21e RĂ©giment de Spahis Marocains (21e RSM)
- 1929 : 1er RĂ©giment de Spahis Marocains (1er RSM).
- 1942 - 1945 : 1er Régiment de Spahis Marocains, différent du Régiment de Marche de Spahis Marocains (FFL)
- 1945 : 1er RĂ©giment de Spahis Marocains
Historique
Chefs de corps
Première Guerre mondiale
- 1914-04/1918 : colonel Gustave Dupertuis
- 04/1918-12/1919 : colonel Edmond Guespereau (1871-1962)[2]
Entre-deux-guerres
- 12/1919-1928 : colonel Charles Massiet (1877-1947)[3]
- 1928-1932 : colonel Holtz
- 1932-1934 : colonel Langlois
- 1934-1939 : colonel Bastien
Seconde Guerre mondiale
- 1939-1940 : colonel Trémeau
- 1940-1941 : lieutenant-colonel de Chaléon
- 1940-1941 : colonel Martin
- 1943-1945 : colonel Michon
France 1914-1917
En le général Lyautey réussit à faire accepter la création d'un régiment regroupant des escadrons de spahis marocains. Il prend le nom de Régiment de marche de chasseurs indigènes (RMCIC) puis de Régiment de marche de spahis marocains (RMSM) le .
Ce régiment combat en France à cheval puis dans les tranchées à partir du printemps 1915.
Balkans 1917-1919
Au début de l'année 1917, le RMSM est envoyé sur le front d'Orient où il combat brièvement les royalistes grecs à Larissa, s'emparant de haute lutte du drapeau du 1er régiment d'Evzones.
Engagé dans les Balkans au sein de la brigade de cavalerie du général Jouinot-Gambetta, aux côtés des 1er et 4e régiment de chasseurs d'Afrique (RCA), le RMSM se couvre de gloire au cours de nombreux combats dont le plus fameux demeure le fait d'armes de la prise d'Uskub - l'actuelle Skopje - le .
Il est ensuite mis à la disposition de l'armée serbe (en) et continue donc à combattre après l'armistice du , contre les Prussiens de von Marckensen puis contre les mouvements révolutionnaires communistes hongrois et roumain. Le RMSM fait ensuite partie des troupes d'occupation en Bulgarie puis à Constantinople.
Composition du régiment
Fin 1917, le RMSM compte environ un millier d'hommes, dont 75 % de Marocains et 25 % d'Européens[4] :
- 5 escadrons actifs de 175 hommes armés du mousqueton Berthier modèle 1892 de 8mm. Chaque escadron possède 8 fusils-mitrailleurs Chauchat modèle 1915.
- une compagnie de mitrailleuses. Les 8 mitrailleuses sont des Hotchkiss Mle 1914.
- un peloton de canons de 37mm de type 1916 TRP.
Entre 1917 et 1919, le RMSM fait partie de la brigade de cavalerie du général Jouinot-Gambetta:
- Régiment de marche de spahis marocains (RMSM) commandé par le lieutenant-colonels Dupertuis puis Guéspereau
- 1er régiment de chasseurs d'Afrique (1er RCA) commandé par le lieutenant-colonel Bournazel
- 4e régiment de chasseurs d'Afrique (4e RCA) commandé par le lieutenant-colonel Labauve
Pertes
Durant la Première Guerre mondiale, les Spahis du RMSM ont eu 141 tués (13 officiers, 15 sous-officiers et 113 gradés et spahis) dont 40 Européens et 101 Marocains pour un effectif moyen d'environ un millier d'hommes[5].
L'entre-deux-guerres
En il devient le 1er régiment de marche spahis marocains (1er RMSM) et est envoyé au Levant Français. Il reçoit son premier étendard en 1920 à Beyrouth et combat durement dans le cadre des différentes colonnes de pacification.
En 1921, il devient le 21e régiment de spahis marocains (21e RSM) puis finalement, en 1929, le 1er régiment de spahis marocains (1er RSM). La portion centrale est à Alep et un escadron à Beyrouth. Les escadrons du 1er RSM sont périodiquement échangés avec les escadrons du 2e RSM en garnison à Marrakech[6].
La Seconde Guerre mondiale
En 1939, le 1er RSM met sur pied 2 groupes de reconnaissance de division d'infanterie (GRDI) :
Le 1er juillet 1940, 38 Spahis[7] à cheval d'un escadron du 1er RSM, commandé par le capitaine Paul Jourdier rejoignent la France libre en Égypte et continuent le combat en Érythrée puis en Syrie contre les forces restées fidèles au maréchal Pétain. C'est le Chef d'Escadrons Jourdier qui accueille, à Irbid, le , le colonel Philibert Collet et ses hommes du Groupement Tcherkesse qui rallient la France libre. Ce premier escadron donne ensuite naissance au 1er régiment de marche de spahis marocains le .
Pendant ce temps, le 1er RSM a combattu lui aussi en Syrie (mais du côté des forces du régime de Vichy). Renvoyé au Maroc il combat contre les Américains lors de leur débarquement en Afrique du Nord, puis dans l'Armée de la Libération. Le 1er RSM débarque en à Marseille et Toulon[8]. Les 760 militaires du régiment, majoritairement pieds-noirs, sont en théoriquement équipé de blindés américains mais ils n'en recevront qu'au printemps 1945[9]. Ce n'est qu'en qu'il sera employé au combat pour la reconquête de la poche de Royan[8]. Après l'armistice du 8 mai 1945, le 1er RSM est en garnison à Pontoise puis à Tours. Il est finalement dissous en et transformé en 8e régiment de dragons.
Le régiment est reconstitué en 1947, à partir du 1er régiment de marche de spahis marocains, puis il change d’appellation en 1956 pour celle de 21e régiment de spahis. Le 21e RS rejoint la garnison de Sedan où il est transformé en 12e régiment de chasseurs. Le 22e régiment de spahis à Spire (Forces françaises en Allemagne) change d'appellation pour celle de 21e régiment de spahis. En 1965, le 21e RS devient 1er régiment de spahis.
Traditions
Étendard du régiment
- Décorations françaises
- Croix de guerre 1914-1918 avec cinq palmes
- Croix de guerre des TOE avec trois palmes
- DĂ©corations marocaines
- DĂ©corations serbes
- Ordre de l'Étoile de Karageorge du 4e rang avec glaives
- Médaille militaire serbe (sh) avec une citation à l'ordre de l'armée
- DĂ©corations roumaines
- Inscriptions
Il a le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de la Médaille militaire
Insigne
- Créé en 1939 par le colonel Bastien, reproduction d'un dessin de l'illustrateur Pierre Brissaud, l'insigne dont le modèle initial a été réalisé par Drago est en métal argenté et émaillé : cavalier berbère et cheval noirs, nuage blanc, montagne de l'Atlas aux sommets blancs, sol brun translucide, touffes d'herbes noir opaque et rouge translucide. Cet insigne n'a pas été homologué.
Citations militaires
Première Guerre mondiale
Pogradec 1917
« Entraîné par son chef, le colonel Dupertuis, au cours de quatre journées et quatre nuits de combats ininterrompus, a forcé le passage du Dévoli, bousculé dans un terrain difficile et montagneux des bandes d'irréguliers, enlevé de haute lutte, sur une profondeur de 18 kilomètres, des ouvrages défendus par les troupes autrichiennes, pénétré à la baïonnette dans le village de Pogradec tenu par des contingents allemands, les refoulant au nord du village et assurant ainsi le plein succès de la manœuvre débordante qui lui avait été assignée. A donné un superbe exemple d'énergie et d'audace ; s'est emparé de plusieurs canons, de mitrailleuses ; de nombreux prisonniers et d'un important matériel. »
— 1re citation à l'ordre de l'Armée française obtenue à la suite de la prise de Pogradec en Albanie en septembre 1917, Ordre général n°163 du général commandant l'Armée Française d'Orient, le 17 septembre 1917, général Grossetti
Skumbi 1917
« Sous le commandement d'un véritable chef, le colonel Dupertuis, vient à nouveau de remplir, et au-delà , la mission qui lui avait été confiée en escaladant falaises et montagnes défendues par des forces autrichiennes et en leur infligeant des échecs successifs et sanglants, bien que seul contre plusieurs bataillons. »
— 2e citation à l'ordre de l'Armée française obtenue à la suite des opérations du Skumbi en Albanie en octobre 1917, Ordre général n°52 du général commandant en chef les armées alliées, le 3 novembre 1917, général Sarrail
Bofnia 1918
« Sous les ordres du lieutenant-colonel Guespereau, vient une fois encore d'affirmer sa bravoure, son esprit offensif et sa force de résistance. En juillet-août 1918 au cours des opérations exécutées en Albanie a, sans trêve, combattu pendant près de 40 jours un ennemi toujours supérieur en nombre et retranché dans de très fortes positions. Malgré la résistance opiniâtre et les contre-attaques répétées de l'ennemi, malgré les difficultés du terrain, malgré la chaleur accablante, a conservé constamment le même entrain, le même esprit de sacrifice, a brisé toutes les résistances, dépassant de près de 40 kilomètres le premier objectif qui lui avait été assigné, faisant plusieurs centaines de prisonniers et s'emparant de matériel et d'approvisionnements très importants. »
— 3e citation à l'ordre de l'Armée française obtenue après les combats dans les massifs montagneux du Bofnia (ou Bofnjë) en Albanie en juin-juillet 1918, Ordre général n°235 du général commandant l'Armée Française d'Orient, le 17 août 1918, général Henrys[10]
Uskub 1918
« Unité d'élite, apte à toutes les missions et dépassant par son audace et son entrain les espérances du commandement. Le 29 septembre 1918, après une marche longue et difficile à travers un massif montagneux élevé a, sous le commandement du lieutenant-colonel Guespereau, enlevé successivement dans un combat à pied très mordant, toutes les hauteurs dominant Uskub (Skopje) vers l'ouest et tenues par un ennemi retranché; puis, débordant la ville, s'est porté immédiatement sur les colonnes en fuite, bousculant leurs arrières-gardes, leur enlevant 5 pièces d'artillerie lourde, 1000 têtes de bétail, plus de 100 voitures et capturant de très nombreux prisonniers. »
— 4e citation à l'ordre de l'Armée française obtenue à la suite de la prise d'Uskub (aujourd'hui Skopje) en septembre 1918, Ordre général n°263 du général commandant l'Armée Française d'Orient, le 17 août 1918, général Henrys
Danube 1918
« Régiment d'un moral, d'un entrain et d'une endurance incomparables, qui s'était déjà fait remarquer lors de la prise d'Uskub. Faisant ensuite partie intégrante de l'armée serbe, a continué, sous le commandement du lieutenant-colonel Guespereau, à se signaler pendant la campagne dans la partie Est de la Serbie du 30 septembre au 19 octobre 1918. Dans sa marche rendue particulièrement pénible en raison du climat et du terrain, s'est élancé inlassablement à la poursuite des troupes autrichiennes et allemandes, les bousculant de Kumanovo jusqu'au confluent du Timok et du Danube, faisant preuve ainsi dans la progression d'un mordant égal à sa ténacité et à sa souplesse manœuvrière. »
— 5e citation à l'ordre de l'Armée française, Ordre général n°196 du général commandant en chef les armées alliées, le 25 août 1919, général Franchet d'Espèrey
« A, au cours de la campagne dans la partie Est de la Serbie, du 30 septembre au 19 octobre 1918, affirmé de façon incontestable la valeur traditionnelle de la cavalerie française. Progressant inlassablement à travers un terrain tourmenté, bousculant l’ennemi de Kumanovo jusqu’au confluent du Timok et du Danube, le Régiment de Marche de Spahis Marocains de l’Armée d’Orient s’est tracé, en liaison étroite avec ses frères d’armes serbes, une très belle page dans l’histoire des armées franco-serbes. »
— Citation à l'ordre de la 1re Armée serbe après la libération de Zaječar par les Spahis, ordre ADI n° 37449, le 8 novembre 1918, voïvode Bojović
Personnalités ayant servi au sein du régiment
- Marc Martin-Siegfried (1911-1990), Compagnon de la Libération.
Notes et références
- Jacques Frémeaux, Les colonies dans la Grande Guerre : combats et épreuves des peuples d'outre-mer, Saint-Cloud (Hauts de Seine, Ed. 14-18, , 393 p. (ISBN 978-2-951-95397-0, OCLC 951649837), p. 190
- Edmond Guespereau est né le 5 juillet 1871 à Hanches. Avant la Grande Guerre, il intègre l’école d’application de la cavalerie (Saumur) puis participe en tant qu'officier au sein des Chasseurs d'Afrique et Spahis à diverses campagnes en Afrique du Nord française. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 31 juillet 1912. Au cours de la guerre, il devient chef d’escadron au Régiment de Marche de Spahis Marocains (RMSM) le 31 août 1916 puis, promu lieutenant-colonel, il commande le régiment à partir du 3 avril 1918. Il est cité à plusieurs reprises. Edmond Guespereau est promu Général de brigade le 18 mai 1926 et élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'honneur le 4 juillet 1931. Il meurt le 22 septembre 1962 à Paris. Edmond Guespereau était titulaire des décorations suivantes : Grand Officier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1914-1918 avec huit citations (cinq palmes et trois étoiles), Commandeur du Ouissam Alaouite du Maroc, Officier du Nicham Iftikar, Officier des Saints Maurice et Lazare d’Italie. Source: Dossier de la Légion d'Honneur d'Edmond Guespereau, Base de données Léonore
- Dossier de la Légion d'Honneur de Charles Massiet, Base de données Léonore
- Thierry Moné et Mary Moné 2004, p. 85-87.
- Thierry Moné et Mary Moné 2004, p. 193.
- Thierry Moné, « Histoire et uniforme des officiers de Spahis et de Compagnies Sahariennes : L’évolution des unités de Spahis entre 1918 et 1940 », sur tenue31.fr (consulté le )
- 39 Spahis selon la liste publiée par Thierry et Mary Moné, Les Burnous Bleus sur les Chemins du Devoir
- Thierry Moné, Les spahis du 1er Marocains, Panazol, Lavauzelle, , 157 p. (ISBN 978-2-702-50434-5, OCLC 468069765), page 86
- Stéphane Weiss, « L'engagement de troupes nord-africaines et coloniales dans le Sud-ouest de la France en 1944-1945 », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 251, no 3,‎ , p. 143 (ISSN 0984-2292 et 2101-0137, DOI 10.3917/gmcc.251.0143, lire en ligne, consulté le )
- Revue de la France libre, ,v6, p.2954
Sources et bibliographie
- Général Jouinot-Gambetta, Uskub ou le rôle de la Cavalerie d'Afrique dans la victoire, Berger-Levrault, 1920, Préface d'Aristide Briand
- Thierry Moné et Mary Moné, Du burnous rouge au burnous bleu : les Spahis du 1er Marocains dans la Grande guerre, Panazol, Lavauzelle, , 205 p. (ISBN 978-2-702-51194-7)
- Anonyme, Historique du 1er régiment de spahis pendant la campagne 1914-1918 (contre l'Allemagne, Maroc, Syrie Palestine), Paris, Charles Lavauzelle, , 42 p. (lire en ligne).
- Général Edmond Guespereau, « Le rôle de la cavalerie dans l'offensive d'Orient (septembre 1918) » in L'Armée d'Orient vue à 15 ans de distance, Revue des Balkans, 1932