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Poche de Demiansk

La poche de Demiansk est un combat d’encerclement des forces allemandes par l'Armée rouge qui s’est déroulé, autour de la ville de Demiansk située au sud de Léningrad, du 8 février au , pendant la Seconde Guerre mondiale.

Poche de Demiansk
Description de cette image, également commentée ci-après
Offensive d'hiver 1942.
Informations générales
Date -
Lieu Demiansk, URSS
Issue Victoire soviétique dans un premier temps avec l'encerclement de l'armée allemande puis victoire allemande grâce au pont aérien et à la rupture de l'encerclement par des renforts allemands qui permettent de percer un couloir d’évacuation pour les assiégés.
Forces en présence
96 000150 000
Pertes
~20 000~20 000

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Coordonnées 57° 39′ nord, 32° 28′ est
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
(Voir situation sur carte : Russie européenne)
Poche de Demiansk
Géolocalisation sur la carte : oblast de Novgorod
(Voir situation sur carte : oblast de Novgorod)
Poche de Demiansk

Préambule

À 100 km au nord-est de Kholm, entre le lac Ilmen au nord et le lac Seliger au sud, se trouve la ville de Demiansk. Dans le cadre de l'offensive d'hiver 1941-1942, et afin de desserrer l'emprise allemande sur Léningrad, le , les Soviétiques partent à l’attaque des 2e et 10e Armee Korps de la 16e Armée allemande. À la jonction du Heeres Gruppe Nord et du Heeres Gruppe Mitte, le général Andrei Eremenko lance sa 1re Armée de choc et ouvre une profonde brèche en crevant le front allemand. La 3e Armée de choc entre dans la bataille, pénétrant profondément dans le dispositif de défense allemand, marche sur les villes de Demiansk et Kholm100 km au sud-ouest de Demiansk) qui se trouvent l'une et l'autre encerclées, malgré la défense opiniâtre des Allemands dans une région boisée et marécageuse.

L'encerclement et le siège

Le , par −30 °C[1], profitant des mois les plus froids de l'hiver, les troupes des 1re et 3e armées de choc et des 11e et 34e armées soviétiques, franchissent les glaces du lac Ilmen, le delta des marécages de la Lovat ainsi que les vallées basses de la Pola, de la Redia, du Polist et de leurs affluents. Les Russes attaquent ainsi les communications avec l'arrière du 2e Armeekorps et l'encerclement soviétique se referme le sur les troupes allemandes.

C'était le premier grand combat où les troupes allemandes se trouvaient encerclées[2].

C'était la première fois, dans l'histoire militaire, qu'un corps d'armée de 6 divisions, soit environ 100 000 hommes fut ravitaillé par air.

La poche ainsi constituée mesure 3 000 km2, ce qui représente un diamètre de 60 km contenant 96 000 combattants allemands, environ 10 000 paramilitaires et 20 000 chevaux qui se retrouvent piégés. Les villes de Kalitkina, Fedorovka, Vatolino et Demiansk font partie de la poche. La profondeur moyenne varie de 50 à 70 km. Le territoire de cette poche est tenu par six divisions sous le commandement du général-comte Walter von Brockdorff-Ahlefeldt :

10e Armeekorps;
2e Armeekorps;
ainsi que des troupes paramilitaires

Le général von Brockdorff-Ahlefeldt est certain qu'il sera délivré au printemps et il a su s'établir sur des positions dominantes de la région. Les Soviétiques sont en contrebas, dans des zones marécageuses quand elles ne sont pas gelées et difficiles à ravitailler, car les routes principales et la voie ferrée passent par Demiansk, tenu par les Allemands. Néanmoins pour tenir, les troupes allemandes ont besoin de ravitaillement, car cela ne suffit pas. Un pont aérien est alors mis en place par la Luftwaffe pour ravitailler les 96 000 soldats de la poche, laquelle comprend deux aérodromes assez importants à Demiansk et à Peski. C'est le premier pont aérien de l'histoire à une telle échelle. La Luftwaffe emploie les grands moyens en utilisant des Junkers Ju 52, JU 90, JU 86 et des Heinkel He-111. Les quinze groupes de transport et de bombardement qui participent au pont aérien effectuent 33 086 sorties, apportant 65 000 tonnes de ravitaillement (les besoins en ravitaillement étaient de 270 tonnes par jour, ce qui représentait un mouvement aller-retour de 10 à 15 avions par jour[1]), évacuant 35 400 blessés et amenant 31 000 soldats de remplacement. Cependant, la Luftwaffe perd 265 avions (dont 106 Ju 52, 17 Heinkel He-111 et 2 Ju 86), malgré la faiblesse de l'aviation soviétique. En , la bataille fait rage dans la poche avec une rare intensité, car les Soviétiques sont intervenus avec 6 000 parachutistes du 1er corps parachutiste, dont certains ont sauté au cœur même de la poche de Demiansk vers Lytschkovo, tandis que d'autres s'infiltraient dans les lignes allemandes vers Vereteïka, sur le marais de Niévy gelé et entre Poustynia et Nory. Le , le 54e bataillon de skieurs attaque Dobrossli et les 1re et 204e brigades de parachutistes l'aérodrome et les alentours de Demiansk. Ils ne seront éliminés que le 7 avril.

Déchargement d'un Junkers Ju 52 dans la poche de Demiansk (22 décembre 1941).

Entre-temps, les Allemands ont monté depuis l'extérieur de la poche l'opération Brückenschlag, qui doit avoir lieu avant la fonte des neiges.

Opération Brückenschlag

Cette opération[3] a pour but de délivrer les six divisions encerclées dans la poche de Demiansk. L’opération part des environs de Staraïa Roussa à l'ouest du lac Ilmen pour venir sur le nord-ouest de la poche en traversant les rivières Polist, Redia et Lovat en direction de Ramouïevo et Kalitkina.

Elle est déclenchée le , avec un effort principal délivré par le groupe Seydlitz (Generalleutnant Walther von Seydlitz-Kurzbach) composé des

Soutenues par les

Ouverture de la poche de Demiansk par des blindés et des fantassins allemands (21 mars 1942).

Le , le groupe Seydlitz lance une reconnaissance au sud de Staraïa Roussa.

Le 21, la 5e Leichte Division, en provenance de France, remporte un très beau succès dès son entrée en action, mais les unités voisines ne suivent pas ou mal. En effet, les Russes ont organisé leur défense sur 5 positions échelonnées en profondeur. Un Kampfgruppe du SS Regiment 5, encerclé depuis 8 semaines au milieu des lignes russes, est quand même délivré. Mais le mauvais temps, et surtout la résistance acharnée des Russes, bloquent l’opération allemande, qui s’enlise pendant près de 2 semaines.

Le , l’opération est renouvelée et doit coïncider avec la sortie des troupes encerclées, qui débute le 14 avril.

Les jours suivants, la division SS Totenkopf parvient à se frayer un passage jusqu’à la rivière Lovat, qui est en crue à cause de la fonte des neiges.

Le 19 avril, les Waffen SS aperçoivent des troupes allemandes de l’autre côté de la rivière. Ce sont les hommes du Kampfgruppe Seydlitz qui arrivent de l’ouest. Grâce aux troupes du génie, un contact est établi avec la 5e Leichte Division.

La poche de Demiansk n’est définitivement sauvée qu’au 1er mai lorsqu’un corridor solide est établi. Elle n’est pas évacuée et restera telle quelle jusqu'à l’hiver suivant, formant un incroyable saillant, relié au front allemand par le mince couloir de Ramouchevo, large de km seulement et long de 12.

Le saillant

Ce saillant restera occupé par les unités initiales et les unités du groupe Seydlitz (qui fut dissous le et rattaché au 10e Armeekorps).

  • En , le Gebirgsjäger-Regiment 206 part en Finlande rejoindre la 7e Gebirgs-Division (division de montagne).
  • En , la SS Division Totenkopf est reconstituée en France avant de repartir sur le front russe.

Ces troupes sont renforcées au fur et à mesure par :

Pertes et chiffres[4]

Allemandes

Chiffres
  • 2 aérodromes (Demiansk et Peski).
  • 15 groupes de transport et de bombardement de la Luftwaffe
  • Sorties aériennes : 33 086
  • Besoin en ravitaillement 65 000 tonnes soit 270 tonnes par jour
  • Nombre de blessés évacués : 35 400
  • Effectifs des troupes de remplacement : 31 000
Pertes
  • Morts ou disparus : 3 335
  • Blessés : environ 37 000 dont 35 400 évacués
  • Avions : 265
  • Pilotes tués ou disparus : 387

Soviétiques

Il n'y a guère de données concernant les pertes soviétiques :

  • Avions : 408

Sur 19 000 habitants, 6 000 vivaient encore dans Demiansk durant cette période.

Conclusion

Si, à Kholm, on trouve 5 000 défenseurs, dans la poche de Demiansk, avec un périmètre défensif nettement plus grand, il y a 96 000 combattants allemands encerclés (+ 10 000 paramilitaires). Dans une certaine mesure, cela préfigure la bataille de Stalingrad et l’issue de cette bataille aura des répercussions désastreuses dans l’esprit du commandement allemand qui croira pouvoir ravitailler Stalingrad par la voie des airs, comme cela avait été possible pour la poche de Demiansk.

Les combats dans la région du corridor de Ramushevo et de la poche de Demiansk ont continué jusqu'au . Demiansk sera libérée par l'Armée rouge le avec la retraite des troupes allemandes.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. Opération Barbarossa T2 - Paul Carell Editions J'ai lu leur aventure.
  2. La guerre près du lac Ilmen (6 mars 1942) - Journal Les Actualités Mondiales.
  3. Militaria : la bataille de Leningrad.
  4. Bergstrom 2007, p. 23.
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