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Tourisme responsable

Le tourisme responsable, appelĂ© aussi tourisme durable est une des formes de pratiques de tourisme alternatif très Ă©tudiĂ© au QuĂ©bec[1], visant Ă  prĂ©server les ressources naturelles et amĂ©liorer les conditions de vie des personnes habitant toute l'annĂ©e les communes visitĂ©es. La littĂ©rature acadĂ©mique, via l'Ă©conomiste Jost Krippendorf, professeur Ă  l'UniversitĂ© de Berne, en Suisse, a analysĂ© et proposĂ© d'allĂ©ger dès les annĂ©es 70 les coĂ»ts du tourisme de masse: dommages sur Ă©cosystèmes, aliĂ©nation des terres, perturbations des sociĂ©tĂ©s locales, conflits d'usage, et bĂ©tonisation d'espaces, alors que le nombre de voyageurs internationaux est passĂ© de 525 millions Ă  plus de 1,2 milliard de 1995 Ă  2016[2] - [3], grâce notamment aux compagnies aĂ©riennes low-cost[2], et pourrait atteindre 1,8 milliard[4]. Ce surtourisme prĂ©occupe car 95 % des voyageurs vont dans % de la planète, selon l'Organisation mondiale du tourisme[5] et perturbe les habitants comme Ă  Barcelone oĂą ils sont 30 % Ă  ne plus supporter les touristes[5].

Le Royal Clipper en 2001. Ce navire de croisière dispose de voiles qui permettent de réduire son impact écologique.

Variantes

Le tourisme responsable met en avant un pays, une culture, des hommes et des femmes pour qui les revenus du tourisme peuvent être une véritable source supplémentaire de moyens pour exister[3]. Parmi ses variantes, l'écotourisme[6] - [7], le slow-tourism[6], le tourisme solidaire avec les pays en voie de développement[6], qui concentrent patrimoine environnemental et populations en difficultés[8], le philantourisme[6] et l'agritourisme, façon de découvrir une région en compagnie des agriculteurs, des éleveurs et des viticulteurs qui y travaillent[6]

DĂ©finitions

Trekking dans la Quebrada de las Conchas, Cafayate, Province de Salta, Argentine.

Le tourisme responsable Â« regroupe l'ensemble des pratiques touristiques engagĂ©es, qu'elles soient vertes, solidaires, Ă©thiques, sociales etc. Il vise Ă  trouver des voies d'amĂ©liorations pour les trois grands piliers de l'activitĂ© touristique que sont l'environnement, l'Ă©conomie et le social. Si le terme peut paraĂ®tre moralisateur, il n'est lĂ  que pour aider Ă  faire Ă©voluer en positif ce qui est parfois dĂ©jĂ  lĂ  en germe »[9].

A partir de l'approche qualitative/quantitative de la revue Journal of Sustainable Tourism les universitaires ont constaté "une utilisation croissante d’études quantitatives (uni-variées, multi-variées ou plus avancées)"[10].

Le Tourisme responsable vu par l'Université de Barcelone

Jordi Gascón et Ernest Cañada, professeurs à l'Université de Barcelone, le définissent comme un mouvement social en faveur de la durabilité du tourisme, via trois lignes d'action:

  • La revendication de la responsabilitĂ© des touristes, voyagistes, hĂ´tes et institutions publiques.
  • La mise en place de modèles de dĂ©veloppement touristique spĂ©cifiques Ă  chaque destination, avec ses variables sociales, culturelles, Ă©conomiques et environnementales.
  • La dĂ©nonciation des impacts nĂ©gatifs sur les sociĂ©tĂ©s d'accueil, leurs Ă©cosystèmes et l'environnement, ainsi que l'accompagnement et la solidaritĂ© avec les groupes concernĂ©s.

Cette conception se rapproche de celle défendue, entre autres, par le Forum du Tourisme Responsable, plate-forme regroupant diverses organisations sociales d'Espagne, réalisé dans le cadre du Forum social mondial qui s’est tenu à Belém do Pará, au Brésil, en janvier et février 2009[11].

Tourisme responsable, labels et bonnes pratiques

Une autre définition privilégie la mise en œuvre d’instruments de gestion d’entreprise visant à minimiser les impacts négatifs et accroître les bénéfices de la population d’accueil. D'où la multiplication de labels tendant à vouloir attribuer de supposées bonnes pratiques[12].

Plusieurs chercheurs ont dénoncé le fait que, dans le cadre de cette approche, le secteur du tourisme tente de conjuguer le terme "responsabilité" avec des politiques d’image. Selon eux, le tourisme responsable doit être une volonté personnelle éthique, tant pour le voyageur que pour les voyagistes, plutôt qu'une démarche marketing de greenwashing de ces derniers, tendant à profiter aux grosses structures du secteur : voyagistes, croisiéristes, transporteurs, chaînes hôtelières internationales, sociétés de remontées mécaniques ou de parcs d'attraction, etc.

Certains opérateurs en font une pure opération marketing, tandis que d'autres, généralement de taille artisanale, s'appliquent des chartes aux critères stricts[3], préférant des engagements réels et éthiques, à des labels aux critères non contraignants[13].

Le tourisme responsable comme niche de marché

Le tourisme responsable est une niche spécifique du marché du tourisme. L'approche basée sur les apports aux sociétés et écosystèmes locaux est constatée dans les structures de taille artisanale, qui lient le tourisme responsable à un territoire, une communauté d'accueil, en vue de mieux répartir les revenus du tourisme et d'intégrer la notion de "juste prix"[14].

Tourisme responsable et patrimoine culturel

Selon Olivier Lazzarotti, de l'Université d'Amiens, le "le tourisme a une place essentielle" dans le "mouvement de patrimonialisation"[15] de la nature et de la culture, tandis que cette patrimonialisation influence elle aussi le tourisme. Il a pris l'exemple du patrimoine mondial de l'Unesco a permis aux Etats-Unis de "compenser, dans l’ordre des Sept Merveilles du Monde, la déficience en matière de monuments anciens"[15] et la création par la même UNESCO du « patrimoine immatériel » qui selon lui, loin de « détruire » la culture"[15], est devenu ce " « qui la fait vivre, si ce n’est revivre »[15].

La proximité de lieux du patrimoine mondial de l’UNESCO, comme celle d’un aéroport ou d’un port accueillant des bateaux de croisière, font cependant partie des critères retenus par des chercheurs européens pour répertorier la centaine de sites à surveiller le plus[4]. Parmi eux, Bernadett Papp, chercheuse à l'European Tourism Futures Institute, aux Pays-Bas, pointe le risque de file pendant des heures ou l'impossibilité de prendre de photos tant la foule est compacte[4] et Pascale Marcotte, professeure au Département de géographie de l'Université Laval, les nuisances aux résidents[4].

Acteurs, chartes, événements et importance économique

Les acteurs du tourisme responsable

Les acteurs majeurs sont:

  • les gouvernements;
  • les ONG qui diffusent des pratiques et rĂ©alisent des Ă©tudes;
  • des scientifiques;
  • les acteurs de terrain, comme les communautĂ©s locales qui bĂ©nĂ©ficient directement des retombĂ©es Ă©conomiques et peuvent ainsi amĂ©liorer leurs infrastructures et crĂ©er des emplois[16];
  • des ONG intĂ©ressĂ©es au sujet comme observatrices. Selon Greenpeace, le tourisme responsable "ne se limite pas seulement Ă  rĂ©duire notre empreinte carbone" mais requiert aussi de "prĂ©server les Ă©cosystèmes et les retombĂ©es Ă©conomiques et sociales pour les populations locales"[17]. Pour cela, l'association Ă©cologiste encourage le voyage Ă  vĂ©lo, via le recours Ă  la carte europĂ©enne des vĂ©loroutes[18] et son Ă©quivalente française[19], ainsi que les itinĂ©raires Ă  pied, via le site Mon Gr[20].

Les chartes

Plusieurs chartes existent:

  • l'Organisation mondiale du tourisme promulgue un Code mondial d'Ă©thique du tourisme de 10 articles dès son AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale Ă  Santiago (Chili) en [21].
  • Le groupe hĂ´telier français Accor dĂ©clare non seulement appliquer ce code[22], mais aussi contribuer Ă  l’élaboration de la Charte Ă©thique du tourisme en France[22].
  • L'Association des voyageurs et voyagistes Ă©co-responsables a publiĂ© ses propres critères en 2007 dans un ouvrage de rĂ©fĂ©rence[23]. Elles sont toujours en vigueur aujourd'hui[24].

Les événements

Plusieurs événements ayant regroupé la plupart des acteurs du secteur ont eu lieu en France: Le Forum National du Tourisme Responsable (FNTR) - Chambéry, 2010[25] ; le FNTR qui s'est déroulé à Montpellier en 2012 [26]; et le Salon international de l'écotourisme, du voyage solidaire et participatif - Grenoble décembre 2018[27].

Le FNTR de Chambéry a réuni durant trois jours 65 intervenants , incluant des anthropologues et des scientifiques et constitue l'acte fondateur de nombreuses démarches ayant eu lieu par la suite.

Quelques problématiques et exemples de tourisme responsable

Des lieux comme le GR20 corse, le parc national de Port-Cros, des plages bretonnes, des ports, falaises, et phares de cette région, les calanques de Marseille, l'Ile de Bréhat et les châteaux de la Loire sont "malmenés par le surtourisme"[28], appelé aussi « hypertourisme », « overtourisme » ou « tourismophobie »[2]. En France, les promoteurs du tourisme responsable alertent depuis l'an 2000 sur un déséquilibre: 80 % de l’activité touristique se concentre sur 20 % du territoire[28] - [29], ce qui a dès 2022 débouché sur des mesures de régulation[30]. A l'été, le parc national des calanques a décidé un quota de visiteurs à Sugiton, la plus touchée[31] - [32] et il réfléchit à limiter la fréquentation sur les îles du Frioul[33]. Une enquête sur les selfies postés sur les réseaux sociaux montre une grande concentration sur quelques sites[34].

En mai 2023, Gordes et Lourmarin, dans le Vaucluse, "ont été pris d’assaut"[28] et le maire d'un autre village du Vaucluse a mis en place des parkings de délestage sans parvenir à contenir assez le flux[28]. Des files d’attente de parfois trois heures ont été constatées au ZooParc de Beauval (Loir-et-Cher) et aux jardins de Giverny (Eure)[28]. Le 13 juin, l’Alliance France Tourisme des sociétés du secteur avait souligné que le pays, jusque-là relativement épargné, est désormais victime du « surtourisme »[35] et le gouvernement français a dévoilé en juin 2023 un plan pour réguler les flux touristiques[29], avec un guide, un observatoire, en mars 2024 une campagne pour inciter à à adapte « les choix de destination et de calendrier » et des "quotas" éventuels pour des sites comme le Mont Saint-Michel ou les calanques de Marseille[36].

Les villes européennes au passé historique s'adaptent à ce phénomène de surtourisme, alors que réguler l’accès à une ville est jugé souvent "bien plus complexe"[28]. A Venise, menacée à la fois par un tourisme de masse et des risques de submersion[37], les fondations sous-marines sont fragilisées à chaque passage de paquebot[38]. Le "mouvement anti-touristes" a obtenu que les grands paquebots[39] soient interdits depuis le 1er août 2021[38]. Un système de réservations a été créé pour la place Saint-Marc aux heures de pointe et le nombre de visiteurs à 20000 par jour pendant le carnaval[5], des amendes de 500 euros sanctionnant qui pique-nique par terre. Très fréquentée aussi, Amsterdam a décidé un programme en sept points pour ne « plus accueillir des personnes venues seulement pour faire la fête » sans respect pour les habitants, et recevoir plus de touristes dits « de qualité »[40]. Via une campagne de dissuasion du tourisme festif, la municipalité interdit notamment la consommation du cannabis dans les rues du Quartier rouge, associant cette mesure à un renforcement des restrictions sur l'alcool[41]. Comme Venise, Bruges a perdu sa fonction marchande, pour devenir une des attractions du tourisme mondial, posant des problèmes de fréquentation et la question du tourisme responsable[42]. Des villes plus petites sont concernées aussi: en Seine-Maritime, en France, la station balnéaire d'Étretat est victime de son succès et du surtourisme avec 1,5 millions de visiteurs chaque année[43].

Les parcs nationaux américains ont mis en place ensuite des permis d'entrée, suivis par des musées ou des villes soucieuses de mieux gérer les flux[38]. Le Mont Blanc impose une réservation en refuge obligatoire aux 25000 personnes qui chaque année s'y attaquent[38]. Les sites entourant la haute-montagne ne sont pas épargnés: face à l'affluence depuis 2021 au lac du Lauvitel (Oisans), les bivouacs seront encadrés à partir de juin et réservés à des zones dédiées, car certaines personnes laissent leurs déchets, allument des feux, ou coupent des arbres, selon Pierre-Henri Peyret, responsable du secteur isérois du parc national des Ecrins[44].

Suite à une succession de chutes mortelles aux Falaises de Moher[45], 25ème lieu mondial pour les selfies et le 4ème pour les sites naturels après le Grand Canyon, le Parc Kruger et Phi Phi Island en Thailande[46] - [34] avec 634375 posts sur Instagram et plus de 5 millions sur TikTok [47], mais qui recense plus de 60 décès[48] et d'Étretat[49] - [50], un effort a été lancé pour prévenir[51], sur les sites surfréquentés, les décès liés aux selfies, dont le nombre a augmenté pour atteindre 259 dans le monde de 2011 à 2017[52] puis 379 personnes entre janvier 2008 et juillet 2021, dont 31 entre janvier et juillet 2021, selon une étude rédigée par sept scientifiques espagnols pour la Fondation iO, publiée dans le Journal of Travel Medicine[53]. Des sièges à selfie sont notamment à l'étude en Irlande[54]

D'autres destinations célèbres ont pris des mesures pour un tourisme plus responsables:

  • A Cinque Terre le passage annuel de 2,5 millions de visiteurs pour 4000 habitants a fait qu'un quota de visiteurs a failli ĂŞtre instaurĂ© en 2016, mais abandonnĂ©[38]. Depuis l'Ă©tĂ© 2019, il y est interdit de porter des chaussures sans semelle antidĂ©rapante»[38], les porteurs de tongs ou de sandales risquent une amende[38].
  • Sur l'Ă®le de Pâques, au Chili, qui accueille 116000 touristes par an, des sĂ©jours limitĂ©s Ă  30 jours sont imposĂ©s depuis 2018 "pour limiter la production de dĂ©chets, difficiles Ă  Ă©vacuer"[38].
  • Au Machu Picchu (PĂ©rou), parmi les Sept Merveilles du monde depuis 2007, un total de 2500 visiteurs par jour au maximum est autorisĂ©[38].
  • Le rocher Uluru/Ayers Rock avait reçu la visite de 395.000 personnes entre juin 2018 et juin 2019, soit 20 % de plus en un an[38] et le parc national a interdit dĂ©finitivement son ascension, haute de plus de 340 mètres, depuis le 26 octobre 2019[38].
  • Au Bouthan rouvert en septembre 2022, les visiteurs doivent s'acquitter d'une taxe de 200 dollarspar nuit, triplĂ©e, afin de «financer un tourisme neutre en matière d'Ă©missions de CO² et Ă  bâtir un secteur touristique toujours plus durable», selon le ministre du Tourisme[38].
  • A Komodo (Ă®le), le ticket d'entrĂ©e a lui Ă©tĂ© multipliĂ© par 18, soit environ 250 euros, depuis le 1er aoĂ»t 2022[38], afin de protĂ©ger les dragons de Komodo, "classĂ©s comme espèce vulnĂ©rable proche de l'extinction"[38].
  • A Maya Bay, en ThaĂŻlande, popularisĂ©e par "La Plage", film avec Leonardo Di Caprio sorti en 2000, le passage de jusqu'Ă  6000 visiteurs par jour a entraĂ®nĂ© la fermeture de la baie au public en juin 2018[38]. Depuis sa rĂ©ouverture le 1er janvier 2022, seuls 375 visiteurs peuvent y accĂ©der au mĂŞme moment[38].
  • l'Ă®le de Boracay, aux Philippines, a totalement fermĂ© ses accès aux touristes, d'avril Ă  octobre 2018, en vue d'un grand mĂ©nage car elle a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de «fosse septique» par le prĂ©sident philippin[38].
  • Ă€ Ibiza, une loi interdit depuis 2017 les locations saisonnières sans licence et limite Ă  623000 le nombre de logements touristiques pour l'ensemble des Ă®les BalĂ©ares[2];
  • Ă€ Dubrovnik, en Croatie, les autoritĂ©s ont installĂ© des camĂ©ras aux portes des remparts pour contrĂ´ler les flux de touristes[2];
  • Ă€ Florence, les autoritĂ©s aspergent les rues autour de la basilique Santa Croce au jet d’eau pour Ă©viter que les touristes ne s’y attardent trop[2];
  • Sur l’île de Skye(Ecosse), les autoritĂ©s sont prĂ©occupĂ©es par l’encombrement des routes ou les dĂ©gradations de l’environnement[2];
  • Seuls 4700 visiteurs quotidiens peuvent accĂ©der Ă  l'Ile de BrĂ©hat, du 14 juillet au 25 aoĂ»t[28].
  • En Irlande, une rĂ©flexion est en cours sur l'accès au sommet de l'Ă®le, le Carrauntuohil, en raison de rochers instables et de la frĂ©quentation[55], c'est aussi le cas pour les falaises de Moher, site naturel le plus visitĂ© du pays[56] avec un million et demi de visiteurs par an[57].
  • Depuis l'Ă©tĂ© 2023, la rĂ©servation est obligatoire pour les Ă®les de Port-Cros et Porquerolles, dans le Var, avec un plafond de 6 000 personnes par jour[28].
  • En dĂ©pit d'un "pic de 30 000 visiteurs atteint Ă  l’Ascension"[28], le maire du Mont-Saint-Michel refuse d’y imposer des quotas, "revendiquant la libertĂ© de circuler"[28].
  • En Gironde, première destination Ĺ“notouristique avec 6,8 millions de visiteurs du vignoble[33], Ă  Saint-Emilion, classĂ©e depuis 1999 au Patrimoine Mondial de l’HumanitĂ© par l’UNESCO, oĂą plus d'un million de touristes chaque annĂ©e, surtout l'Ă©tĂ©, sont constatĂ©s[33], le maire s'est dĂ©clarĂ© en juin 2023 sceptique sur une rĂ©gulation du tourisme[33].
  • Ă  l'Ă®le de Noirmoutier, assaillie de touristes, l’idĂ©e d’instaurer un pĂ©age sur le pont refait surface[58];
  • Ă  la Presqu'Ă®le de Crozon, la plage de l’île Vierge, remarquĂ©e par des revues internationales, Ă  la pointe sud de la Bretagne, la commune a dĂ» interdire l’accès au site en 2020[58];
  • Ă  la dune du Pilat du bassin d’Arcachon, deux millions de personnes et parfois 17000 par jour ont entrainĂ© des actions contre le stationnement sauvage[58];
  • le Pont du Gard a fermĂ© l'accès automobile en 2000 pour limiter Ă  5500 le nombre de visiteurs simultanĂ©s[58];
  • afin d’assurer la sauvegarde de la presqu’île de Maguelone, le petit train est gratuit et quasiment tous les vĂ©hicules Ă  moteur interdits depuis la fin des annĂ©es 2010[58];
  • aux Gorges de l'Ardèche, deux millions de touristes par an, le « canoĂ« malin », Bison futĂ© fluvial, a Ă©tĂ© mis en place pour Ă©viter les embouteillages[58];
  • Au Mont Canigou, depuis 2008, les diffĂ©rents accès ont Ă©tĂ© fermĂ©s progressivement aux voitures[58].
  • Au musĂ©e du Louvre, oĂą les visiteurs ne viennent voir que trois ou quatre oeuvres[5], des mesures sont envisagĂ©es dès 2019;
  • depuis l'Ă©tĂ© 2019, Paris rĂ©flĂ©chit Ă  des solutions pour limiter les autocars de tourisme, mĂŞme si le tourisme de groupe ne reprĂ©sente que 8% du tourisme dans cette ville[5].

Selon le sociologue Rodolphe Christin, auteur d'un "Manuel de l’anti-tourisme"[59], le voyage "n’est plus celui de la Beat Generation et des artistes comme Arthur Rimbaud ou Antonin Artaud": il se transforme en "une forme de conformisme social avec lequel il nous faut rompre"[60], mais pour Soline Archambault, directrice des Grands sites de France, passer du surtourisme au tourisme durable implique surtout une « gestion durable de la fréquentation » pour les « laisser respirer » et les préserver « sur la durée » en s'appuyant sur une « histoire de plus de 20 ans en matière de gestion durable de la fréquentation » [61].

Un livre de David Medioni, journaliste, et Jean Viard, sociologue, spécialiste du temps libre, propose de « réinventer ce que furent les colonies de vacances, les auberges de jeunesse ou le tourisme social », éventuellement sous une forme moderne de « vacances populaires qui seraient à la fois responsables et accessibles », pourrait constituer « l'une des réponses à la question du surtourisme »[62].

Plusieurs expériences réussies ont tenté d'associer à "une activité touristique des pratiques de développement durable"[22] et mis en évidence "la nécessité d’aborder la problématique du développement durable de manière globale", les interactions entre entreprises, citoyens, clients, et gouvernements étant privilégiées dans le but d'avoir un "réel impact"[22].

Aucun site touristique français ne figure sur la liste du "patrimoine mondiale en péril de l’Unesco"[5] mais en région Ile-de-France les touristes étaient 50 millions en 2018 contre 33,8 millions en 2017 et 31 millions en 2016[5] avec de fortes concentrations à Notre-Dame de Paris (12 millions)[5], au musée du Louvre (10,2 millions dont 70% sont étrangers), la Tour Eiffel (6 millions) ou le Château de Versailles (8 millions)[5]. Pour contrarier cette tendance, 600 étudiants du tourisme, de l’hôtellerie ou de la restauration se portent volontaires en 2019 pour aller sur 60 sites touristiques[5] (comme Disneyland Paris, le château de Versailles) réorienter les touristes vers des lieux moins connus[5]. A Marseille, chaque année, 3 millions de personnes visitent le parc naturel des Calanques.

Chronologie

  • 1963 : fermeture de la grotte de Lascaux pour la protĂ©ger de la respiration des 1500 visiteurs quotidiens[38], une rĂ©plique ouvre en 1983;
  • 1987 : La ConfĂ©rence mondiale de l’UNESCO pour l’environnement et le dĂ©veloppement publie le rapport "Notre avenir Ă  tous", le "Rapport Bruntland"[1];
  • Avril 2019 : un sondage Comptoir des Voyages rĂ©vèle que 63% des Français interrogĂ©s renonceraient Ă  visiter un site s’il est trop frĂ©quentĂ©[5];
  • EtĂ© 2019 : au Mont Saint-Michel, les policiers interviennent pour dĂ©sengorger les 25000 personnes par jour, Yan Galton, maire de la commune, veut "rendre touristique la baie" et pas seulement le site[5];
  • Juillet 2019 : Jean-François Martins, adjoint Ă  la Maire de Paris organise une table-ronde autour du thème: "Y’a-t-il trop de touristes Ă  Paris?"[5];
  • AoĂ»t 2019 : un groupe de travail interministĂ©riel est formĂ© et doit rendre ses conclusions en fin d’annĂ©e[5];
  • EtĂ© 2022 : trois personnes dĂ©cèdent de chutes en faisant des selfies aux falaises d'Etretat.

Références

  1. "Le tourisme durable, équitable, solidaire, responsable, social…: un brin de compréhension", en 2005 dans la revue spécialisée Théoros, par Michèle Laliberté
  2. "Les touristes ne sont plus les bienvenus en Europe", Ouest-France le 17/08/2017
  3. Novéthic
  4. "Gérer le surtourisme à l'ère des réseaux sociaux" par Ximena Sampson le 29 février 2020 sur Radio Canada
  5. "Comment la France lutte contre le surtourisme" par LĂ©a Taieb le 02.08.2019
  6. "Écotourisme, train-bragging… Huit mots pour être incollable sur le tourisme durable" par Marine Sanclemente, dans Le Figaro Voyage le 01/06/2023
  7. Le Média du voyage durable, « Écotourisme : au-delà de l'effet de mode, savoir considérer une approche territoriale | Le Média du Voyage Durable », sur levoyagedurable.media, (consulté le )
  8. Jean-Pierre Lamic, Tourisme durable : de l'utopie à la réalité, Chambéry, Kalo taxidi, , 440 p. (ISBN 978-2-490038-06-0 et 2-490038-06-0, OCLC 1129118243, lire en ligne), p. 308
  9. 10 ans de tourisme durable, Voyageons-autrement.com, dl 2018, 391 p. (ISBN 979-10-699-2155-9, OCLC 1041189157, lire en ligne)
  10. "Les Ă©tudes quantitatives sur le tourisme durable : une analyse des principaux travaux de recherche", par Mbaye Fall Diallo, dans la revue Management & Avenir en 2014
  11. "En Amazonie, les altermondialistes sont Ă  la recherche de leur Ă©nergie vitale" par Sergio Ferrari le 27 janvier 2009
  12. Jean-Pierre Lamic, Tourisme durable : de l'utopie à la réalité, Chambéry, Kalo taxidi, , 440 p. (ISBN 978-2-490038-06-0 et 2-490038-06-0, OCLC 1129118243, lire en ligne), p. 341 - 353
  13. Le Média du voyage durable, « Tourisme durable : sondage IFOP : un voyage responsable est-il obligatoirement plus cher ? | Le Média du Voyage Durable », sur levoyagedurable.media, (consulté le )
  14. Jean-Pierre Lamic, Tourisme durable : de l'utopie à la réalité, Chambéry, Kalo taxidi, , 440 p. (ISBN 978-2-490038-06-0 et 2-490038-06-0, OCLC 1129118243, lire en ligne), p. 50 - 58
  15. "Tourisme culturel et patrimoine : quelques analyses pour un Monde habitable", par Olivier Lazzarotti, en 2010 dans le Journal of urban research
  16. Jean-Pierre Lamic, Tourisme durable : de l'utopie à la réalité, Chambéry, Kalo taxidi, , 440 p. (ISBN 978-2-490038-06-0 et 2-490038-06-0, OCLC 1129118243, lire en ligne), p. 359 - 387
  17. Greenpeace
  18. « Le Code mondial d'éthique du tourisme | Éthique, culture et responsabilité sociale », sur ethics.unwto.org (consulté le )
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  20. Jean-Pierre Lamic, Tourisme durable : utopie ou réalité? : comment identifier les voyageurs et voyagistes éco-responsables?, Paris, L'Harmattan, , 222 p. (ISBN 978-2-296-05415-8 et 2-296-05415-3, OCLC 300200651, lire en ligne)
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  41. "Un étudiant décède en tentant de prendre un selfie du haut d’une falaise", par Jennifer Mertens, dans Le Soir le 5 Janvier 2019
  42. "Cliffs of Moher ranked among world’s most popular selfie spots", le 20 septembre 2021 par Siân McQuillan
  43. "Cliffs of Moher on list of top 25 most popular selfie spots in world along with Pyramids of Giza and the Colosseum" par Marija Voznuka, dans The Sun, 31 août 2021
  44. "Selfies mortels sur les falaises : à Étretat, la sécurité des touristes vire au casse-tête", par Nicolas Farmine, dans Le Figaro le 13/10/2022
  45. "Falaises d'Étretat : une touriste indienne se tue en prenant un selfie" AFP le 3 octobre 2022
  46. "Après 3 "selfies" mortels en 2022, de nouvelles mesures de sécurité à Etretat pour éloigner les promeneurs du vide" par Sylvie Callier sur France 3 le 09/02/2023
  47. "Des sièges à selfie, bientôt en place en Irlande pour éviter les décès accidentels" 21 FÉVRIER 2019
  48. (en) Devil's Ladder Route
  49. "50 voyages Ă  faire dans sa vie" chez Hachette Tourisme en 2022
  50. "Comment les gorges de l’Ardèche, l’île de Noirmoutier ou la Dune du Pilat font bloc face au « surtourisme » dasn 20 minutes le 25/06/23
  51. "Manuel de l’anti-tourisme", par Rodolphe Christin, aux Editions Ecosociété, en 2018
  52. "Comment lutter contre le surtourisme ? Les solutions d'un sociologue, d'un Ă©lu et d'un associatif Place publique" par Emilien Hertement et Lisa Guillemin dans le 'magazine Marianne le 22/06/2023
  53. Radio France le 19/06/2023
  54. "L'an zéro du tourisme" par Jean Viard et David Medioni aux Editions de l'Aube en 2022

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Pierre Lamic, Tourisme durable : de l'utopie Ă  la rĂ©alitĂ©, ChambĂ©ry, Kalo taxidi, , 440 p. (ISBN 978-2-490038-06-0 et 2-490038-06-0, OCLC 1129118243, lire en ligne)
  • Alain Laurent, Tourisme responsable : clĂ© d'entrĂ©e du dĂ©veloppement territorial durable : guide pour la rĂ©flexion et l'action, Impr. Laballery, coll. « Chronique sociale », impr. 2009, 511 p. (ISBN 978-2-85008-728-8 et 2-85008-728-9, OCLC 470948273, lire en ligne)

Articles connexes

Affiche du festival Icare du tourisme responsable de Brive la Gaillarde
Salon international de l'Ă©cotourisme, du voyage solidaire et participatif - Grenoble - DĂ©cembre 2018

Liens externes

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