Tour de France 1991
Le Tour de France 1991 est la 78e édition du Tour de France, course cycliste qui s'est déroulée du 6 juillet au sur 22 étapes pour 3 914 km. Le départ a lieu à Lyon ; l'arrivée se juge aux Champs-Élysées à Paris. C'est la première des 5 victoires dans la Grande Boucle de l'Espagnol Miguel Indurain. Il devance au classement général les Italiens Gianni Bugno et Claudio Chiappucci. L'Américain Greg Lemond, triple vainqueur de l'épreuve et favori au départ de Lyon, a craqué à plusieurs reprises dans les cols pyrénéens et alpins et a dû se contenter d'une modeste septième place. C'est pour lui le début du déclin.
Course |
78e Tour de France |
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Étapes |
23 |
Date |
6 au |
Distance |
3 914 km |
Pays traversé(s) | |
Lieu de départ | |
Lieu d'arrivée | |
Partants |
198 |
Vitesse moyenne |
38,747 km/h |
Vainqueur | |
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Deuxième | |
Troisième | |
Classement par points | |
Meilleur grimpeur | |
Meilleur jeune | |
Meilleure équipe |
Généralités
- Le départ du Tour a lieu à Lyon ; l'arrivée finale se juge aux Champs-Élysées, à Paris.
- Miguel Indurain, pour sa septième participation, remporte la première de ses cinq victoires dans l'épreuve.
- La génération des vainqueurs des années 1980 (Greg LeMond, Laurent Fignon et Pedro Delgado) cède sa place à la génération Indurain.
- Le maillot jaune danois Rolf Sørensen abandonne sur chute à Valenciennes.
- Le Français Thierry Marie signe une échappée en solitaire de 234 km entre Arras et Le Havre.
- Première victoire d'étape pour un coureur brésilien : Mauro Ribeiro.
- Cinq victoires d'étapes consécutives par des coureurs italiens.
- Le maillot vert ouzbek Djamolidine Abdoujaparov chute lourdement à l'occasion du sprint final sur les Champs-Élysées.
- L'équipe néerlandaise PDM, évoquant une intoxication alimentaire, se retire de la course à Quimper[1].
- Moyenne du vainqueur : 38,747 km/h.
Contexte
Si ce Tour de France 1991 s'apprête à partir avec pour favoris les stars des années 1980 (Greg LeMond, Pedro Delgado et Laurent Fignon), le déroulement des récents grands tours montre que ces longues épreuves ne sont plus la chasse gardée d'une élite installée. De nombreux francs-tireurs ont réussi à s'imposer sans référence probante : au Tour d'Espagne, Marco Giovannetti et Melchor Mauri ont remporté l'épreuve respectivement en 1990 et 1991 ; au Tour d'Italie, Gianni Bugno a gagné en 1990 et Franco Chioccioli lui a succédé en 1991. Avant de triompher, ces coureurs n'avaient ni la réputation ni le palmarès permettant de les désigner comme des vainqueurs potentiels. De la même façon, le Tour de France avait vu l'inconnu Claudio Chiappucci prendre la deuxième place à Paris en 1990, derrière LeMond.
Certes, Greg LeMond, triple vainqueur de l'épreuve et vainqueur sortant, a la faveur des pronostics car Pedro "Perico" Delgado est moins dominateur que dans le passé alors que son équipier Miguel Indurain semble être arrivé à maturité : le Navarrais a terminé deuxième de la Vuelta derrière Mauri et son passé dans le Tour a clairement démontré les grandes dispositions de ce coureur dans tous les registres. L'équipe Banesto devra donc choisir son chef de file en cours d'épreuve selon les circonstances de course. Laurent Fignon est depuis sa grande année 1989 à la recherche de sa splendeur passée, son palmarès ne s'est pas étoffé, il reste sur un échec au Tour 90 qu'il a marqué par son absence à la suite d'un abandon et surtout, il est isolé dans son équipe Castorama, en conflit avec son directeur sportif Cyrille Guimard[2] qui lui préfère le jeune Luc Leblanc comme leader.
Les outsiders sont nombreux. Le Français Charly Mottet, s'il ne connaît pas de "jour sans", peut peser sur la course. Les Italiens ont pour la première fois depuis longtemps dans le Tour de France des prétendants à la victoire finale : Gianni Bugno a axé sa saison sur la Grande Boucle et Claudio Chiappucci a montré par sa victoire dans Milan-San Remo que sa performance sur le Tour 90 n'était pas un hasard. Enfin, le Néerlandais Erik Breukink, compte tenu de ses aptitudes de rouleur et de grimpeur, peut lui aussi espérer arriver en jaune à Paris.
Pour les classements annexes, Thierry Claveyrolat est candidat à sa propre succession pour le maillot à pois de meilleur grimpeur. Chez les sprinters, la course au maillot vert est très ouverte, la vieille garde représentée par Sean Kelly et Jean-Paul van Poppel ne paraît plus en mesure de dominer la génération montante incarnée par le Belge Johan Museeuw, l'Ouzbek Djamolidine Abdoujaparov ou le Français Laurent Jalabert qui, à 22 ans, participe à son premier Tour de France.
Déroulement de la course
À Lyon, la messe semble dite
Spécialiste des prologues, le Français Thierry Marie s'adjuge logiquement la victoire et le premier maillot jaune de ce Tour 1991 et Greg LeMond en profite pour annoncer par sa troisième place (derrière Breukink) qu'il est bien au rendez-vous. Hormis Breukink, tous les autres favoris perdent entre cinq et quinze secondes. Échaudé par la mésaventure de 1990 où, lors de la première étape, un groupe de 4 hommes (dont Chiappucci) avait pris plus de dix minutes au peloton, obligeant ainsi les leaders à une course poursuite de trois semaines, LeMond joue un coup tactique surprenant en se glissant dans l'échappée de la première étape courue autour de Lyon au lendemain matin du prologue. Cette échappée de huit coureurs (dont Breukink) ne prend pas dix minutes mais elle va quand même à son terme et si Djamolidine Abdoujaparov règle Sean Kelly au sprint, LeMond prend le maillot jaune devant Breukink par le jeu des bonifications. L'après-midi, le contre-la-montre par équipes permet au Danois Rolf Sørensen d'enfiler le maillot jaune grâce à la victoire de son équipe Ariostea (malgré une chute collective de cette équipe qui implique Sørensen), mais c'est bien LeMond qui, parmi les favoris du Tour, réalise la meilleure opération en rejetant ses concurrents à plus d'une minute en quittant Lyon.
Maillot jaune : drame pour Sørensen et joie pour Marie
Rolf Sørensen est victime d'une chute dans le final de l'étape qui mène à Valenciennes. Le porteur du maillot jaune ne franchit pas la ligne d'arrivée. Sa clavicule est fracturée et nécessite une intervention chirurgicale qui l'oblige à abandonner l'épreuve. Ainsi le Danois aura pris le maillot jaune et l'aura perdu sur chute. Greg LeMond, alors deuxième du classement général, refuse de recevoir le maillot jaune dans de telles circonstances. L'étape suivante qui mène au Havre est donc courue sans maillot jaune dans le peloton. C'est l'étape que choisit le Normand Thierry Marie, « régional de l'étape » et déjà vainqueur du prologue, pour se lancer dans une échappée de 234 kilomètres, la plus longue depuis Albert Bourlon en 1947 (253 kilomètres). À l'arrivée, Marie conserve suffisamment d'avance pour faire coup double : gain de l'étape et du maillot jaune.
Indurain nargue LeMond
Au lendemain de son périple solitaire, Thierry Marie, pourtant bon rouleur, n'a plus les forces nécessaires pour défendre son maillot jaune. Erik Breukink s'inscrit en tête aux premiers pointages intermédiaires et paraît filer vers la victoire, mais il s'effondre sur la fin du parcours. Miguel Indurain, plus régulier, réalise un meilleur temps provisoire que les Italiens Bugno et Chiappucci. Les Français Bernard, Mottet et Louviot ne sont pas en mesure d'approcher les meilleurs temps. Seul Greg LeMond rivalise avec les temps intermédiaires de l'Espagnol. À l'arrivée, LeMond est vaincu par Indurain pour huit secondes mais il récupère à nouveau la première place au classement général.
L'affaire PDM
À l'entrée dans la Bretagne, où l'étape du a failli sourire au Français Laurent Jalabert qui échoue face au Brésilien Mauro Ribeiro, le peloton est secoué par l'annonce du retrait de l'équipe PDM. Officiellement, tous les membres de l'équipe néerlandaise ont été victimes d'une intoxication alimentaire mais très vite, la rumeur évoque des malaises en relation avec un système de dopage organisé. Ainsi, des coureurs de premier plan comme Erik Breukink, Raúl Alcalá, Jean-Paul van Poppel et Sean Kelly, quittent la course alors que la polémique est vive entre journalistes et directeurs sportifs. La course reprend toutefois rapidement ses droits et l'affaire PDM connaît des développements ou révélations en marge du Tour[3].
Mottet, fusil à deux coups
La route vers Saint-Herblain, dans la 11e étape, présente une dernière occasion pour les sprinters de s'illustrer avant de franchir les Pyrénées. Le peloton se présente groupé à cinq kilomètres de l'arrivée et les équipes de sprinters s'organisent pour le sprint final. Charly Mottet place alors une attaque imparable et file en « poursuiteur » vers l'arrivée pour s'imposer juste devant le peloton. Après une journée de repos qui permet au Tour de se rendre au pied des Pyrénées, les favoris abordent la haute montagne avec prudence. Luc Leblanc, Maurizio Fondriest et Pascal Richard s'échappent dans le Col d'Ichère mais Mottet réalise un nouveau coup de panache en rejoignant le groupe de tête et en s'adjugent la victoire d'étape à Jaca, en Espagne. Luc Leblanc revêt le maillot jaune.
Val Louron, le choc des générations
La 13e étape entre Jaca et Val-Louron comporte cinq cols. Dans la troisième difficulté, le col du Tourmalet, Delgado et Fignon sont décrochés d'un groupe constitué d’Indurain, Bugno, Chiappucci, Mottet, LeMond, Hampsten, Rué et Leblanc, le maillot jaune. LeMond est légèrement distancé au sommet (17 secondes de retard). Indurain s'échappe dans la descente du col du Tourmalet et prend rapidement près d'une minute d'avance sur le groupe du maillot jaune. LeMond et Fignon retrouvent ce groupe avant la fin de la descente. Dans la vallée qui conduit au col d'Aspin, Chiappucci s’échappe également et revient sur Indurain. Les deux hommes iront en tête jusqu'à l'arrivée. Dans l'Aspin, Leblanc puis LeMond connaissent une défaillance. LeMond, malchanceux, chute à la suite d'un accrochage avec une voiture suiveuse, il repart avec l'aide de son coéquipier Éric Boyer. Bugno, Fignon et Mottet poursuivent le duo de tête, mais les deux Français sont lâchés dans la montée finale vers Val-Louron. Au sommet, Chiappucci est vainqueur, Indurain, deuxième à 1 seconde, endosse le premier maillot jaune de sa carrière et Bugno complète le podium. La quatrième place de Fignon, à 2 minute 50, et la neuvième place de LeMond, à 7 minute 16, symbolisent la perte de pouvoir des anciens vainqueurs du Tour. Delgado, quant à lui, se contente désormais d'un rôle d'équipier pour le compte du nouveau leader, Indurain.
Indurain cadenasse les Alpes
L'étape de l'Alpe d'Huez se résume à une course de côte. Gianni Bugno imprime un rythme élevé en début d'ascension mais, sans attaquer franchement, il ne surprend pas Indurain qui le suit sans difficulté. À mi-pente, seuls les Français Jean-François Bernard et Luc Leblanc peuvent suivre le duo Bugno-Indurain, Chiappucci étant légèrement distancé, Fignon, Delgado et Mottet un peu plus. Bernard, équipier d'Indurain, prend le relais et assure un tempo qui neutralise Bugno. Indurain achève cette course d'asphyxie et, à l'arrivée, Bugno remporte l'étape (pour la deuxième année consécutive, c'est lui qui gagne dans la célèbre station) mais ne reprend aucun temps à Indurain. Le lendemain, l'étape qui conduit le peloton sous la pluie vers Morzine voit la victoire du grimpeur français Thierry Claveyrolat devant l'autre Français Thierry Bourguignon tandis que l'équipe Banesto contrôle parfaitement le peloton. Fignon est le seul à tenter d'attaquer, en vain, Bugno et Chiappucci ne voulant apparemment plus contester la suprématie d'Indurain. LeMond est incapable de suivre les meilleurs, il sombre au classement général.
L'ère Indurain commence
Indurain parachève sa victoire finale grâce à l'ultime contre la montre de Mâcon où, comme à Alençon, il se montre intraitable face au chronomètre et conforte ainsi son maillot jaune. LeMond, pour l'honneur, décroche la troisième place dans cet exercice. L'Américain remet ça lors de la dernière étape en s'échappant à l'entrée dans Paris, ce qui lui vaut de se présenter seul sur les Champs-Élysées. Il est toutefois rapidement repris par le peloton et l'étape est conclue par un sprint marqué par la chute de Djamolidin Abdoujaparov, porteur du maillot vert, à cent mètres de l'arrivée. Gravement blessé, l'Ouzbek ne franchira pas la ligne de l'avenue parisienne mais par le bénéfice du règlement, il sauve son maillot vert sans pouvoir l'honorer sur le podium.
Étapes
Classements
Classement général final
Classements annexes finals
Classement du meilleur jeune
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Classement par équipes
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Évolution des classements
Étape | Vainqueur | Classement général |
Classement par points |
Classement de la montagne |
Classement du meilleur jeune | Classement par équipes | Prix de la combativité | |
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Combatif de l'étape | Leader | |||||||
P | Thierry Marie | Thierry Marie | Thierry Marie | non décerné | Laurent Jalabert | Castorama-Raleigh | non décerné | |
1 | Djamolidine Abdoujaparov | Greg LeMond | Greg LeMond | Rolf Järmann | PDM-Concorde-Ultima | Greg LeMond | Greg LeMond | |
2 | Ariostea | Rolf Sørensen | Massimiliano Lelli | non décerné | ||||
3 | Etienne De Wilde | Djamolidine Abdoujaparov | Sammie Moreels | |||||
4 | Djamolidine Abdoujaparov | Peter De Clercq | Benjamin Van Itterbeeck | |||||
5 | Jelle Nijdam | Claudio Chiappucci | Claudio Chiappucci | |||||
6 | Thierry Marie | Thierry Marie | Thierry Marie | Thierry Marie | Thierry Marie | |||
7 | Jean-Paul van Poppel | Peter De Clercq | Rolf Gölz | |||||
8 | Miguel Indurain | Greg LeMond | non décerné | |||||
9 | Mauro Ribeiro | Henri Abadie | ||||||
10 | Phil Anderson | Thierry Laurent | ||||||
11 | Charly Mottet | Banesto | Michel Vermote | |||||
12 | Charly Mottet | Luc Leblanc | Pascal Richard | Miguel Ángel Martínez Torres | Castorama-Raleigh | Charly Mottet | ||
13 | Claudio Chiappucci | Miguel Indurain | Claudio Chiappucci | Álvaro Mejía | Banesto | Miguel Indurain | Claudio Chiappucci | |
14 | Bruno Cenghialta | Bruno Cenghialta | ||||||
15 | Moreno Argentin | Moreno Argentin | ||||||
16 | Marco Lietti | Laurent Fignon | ||||||
17 | Gianni Bugno | Pello Ruiz Cabestany | ||||||
18 | Thierry Claveyrolat | Thierry Bourguignon | ||||||
19 | Dmitri Konychev | Melcior Mauri | ||||||
20 | Viatcheslav Ekimov | Hendrik Redant | ||||||
21 | Miguel Indurain | non décerné | ||||||
22 | Dmitri Konychev | Greg LeMond | ||||||
Classements finals | Miguel Indurain | Djamolidine Abdoujaparov | Claudio Chiappucci | Álvaro Mejía | Banesto | Claudio Chiappucci |
Liste des coureurs
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NP : non-partant ; E : éliminé ; A : abandon en cours d'étape ; HD : hors délai.
Notes et références
- cyclisme-dopage.com - L'équipe PDM était vraiment dopée
- D'après Laurent Fignon dans "Nous étions jeunes et insouciants", Grasset, 2009
- « L'affaire PDM », sur cyclisme-dopage.com (consulté le )
- « 78ème Tour de France 1991 » [« 78th Tour de France 1991 »], sur Mémoire du cyclisme (consulté le )
- Augendre 2016, p. 82.
- Arian Zwegers, « Tour de France GC top ten » [archive du ], CVCC (consulté le )
- « The history of the Tour de France – Year 1991 – The stage winners », sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- « Les classements des étapes du Tour de France 1991 », Le Dico du Tour (consulté le )
- « The history of the Tour de France – Year 1991 – Stage 22 Melun > Paris », sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- « De Tour in cijfers », Leidsch Dagblad, (lire en ligne, consulté le )
- « Tour de France 1991 – Youth classification » [archive du ], sur ProCyclingStats (consulté le )
- « Tour de France 1991 – Youth classification » [archive du ], sur ProCyclingStats (consulté le )
- « Tour 1991 classificaciones », El Mundo Deportivo, , p. 17 (lire en ligne, consulté le )
- « Tour de France 1991 – Leaders overview » [archive du ], sur ProCyclingStats (consulté le )
- (nl) Pieter van den Akker, « Informatie over de Tour de France van 1991 » [« Information about the Tour de France from 1991 »] [archive du ], sur TourDeFranceStatistieken.nl (consulté le )
Bibliographie
- Jacques Augendre, Guide historique, Paris, Amaury Sport Organisation, (lire en ligne [archive du ])
Liens externes
- Tour de France 1991 sur letour.fr
- (en) Tour de France 1991 sur bikeraceinfo.com
- Le dico du Tour / Le Tour de France 1991