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Rattachisme

Le rattachisme ou réunionisme est un courant se revendiquant comme irrédentiste[1] au sein du mouvement wallon prônant la sécession de la Belgique par la Wallonie, voire également par la Région de Bruxelles-Capitale, et leur rattachement à la France.

Carte de France avec la Wallonie et Bruxelles en rouge.
Drapeau réunioniste

Nom

Le mot rattachisme est un belgicisme datant de 1830[2]. Les rattachistes préfèrent cependant parler de réunionisme, selon une logique irrédentiste, avançant l'idée que les Pays-Bas et la Principauté de Liège, comprenant l'actuelle Wallonie, avaient déjà été annexés à la France à divers époques et notamment entre 1795 et 1815.

Histoire

Présence française antérieure à 1789

Quelques territoires de l'actuelle Wallonie faisaient historiquement partie du royaume de France pendant le Moyen Âge et à la Renaissance. La ville de Tournai en est un bon exemple : en 1429, Jeanne d'Arc s'adressait dans une lettre aux « loyaux Français de la ville de Tournay[Note 1] ». La ville est brièvement occupée par les Anglais pendant la guerre de la Ligue de Cambrai avant d'être prise par Charles Quint en 1521, au début de la sixième guerre d'Italie. La ville ne redevient française qu'en 1667 avant d'être à nouveau cédée, au Saint-Empire, aux traités d'Utrecht de 1713.

Les territoires de l'actuelle Belgique ont longtemps été un enjeu d'influence des rois de France face aux comtes de Flandre puis des ducs de Bourgogne et leurs successeurs qui avaient progressivement unifiés les territoires constituant les Pays-Bas historiques. Ils représentent la frontière la plus proche de Paris et donc un danger s'ils sont sous la souveraineté d'une puissance hostile. À ce titre, les armées royales françaises sont à de nombreuses reprises entrées dans les Pays-Bas et les villes proches de la frontière ont régulièrement été le théâtre de sièges et d'occupations françaises, particulièrement pendant les guerres de Louis XIV. La ville de Mons est annexée de 1691 à 1697 et Namur de 1692 à 1695.

Une première occupation totale débute en 1745, pendant la guerre de Succession d'Autriche, après les victoires françaises lors du siège de Tournai et à la bataille de Fontenoy. À la suite des batailles de Rocourt en 1746 et de Lauffeld en 1747, la France s'empare de l'ensemble des Pays-Bas autrichiens jusqu'à Maastricht. Cependant, lors des négociations de paix d'Aix-la-Chapelle en 1748, le roi Louis XV, souhaitant traiter « en roi et non en marchand », rend les territoires conquis.

Révolution française

Une révolution née à Bruxelles en 1789, sous le règne de l'empereur Joseph II, possédant à titre personnel les provinces des Pays-Bas en tant qu'héritier et descendant des ducs de Bourgogne et des dynastes locaux, avait vaincu les troupes impériales, les Pays-Bas du sud faisant partie dans le Saint-Empire du cercle de Bourgogne. L'indépendance des États belgiques unis qui s'ensuivit entraîna un retour offensif des Impériaux vite repoussés par les armées de la république française et, en 1792, les anciens Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège sont réunis à la France. C'est la première occupation française durant laquelle un plébiscite au suffrage universel est organisé au terme duquel la population est réputée avoir voté en faveur de la réunion du Pays de Liège à la France[3]. Au début de 1793, les autorités françaises décident de réunir le comté de Hainaut et le Tournaisis en un nouveau département français : le département de Jemmapes. La population de ce nouveau département est invitée à voter en faveur de ce projet dans le cadre d'« assemblées primaires ». Ce sera la seule région officiellement annexée par la France à cette époque, le reste des Pays-Bas autrichiens et de la principauté de Liège gardant le statut de terre étrangère occupée[4].

Les Impériaux revinrent à nouveau et, en 1793, les troupes françaises furent vaincues, mais ce sera pour revenir victorieusement en 1794. Le territoire fut officiellement annexé à la République en 1795. Il y eut peu de débats au sujet de cette annexion en Belgique. Quelques voix s'élevèrent pour défendre l'idée d'indépendance nationale, mais la majorité de la population était résignée à subir la décision de la Convention nationale. Elle était même soulagée, car elle pensait que l'annexion mettrait fin à l'exploitation du pays par la France, en cours depuis l'arrivée des troupes françaises[5].

Lors du traité de Campo-Formio du François II, empereur du Saint-Empire, ancienne puissance souveraine, cède à perpétuité le territoire des Pays-Bas du sud à la France : « Les articles 3 et 4 du traité de Campo-Formio consacrèrent enfin, au point de vue international, la réunion de la Belgique à la France. Voici ces articles. Art. 3 - Sa Majesté l'Empereur, Roi de Hongrie et de Bohême, renonce pour elle et ses successeurs en faveur de la République française, à tous ses droits et titres sur les ci-devant provinces belgiques, connues sous le nom de Pays-Bas autrichiens. La République française possédera ces pays à perpétuité, en toute souveraineté et propriété, et avec tous les biens territoriaux qui en dépendent[6] ».

Le , les territoires des Pays-Bas autrichiens, de la principauté de Liège, de la principauté de Stavelot-Malmedy et du duché de Bouillon correspondants approximativement à la Wallonie actuelle sont organisés en cinq départements :

En 1814-1815, alors que le Congrès de Vienne discute du sort de la Belgique, le « parti français » se fait entendre. Il s'agissait principalement d'industriels, de commerçants, de fonctionnaires et d'anciens magistrats du régime napoléonien guidés tant par l'intérêt matériel que par le sentiment. Ils sont très peu nombreux et principalement situés en province de Hainaut[7]. Finalement, les grandes puissances conservatrices décideront de rassembler la Belgique et les Pays-Bas dans le royaume uni des Pays-Bas.

Le découpage territorial français en Wallonie est en grande partie conservé depuis et est à l'origine des cinq provinces wallonnes modernes : le Brabant wallon (partie méridionale de l'ancien département de la Dyle), le Hainaut, la province de Liège, le Luxembourg (partie occidentale de l'ancien département des Forêts) et la province de Namur.

RĂ©volution belge

Au moment de la Révolution belge (1830), les partisans du rattachement à la France se firent entendre. Ce courant était largement minoritaire[8] - [9] et principalement le fait de la bourgeoisie marchande et industrielle[10] des régions économiquement tournées vers la France[9] : Verviers, Liège et le Hainaut[8]. En outre, le mouvement eut une existence brève[9] - [11].

Au dĂ©but de 1831, quatre journaux dĂ©fendaient des positions rattachistes : Le Journal de Verviers (Verviers), Le Journal de la province de Liège (Liège), L'Industrie (Liège) et L'Éclaireur (Mons). Ă€ Verviers, les rattachistes Ă©taient majoritaires. En effet, l'industrie drapière de cette ville aurait grandement profitĂ© de l'accès au marchĂ© français. Ă€ Liège, ils se limitaient Ă  une fraction de la bourgeoisie industrielle (qui comprenait Ă©galement des partisans de l'indĂ©pendance et des orangistes). Ă€ Mons, le courant rattachiste Ă©tait Ă©galement minoritaire (une pĂ©tition en faveur de la rĂ©union Ă  la France ne recueillit que deux Ă  trois cents signatures pour une population de 23 000 habitants). En Hainaut, les rattachistes Ă©taient principalement des industriels et des commerçants, en particulier des patrons charbonniers. Le rattachisme aurait Ă©galement reçu quelques sympathies au Luxembourg. Ă€ Verviers et Ă  Mons, les rattachistes s'organisent et sont majoritaires aux Ă©lections communales de 1830. Ă€ Liège et Ă  Tournai, leur reprĂ©sentation est importante[12]. Dans le reste du pays (Brabant wallon, Hesbaye, Namurois, Bruxelles, Flandre), le rattachisme Ă©tait quasi inexistant[13].

Les arguments des rattachistes sont principalement d'ordre économique. Les cercles industriels et commerçants ne croient en effet pas que la Belgique indépendante puisse être viable[14], la majorité d'entre eux souhaitent « conserver les liens avec le Royaume-Uni des Pays-Bas, tandis qu'une minorité d'entre eux veut retourner sous l'aile de la France[15] ». Leur argument principal est que l'industrie d'une Belgique indépendante ne trouvera jamais de marchés suffisants pour ses produits. Le rattachement à la France est donc selon eux la meilleure solution pour préserver la prospérité du pays[16]. Accessoirement, on trouve aussi des arguments politiques : les frontières naturelles de la France placent la Belgique en France ; la culture de la Belgique est française ; la Belgique indépendante n'est pas viable, vu sa division entre deux races[17]. La francophilie, l'« amour de la langue et de la culture françaises ainsi que de l'État laïc », étaient également des moteurs du mouvement parmi l'élite wallonne[12].

Certains révolutionnaires belges, comme Surlet de Chokier, qui sera peu après régent du royaume de Belgique, se laisseront également convaincre par le rattachisme parce qu'ils pensaient que la Belgique indépendante serait impuissante face aux grandes puissances. Ils considéraient donc que le rattachement à la France serait inévitable à terme. Ce courant était nettement minoritaire par rapport aux rattachistes issus du monde économique[18]. On compte parmi les rattachistes des personnalités telles que Charles Rogier et Alexandre Gendebien[19].

A contrario, certains révolutionnaires, comme Joseph Lebeau, supputaient que le rattachement à la France conduirait à une guerre européenne et rejetteront donc toute thèse rattachiste[18]. En effet, le rattachisme avait le désavantage d'être incompatible avec les intérêts des puissances européennes, qui étaient radicalement opposées au rattachement de la Belgique à la France[9]. Néanmoins, l'immense majorité des meneurs de la révolution étaient conscients qu'en cas de guerre avec les puissances conservatrices, la Belgique n'aurait d'autre choix que de se tourner vers la France et peut-être de sacrifier son indépendance. Ils étaient également francophiles : ils appréciaient la culture française et étaient conscients que sans la France, la Sainte-Alliance aurait probablement mis fin à l'indépendance de la Belgique[20]. Le rattachisme était donc vu avec une certaine sympathie par les membres du Congrès[9] - [20]. Par contre, l'Église catholique y était opposée, à cause de l'anticléricalisme qui régnait alors en France[21].

Le , au Congrès national, les rattachistes ne peuvent s'opposer au vote à l'unanimité en faveur de l'indépendance de la Belgique[22]. Au début de la révolution, les rattachistes pétitionnent depuis Mons, Liège et Verviers en faveur du rattachement pur et simple à la France[23]. Dès décembre, certains rattachiste envisagent des solutions de repli et lancent alors l'idée d'offrir la couronne du royaume de Belgique à Louis-Philippe. Devant le Congrès, Jean Pirmez, Charles Blargnies, François Lardinois, Pierre David, Goswin de Stassart et Louis Delwarde défendront ce projet[8]. Le Congrès rejette néanmoins cette idée.

La seconde solution de repli pour les rattachistes est de soutenir la candidature du duc de Nemours, fils de Louis-Philippe Ier, au trône de Belgique[23] - [8]. Le Congrès national se rallie finalement à cette option et élit le le duc de Nemours roi des Belges[Note 2]. Mais Louis-Philippe, craignant une guerre européenne dans laquelle la France serait isolée, refuse la couronne pour son fils. Ce refus décevra fortement les rattachistes. En , ils tentent de prendre le pouvoir à Liège, mais échouent[23].

L'avènement de Léopold Ier en ruine les espoirs d'un rapprochement avec la France. Le mouvement rattachiste perdit son influence dès la fin de 1831[11]. Un certain nombre se réconcilient avec l'idée d'une Belgique indépendante mais la majorité d'entre eux y restèrent opposés, toujours principalement pour des raisons économiques. Ils s'allient alors aux orangistes, car « la Belgique n'est pas viable et, selon eux, le marché hollandais vaut mieux que pas de marché du tout[23]. » Cette alliance leur permit de continuer à jouer un rôle[9]. À partir de 1832, le courant rattachiste semble avoir complètement disparu[11].

De 1940 Ă  nos jours

L'occupation allemande attisa la thèse rattachiste chez une minorité d'intellectuels. C'est ainsi que l'éditeur liégeois Georges Thone n'hésita pas, en pleine guerre, à se rendre auprès du gouvernement Laval de Vichy pour proposer à celui-ci un marchandage qui entérinait la perte définitive de l'Alsace et de la Lorraine annexées de fait par l'Allemagne nazie depuis 1940, mais avec la compensation de l'annexion de la Wallonie[24]. En pleine guerre, le rattachisme, dans cette perspective, était nettement d'extrême droite et même pro nazi. Il ne sortit rien de cette tentative qui n'avait aucun soutien avéré en Wallonie.

Mais le rattachisme revint en force durant la question royale lorsque le Congrès national wallon des 20 et vota en faveur de la réunion de la Wallonie à la France. Avant de se rallier in fine au fédéralisme[25].

Le rattachisme fut donc un courant important du mouvement wallon et du parti du Rassemblement wallon qui obtint dans les années 1970 près de 20 % des suffrages exprimés, devenant ainsi le second parti de Wallonie[26].

En 1999, en réaction au vote par le Parlement flamand des cinq résolutions préconisant l’adoption d’un système confédéral en Belgique, un nouveau parti militant pour le rattachement de la Wallonie et de Bruxelles à la France fut créé, le RWF (Rassemblement Wallonie France) dont la section bruxelloise se nomme le « Rassemblement Bruxelles-France » (RBF). Son président est Paul-Henry Gendebien, un descendant d’Alexandre Gendebien.

Le projet politique du rattachement de la Belgique française (Wallonie + Bruxelles) à la République française reçoit en le soutien d'un ancien élu libéral du Mouvement réformateur (MR), Daniel Ducarme, délégué MR pour les Belges de l'étranger. Selon lui une loi organique portant sur le statut d'autonomie de la Belgique française offrirait un statut viable à même de recevoir l'adhésion de la population wallonne en référence à la politique française envers les collectivités territoriales d’outre-mer[27].

Le , Jules Gheude, essayiste politique, appelant la population à rallier l'idée du ralliement de toute la Wallonie à la France, a présidé, dans un amphithéâtre de l'université de Liège, ce qu'il a appelé les États généraux de Wallonie. Cette initiative visant à préparer les esprits wallons à l'après-Belgique a rallié quelque cent cinquante personnes qui ont pu analyser, de manière fouillée, les trois scénarios suivants : un État wallon indépendant, un État Wallonie-Bruxelles, la réunion de la Wallonie à la France. 74,4 % des participants se sont prononcés en faveur de la dernière option (16,2 % pour un État wallon indépendant et 9,4 % pour un État Wallonie-Bruxelles (www.etatsgenerauxdewallonie.org)[28]. En , Jules Gheude a créé le Gewif : Groupe d'Études pour l'intégration de la Wallonie à la France (www.gewif.net)[Note 3].

Objectifs

Le réunionisme propose une réunion progressive de la Wallonie et de Bruxelles à la France, en gardant à ces régions leur identité et leur territoire, visant soit à une intégration comme région française classique, soit à une intégration avec des dispositions spéciales comme pour l'Alsace-Moselle, soit encore à une intégration avec un statut d'autonomie comme ce fut le cas pour les territoires français d'outre-mer avant 2003. Cette dernière possibilité est toutefois une pure hypothèse dans la mesure où, si le préambule de la Constitution de la Ve République mentionne que la République offre aux territoires d'Outre-Mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique, le caractère ultra-marin de la Wallonie est une fiction géographique. En tant que 14e région de France, la Wallonie ferait ainsi partie intégrante de la République, garderait Namur comme chef-lieu de région et serait composée de 5 départements correspondants aux 5 provinces wallonnes actuelles. En importance économique, elle se classerait au 10e rang. Pour ses partisans, cette situation aurait l'avantage de rééquilibrer l'axe franco-allemand et rapprocherait la France des Pays-Bas.

Partis rattachistes

Le rattachisme est prôné par le Rassemblement Wallonie France (en abrégé RWF), fondé en 1999, et son aile bruxelloise le Rassemblement Bruxelles-France (en abrégé RBF) et par FRANCE, parti créé en par quatre membres du Mouvement wallon pour le retour à la France, et présent aux élections législatives anticipées de en province de Liège, avec à sa tête Henri Mordant, journaliste, ancien député et ancien président du Rassemblement wallon. Le parti FRANCE s'est à nouveau présenté, dans presque tous les arrondissements de Wallonie aux élections législatives de . À la suite de la création du RWF, et pour éviter une concurrence fatale entre partis partageant le même idéal, plusieurs membres fondateurs de FRANCE ont quitté ce parti pour rejoindre le RWF en 2000 et 2001. Le parti FRANCE a disparu aujourd'hui du paysage politique wallon.

Le RWF soutient que le fédéralisme belge est un échec tandis que FRANCE prône l'indépendance de la Wallonie comme étape du rattachement et rejette (à titre indicatif) la réunion de Bruxelles à la France.

Ces partis ont obtenu aux élections législatives régionales de 2004 des scores variant de 0,14 (FRANCE) à 1,02 % (RWF) des voix sur l'ensemble du territoire wallon. À Bruxelles, le RBF n'a recueilli que 0,4 % des voix.

Situation actuelle dans l'opinion wallonne et bruxelloise

Les rattachistes mettent en valeur les résultats du sondage IFOP[29] - [30] publié le dans le quotidien belge Le Soir et dans celui du Nord-Pas-de-Calais La Voix du Nord, qui révèle qu'en cas d'indépendance de la Flandre, 49 % des francophones de Belgique deviendraient favorables à un rattachement à la France de même que 60 % des Français, alors que le personnel politique des deux côtés de la frontière est extrêmement minoritaire à partager ce point de vue. Ces chiffres atteignent là un nouveau record. Il est rappelé que ces mêmes francophones souhaitent que la Flandre ne prenne pas son indépendance et que la Belgique survive. Dans une interview publiée le même jour sur le site internet du Figaro[31], Pascal Delwit, professeur en science politique à l'ULB, explique que « la société belge est aux antipodes du modèle français », mais en admettant que « culturellement le rapprochement est évident ». Par ailleurs, le journal satirique Pan n'hésite pas à qualifier ce sondage de canular en faisant remarquer que le respect des critères de la législation belge en matière de sondage des citoyens interrogés n'a pas été prouvé, limitant l'opération à 500 personnes choisies arbitrairement, et que la publication en a été faite dans le journal français qui l'avait organisé de sa propre initiative[32].

Un sondage, réalisé par Dedicated Research pour Le Soir et la RTBF du 5 au , révèle que 9 % des Wallons souhaitent que la Région wallonne soit progressivement rattachée à la France ; 15 % pensent que cette possibilité a le plus de chance de se réaliser dans les 15 ans à venir[33].

Un autre sondage IFOP réalisé après les élections belges de 2010 auprès de 502 Wallons de plus de 18 ans, révèle que 32 % des sondés sont favorables au rattachement de la Wallonie à la France, mais seulement en cas d'éclatement de la Belgique[34].

Rattachisme en France

Personnalités favorables au rattachisme

En France, des personnalités comme Alexandre Adler[35], Jacques Attali[36], Jean-Pierre Chevènement[37], Nicolas Dupont-Aignan, Michel Jobert, Marine Le Pen[38], Jean-Luc Mélenchon[39] - [40], Jacques Myard[41], Éric Zemmour[42] et Édouard Balladur s'étaient exprimés sur le sujet, ne refusant pas la possibilité d'un tel rattachement à la France.

Selon Alain Peyrefitte, le général de Gaulle[43] avait des idées favorables au réunionisme, tout en estimant que les Wallons devaient prendre l'initiative de la demande de rattachement : « La Wallonie existe, mais il n'y a pas une nation wallonne, les Wallons n'ont jamais cherché à devenir un État. Ils demandent à être intégrés au sein de la République française, dont ils ont déjà fait partie. C'est tout autre chose que, pour les Québécois, de s'émanciper de la domination anglo-saxonne. Beaucoup de Wallons pensent qu'ils seraient mieux traités par la France que par la Flandre. C'est probable. Ils retrouveraient au sein de la France la fierté d'appartenir à une grande nation, la fierté de leur langue et de leur culture, le goût de participer aux grandes affaires du monde et de se battre pour de grandes causes humaines. Toutes choses qu'ils ont perdues dans leur association contre nature, imposée par les Anglais, avec les Flamands qui ne les aiment pas et qu'ils n'aiment pas. Pour les besoins de l'unité de la Belgique, on a raboté ce qu'ils avaient de différent. Ils en sont frustrés. »

Le rattachisme et l'opinion française

Selon un sondage IFOP rĂ©alisĂ© auprès de 1 006 personnes, interrogĂ©es du 5 au , deux Français sur trois (66 %) sont pour le rattachement des provinces wallonnes Ă  la France si les Ă©lections du dimanche dĂ©bouchaient sur l'Ă©clatement de la Belgique[44].

Un sondage réalisé les et par La Voix du Nord révèle que 61 % des habitants du Nord-Pas-de-Calais sont partisans d'un rattachement de la partie francophone de la Belgique à la France[45].

Littérature rattachiste

  • Paul-Henry Gendebien, Une certaine idĂ©e de la Wallonie", Édition longue vue - Bruxelles, 1987
  • Paul-Henry Gendebien, Splendeurs de la LibertĂ©", Éditions Quorum, Gerpinnes, 1999
  • Paul-Henry Gendebien, Le Choix de la France", Éditions Luc Pire, 2002
  • Paul-Henry Gendebien, La Belgique : dernier quart-d'heure ?", Éditions Labor, 2006
  • Paul-Henry Gendebien, Wallons et Bruxellois, ensemble avec la France !", Éditions Cortext, 2008
  • Paul-Henry Gendebien, La raison et la cĹ“ur. Oui Ă  la France", Éditions Mols, 2010
  • Paul-Henry Gendebien, Demain la Wallonie avec la France. Vers la rĂ©unification française."[archive] Livre numĂ©rique gratuit, 2015 (sur le site du R.W.F. [archive])
  • Jules Gheude, L'incurable mal belge sous le scalpel de François Perin, Ă©d. Mols, 2007, 479 p.
  • Jules Gheude, Le choix de la Wallonie, Ă©d. Mols, 2008
  • Jules Gheude, Quand les Wallons s'Ă©veilleront, Ă©d. Mols, 2009, 334 p.
  • Jules Gheude, Le petit guide de l'après-Belgique, Ă©d. Mols, 87 p.
  • Jules Gheude, On l'appelait Belgique, Mon Petit Editeur, 2011, 129 p.
  • Jacques Lenain, Wallonie et Bruxelles : le destin de la Belgique française (www.belgique-francaise.fr)
  • Georges Jarbinet, 1795-1975, 180e anniversaire de la rĂ©union du pays de Liège Ă  la France, catalogue de l'exposition organisĂ©e par la section liĂ©geoise de Wallonie Libre, Liège, 1975.
  • Pierre RenĂ© MĂ©lon, Petit glossaire de la sous-France, Talus d'approche, 2000, 158 p.
  • AndrĂ© Patris, Wallon, qui es-tu ?, La Longue Vue, 1990, 111 p.
  • Pierre Ruelle, Un certain amour de la France, Paris, Berger-Levrault, 1987.
  • AndrĂ© Schreurs, Liège, terre de France, Liège, Ă©d. Jeune France, 1948.
  • RenĂ© Swennen, Belgique Requiem, Julliard, 1980, 157 p. RĂ©Ă©d. La Table Ronde, 2007.
  • RenĂ© Swennen, Belgique requiem, suite et fin ?, Éditions Complexe, 1999, 106 p.

Notes et références

Notes

  1. La lettre originale de Jeanne d'Arc brûla lors des bombardements de mai 1940. La traduction ci-dessus provient du contenu restitué en français moderne par Maurice Houtart en 1908. Voir le texte complet de la lettre dans l'article Histoire de Tournai.
  2. Le scrutin se fit en deux tours. Au premier tour, le duc de Nemours recueillit 89 votes sur 191, au second 97 sur 192.
  3. Depuis sa création, le Gewif a confectionné dix Cahiers, que l'on peut consulter sur le site www.gewif.net.

Références

  1. Catherine Lanneau, Université de Liège, « Une frontière artificielle ? L’irrédentisme français en Wallonie », (consulté le )
  2. Helmut Gaus, Alexandre Gendebien et la révolution belge de 1830, Gand, Academia Press, , 76 p. (lire en ligne), p. 5
  3. Adolphe Borgnet, Histoire de la révolution liégeoise de 1789, t. II, Liège, L. De Thier & F. Lovinfosse, (lire en ligne), p. 243 et suiv.
  4. Stengers 2000, p. 134.
  5. Stengers 2000, p. 153.
  6. Jules Delhaize, La domination française en Belgique, Bruxelles, 1909, tome III, p. 171
  7. Stengers 2000, p. 169-170.
  8. Stengers 2000, p. 209.
  9. Witte 2005, p. 112.
  10. Stengers 2000, p. 207-208.
  11. Stengers 2000, p. 215.
  12. Witte 2005, p. 110-111.
  13. Stengers 2000, p. 206-209.
  14. Stengers 2000, p. 210.
  15. Witte 2005, p. 110.
  16. Stengers 2000, p. 210-211.
  17. Stengers 2000, p. 212.
  18. Stengers 2000, p. 213.
  19. Witte 2005, p. 60.
  20. Stengers 2000, p. 214-215.
  21. Stengers 2000, p. 226.
  22. Stengers 2000, p. 205-206.
  23. Witte 2005, p. 111.
  24. Hasquin 2004.
  25. Philippe Destate, Le Parlement wallon : une assemblée attendue, Namur, 1998.
  26. Rassemblement wallon [RW - MSN Encarta]
  27. Jean-Pierre Stroobants, « La “Belgique française” d'un député francophone », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  28. Voir "Le Soir" du 11 mai 2009.
  29. Un Wallon sur deux se verrait bien Français, Le Soir, 29 juillet 2008.
  30. Olivier Berger, « Un Wallon sur deux prêt à devenir français ! », sur lavoixdunord.fr, (consulté le ).
  31. J.-J. M., « “Une société aux antipodes du modèle français” », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  32. « Statistique, quand tu nous manipules », sur lepan.be, (consulté le ).
  33. Sondage dans la perspective des prochaines élections régionales réalisé pour Le Soir et la RTBF – septembre 2008
  34. « Un tiers des Wallons prêts à devenir Français », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  35. France Culture 09/07/2007 http://www.lefigaro.fr/debats/20070825.FIG000000504_la_belgique_va_t_elle_demander_le_divorce.html
  36. Belgique : chronique d'une implosion annoncée sur lefigaro.fr, 4 août 2014.
  37. RTL 11/07/1996
  38. Belga, « Pour Marine Le Pen, la France “s'honorerait d'accueillir la Wallonie” », sur rtbf.be, (consulté le ).
  39. Jean-Luc MĂ©lenchon, Qu'ils s'en aillent tous !, Ă©d. Flammarion, p. 120.
  40. « Mélenchon favorable au rattachement de la Wallonie à la France », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  41. La Libre.be, « Un député UMP évoque le rattachement de la Wallonie et de Bruxelles à la France », sur LaLibre.be, (consulté le )
  42. « Éric Zemmour: «Si les Liégeois veulent se rattacher à la France, pourquoi pas?» », sur sudinfo.be (consulté le )
  43. Alain Peyrefitte, C'Ă©tait de Gaulle, Ă©d. de Fallois, 2000, t. III, p. 329.
  44. Laure Bretton et Jean-Baptiste Vey, « Les Français prêts à un rattachement des Wallons, selon l'Ifop », sur fr.reuters.com, (consulté le ).
  45. « Si la Belgique devait éclater, je serai partisan d'un rattachement de la partie francophone à la France » : 24 % des sondés sont tout à fait d'accord ; 37 % plutôt d'accord ; 16 % ne se prononcent pas ; 13 % plutôt pas d'accord et 9 % pas du tout d'accord. Sondage réalisé les 14 et 15 décembre 2010 par La Voix du Nord, via internet, auprès de 1330 lecteurs constituant un panel représentatif de la population régionale de plus de 18 ans (méthode des quotas). Les relations franco-belges dans la région, page 21, Dany Boon sans frontière, cahier spécial La Voix du Nord / Nord Eclair / Nord Littoral, 20 janvier 2011

Voir aussi

Bibliographie

  • HervĂ© Hasquin, Les SĂ©paratistes wallons et le Gouvernement de Vichy (1940-1943) : Une histoire d’omerta, Bruxelles, AcadĂ©mie royale de Belgique, coll. « MĂ©moire de la Classe des Lettres », , 196 p. (ISBN 2-8031-0199-8, lire en ligne)
  • Catherine Lanneau, « Deux dĂ©marches wallonnes en temps de guerre : Deux France très courtisĂ©es », Cahiers d'histoire du temps prĂ©sent, no 21,‎ , p. 173-210 (ISSN 0771-6435, lire en ligne, consultĂ© le )
  • Jean Stengers, « Sentiment national, sentiment orangiste et sentiment français Ă  l'aube de notre indĂ©pendance », Revue belge de philologie et d'histoire, vol. 28, no 3,‎ , p. 993-1029 (lire en ligne, consultĂ© le )
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  • Guy Denis, France-Wallonie, l'impossible mariage : Étude sur le rattachisme et le sĂ©paratisme, Bruxelles, Bernard Gilson, , 186 p. (ISBN 978-2-87269-079-4)

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