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Phrase complexe en roumain

Cet article se limite Ă  la partie de la syntaxe du roumain consacrĂ©e Ă  la phrase complexe, traitant de ses particularitĂ©s par rapport Ă  la phrase complexe française. Si la coordination entre propositions de la phrase complexe roumaine ne prĂ©sente pratiquement pas de spĂ©cificitĂ©s par rapport Ă  la phrase française, les phrases Ă  propositions subordonnĂ©es prĂ©sentent quelques spĂ©cificitĂ©s quant aux modes verbaux utilisĂ©s dans les subordonnĂ©es, aux mots subordonnants, Ă  l’ordre des propositions, etc.

Mode personnel vs. mode impersonnel

L’une des particularitĂ©s du roumain est sa prĂ©fĂ©rence pour une subordonnĂ©e lorsque les sujets de deux procĂšs sont identiques, par rapport au français, oĂč dans ce cas c’est presque toujours le complĂ©ment Ă  l’infinitif qui est prĂ©fĂ©rĂ©[1].

SubordonnĂ©e complĂ©ment d’objet direct vs. complĂ©ment d’objet direct

Dans la langue roumaine actuelle, seul le verbe a putea « pouvoir » peut ĂȘtre utilisĂ© avec l’infinitif aussi pour exprimer l’objet direct : Pot să urc = Pot urca « Je peux monter ». Les autres verbes rĂ©gents se construisent en roumain avec un verbe Ă  un mode personnel. Exemples :

RoumainFrançais
Cred că are dreptate (indicatif)Je pense qu’il/elle a raison (indicatif)
Cred că am dreptate (indicatif)Je pense avoir (infinitif) / que j’ai (indicatif) raison
Vreau să pleci (subjonctif)Je veux que tu partes (subjonctif
Vreau să plec (subjonctif)Je veux partir (infinitif)

En français, certains verbes rĂ©gents demandent que le complĂ©ment d'objet direct soit Ă  l’infinitif mĂȘme lorsque son sujet est diffĂ©rent de celui du verbe rĂ©gent. C’est le cas de la proposition infinitive. En roumain, elle correspond Ă  une subordonnĂ©e COD ayant le prĂ©dicat au subjonctif : Îi cer să plece « Je lui demande de partir ». Les verbes de perception (a privi « regarder », a vedea « voir », a asculta « Ă©couter », a auzi « entendre », a simți « sentir ») peuvent avoir un COD exprimĂ© par le gerunziu[2] : Aud vorbindu-se « J’entends parler ».

SubordonnĂ©e complĂ©ment d’objet indirect vs. complĂ©ment d’objet indirect

RoumainFrançais
Sunt sigur că va pleca (indicatif)Je suis sĂ»r qu’il/elle partira (indicatif)
Sunt sigur că voi pleca (indicatif)Je suis sûr de partir (infinitif)
Nu sunt sigur că va pleca (indicatif).Je ne suis pas sĂ»r qu’il/elle parte (subjonctif)
Nu sunt sigur că voi pleca (indicatif).Je ne suis pas sûr de partir (infinitif)
Mă bucur că va pleca (indicatif)Je suis content qu’il/elle parte (subjonctif)
Mă bucur că voi pleca (indicatif)Je suis content de partir (infinitif)

Subordonnées circonstancielles vs. compléments circonstanciels

Le complĂ©ment circonstanciel de but Ă  l’infinitif existe en roumain en concurrence avec son synonyme syntaxique, la subordonnĂ©e avec le prĂ©dicat au subjonctif : Ce putem face pentru a ne ușura munca? = Ce putem face ca să ne ușurăm munca? « Que pouvons-nous faire pour faciliter notre travail ? » Il en est de mĂȘme pour les complĂ©ments avec fără « sans » : Muncește fără a se gĂąndi la rezultat = Muncește fără să se gĂąndească la rezultat « Il/Elle travaille sans penser au rĂ©sultat » ; A concurat fără a cĂąÈ™tiga = A concurat fără să cĂąÈ™tige « Il/Elle a participĂ© au concours sans gagner ». En revanche, seule la subordonnĂ©e est possible dans d’autres cas : Nu rezistă el să nu se ducă la ea « Il ne va pas rĂ©sister Ă  ne pas aller chez elle » ; Mai bine mă retrag decĂąt să fac așa ceva « Je prĂ©fĂšre me retirer plutĂŽt que faire une chose pareille » ; În loc să muncească, pierde vremea « Au lieu de travailler, il/elle perd son temps » ; Nu sunt prost să fac așa ceva « Je ne suis pas bĂȘte au point de faire une chose pareille » ; E prea deștept ca să nu Ăźnțeleagă « Il est trop intelligent pour ne pas comprendre ».

Il y a aussi un type de complĂ©ment du nom exprimĂ© par un infinitif, qui est en concurrence avec une proposition relative d’un type spĂ©cifique, introduite non par un pronom relatif mais par une conjonction : Și-au exprimat dorința de a Ăźncheia un acord / să Ăźncheie un acord « Ils/Elles ont exprimĂ© leur souhait de conclure un accord ».

Mode du prédicat de la subordonnée

Les diffĂ©rences d’emploi du mode touchent plusieurs types de subordonnĂ©es.

Subjonctif vs. indicatif ou conditionnel

Dans le cas des les subordonnĂ©es sujet, comme en français, les verbes rĂ©gents exprimant la certitude demandent que le prĂ©dicat de la subordonnĂ©e soit Ă  l’indicatif ou au conditionnel, et les verbes rĂ©gents exprimant l’obligation, la nĂ©cessitĂ©, la possibilitĂ© et le contraire de ces notions rĂ©gissent le subjonctif. En revanche, les verbes rĂ©gents exprimant l’incertitude rĂ©gissent l’indicatif ou le conditionnel en roumain, mais le subjonctif en français. Dans le mĂȘme temps, alors qu’en roumain les verbes rĂ©gents exprimant un jugement subjectif demandent l’indicatif ou le subjonctif (parfois les deux sont possibles), en français les mĂȘmes verbes sont gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©s avec le subjonctif[3]. Exemples :

RoumainFrançais
Este sigur că va veni (indicatif)Il est sĂ»r qu’il viendra (indicatif)
Este clar că ar veni (conditionnel) dacă ar puteaIl est clair qu’il viendrait (conditionnel) s’il pouvait
Trebuie să vină (subjonctif)Il faut qu’il vienne (subjonctif)
Nu e posibil să vină (subjonctif)Il n’est pas possible qu’il vienne (subjonctif)
Nu e sigur că va veni (indicatif)Il n’est pas sĂ»r qu’il vienne (subjonctif)
E mai bine să vină (subjonctif)Il vaut mieux qu’il vienne (subjonctif)
Păcat că n-a venit (indicatif)Dommage qu’il ne soit pas venu (subjonctif)
E rușinos că nu vine (indicatif – action rĂ©elle)Il est honteux qu’il ne vienne pas (subjonctif)
Ar fi rușinos să nu vină (subjonctif – action future supposĂ©e)Il serait honteux qu’il ne vienne pas (subjonctif)

Comme en français, dans le cas des subordonnĂ©es COD, les verbes rĂ©gents de dĂ©claration, d’opinion, de perception et ceux exprimant la certitude rĂ©gissent gĂ©nĂ©ralement l’indicatif ou le conditionnel, alors que ceux exprimant l’intention, le souhait, la demande, l’exhortation et l’ordre se construisent avec le subjonctif. En revanche, les verbes rĂ©gents exprimant un sentiment, un Ă©tat d’ñme, exigent en roumain l’indicatif[4] :

RoumainFrançais
Confirm că va veni (indicatif)Je confirme qu’il/elle viendra (indicatif)
Cred că va veni (indicatif) / ar veni (conditionnel) dacă ar puteaJe pense qu’il/elle viendra (indicatif) / viendrait s’il/si elle pouvait
Vreau să vină (subjonctif)Je veux qu’il/elle vienne (subjonctif)
Ordon să vină (subjonctif)J’ordonne qu’il/elle vienne (subjonctif)
Regret că va veni (indicatif)Je regrette qu’il/elle vienne (subjonctif)

Dans la subordonnĂ©e COI aussi il y a des ressemblances et des diffĂ©rences entre roumain et français. Les verbes rĂ©gents exprimant la certitude demandent l’indicatif ou le conditionnel dans les deux langues, mais ceux qui expriment l’incertitude et les sentiments, les Ă©tats d’ñme, demandent gĂ©nĂ©ralement l’indicatif ou le conditionnel en roumain, tandis qu’en français c’est le subjonctif qui est exigĂ©[5]. Exemples :

RoumainFrançais
Sunt sigur că va veni (indicatif) / ar veni (conditionnel) dacă ar puteaJe suis sĂ»r qu’il/elle viendra (indicatif) / qu’il/elle viendrait (conditionnel) s’il/elle pouvait
Mă ündoiesc că va veni (indicatif) / ar veni (conditionnel)Je doute qu’il/elle vienne (subjonctif)
Mă bucur că va veni (indicatif)Je suis content(e) qu’il/elle vienne (subjonctif)

La subordonnĂ©e COI rĂ©gie par un verbe exprimant la crainte a une structure particuliĂšre. Les phrases Mă tem că pleacă et Mă tem să nu plece ont le mĂȘme sens, bien que dans la premiĂšre le prĂ©dicat de la subordonnĂ©e soit Ă  l’indicatif et dans la deuxiĂšme – au subjonctif, avec un nu explĂ©tif. En français, avec ou sans ne explĂ©tif, le prĂ©dicat de la subordonnĂ©e est au subjonctif : « Je crains qu’il/elle (ne) parte ». Le sens contraire Ă  celui de ces phrases est exprimĂ© par la phrase Mă tem că nu pleacă (indicatif) « Je crains qu’il/elle ne parte pas » (subjonctif).

Dans les subordonnĂ©es circonstancielles Ă©galement, l’indicatif et le conditionnel sont plus frĂ©quents en roumain qu’en français : Deși este bolnav, lucrează « Bien qu’il soit malade, il travaille » ; Face sport, cu toate că e Ăźn vĂąrstă « Il fait du sport quoiqu’il soit ĂągĂ© » ; Face totdeauna ce vrea, fie că / indiferent că se opune cineva sau nu « Il/Elle fait toujours ce qu’il/elle veut, qu’on s’y oppose ou non »[6]. La locution « jusqu’à ce que » a deux correspondants en roumain : l’un utilisĂ© avec le subjonctif (A trecut multă vreme pĂąnă să-l cunosc « Il est passĂ© longtemps jusqu’à ce que je le connaisse »), l’autre avec l’indicatif : Continuă pĂąnă (ce/cĂąnd) termini « Continue jusqu’à ce que tu finisses »[7].

Dans les subordonnĂ©es CC introduites par un pronom indĂ©fini, un adjectif indĂ©fini ou un adverbe indĂ©fini composĂ© avec ori-, le prĂ©dicat est au conditionnel en roumain, mais au subjonctif en français : Nu-i deschid ușa, oricine ar fi « Je ne lui ouvre pas la porte, qui que ce soit » ; Este iertat, orice greșeală ar face « On lui pardonne, quelque faute qu’il fasse » ; Oriunde ar merge, este bine primit « OĂč qu’il aille, il est bien reçu » ; Orice s-ar ĂźntĂąmpla, nu plec « Quoi qu’il arrive, je ne pars pas » ; Mă duc oriunde vrei « Je vais oĂč que tu veuilles »[8].

Subordonnées avec dacă

Il y a une diffĂ©rence notable entre le roumain et le français quant au mode utilisĂ© dans les subordonnĂ©es circonstancielles introduites par la conjonction dacă « si » et par les locutions conjonctives avec cette conjonction, Ă  savoir que le prĂ©dicat de la subordonnĂ©e peut ĂȘtre au mĂȘme mode et au mĂȘme temps que le prĂ©dicat de la principale.

En proposition circonstancielle de condition[9] :

RoumainFrançais
Dacă va putea (indicatif futur), va veniSi elle peut (indicatif présent), elle viendra
Dacă ar putea (conditionnel présent), ar veniSi elle pouvait (indicatif imparfait), elle viendrait
Dacă ar fi putut (conditionnel passé), ar fi venitSi elle avait pu (indicatif plus-que-parfait), elle serait venue

En proposition comparative hypothétique[10] :

RoumainFrançais
Dansează ca și cum ar pluti (conditionnel prĂ©sent)Il/Elle danse comme s’il/si elle flottait (indicatif imparfait)
A dat din cap de parcă ar fi Ăźnțeles (conditionnel passĂ©)Il/Elle a hochĂ© la tĂȘte comme s’il/si elle avait compris (indicatif plus-que-parfait)

En proposition concessive hypothétique[8] :

RoumainFrançais
Chiar dacă aș vrea (conditionnel prĂ©sent), n-aș putea face astaMĂȘme si je le voulais (indicatif imparfait), je ne pourrais pas le faire
Chiar dacă aș fi vrut (conditionnel passĂ©), n-aș fi putut face astaMĂȘme si je l’avais voulu (indicatif plus-que-parfait), je n’aurais pas pu le faire

Concordance des temps

La concordance des temps entre la subordonnĂ©e et la principale n’est pas aussi rigide en roumain qu’en français. Si le prĂ©dicat de la principale est Ă  un temps passĂ©, le prĂ©dicat de la subordonnĂ©e peut ĂȘtre au mĂȘme temps que si le prĂ©dicat de la principale Ă©tait au prĂ©sent ou au futur[11]. Exemples :

RoumainFrançais
A spus că Ăźl așteaptă (indicatif prĂ©sent) pe PaulIl/Elle a dit qu’elle attendait (indicatif imparfait) Paul
A spus că l-a așteptat (indicatif passĂ© composĂ©) pe PaulIl/Elle a dit qu’elle avait attendu (indicatif plus-que-parfait) Paul
A spus că o să-l aștepte (indicatif futur) pe PaulIl/Elle a dit qu’elle attendrait (conditionnel prĂ©sent – futur dans le passĂ©) Paul

Reprise et anticipation du pronom relatif ou indéfini subordonnant

L’une des particularitĂ©s de la proposition relative roumaine est que, si le pronom relatif est un COD ou un COI au datif sans prĂ©position, il est repris dans la relative par un pronom personnel complĂ©ment atone au mĂȘme cas grammatical que le pronom relatif : Fata pe care ai văzut-o este prietena mea « La fille que tu as vue est ma copine ». Exemple au datif : TĂąnărul căruia i-am dat cheia este fiul meu « Le jeune homme Ă  qui j’ai donnĂ© la clĂ© est mon fils »[12].

Le pronom relatif ou indĂ©fini au datif ou Ă  l’accusatif avec la prĂ©position la qui introduit une subordonnĂ©e COI placĂ©e devant la principale, est repris dans celle-ci[13]. Exemples :

  • pronom au datif : Cui mă Ăźntreabă Ăźi răspund « Je rĂ©ponds Ă  qui me le demande » (littĂ©ralement « À qui me demande je lui rĂ©ponds » ; Oricui mă Ăźntreabă Ăźi răspund « Je rĂ©ponds Ă  quiconque me le demande » (litt. « À quiconque me demande je lui rĂ©ponds »).
  • pronom Ă  l’accusatif avec la prĂ©position la, placĂ©e devant la principale : La oricĂąÈ›i Ăźmi cer le dau o mĂąnă de ajutor « Si nombreux que soient ceux qui me le demandent, je leur donne un coup de main » (litt. « À n’importe combien me demandent je leur donne un coup de main »).

Si la mĂȘme subordonnĂ©e est placĂ©e aprĂšs la principale, le mot subordonnant peut ĂȘtre anticipĂ© sans que ce soit obligatoire : (Îi) răspund oricui mă Ăźntreabă, (Le) dau o mĂąnă de ajutor la oricĂąÈ›i Ăźmi cer. L’anticipation n’est obligatoire que si la principale est du type Ăźi e greu « il lui est difficile »[14] : Îi e somn cui n-a dormit noaptea « Il/Elle a sommeil, celui/celle qui n’a pas dormi la nuit ».

Il y a Ă©galement reprise du pronom relatif ou indĂ©fini qui introduit une subordonnĂ©e COD ou COI, dans la principale qui prĂ©cĂšde la subordonnĂ©e[15]. Il est repris si la subordonnĂ©e prĂ©cĂšde la principale [Pe cĂąÈ›i au fost aici i-am trimis la tine « Tous ceux qui sont venus ici, je les ai envoyĂ©s chez toi » (litt. « Combien ont Ă©tĂ© ici je les ai envoyĂ©s chez toi »)] et facultativement anticipĂ© si la subordonnĂ©e suit la principale : (I-)am trimis la tine pe cĂąÈ›i au fost aici « J’ai envoyĂ© chez toi tous ceux qui sont venus ici » [litt. « Je (les) ai envoyĂ©(s) chez toi combien ont Ă©tĂ© ici »].

Corrélatifs

Certaines subordonnĂ©es sont annoncĂ©es par un adverbe, un pronom ou un adjectif pronominal corrĂ©latif dans la proposition principale, aussi bien en roumain qu’en français. C’est obligatoire dans les deux langues pour la subordonnĂ©e comparative qui se rapporte Ă  un nom (Cheltuiește atĂąÈ›ia bani cĂąÈ›i cĂąÈ™tigă « Il dĂ©pense autant d’argent qu’il en gagne »), mais ce n’est pas obligatoire en roumain si le nom est absent, le mot subordonnant ayant lui aussi un sens quantitatif : Cheltuiește (atĂąt) cĂąt cĂąÈ™tigă « Il/Elle dĂ©pense autant qu’il en gagne » (litt. « Il dĂ©pense combien il gagne »)[10].

D’autres subordonnĂ©es ont un corrĂ©latif facultatif qui les renforce : De aceea lipsește, pentru că este bolnav « Il est malade, voilĂ  pourquoi il s’absente » (litt. « Pour cela il s’absente, parce qu’il est malade »)[16] ; Dacă vrei să ajungi la timp, atunci grăbește-te! « Tu veux arriver Ă  l’heure ? Alors dĂ©pĂȘche-toi ! » (litt. « Si tu veux arriver Ă  temps, alors dĂ©pĂȘche-toi ! »)[6].

Cumva

L’adverbe cumva est utilisĂ© facultativement dans des subordonnĂ©es surtout pour renforcer une nĂ©gation. La phrase Îi dau telefon, ca să nu plece fără mine « Je lui donne un coup de tĂ©lĂ©phone, pour qu’il/elle ne parte pas sans moi » peut ainsi devenir Îi dau telefon, ca nu cumva să plece fără mine « Je lui donne un coup de tĂ©lĂ©phone, pour qu’en aucun cas il/elle ne parte sans moi »[17]. Un autre exemple : Are grijă să nu cadă Ăźn apă « Il/Elle fait attention Ă  ne pas tomber Ă  l’eau » → Are grijă ca nu cumva să cadă Ăźn apă « Il/Elle fait attention Ă  ne pas tomber Ă  l’eau par hasard »[18]..

Cumva peut aussi renforcer une hypothĂšse : Dacă pleci cumva din oraș, anunță-mă! « Si jamais tu quittes la ville, prĂ©viens-moi ! »[9].

Nu explétif

Nu explĂ©tif est moins frĂ©quent que le ne explĂ©tif français. Il est obligatoire dans la proposition COI subordonnĂ©e aux verbes a se teme « craindre » et a-i fi frică/teamă « avoir peur », dont le prĂ©dicat est au subjonctif et ou il est facultatif en français [Mă tem să nu plece « Je crains qu’il/elle (ne) parte »] »[13], mais il n’est pas Ă  utiliser dans d’autres subordonnĂ©es oĂč il est possible en français : Muncește mai bine decĂąt credeam « Il/Elle travaille mieux que je (ne) le pensais » ; Se face altfel de cum știam « Cela se fait autrement que je (ne) le savais »[10] ; A venit altcineva decĂąt cine credeam « Il est venu un autre que je (ne) (le) pensais » ; Să mergem altundeva decĂąt unde merg ei « Allons ailleurs qu’ils (ne) vont ».

Cas du pronom subordonnant

Les pronoms relatifs, interrogatifs et indéfinis qui introduisent des subordonnées présentent quelques particularités quant à leur accord en cas.

Le pronom relatif care s’accorde en genre et en nombre avec le mot auquel il se rĂ©fĂšre, mais son cas correspond Ă  sa fonction dans la proposition relative : TĂąnărul căruia i-am dat cheia este fiul meu « Le jeune homme Ă  qui j’ai donnĂ© la clĂ© est mon fils », mais Fata căreia i-am dat cheia este nora mea « La jeune fille Ă  qui j’ai donnĂ© la clĂ© est ma belle-fille »[12]. Il en est de mĂȘme pour les pronoms interrogatifs ou indĂ©finis qui introduisent une subordonnĂ©e COI : Nu mă dumiresc a cui este « Je ne me rends pas compte Ă  qui c’est » ; Dau o mĂąnă de ajutor oricui are nevoie « Je donne un coup de main Ă  quiconque en a besoin »[13].

Le cas grammatical des indĂ©finis oricare et oricine dĂ©pend de la relation avec la proposition principale, ne correspondant pas Ă  leur fonction dans la subordonnĂ©e. Dans la phrase Datoria oricui ĂźntĂąlnește un accidentat este să-l ajute « Le devoir de quiconque rencontre un accidentĂ© est de le secourir », oricui est au gĂ©nitif, parce que c’est le complĂ©ment du nom exprimant le possesseur de datoria, et pourtant oricui est le sujet de la proposition relative[19].

Ordre des propositions

La place des subordonnĂ©es est le plus souvent aprĂšs la proposition principale, Ă  moins qu’elles ne soient mises en relief, cas dans lequel elles prennent la premiĂšre place. En roumain, c’est parfois possible sans ajout d’un Ă©lĂ©ment supplĂ©mentaire : Lipsește pentru că e bolnav « Il/Elle s’absente, parce qu’il/elle est malade » → Pentru că e bolnav lipsește « C’est parce qu’il/elle est malade qu’il/elle s’absente »[16] ; Am scris cu ce am găsit « J’ai Ă©crit avec ce que j’ai trouvĂ© » → Cu ce am găsit am scris « C’est avec ce que j’ai trouvĂ© que j’ai Ă©crit »[20]. D’autres fois, l’inversion de la place des propositions implique l’emploi d’un corrĂ©latif dans la principale : Muncește ca să se realizeze « Il/Elle travaille pour se rĂ©aliser » → Ca să se realizeze, de aceea muncește « C’est pour se rĂ©aliser qu’il/elle travaille »[17].

En roumain il arrive que la principale et la subordonnĂ©e s’entrelacent. C’est le cas, par exemple, de la subordonnĂ© sujet, lorsque le sujet de cette derniĂšre est exprimĂ© par un nom ou un pronom : Voi se cuvine să ascultați de părinți « Vous, il convient que vous obĂ©issiez Ă  vos parents ». Le sujet de la subordonnĂ©e se place devant la principale et le reste de la subordonnĂ©e aprĂšs la principale[21].

Autres particularités

Conjonction să vs. locution conjonctive (pentru) ca (
) să

La conjonction să est utilisĂ©e seule dans la proposition COD subordonnĂ©e Ă  un verbe qui rĂ©git le subjonctif, lorsque le sujet de la subordonnĂ©e n’est exprimĂ©e que par la dĂ©sinence de son prĂ©dicat : Doresc să Ăźnțeleagă punctul meu de vedere « Je souhaite qu’ils/elles comprennent mon point de vue ». La locution ca 
 să aux Ă©lĂ©ments sĂ©parĂ©s est utilisĂ©e dans le mĂȘme type de subordonnĂ©e si son sujet est exprimĂ© par un nom ou un substitut de nom : Doresc ca toți să Ăźnțeleagă punctul meu de vedere « Je souhaite que tous comprennent mon point de vue »[11].

La subordonnĂ©e de but ou de consĂ©quence peut ĂȘtre introduite par la conjonction să seule ou par ca să aux Ă©lĂ©ments non sĂ©parĂ©s, lorsque son sujet est exprimĂ©e par la seule dĂ©sinence : Am venit (ca) să te văd « Je suis venu(e) (pour) te voir ». Si le sujet est exprimĂ© par un nom ou un substitut de nom, c’est la locution (pentru) ca 
 să aux Ă©lĂ©ments sĂ©parĂ©s qu’il faut utiliser : Ud cu multă apă, (pentru) ca florile să se dezvolte bine « J’arrose avec beaucoup d’eau, pour que les fleurs se dĂ©veloppent bien »[17] ; Poarta este prea Ăźngustă pentru ca mașina să poată intra « Le portail est trop Ă©troit pour que la voiture puisse entrer ». Les Ă©lĂ©ments de ca 
 să encadrent aussi une nĂ©gation renforcĂ©e par l’adverbe cumva : Îi dau telefon, ca nu cumva să plece fără mine « Je lui donne un coup de tĂ©lĂ©phone, pour qu’il/elle ne parte pas sans moi »[11].

RĂŽle de la prosodie

Les Ă©lĂ©ments prosodiques comme l’intonation, l’accentuation et la pause (cette derniĂšre marquĂ©e Ă  l’écrit par une virgule) peuvent dĂ©terminer le sens de la phrase : CĂąnd Ăźl chem, vine (accent plus faible et ton plus bas sur le mot chem, pause entre les propositions, accent plus fort sur le mot vine) « Quand je l’appelle, il vient » vs. CĂąnd Ăźl chem vine (accent plus fort et ton plus haut sur chem, absence de pause, accent plus faible sur vine) « C’est quand je l’appelle qu’il vient »[22].

Notes et références

  1. Section d’aprùs Avram 1997, pp. 366-391, 430-450.
  2. Mode qui correspond principalement tantÎt au gérondif, tantÎt au participe présent français.
  3. Avram 1997, pp. 422-424.
  4. Avram 1997, pp. 430-432.
  5. Avram 1997, pp. 432-434.
  6. Avram 1997, p. 448.
  7. Avram 1997, p. 436.
  8. Avram 1997, p. 449.
  9. Avram 1997, p. 447.
  10. Avram 1997, p. 442.
  11. Avram 1997, p. 430.
  12. Avram 1997, pp. 426-427.
  13. Avram 1997, p. 433.
  14. D’autres propositions de ce type sont Ăźi e cald « il/elle a chaud », Ăźi e frig « il/elle a froid », Ăźi e dor de « il/elle se languit de », etc.
  15. Avram 1997, p. 431.
  16. Avram 1997, p. 439.
  17. Avram 1997, p. 440.
  18. Avram 1997, p. 432.
  19. Avram 1997, p. 427.
  20. Avram 1997, p. 445.
  21. Avram 1997, p. 423.
  22. Avram 1997, p. 437.

Source bibliographique

  • (ro) Avram, Mioara, Gramatica pentru toți [« Grammaire pour tous »], Humanitas, Bucarest, 1997 (ISBN 973-28-0769-5)

Bibliographie supplémentaire

  • (en) Pană Dindelegan, Gabriela, The Grammar of Romanian [« Grammaire du roumain »], Oxford, Oxford University Press, 2013, (ISBN 978-0-19-964492-6) (consultĂ© le )
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