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Gaston de Saporta

Gaston de Saporta, né à Saint-Zacharie (Var) le et mort à Aix-en-Provence le , est un paléobotaniste français. Il a fait apparaître la transformation des espèces floristiques au cours des différentes ères.

Gaston de Saporta
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Louis Charles Joseph Gaston de Saporta
Nationalité
Domicile
Activités
Père
Adolphe Charles François Anne Gaspard de Saporta, Marquis de Saporta (d)
Mère
Irène Boyer de Fonscolombe (d)
Conjoint
Valentine de Forbin la Barben (d) (Ă  partir de )
Enfants
Anne Adolphe Charles Louis de Seaport (d)
Antoine de Saporta

Biographie

Une jeunesse dorée

Né d’une famille noble, Gaston de Saporta ne se destine pas à la paléobotanique. Bien que son père soit passionné par l’étude des papillons et son grand-père, Étienne de Fonscolombe, par l’entomologie en général, ses goûts sont plutôt littéraires à une époque où la poésie est fort prisée dans les salons. À 20 ans, il fréquente le monde, voyage et gère ses biens pour tenir son rang. Il a, en quelque sorte, une vie de dilettante fortuné.

Une révélation

C’est à la mort de sa femme, Valentine de Forbin des Issarts La Barben, le , qu’il cherche diversion dans la botanique et apprend à reconnaître les espèces végétales méditerranéennes et celles qu’il rencontre au cours de ses voyages. Très vite, il se spécialise dans les plantes fossiles et commence à parcourir les gisements proches et peu explorés des plâtrières d'Aix-en-Provence qu’il décrit et classe ensuite. Le , il épouse Émilie de Gabrielli de Gubbio, issue de la noblesse aixoise.

Les débuts de l'évolution

En 1860, il fait paraître dans le Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles son premier travail résumant les résultats de ses études sur les plantes fossiles de Provence. À partir de 1862, il publie des notes dans le Bulletin de la Société géologique de France, puis dans celui de la Société botanique de France. Il écrit notamment sous forme de chapitres successifs, dans les Annales des Sciences naturelles, ses Études sur la végétation du Sud-Est de la France à l’époque tertiaire. L’ensemble se termine en 1874, avec 238 espèces détaillées.

En 1864, il s’attaque à la flore quaternaire, puis en 1869 à celle du tertiaire. Les observations se sont multipliées dans la première moitié du XIXe siècle mais, au moment où Saporta commence ses recherches, les avancées n’en sont qu’à la vision de Cuvier : créations et destructions se sont succédé indépendamment les unes des autres.

Les découvertes paléontologiques de la seconde moitié du siècle mettent en avant les ressemblances entre certains fossiles d’ères différentes, voire avec des plantes de notre période contemporaine. « Il n’est pas d’arbre ou d’arbuste en Europe, dans l’Amérique du Nord, aux Canaries, dans la région méditerranéenne, qu’on ne rencontre à l’état fossile sous une forme spécifique plus ou moins rapprochée de celle d’aujourd’hui. »

Là, l’idée d’évolution émerge. C’est dans ce contexte que Saporta rend évidente cette continuité et fait aussi apparaître la transformation lente des espèces floristiques. De plus, lors de ses recherches autour d’Aix, il découvre une flore tropicale dans une région aujourd’hui tempérée. Incontestablement, il y a une variation du climat, ce qui vient définitivement ruiner l’hypothèse des révolutions du globe. Pas de cataclysme pour effacer les espèces disparues de la surface de la Terre, pas de création pour renouveler un monde vivant. Il ira même plus loin, en affirmant l’existence d’un « berceau primitif » dans le Nord. Les différentes expéditions ont rapporté des fossiles témoignant d’une végétation à l’ère tertiaire au Spitzberg, au Groenland et en Islande. Les migrations des plantes seraient liées aux changements climatiques.

Dans des échanges avec Darwin, entre 1875 et 1881, l'hypothèse de la co-évolution entre plantes à fleurs et insectes est posée par Gaston de Saporta, sans qu'il n'emploie, toutefois, le terme de "co-évolution".

L'homme de sciences

Il est bientôt connu des hommes de science qui apprécient ses découvertes et, bien qu’amateur, il sait très rapidement s’imposer. Il entretient notamment une correspondance avec Darwin, dont il partage les idées évolutionnistes. On reconnaît ses résultats et on admire sa droiture. Le cas de Saporta est exceptionnel. Il n’aura jamais le souci de gravir les échelons d’une carrière et peut donc affirmer ses opinions sans crainte de déplaire.

Il voyage pour ses recherches, se rend aussi au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, assiste aux réunions des sociétés savantes, participe à des congrès. Il use de son influence pour qu'un musée d'histoire naturelle soit créé à Aix et lui donne une partie de son herbier et de sa collection de plantes fossiles.

À la mort d'Alcide Dessalines d'Orbigny, il participe avec Louis Édouard Gourdan de Fromentel et Henry Testot-Ferry à la création du Comité de paléontologie française. L'objectif est de poursuivre la Paléontologie française de d'Orbigny : 16 nouveaux volumes verront le jour et servent toujours de référence aujourd'hui.

Il est très présent dans les activités locales et, en 1866, entre à l’Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d'Aix, dont il sera plusieurs fois président. En quelque sorte, il suit une destinée familiale puisque depuis trois générations, quatre membres de sa famille en ont fait partie.

Connu des milieux scientifiques nationaux, il est sollicité par de nombreuses sociétés savantes en France et à l'étranger. Il devient membre associé, titulaire ou correspondant de 20 sociétés, reçoit la légion d’honneur en 1873. En 1876, il est élu membre correspondant de Académie des sciences de Paris. Ses publications sont considérables, allant de comptes rendus scientifiques aux ouvrages de vulgarisation pour le grand public, mais il publie aussi des ouvrages plus historiques ou littéraires, notamment sur la famille de Madame de Sévigné.

À partir de 1893, sa santé devient fragile et il a des troubles cardiaques. Il meurt deux ans plus tard, le , à Aix-en-Provence, d’une crise cardiaque.

Gaston de Saporta est le père d'Antoine de Saporta.

Hommage posthume

Au centre d'Aix-en-Provence dans le bourg Saint-Sauveur, une rue porte son nom. C'est au numéro 21 de celle-ci (où se trouve actuellement l'Institut de management public et gouvernance territoriale (IMPGT) de l'université d'Aix-Marseille), alors dénommée rue de la Grande-Horloge, que vivait le savant[2]. La rue, jalonnée par la cathédrale Saint-Sauveur, part de la place de l'Hôtel-de-Ville pour aboutir au boulevard extérieur. On y trouve notamment le musée du Vieil-Aix, qu'abrite l'hôtel d'Estienne-de-Saint-Jean, et l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence.

Publications

  • Sur le rĂ´le des vĂ©gĂ©taux Ă  feuilles caduques dans les flores tertiaires antĂ©rieures au miocène proprement dit et spĂ©cialement dans celle du gypse d'Aix, 1863 Texte en ligne
  • Notice sur les plantes fossiles des calcaires concrĂ©tionnĂ©s de Brognon (CĂ´te-d'Or), 1866 Texte en ligne
  • La Flore des tufs quaternaires en Provence, 1867 Texte en ligne
  • Caractères de l'ancienne vĂ©gĂ©tation polaire : analyse raisonnĂ©e de l'ouvrage de M. Oswald Heer intitulĂ© Flora fossilis Artica, 1868 Texte en ligne
  • La VĂ©gĂ©tation du Globe dans les temps antĂ©rieurs Ă  l'homme, 1868
  • La PalĂ©ontologie appliquĂ©e Ă  l'Ă©tude des races humaines, 1868
  • Prodrome d'une flore fossile des travertins anciens de SĂ©zanne, Paris, SociĂ©tĂ© gĂ©ologique de France, (lire en ligne)
  • Le PhĂ©nomène de la vie, discours prononcĂ© Ă  la sĂ©ance publique annuelle de l'AcadĂ©mie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d'Aix, 1870
  • Études sur la vĂ©gĂ©tation du sud-est de la France Ă  l'Ă©poque tertiaire : rĂ©vision de la flore des gypses d'Aix, 1872
  • Flore fossile du Portugal Texte en ligne 1 2 3
  • Essai sur l'Ă©tat de la vĂ©gĂ©tation Ă  l'Ă©poque des marnes heersiennes de Gelinden, avec Antoine-FortunĂ© Marion, 1873
  • PalĂ©ontologie française, ou Description des fossiles de la France, commencĂ©e par Alcide d'Orbigny et continuĂ©e par un groupe de palĂ©ontologues. 2e sĂ©rie : VĂ©gĂ©taux. Plantes jurassiques, par le Comte de Saporta, 6 vol., 1873-1884
  • Notice sur les plantes fossiles du niveau des lits Ă  poissons de Cerin, 1873 Texte en ligne
  • Examen critique d'une collection de plantes fossiles de Koumi (EubĂ©e), 1873 Texte en ligne
  • Recherches sur les vĂ©gĂ©taux fossiles de Meximieux, avec Antoine-FortunĂ© Marion, 1876
  • Les Anciens climats de l'Europe et le dĂ©veloppement de la vĂ©gĂ©tation, 1878 Texte en ligne
  • Essai descriptif sur les plantes fossiles des Arkosses de Brives près le Puy-en-Velay, 1878 Texte en ligne
  • RĂ©vision de la flore heersienne de Gelinden, d'après une collection appartenant au Cte de Looz, avec Antoine-FortunĂ© Marion, 1878
  • Le Monde des plantes avant l'apparition de l'homme, 1879 Texte en ligne
  • Les Temps quaternaires, 1881 Texte en ligne
  • Aperçu gĂ©ologique du terroir d'Aix-en-Provence, 1881
  • L'Ă©volution du règne vĂ©gĂ©tal - 1. Les cryptogames, avec Antoine-FortunĂ© Marion, Paris, Germer Baillière, coll. «Bibliothèque scientifique internationale», 1881 Texte en ligne
  • Ă€ propos des algues Jossiles, 1882
  • La Formation de la houille, 1882
  • Un essai de synthèse palĂ©oethnique, 1883
  • Les Organismes problĂ©matiques des anciennes mers, 1884 Texte en ligne
  • L'Ă©volution du règne vĂ©gĂ©tal. Les phanĂ©rogames, avec Antoine-FortunĂ© Marion, 2 vol., Paris, FĂ©lix Alcan, coll. «Bibliothèque scientifique internationale», 1885 Texte en ligne
  • Origine palĂ©ontologique des arbres cultivĂ©s ou utilisĂ©s par l'homme, 1888
  • Dernières adjonctions Ă  la flore fossile d'Aix-en-Provence, prĂ©cĂ©dĂ©es de Notions stratigraphiques et palĂ©ontologiques appliquĂ©es Ă  l'Ă©tude du gisement des plantes fossiles d'Aix-en-Provence, 1889 Texte en ligne 1 2 3
  • La Famille de Mme de SĂ©vignĂ© en Provence, d'après des documents inĂ©dits, 1889
  • Recherches sur la vĂ©gĂ©tation du niveau Aquinien de Manosque, 1891 Texte en ligne
  • Correspondance entre Charles Darwin et Gaston de Saporta, prĂ©cĂ©dĂ©e de Histoire de la palĂ©obotanique en France au XIXe siècle par Yvette Conry, Paris : Presses universitaires de France, 1972

Annexes

Sources

  • AndrĂ© Bailly, DĂ©fricheurs d’inconnu, Peiresc, Tournefort, Adanson, Saporta, Édisud, Aix-en-Provence, 1992
  • R. Zeiller, Le Marquis G. de Saporta, sa vie et ses travaux, Bulletin de la sociĂ©tĂ© gĂ©ologique de France, , p. 197-232
  • William E.Friedman, The meaning of Darwin's “abominable mystery”, American journal of Botany, 2009

Articles connexes

  • Famille de Saporta

Liens externes

Notes et références

  1. « http://archivdatenbank-online.ethz.ch/hsa/#/content/c5be149dba4746149d8e054d0952e174 » (consulté le )
  2. Deux siècles d'Aix-en-Provence. 1808-2008, divers auteurs, Académie d'Aix éditions, Aix-en-Provence, 2008, p. 254.

Saporta est l’abréviation botanique standard de Gaston de Saporta.

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