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Stèles de Saint-Ambroix (Cher)

Les stèles de Saint-Ambroix-sur-Arnon, dans le département du Cher, sont des œuvres gallo-romaines datant de la fin du IIe siècle. Ces sculptures ont été façonnées dans un atelier de sculpture par techniques de sculpture en pierre de taille et de bas-relief, en hommage à des défunts. Elles observent une étude détaillée et méthodique des individus auxquels elles sont dédiées, en témoignant de leur profession, de leur quotidien et de leur statut dans la société gallo-romaine de la cité berrichonne. Au nombre de 86, les stèles font partie d'un ensemble archéologique, vestiges de l'ancien oppidum Bituriges Cubi d'Ernodurum[N 5]. Elles sont attribuées sur une période couvrant la fin du Ier siècle et le début du IIe siècle. On suppose que celles-ci auraient été manufacturées dans un atelier de sculpture également localisé au sein de l'agglomération gallo-romaine d'Ernodurum. L'ensemble des 86 artéfacts funéraires apparaissent d'excellente facture pour la plupart, quoique certains présentent un aspect inachevé. Leur découverte et les multiples fouilles archéologiques subséquentes se sont échelonnées sur une période couvrant un demi-siècle : les six premiers documents, mis au jour en 1861, jusqu'aux dernières, retrouvées en 1911. Elles constituent non seulement un corpus d'œuvres d'art dans le domaine de la sculpture, mais également un éclairage de valeur pour la connaissance sociologique des citoyens berrichons aux Ier, IIe et IIIe siècles de notre ère.

Stèles funéraires de Saint-Ambroix-sur-Arnon
L'une des 86 stèles de Saint-Ambroix. Celle affiche un fronton de forme triangulaire et possède un tympan en bas-relief. La stèle figure un couple de paysans. Origine  gallo-romaine.
L'une des 86 stèles de Saint-Ambroix. Celle affiche un fronton de forme triangulaire et possède un tympan en bas-relief. La stèle figure un couple de paysans. Origine gallo-romaine.
Type Sculpture
Dimensions Hauteur variant de 1 à 2 mètres ;

largeur variant de 50 à 100 centimètres

Inventaire Esp.,2739[N 1] - [1] - [N 2] - [2] - [N 3] - [3]
Matériau pierre calcaire
Méthode de fabrication bas-relief et technique de taille
Fonction vocation funéraire
Période Fin du Ier siècle et début du IIe siècle
Culture celtique et gallo-romaine
Date de découverte 1861
Lieu de découverte Saint-Ambroix-sur-Arnon
Coordonnées 46° 55′ 57″ nord, 2° 12′ 44″ est
Conservation Musée archéologique de Châteauroux ; Musée du Berry ; Musée d'archéologie nationale
Signe particulier nombre total de stèles : 86
Le cours d'eau de l'Arnon[N 4] traversant la commune de Saint-Ambroix-sur-Arnon. Les six premières stèles de l'ensemble typologique gallo-romain[4] ont été retrouvées à proximité du confluent berrichon[5] - [6].

Contexte géographique et historique

Une cité antique à la confluence de routes commerciales et stratégiques d'importance

Les stèles ont été ouvragées au sein du site d'Ernodurum. Plus tardive que d'autres pôles urbains Bituriges Cubes, cette agglomération secondaire, qui se manifeste tel un vicus à destination artisanale[7], est fondée en 40 - 42 ap. J.-C., et se révèle être déjà mentionné sur la carte de l'itinéraire d'Antonin. La petite ville gallo-romaine connaît une expansion vers la fin du Ier siècle, puis un apogée de son rayonnement politique et économique à partir de la seconde moitié du IIe siècle. Cette dernière perdure pendant le IIIe siècle, avant de connaître un déclin significatif[8] - [9].

Le pôle urbain se déploie sur une superficie d'environ 20 hectares, au sein de la plaine de l'Arnon affluent du Cher , lequel le borne dans sa partie orientale. Par ailleurs, le ruisseau du Praslin forme la frontière sud du site antique. Globalement d'apparence étirée, Ernodurum chevauche l'axe de communication dit «Chaussée de César», la route antique courant d'Avaricum à Argentomagus et celle reliant Mediolanum à Cæsarodunum. Le centre historique d'Ernodurum est formé par l'intersection de ces deux axes routiers et de la rivière de l'Arnon[8] - [9].

Les fouilles archéologiques d'Alain Leday et de Bernard Bertin ont mis en évidence une construction probablement cultuelle de 50 mètres sur 20 mètres, une nécropole de taille imposante située sur le lieu-dit du «Carroir», le long de la rive gauche de l'Arnon, de nombreux emplacements de logements civils et plusieurs villæ disséminées à la périphérie du complexe urbain. En outre, une vue aérienne d'Ernodurum réalisée par Jean Holmgren a révélé la présence d'un dépôt de taille importante doté d'une longueur de 100 mètres, pour une largeur de 30 mètres[8] - [9].

Découvertes et fouilles

Découverte

En , au sein du faubourg dit de Saint-Hilaire, près du Lavoir d'Airain à Saint-Ambroix-sur-Dun, un signalement d'une possible mine archéologique est lancé par le propriétaire du terrain agricole. En effet, des saillies pierreuses situées à la surface du sol empêchaient tout mouvement coulissant du soc de labour. Les fouilles archéologiques de l'architecte sculpteur et historien Jules Dumoutet, ont mis en évidence des structures à vocation funéraire dont l'ensemble forme une vaste nécropole[10].

Au début du mois de septembre de la même année, un chantier visant à circonscrire une zone de fouilles clairement définie, débute sous la direction de l'archéologue berrichon. Les extractions de volumes sédimentaires, opérées au cours des quelques jours qui suivirent la mise en place du terrain de recherches, permettent de matérialiser la présence d'un columbarium[N 6] contenant six stèles sculptées dans une pierre calcaire à grain fin[N 7] - [10] - [1] - [11]. Chacune d'entre elles étaient associée à une urne à incinération. Jules Dumoutet se préempte de cette donnée afin de définir à l'ensemble des pièces archéologiques un gallo-romanisant[10] - [12].

Fouilles

En décembre 1908, alors qu'il se munissait de produits de maçonnerie, un citadin de Saint-Ambroix-sur-Arnon (François Lucien Bertrand, ancien garde-champêtre de son état)[N 8] - [13], met au jour un sarcophage coffré de pierre calcaire accompagné de trois stèles, également ouvragées en calcaire. Le lieu de cette seconde série de découvertes se situe à environ 500 mètres de la nécropole du quartier de Saint-Hilaire, sur un axe nord-est[14].

Ses trouvailles retenant toute son attention, « le père Bertrand »[15] entame au cours de l'année 1909 des recherches plus approfondies autour du lieu même de sa propre découverte. Il réalise une substantielle tranchée mesurant 20 mètres de long sur 1,50 mètre de large, pour une profondeur avoisinant 1,20 mètre[14]. La creusée révèle une autre stèle, ainsi que des cénotaphes de pierre, l'ensemble de ces artéfacts positionné à l'horizontale[14]. La poursuite des fouilles du père Bertrand, lui indique également la présence d'un ouvrage d'habitat. Le retraité berrichon interprète ce vestige de mur comme étant un possible élément de fondation appartenant à une villae. Dans cette même période, il mit en évidence différentes sculptures à vocation funéraire, affichant une hauteur variant de 80 centimètres à 1,10 mètre. Par ailleurs, le père Bertrand note que la partie supérieure de certains coffres mortuaires présente des ornements, lesquels, selon celui-ci, manifesteraient d'un travail de taille relatif, mais néanmoins précurseur d'une certaine élaboration[16] - [14].

Le , le Colonel Thil[N 9] ayant été informé des découvertes du garde-champêtre[N 10], se rend sur place et, après de multiples observations des différents éléments mis au jour, confirme les premières analyses de l'archéologue amateur. De facto, le militaire spécialiste de l'histoire romaine, conclut à un cursus culturel gallo-romain[14]. Ce dernier, certain de son fait, transmet dès lors une correspondance à François Deshoulières, membre officiel du comité de la Société des antiquaires du Centre, dont le siège est situé à Bourges dans le département du Cher[16]. Dans cette lettre manuscrite, le Colonel Thil fait part à l'antiquaire sa volonté de subroger le "père Bertrand" au rang de simple spectateur des fouilles archéologiques, moyennant une solide dotation financière. François Deshoulières prend acte du dossier et comprenant l'ampleur des découvertes accomplies par l'ancien garde-champêtre, fait voter à tous les membres du comité de la Société des antiquaires du Centre un budget de dédommagement et rétribution numéraire sous accord contractuel que le "père Bertrand" effectue la concession de ses droits sur les recherches de terrain et de propriétés sur les artéfacts de calcaire. Le , le vote de ce budget est coopté à l'unanimité par l'assemblée des antiquaires du Centre et proposition contractuelle est effectuée auprès du "père Bertrand". Ce dernier, dans une correspondance qu'il envoie au comité des archéologues berrichon datée du , énonce significativement son refus de céder à ses droits de propriétaire et ce, malgré une dotation remarquablement généreuse[16] - [17].

Avertie de ces échanges manuscrit, la presse locale [alpha 1], s'empare de l'affaire et porte au public les trouvailles du désormais célèbre garde-champêtre retraité, en accouchant d'une couverture de journal appuyée d'un article de deux feuillets en pages centrales, l'ensemble soigneusement détaillé et iconographié dédié à l'historique de ces dernières[18].

À la fin de l'été 1910[alpha 2], Antoine Héron de Villefosse (1845 - 1919), archéologue et conservateur de la section des antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, annonce dans un communiqué officiel délivré à Pierre de Goy, membre titulaire des Antiquaires du Centre, son souhait d'acquérir les occurrences archéologiques du père Bertrand, en demandant au ministère des Beaux-Arts une allocation numéraire destinée à l'organisation archéologique. En outre, le conservateur du musée du Louvre y exprime sa pleine et entière confiance de faire céder le petit garde-champêtre : « Laissez-le donc un peu cuver ses espérances et ne vous montrez pas trop pressés. Personne n'aura l'idée d'aller vous souffler ces pierres de Saint-Ambroix à des conditions inacceptables. »[alpha 3].

Les et , le photographe berrichon Adolphe Giraudon, couvre un article dans le Journal du Centre sur les pièces archéologiques du père Bertrand. La publication fut soutenue par un tirage remarquablement conséquent, couvrant la totalité du territoire de l'Indre et de ses département limitrophes[alpha 4][19]. La feuille de Giraudon ne tarde pas à faire effet et le lieu-dit de la petite cité de Saint-Ambroix, est pris d'assaut par de nombreux lecteurs du quotidien. Le terrain de fouilles de l'ancien garde-champêtre devient une attraction touristique pour l'ensemble des habitants de la région, toutes couches sociales confondues. Le père Bertrand met à profit cette manifestation de curiosité et d'appétit intellectuel, en monnayant auprès des quidams des droits d'accès au site[alpha 5]. De leur côté, les sociétaires du comité d'archéologues berrichon, notent avec désarroi cet ample champ d'activité autour du garde-champêtre et de ses pièces de calcaire antiques[alpha 6][19].

Le début de l'année 1910 est marquée par d'importantes précipitations pluviométriques. Le Cher qui se présente dans un contexte de plaines marécageuses sur environ le tiers de son territoire est particulièrement touché par ces pluies continues. Le terrain de fouilles archéologiques du "père Bertrand" est submergé par les eaux d'infiltrations fluviales de l'Arnon, distant de 30 à 50 mètres du site d'extraction[alpha 7][20] - [21]. De facto, ces manifestations météorologiques ralentissent les recherches du retraité berrichon et de son fils qui l'assiste. Ces derniers, motivés par l'ambition de mettre en évidence la totalité des éléments de calcaire, mettent à profit cet intermède astreignant pour dégager les coffres funéraires déjà observés en de multiples endroits du sol circonscrit, mais non encore extraits[20].

Le marque un tournant dans les opérations d'investigations archéologiques. La commission des recherches de la Société des Antiquaires du Centre[alpha 8], réceptionne une allocation de 1 000 francs Poincaré. Cette somme, octroyée par le Ministère des Beaux-arts[alpha 9], permet aux archéologues du Cher d'exploiter le lopin de terre côtoyant celui du père Bertrand, et également situé dans le quartier de Saint-Hilaire. Les termes du contrat obligent la commission scientifique à exploiter le terrain sous la forme d'une concession immobilière dont le propriétaire[N 11] en est préempté. Toutefois, l'accord contractuel prévoit que l'usufruit des différents éléments extraits du sol, bénéficiera pour totalité au consortium archéologique du Berry[20].

Les fouilles de la Société des Antiquaires du Centre

Au , ledit contrat de location prend effet et le nouveau terrain de recherches au lieu-dit de Saint-Hilaire est investi par les spécialistes de l'Antiquité, coordonnés avec l'appui de nombreux maîtres d'œuvre experts en génie civil. Alertée par de l'imminence de ces fouilles par le biais d'une solide publication d'articles sur le sujet dans la presse à l'échelon national, une foule de badauds se présente également sur les lieux du quartier berrichon au jour J[20].

Sur la période allant du 8 au , les travaux des antiquaires, conjugués aux investissements des ouvriers[22], révèlent quelques documents archéologiques de bonne facture et ce malgré d'abondantes précipitations automnales[23]. Le Colonel Thil inventorie ainsi une première stèle, dont il ne parvient pas à décrire l'esquisse ; une seconde fragmentée, mais qui affiche néanmoins une notable qualité artisanale ; une troisième, mesurant 1,30 mètre de hauteur, figurant un homme tenant un ustensile dans chacune de ses mains ; et enfin une quatrième occurrence monumentale commémorative à demi déblayée[alpha 10][24] - [25]. D'autre part, l'archéologue haut-gradé accrédite et certifie le postulat selon lequel certains de ces blocs sculptés ont été utilisés en remploi au sein même des bases d'édifices d'un monument religieux paléochrétien[alpha 11][29] - [23]. Le militaire parvient à se procurer le croquis architectural de l'église antique et à déterminer les emplacements précis des fonctions de remploi des stèles. De facto, et selon ce dernier, l'extrémité droite du chœur[alpha 12], laquelle inclut le sanctuaire, se niche une stèle gallo-romaine. Celle-ci participe du même corpus statutiforme que les artéfacts préalablement mis au jour[23] - [26].

Le , les produits de ces mises au jour sont collectés, puis acheminés jusqu'au Centre archéologique d'Issoudun. Paul Gauchery, membre titulaire de la Société des Antiquaires du Centre, s'octroie la responsabilité des analyses hygrométriques des artéfacts funéraires. L'ingénieur-architecte identifie les roches minérales entrant dans la composition des sarcophages : selon ce dernier, il s'agirait de « grès de Coulandon[N 13] » - [alpha 13] et de « pierre d'Archambault »[alpha 14] - [25]. En outre, par le biais de quelques échantillons collectés sur les coffres funéraires dernièrement retrouvés, Paul Gauchery étalonne leurs masses volumiques à 2 300 kg/m3 concernant la pierre d'Archambault et 2 400 kg/m3 pour celle de Coulandon[25].

Après avoir souscrit une observance juridictionnelle visant à effectuer l'extraction des artéfacts mortuaires stricto legifere[alpha 15], le , l'archéologue et militaire Thil entreprend le dégagement, puis la cession des sarcophages et de leurs stèles gallo-romaines à l'établissement de conservation muséographique de Bourges, le [alpha 16][25] - [24] - [31]. Au terme de ces extractions et transferts de volumes de pierre sculptée, le compte rendu archéologique du Colonel Thil laisse apparaître un corpus hétéroclite dans la définition du procédé artisanal utilisé. Toutefois cette documentation archéologique affiche cependant une homogénéité en regard du cursus statutiforme : il s'agit uniquement de sculptures dites anthropomorphes[25] - [32]. L'inventaire de ces œuvres est constitué de treize occurrences dont « 1- Stèle de potier ; 2- Stèle de soldat [...] ; 5- Stèle coupée par le milieu avec deux personnages ; 6- Stèle mutilée, femme en buste [..] ; 13- Deux fragments portant des restes d'inscriptions. »[32]. En raison de sa rigueur et de sa finesse d'exécution, l'œuvre gallo-romaine dite « stèle de potier » présente selon le militaire, un intérêt particulier. Il s'agit d'un artéfact funéraire de type à pyramide tronquée[alpha 17], disposant d'une niche encadrée de pilastres affichant des cannelures et d'un acrotère[alpha 18] procédant d'une technique de sculpture dite à crosses. Le personnage central, ce que l'archéologue haut gradé suppose être un potier[alpha 19] se présente debout, vêtu d'une sorte de toge et d'une cape. La sculpture de l'homme figuré dans la niche est détentrice d'une abondance de détails faciaux (rides, expression du visage), vestimentaires, supplée à une richesse dans la technique de mise-en-scène : celle-ci apparaît, préemptée d'un début de mouvement de la main droite, tandis que la main gauche retient en son sein une tablette scripturale[32] - [33] - [34].

Conservation, fouilles et études du musée du Berry

Page de garde du « Dictionnaire géographique, historique & statistique de l'Indre », ouvrage manuscrit par l'historiographe et archiviste, Eugène Hubert, en 1915[alpha 20].

Le , la globalité des volumes sculptés sont acheminés au musée du Berry. Eugène Hubert[alpha 21], et le Docteur Bruneau, tous les deux membres titulaires et responsables des archives manuscrites et de la conservation des matériaux antiques au musée du Berry, font appel à un octroi de subvention auprès de la trésorerie de l'établissement muséographique berrichon, afin d'exploiter et de fouiller l'un des fiefs parcellaires du domaine Pénin[29].

L'homme politique et manufacturier spécialisé dans l'industrie de la sucrerie, a été le mécène du musée du Berry, en rachetant les stèles de Saint-Ambroix découvertes par M. Bertrand.

Au cours du mois de septembre 1911, les recherches archéologiques de la Société des Antiquaires du Centre trouvent leur conclusion par le biais d'une fouille préventive, dont l'objet est de vérifier qu'aucun document matériel n'ait passé outre l'expertise de terrain de l'automne 1910[29].

La session extraordinaire réunissant les supérieurs administratifs du conservatoire d'expositions berrichon du , participe d'un changement significatif dans le déroulement historique des stèles gallo-romaines. L'objet de cette réunion plénière, relève d'une problématique posée autour du fond de trésorerie qui permettrait au musée d'acquérir les ex-voto de pierres sculptées du père Bertrand. Par un concours de circonstances, le riche entrepreneur castelroussin Charles Balsan (1838 - 1912), fait également acte de présence au cours de la séance de haut-commissariat à la conservation muséographique. Le banquier et manufacturier spécialiste de la production industrielle de sucrerie[37] - [alpha 22] - [39], octroie une dotation substantielle de 1 250 francs Poincaré au conseil des membres titulaires du musée du Berry, somme nécessaire au rachat de la moitié des volumes de pierre gallo-romains détenus par le père Bertrand[38] - [29]. Néanmoins, le mécène accorda un certain crédit à l'écho critique et avisé du sculpteur et peintre originaire du Cher[alpha 23], Jean Eugène Baffier (1851 - 1920). En effet, ce dernier suggérait que la valeur des propriétés antiques du garde champêtre retraité, s'élevait au double de cette dotation financière, soit 2 500 francs Poincaré[38]. Ce faisant, Charles Balsan révise son jugement et effectue une proposition d'achat de 2 000 francs Poincaré au père Bertrand. Celui-ci coopte de l'offre et signe un contrat cession de biens mobiliers stipulant les différentes clauses de droit mobilier, le [38] - [40].

Description et études

Généralités

Elles sont pourvues d'une hauteur allant d'environ 80 centimètres à près de 2 mètres, et sont généralement associées à une urne funéraire et/ou un coffre mortuaire. Leurs niche sont régulièrement encadrées de deux colonnettes, mettent en évidence des ornements sous la forme de bas-relief. Au sein de la plupart d'entre elles, sont figurés un à trois personnages, lesquels sont représentés de leur vivant. Ces derniers affectent généralement des postures du quotidien et sont fréquemment munis d'un objet symbolisant leur métier ou leur attribution[alpha 24]. Cependant, certaines scènes et personnages suggèrent et évoquent des filiations religieuses celtes et/ou romaines, mettant ainsi en exergue le constant rapport entre l'art funéraire et le fait religieux. Chaque stèle est surmontée d'un fronton de forme triangulaire, arrondi, ou encore concave.

Les petites stèles sans personnages

Stèle d'inventaire 4769

L'ouvrage, d'environ 1 mètre de hauteur, est pourvu d'une partie supérieure en forme de triangle. La niche n'aspecte aucune mise-en-œuvre d'ornements et de bas-relief, si ce n'est quelques incises probablement effectuées au moyen d'un burin. A contrario, les éléments d'encadrement manifestent d'un travail de sculpture élaboré. À cet effet, on peut remarquer la présence de pilastres, lesquels sont chacun surmonté de d'un acrotère (« ἀκρωτήριον », en grec ancien et latin acroterium en latin). En, la partie sommitale, l'architrave, observe également conception artisanale qualitative : son dessin d'ensemble apparaît très nettement, accompagné de moulures. Une fêlure située en travers de l'encognure supérieure laisse envisager une cause plausible quant à l'abandon de l'ouvrage[41] - [42] - [43].

Stèle d'inventaire numéro « 4773 »[alpha 25] - [44] - [45] - [46]

La stèle affiche un fronton doublé d'une architrave, l'ensemble présentant un aspect arrondi. Le bloc de pierre taillée en calcaire se pourvoit d'un 1,35 mètre de haut. Ce dernier possède pilastres et acrotères déchargés de tout volume de matériau excédentaire. On peut remarquer une esquisse de travail de la pierre sous la forme d'une ornementation torsadée et pourvue de reliefs d'aspect sphérique, alternés par des incises représentant des feuillages régulièrement espacées. La globalité révèle une régularité et une qualité de mise-en-œuvre significatifs. Cet élément met en évidence l'entame d'une poutre faîtière[46] - [45].

Au cœur de la niche, se tient deux bustes de personnages dont le modelé demeure à peine dégrossi. Une profonde cassure évoluant de haut en bas, tend à confirmer la défection et le désistement de l'artisan au cours de son travail[46] - [45].

Stèle d'inventaire 4778

La pièce est constituée de pilastres, lesquels se répartissent de manière géométrique long de chaque volumes d'angle de l'œuvre à vocation funéraire. Ces derniers sont également soumis à acrotères. L'archivolte est affectée d'une mise-en-œuvre précise et particulièrement appliquée. Celui-ci observe un développement ornemental sous la forme de moulures arquées, régulièrement espacées, et dont l'ensemble souligne un dessiné et une finition notables. En outre, la partie sommitale, laquelle se déploie en fronton triangulaire, manifeste également d'un ciselé de qualité. L'ensemble de l'encadrement concrétise une mise-œuvre achevée[47] - [48] - [49].

En revanche, la niche de la stèle d'« inventaire numéro 4778 », à l'instar de celle d'« inventaire numéro 4769 », concrétise un léger piquetage affleurant la surface du matériau calcaire, ainsi qu'une exemption stricto sensu de tout élément en bas-relief. Ce dernier point, corroboré par l'observation d'une cassure transversale au niveau de la partie droite du fronton, semble confirmer un probable abandon du travail artisanal[47] - [48] - [49].

Conservation

Le , Joseph Beulay[alpha 26], accompagné du Docteur Bruneau acquièrent pour le compte du musée de Châteauroux, dont ils sont les délégués, les volumes de pierre sculptées découverts par le père Bertrand. Ce dernier les cède pour un montant total de 2 500 francs Poincaré, comme le stipule le pli officiel dûment signé et contracté avec l'établissement muséographique castelroussin, lequel est actuellement abrité au château Raoul[40]. Le , Henri Hubert, conservateur adjoint du musée des Antiquités nationales[alpha 27] se présente au musée castelroussin afin d'y mener des tractations financières entre les deux établissements muséographiques, préalables aux rachats des sculptures funéraires mises au jour à Saint-Ambroix[40] - [36].

Notes et références

Notes

  1. D'après les indications du site en ligne officiel du Musée du Berry.
  2. Le musée municipal de Châteauroux, dans le département de l'Indre (région Centre-Val de Loire).
  3. Le Musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
  4. La rivière berrichonne est un confluent au Cher.
  5. Actuellement la ville de Saint-Ambroix.
  6. Il s'agissait d'une infrastructure à vocation mortuaire, se définissant par l'existence de six enfeus (ou alcôve).
  7. Ce sont ces premières découvertes qui furent transférées au cours du milieu du XXe siècle au sein de la section archéologique du musée du Berry, à Bourges.
  8. 1863 - 1939.
  9. Lequel avait mené quelque temps auparavant sur un chantier de fouilles de ruines d'habitations gallo-romaines datant du IIe siècle / IIIe siècle au sein du domaine parcellaire de La Prée, à proximité du lieu d'extractions de la nécropole.
  10. Probablement par le biais de l'un des rédacteurs du quotidien local, L'Écho des marchés du centre.
  11. En la personne de Monsieur Pénin, cultivateur de Saint-Ambroix.
  12. Autrement dit à la période dite augustéenne.
  13. Coulandon est une municipalité localisée dans le département de l'Allier, région Auvergne-Rhône-Alpes.
  14. D'après l'ouvrage publié par Gérard Coulon et Simone Deyts, "Les stèles gallo-romaines de Saint-Ambroix (Cher)", passage de la page 33.
  15. Le bas-relief de la stèle représente un couple de paysans. L'œuvre date du début du IIIe siècle (période gallo-romaine du Haut-Empire); elle est actuellement conservée au musée de Châteauroux, dans le département du Cher.
  16. Ce monument historique de Châteauroux, dans le département de l'Indre, a été restauré à la fin du XIXe siècle, et abrite depuis le début du XXe siècle, le musée d'histoire de Châteauroux. Une partie de la collection provenant du corpus des stèles de Saint-Ambroix, y est actuellement conservée et exposée[51] - [52] - [53].

Note alpha

  1. Essentiellement "L'Écho des marchés du Centre", dont le siège est basé à Issoudun, dans l'Indre[18].
  2. Le , pour plus de précision[17].
  3. D'après le document manuscrit numéro 171 (AD Cher/2F 324), actuellement conservé au musée du Berry, Département Archéologie[19].
  4. La diffusion la plus importante jamais atteint par le quotidien berrichon[19].
  5. Le garde-champêtre à la retraite parvient également à obtenir de notables ventes de cartes postales par le biais des illustrations iconographiques d'Adolphe de Giraudon[19].
  6. D'après un document manuscrit rédigé par l'archéologue et président de la société des antiquaires du centre, Albert des Méloizes, en date du [19].
  7. Confere la carte de représentation du site de la page 11, chapitre I, de l'ouvrage de Gérard Coulon et Simone Deyts, Les stèles de Saint-Ambroix (Cher) : Un atelier de sculpture dans la cité des Bituriges[5] - [15] - [6].
  8. Celle-ci est constituée de quatre membres dont le Colonel Thil.
  9. C'est-à-dire la version ancienne du Ministère de la Culture et de la Communication.
  10. Confere les photos d'archives muséographiques de l'établissement de conservation et d'exposition du Berry, classée numéro 2F 324. 97[24] - [25].
  11. En l'occurrence, il s'agit dans le cas présent d'une basilique attribuée au Haut-Empire romain[N 12] et construite sur le fief antique d'Ernodurum, à l'emplacement précis du quartier de Saint-Hilaire et avoisinant le « champ Pénin »[26], et localisée à environ 30 mètres de la Chaussée de César[27]. Cette dernière aurait été édifiée au cours du IIIe siècle et dont le style et l'architecture, compte tenu de l'époque étudié, sont de facto paléochrétien[28].
  12. Autrement dit le chevet.
  13. D'après la documentation d'archive manuscrite datée du rédigée par Paul Gauchery (1846 - 1925), numéro de classification 46/2F 324 au Musée du Berry, à Bourges[25].
  14. Cette dénomination découle de la ville de Bourbon-l'Archambault, située dans le département de l'Allier et dont le sous-sol géologique est riche en roche grésière. Toutefois, les couches sédimentaires du Cher, localisées au Nord de la commune auvergnate en sont également significativement pourvues[30].
  15. Cette dernière est accompagnée d'une facture globale de travaux de déblaiement, s'élevant à 1 000 francs Poincaré[25].
  16. Soit un laps de temps d'un peu plus de 4 mois ultérieurement à l'obtention du contrat légiférant la pleine légitimité de propriété physique et intellectuelle de la Société des Antiquaires du centre sur les artéfacts gallo-romains. Ce retard factuel s'explique essentiellement par les pluies quasi-continues de l'automne 1910, dans le département du Cher[25].
  17. C'est-à-dire une stèle dont le fronton affiche une forme parallélépipédique trapézoïdale[33] - [34].
  18. Autrement dit la partie sommitale du frontispice.
  19. Probablement en regard des six poteries carénées entourant le buste du personnage au sein même de la niche[33] - [34] - [31].
  20. Cet ouvrage a été reproduit en facsimilé, avec une bibliographie des œuvres de l'auteur par Marie-Clotilde Hubert et une introduction par Jean Hubert, à Paris, A. Picard, 1985, (ISBN 2-7084-0125-4) dans la collection « Bibliothèque de la sauvegarde de l'art français », (ISSN 0223-2987)[35]. L'historien évoque au sein de cette thèse les découvertes des stèles de Saint-Ambroix, pour lesquelles ce dernier a contribué de manière notable, à leurs conservation et leurs classification dans les collections du musée du Berry[29] - [36].
  21. Celui-ci était un historiographe spécialiste du Berry et conservateur d'archives aux musées de Bourges et de Châteauroux, dans l'Indre[29] - [35].
  22. Le riche industriel était également une personnalité politique, et de surcroît, un « grand amateur d'art et d'antiquité. »[38] - [N 14].
  23. Plus exactement, Neuvy-le-Barrois[38].
  24. Pour prendre exemple, le cas d'une stèle à 1 personnage, celle-ci suggère l'équation une serpe pour un sylviculteur.
  25. Première nomenclature d'inventaire : « Espérandieu, t. IX, 7004 », d'après l'archéologue, épigraphiste et historien, Émile Espérandieu (1857 - 1939).
  26. Ce dernier est commissionnaire et membre titulaire du conseil de conservation du musée de Châteauroux[40].
  27. Autrement dit l'ancienne formule qui définiet l'actuel musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye[50].

Références

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  22. Lesquels sont chapeautés et coordonnés par le Colonel Thil.
  23. Coulon et Deyts 2012, p. 26
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Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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  • Gérard Coulon et Simone Deyts, Les stèles funéraires gallo-romaines de Saint-Ambroix (Cher), Châteauroux/Vendoeuvres, Les musées de Châteauroux et Lancosme Multimédia, , 160 p. (ISBN 978-2-912184-65-8 et 2-912184-65-7)

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