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Royaume d'Ibérie

L'IbĂ©rie (en gĂ©orgien : იბერია, en latin : Iberia, en grec : ጞÎČÎ·ÏÎŻÎ±), aussi connue sous le nom d'IvĂ©rie (en gĂ©orgien : ივერია), Ă©tait le nom donnĂ© par les Grecs et les Romains Ă  l'ancien royaume de Karthlie (en gĂ©orgien : Ⴤართლი), qui, pendant l'AntiquitĂ© classique et le dĂ©but du Moyen Âge Ă©tait une monarchie importante dans le Caucase, soit en tant qu'Ă©tat indĂ©pendant, soit en tant que dĂ©pendant d'empires plus importants, notamment pour les Sassanides ou les Romains[3]. L'IbĂ©rie, centrĂ©e sur l'actuelle GĂ©orgie orientale, Ă©tait bordĂ©e par la Colchide Ă  l'ouest, l'Albanie du Caucase Ă  l'est et le royaume d'ArmĂ©nie au sud.

Royaume d'Ibérie
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302 av. J.-C. – 580

Drapeau
Drapeau du royaume aprĂšs sa christianisation.
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Développement du royaume d'Ibérie.
Histoire et événements
299 av. J.-C. Unification de la GĂ©orgie orientale
1 Arrivée des Artaxiades au pouvoir
55 Division de Mtskheta et d'Armazi.
130 RĂ©unification.
189 Arrivée des Arsacides au pouvoir.
284 Fondation de la dynastie chosroĂŻde.
337 Christianisation de l'Ibérie.
580 Abolition de la monarchie par l'empire sassanide.

Entités précédentes :

L'histoire de l'Ibérie en termes de chronologie est trÚs mitigée. Ici, les principales sources sont les Chroniques géorgiennes.

Le terme « IbĂ©rie caucasienne » (ou IbĂ©rie orientale) est utilisĂ© pour distinguer la rĂ©gion caucasienne de la pĂ©ninsule IbĂ©rique, oĂč se situent les actuels Espagne, Portugal et Andorre. Les IbĂšres du Caucase forment une base pour le futur État gĂ©orgien et, en mĂȘme temps que les Colches de Colchide (autre ancien État gĂ©orgien, situĂ© sur la cĂŽte orientale de la mer Noire), le noyau de la population gĂ©orgienne actuelle. L'Ă©tymologie semble remonter Ă  la racine indo-europĂ©enne *PiHwerjoHn (piouĂšryon, « fertile »)[4].

Histoire

Premiers temps

Carte de Ptolémée

La région n'était, jadis, habitée que par quelques tribus qui faisaient partie du peuple appelé « IbÚres » (les IbÚres orientaux) par les anciens auteurs. Plus tard, les indigÚnes nommÚrent leur propre pays la « Karthlie », d'aprÚs le chef mythique des IbÚres, Karthlos, fils de Targamos, qui vint s'installer dans le Caucase avec sa famille aprÚs l'épisode de la tour de Babel.

Les MeskhÚtes, mentionnés par différents historiens classiques, et leurs possibles descendants, les SaspÚres (mentionnés par Hérodote), purent jouer un rÎle crucial dans la consolidation des tribus habitant la région. Les MeskhÚtes s'établirent petit à petit vers le nord-est, fondant des colonies. La principale colonie était Mtskheta, la future capitale du royaume d'Ibérie. La tribu habitant Mtskheta était dirigée par un mamasakhlissi (« chef de la maison », en géorgien).

La source mĂ©diĂ©vale gĂ©orgienne Moktsevay Karthlisay (Conversion de la Karthlie) parle d'un certain Azon et de son peuple, qui venait de l'Aryan-Karthlie (la Karthlie perse), le lieu des origines des proto-IbĂšres qui fut dominĂ© par les AchĂ©mĂ©nides jusqu'Ă  la chute de l'Empire perse. Azon se serait Ă©tabli Ă  Mtskheta. Mais une autre source gĂ©orgienne, tirĂ©e des Chroniques gĂ©orgiennes, prĂ©tend qu'Azon Ă©tait un officier d'Alexandre le Grand, qui massacra la famille rĂ©gnante de Mtskheta et qui conquit la rĂ©gion, avant d'ĂȘtre vaincu Ă  son tour par le prince Pharnabaze, neveu du dĂ©funt mamasakhlissi, aux alentours des annĂ©es 300 av. J.-C.

L'histoire de l'invasion d'Alexandre le Grand en IbĂ©rie, mĂȘme si celle-ci est entiĂšrement inventĂ©e par les historiens mĂ©diĂ©vaux, fait toutefois rĂ©flĂ©chir sur la crĂ©dibilitĂ© Ă  accorder Ă  la lĂ©gende selon laquelle la monarchie ibĂšre se serait Ă©tablie durant la pĂ©riode hellĂ©nistique et sur le dĂ©sir des auteurs gĂ©orgiens de crĂ©er une filiation entre Alexandre le Grand et la GĂ©orgie.

Pharnabaze et ses descendants

Pharnabaze Ier, victorieux et dominateur de toute l'IbĂ©rie, prit le titre de roi, probablement entre 299 et 284 av. J.-C. AprĂšs avoir repoussĂ© une invasion, il soumit les États voisins et rĂ©duisit Ă  l'Ă©tat de vassaux les royaumes d'Egrissi (Colchide orientale) et de DzourdzoukĂ©tie (sud de la TchĂ©tchĂ©nie). Il assura sa force en se reconnaissant vassal d'Antiochos Ier de Syrie, puis se focalisa sur l'intĂ©rieur du royaume. Pharnabaze Ier rĂ©forma l'administration chaotique d'Azon, divisa le royaume en saĂ©ristavos (grands-duchĂ©s), officialisa le panthĂ©on ibĂšre, crĂ©a un alphabet et fit construire le premier palais royal d'IbĂ©rie sur la citadelle d'Armaz, qui reste en activitĂ© jusqu'au VIe siĂšcle. À la mort de Pharnabaze, celui-ci laissa Ă  ses successeurs un royaume puissant et dominant le Caucase. Ses descendants laissent tomber les conquĂȘtes dans le sud et se focalisent sur la stabilitĂ© des Portes du Caucase, principale source de la puissance ibĂšre.

La pĂ©riode suivant cette Ă©poque de prospĂ©ritĂ© fut une pĂ©riode de guerre incessante pour l'IbĂ©rie qui dut subir plusieurs invasions des puissances voisines. Elle perdit plusieurs territoires au profit de l'ArmĂ©nie et les terres colches formĂšrent des principautĂ©s indĂ©pendantes. À la fin du IIe siĂšcle av. J.-C., le roi Parnadjom Ier fut dĂ©trĂŽnĂ© par son propre peuple qui plaça sur le trĂŽne vacant le prince armĂ©nien Artaxias, qui fonda la dynastie artaxiade d'IbĂ©rie.

La période romaine

Cette proche association avec l'Arménie causa au pays l'invasion par le général romain Pompée, en 65 av. J.-C., en guerre contre Mithridate VI du Pont et qui étendit la guerre en Arménie. Mais Rome n'établit pas une administration permanente en Ibérie. Dix-neuf ans plus tard, en 36 av. J.-C., les Romains marchÚrent encore contre le faible royaume et forcÚrent le roi Pharnabaze II à s'allier avec eux contre l'Albanie du Caucase.

Pendant que l'autre royaume gĂ©orgien de Colchide Ă©tait administrĂ© en tant que province romaine, l'IbĂ©rie accepta librement la protection romaine. Une inscription retrouvĂ©e Ă  Mtskheta parle du roi Mihrdat Ier (58-106) en tant que « l'ami des CĂ©sars » et le roi « des pro-Romains ibĂšres ». L'empereur Vespasien fortifia en 75 pour le mĂȘme roi la ville de Mtskheta et la citadelle d'Armaz.

Les deux siÚcles suivants virent une continuation de l'influence romaine sur la région, mais sous le rÚgne de Pharasman II (116-132), l'Ibérie regagna quelque peu de son ancien pouvoir. Les relations entre le roi et l'empereur Hadrien étaient tendues. Toutefois, ces relations se détendirent sous le rÚgne d'Antonin le Pieux, pendant lequel Pharasman visita Rome et eut l'honneur d'avoir une statue à son image sur le forum romain. Cette période amena un changement majeur dans le statut politique de l'Ibérie envers Rome, qui la reconnaissait comme une alliée, et non plus comme un vassal, un statut inchangé durant les hostilités entre l'empire et les Parthes.

Entre Byzance et la Perse

Carte du Caucase vers 300.

La fondation de l'Empire sassanide en 224 fut dĂ©cisive pour la future histoire de l'IbĂ©rie. En remplaçant la faible et pauvre nation parthe par un État fort et centralisĂ©, les Perses rĂ©cupĂ©rĂšrent la Karthlie dans leur giron. L'IbĂ©rie devint un État tributaire des Sassanides sous le rĂšgne de Shapur Ier (241-272). Les relations entre les deux pays semblent avoir Ă©tĂ© d'abord amicales, tant que l'IbĂ©rie aidait la Perse durant ses campagnes contre l'Empire romain. Le roi ibĂšre Amazap III (260-265) Ă©tait mentionnĂ© dans les sources officielles persanes comme un vassal de CtĂ©siphon.

L'Ibérie perdit alors son particularisme et les Sassanides, grùce à leur agressivité, réussirent à établir le zoroastrisme comme religion nationale, entre 260 et 290. Toutefois, la paix de Nisibe de 298 assura à Rome le contrÎle du Caucase, et le nouveau roi Mirian III fut reconnu par Rome en tant que premier roi de la dynastie chosroïde. La prédominance byzantine en Ibérie est encore plus cruciale à partir de la conversion de Mirian III au christianisme, vers 317. Cet évÚnement se serait produit grùce à une missionnaire cappadocienne, sainte Nino, dont le pÚre était un général romain qui combattait dans les armées de l'empereur Maximien Hercule.

La religion devient un lien puissant entre la GĂ©orgie et Constantinople et a un large impact sur la culture et la sociĂ©tĂ© de l'État. Toutefois, aprĂšs que l'empereur Julien eut Ă©tĂ© dĂ©fait par les troupes persanes en 363, Byzance cĂ©da Ă  la Perse le contrĂŽle de l'IbĂ©rie, et le roi Varaz-Bakour Ier (363-365) devint un vassal de CtĂ©siphon, statut confirmĂ© par la paix d'AcilisĂšne en 387. Mais prĂšs d'un demi-siĂšcle plus tard, le roi ibĂšre Pharasman IV (406-409) restaura l'autonomie de son pays et cessa de payer tribut Ă  la Perse. Cette indĂ©pendance ne dura pas bien longtemps, car Ă  la mort du roi, la Perse reprit le contrĂŽle de l'IbĂ©rie et plaça mĂȘme un vice-roi nommĂ© pitiarkhe pour la Karthlie. La fonction de pitiarkhe Ă©tait hĂ©rĂ©ditaire et le vice-roi possĂ©dait de vastes domaines dans le sud de l'IbĂ©rie. Cela inaugura la pĂ©riode de domination persane en IbĂ©rie. Les IbĂšres assimilĂšrent petit Ă  petit la culture persane et nombre de GĂ©orgiens abandonnĂšrent le christianisme. Les Perses favorisĂšrent l'enseignement de la parole de Zoroastre et, vers les annĂ©es 450, le zoroastrisme devint la seconde religion officielle de l'IbĂ©rie, parallĂšlement au christianisme. Toutefois, les efforts faits pour convertir les paysans gĂ©orgiens Ă©taient gĂ©nĂ©ralement infructueux.

Le dĂ©but du rĂšgne du roi ibĂšre Vakhtang Ier, plus tard nommĂ© Gorgassal (447-502/22), fut marquĂ© par la rĂ©surrection du royaume. Officiellement un vassal des Perse, il sĂ©curisa la frontiĂšre nord en subjuguant les peuples caucasiens et rĂ©unit les États adjacents de l'IbĂ©rie sous son contrĂŽle. Il Ă©tablit un patriarcat autocĂ©phale Ă  Mtskheta, et construisit la ville de Tbilissi, qui devint la capitale du royaume sous le rĂšgne suivant. En 482, il mena une rĂ©volte gĂ©nĂ©rale contre la Perse et dĂ©buta une guerre d'indĂ©pendance dĂ©sespĂ©rĂ©e qui dura prĂšs de vingt ans. Il ne put recevoir un soutien de la part de Byzance et fut finalement vaincu par les Perses en 502.

Les légendes

La légende de sainte Nino

Elle aurait vĂ©cu en Colchide au IVe siĂšcle et y aurait propagĂ© la foi chrĂ©tienne. La lĂ©gende veut qu'elle soit venue au chevet de l'Ă©pouse de Mirian III, la reine Nana, qui Ă©tait mourante, et qu'elle l'ait guĂ©rie. La reine lui proposa en rĂ©compense de l'or et de nombreux prĂ©sents ; Nino refusa mais demanda en Ă©change la conversion de la reine. Elle l'obtint, puis le roi fit de mĂȘme, ainsi que tout le royaume.

La légende de Tbilissi

La lĂ©gende de la crĂ©ation de la capitale, Tbilissi, perdure encore aujourd'hui : le roi Vakhtang Gorgasali chasse dans la forĂȘt et son faucon attaque un faisan. L'oiseau tombe dans une source d'eau chaude et le roi voit de la vapeur sortir de l'eau. ÉtonnĂ© par l'abondance d'eau chaude, Vakhtang donne l'ordre de construire une ville sur cet emplacement et l'appelle Thbili (ou Tphilisi : Tbilissi en gĂ©orgien, « l'emplacement des sources chaudes »).

Bibliographie

  • Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la GĂ©orgie, Paris, l'Harmattan, , 335 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 2-7384-6186-7, prĂ©sentation en ligne).
  • (en) David Braund, Georgia in Antiquity: A History of Colchis and Transcaucasian Iberia 550 BC-AD 562, Clarendon Press, Oxford, 1994 (ISBN 0-19-814473-3).
  • Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, Histoire de la GĂ©orgie depuis l’AntiquitĂ© jusqu’au XIXe siĂšcle, v. 1-7, Saint-PĂ©tersbourg, 1848-58 (lire ce livre avec Google Books : , ).
  • (en) Otar Lordkipanidze, « The River and City of Colchis », dans Geographica Historica 15, Franz Steiner, 2000 (ISBN 3-515-07271-3).
  • (en) Alexandre Melamid, Colchis today, northeastern Turkey, The Geographical Review, American Geographical Society, 1993 (ASIN B000925IWE).
  • Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrĂ©tienne de l'AntiquitĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle : Tables gĂ©nĂ©alogiques et chronologiques, Rome, .
  • (en) Gocha R. Tsetskhladze, « Pichvnari and Its Environs, 6th c BC-4th c AD », dans Annales LittĂ©raires de l'UniversitĂ© de Franche-ComtĂ©, 659, Presses Universitaires Franc-Comtoises, Paris, 1999 (ISBN 2-913322-42-5).

Notes et références

  1. Ronald Grigor Suny, The Making of the Georgian Nation, (ISBN 0253209153, lire en ligne)
  2. Au pays de la Toison d'or : art ancien de Géorgie soviétique : Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 17 avril-26 juillet 1982, Association française d'action artistique, (présentation en ligne)
  3. Ehsan Yarshater, The Cambridge History of Iran: The Seleucid, Parthian, and Sasanian periods, Cambridge University Press, , 520– (ISBN 978-0-521-20092-9, lire en ligne)
  4. John T. Koch, Celtic Culture: A Historical Encyclopedia, ABC-CLIO, 2005, p. 709

Annexes

Articles connexes

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