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11e rĂ©giment de dragons (France)

Création et différentes dénominations

La création du 11e Régiment de Dragons, un des quatorze vieux régiments de Louis XIV, remonte à 1674[1]. C'est le de cette année qu'il fut levé sous le nom de « Régiment de Prince » « Angoulême ». Le comte de Saint-Sandoux, Antoine de Ribières, premier mestre-de-camp, forme le nouveau régiment à Tournai[1]. Il compe 4 escadrons de 2 compagnies de 68 hommes[1]. Dès sa constitution, il prend part à la campagne de Hollande et s'y distingue dans les Flandres en 1676[2]. À la mort du comte de Saint-Sandoux, le régiment passe officiellement sous le commandement de Peyssonnel le [3]. En , Peyssonnel-Dragons est donné au chevalier de Gaubert de la Filolie[4] et devient Gaubert-dragons[5]. La guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697) voit les Dragons du 11e Régiment charger avec succès ou se sacrifier avec héroïsme. C'est au cours de cette guerre qu'ils comptent dans leurs rangs Le Maréchal Duc de Villars. Le le chevalier de Gaubert de la Filolie cède son régiment au chevalier d'Albert d'Ailly de Chaulnes[6]. Le vidame d'Amiens, Louis Auguste d'Albert d'Ailly succède à son frère au commandement du régiment à sa mort en 1701[7]. En 1702, c'est au tour du marquis du Héron, autre frère des précédents de devenir propriétaire et mestre-de-camp du régiment[8]. À la mort de de Héron le , le lieutenant-colonel de Bourneuf en devient le nouveau mestre-de-camp[9]. En 1788, il devient régiment d'Angoulême.

Créé en 1674, ce Régiment s’appellera tout d’abord, comme c’était l’usage alors, du nom de ses colonels successifs.

Le plus illustre d’entre eux, fut, en 1788, le Duc d’Ancqleme, neveu de Louis XVI. D’où le nom d’Angoulême Dragons que le Régiment porte jusqu’en 1791, date à laquelle, une loi de réorganisation de l’armée affecte à ce Corps le no 11 qu’il portera désormais.

Chefs de corps

Durant la Restauration, le Régiment est licencié en 1816 pour être reformé en 1825

  • 1825 : Colonel de Dreux-NancrĂ©
    Le colonel de Dreux-Nancré (1787-1848)
  • 1830 : Colonel Delaporte
  • 1836 : Colonel Marmion
  • 1847 : Colonel de la Chaize
  • 1852 : Colonel Damas
  • 1858 : Colonel Touzet du Vigier
  • 1865 : Colonel Huyn de Verneville
  • 1872 : Colonel Robillot
  • 1878 : Colonel Deshautschamps
  • 1884 : Colonel Aragonis d'Orget
  • 1890 : Colonel Dalmas de la PĂ©rouse
  • 1898 : Colonel de PrĂ©val
  • 1904 : Colonel Gendron
  • 1912 : Colonel de Nourquer du Camper
  • - : Lieutenant-Colonel Vieillard ( Colonel en 1915)

Le , le Régiment est partagé en deux groupes :

Premier groupe : 1er et 2e escadrons : Lieutenant Colonel de Guinebaud du au
Deuxième groupe : 3e et 4e escadrons : Commandant de Thiollaz du au et Chef d'escadrons de Sèze du au

En 1919, le 11e régiment de dragons est reconstitué

  • 1919 : Colonel Bourret
  • 1921 : Colonel de Magy
  • 1922 : Colonel Borre-Verrier
  • 1923 : Colonel Portalis

Il est dissous en .

Le lieutenant-Colonel Revouy prend le commandement du Régiment à sa remise sur pied à la mobilisation en 1939. Le 11e Régiment de Dragons Portés est dissous à la fin de la Campagne de France en 1940.

Historique des garnisons, combats et batailles

Ancien RĂ©gime

Le Régiment s’illustre sur les Champs de bataille des Flandres, du Rhin, de Picardie :

  • Bataille de Cassel (11 avril 1677) oĂą son colonel y est grièvement blessĂ©[10], combats de Monsen en 1678.
  • garnison Ă  Strasbourg (septembre 1681)[4], garnison Ă  Gemersheim (1693), garnison Ă  Compiègne (octobre 1697), garnison au camp de la SaĂ´ne près d'Auxonne (octobre 1698)[11] puis en 1699, il fait garnison Ă  Grenoble[6]
  • combats de Carpi (Adige) en 1701 oĂą son mestre-de-camp le chevalier d'Albert d'Ailly de Chaulnes est tuĂ©[6], siège de Turin en 1706 oĂą son mestre-de-camp de HĂ©ron est tuĂ© en chargeant Ă  la tĂŞte de ses dragons[9]
  • combats de Worms, de Heidnheim, d’Oudenaerde en 1708, de Denain en 1712, de Fribourg en 1713

Guerres de la Révolution et de l’Empire

Uniforme du 11e dragons en 1791.

Il combat avec vaillance, sous la Révolution et la 1re République dans les Armées du Rhin, de Sambre-et-Meuse et du Danube[12] ; il se fait remarquer spécialement :

Bataille de Fleurus[12]


Le 11e Dragons fait partie ensuite des armées napoléoniennes :

2 décembre : Bataille d'Austerlitz. Le Colonel Bourdon est tué en chargeant à la tête du Régiment[12] - [13]
14 octobre : Bataille d'IĂ©na
  • 1807 :
8 février : Bataille d'Eylau. Sous les ordres du Colonel Bourbier qui décédera des suites de ses blessures[12][13].
bataille de Friedland : enveloppé de toutes parts, il reste inébranlable ; sa résistance permet de contre-attaquer et de remporter la victoire[12][14].
16-19 octobre : Bataille de Leipzig[12]
bataille de Saint-Dizier[12] - [14]
Bataille de Brienne[12] - [14]
Bataille de Montmirail[14]


De 1815 Ă  1852

Après l'abdication de l'Empereur, le régiment prend le nom de « Dragons du Berry » mais reprend son nom en 1815 pendant les Cent Jours[12].

Le RĂ©giment est dissous fin Ă  la suite de la seconde abdication de l'Empereur[12].

Recréé en 1825, il fait partie du corps expéditionnaire de la Méditerranée envoyé combattre la République romaine et participe au siège de Rome[12].

Ne sera plus engagé jusqu'en 1870[12].

Second Empire

Durant la guerre de 1870, fait partie du 4e corps d'armée. En 1870, incorporé à l’armée du Rhin. le régiment participe aux batailles de :

Borny-Colombey
Rezonville[12][14]
Saint-Privat[12][14]

Le régiment est capturé lors de la reddition de la place forte de Metz.

De 1871 Ă  1914

En 1907, le régiment s'installe à Belfort qui sera sa garnison jusqu'en 1913[12].

Première Guerre mondiale

Portrait du capitaine de Lormel, un officier du 11e dragons en 1914-1915.

Au déclenchement de la première guerre mondiale, le 11e régiment de dragons est en garnison à Belfort[15]. Il fait partie de la 11e brigade au sein de la 8e division de cavalerie.

Il appartient Ă  la 8e division de cavalerie d' Ă  .

1914

  • aoĂ»t : offensive en Alsace, combat Ă  Mulhouse, Ă  Hirtzbach oĂą le rĂ©giment capture un escadron entier du 5e Chasseurs Allemands.
: Le régiment est déplacé par voie ferrée vers la Marne, il fait partie du groupe de cavalerie Conneau. Il est présent à Épernay.
  • : combat Ă  Dormans puis Ă  Montfaucon puis Viels-Maisons et Choisy
  • - : bataille de la Marne.
  • octobre : course Ă  la mer, combats de Monchy-au-Bois, près d’Arras, en effectuant une attaque Ă  pied, la lance Ă  la main en guise de baĂŻonnette : il Ă©prouve lĂ  de grosses pertes.

1915

  • mai : secteur de l'Artois.
  • juin - septembre : secteur de Champagne.

1916

  • janvier - juillet : Champagne, secteur de la Main de Massiges.
  • dissolution du rĂ©giment. Le rĂ©giment fournit de nombreux cadres Ă  l’Infanterie. Ensuite ses escadrons deviennent escadrons divisionnaires de Divisions d’Infanterie : ils se font remarquer par leur ardeur et leur habilitĂ© Ă  rĂ©aliser des coups de main. Ils participent brillamment, en 1918, aux offensives finales.

1918

Bien que le régiment soit formellement dissout, les trois escadrons régimentaires sont regroupés le 29 décembre 1918 le temps d'une entrée dans Mulhouse[12] - [16].

Entre-deux-guerres

Reconstitué en 1925, le 11e dragons tient garnison à Belfort puis est dissous en 1928[12].

Un escadron du 11e Chasseurs, en garnison à Vesoul, demeurera jusqu’au , l’unité de tradition du 11e Régiment de Dragons.

Seconde Guerre Mondiale

Reformé le à Saint-Germain-en-Laye, le 11e régiment de dragons portés est rattaché à la 2e brigade de dragons portés, destinée à renforcer le corps de cavalerie du général Prioux (formé des 1re et 2e DLM à l'époque). Le 11e RDP, constitué de deux bataillons à quatre escadrons, est pauvrement équipé et ses dragons sont initialement transportés dans des autocars de réquisition[17].

Fin décembre 1939, la 2e brigade de dragons portés est dissoute et le 11e RDP est affecté à la 3e division légère mécanique (DLM). Il reçoit le renfort d'un bataillon du 12e régiment de dragons portés[17].

Début mai 1940, le 11e RDP, commandé par le colonel Renouy, est constitué comme suit[17] - [18] :

  • 1 escadron hors-rang ;
  • 1er bataillon, commandĂ© par le capitaine Laffargue :
    • 1er escadron motocycliste, 2e et 3e escadrons de fusiliers (sur vĂ©hicules tout-terrain Laffly S20TL (it)), 4e escadron de mitrailleuses et d'engins (canons antichars de 25 et mortiers, Ă©galement sur Laffly) et 13e escadron de chars lĂ©gers ;
  • 2e bataillon, commandĂ© par le capitaine Brau et organisĂ© comme le 1er :
    • 5e escadron motocycliste, 6e et 7e escadrons de fusiliers, 8e escadron de mitrailleuses et d'engins et 14e escadron de chars lĂ©gers ;
  • 3e bataillon, commandĂ© par le commandant Kientz :
    • 9e escadron motocycliste, 10e et 11e escadrons de fusiliers, 12e escadron de mitrailleuses et d'engins et 15e escadron de chars lĂ©gers.

Les escadrons de chars légers sont équipés de 23 chars Hotchkiss chacun[19], un escadron (le 14e, ancien 4e escadron du 1er régiment d'automitrailleuses) avec des H35 et les deux autres avec des H39[20]. Formés à Saumur début 1940[18], le 14e escadron rejoint le le régiment, et les deux autres le [20].

Avec sa division, le 11e RDP participe à la bataille de Hannut. Le 12 mai 1940, 1er bataillon, renforcé par les chars de la division, défend Crehen, Thisnes et Wansin face à la 4. Panzerdivision. Le 13 mai, la 3. Panzerdivision attaque le 2e bataillon à Maret, Orp-le-Petit et Orp-le-Grand, ainsi que le 1er bataillon (renforcé par le 6e GRCA) à Jandrain. Cette dernière localité est abandonnée à 18 h mais les Allemands ont encerclé les Français et font 400 prisonniers[21] - [22], dont le capitaine Laffarque, commandant le bataillon. Le capitaine Pinta prend le commandant des rescapés du 1er bataillon[23]. Le 16 mai, les restes du 54e bataillon de mitrailleurs motorisés sont amalgamés au régiment[23]. Le 16 et le 17, le régiment couvre sur le canal Charleroi-Bruxelles le repli de l'infanterie française qui, après avoir stoppé les Allemands à Gembloux, doit recoller avec les unités françaises plus au sud[17]. Le 21 mai, le régiment combat au début de la bataille d'Arras en soutien des Britanniques. Le régiment protège la retraite de sa division vers Dunkerque puis embarque vers l'Angleterre[18].

Début juin 1940, le 11e RDP, toujours sous les ordres du colonel Renouy, est reconstitué avec un bataillon de 4 escadrons portés sur camions (GMC ACK, Laffly S20TL et Laffly V15T[24]) et un escadron moto. Il combat à nouveau les Allemands à partir du 14 juin[18]. Il est dissout après l'Armistice de 1940[12].

Traditions

DĂ©coration

Le régiment est décoré de la croix de guerre 1914-1918.

Devise

Pro gemino certamine[25]

Insigne

L'insigne du 11e RDP de 1939 représente les armoiries d'Angoulême, avec en chef un listel ANGOULEME DRAGONS et en pointe l'inscription 11e DRAGONS[25].

Étendard

Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[26] :

Personnalités ayant servi au 11e régiment de dragons

Notes et références

  1. Savin de Larclause 1891, p. 21.
  2. Savin de Larclause 1891, p. 22.
  3. Savin de Larclause 1891, p. 24.
  4. Savin de Larclause 1891, p. 25.
  5. Savin de Larclause 1891, p. 26.
  6. Savin de Larclause 1891, p. 28.
  7. Savin de Larclause 1891, p. 29.
  8. Savin de Larclause 1891, p. 30.
  9. Savin de Larclause 1891, p. 32.
  10. Savin de Larclause 1891, p. 23.
  11. Savin de Larclause 1891, p. 27.
  12. Henri Azéma, « Historique succinct - 11e dragons », sur cavaliers.blindes.free.fr (consulté le )
  13. Bouret 1919, p. 3.
  14. Bouret 1919, p. 4.
  15. Bouret 1919, p. 5.
  16. Bouret 1919, p. 16.
  17. Erik Barbanson, « Etienne Morin : aquarelles de guerre », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 74,‎ , p. 20-25
  18. « 3e Division Légère Mécanique », sur www.tanaka-world.net (consulté le )
  19. François Vauvillier, « Notre cavalerie mécanique à son apogée le 10 mai 1940 », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 75,‎ , p. 47
  20. François Vauvillier, Les automitrailleuses de reconnaissance, t. 2 : L'AMR 35 Renault : ses concurrentes et ses dérivés, Paris, Histoire & Collections, coll. « Les matériels de l'armée française », , 65 p. (ISBN 2-915239-70-3), p. 63
  21. Cédric Mas, « La Bataille de Hannut », Batailles & Blindés, Caraktère, no 41,‎ , p. 48-59 (ISSN 1765-0828)
  22. (en) Douglas C. Dildy, Fall Gelb 1940 (2) : Airborne assault on the Low Countries, Osprey Publishing, (ISBN 978-1-4728-0275-0, lire en ligne), p. 67-74
  23. « 11e régiment de Dragons Portés (11e RDP) », sur www.tanaka-world.net (consulté le )
  24. Jacques Belle, « De nouvelles unités mécaniques pour la Ligne Weygand », Guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 135,‎ , p. 53-64
  25. « LES DRAGONS : 11e Régiment de Dragons (Angoulême) », sur cavaliers.blindes.free.fr (consulté le )
  26. Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007
  27. « Le général Kientz est nommé gouverneur des Invalides », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )

Sources et bibliographie

  • Charles Jules Arthur Savin de Larclause, Historique du 11e rĂ©giment de dragons, depuis sa crĂ©ation en 1674 jusqu'en 1890, Fontenay-le-Comte, L.-P. Gouraud, , 348 p..

Voir aussi

Articles connexes

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