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Prison Mazas

La maison d'arrêt cellulaire, appelée couramment prison Mazas, est une ancienne prison de Paris, construite par l'architecte Émile Gilbert entre 1845 et 1850[1] pour remplacer le dépôt des condamnés de la Force.

Prison Mazas
Image de l'Ă©tablissement
Maison d'arrĂŞt cellulaire : promenoirs cellulaires.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion ĂŽle-de-France
Ville Drapeau de Paris Paris
Arrondissement 12e
CoordonnĂ©es 48° 50′ 47″ nord, 2° 22′ 25″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : 12e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 12e arrondissement de Paris)
Prison Mazas
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Prison Mazas
GĂ©olocalisation sur la carte : ĂŽle-de-France
(Voir situation sur carte : ĂŽle-de-France)
Prison Mazas
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Prison Mazas
Architecture et patrimoine
Architecte(s) Émile Jacques Gilbert
Construction
Installations
Type Prison et bâtiment ou structure détruit (d)
Fonctionnement
Statut actuel DĂ©truit (d)

Historique

Située en face de la gare de Lyon, elle est utilisée de 1850 à 1898 essentiellement à l'internement des prisonniers de droit commun. La prison occupe l'emplacement du pentagone limité par les voies aujourd'hui dénommées boulevard Diderot, rue de Lyon, rue Traversière, avenue Daumesnil et rue Legraverend.

Plan Andriveau-Goujon du 12e arrondissement (1868) : la prison est un peu au nord du débarcadère de Lyon (actuelle gare de Lyon).

Cette « maison d'arrêt cellulaire » s'inspire des modèles du régime carcéral américain en vogue dans le milieu du siècle, le système cellulaire, dans l'esprit de la prison de la Petite Roquette construite en 1836.

L'entrée de cette prison était située initialement 23-25 boulevard Mazas, qui donne donc son nom à la prison (avant qu'il soit rebaptisé boulevard Diderot en 1879).

Une des galeries cellulaires de la prison.

Mais ce boulevard (partant des abords du pont d’Austerlitz) portait le nom du colonel Jacques François Marc Mazas, mort à la bataille d’Austerlitz : sur réclamation de la famille, l’administration dut renoncer en 1858 à l’appellation primitive au profit de Maison d’arrêt cellulaire[2].

Inaugurée le , elle reçoit les 841 prisonniers de l'ancienne prison de la Force. Elle est ainsi surnommée prison de la nouvelle Force[3].

Sous la Commune de Paris, Maurice Garreau en est le directeur Ă  la mi-avril 1871[4].

L'édifice est démoli en 1898 à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900 afin d'épargner la vue d'une prison aux visiteurs arrivant par la gare de Paris-Lyon. Une rue Émile-Gilbert, ouverte sur l'emplacement de l'ancienne prison, perpétue le nom de son architecte.

Destruction de la prison Mazas.

Elle est connue notamment pour avoir été le lieu de détention provisoire d'Arthur Rimbaud, arrêté a la gare du Nord pour ne pas avoir payé son billet (lettre à Georges Izambard, : « Arrêté en descendant de wagon pour n’avoir pas un sou et devoir treize francs de chemin de fer, je fus conduit à la préfecture, et, aujourd’hui, j’attends mon jugement à Mazas ! »)[5].

Cette prison est évoquée dans une chanson d'Aristide Bruant : À Mazas[6].

Structure

Plan de la prison cellulaire de Mazas.

Construite pour accueillir 1 200 dĂ©tenus[7], la prison comportait six bâtiments de trois Ă©tages, rayonnant autour d'une tour centrale de 45 mètres de hauteur, au niveau de laquelle se situait une rotonde vitrĂ©e donnant vue sur tout l'intĂ©rieur de la prison[8]. Au-dessus se tenait une chapelle oĂą se donnaient des messes dominicales pouvant ĂŞtre vues par l'ensemble des dĂ©tenus. On y trouvait Ă©galement un parloir et une bibliothèque. Six couloirs de 80 mètres convergeaient vers la rotonde. Chacun comportait deux cents cellules sur trois Ă©tages. Mazas Ă©tait gardĂ©e par soixante-dix surveillants. Aucune tentative d'Ă©vasion n'y a abouti.

Fondée sur le principe de l'isolement des détenus, rompant ainsi radicalement avec les principes de détention commune de droit commun habituels, la prison n'accueillait que des condamnés à de courtes peines. L'isolement permettait aux délinquants d'éviter les promiscuités et un apprentissage du crime au contact d'autres détenus parfois plus expérimentés et violents.

Les cellules individuelles mesuraient 2,60 m de haut sur 1,85 m de large et 3,85 de long avec un plancher en briques. Le mobilier nĂ©anmoins sommaire Ă©tait composĂ© d'un hamac suspendu Ă  des crampons Ă  50 cm du sol, une table, un tabouret en bois, d'un bidon Ă  eau, de deux gamelles en fer battu, d'un siège d'aisance inodore Ă  ventilateur, d'un bec de gaz et de quatre supports en bois placĂ©s aux angles. L'air chaud, en hiver, Ă©tait distribuĂ© par ventilation, de mĂŞme en Ă©tĂ© avec de l'air frais. La vie y Ă©tait rythmĂ©e par le service des repas, de menus travaux et un lever Ă  l'aube. Chaque porte pouvait s'ouvrir faiblement, tout en interdisant la sortie du condamnĂ©, afin de lui donner une vue sur l'intĂ©rieur de l'Ă©difice.

La stricte géométrie du bâtiment et le régime carcéral spartiate et solitaire correspondent aux principes hygiénistes associés à un modèle d'architecture utopique.

  • Coupe de l’un des bâtiments de la prison Mazas.
    Coupe de l’un des bâtiments de la prison Mazas.
  • CheminĂ©e ventilatrice de la prison Mazas.
    Cheminée ventilatrice de la prison Mazas.
  • Vase chauffeur de la prison Mazas.
    Vase chauffeur de la prison Mazas.

DĂ©tenus notables

Lors du coup d'État du 2 décembre 1851, 220 députés protestataires furent également enfermés quelque temps, dont 62 à la prison Mazas[9] (principalement des hommes de gauche[10]) :

Notes et références

  1. Pierre Pinon et Institut français d'architecture, L'hospice de Charenton : Temple de la raison, ou, folie de l'archéologie, Liège, Pierre Mardaga, , 255 p. (ISBN 2-87009-371-3, lire en ligne), p. 227.
  2. Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du dix-neuvième siècle, volume 10 (L–MEMN), 1873, entrée « Mazas (prison) », page 1389, colonne 2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205362h/f1393.image.r=prison.langFR .
  3. FĂ©lix et Louis Lazare : Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments0
  4. Michel Cordillot, « GARREAU Maurice - Maitron », sur maitron.fr, (consulté le )
  5. https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_Rimbaud_Ă _Georges_Izambard_-_5_septembre_1870
  6. Texte procuré par Wikisource : s:Dans la rue (Bruant)/À Mazas.
  7. Alphonse-Marie-Marcellin-Thomas Bérenger, De la répression pénale, de ses formes et de ses effets : Rapports faits à l'Académie des sciences morales et politiques, vol. 2, Paris, Imprimerie et librairie générale de jurisprudence Cosse, (OCLC 234656949, lire en ligne), p. 276.
  8. Astruc 2008.
  9. David Stefanelly, « La constitution d'un groupe parlementaire légitimiste sous la Seconde République, un « processus inachevé », d'après la correspondance de Paul de Dieuleveult », Parlement[s], Revue d'histoire politique, vol. 2, no 18,‎ , p. 96-1412 (lire en ligne)
  10. Victor Hugo, Histoire d'un crime, t. 1, 1877-1878 (lire sur Wikisource), chap. 15 (« Mazas »), p. 356

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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