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Toge

La toge (du latin toga) est le vĂȘtement de dessus, de laine Ă©paisse, portĂ© par les citoyens de la Rome antique. VĂȘtement essentiellement masculin, elle se porte au-dessus d'une tunique Ă  manches courtes. Elle couvre le bras gauche et laisse le bras droit dĂ©gagĂ©. La draperie forme des plis caractĂ©ristiques : pli en demi-cercle sous le bras droit, le sinus et plis produits en relevant une partie du cĂŽtĂ© gauche de la toge faisant saillie devant la poitrine, l’umbo[1].
C'est avant tout un costume d'apparat qui nĂ©cessite l'aide d'esclaves pour ĂȘtre drapĂ©e, tant l'ajustement est compliquĂ© et malaisĂ©.
Pour une femme, le port de la toge est au contraire une marque d'infamie. Si les petites filles peuvent la porter, ce n'est pas le cas des adolescentes ou des femmes adultes, sauf si elles ont été convaincues d'adultÚre ou sont des prostituées.

Origine

La toge est un vĂȘtement de mode Ă©trusque, descendant de l'himation grec. Elle s'est diffusĂ©e dans l'aristocratie du monde latinisĂ©, jusqu'en Égypte. La diffĂ©rence essentielle entre l'himation grec et la toge romaine consiste dans la forme donnĂ©e Ă  la piĂšce de drap qui la constitue : celle-ci, originellement rectangulaire, est taillĂ©e en demi-cercle, tandis que l'himation est taillĂ© en carrĂ©. Le diamĂštre de la toge est d'environ 6,50 m sur 2,50 m[2]. Les historiens des mentalitĂ©s pensent que la toge, n'Ă©tant maintenue que par des plis, devait obliger celui qui la portait Ă  adopter une certaine tenue et une certaine marche, Ă©tant donnĂ© qu'au moindre mouvement brusque ou dĂ©sordonnĂ© on risquait de la perdre.

Types de toge

Enfant en toge, Ier siĂšcle ap. J.-C, Galerie des Offices, Florence.

Il y a plusieurs sortes de toges[3] :

La toge des magistrats lors de cérémonies officielles et des enfants est bordée d'une bande en pourpre de Tyr, tissée sur le bord rectiligne.

  • Toge virile (toga virilis)

Toge généralement de couleur blanc naturel écru (albus)[2].
Les adolescents quittent la toge prĂ©texte et la bulla peu avant ou aprĂšs dix-sept ans, au profit de la toge virile[4]. L'expression « RevĂȘtir la toge virile » dĂ©signe le rite de passage pour les adolescents romains, associĂ© Ă  une offrande Ă  Juventas, lors des fĂȘtes religieuses Liberalia au Printemps.

La toga virilis jaune est portée par les augures[2].
La toga virilis candida : toge d'un blanc éclatant (toge candide blanchie à la craie) est portée par les candidats à une fonction élective[2].
La toga pulla ou sordida de couleur sombre est portée en signe de deuil[2].
La toga picta ou palmata : toge pourpre brodée d'or portée lors de cérémonies est l'apanage des généraux victorieux qui ont obtenu les honneurs du triomphe.

Sous l'Empire Ă  compter du Ier siĂšcle, la toge, jugĂ©e lourde et encombrante, est abandonnĂ©e pour ne plus servir que comme vĂȘtement cĂ©rĂ©moniel de magistrature au SĂ©nat, ou en sombre comme vĂȘtement de deuil.
Le palium, manteau drapé plus léger qui la remplace, maintenu par une fibule à l'épaule droite, ressemble à une cape enveloppante.
Le pallium peut ĂȘtre remplacĂ© par le lacerne d'origine gauloise, un manteau plus court avec capuche ; la cucule, ouverte sur le devant, portĂ©e par les patriciens et les plĂ©bĂ©iens ; la pĂŠnula, cape impermĂ©able ; le paludamentum, manteau de couleur pourpre des gĂ©nĂ©raux ; la chlamyde portĂ©e par les militaires.

Port de la toge

Pour draper la toge, on plaçait environ un tiers de l'étoffe sur l'épaule gauche, puis on ramenait le reste sur le bras droit, aprÚs l'avoir replié d'un tiers par un large pli, on tendait l'étoffe en contournant la poitrine et on rejetait l'excédent sur l'épaule droite. Ainsi disposée, la draperie formait sous le bras droit un pli en demi-cercle, le sinus.

Le cinctus Gabinus est une façon particuliÚre de porter la toge[5] : le pan de la toge ordinairement rejeté sur l'épaule gauche était noué autour de la taille en guise de ceinture ; les deux bras étaient donc libres[6]. Cet ancien usage militaire se conservait dans certaines occasions à caractÚre rituel, telles que la devotio[7], le testamentum in procinctu, l'ouverture du temple de Janus, ou certains sacrifices[8].

La tunique

La tunique (tunica) est le chiton grec ; elle descend au niveau du genou pour les hommes, et sur les chevilles pour les femmes. On distingue la tunique laticlave portĂ©e par les sĂ©nateurs et qui avait deux bandes de pourpre larges, une de chaque Ă©paule au bas des pieds, l’angusticlave, tunique des chevaliers, ne comportant que des bandes de pourpres Ă©troites et la tunica palmata, tunique brodĂ©e portĂ©e lors de cĂ©rĂ©monies.

La tunique féminine s'ornait du patagium, bande décorée placée devant, du cou au bas de la tunique.
Les vĂȘtements traditionnels fĂ©minins peuvent ĂȘtre :

  • le strophium : bande servant de soutien-gorge ;
  • la stola : tunique longue resserrĂ©e Ă  la taille ;
  • la palla : grand chĂąle rectangulaire servant de manteau, drapĂ© sur la stola. La palla pouvait ĂȘtre ramenĂ©e sur la tĂȘte en guise de voile.

Influences des conquĂȘtes

ScĂšne de sacrifice. À droite le cĂ©lĂ©brant revĂȘtu de la toge en a rabattu un pan sur sa tĂȘte selon l'usage religieux. L'homme qui le suit porte la toge normalement, Ă©paule droite libre.

La conquĂȘte des peuples gaulois diffuse auprĂšs des romains de nouveaux vĂȘtements :

Symbolique

  • De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la toge est le symbole du sage et du philosophe.
  • Dans la littĂ©rature, ce passĂ© romain donne la toge comme symbole de la magistrature civile. La formule arma cedant togae (« Que les armes cĂšdent le pas Ă  la toge ») signifie que l'ordre civil prime sur le militaire[9].
  • Dans les reprĂ©sentations de thĂ©Ăątre latines, la toge (togata) Ă©voque la comĂ©die romaine, par opposition Ă  la tunique (palliata), qui ramĂšne Ă  celle des Grecs anciens.
  • Dans les textes historiques, « en braies » (bracata), s'oppose Ă©galement Ă  « en toge » (togata) ; l'opposition de ces termes est une mĂ©tonymie renvoyant notamment aux Celtes encore insoumis et aux Celtes romanisĂ©s.

Notes et références

  1. Anthony Rich, « Umbo », Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, 1883.
  2. Guide romain antique, p. 21
  3. Jacques Bloeme, L'Europe avant l'an. Tome 1 : De l'éveil de l'Europe à l'apogée de l'empire romain, Editions L'Harmattan, (lire en ligne), p. 325.
  4. Guide romain antique, p. 31
  5. Elle tire son nom de celui de la ville latine de Gabies.
  6. Servius, Aen., VII, 612 ; Isidore de SĂ©ville, Or., XIX, 24, 7.
  7. Tite-Live, VIII, 9, 9 ; X, 7, 3.
  8. Annie Dubourdieu, « Cinctus Gabinus », Latomus, 45, 1986, p. 3-20.
  9. Cicéron, In Pis., 30, 73 : «Cedant arma togae, concedat laurea laudi».

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • George Hacquard, Jean Dautry et O Maisani, Guide romain antique, Hachette, , 50e Ă©d. (1re Ă©d. 1952) (ISBN 2-01-000488-4)
  • Pierre Miquel, Au temps des lĂ©gionnaires romains, Hachette, coll. « La Vie privĂ©e des Hommes », (ISBN 2-01-003352-3)
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