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Incendie du tunnel du Mont-Blanc

L’incendie du tunnel du Mont-Blanc est un sinistre survenu du 24 au dans le tunnel du Mont-Blanc entre la France et l'Italie.

Incendie du tunnel du Mont-Blanc
Type Incendie
Pays Drapeau de la France France
Localisation Chamonix-Mont-Blanc
CoordonnĂ©es 45° 54′ 04″ nord, 6° 51′ 38″ est
Date -
Bilan
Morts 39

GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Incendie du tunnel du Mont-Blanc
GĂ©olocalisation sur la carte : Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
(Voir situation sur carte : Auvergne-RhĂ´ne-Alpes)
Incendie du tunnel du Mont-Blanc

ProvoquĂ© vers 11 h par l'embrasement d'un camion frigorifique semi-remorque belge transportant de la margarine et de la farine, Ă  environ km de l'entrĂ©e française du tunnel, le violent incendie cause la mort de 39 personnes et entraĂ®ne la fermeture du tunnel pendant une durĂ©e d'environ 3 ans.

L'incendie aura durĂ© près de 53 heures, avec une tempĂ©rature qui a atteint 1 000 °C[1] ; il a causĂ© la destruction de 24 poids lourds, neuf vĂ©hicules lĂ©gers et une moto, sans compter les deux vĂ©hicules de secours immobilisĂ©s dans le tunnel sans qu'ils aient pu intervenir. Le procès qui a suivi a Ă©tabli de graves manquements Ă  la sĂ©curitĂ© : les procĂ©dures d'urgence et les mesures de sĂ©curitĂ© n'Ă©taient pas respectĂ©es depuis de nombreuses annĂ©es.

DĂ©roulement

Incendie

  • 10 h 46 : Le camion Volvo FH12 Ă  l'origine de l'incendie passe le pĂ©age de Chamonix[2].
  • 10 h 52 : Les opacimètres des abris 14 et 18, mesurant la transparence de l’air, donnent une alerte de forte opacitĂ©. Le rĂ©gulateur note qu'il voit les alarmes Ă  10 h 53. C’est l’heure oĂą l'on aperçoit Ă©galement les premières fumĂ©es sur les Ă©crans vidĂ©o.
  • 10 h 53 : Le conducteur du camion, constatant que son vĂ©hicule dĂ©gage de la fumĂ©e, ralentit et s’arrĂŞte Ă  la niche 21.
  • 10 h 54 : Un usager appelle la salle de rĂ©gulation italienne depuis l'abri 22, l’alerte est donnĂ©e par les postes de surveillance français et italien.
  • 10 h 55 : Le pĂ©age français est fermĂ© et la signalisation dans le sens France-Italie passe au rouge.
  • 10 h 56 : Le pĂ©age italien est Ă  son tour fermĂ©.
  • 10 h 57 : L'alarme provenant de l'abri 21 (actionnĂ©e par un bouton coup de poing) est dĂ©clenchĂ©e, un fourgon-pompe-tonne-lĂ©ger (FPTL) de l'ATMB avec quatre hommes suivi d'un vĂ©hicule premier secours avec deux hommes pĂ©nètrent dans le tunnel. BloquĂ© au niveau de l'abri 17, le personnel de ces engins reçoit l’ordre de se rĂ©fugier dans ce mĂŞme abri.
  • 10 h 58 : Une alarme indique qu'un extincteur est dĂ©crochĂ© de l'abri 21. Le centre de traitement des appels (CTA) est prĂ©venu qu'un incendie se produit dans le tunnel.
  • 11 h 02 : Les premiers engins de secours dont un fourgon-pompe-tonne-grande-puissance (FPTGP) du centre de secours principal (CSP) de Chamonix partent pour le tunnel.
  • 11 h 05 : Le chef du centre de secours principal de Chamonix est alertĂ©.
  • 11 h 10 : ArrivĂ©e des premiers pompiers Ă  l'entrĂ©e du tunnel.
  • 11 h 11 : Le fourgon-pompe-tonne-grande-puissance est arrĂŞtĂ© Ă  300 m de l'entrĂ©e au niveau de l'abri 1 par un agent français d'ATMB qui prĂ©vient ces pompiers que des appareils respiratoires isolants sont nĂ©cessaires. En raison des fumĂ©es, le FPTGP est obligĂ© de s'arrĂŞter aux environs de l'abri 12 et le personnel de ce fourgon se rĂ©fugie dans la niche incendie de ce garage.
  • 11 h 20 : L'Ă©quipage FPTGP dĂ©clenche l'alarme coup de poing et tente vainement d’utiliser le tĂ©lĂ©phone d'urgence.
  • 11 h 24 : Le chef du centre de secours principal de Chamonix arrive au PC de rĂ©gulation.
  • 11 h 32 : Le fourgon-pompe-tonne lĂ©ger de Chamonix entre (avec cinq hommes) dans le tunnel avec pour mission de secourir les rĂ©fugiĂ©s de l'abri 12 mais il doit s'arrĂŞter au niveau de refuge 5 (Ă  4,8 km du foyer). Trois hommes tentent quand mĂŞme de progresser.
  • 11 h 34 : L'Ă©quipage rĂ©fugiĂ© dans l'abri 12 est joint par le PC de rĂ©gulation français qui leur signifie que la situation est très difficile.
  • 12 h 30 : Devant la gravitĂ© de la situation et avant mĂŞme que le plan de secours spĂ©cialisĂ© et le plan rouge ne soient dĂ©clenchĂ©s, le service dĂ©partemental d'incendie et de secours (SDIS) envoie des engins de renfort (vĂ©hicule de secours et d'assistance aux victimes, ambulances, hĂ©licoptères...).
  • 13 h 04 : Le plan de secours spĂ©cialisĂ© est dĂ©clenchĂ©. Des sapeurs-pompiers de la 4e Compagnie de la Duchère (Lyon) spĂ©cialisĂ©e en intervention en milieu confinĂ© (Groupe d'Exploration Longue DurĂ©e) ainsi que des pompiers suisses Ă©galement spĂ©cialisĂ©s en milieu confinĂ© sont dĂ©pĂŞchĂ©s sur place. Ils resteront tout au long de l'intervention.
  • 13 h 35 : Le plan rouge est dĂ©clenchĂ©.
  • 16 h : Les sapeurs-pompiers bloquĂ©s dans les refuges 12 et 5 sont secourus et sortis du tunnel.
  • 16 h 40 : DĂ©cès d'un adjudant-chef après de nombreuses manĹ“uvres de rĂ©animation.
  • 18 h 35 : Les six personnels de L'ATMB bloquĂ©s dans le refuge 17 sont secourus.
  • 19 h 4 : DĂ©couverte de trois victimes Ă  la hauteur du garage 18, Ă  environ 300 m du refuge oĂą les sauveteurs d'ATMB Ă©taient bloquĂ©s.

Bilan

Cet incendie a coĂ»tĂ© la vie Ă  39 personnes dont un pompier français et un secouriste italien, Pierlucio Tinazzi, un motard chargĂ© de la sĂ©curitĂ© du tunnel du Mont Blanc. Ce dernier tenta de porter secours aux personnes en dĂ©tresse, malheureusement l'automobiliste en dĂ©tresse respiratoire qu'il voulait aider ainsi que lui-mĂŞme sont tous les deux retrouvĂ©s morts[3] - [4].

14 pompiers ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s Ă  l'hĂ´pital.

Victimes par nationalité
Nationalité Morts
Drapeau de la France France 18
Drapeau de l'Italie Italie 13
Drapeau de la Belgique Belgique 2
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 1
Drapeau du Luxembourg Luxembourg 1
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas 1
Drapeau de la Slovénie Slovénie 1
Drapeau de la Croatie Croatie 1
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 1
Total 39

Fermeture du tunnel et conséquences

Après ce drame, la commission intergouvernementale franco-italienne de contrôle du tunnel approuve un programme de travaux le [5].

Les travaux de réparation (réfection de la voûte fortement endommagée) et de sécurité ont consisté en la création[6] :

  • de niches tous les 100 mètres,
  • de bouches Ă  incendie tous les 150 mètres,
  • d'un poste de secours au centre du tunnel, avec un vĂ©hicule lourd et plusieurs pompiers prĂ©sents en permanence dans ce local,
  • de 37 abris pressurisĂ©s reliĂ©s Ă  une galerie d'Ă©vacuation indĂ©pendante (sous la chaussĂ©e),
  • de 76 unitĂ©s de ventilation supplĂ©mentaires,
  • de 120 camĂ©ras, 232 opacimètres et de la pose d'un câble comportant 3 860 capteurs mesurant la tempĂ©rature tout au long du tunnel
  • d'une salle de commande unique (cĂ´tĂ© français, avec une deuxième salle de commande cĂ´tĂ© italien en secours).

Les règles d'exploitation ont été changées :

  • unification des deux sociĂ©tĂ©s exploitantes sous forme d'un groupement europĂ©en d'intĂ©rĂŞt Ă©conomique (GEIE) ; des Ă©quipes communes franco-italiennes sont constituĂ©es pour assurer la sĂ©curitĂ© dans la gestion courante du tunnel ;
  • interdiction des camions transportant des matières dangereuses et des vĂ©hicules polluants (norme Euro 32.20 et moins), limitations de vitesse strictes, intervalles entre vĂ©hicules (150 m en circulation, 100 m Ă  l'arrĂŞt).

D'après le rapport du sénateur Jacques Blanc, ces travaux ont couté entre 200 et 250 millions d'euros[6].

Le tunnel est resté fermé pendant 3 ans et a été de nouveau ouvert le mais uniquement aux voitures. Puis, un an après, le tunnel ouvre de nouveau aux camions.

  • Cette catastrophe a aussi eu pour consĂ©quence de modifier les techniques d'intervention des sapeurs-pompiers en France ainsi que le nombre d'engins d'incendie Ă  envoyer. Les dĂ©parts d'engins pour un feu en tunnel sont plus affinĂ©s et le dĂ©part a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© en dĂ©tail en fonction de la spĂ©cificitĂ© de chaque tunnel français. Les techniques d'extinction en tunnel (mode opĂ©ratoire) ont, elles, aussi Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es pour une meilleure efficacitĂ©.
  • Les tunnels français ont eux aussi Ă©tĂ© rĂ©Ă©tudiĂ©s en matière de sĂ©curitĂ© un Ă  un de façon Ă  mettre en place les modifications nĂ©cessaires pour une meilleure sĂ©curitĂ© des usagers. C'est ainsi par exemple que le tunnel de Fourvière Ă  Lyon a Ă©tĂ© modifiĂ© en crĂ©ant plus de niches de sĂ©curitĂ© et des accès inter tube pour mettre Ă  l'abri les usagers en cas d'incendie.

Cause du sinistre

Le sinistre est souvent attribué à une cigarette ou un cigare qui se serait introduit dans le filtre à air du camion transportant de la margarine[7] - [8].

D'autres sources évoquent une surchauffe du turbo du poids-lourd[9], un incident qui s'est déjà produit 4 fois auparavant et qui serait dû à la forte pente de 4 km nécessaire pour atteindre le tunnel[2].

Procès

Du au , 12 personnes physiques (dont Gilbert Degrave, le chauffeur du camion à l'origine de l'incendie) et 4 personnes morales (dont Volvo, constructeur du camion) sont jugées au tribunal de Bonneville pour homicide involontaire. La décision est rendue le [10].

Du au , à Chambéry, se déroule le procès en appel de Gérard Roncoli (responsable français de la sécurité du tunnel) et de Michel Charlet (maire de Chamonix). La Cour d'Appel se prononce le .

Jugement en première Instance

Trois relaxes, ainsi que des peines de quatre Ă  trente mois de prison et des amendes de 1 500 Ă  15 000 euros, sont prononcĂ©es notamment :

  • GĂ©rard Roncoli (responsable français de la sĂ©curitĂ© du tunnel) est condamnĂ© Ă  30 mois de prison, dont six mois ferme [11] ;
  • RĂ©my Chardon, prĂ©sident d'ATMB, deux ans avec sursis et 15 000 euros d'amende ;
  • Michel Charlet (maire de Chamonix) est condamnĂ© Ă  six mois de prison avec sursis et 1 500 euros d'amende ;
  • Gilbert Degrave (le chauffeur du camion Ă  l'origine de l'incendie) est condamnĂ© Ă  quatre mois de prison avec sursis ;
  • La sociĂ©tĂ© Volvo, le directeur de la sĂ©curitĂ© civile de Haute-Savoie et l'ancien directeur de la sociĂ©tĂ© ATMB sont relaxĂ©s.

ArrĂŞt d'appel

  • Michel Charlet (maire de Chamonix) est finalement relaxĂ© [12] ;
  • La condamnation de GĂ©rard Roncoli (responsable français de la sĂ©curitĂ© du tunnel) est confirmĂ©e ;
  • Gilbert Degrave, le chauffeur, est amnistiĂ©. Loi no 2002-1062 du .

Voir aussi

Documentaires télévisés

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Noumowe A (2003) Revêtement de chaussée en enrobé hydrocarboné ou en béton en situation d'incendie. Editions Publibook.
  2. Mission administrative d’enquête technique sur l’incendie survenu le 24 mars 1999 au tunnel routier du Mont Blanc, , 31 p. (lire en ligne)
  3. « En Haute Savoie, les motards se souviennent de l'héroïque Spadino mort dans l'incendie du tunnel du Mont-Blanc », sur France Bleu, (consulté le )
  4. « En Haute Savoie, les motards se souviennent de l'héroïque Spadino mort dans l'incendie du tunnel du Mont-Blanc »
  5. Voir le rapport du sénateur Philippe François, Rapport fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord sous forme d’échange de lettres entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République italienne relatif au contrôle de la circulation dans les tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus, Par M. Philippe François, sénateur
  6. Voir le rapport établi par le sénateur Jacques Blanc Rapport n° 186 (2007-2008) de M. Jacques BLANC, fait au nom de la commission des affaires étrangères, déposé le 30 janvier 2008, en particulier les points IB1 et IB2.
  7. Michel HOLTZ, « Mégot fatal au tunnel du Mont-Blanc », sur Libération.fr, (consulté le )
  8. « L'incendie du Mont-Blanc est bien dû à un mégot », sur L'Obs (consulté le )
  9. « Edition du soir Ouest France », sur www.ouest-france.fr (consulté le )
  10. Le Figaro - Actualités : Tunnel du Mont-Blanc : les grandes dates de l'affaire
  11. Lourdes condamnations dans l’affaire du tunnel du Mont-Blanc
  12. Tunnel du Mont-Blanc: le maire de Chamonix relaxé
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