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Giuseppe Castiglione

Giuseppe Castiglione, nĂ© le Ă  Milan (Italie) et dĂ©cĂ©dĂ© le Ă  PĂ©kin (Chine), est un frĂšre jĂ©suite italien, missionnaire en Chine et peintre Ă  la cour impĂ©riale. Parmi les artistes prĂ©fĂ©rĂ©s des Empereurs de la dynastie Qing, en 1716 il prend le nom chinois de Lang Shining (郎侖漁 / 郎侖毧, lĂĄng shĂŹnĂ­ng, « Homme du monde tranquille »).

Un pĂȘcher en fleurs et deux hirondelles (dans lÂŽalbum XianÂŽe Changchun).
Giuseppe Castiglione
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Prénom social
è‹„ç‘Ÿ
Nationalité
Italienne
Formation
Beaux-Arts
Activité
Artiste peintre de la cour, architecte
Autres informations
Ordre religieux
Mouvements
Réalisme, Peinture européenne (en)
MĂ©cĂšne
Genres artistiques
ƒuvres principales

Biographie

Formation et années en Europe

Giuseppe Castiglione naquit dans la paroisse de San Marcellino Ă  Milan; son certificat de baptĂȘme est conservĂ© dans les archives historiques diocĂ©saines.

Ayusi brandissant sa lance anéantit les rebelles, 1755, rouleau horizontal, encre et couleurs sur papier, Musée national du palais, Taipei

Giuseppe Castiglione entre comme novice-frĂšre dans la Compagnie de JĂ©sus Ă  Milan en 1707. Ses talents artistiques sont reconnus dĂšs ses annĂ©es de noviciat. Il commence Ă  peindre des Ɠuvres d'inspiration religieuse (telles Saint Ignace dans la grotte de ManrĂšse et L'Apparition du Christ Ă  Saint Ignace). On retrouve dans ses premiĂšres Ɠuvres des rĂ©miniscences d'Andrea Pozzo et des plus grands maĂźtres italiens du dĂ©but du XVIIe siĂšcle[1]. Son talent Ă©tait tel que Marie-Anne d'Autriche lui aurait demandĂ© de faire le portrait de ses enfants.

Les jĂ©suites de Chine ayant demandĂ© qu’on leur envoie un artiste-peintre pour la cour impĂ©riale de Beijing, Castiglione se porte volontaire et est acceptĂ©. En 1710 il est en route pour Lisbonne (point de dĂ©part obligĂ© de tout navire pour l’ExtrĂȘme-Orient). Il passe par Coimbra au Portugal, oĂč on le retient plusieurs annĂ©es pour en dĂ©corer la chapelle Saint-François de Borgia Ă  l'Ă©glise du noviciat, aujourd'hui la cathĂ©drale de Coimbra et une Circoncision Ă  l'autel-majeur de la mĂȘme Ă©glise[2]. Il s’embarque finalement pour l’Orient le .

En Orient et Chine

Passage Ă  Goa en et arrivĂ©e Ă  Macao le . Il continue son voyage et entre Ă  PĂ©kin le . Presque aussitĂŽt il est introduit par le pĂšre Matteo Ripa auprĂšs de l’empereur Kangxi (1661-1722) et reçoit une charge comme ‘peintre de la Cour’. Les successeurs de Kangxi, Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1736-1797) lui garderont leur confiance. Castiglione sera peintre de la cour durant ses 51 ans de vie en Chine. Il y jouit sans interruption d’une grande considĂ©ration et y reçoit des honneurs insignes, comme de pouvoir porter l’habit de fonctionnaire impĂ©rial. AprĂšs sa mort, il reçut le titre de « vice-ministre », c’est-Ă -dire fonctionnaire de premier rang[3].

Les deux sujets favoris de Castiglione : L'Empereur Qianlong en armure cérémonielle et à cheval.

L’artiste-peintre

Castiglione a été influencé par Jan Roos (1591-1638), un artiste flamand, élÚve de Frans Snyders et de Jan de Wael I[4] - [5].

Un strict respect de l’étiquette (jamais d’affront, ni de critique directe des conceptions chinoises) lui permet de s’assurer la collaboration des peintres de la cour impĂ©riale. Cette collaboration lui permet d’intĂ©grer au mieux dans son art les approches orientale et occidentale. Il forme d’autres artistes jĂ©suites Ă  faire de mĂȘme : Ferdinand Moggi, Jean-Denis Attiret et Ignaz Sichelbarth[3].

Cette facultĂ© de compromis artistique entre le rĂ©alisme occidental et le spiritualisme de l’art chinois (Ă©viter les ombres, adopter des motifs secondaires chinois) sont Ă  la source de cette synthĂšse artistique qui le fit reconnaĂźtre par trois empereurs successifs comme le meilleur artiste de leur cour.

L’Ɠuvre la plus ancienne que l’on ait de lui est une peinture florale sur soie (1723) offerte Ă  l’empereur Yongzheng lors de son avĂšnement sur le trĂŽne. Il peint papillons, fleurs, arbres, animaux, de maniĂšre de plus en plus chinoise. Son Ɠuvre monumentale et la mieux connue fut peinte en 1728 : Les Cent Coursiers. Sur un rouleau de soie de huit mĂštres de long et un mĂštre de hauteur une centaine de chevaux, tous diffĂ©rents, sont reprĂ©sentĂ©s en des postures diverses.

Castiglione dĂ©core Ă©galement deux Ă©glises de PĂ©kin (il n’en reste rien) et les chapelles privĂ©es de certains riches convertis qui souhaitent ne pas publiquement pratiquer leur foi chrĂ©tienne. Les faveurs dont il jouit Ă  la cour alors que les chrĂ©tiens sont bannis de l’empire l’embarrassent. Ces faveurs lui valent d’ailleurs d'ĂȘtre critiquĂ© par ses confrĂšres jĂ©suites. Il tente plusieurs fois d’obtenir de Qianlong le rĂ©tablissement de la libertĂ© de religion, mais sans succĂšs[3].

En 1729, Castiglione fait traduire en chinois et publie l'Ɠuvre de son maĂźtre italien Andrea Pozzo: Perspectiva pictorum et architectorum. L'ouvrage eut du succĂšs et fut rĂ©imprimĂ© en 1735.

Sous Qianlong, le plus artiste des trois empereurs qu’il connut, Castiglione devient Ă©galement portraitiste de l’empereur et son Ă©pouse, ses concubines et enfants. MĂȘme les chevaux impĂ©riaux prĂ©fĂ©rĂ©s sont immortalisĂ©s (la sĂ©rie des Dix coursiers, en 1743). C’est l’époque Ă©galement des grandes toiles dĂ©crivant des scĂšnes de chasse (passe-temps prĂ©fĂ©rĂ© de l’empereur mandchou) ou de guerre. Les toiles sur soie sont grandes, mais l’approche est celle d’un miniaturiste : Castiglione soigne tous les dĂ©tails. L'empereur lui commande Ă  partir de 1762 la transposition des seize peintures d'An Deyi sous la forme d'esquisses dans le cadre du projet avec la France intitulĂ© Les ConquĂȘtes de l'empereur de la Chine.

La correspondance qu'avait l'astronome et mathĂ©maticien jĂ©suite Ferdinand Augustin Hallerstein (nom chinois, ćˆ˜æŸéŸ„ / ćŠ‰æŸéœĄ, liĂș sƍnglĂ­ng) avec Giuseppe Castiglione, nous renseigne sur ce dernier, notamment Ă  propos de sa peinture de cour et de sa position Ă  la cour des Qing, et sur la vie de la communautĂ© jĂ©suite Ă  PĂ©kin[6]. AprĂšs avoir rejoint l'Ă©glise de Saint-Joseph, Hallerstein, vers la fin de 1743, vĂ©cut avec lui et d'autres missionnaires dans la mĂȘme rĂ©sidence[7]. Il dĂ©crit dans ses lettres Castiglione comme le peintre favori de Qianlong, et son art est mentionnĂ© dans sept lettres sur une pĂ©riode de 27 ans, couvrant une pĂ©riode depuis l'arrivĂ©e de Hallerstein Ă  PĂ©kin en 1739 Ă  la mort de Catiglione en 1766[8]. Il dĂ©crit dans des lettres envoyĂ©es Ă  son frĂšre Weichard les travaux de Castaglione, y mentionnant les Ɠuvres « Une centaine d'Ă©talons », un portrait de l'Empereur et de l'ImpĂ©ratrice, ses plans architecturaux de diffĂ©rents endroits du Yuanming Yuan dans un style europĂ©en et une sĂ©rie de scĂšnes de bataille destinĂ©e Ă  ĂȘtre imprimĂ©e en Europe. Il dit qu'un prĂȘtre et peintre talentueux venu de la capitale de la chrĂ©tientĂ© Ă©tait Ă©galement impressionnĂ© par son travail[9].

L’architecte

En 1747, Castiglione est nommĂ© architecte et responsable de la conception d’un parc de 400 hectares et de la construction d’un nouveau palais impĂ©rial. Il est probable que Qianlong ait Ă©tĂ© influencĂ© dans cette dĂ©cision par des gravures reçues de France, car Ă  cette pĂ©riode il Ă©tait en contact avec le roi Louis XV. Un autre jĂ©suite, le pĂšre Michel Benoist, spĂ©cialiste en hydraulique, est mis Ă  contribution pour la construction des fontaines et des jets d’eau. Ce sera le fameux palais d'Ă©tĂ©, ou Palais des dĂ©lices de l’harmonie, dont la construction dura 10 ans (1747-1757) et qui sera dĂ©truit en 1861 par les troupes franco-britanniques lors de la Seconde guerre de l'opium.

Mort de l’artiste

Jusqu’à la fin de sa vie, le frĂšre jĂ©suite sera mis Ă  contribution par l’empereur Qianlong. Les derniĂšres peintures sur soie que l’on connaisse de lui (contenant des chevaux) datent de 1762. Castiglione a alors 74 ans. Il s’éteint le . Ses funĂ©railles sont financĂ©es par l’empereur : un insigne honneur et une expression de grande estime. À titre posthume, il est nommĂ© vice-ministre[3]. Sa pierre tombale Ă  PĂ©kin, disparue lors de la profanation du cimetiĂšre chrĂ©tien de Zhalan par les Boxers, fut retrouvĂ©e et remise lĂ  oĂč elle avait Ă©tĂ© installĂ©e.

Postérité

GrĂące aux Ɠuvres de Castiglione, les peintures de la cour Qing ont commencĂ© Ă  montrer une influence occidentale. D'autres peintres europĂ©ens ont suivi et une nouvelle Ă©cole de peinture a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e qui combinait les mĂ©thodes chinoises et occidentales. L'influence de l'art occidental sur les peintures de la cour Qing est particuliĂšrement Ă©vidente dans la lumiĂšre, l'ombre, la perspective, ainsi que la prioritĂ© donnĂ©e Ă  l'enregistrement des Ă©vĂ©nements contemporains[10].

En 2005, Castiglione est devenu le sujet de la série télévisée Palace Artist en Chine, jouée par l'acteur canado-chinois Dashan (Mark Rowswell) et diffusée par China Central Television (CCTV). Il est briÚvement dépeint à la fin du 48Úme épisode de Ruyi Love in the Palace, peignant l'empereur et l'impératrice ensemble dans l'un des rares épisodes heureux de la série télévisée[11].

Images


  • L’Empereur Qianlong et son Ă©pouse
    L’Empereur Qianlong et son Ă©pouse
  • Empereur Qianlong inspectant les peintures
    Empereur Qianlong inspectant les peintures
  • Prince Yinli
    Prince Yinli
  • ScĂšne de bataille
    ScĂšne de bataille
  • Paysage
    Paysage
  • Plantes aquatiques et poissons
    Plantes aquatiques et poissons
  • Faucon blanc
    Faucon blanc
  • Faucon blanc
    Faucon blanc
  • Printemps colorĂ©
    Printemps coloré
  • Grues et fleurs
    Grues et fleurs
  • Paon Ă©talant sa queue
    Paon Ă©talant sa queue
  • Faucon, pin et Ganoderma lingzhi
    Faucon, pin et Ganoderma lingzhi
  • Singe blanc
    Singe blanc
  • Qianlong rĂ©coltant des lingzhi
    Qianlong récoltant des lingzhi
  • Dix chiens de valeur
    Dix chiens de valeur
  • Chien sous les fleurs
    Chien sous les fleurs
  • Fleurs dans un vase
    Fleurs dans un vase


Bibliographie

Notes

  1. M. Beurdeley, Peintres JĂ©suites en Chine, 1997.
  2. « Monumentos », sur monumentos.pt (consulté le ).
  3. Ronnie Po-chia Hsia, Les JĂ©suites, Histoire et Dictionnaire, Paris, Bouquins Ă©ditions, , 545-546 p. (ISBN 978-2-38292-305-4)
  4. (it) « Una natura morta di Jan Roos », sur omceosv.it
  5. « ROOS, Jan », sur Dictionnaire des peintres belges.
  6. Vampelj Suhadolnik 2015, p. 36.
  7. Vampelj Suhadolnik 2015, p. 35.
  8. Vampelj Suhadolnik 2015, p. 44.
  9. Vampelj Suhadolnik 2015, p. 44-45.
  10. Richard M. Barnhart, Xin Yang, Chongzheng Nie et James Cahill, Three thousand years of Chinese painting, (ISBN 0-300-07013-6, 978-0-300-07013-2 et 0-300-09447-7, OCLC 36662966, lire en ligne)
  11. Ruyi's Royal Love in the Palace () New Classics Media. Consulté le .

Articles connexes

Liens externes

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