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Théodore-Jacques Bonvalet

Théodore-Jacques Bonvalet (quelquefois orthographié par erreur Bonvallet), né à Paris le et mort dans cette même ville le , est un restaurateur et homme politique français.

Théodore-Jacques Bonvalet
Illustration.
Fonctions
Maire du 3e arrondissement de Paris
–
(7 mois)
Prédécesseur Henri-Anatole Gérard
Successeur Jean-Nicolas Dopfeld
Conseiller municipal de Paris
(Quartier des Enfants-Rouges)
–
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Eugène Cléray
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris
Date de décès
Lieu de décès Paris
Sépulture Cimetière du Père-Lachaise
Nationalité Drapeau de la France Français
Parti politique RĂ©publicain radical
Profession Restaurateur

Biographie

ThĂ©odore-Jacques Bonvalet naĂ®t en 1817 dans l'ancien 6e arrondissement de Paris (actuel 3e arrondissement). Vers 1830, il Ă©tudie Ă  l'institution Barbet. Son père, marchand de vins, tient un comptoir rue Charlot[1] qui propose Ă©galement un peu de restauration (parmi les habituĂ©s, Giuseppe Fieschi y achète « pour cinq ou six sous de fricot Â» qu'il mange chez lui)[2].

En 1840, « Bonvalet fils Â» reprend le comptoir paternel et en fait un vĂ©ritable restaurant[3], situĂ© au no 29 du boulevard du Temple, Ă  l'angle de la rue Charlot, Ă  cĂ´tĂ© du CafĂ© Turc (ou Jardin Turc). L'Ă©tablissement sera repris une trentaine d'annĂ©es plus tard par un autre gĂ©rant, Bonvalet s'Ă©tant entretemps consacrĂ© Ă  la politique.

Un républicain de la veille

Sous la Monarchie de Juillet, Bonvalet frĂ©quente les milieux rĂ©publicains et appartient aux comitĂ©s Ă©lectoraux de François Arago et d'Hippolyte Carnot en 1846. Après la RĂ©volution de 1848, il est Ă©lu par 7 000 voix chef de bataillon de la 6e lĂ©gion de la garde nationale (correspondant Ă  l'ancien 6e arrondissement). La mĂŞme annĂ©e, il est l'un des nombreux membres fondateurs d'un club rĂ©publicain, l'Association dĂ©mocratique des amis de la Constitution, que prĂ©side Philippe Buchez[4]. En 1849, Bonvalet s'associe aux gardes nationaux qui prennent la dĂ©fense du colonel Forestier[5] - [6].

Lors du coup d'État du 2 décembre 1851, c'est au restaurant de Bonvalet que plusieurs opposants au coup de force (tels que Victor Hugo) se donnent rendez-vous afin de se concerter. Alors que Michel de Bourges tente vainement de haranguer la foule depuis le balcon du restaurant, la troupe investit les lieux[7]. Bonvalet lui-même est arrêté et conduit en fourgon cellulaire[8] à la prison Mazas, dont il n'est libéré qu'au bout de quinze jours.

L'Ă©lu du 3e arrondissement (1870-1872)

Bonvalet en 1871.

Opposant au Second Empire, il est nommĂ© maire du 3e arrondissement au lendemain de la rĂ©volution du 4 septembre 1870[9]. Cette nomination, dĂ©cidĂ©e par le maire de Paris Étienne Arago, est confirmĂ©e lors du scrutin municipal du 5 novembre[10], quand Bonvalet est largement rĂ©Ă©lu dès le premier tour, par 12 031 voix sur 15 398[11]. Prenant les mesures nĂ©cessaires face aux consĂ©quences du siège de la capitale par les Prussiens, il met Ă©galement en place des Ă©coles laĂŻques et organise le , au théâtre de la Porte-Saint-Martin, une reprĂ©sentation dont les profits doivent aider au financement d'un nouvel orphelinat. Le , il dĂ©crète l'instruction primaire gratuite et obligatoire dans son arrondissement.

Candidat aux Ă©lections du 8 fĂ©vrier, il n'obtient que 30 491 suffrages et Ă©choue Ă  obtenir un siège Ă  l'AssemblĂ©e nationale.

Après l'insurrection du 18 mars 1871, Bonvalet fait partie des élus parisiens qui tentent une conciliation entre, d'une part, le gouvernement et l'Assemblée nationale et, d'autre part, les révolutionnaires qui se sont emparés de l'hôtel de ville. Malgré l'intransigeance des deux camps, Bonvalet et ses collègues poursuivent leurs tentatives de médiation en formant la Ligue d'union républicaine des droits de Paris. Le manifeste de la ligue est publié le , quelques jours après des élections largement favorables aux insurgés (dans son arrondissement, Bonvalet n'est ainsi arrivé qu'en huitième position)[12]. Membre du bureau de la ligue, Bonvalet obtient une courte trêve le afin de permettre l'évacuation des habitants du secteur bombardé de Neuilly. Ces efforts seront reprochés à l'ancien maire du 3e arrondissement, les Versaillais y voyant de la complaisance à l'égard des communards. Au cours de la Semaine sanglante, Bonvalet arrive trop tard à l'hôtel de ville mais parvient à empêcher l'incendie du Conservatoire des arts et métiers, du marché du Temple, et de la mairie du 3e arrondissement[13].

À nouveau candidat à la députation à l'occasion des législatives partielles du 2 juillet 1871, où 21 sièges sont à pourvoir, il termine 22e, devancé de moins de 250 voix par un candidat de l'Union parisienne de la presse, Ferdinand Moreau[14].

Il est plus heureux trois semaines plus tard, lors des Ă©lections municipales du 23 juillet. Candidat dans le quartier des Enfants-Rouges, il est Ă©lu dès le premier tour, avec 1 841 suffrages sur 3 144 (contre 676 Ă  Jules Ranvier, candidat de l'Union parisienne de la presse)[15]. Au conseil municipal, il siège Ă  gauche, parmi les radicaux, et prĂ©side la 7e commission (domaine municipal)[16].

Accusé de malversations[17], il est blâmé par ses collègues du conseil général de la Seine[18], ce qui l'amène à démissionner de ses fonctions dès le .

Après la politique

Bonvalet se consacre ensuite au monde des affaires, conservant sa fréquentation du milieu artistique. Ainsi, il est pendant trois ans attaché à l'hôtel-casino de Pornichet[19] (établissement récent, disposant aussi d'une salle de spectacle, qui a été fondé par Maxime Boucheron, auteur dramatique associé avec ses amis le baryton Jean Lassalle et le ténor Henri Sellier). Le compositeur italien Nicolo Teresio Ravera (ca), chef d'orchestre du lieu, dédie à Bonvalet[20] une « polka brillante » pour piano titrée Casino-Pornichet et sous-titrée Souvenir de Bretagne, dont la partition a été éditée en 1884 par Émile Chatot à Paris[21].

Il meurt le en son domicile du no 12 du quai des Célestins. Après une cérémonie en l'église Saint-Paul-Saint-Louis, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (8e division)[22] - [23].

Références

  1. Almanach de 25 000 adresses de Paris pour l'annĂ©e 1816, Paris, 1816, p. 110.
  2. Attentat du 28 juillet 1835 : interrogatoire des accusés, Paris, Imprimerie nationale, 1835, p. 42.
  3. La Gastronomie, revue de l'art culinaire ancien et moderne, 26 avril 1840, p. 4.
  4. Association démocratique des amis de la Constitution, no 1, Paris, 1848, p. 2.
  5. L'Atelier, organe spécial des ouvriers, mars 1849, p. 311.
  6. Banquet offert au colonel Forestier le 12 décembre 1849. Compte rendu aux souscripteurs, Paris, Brière, 1849, p. 2.
  7. Victor Hugo, Histoire d'un crime, t. I (Œuvres complètes de Victor Hugo : Napoléon-le-Petit, Histoire d'un crime), Paris, Ollendorff, 1907, p. 302-304.
  8. Auguste Luchet, Les Vertus républicaines, souvenir du 2 décembre 1851... Précédé d'un discours du maire Bonvalet, prononcé le 12 novembre 1870 à l'ouverture des écoles communales laïques du 3e arrondissement, Paris, Morris, 1870, p. 16.
  9. Henry Lauzac, Galerie historique et critique du dix-neuvième siècle, t. 6, Paris, Imprimerie Ralitout, 1868-1872 (BNF 32355458), chapitre « Bonvalet (Théodore-Jacques) », pp. 391-394, lire en ligne sur Gallica.
  10. Nobuhito Nagaï, Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914), Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire France 19e-20e », , 375 p. (ISBN 978-2-85944-440-2, lire en ligne). Chapitre VII. « Carrières ».
  11. Félix Sangnier (trad.), À Paris pendant le siège, 2e édition, Paris, Ollendorff, 1888, p. 422.
  12. Ernest Gay, Nos Ă©diles, Paris, 1895, p. 520.
  13. Jeanne Gaillard, « Les papiers de la Ligue républicaine des Droits de Paris », Le Mouvement social, no 56, juillet 1966, p. 86-87.
  14. Le Temps, 9 juillet 1871, p. 1.
  15. Ernest Gay, Nos Ă©diles, p. 82.
  16. Le Temps, 20 novembre 1871, p. 2.
  17. Le Petit Journal, 27 septembre 1872, p. 1.
  18. Le Petit Journal, 11 octobre 1872, p. 1-2.
  19. https://www.google.fr/books/edition/Les_Disparus/L9knDwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22Bonvalet%22+%22Pornichet%22&pg=PT48&printsec=frontcover
  20. https://www.imago-images.de/bild/st/0096095795/jpg
  21. Casino-Pornichet, Paris, Émile Chatot, , ? (lire en ligne).
  22. Le Figaro, 9 et 10 juin 1906, p. 2.
  23. [Répertoire annuel d'inhumation, 11 juin 1906, n°2889, page 29]

Bibliographie

  • Pierre Milza, « L'AnnĂ©e terrible », t. II (La Commune), Paris, Perrin, 2009, p. 85, 89 et 358.
  • Adolphe Paria, Le Conseil municipal de Paris : portraits et biographies des quatre-vingts conseillers et du PrĂ©fet de la Seine, prĂ©cĂ©dĂ©s du plan de la salle des sĂ©ances, Paris, Rodière, 1871, p. 26-29.
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