Accueil🇫🇷Chercher

Tunnel du Mont-d'Or

Le tunnel du Mont-d'Or est un tunnel ferroviaire transfrontalier Ă©quipant la ligne de chemin de fer de Dijon Ă  Vallorbe. PercĂ© entre 1910 et 1915 par l'ingĂ©nieur Paul SĂ©journĂ©, il mesure 6 098 m[1] de long. Il Ă©tait Ă  l'origine Ă  double voie mais une voie a Ă©tĂ© supprimĂ©e Ă  l'occasion de l'Ă©lectrification de la ligne en 1958. La frontière entre la France et la Suisse se situe Ă  5 111 m de l'entrĂ©e cĂ´tĂ© France.

Tunnel du Mont-d'Or
Image illustrative de l’article Tunnel du Mont-d'Or
Tête nord, côté français

Type ferroviaire
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Drapeau de la Suisse Suisse
Itinéraire Ligne de Dijon-Ville à Vallorbe (frontière)
Traversée Mont d'Or
CoordonnĂ©es 46° 43′ 45″ nord, 6° 19′ 41″ est
Exploitation
Exploitant RFF
Trafic Fret, TGV, TER
Caractéristiques techniques
Écartement Standard
Longueur du tunnel 6 098 m
Nombre de tubes 1
Nombre de voies par tube 1 (anciennement 2)
Construction
DĂ©but des travaux 14 novembre 1910
Fin des travaux 1915
Ouverture Ă  la circulation 1915
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Doubs
(Voir situation sur carte : Doubs)
localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : canton de Vaud
(Voir situation sur carte : canton de Vaud)
localisation

Le tunnel est légèrement en pente et l'eau qu'il capte coule en direction de la Suisse, et se jette dans l'Orbe à Vallorbe dans le canton de Vaud.

Histoire

En raison des alĂ©as climatiques et des contraintes de pente pĂ©nalisant l'exploitation de la ligne ferroviaire de Pontarlier Ă  Vallorbe via Les HĂ´pitaux-Neufs qui culmine Ă  1 012 m au droit du Touillon, l'amĂ©lioration de la ligne entre Frasne (Doubs, France) et Vallorbe est envisagĂ©e dès la fin du XIXe siècle avec le percement d'un tunnel Ă  environ un kilomètre Ă  l'ouest du sommet du mont d'Or, long de six kilomètres, et qui permettrait de rĂ©duire la distance entre Paris et Lausanne de 17 kilomètres.

Le , une première convention est signée entre les deux sociétés ferroviaires du PLM et du Jura-Simplon dans le but de construire le tunnel[2], sans que cela soit suivi d'effet. En 1906, les deux sociétés signent des accords préalables à une convention franco-suisse entérinée en par les deux États. Le Canton de Vaud accorde à ce projet une subvention de deux millions de francs suisses[3].

Bien que courte (environ 17 km), cette nouvelle ligne de Frasne Ă  l'entrĂ©e du tunnel du Mont-d'Or nĂ©cessite des travaux relativement importants :

Lors du percement du tunnel du Mont-d'Or, rencontre entre les foreurs français et suisses le 2 octobre 1913 à 23 heures.

Côté suisse, cette modification du tracé conduira également à la création d'une nouvelle gare à Vallorbe.

Le percement du tunnel du Mont-d'Or commence le du cĂ´tĂ© suisse (entreprise Fougerolle) et le du cĂ´tĂ© français ; les deux Ă©quipes de foreurs se rencontrent le . Jusqu'au , la galerie est creusĂ©e Ă  la main. Ă€ cette date, des perforateurs Ă  air comprimĂ© sont mis en service et finalement le la roche est attaquĂ©e par de grosses perforatrices sur affĂ»t. La longueur du tunnel Ă  la fin de sa construction est de 6 104 m[4]. Les diffĂ©rentes techniques de mesure et les diverses rĂ©fections feront Ă©voluer cette valeur au fil du temps.

En 1912, au plus fort de l'activitĂ©, il y a environ 1 700 ouvriers, principalement d'origine italienne. L'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, une grève de deux semaines a eu lieu et les autoritĂ©s redoutaient les actions des anarchistes italiens. Pour assurer la sĂ©curitĂ©, les effectifs de la police ont Ă©tĂ© renforcĂ©s, il y a eu jusqu'Ă  quarante gendarmes en septembre[5].

La cérémonie d'inauguration a lieu le , puis le tunnel est ouvert à la circulation le [6].

De graves difficultés techniques

Le sol Ă©tant constituĂ© de roches permĂ©ables, divers incidents se produisent. Durant les travaux, Ă  la fin de l'annĂ©e 1912, de nombreuses sources du cĂ´tĂ© français se trouvent taries, qui ne retrouveront jamais vraiment leur dĂ©bit antĂ©rieur. Les arrivĂ©es d'eau ne dĂ©passent pas environ 140 m3/h alors que du cĂ´tĂ© de la Suisse elles atteignent 160 m3/h. Un aqueduc est construit, qui permet d'Ă©vacuer 3 600 m3/h. NĂ©anmoins, le au matin, une fissure importante provoque une nouvelle arrivĂ©e d'eau dans la galerie d'au moins 10 000 m3/h au dĂ©but. L'aqueduc est alors insuffisant et l'eau inonde les parties achevĂ©es. Les eaux s'Ă©vacuent dans l'Orbe en Suisse[7] et emportent avec elles près de 20 000 m3 de matĂ©riaux divers[8].

Dégâts à l'entrée suisse du tunnel du Mont-d'Or provoqués par la voie d'eau soudaine du 23 décembre 1912, pendant les travaux de percement de l'ouvrage.

MalgrĂ© plusieurs rĂ©parations, cette fissure rĂ©apparaĂ®t Ă  plusieurs reprises. Chaque fois que de l'eau inonde le tunnel, les habitants des Hopitaux-Neufs et de MĂ©tabief constatent que la source du Bief-rouge, situĂ©e Ă  4,5 km du tunnel, se tarit. En effet, la nappe phrĂ©atique qui alimente cette rivière se dĂ©verse directement dans le tunnel. Après avoir colmatĂ© une première brèche, les eaux de cette rivière rĂ©apparaissent le , puis elles disparaissent Ă  nouveau deux jours plus tard Ă  l'occasion d'une nouvelle fuite[9]. Aussi, un barrage est construit au kilomètre 3 130 et des conduites sont posĂ©es pour refouler l'eau en France. Le vers 11 h 30, la vanne de la conduite d’évacuation est fermĂ©e et les sources retrouvent alors leur dĂ©bit initial. Le , on mesure une pression sur le barrage correspondant Ă  la diffĂ©rence de niveau entre la fissure du et celle de la source du Bief-rouge, qui dĂ©bite alors, elle aussi, Ă  un niveau normal[9]. Ces voies d'eau entraĂ®nent des dĂ©gâts importants ; notamment, lors du premier accident du , l'eau emporte le remblai ferroviaire Ă  l'entrĂ©e du tunnel, coupe plusieurs routes, inonde une ferme... Du cĂ´tĂ© français, quatre usines dont le moteur hydraulique Ă©tait animĂ© par la rivière du Bief-rouge ne fonctionnent plus, faute d'eau[10]. Les travaux d'assèchement dans le tunnel ont permis au Bief-rouge de couler Ă  nouveau, mais il ne retrouve son dĂ©bit d'avant 1913 que que lors de la fonte des neiges.

Une liaison ferroviaire toujours d'actualité

L'inauguration du tunnel a lieu le , et il est ouvert au trafic dès le lendemain.

Le tunnel voit alors passer nombre de trains internationaux, dont le Simplon-Orient-Express Ă  partir de 1919.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la frontière suisse est fermée, le tunnel est muré en . Le mur est abattu à la fin de l'année 1944, et le tunnel est rouvert à la circulation le .

Le tunnel a Ă©tĂ© percĂ© au gabarit d'une double voie ; celle-ci est transformĂ©e en voie unique Ă  l'occasion de l'Ă©lectrification en 25 kV 50 Hz de la ligne de Dole Ă  Vallorbe, mise en service le . Le TGV Paris-Lausanne arrive enfin le .

Caractéristiques

Le tunnel coupe la frontière Ă  5 111 m de l'entrĂ©e française. Une plaque vissĂ©e sur la paroi indique la frontière.

La zone entre les kilomètres 1 et 2 est très humide. Une eau d'une bonne qualité[11] y ruisselle en permanence. Le débit peut devenir important pendant la fonte des neiges. Un drain central permet de l'évacuer gravitairement selon la pente du tunnel jusqu'à l'Orbe, en Suisse. La société VO énergies utilise cette eau pour créer une partie du courant électrique distribué en ville de Vallorbe à l'aide d'une Turbine située entre le tunnel et la rivière. Au-delà du kilomètre 2 le tunnel est très sec.

Il est en ligne droite sur pratiquement toute sa longueur. Seuls les cinq cents derniers mètres forment une courbe, qui empêche de voir alternativement les deux extrémités depuis l'intérieur.

Une signalisation lumineuse ferroviaire équipe la voie unique. Les mâts supports ont été remplacés en 2007 lors des travaux de sécurisation du tunnel, pour permettre à des camions de pompiers de pouvoir circuler. Les nouveaux panneaux de signalisation ont été suspendus à la voûte du tunnel. La signalisation est du type français, même côté suisse, et ce jusqu'à la gare de Vallorbe. L'accès est réservé au personnel de maintenance de la SNCF et des CFF.

GĂ©ologie

Lors du percement depuis le cĂ´tĂ© suisse, les gĂ©ologues relèvent les strates suivantes : de l'entrĂ©e jusqu'Ă  611 m la roche est principalement composĂ©e de calcaires gris-jaune, montrant une structure synclinale d'abord pentĂ©e sur les 250 premiers mètres puis redressĂ©e. Depuis le 611e mètre jusqu'au 821e, la roche est constituĂ©e de marnes oxfordiennes puis jusqu'au 903e mètre de calcaire attribuĂ© Ă  l'ancien Ă©tage du « Spongitien » (anticlinal). Les marnes oxfordiennes reviennent jusqu'au 1326e mètre. Puis jusqu'au 2582e mètre, la roche est constituĂ©e de calcaires de la « dalle nacrĂ©e » du Bathonien supĂ©rieur (anticlinal) et les marnes oxfordiennes apparaissent Ă  nouveau jusqu'au 4126e mètre. DiffĂ©rents niveaux gĂ©ologiques sont ensuite observĂ©s : Rauracien, SĂ©quanien, KimmĂ©ridgien, Portlandien et Purbeckien. Ce dernier se situe aux alentours du 5400e mètre. Après cela, viennent les couches du NĂ©ocomien[9].

Sécurité

À la suite de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc le tunnel a été inclus dans un vaste plan de mise aux normes de sécurité des tunnels français[12].

Galerie de photographies

Notes et références

  1. Longueur officielle, selon la SNCF. Cependant, selon la plaque SNCF posĂ©e Ă  l'entrĂ©e du tunnel, il mesurerait 6 115 m consultable sur Commons.
  2. « Dernières nouvelles », Feuille d'avis de Neuchâtel,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  3. Histoire et Histoires d'Arnex sur Orbe
  4. F. Soutter, « Entreprise du tunnel du Mont-d'Or », Bulletin technique de la Suisse romande, vol. 39, no 19,‎ , p. 222 (lire en ligne, consulté le )
  5. Gare de Vallorbe. Au bout du tunnel, la gare de Vallorbe, Le Haut-Jura, le magazine franco-suisse, juin 1999. Archives scriptorium Bibliothèque cantonale et universitaire (Lausanne)
  6. « L'ouverture du Frasne-Vallorbe », La Sentinelle,‎ , p. 3
  7. Louis Latzarus, « Une rivière qui déserte », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  8. http://www.inventaires-ferroviaires.fr/hd25/25348.r.pdf
  9. F. Soutter, « Entreprise du tunnel du Mont-d'Or », Bulletin technique de la Suisse romande, vol. 39, no 22,‎ , p. 257-259 (lire en ligne, consulté le )
  10. Histoire et Histoires d'Arnex sur Orbe
  11. Capucine CARDOT, « Un forage sous le Mont d'or va permettre d'alimenter le secteur de Métabief en eau », L'est Republicain,‎ (lire en ligne)
  12. Ministère de l'intérieur et Ministère de l'équipement, des transports et du logement, « Diagnostic de sécurité des tunnels ferroviaires – Rapport du groupe de travail » [PDF], (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.