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Trouble de l'humeur

Le trouble de l'humeur est un groupe de diagnostics en provenance du système de classification du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux dans lequel la thymie est principalement induite[1]. Ce groupe de diagnostics est référencé sous le terme de « trouble affectif de l'humeur » dans la Classification internationale des maladies (CIM-10).

Deux groupes de troubles de l'humeur sont largement reconnus ; cette division est basée sur le cas éventuel d'un patient ayant connu des épisodes maniaques ou hypomaniaques. Ainsi, il existe un bon nombre de troubles de l'humeur, deux étant plus répandus : la dépression (communément appelée dépression nerveuse ou dépression majeure) et le trouble bipolaire (anciennement connu sous le terme de psychose maniaco-dépressive), caractérisé par des périodes maniaques et hypomaniaques, et souvent doublé d'épisodes dépressifs.

Origine

Un certain nombre d'auteurs ont considéré que le trouble de l'humeur résultait d'une adaptation de l'évolution. Un trouble de l'humeur peut parfois accroître les capacités d'un individu dans des situations de danger, de perte ou même d'efforts[2]. Dans de telles situations, une motivation plus importante peut donner un avantage dans certaines actions.

Classification

Troubles dépressifs

  • DĂ©pression, communĂ©ment appelĂ©e dĂ©pression nerveuse, dĂ©pression majeure, ou dĂ©pression clinique, durant laquelle le patient subit quelques pĂ©riodes de dĂ©pression. Après une simple pĂ©riode, la dĂ©pression peut ĂŞtre diagnostiquĂ©e. Après plus d'une pĂ©riode, le diagnostic devient « dĂ©pression majeure ». La dĂ©pression sans pĂ©riodes maniaques est souvent rĂ©fĂ©rĂ©e en tant que trouble unipolaire car l'humeur ne se stabilise qu'en une seule[3]. Les individus souffrant d'Ă©pisode de dĂ©pression majeure s'exposent Ă  un risque Ă©levĂ© de suicide. Trouver de l'aide et un traitement auprès d'un professionnel de la santĂ© rĂ©duit ce risque. Des Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© que demander Ă  un ami ou Ă  membre de famille si celui-ci a dĂ©jĂ  pensĂ© Ă  commettre cet acte est un moyen d'identifier l'Ă©tat du patient, sans que ce type de demande n'augmente le risque de suicide chez l'individu[4]. Des Ă©tudes sur l'Ă©pidĂ©miologie basĂ©es en Europe suggèrent qu'au moment actuel, environ 8,5 % de la population mondiale souffre de troubles dĂ©pressifs. Aucun groupe d'âge ne semble ĂŞtre Ă©cartĂ© de la dĂ©pression et des Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© que la dĂ©pression peut apparaĂ®tre chez les enfants âgĂ©s de six mois qui auraient Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s de leur mère[5]. La dĂ©pression peut ĂŞtre qualifiĂ©e de :
    • dĂ©pression atypique, caractĂ©risĂ©e par une rĂ©activitĂ© de l'humeur (anhĂ©donie paradoxale), une prise de poids significative ou un très grand appĂ©tit, un sommeil excessif et une somnolence (hypersomnie), une sensation d'engourdissement des membres, une perte sociale significative Ă  une hypersensitivitĂ© perçue lors d'un rejet interpersonnel[6] ;
    • mĂ©lancolie, caractĂ©risĂ©e par une absence de joie liĂ©e au plaisir (anhĂ©donie) dans la plupart ou toutes les activitĂ©s, et une absence de goĂ»t de vivre. Ce trouble de l'humeur peut se prononcer lors d'un deuil ou d'une perte, une aggravation des symptĂ´mes le matin et durant le rĂ©veil, un retard psychomoteur, une perte excessive de poids (ne pas confondre avec « Anorexie mentale »), ou un sentiment profond de culpabilitĂ©[7] ;
    • dĂ©pression psychotique (DPM), ou dĂ©pression psychotique majeure, est le terme d'un Ă©pisode de dĂ©pression majeure, particulièrement de nature mĂ©lancolique, lorsque le patient souffre de symptĂ´mes psychotiques tels que les dĂ©lires ou, moins communĂ©ment, les hallucinations[8] ;
    • dĂ©pression catatonique, rare et sĂ©vère forme de dĂ©pression majeure incluant un trouble du moteur comportemental et autres symptĂ´mes. Ici, l'individu est muet et presque stuporeux, voire immobile ou exposant des mouvements parfois bizarres et sans intĂ©rĂŞt. Les symptĂ´mes peuvent entraĂ®ner la schizophrĂ©nie, un Ă©pisode maniaque, ou ĂŞtre dĂ» Ă  un syndrome malin des neuroleptiques[9] ;
    • dĂ©pression post-partum (DSM-IV-TR), ou dĂ©pression pĂ©rinatale, se rĂ©fère Ă  une dĂ©pression causĂ©e chez les femmes après avoir donnĂ© naissance. La dĂ©pression post-partum, incluant un taux d'incidents de 10–15 %, est typiquement dĂ©clenchĂ© lors des trois derniers mois avant l'accouchement, et dure plus longtemps que trois mois[10]. Les symptĂ´mes, parfois communs chez la femme, sont des courts pĂ©riodes de fatigue et de tristesse durant les quelques premières semaines après l'accouchement; cependant, la dĂ©pression post-partum est diffĂ©rente car elle peut causer des privations significatives et des problèmes comportementaux Ă  la maison, au travail, Ă  l'Ă©cole et Ă©galement durant les relations avec des membres de famille, Ă©poux, amis ou mĂŞme certains troubles auprès du nouveau-nĂ©[11]. Durant le traitement de la dĂ©pression post-partum et autres dĂ©pressions unipolaires chez les femmes donnant le sein, la nortriptyline, la paroxĂ©tine (Paxil) et la sertraline (Zoloft) sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©s comme mĂ©dicaments idĂ©aux[12] ;
    • dĂ©pression saisonnière (DAS), aussi connue sous « dĂ©pression hivernale » ou « blues de l'hiver ». Certains individus sont atteints de ce type de dĂ©pression lors de l'arrivĂ©e de l'automne ou de l'hiver, et se dissipe normalement lors de l'arrivĂ©e du printemps. Le diagnostic est effectuĂ© si au moins deux Ă©pisodes de dĂ©pressions se sont manifestĂ©s lors de mois hivernaux sans autres troubles dĂ©tectĂ©s durant cette mĂŞme pĂ©riode[13]. Selon certains mĂ©decins, les gens vivant en haute altitude, soit qui sont moins exposĂ©s au soleil ont plus de chance d'ĂŞtre atteint de DAS, mais cette hypothèse Ă©pidĂ©miologique n'est pas totalement approuvĂ©e. Souvent, certains jeunes individus (beaucoup plus chez les filles que chez les garçons) sont affectĂ©s par la DAS[14].
  • dysthymie, un trouble chronique et diffĂ©rent de l'humeur durant laquelle une personne est exposĂ©e Ă  une dĂ©prime journalière durant une pĂ©riode d'au moins deux ans. Les symptĂ´mes ne sont pas aussi sĂ©vères que celles de la dĂ©pression majeure, bien que les personnes atteintes de dysthymie soient vulnĂ©rables aux Ă©pisodes secondaires de dĂ©pression majeure (souvent perçu en tant que double dĂ©pression)[15]. Le traitement contre la dysthymie est semblable Ă  celui de la dĂ©pression majeure, incluant une psychothĂ©rapie ainsi que des antidĂ©presseurs[16] ;
  • trouble dĂ©pressif non spĂ©cifiĂ©, dĂ©signĂ© par le code 311 dans le DSM IV-TR, est un trouble dĂ©pressif ne rencontrant pas les critères de diagnostic du trouble dĂ©pressif majeure ou de dysthymie ;
    • dĂ©pression brève rĂ©currente (DBR), distinguĂ©e de la dĂ©pression majeure par sa durĂ©e. Les individus atteints de dĂ©pression brève rĂ©currente connaissent des Ă©pisodes dĂ©pressifs une fois par mois, avec quelques Ă©pisodes durant moins de deux semaines et typiquement moins de 2–3 jours. Le diagnostic du DBR requiert une durĂ©e de ces Ă©pisodes dĂ©pressifs pendant une annĂ©e chez les patientes durant leur cycle menstruel[17]. Les individus atteints de dĂ©pression clinique peuvent Ă©galement dĂ©velopper un DBR (et vice versa) et ces deux maladies ont un risque similaire[18] ;
    • trouble dĂ©pressif mineur, ou simplement dĂ©pression mineure, reprĂ©sente une dĂ©pression ne connaissant pas les mĂŞmes critères de la dĂ©pression majeure, mais durant lesquels environ deux symptĂ´mes y sont dĂ©couverts.

Troubles bipolaires

  • Trouble bipolaire (PMD), un trouble de l'humeur anciennement connu en tant que « psychose maniaco-dĂ©pressive » ou « dĂ©pression maniaque » et dĂ©crit par des pĂ©riodes alternatives de manie/hypomanie et de dĂ©pression (et dans certains cas un cycle rapide, de diffĂ©rents Ă©tats d'âme, et de symptĂ´mes psychotiques). Selon le DSM-IV-TR, le trouble bipolaire peut se classer en :
    • bipolaire de type 1, caractĂ©risĂ© par un ou plusieurs Ă©pisodes maniaques ou mixtes et un ou plusieurs Ă©pisodes dĂ©pressifs d’intensitĂ© variable (le diagnostic peut ĂŞtre posĂ© mĂŞme en l’absence de trouble dĂ©pressif). Une cause organique, iatrogĂ©nique ou toxique ne permet pas de retenir ce diagnostic,
    • bipolaire de type 2, dĂ©fini par l’existence d’un ou plusieurs Ă©pisodes hypomaniaques et un ou plusieurs Ă©pisodes dĂ©pressifs majeurs,
    • cyclothymie, forme de trouble bipolaire incluant des Ă©pisodes hypomaniaques et dysthymiques, et non pas des Ă©pisodes de dĂ©pression majeure,
    • trouble bipolaire non spĂ©cifiĂ©, indique que le patient souffre de quelques symptĂ´mes du spectre bipolaire (ex : symptĂ´mes de manie et de dĂ©pression) mais ne possède pas les mĂŞmes critères que les trois autres troubles bipolaires mentionnĂ©s par le DSM-IV.

Il est estimé qu'environ 1 % de la population adulte souffre du trouble bipolaire de type 1, environ 1 % de la population adulte souffre du trouble bipolaire de type 2 ou de cyclothymie, et quelque part entre 2 et 5 % de la population adulte souffre du trouble bipolaire non spécifié.

Causes

Les substances et drogues peuvent également induire un trouble ou plusieurs troubles de l'humeur. Ces troubles sont souvent l'effet de psychotropes, d'autres substances chimiques, ou d'un développement du trouble comportemental causé par une intoxication aux substances ou par le sevrage[19]. Des troubles liés à l'addiction de substances peuvent conduire à des manies, hypomanies (ou aux deux), ou à des épisodes de dépression. La majorité des substances peuvent inclure une variété de troubles comportementaux. Par exemple, les stimulants tels que l'amphétamine, la méthamphétamine et la cocaïne peuvent conduire à des manies, hypomanies (ou aux deux), ou à des épisodes de dépression.

Des statistiques élevées de trouble de l'humeur peuvent se manifester chez les gros buveurs et alcooliques. L'alcool provoque des troubles comportementaux parfois violents chez les individus ayant développé auparavant une dépression majeure[20]. Un taux élevé de suicide peut également affecter les individus ayant un problème avec l'alcool. Il est habituellement possible de différencier les dépressions liées à l'alcool et les dépressions non-liées à l'alcool en écoutant attentivement le patient. La dépression et autres problèmes mentaux associés à l'alcool peuvent être dû à la distorsion de la chimie cérébrale, tentant de se développer après une période d'abstinence[21].

L'utilisation à long terme des benzodiazépines, tels que le valium et le librium, peuvent avoir un effet analogue à l'alcool, et sont également impliqués dans les causes de la dépression[22]. Le trouble dépressif majeur peut aussi se développer en tant qu'effet des benzodiazépines. Les benzodiazépines sont généralement utilisées en tant que traitement contre l'insomnie, l'anxiété et les spasmes musculaires. Avec l'alcool, les effets de la benzodiazepine sur la neurochimie sont responsables de la dépression chez les individus.

Approche psychanalytique des troubles de l'humeur

Selon le psychiatre et psychanalyste Vassilis Kapsambelis, « la lecture des œuvres de Karl Abraham, Sigmund Freud et de Melanie Klein, constitue une introduction indispensable à une compréhension métapsychologique des troubles de l’humeur. Ceux-ci ne sont pas que « thymiques », mais correspondent à une véritable « façon d’être » globale de la personnalité »[23].

Aspects socioculturels

Kay Redfield Jamison et d'autres ont exploré les liens possibles dans la créativité et les aspects socioculturels des troubles de l'humeur. Il a été exposé que « le type de personnalité peut contribuer aux états d'âme mais également à l'art »[24]. La relation entre la dépression et la créativité apparaît être spécialement forte parmi les poètes[25].

Épidémiologie

Certaines études épidémiologiques démontrent que les femmes sont deux fois plus exposées au développement de troubles de l'humeur que les hommes[26].

Notes et références

  1. Sadock 2002, p. 534
  2. (en) Nesse R., Is Depression an Adaptation?, vol. 57, , 14–20 p. (PMID 10632228, DOI 10.1001/archpsyc.57.1.14, lire en ligne)
  3. Parker 1996, p. 173
  4. Organisation mondiale de la Santé, Classification internationale des maladies (CIM-10)
  5. (en) Ayuso-Mateos, J.L. et al. 2001. Depressive Disorders in Europe: Prevalence figures from the ODIN study. Journal britannique de la Psychiatrie, 179, p. 308-316.
  6. Association américaine de psychiatrie 2000, p. 421–22
  7. Association américaine de psychiatrie 2000, p. 419–20
  8. Association américaine de psychiatrie 2000, p. 412
  9. Association américaine de psychiatrie 2000, p. 417–18
  10. (en) Ruta M Nonacs. eMedicine - Postpartum Depression
  11. (en) O'Hara, Michael W. "Postpartum Depression: Causes and consequences." 1995.
  12. (en) Weissman, A.M. et al. "Pooled Analysis of Antidepressant Levels in Lactating Mothers, Breast Milk, and Nursing Infants." American Journal of Psychiatry, 161:1066-1078, juin 2004.
  13. Association américaine de psychiatrie 2000, p. 425
  14. (en) Lam, Raymond W. and Robert D. Levitan. "Pathophysiology of seasonal affective disorder: A review". Journal of Psychiatry and Neuroscience, 25, 469-480. 2000.
  15. Sadock 2002, p. 552
  16. CIM-10. Organisation mondiale de la Santé 1993.
  17. Association américaine de psychiatrie 2000, p. 778
  18. Carta, Mauro Giovanni; Altamura, Alberto Carlo; Hardoy, Maria Carolina, Is recurrent brief depression an expression of mood spectrum disorders in young people?, vol. 253, , 149–53 p. (PMID 12904979, DOI 10.1007/s00406-003-0418-5)
  19. « Quels sont les troubles de l'humeur (ou troubles affectifs) ? », sur Psychomedia.qc.ca
  20. (en) Fergusson DM, Boden JM, Horwood LJ, Tests of causal links between alcohol abuse or dependence and major depression, vol. 66, , 260–6 p. (PMID 19255375, DOI 10.1001/archgenpsychiatry.2008.543, lire en ligne)
  21. (en) Wetterling T, Psychopathology of alcoholics during withdrawal and early abstinence, vol. 15, , 483–8 p. (PMID 11175926, DOI 10.1016/S0924-9338(00)00519-8)
  22. (en) David Semple, Oxford Handbook of Psychiatry, Oxford, Oxford University Press, , 540 p., poche (ISBN 978-0-19-852783-1), « 13 »
  23. Vassilis Kapsambelis, « Les troubles de l'humeur et la psychanalyse. Une revue des textes fondateurs », Le Journal des psychologues, vol. 273, no. 10, 2009, p. 32-35.[lire en ligne].
  24. (en) Mood disorders - CNN.com, (lire en ligne)
  25. JC Kaufman, The Sylvia Plath effect: Mental illness in eminent creative writers, vol. 35, , 37–50 p.
  26. (en) David H. Barlow et Vincent Mark Durand, Abnormal Psychology : An Integrative Approach, Australie, Cengage Learning, , 5e Ă©d., 221 p. (ISBN 978-0-495-09556-9, lire en ligne)

Bibliographie

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