Sidi Bel Abbès (prononcé[si.di.bel.ab.bes] , en arabe : سيدي بلعباس, en berbère ⵜⴻⵙⴰⵍⴰ Tessala), appelée aussi Bel Abbès, est une commune de la wilaya de Sidi Bel Abbès, dont elle est le chef-lieu[4], centre commercial et industriel dynamique situé à 82 km d'Oran, la ville compte 212 935 habitants. Un habitant de la ville de Sidi-Bel-Abbès est appelé un Bel-Abbésien.
Sidi Bel Abbès est située à 470 m d'altitude, à 82 km au sud d'Oran, à 87 km au nord-est de Tlemcen, à 60 km au nord-est d'Aïn Témouchent, à 93 km au sud-est de Mascara et à 96 km au sud-ouest de Saïda.
La ville se déploie sur les rives de la Mekerra (en arabe ﻭﺍﺩ مكرة, ancien nom local du Sig), et de l'ouedSarno. Elle se situe au centre d'une vaste plaine ondulée de 500 m d'altitude moyenne, entre les monts du Tessala au nord et les monts de Daya au sud. La chaîne du Tessala la sépare des plaines de la Mleta et du Tlélat. À l'est, une suite de hauteurs s'étendent jusqu'aux monts qui soutiennent les hauts plateaux alors qu'à l'ouest se trouvent les massifs de Tlemcen (Monts de Tlemcen) et d'Aïn-Témouchent (Djebel Seba Chioukh).
Bien que le site de Sidi Bel Abbès soit stratégique puisqu'il permet le contrôle des nomades du sud venant dans le Tell et la route entre Mascara et Tlemcen, il n'y est érigé qu'une forteresse à partir de 1835 par les militaires français.
Vue aérienne de Sidi Bel Abbès vue du nord.
Centre-ville de Sidi Bel Abbès.
École des beaux-arts de Sidi Bel Abbès.
Festival International de Danses Populaires de Sidi Bel Abbès
Climat
Le climat est très chaud en été. En hiver, un peu froid avec de la neige rarement.
La ville et la contrée de Sidi Bel Abbès doit son nom à un saint personnage musulman : Sidi Bel Abbès El Bouzidi qui aurait vécu au XVIIIe siècle dans la région où fut fondée plus tard, au XIXe siècle, la ville du même nom. Le nom berbère de la localité serait Tessala ⵜⴻⵙⴰⵍⴰ et voudrait dire en langue berbère : "une terre gorgée d'eau".
Histoire
La petite région de Sidi Bel Abbès est depuis très longtemps le creuset d'une population aux mœurs sédentaires préoccupée d'agriculture et d'irrigations[6]. Les terres berbères de la contrée du Tessala, dénommées Astasilis à l'époque romaine, puis judicieusement terres du blé par les Arabes pour qualifier leur fertilité, sont couvertes de ruines antiques.
Au XIe siècle, la région enregistre des mouvements de population considérables nés de la poussée des tribus Beni Hillal et de la domination des Almoravides. Au XVIe siècle, les Espagnols qui veulent s'implanter dans le pays sont repoussés à plusieurs reprises, après avoir été tenus en échec par de multiples attaques dans la région de Sidi Bel Abbès qui leur coûtent plus de 1 000 soldats. Leur refuge Oran est pris d'assaut.
À la création du centre de colonisation, qui deviendra la cité, il sera baptisé Sidi Bel Abbes. Si au début, il n’y avait que quelques indigènes autour de la place forte, l’implantation de nombreux Européens, motivée par la richesse des terres, va rapidement drainer la main d’œuvre locale.
La ville a été bâtie par les légionnaires en 1843 sur les rives de la Mekkera, car il s'agit d'un endroit stratégique et bien irrigué. C'est le capitaine du génie Prudon qui dessina la ville. Comme toutes les villes dessinées par le génie militaire, Sidi-Bel-Abbès fut construite sur un plan en damier avec des fortifications et des portes à chaque coin. Sa création fut officialisée par un décret de l'Etat daté du signé par Louis Napoléon Bonaparte. Son premier nom fut Biscuit Ville puis, en 1859, elle prend le nom de Bel-Abbès-Napoléon un très court temps pour devenir Sidi-Bel-Abbès , le nom d'un saint musulman "Sidi Bel Abbes el Bouzidi".
Noirs du Touat et du Gourara, Berbères du Maroc et de l’Oranie, Hamianes, Kabyles, Mozabites, Tlemcéniens, Nédromis, Chéragas (habitants de l’est de l’Oranie autour de Mazouna et Relizane) vont se fixer chacun charriant sa culture et ses croyances.
La colonisation française
En 1830 a lieu le débarquementdes troupes du maréchal de Bourmont, et très vite, les opérations de conquête ne cessent de se développer. En 1835, le maréchal Bertrand Clauzel se lance dans une grande expédition ayant pour but de détruire Mascara, capitale établie par l'émir Abd el-Kader. Cette expédition débute le 10 novembre à Oran et se termine comme convenu à Mascara le 5 décembre. Tout au long de ce trajet, le général ne manque pas d'établir des relais fortifiés dans de multiples lieux stratégiques. Parmi ces endroits stratégiques, on retrouve le plateau de Sidi Bel Abbès qui permet de surveiller et ainsi de contrôler tous les déplacements des autochtones entre Mascara et Tlemcen mais également entre Oran et les Hauts plateaux. Ce poste de surveillance est érigé sur la rive droite de la Mekerra, face au mausolée de Sidi Bel Abbès.
Blason de Sidi-Bel-Abbès pendant la colonisation française.
Vers 1840, le gîte d'étape est transformé en campement provisoire puis en poste permanent deux ans plus tard afin de mieux surveiller les tribus. Puis en 1843, le général Bugeaud y installe un camp retranché derrière un fossé et des remparts construits par les chasseurs d'Afrique et la Légion étrangère. Cependant, les légionnaires vivent dans l'isolement et sont constamment confrontés à des difficultés de ravitaillement. Pour améliorer leurs conditions de vie dans cette région, ils s'investissent dans des travaux de drainage des marais, de débroussaillage du sol, le débarrassant ainsi des palmiers-mains (le doum), des genêts épineux, des jujubiers sauvages, etc.[8].
Dès 1843, l'émir Abd el-Kader, opposant à la colonisation française, dirige plusieurs opérations contre les troupes du général Bedeau qui installe une redoute tenue par la Légion étrangère à proximité du modeste mausolée du marabout Sidi Bel Abbès, sur la rive droite de la rivière Mekerra. La ville de Sidi Bel Abbès, embryonnaire en 1843, est véritablement créée après les années 1850 par les Français. Elle est une ville-garnison de la Légion étrangère dès 1843 et en sera la maison-mère jusqu'à l'indépendance de l'Algérie en 1962.
En 1847, le général Lamoricière, commandant de la division d'Oran, a eu l'idée de concevoir une ville fortifiée pour encore mieux surveiller les tribus indigènes, mais aussi faciliter la libre circulation entre Mascara et Tlemcen et entre Oran et les hauts plateaux. La proposition du général est très bien accueillie par la commission, et le , le gouverneur général propose la création de la ville en se basant sur les plans qu'avait dessinés le capitaine Prudon. Et c'est ainsi que par décret du , le président de la République le prince Louis-Napoléon Bonaparte décide : " il est créé à Sidi Bel Abbès… un centre de population européenne de 2 000 à 3 000 habitants auquel on attribuera le nom de Sidi Bel Abbès[8].
La redoute construite en 1843 près de la koubba ou chapelle de Sidi Bel Abbès est le centre de la ville prévue par le plan de colonisation républicain après 1848. Des confiscations de terres aux indigènes sont organisées sans ménagement. Mais les premiers colons déportés politiques français sont décimés par les maladies et affaiblis par les brutalités de leurs geôliers. L'absence de sources dans la plaine rend les premières installations agricoles complexes et pénibles. Le sol peu compact se laisse facilement défricher, mais la régulation de l'eau est impossible : il y a trop puis plus du tout. La colonisation reste à l'état de projet.
Napoléon III accueilli triomphalement par les militaires français et les chefs traditionnels algériens accentue la politique de mise en valeur des terres afin de mettre en valeur le pays. L'appel à la colonisation est placardé dans les contrées rurales françaises, mais aussi dans les pays limitrophes de la France. Le voyage aller est suivant les différents contrats passés avec le colon, souvent offert gracieusement ou offert à prix réduit, une aide substantielle en nature ou équipement est promise à l'arrivée pour l'installation.
Plan de la citadelle de Sidi-bel-Abbès en 1887.
Les premières installations tels que les remparts et les rues se réalisent lentement entre 1849 et 1857. Les casernes militaires et l'hôpital datent de la même époque. Les édifices publics et les constructions privées sont construits plus tardivement. Au tournant de 1860, des milliers de colons européens, hommes, femmes et enfants arrivent en chariot dans la contrée. La première année d'adaptation est difficile car aucun aménagement viable n'est réalisé. Mais qu'une sécheresse récurrente survienne ou une nuée de sauterelles ou criquets du désert dévaste les premières bonnes récoltes. Les colons épuisés, parfois malades, à force de construire leurs abris, de défricher sans expérience les sols et de lancer les premières cultures expérimentales, sont obligés de s'endetter. Les familles même paysannes subissent les privations inconnues dans leurs anciens terroirs.
La ville est entourée de murs de protections avec quatre portes qui permettent l'accès à la ville : au nord la porte d'Oran, au sud la porte de Daya, à l'ouest la porte de Tlemcen et enfin celle de Mascara à l'est. Elle est appelée parfois biscuitville par les voyageurs en raison de sa fonction de ville étape pour le ravitaillement pour les troupes descendant vers le sud. Tous les postes-magasins militaires s'appellent ainsi. C'était un nom commun et non pas un nom propre comme Daya, Frendah, etc.
Napoléon III au cours d'un second voyage débarque à Sidi Bel Abbès le , il décide que la ville s'abrègera de Bel-Abbes. On ne sait pourquoi le décret consacrant ce changement n'a jamais été rendu. En prenant le toponyme de la modeste kouba ou tombe près de la rive gauche de l'oued Mekerra proche de la redoute militaire protectrice, la ville reprend et porte à la postérité le nom d'un saint homme musulman "Sidi Bel Abbès Bouzidi".
En 1881, Sidi Bel Abbès, est une commune chef-lieu de subdivision militaire de 16 840 habitants, chef-lieu d'arrondissement du département d'Oran en pleine croissance ferroviaire. Une voie ferrée la relie à Sainte-Barbe-du-Tlélat, station de la grande ligne d'Alger à Oran. Ce carrefour ferroviaire à 52 km est le point de départ d'un embranchement vers Sidi Bel Abbès qui dessert successivement les stations de Saint-Lucien, Lauriers-Roses, Oued-Imbert, Trembles et Sidi-Brahim. La ligne de Sidi Bel Abbès à Ras El-Mâ est inaugurée en .
Économie
Hôtel Beni-Tala
Hôtel Eden Bel abbes ouvert le 1er novembre 2012
La ville est un centre commercial et industriel. L'activité de la ville est surtout axée sur les machines agricoles, le matériel électrique, les chaussures et les laiteries.
La ville accueille le siège de l'usine de l'ENIE fabrique des téléviseurs, panneaux photovoltaïques, systèmes de télésurveillance et d'autre produits électroniques à destination des ménages et des professionnels.
Entreprise de Construction de matériels agricoles (CMA), est un complexe de fabrication et commercialisation de matériels agricoles et de la sous-traitance
Groupe des Sociétés Hasnaoui, industrie des Services et de la Distribution.
Groupe Chiali, professionnel des plastiques extrudés depuis le début des années 80, se présente comme fournisseur de solutions fiables dans l’eau, le gaz, l’irrigation et le bâtiment.
Famag-Sonalika une Grande societé de construction de matériels agrigoles .
La ville de Sidi Bel Abbès recèle un riche patrimoine archéologique et historique. En effet,un grand nombre des vestiges historiques et architecturaux recensés dans la région datent de l'ère coloniale. Ces vestiges sont pour une grande partie soient abandonnés ou en mauvais état (beaucoup ont subi de multiples actes de vandalisme et de dégradations) [9].
Ainsi au niveau de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, neuf forts sont recensés, dont la plupart sont dégradés. L'un d'entre eux qui est à présent occupé par la direction des Douanes, fut l'une des résidences de l'empereur français: Louis-Napoléon Bonaparte, dit Napoléon III en visite dans la ville, le .
L'aire urbaine recèle plusieurs sites naturels et touristiques dont le Lac de Sidi Mohamed Benali, la forêt récréative de Louza[10]. El Atouche , Tessala (monts du Tessala), offre une immense vue panoramique puisqu'il sépare Sidi Bel Abbès du littoral oranais, il abrite sur son site, les ruines d'un fort romain, attestant la présence romaine dans ces lieux dont le nom antique était: Astacilis.
Le jardin public, dont la création remonte à 1857, abrite plusieurs structures, dont une piscine, un bassin d'initiation à la natation, des aires de jeu et de détente, ainsi qu'un théâtre de Verdure. la flore y est y diversifiée; On y trouve notamment le bougainvillier, le laurier, la giroflée. Le site est également peuplé d'une variété d'espèces d'arbres majestueux, tels le platane, le caroubier, l'orme, l'acacia, le cyprès, le saule pleureur ainsi qu'un séquoia centenaire.
La ville de Sidi Bel-Abbès, a donné naissance a un groupe de musique, le groupe Raïna Raï, symbole de toute une ville dont le guitariste attitré Lotfi Attar et le vocaliste Djilali Razkallah (dit Djilali Amarna), natifs tous les deux de la ville. Sans oublier l'ancien Groupe ; Les fréres Zergui Les maitres de la chanson old raî .
Festivals et événements
Le festival de la chanson Raï est un festival annuel qui se tient depuis 2008 à Sidi Bel Abbés, ainsi que le festival international des danses populaires dans toute sa diversité, représenté par des troupes nationales et étrangères.
Festival international des danses populaires 2014.
Éducation
La ville de Sidi Bel Abbes est un important centre d’enseignement supérieur. L'université Djillali Liabés est composée de plus de 400 salles de cours, dont 55 amphithéâtres et 32 laboratoires de recherche[10]. Elle est classée par le U.S. News & World Report au 62e rang du classement régional 2016 des universités arabes. Plus récemment, l'université s'est dotée d'une école supérieure des beaux-arts.
Médias
Radio
Radio Sidi Bel Abbès (FM = 99.2 / 104.7) est une station locale généraliste qui fait partie de la Radio algérienne
Presse
Ouest info est un quotidien local d'information générales; Bel-abbes info est le premier journal électronique de la wilaya de Sidi bel Abbès.
Sidi Bel Abbès dans la culture
Dans la littérature
En 1912, l'écrivain allemand Ernst Jünger a résidé dans cette ville au cours de son bref engagement dans la Légion étrangère à l'âge de 17 ans. Il a raconté cette aventure et décrit une partie de la ville dans son récit Jeux africains publié en 1936.
Personnalités liées à Sidi Bel Abbès
Houda-Imane Faraoun, physicienne et chercheuse algérienne. Elle a été ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, y est née.
Maïssa Bey, nom de plume de Samia Benameur, y a résidé.
Belabbas Boudraâ, est l'un des précurseurs dans la lutte contre le cancer et considéré comme un des pères de la chirurgie algérienne, y est né.
Mustapha Allal (à l'état civil Mostefa), pharmacien-biologiste, y est né le 23/02/1925 et y est mort le 28/12/2011, Président de la délégation spéciale (Maire) de Sidi-Bel-Abbès : 1965-1967, premier Président de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) de Sidi-Bel-Abbès : 1974-1979[11]
Djilali Liabes, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, puis ministre de l'éducation nationale sous le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali, y est né en 1948. Décédé en 1993 à la suite d'un attentat.
H'mida Ayachi (1958-),écrivain et journaliste algérien, y est né.
Kad Merad (1964-), acteur et humoriste français, y est né.
René Viviani (1862-?), homme politique de la Troisième République, président du conseil lors de la Première Guerre mondiale, y est né.
René Justrabo (1917-2013), maire de Sidi Bel Abbès entre 1947 et 1953.
Mohamed Haddouche (1984-),joueur d'échecs algérien et grand maître international depuis 2014, y est né.
Mohamed Bahari (1976-), boxeur algérien qui concourait dans les poids moyens et Mi-lourd. Il a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de 1996 à Atlanta dans la catégorie des moins de 75 kg
Reda Benkaddour, champion d’Algérie, champion d’Afrique, champion Panarabe, champion Méditerranéen, champion des Jeux Africains, champion du monde en Karatedo, est né en 1969 à Sidi Bel Abbès.
D'autres personnalités, ont également marqué la ville ou vécurent dans cette ville. À l'instar de Kateb Yacine expatrié en 1978 à Sidi-Bel-Abbès pour diriger le théâtre régional de la ville.
Albert Camus, écrivain, Prix Nobel de littérature (1957), a vécu à Sidi Bel-Abbès où on lui a proposé un poste de professeur de latin au lycée Laperrine.
Slim, dessinateur de presse et auteur de bandes dessinées. né le 15 décembre 1945 à Sidi Ali Benyoub.
Saddek Benkada, historien et sociologue, secrétaire général de la mairie de Sidi Bel Abbès (1975-1977).
Les archéologues ont prouvé cette activité millénaire utilisant la richesse du sol et le grand nombre de cours d'eau aménageable que compte la région.
Georges Bensadou, Sidi Bel Abbès, naissance d'une ville, revue L'Algérianiste no 75, septembre 1996 Lire en ligne
Décret présidentiel du 5 janvier 1849 : "Art.1-Il est créé à Sidi Bel Abbès, dans la position indiquée sur le plan ci-annexé, un centre de population européenne de 2 000 à 3 000 habitants, qui prendra le nom de ville de Sidi Bel Abbès. Art.2-La circonscription territoriale sera fixée par un arrêté ultérieur." (fixée à 16 104 ha par décret du 26 mars 1852) - source : Dictionnaire de la législation algérienne 1830-1860, de M.P. de Ménerville, Alger/Paris 1867 - page 668 - Lire en ligne
Michèle Perret, Les arbres ne nous oublient pas, Chèvre-feuille étoilée, 2016