Jean-Denis Attiret
Jean-Denis Attiret (ayant adoptĂ© le nom chinois de Wang Zhi-cheng çèŽèŻ / çèŽèȘ , ), nĂ© le Ă Dole (France) et mort le Ă PĂ©kin (Chine), est un frĂšre jĂ©suite français, missionnaire et peintre de renom dans la Chine impĂ©riale (XVIIIe siĂšcle).
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(chinois) Wang Zhi-cheng |
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Beaux arts |
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Genre artistique |
Biographie
PremiÚres années et formation
Attiret reçut une premiĂšre initiation artistique de son pĂšre mĂȘme. Encore adolescent, il passa deux ans Ă Rome parrainĂ© par le marquis de Broissia, un seigneur de la rĂ©gion de Dole qui, de passage dans l'atelier de son pĂšre, avait remarquĂ© le talent du jeune Jean-Denis. Toute sa vie, il restera en contact avec lui. Sa carriĂšre de peintre (surtout de portraits et de thĂšmes religieux) semblait dĂ©jĂ bien lancĂ©e lorsqu'il dĂ©cida d'entrer dans la Compagnie de JĂ©sus (1735) Ă l'Ăąge de 33 ans. Durant son noviciat Ă Avignon, il continua son activitĂ© d'artiste en peignant les 4 Ă©vangĂ©listes dans la chapelle de la maison[1]. Lorsque les missionnaires jĂ©suites de Chine demandĂšrent l'envoi d'un artiste peintre (Ă la demande expresse de lâempereur), Attiret se porta volontaire.
à la cour impériale de Chine
Il quitta le port de Lorient le et arriva en Chine le . et Ă PĂ©kin lâannĂ©e suivante[2]. Le tableau â Lâadoration des rois mages â qu'il offrit lors de lâaudience de prĂ©sentation charma tellement lâempereur Qianlong quâil le nomma sur le champ peintre officiel de la cour. De ce jour, Attiret travailla au palais impĂ©rial. Sous la direction dâun autre fameux peintre jĂ©suite, lâitalien Giuseppe Castiglione arrivĂ© en Chine une vingtaine dâannĂ©es plus tĂŽt, Attiret se familiarisa avec les thĂšmes favoris de lâempereur, les fleurs, les animaux et surtout les scĂšnes de guerre. Comme lâempereur insistait sur lâutilisation de mĂ©thodes et motifs chinois, Attiret sâorienta vers un art de plus en plus sinisĂ©. MalgrĂ© les contraintes sĂ©vĂšres du protocole impĂ©rial, une sorte d'amitiĂ© se dĂ©veloppa entre Attiret et lâempereur qui le visitait souvent dans son atelier[2].
Voyage et portraits
En 1754 Attiret accompagna lâempereur Qianlong en Asie centrale, oĂč il devait recevoir la soumission de princes tatars. Ce fut lâoccasion de plusieurs gravures commĂ©morant les cĂ©rĂ©monies, de mĂȘme que les dĂ©buts d'Attiret comme portraitiste. On a de lui le plus cĂ©lĂšbre portrait de Qianlong, assis sur son trĂŽne.
Plus tard, en 1762, au bon plaisir de l'empereur, Castiglione convia Attiret et deux autres artistes Ă transposer les peintures d'An Deyi (Jean-DamascĂšne Sallusti) sous la forme de seize esquisses dans le cadre du projet intitulĂ© Les ConquĂȘtes de l'empereur de la Chine[2].
Toujours plus en faveur, Attiret prĂ©fĂ©ra dĂ©cliner la proposition de lâempereur qui souhaitait le faire mandarin. Non seulement il ne se considĂ©rait pas comme âLettrĂ©â mais, surtout, il estimait inconvenant dâaccepter un tel honneur alors que, hors de la ville de PĂ©kin, les chrĂ©tiens et leurs prĂȘtres Ă©taient persĂ©cutĂ©s. DĂ©cision trĂšs audacieuse mais que lâempereur accepta[3].
Il vĂ©cut ainsi 31 ans dans la citĂ© interdite dĂ©corant plusieurs palais impĂ©riaux et rĂ©alisant au moins 200 portraits des membres de la cour et autres dignitaires. De cette Ă©poque, datent Ă©galement quelques Ćuvres religieuses, des scĂšnes de la vie du Christ et des saints, telle que lâange qui montre le ciel Ă un enfant. La majeure partie de son Ćuvre a cependant disparu, dĂ©truite en 1860 par les troupes franco-anglaises lors du sac du Palais d'ĂtĂ© durant la seconde guerre de l'opium.
Maladie et mort
Durant les cinq ou six derniĂšres annĂ©es de sa vie, il souffrit de violents maux dâestomac, mais ce ne fut que durant les derniers mois quâil renonça Ă ses visites quotidiennes au palais impĂ©rial. En apprenant son dĂ©cĂšs, lâempereur envoya une importante somme d'argent pour couvrir les frais de funĂ©railles, et un eunuque fut envoyĂ© par l'un des frĂšres de Qianlong pour pleurer le peintre dĂ©cĂ©dĂ©, insigne honneur pour un missionnaire europĂ©en dans la Chine de l'Ă©poque.
Ăcrits
Attiret a laissĂ© Ă©galement des Ă©crits intĂ©ressants dĂ©crivant les coutumes de Chine, avec des aspects plus personnels sur les frustrations et joies de sa vie au palais impĂ©rial de PĂ©kin: « Nous sommes pendant le jour Ă l'intĂ©rieur du palais [impĂ©rial], et le soir nous nous rendons Ă notre Ă©glise. (...) Avoir Ă peine les dimanches et fĂȘtes pour prier Dieu, ne peindre presque rien de son goĂ»t et de son gĂ©nie, avoir mille autres embarras (...) tout cela me ferait bien vite reprendre le chemin de l'Europe si je ne croyais pas mon pinceau utile pour le bien de la religion[4]. ». Sa correspondance souligne que son travail (dâesclave...) Ă la cour a pour seul but de sauvegarder ce qui reste de la libertĂ© religieuse des missionnaires (jĂ©suites et autres) dĂ©jĂ fort mise Ă mal dans les campagnes[5].
Une seule de ses lettres est publiée dans Lettres édifiantes et curieuses, collection de lettres envoyées en Europe par les Jésuites missionnaires et publiées entre 1702 et 1776.
Joseph-Marie Amiot a consacrĂ©, dans ce recueil, l'une de ses lettres Ă la vie et Ă lâĆuvre d'Attiret[6].
Au cinéma
Autour du portrait de Ulanara, concubine puis deuxiÚme épouse de l'empereur Qianlong, peint par Jean-Denis Attiret vers 1750, Charles de Meaux réalise en 2016 Le Portrait interdit, une co-production franco-chinoise. Ce portrait, La concubine, surnommé la Joconde chinoise, est conservé au musée des beaux-arts de Dole, à la suite d'un achat par préemption en 2001.
Bibliographie
- Jean-Denis Attiret, A Particular Account of the Emperor of Chinaâs Gardens Near Pekin (translation, Sir Harry Beaumont), London, 1982.
- H. Bernard, Le frĂšre Attiret au service de K'ien-long (biographie de Amiot), Shanghai, 1943.
- H. Walravens, China illustrata, WolfenbĂŒttel, 1987
- B. Gaulard, C. Scheck, Jean-Denis Attiret, un dolois du XVIIIe siÚcle à la cour de l'empereur de Chine, catalogue d'exposition, Musée des beaux-arts de Dole, 2004.
- Edith Flammarion, La chair et le verbe : les jésuites de France au XVIIIe siÚcle et l'image, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, , 214 p. (ISBN 978-2-87854-444-2, lire en ligne).
- An Huo, Le peintre de Qianlong, BoD, 2016, avec la caution scientifique de l'Institut Ricci, Centre d'Ă©tudes chinoises, Paris.
- Violette Fris-Larrouy, D'un soleil à l'autre, Jean-Denis Attiret missionnaire jésuite peintre officiel de l'Empereur de Chine, éditions de la Bisquine, (ISBN 9791092566161).
- Joseph Dehergne, « Attiret, Jean-Denis », dans Diccionario histĂłrico de la CompañĂa de JesĂșs, vol. 1, Rome, Institutum Historicum S.J., .
Références
- La plupart des premiers tableaux d'Attiret se trouvent dans des musées d'Avignon et de Carpentras. Cfr Dehergne 2001, p. 267
- Dehergne 2001, p. 267.
- Fris-Larrouy 2017, p. 144.
- cité d'aprÚs Michel Cartier, (ed), Giuseppe Castiglione, Favre, Paris, 2004, p. 41
- Fris-Larrouy 2017, p. 179 et suiv..
- Joseph-Marie Amiot, « Ăloge du frĂšre Attiret et prĂ©cis de l'Ă©tat de la peinture chez les Chinois », Journal des Savants, juin 1771, pp. 406-420.,â , p. 406-420 (lire en ligne)
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) British Museum
- (en) National Gallery of Art
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names