Site paléontologique de Cerin
Le site paléontologique de Cerin est un gisement de fossiles du massif du Jura, situé à Cerin, un hameau de la commune de Marchamp dans l'Ain. Il est d'une étonnante diversité et de réputation internationale[1].
Site paléontologique de Cerin | ||||
Moulage de Crocodilaemus robustus issu du site paléontologique de Cerin et exposé au muséum des sciences naturelles de Belgique | ||||
Localisation | ||||
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Pays | France | |||
RĂ©gion | RhĂŽne-Alpes | |||
DĂ©partement | Ain | |||
Commune | Cerin | |||
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques | 45° 46âČ 44âł N, 5° 33âČ 15âł E | |||
Caractéristiques | ||||
Type | Gisement de fossiles | |||
Nature de la roche | Calcaire lithographique | |||
Ăge de la roche | 153â153 Ma | |||
Ăge de la formation | KimmĂ©ridgien (Jurassique supĂ©rieur) | |||
GĂ©olocalisation sur la carte : Ain
GĂ©olocalisation sur la carte : Auvergne-RhĂŽne-Alpes
GĂ©olocalisation sur la carte : France
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Le gisement est situé sur ce qui était une lagune tropicale vers la fin de l'étage du Kimméridgien (Jurassique supérieur. Il est daté de la biozone à Pseudomutabilis, dont l'équivalent dans le domaine méditerranéen est la biozone à Eudoxus, datée d'environ 153 Ma (millions d'années)[2] - [3].
Situation
Le site paléontologique est situé à Cerin, un hameau de la commune de Marchamp, dans l'Ain. C'est un village du Bugey situé à 560 m d'altitude et qui se trouve à 20 km de Belley, 75 km de Lyon, 80 km de Grenoble et 90 km de GenÚve[4].
Le calcaire lithographique
une lagune du temps des dinosaures.
Cerin était connu à la fin du XIXe siÚcle pour la qualité de son calcaire lithographique. En effet, la région était, au Jurassique supérieur, une lagune tropicale. Le calcaire lithographique se forme par la sédimentation d'une boue carbonatée trÚs fine déposée au fond d'une lagune il y a environ 153 millions d'années. Ces sédiments se disposent en strates.
L'exploitation de la carriÚre, à partir de 1835, pendant l'ùge d'or de la lithographie, avait permis de découvrir périodiquement des empreintes d'animaux et de plantes préhistoriques fossilisés dans la roche. La paléontologie en était à ses débuts et ces trouvailles restaient méconnues[3].
DĂ©couverte du site
En 1838, grĂące Ă lâingĂ©nieur AimĂ© Drian, amateur passionnĂ© de gĂ©ologie, et de gĂ©ologues lyonnais, dont Victor ThiolliĂšre, on dĂ©couvre ces fossiles et l'existence du gisement palĂ©ontologique de Cerin est rĂ©vĂšlĂ© au monde scientifique. Le gisement acquiert une rĂ©putation internationale et rivalisent avec celui de Solnhofen, en BaviĂšre. Jusqu'Ă sa mort, Victor ThiolliĂšre ne cessa alors de rassembler et d'Ă©tudier un maximum de fossiles issus du site et ce fut, en grande partie, grĂące Ă lâĂ©tude des fossiles de Cerin qu'il fut reconnu dans le monde de la palĂ©ontologie.
Ses travaux ont démontré la similitude des calcaires lithographiques de Cerin et de Solnhofen. Il décrivit de nombreuses nouvelles espÚces de poissons. Il publia en 1854 la premiÚre partie de sa « description des poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura dans le Bugey », mais mourut avant la publication de la seconde partie, les descriptions et les planches lithographiques étant achevées[5].
La fouille du site
La fouille de ce site du KimmĂ©ridgien supĂ©rieur (Jurassique supĂ©rieur, environ - 153 Ma)[6], de 1975 Ă 1995, a reprĂ©sentĂ© une opĂ©ration unique en son genre et de haut niveau technologique. DirigĂ© par des gĂ©ologues de lâuniversitĂ© Claude-Bernard Ă Lyon, il a nĂ©cessitĂ© du gros matĂ©riel de travaux publics.
Cette opĂ©ration a permis la rĂ©colte d'algues, fougĂšres, conifĂšres, mollusques, oursins, Ă©toiles de mer, crustacĂ©s[8], reptiles, poissons, ainsi que des traces de tortues et de reptiles[9]. Une Ă©tude minutieuse a permis de dĂ©terminer lâĂ©poque et la nature du site (une lagune tropicale datant dâenviron 153 millions dâannĂ©es) et de comprendre les causes de cette fossilisation exceptionnelle[1].
Il a été découvert à Cerin, inscrit dans la pierre, une piste de tortues géantes du Jurassique supérieur, actuellement unique au monde.
Le processus de fossilisation Ă Cerin
Pour comprendre le processus de fossilisation Ă Cerin, les scientifiques sont partis en expĂ©dition dans lâocĂ©an Indien, sur lâĂźle dâAldabra, pour observer un processus de fossilisation identique Ă celui qui s'est produit sur le site et dont voici les phases :
Il y a 153 millions dâannĂ©es, le climat Ă©tait tropical. La lagune ne communiquant que trĂšs difficilement avec la haute mer, lâĂ©vaporation Ă©tait intense. Les animaux terrestres qui sâaventuraient sur le bord de la lagune laissant leurs empreintes dans une boue qui sĂ©chait rapidement.
En cas de tempĂȘte, des masses dâeau salĂ©es importantes, chargĂ©es en boue, en dĂ©bris de vĂ©gĂ©taux et en animaux vivants ou morts, pĂ©nĂ©traient dans la lagune; de l'eau douce, apportĂ©es par la pluie et le ruissellement, entraĂźnait Ă©galement des particules fines en grande quantitĂ©. Quand le calme revenait, les fines particules de sĂ©diments se dĂ©posaient en une couche rĂ©guliĂšre qui tapissait le fond et recouvrait dĂ©bris et empreintes.
Cette couche donnait alors naissance Ă un banc de calcaire lithographique.
Quand lâĂ©vaporation faisait Ă nouveau baisser le niveau de lâeau, celle-ci devenait sous-oxygĂ©nĂ©e et sur-concentrĂ©e en sels, ce qui entraĂźnait la mort de nombreux ĂȘtres vivants, tout en protĂ©geant leurs cadavres des charognards. Les tapis microbiens, qui prospĂ©raient, recouvraient les cadavres et les dĂ©bris vĂ©gĂ©taux, facilitant leur conservation sous forme de fossiles[1].
- Thrissops henkeli
- Orthocormus teyleri
- Macrosemius dumortieri
- Notagogus cf. imimontis
La faune fossile de Cerin
La fossilisation exceptionnelle sur le site de Cerin a permis la découverte de fossiles appartenant à de nombreuses espÚces. Des animaux à corps mou, qui ne sont généralement pas fossilisés, ont été retrouvés, comme plusieurs cas rarissimes de méduses fossile, appartenant à trois espÚces différentes. La faune d'échinodermes est trÚs abondante, représentés par des oursins, des étoiles de mer et des crinoïdes. Parmi les autres invertébrés, les mollusques (gastéropodes, bivalves, ammonites et bélemnites) sont rares, et les arthropodes représentés par quelques espÚces de décapodes[10].
Les poissons sont représentés par plus de 50 espÚces différentes, dont la plupart appartiennent aux actinoptérygiens. Les requins et les raies sont représentés par quelques genre de petite taille. Une seule espÚce de poisson à nageoire charnue est connue, Holophagus cirinensis. Cette faune trÚs moderne est le reflet d'une explosion radiative des poissons à nageoires rayonnées au Jurassique supérieur[10].
Les reptiles sont également abondants, avec des tortues (Idiochelys et Eurysternus), des rhynchocéphales (Euposaurus, Homeosaurus, Leptosaurus, Sapheosaurus, et une espÚce marine: Pleurosaurus) qui sont de proches parents des lézards, et plusieurs petits crocodiles terrestres de la famille des atoposauridés (Atoposaurus, Alligatorellus, Alligatorium) ainsi que le genre Crocodilaemus. Aucun dinosaure n'a été découvert sur le site, en revanche des restes d'un ptérosaure rattaché au genre Pterodactylus ont été retrouvés[10].
Musées
- Le musée des Confluences expose 24 fossiles issus de Cerin, dont certains trouvés par Victor ThiolliÚre.
- Le musée paléoécologique de Cerin
- Le muséum des sciences naturelles de Belgique expose des moulages de fossiles issus du site de Cerin.
- Le musée Teyler à Haarlem (Pays-Bas) expose des fossiles issus de Cerin.
Notes et références
- « Cerin Marchamp : un site de fouilles mondialement connu », sur voixdelain.fr, Voix de l'Ain,
- (en) Schweigert, G. 2007b. Ammonite biostratigraphy as a toolfor dating Upper Jurassic lithographic limestones fromSouth Germany â ïŹrst results and open questions. NeuesJahrbuch fĂŒr Geologie und PalĂ€ontologie Abhandlungen,245(1), 117â125
- (fr) http://www.museedesconfluences.fr/fr/ressources/collection-des-fossiles-de-cerin
- Cartes IGN consultées sur Géoportail.
- [PDF]« Actes du colloque « Histoire des collections», Lyon, Avril 2007: Collectionneurs et collections au XIXe siÚcle : EugÚne Dumortier et Victor ThiolliÚre », sur www.museedesconfluences.fr.
- Pierre Thomas, « La carriÚre de Cerin (commune de Marchamp, Ain) et ses faciÚs sédimentaires », Images de la semaine, sur Laboratoire de Sciences de la Terre / ENS Lyon, Olivier Dequincey, (consulté le ).
- (en) Audo D., Charbonnier S., Schweigert G. & Saint Martin J.-P. 2014. â New eryonid crustaceans from the Late Jurassic LagerstĂ€tten of Cerin (France), Canjuers (France), Wattendorf (Germany) and Zandt (Germany). Journal of Systematic Palae-ontology 12 (4): 459-479
- dont les holotypes de Cyclerion bourseaui et de Soleryon amicalis[7]
- , les fouilles de Cerin sur c3g.univ-lyon1.fr].
- (en) Paul Bernier, « The lithographic limestones of Cerin (southern Jura Mountains, France). A synthetic approach and environmental interpretation », Comptes Rendus Palevol, Volume 13, Issue 5,â , Pages 383-402 (lire en ligne)
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Victor ThiolliĂšre, Descriptions des poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura dans le Bugey, Paris, Editions J.-B. BailliĂšre, 1854.
- Victor ThiolliĂšre et Paul Gervais, Descriptions des poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura dans le Bugey. 2e partie revue et annotĂ©e par Paul Gervais avec lâaide de Gaston de Saporta, Falsan et Dumortier, Lyon, Ăditions H. Georg, 1873.
- Louis David, Une lagune tropicale au temps des dinosaures, Ă©dition du CNRS, 1985.
Lien externe
- La vie au Kimmeridgien... Ă Cerin sur le site Planet-Terre.