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Teodorico Pedrini

Teodorico Pedrini, né le à Fermo, dans la région des Marches (Italie) et mort le à Pékin (Chine), est un missionnaire lazariste italien, compositeur et claveciniste de renom.

Teodorico Pedrini 
Teodorico Pedrini 
Biographie
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Nepridi
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Il fut envoyé en 1702 en Chine par le pape Clément XI afin d'évangéliser le Fils du Ciel, l'empereur Kangxi.

Son voyage romanesque de prĂšs de dix ans entre Rome et PĂ©kin en fit un personnage de littĂ©rature, et ses Ɠuvres musicales et thĂ©oriques ainsi que sa dĂ©termination doctrinale en font une figure presque aussi importante que Matteo Ricci (1552, Macerata - 1610, PĂ©kin) dans le processus d'inculturation du christianisme en Chine.

Biographie

Teodorico Pedrini fut baptisé, sous le nom de Paolo Filippo Teodorico, le dans la paroisse de San Michele Arcangelo, à Fermo, capitale de Province dans la région des Marches.

Famille de Teodorico Pedrini

Son pĂšre, Giovanni Francesco Pedrini, nĂ© Ă  Servigliano le est notaire principal de la Ville de Fermo entre 1669 et 1707. Il exerce dĂšs 1656 les deux premiĂšres annĂ©es d’activitĂ© notariale dans son pays, auxquelles suivent environ dix ans comme chancelier auprĂšs de l’Auditeur de Chambre Ă  Rome ; il Ă©pouse, le , Nicolosa Piccioni, nĂ©e Ă  Fermo le , fille d’un autre notaire, Giovanni Francesco Piccioni da Altidona avec laquelle il a six fils dont Teodorico est l’aĂźnĂ©. G.F. Pedrini a Ă©tĂ© le grand-pĂšre du cardinal Domenico Spinucci.

Fermo, actuelle capitale de la province du mĂȘme nom dans les Marches italiennes.

Études à Fermo et à Rome

ThĂ©odoric prend la tonsure en 1687 et les Ordres mineurs en 1690 Ă  Fermo. Il frĂ©quente l’UniversitĂ© de Fermo, oĂč il est diplĂŽmĂ© in Utroque Jure le . Du au , il est pensionnaire du CollĂšge Piceno Ă  Rome, aujourd’hui siĂšge du Pio Sodalizio dei Piceni. En 1696, il adhĂšre Ă  l’AcadĂ©mie d’Arcadie, oĂč il prend le nom de Dior Taumasio. En , il reçoit le sous-diacre ; en , il est ordonnĂ© diacre, et deux semaines plus tard - la nuit de PĂąques () - prĂȘtre dans la basilique Saint-Jean-de-Latran Ă  Rome.

Rome.

Entre-temps, le , il avait adhĂ©rĂ© Ă  la CongrĂ©gation de la Mission de Saint Vincent de Paul (Vincent ou Lazaristes), et en juin de la mĂȘme annĂ©e, il entre dans la communautĂ© lazariste auprĂšs du complexe des Saints Jean et Paul au Caelius Ă  Rome, oĂč il demeure jusqu’en , moment de son dĂ©part pour la mission de Chine comme envoyĂ© par Propaganda Fide, aprĂšs avoir rencontrĂ© le pape ClĂ©ment XI, l’urbinate Giovanni Francesco Albani. Il est alors envoyĂ© de Rome en Chine pour plaire Ă  l'Empereur, qui avait souhaitĂ© avoir quelques artistes europĂ©ens pour sa cour. Il doit faire partie du voyage de Charles Thomas Maillard de Tournon, lĂ©gat du pape, qui partait inspecter les JĂ©suites en Chine.

Un voyage romanesque

Son voyage, commencĂ© par Rome le , fut trĂšs long, Ă  travers la via francigena, jusqu’à Sienne et Livourne, puis par bateau Ă  Toulon, puis Ă  Paris, oĂč Ă©tait nonce l’archevĂȘque Filippo Antonio Gualterio. Bien que sĂ©lectionnĂ© pour faire partie de la premiĂšre lĂ©gation pontificale du Patriarche Charles Thomas Maillard de Tournon, il ne rĂ©ussit pas Ă  le rencontrer et, aprĂšs un an et demi de sĂ©jour Ă  Paris, il part avec d’autres missionnaires de Saint-Pierre le de Saint-Malo sur un navire français[1].

Malheureusement retardé, Pedrini ne put rejoindre les ßles Canaries à temps, et le bateau partit sans lui. Lorsqu'il put s'embarquer, les vents alizés entraßnÚrent le navire vers l'Amérique du Sud, dans la direction opposée à la route habituellement suivie.

AprĂšs avoir difficilement franchi le cap Horn, il toucha terre Ă  ConcepciĂłn au Chili, puis Ă  Lima au PĂ©rou oĂč il fut bloquĂ© pendant plus d’un an.

Direction le Cap Horn.

Le missionnaire se rendit alors par mer au Guatemala, puis par terre Ă  Acapulco au Mexique en 1705, d’oĂč il put appareiller sur le Galion de Manille en 1707, touchant les Ăźles Mariannes avec destination finale aux Ăźles Philippines, oĂč il resta, malgrĂ© lui, pendant deux ans encore. AprĂšs s’ĂȘtre rĂ©uni dans le port de Mariveles avec des missionnaires de Propaganda Fide, dont Matteo Ripa, il arriva, aprĂšs trois mois de navigation pĂ©rilleuse au sud du tropique du Cancer, sur la cĂŽte sud de la RĂ©publique populaire de Chine en , juste Ă  temps pour remettre la barrette de Cardinal Ă  Charles Thomas Maillard de Tournon qui, alors qu’il eut Ă©tĂ© fait prisonnier Ă  Macao, dĂ©cĂ©da le .

Établissement portugais de Macao

Arrivée à Pékin

De lĂ , Teodorico Pedrini affrĂ©ta un vaisseau sur ses propres fonds, se dĂ©guisa en capitaine pour dĂ©jouer les geĂŽliers et se rendit enfin Ă  PĂ©kin sur dĂ©signation Ă©crite de Charles Thomas Maillard de Tournon lui-mĂȘme - qui rĂ©pondait Ă  la demande de l’Empereur Kangxi d’avoir des personnes habiles dans la musique Ă  la cour.

Il arriva donc dix ans aprĂšs son dĂ©part de Rome, le Ă  PĂ©kin. Le , il se rend Ă  PĂ©kin et le lendemain il est reçu par Kangxi : il est connu de l’empereur grĂące Ă  une information transmise par Tournon au gouverneur cantonais en , qui le signale pour la premiĂšre fois dans ses sources comme un bon connaisseur «de la science des principes de la musique», de l’orgue et d’autres instruments.

Cité interdite.

La Cité interdite

Il fut reçu le jour mĂȘme avec Matteo Ripa par l'empereur Kangxi, qui dĂšs lors les prit sous sa protection le premier comme musicien et le second comme peintre et graveur, et ce malgrĂ© l'hostilitĂ© de certains courtisans. Teodorico Pedrini restera au service des Fils du ciel, Kangxi, Yongzheng et Qianlong et ce, jusqu'Ă  sa mort, en 1746 : Il sera chargĂ© de l'entretien des clavecins de la cour, de la construction d'instruments, dont un nouvel orgue pour l'Ă©glise des JĂ©suites du Bei Tang, et un autre orgue pour l'Empereur.

Il achÚvera le traité de musique européenne commandée par l'Empereur au jésuite Thomas Pereira (mort en 1708) et accompagnera l'Empereur dans ses voyages, enseignant la musique à ses fils.

Empereur Kangxi

Postérité de Teodorico Pedrini

Teodorico Pedrini fut missionnaire en Chine de 1711 à 1746, année de sa mort. La figure de Pedrini acquiert du relief dans la premiÚre moitié du XVIIIe siÚcle pour deux types de motifs :

pour l’Histoire de l'Église

Pedrini fut l’un des protagonistes de la mission en Chine entre la fin du XVIIe siĂšcle et la premiĂšre moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle dans un contexte de querelles doctrinales. La Controverse dite des Rites chinois concernait la maniĂšre de comprendre la pratique religieuse chrĂ©tienne, en particulier par rapport aux pratiques chinoises de dĂ©rivation confucĂ©enne, que les jĂ©suites, dans le sillage de l’enseignement de Matteo Ricci (Macerata, - PĂ©kin, ), Ă©taient disposĂ©s Ă  tolĂ©rer pour les chrĂ©tiens convertis.

Prince Yinzhen, futur Empereur Yongzheng, lisant un livre.

Teodorico Pedrini fut parmi les rares missionnaires qui, dans ce contexte, restÚrent partisans des positions du Saint-SiÚge, laquelle avait à plusieurs reprises interdit (avec les bulles Ex illa die en 1715 et Ex quo singulari en 1742) la combinaison des liturgies chrétiennes avec les pratiques confucéennes; et la fermeté de ses positions lui procura aussi les coups et la prison. Dans la période la plus délicate de la controverse, Pedrini fut le principal interlocuteur de Propaganda Fide à Pékin, et à ce titre il entretenait de fréquents contacts épistolaires avec Rome.

En 1723, Pedrini acheta Ă  PĂ©kin une grande rĂ©sidence sur l’avenue XÄ«zhĂ­mĂ©n (è„ż 目 門) - menant de la CitĂ© interdite Ă  l’Ancien Palais d’ÉtĂ©, rĂ©sidence de la cour impĂ©riale - ouvrant au culte juste aprĂšs l’Église de Xitang (è„ż 栂), dĂ©diĂ©e Ă  la Vierge des Sept Douleurs, la premiĂšre Ă©glise non jĂ©suite de PĂ©kin.

L’église fut deux fois dĂ©truite (en 1811 et en 1900) et deux fois reconstruite (en 1867 et en 1912), et aujourd’hui encore elle se dresse sur le mĂȘme lieu, dĂ©diĂ©e Ă  la Vierge du Mont Carmel. Dans les annĂ©es qui suivirent, Teodorico Pedrini donna cette rĂ©sidence Ă  la CongrĂ©gation de Propaganda Fide, d’oĂč il avait Ă©tĂ© envoyĂ©. Aujourd’hui encore, une inscription sur le mur intĂ©rieur de l’église de Xitang rappelle Ă  tous les visiteurs le nom de son fondateur.

pour l’Histoire de la Musique

Teodorico Pedrini, en plus d’avoir Ă©tĂ© un prĂȘtre, fut Ă©galement musicien ; cette habiletĂ© l’aida d’abord Ă  ĂȘtre admis Ă  la cour impĂ©riale chinoise et donc Ă  se faire les faveurs de trois empereurs sous lesquels il vĂ©cut et Ɠuvra : Kangxi (1662-1722), Yongzheng (1722-1735) et Qianlong (1735-1796). En tant que musicien, Pedrini enseigne trois enfants de l’empereur Kangxi, construit des instruments de musique et rĂ©pare ceux qui existent Ă  la cour.

L’empereur Qianlong et son Ă©pouse, peinture de Giuseppe Castiglione

Co-auteur d’un traitĂ© de ThĂ©orie musicale

Il est co-auteur, avec son prĂ©dĂ©cesseur Tomas Pereira, missionnaire jĂ©suite portugais, du premier traitĂ© de thĂ©orie de la musique occidentale publiĂ© en Chine : le LēlēzhĂšngyĂŹ-XĂčbiān (ćŸ‹ 摂 æ­Ł 矩 çșŒ ç·š - 1714), qui a ensuite Ă©tĂ© intĂ©grĂ© dans l’Ɠuvre encyclopĂ©dique monumentale, appelĂ©e Siku Quanshu, publiĂ©e intĂ©gralement en 1781.

Compositeur de Musique Baroque

En outre, Teodorico Pedrini est l’auteur des seules compositions de musique occidentale connues en Chine au XVIIIe siĂšcle, les « Dodici Sonate pour Violon Seul avec Basso del Nepridi - Opera Terza", dont le manuscrit original est conservĂ© aujourd’hui Ă  la BibliothĂšque nationale de Chine.

  • Les musiques de Teodorico Pedrini ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es en 1996 par le groupe français XVIII-21 Musique des LumiĂšres (maintenant XVIII-21 Le Baroque Nomade), dirigĂ© par Jean-Christophe Frisch, sous le titre Concert Baroque Ă  la CitĂ© Interdite (CD ed. Audivis AstrĂ©e E 8609).
  • Les musiques originales de Teodorico Pedrini ont Ă©galement Ă©tĂ© enregistrĂ©es, sous le titre "Sonate" (CD ed. ORF 3122 LC 11428), par l’Ensemble Sirocco, duo formĂ© par la Belge Nathalie Houtman Ă  la flĂ»te douce et par le français RaphaĂ«l Collignon au clavecin.
  • Un nouveau CD a Ă©tĂ© publiĂ© rĂ©cemment pour Naxos sur les musiques de Teodorico Pedrini, contenant l’exĂ©cution intĂ©grale de toutes les Douze Sonates, dans leur version originale avec violon, Nancy Wilson, et clavecin, Joyce Lindorff.

Jusqu'à nos jours, Teodorico Pedrini est toujours considéré comme un des plus importants ambassadeurs culturels de la musique occidentale en Asie de tous les temps.

Position de Pedrini dans les relations culturelles entre l’Occident et l’Orient

La rĂ©daction du traitĂ© de thĂ©orie musicale, ainsi que les compositions musicales restĂ©es en Chine, place historiquement Teodorico Pedrini parmi les principaux auteurs de l’introduction de la musique occidentale en Chine.

Notes et références

  1. Louis AimĂ© Martin, Lettres Ă©difiantes et curieuses concernant l’Asie, l’Afrique et l'AmĂ©rique, Paris, SociĂ©tĂ© du PanthĂ©on LittĂ©raire, , 807 pages (lire en ligne), p.79

Bibliographie

  • Jacques Baudouin, Le Mandarin blanc, Éd. J.-C. LattĂ©s, 1999 (ISBN 2-709-61885-0). (RĂ©Ă©dition Le livre de Poche, 2001 — (ISBN 2-253-15089-4))

Autres sources

Liens externes

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