AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Prosodie (linguistique)

En linguistique, le terme prosodie (du latin prosodia, Ă  son tour du grec ancien prosƍidĂ­a « chant pour accompagner la lyre ; variation de hauteur de la voix »[1]), tel qu’il est entendu en français, dĂ©nomme la branche de la phonĂ©tique et de la phonologie qui Ă©tudie ce qu’on appelle les « traits prosodiques » de la langue, nommĂ©s aussi « traits suprasegmentaux ». Ce sont principalement l’accent, le ton, l’intonation, la jointure, la pause, le rythme, le tempo et le dĂ©bit. Le terme français a plusieurs correspondants en anglais. Prosody dĂ©signe l’ensemble des traits prosodiques, et la discipline qui les Ă©tudie est nommĂ©e par plusieurs termes : prosodics[1], suprasegmental phonetics (« phonĂ©tique suprasegmentale ») ou prosodic phonology (« phonologie prosodique »)[2].

Avant d’ĂȘtre adoptĂ© par la phonĂ©tique et la phonologie, « prosodie » Ă©tait un terme utilisĂ© dans la mĂ©trique (voir l’article Prosodie). Il a acquis dĂšs l’AntiquitĂ© les sens « prononciation rĂ©guliĂšre des mots, qui respecte l’accent et la quantitĂ© (durĂ©e) des sons » et « organisation vocalique et consonantique d’un texte »[3]. Le premier de ces sens a constituĂ© la base de la mĂ©trique, la prosodie devenant l’ensemble des rĂšgles de versification qui concernent la quantitĂ© des voyelles, les faits accentuels et mĂ©lodiques[4].

Le domaine de recherche de la prosodie est vaste et hĂ©tĂ©rogĂšne, sa littĂ©rature se caractĂ©risant par une grande diversitĂ© d’approches divergentes quant Ă  ce qu’on peut prendre en compte en tant que traits prosodiques, Ă  leur dĂ©finition et Ă  l’établissement de ce qui leur est commun[5].

Généralités sur les traits prosodiques

On considÚre généralement comme des traits prosodiques des phénomÚnes phoniques ayant pour caractéristique commune de se manifester simultanément avec les segments de la chaßne parlée, qui sont leurs supports : sons (phones du point de vue de la phonétique, phonÚmes du point de vue de la phonologie) et segments qui en sont formés (syllabes, affixes, mots, syntagmes, phrases simples, propositions membres de phrases complexes, phrases complexes, groupes de phrases correspondant aux paragraphes, discours)[5] - [6] - [7].

Bien que certains traits prosodiques (l’accent, le ton) se manifestent sur le son, ils ne peuvent ĂȘtre saisis sur le son isolĂ©, mais seulement sur un segment plus grand, par rapport Ă  leur manifestation sur d’autres sons[8]. C’est pourquoi on dit que ces traits, ainsi que tous les autres, affectent des segments plus grands qu’un son[1] - [9]. Les traits prosodiques se manifestant sur le son sont appelĂ©s intensifs, et ceux qui se manifestent sur des segments plus grands – extensifs, par exemple l’intonation[6].

Certains traits ont un statut ambigu ou controversĂ©. Ainsi, la quantitĂ© (durĂ©e) du son est abordĂ©e comme un trait d’entitĂ© segmentale[10] - [11] - [12] - [13], mais elle apparaĂźt aussi en tant que l’un des traits prosodiques[3] - [1] - [9].

Bien que ce soit une composante de l’accent, certains auteurs prennent en compte sĂ©parĂ©ment l’intensitĂ© du son[3] - [7] - [14]. Une autre composante de l’accent, la hauteur du son, est elle aussi considĂ©rĂ©e Ă  part par certains auteurs[15] - [14]. D’autres traitent la hauteur sans la dissocier du ton, qu’ils opposent Ă  l’accent comme une alternative de celui-ci dans les langues dites Ă  tons, oĂč l’accent n’a qu’un rĂŽle marginal selon eux[16].

De l’avis de certains auteurs, on peut considĂ©rer comme prosodiques des traits telles la nasalitĂ©, dans les langues oĂč une consonne nasale nasalise la voyelle qui la prĂ©cĂšde ou qui la suit, ou bien l’ouverture des voyelles, dans les langues oĂč l’harmonie vocalique a un rĂŽle important[9] - [14].

Le ton, le rythme ou les pauses peuvent ĂȘtre des Ă©lĂ©ments appelĂ©s paralinguistiques, lorsqu’ils sont caractĂ©ristiques pour des façons de parler personnelles. Le timbre des sons peut aussi ĂȘtre un tel Ă©lĂ©ment[17], que certains auteurs mentionnent parmi les traits prosodiques[18].

Les traits prosodiques peuvent ĂȘtre abordĂ©s du point de vue phonĂ©tique (leurs caractĂ©ristiques acoustiques, par exemple), mais aussi du point de vue phonologique, dans la mesure oĂč ces traits aussi remplissent la fonction de diffĂ©rencier des sens. Par analogie avec les phonĂšmes en tant qu’objets d’étude de la phonologie, les traits prosodiques sont appelĂ©es « prosodĂšmes » dans cette perspective, par certains auteurs[9] - [19] - [14].

Les traits prosodiques sont liĂ©s non seulement aux unitĂ©s segmentales, mais aussi entre eux. Ainsi, l’intonation est liĂ©e Ă  la hauteur des sons, Ă©tant donnĂ©e par la variation de celle-ci d’un son Ă  un autre[20]. D’un autre cĂŽtĂ©, l’intonation est liĂ©e Ă  la pause et Ă  l’accent. Devant une pause qui sĂ©pare deux segments constituant des unitĂ©s syntaxiques, l’intonation est Ă  un certain niveau de hauteur. Par exemple, dans la phrase Il n’est pas parti, parce qu’il avait peur, l’intonation atteint sa hauteur maximale sur le i de parti, voyelle accentuĂ©e, le mot Ă©tant suivi d’une pause[21].

Traits prosodiques

L’accent

Articles détaillés : Accent tonique, Accent de hauteur

L’accent est un trait prosodique intensif, par lequel une syllabe est mise en relief par rapport Ă  d’autres syllabes. C’est valable tout d’abord pour un mot polysyllabique, mais le mot Ă  accent peut ĂȘtre mis ainsi en relief par rapport aux autres mots de son syntagme, un syntagme dans une proposition ou une proposition dans une phrase complexe[22].

Les composantes principales de l’accent sont l’énergie (l’intensitĂ©) du son accentuĂ© et son niveau de hauteur (appelĂ© aussi ton), ayant pour composante secondaire la quantitĂ© (la durĂ©e) de ce son[23].

Selon le rîle fonctionnel plus ou moins important de l’une ou de l’autre des composantes principales de l’accent, on distingue plusieurs types de langues :

  • Dans les langues Ă  accent d’énergie (ou d’intensitĂ© ou dynamique ou expiratoire)[24], que certains auteurs appellent « accent tonique »[25], l’intensitĂ© du son accentuĂ© Ă  un rĂŽle primordial par rapport Ă  sa hauteur. Le français entre dans cette catĂ©gorie.
  • Dans les langues Ă  accent de hauteur ou musical, la composante de hauteur a un certain rĂŽle fonctionnel, Ă  cĂŽtĂ© de l’intensitĂ©. De telles langues sont BCMS (bosnien, croate, montĂ©nĂ©grin et serbe ou le suĂ©dois, par exemple[26].
  • Dans les langues Ă  tons, la composante de hauteur a un rĂŽle primordial par rapport Ă  l’intensitĂ©. C’est le propre de langues comme le chinois ou le vietnamien[27].

Certains linguistes ne distinguent que deux catĂ©gories, opposant d’un cĂŽtĂ© langues Ă  accent, dans lesquelles ils incluent celles Ă  accent d’énergie et celles Ă  accent de hauteur, et, d’un autre cĂŽtĂ©, langues Ă  tons[16].

Le ton

Le ton est un trait prosodique intensif qui consiste en le niveau de hauteur du son ou en sa variation, limitĂ©s Ă  la syllabe d’un mot[27]. Dans les langues Ă  tons (le chinois, par exemple), les tons ont une fonction phonologique prĂ©pondĂ©rante, Ă©tant nommĂ©s « tonĂšmes » de ce point de vue. Le ton est aussi prĂ©sent, Ă©tant d’habitude appelĂ© « hauteur », en tant que composante de l’accent appelĂ© d’énergie ou d’intensitĂ©. Dans certaines langues, ce n’est qu’un corollaire de l’intensitĂ©, sans valeur fonctionnelle (par exemple en français), dans d’autres il a une fonction phonologique limitĂ©e par rapport Ă  l’intensitĂ©, par exemple en norvĂ©gien[16].

L’intonation

L’intonation est un trait prosodique extensif qui consiste en la variation de la hauteur des sons dans un segment de la chaĂźne parlĂ©e, donnant Ă  ce segment une certaine ligne mĂ©lodique. Elle peut avoir une fonction grammaticale, par exemple dans la distinction des phrases selon le but de la communication (dĂ©claratif, interrogatif ou exclamatif) et/ou dans l’expression de l’état affectif du locuteur, de son attitude ou de ses intentions de communication. Selon sa direction, l’intonation peut ĂȘtre principalement ascendante, descendante ou uniforme[28].

La jointure

La jointure ou joncture est une limite entre deux segments de la chaĂźne parlĂ©e : syllabes, morphĂšmes, mots, syntagmes, propositions ou phrases. Celle de l’intĂ©rieur d’un mot est appelĂ©e jointure interne et celle entre deux mots – jointure externe[29].

D’un autre point de vue, l’un des types de ce trait est la jointure effective. La pause aussi en fait partie. L’une des jointures effectives se rĂ©alise sous forme de coup de glotte, par exemple en anglais, entre une syllabe terminĂ©e en voyelle avant une syllabe Ă  initiale vocalique, ex. co-operate « coopĂ©rer »[30]. Parfois, la jointure interne entre deux syllabes ou la jointure externe est marquĂ©e par un groupe de consonnes qui ne peuvent pas se suivre Ă  l’intĂ©rieur d’une syllabe, par exemple, en roumain, bp, mh, nm, sz, etc. Il y a, par exemple, jointure externe effective dans le syntagme (ro) merg repede « je vais vite »[29], Ă  cause du voisinage des consonnes rgr. Il y a Ă©galement jointure externe entre un mot avec la mĂȘme consonne finale que la consonne initiale du mot suivant, groupe qui Ă  l’intĂ©rieur d’un mot se prononcerait comme une seule consonne, ex. (en) Good day! [ÉĄÊŠddeÉȘ] « Bonjour ! » vs sudden [sʌdən] « brusque »[31].

Le type de jointure opposĂ© au prĂ©cĂ©dent est la jointure virtuelle. Externe, c’est une jointure entre mots qui forment un syntagme qu’on peut confondre dans la parole avec un autre syntagme, ex. (fr) l’essence [l#esĂŁs] vs les sens [le#sĂŁs], (en) a name [ə#neÉȘm] « un nom » vs an aim [ən#eÉȘm] « une cible ». La jointure virtuelle peut ĂȘtre interne aussi, par exemple entre un morphĂšme racine qui existe en tant que mot Ă©galement, et un morphĂšme affixe, lorsqu’on sait que ce sont des morphĂšmes Ă  part, ex. farouchement [faruʃ#mĂŁ] (< farouche + suffixe formateur d’adverbes)[32].

La pause

La pause est une interruption dans le flux articulĂ© de la parole, Ă©tant une partie intĂ©grante de ce flux. Il y a plusieurs types de pauses, Ă©tablis de plusieurs points de vue. De l’un, la pause peut ĂȘtre voulue ou non voulue par le locuteur. L’une des pauses non voulues est celle provoquĂ©e par l’inspiration en tant que phase de la respiration[33]. Une autre de ce genre est la pause d’hĂ©sitation, quand le locuteur ne sait pas quoi dire ou comment dire ce qu’il veut exprimer. Certains auteurs distinguent pause d’hĂ©sitation silencieuse et pause d’hĂ©sitation remplie par une sĂ©quence sonore non articulĂ©e, telle euh[34].

La pause voulue peut avoir une motivation pragmatique, par exemple celle utilisĂ©e par un orateur pour faire de l’effet sur son auditoire[33].

La pause a aussi des fonctions linguistiques, dĂ©limitant des segments de diverses longueurs : syntagmes, propositions, phrases, groupes de phrases. La pause est d’autant plus longue, qu’elle dĂ©limite des segments plus longs, la plus longue Ă©tant celle entre groupes de phrases. Ces pauses sont en gĂ©nĂ©ral rendues Ă  l’écrit par la ponctuation, et les groupes de phrases constituant une unitĂ© de sens – par des alinĂ©as[33].

Les rĂŽles syntaxiques de la pause sont importantes. Dans le cadre de la phrase complexe, elle dĂ©limite les propositions appelĂ©es isolĂ©es, certains types de propositions l’étant facultativement, d’autres – obligatoirement. Exemples :

  • la proposition incise : Qu’allons-nous faire, demanda-t-il ?[35] ;
  • certaines propositions subordonnĂ©es, surtout antĂ©posĂ©es Ă  la principale : Comme nous n’avions pas beaucoup de temps, nous avons dĂ» prendre un taxi[36] ;
  • la proposition relative intercalĂ©e dans la principale : La rĂ©forme des diplĂŽmes, qui a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e pendant plusieurs annĂ©es [
], entrera en vigueur l’an prochain[37].

Dans la phrase, l’apposition explicative est toujours dĂ©limitĂ©e par des pauses : M. GuĂ©rin, directeur de la cave coopĂ©rative, nous a fait visiter la cave[38]. La pause peut distinguer la fonction syntaxique d’un Ă©lĂ©ment d’une construction, ex. (ro) Problema dificilă a rămas nerezolvată « Le problĂšme difficile est restĂ© sans solution » (Ă©pithĂšte dĂ©terminative d’identification/qualification) vs Problema, dificilă, a rămas nerezolvată « Le problĂšme, difficile, est restĂ© sans solution » (Ă©pithĂšte dĂ©tachĂ©e, explicative, Ă  nuance circonstantielle de cause). En roumain, la pause peut parfois tenir lieu de verbe de la proposition : Eu, acasă « Moi, je suis rentrĂ© (chez moi) » (littĂ©ralement « Moi, chez moi »). Le russe est une langue dans laquelle la pause correspond Ă  la copule « ĂȘtre » au prĂ©sent de l’indicatif, d’ordinaire obligatoirement omise : Đ–Đ”ĐœŃ‰ĐžĐœĐ° ĐșрасаĐČоца Jenchtchina krasavitsa « La femme est une beautĂ© ». La pause distingue cette phrase du mot composĂ© Đ¶Đ”ĐœŃ‰ĐžĐœĐ°-ĐșрасаĐČоца « belle femme »[39].

L’absence, respectivement la prĂ©sence de la pause peut diffĂ©rencier les sens d’un segment. Exemples :

  • (fr)[21] : Il n’est pas parti parce qu’il avait peur vs Il n’est pas parti, | parce qu’il avait peur ;
  • (hu)[33] :
håromnegyed négy felé « vers quatre heures moins le quart » (litt. « trois quarts quatre vers ») vs
hårom, « vers trois heures, trois heures et quart » (litt. « trois, quart quatre vers »).

Parfois, c’est la place de la pause qui remplit cette fonction. Par exemple, le segment [sĂž ki sav lƓ(ː)ʁ sufləʁɔ̃] peut ĂȘtre divisĂ© diffĂ©remment en deux groupes, chacun Ă©tant marquĂ© par l’accent unique du groupe et l’intonation de celui-ci, qui culmine sur la voyelle accentuĂ©e[40] : Ceux qui savent | leur souffleront vs Ceux qui savent l’heure | souffleront.

La pause est liĂ©e Ă  d’autres traits prosodiques, Ă  l’intonation notamment. En roumain, par exemple, devant la pause de la fin d’une phrase dĂ©clarative, l’intonation descend. À la fin d’une phrase interrogative totale (sans mot interrogatif), l’intonation monte, ainsi qu’à la fin d’une subordonnĂ©e antĂ©posĂ©e Ă  la principale[28].

Le rythme

Dans la parole, le rythme est donnĂ© par la rĂ©pĂ©tition Ă  des intervalles approximativement rĂ©guliers d’un facteur de proĂ©minence d’une syllabe (accent, durĂ©e plus grande du noyau de syllabe, ton plus haut) aprĂšs un certain nombre de syllabes atones, plus brĂšves, Ă  ton moins haut, respectivement. Il est donc directement dĂ©pendant de ces facteurs. Il s’agit souvent d’une combinaison de ceux-ci. Le rythme est rĂ©alisĂ© de façon consciente en poĂ©sie et parfois en prose littĂ©raire[41].

Dans la langue habituelle on rĂ©alise du rythme dans des expressions figĂ©es de façon semblable Ă  celle de la poĂ©sie, associĂ© Ă  d’autres Ă©lĂ©ments de celle-ci, telle l’allitĂ©ration, la rime ou l’assonance : sans feu ni lieu, Ă  la queue leu leu[42].

Dans la langue habituelle, le rythme est perceptible en fonction du poids des intervalles réguliers dans la langue donnée. En français, par exemple, les groupes de mots constituant des unités de sens et délimités par des pauses, appelés justement « groupes rythmiques », tendent à avoir un nombre ni trop petit ni trop grand de syllabes, entre trois et sept environ. Les groupes les plus fréquents sont de trois et de quatre syllabes, par conséquent les rythmes prédominants sont[43] :

  • le rythme ternaire : Vous avez | certainement | rĂ©pondu | qu’il viendrait | en voiture et
  • le rythme quaternaire : Vous avez dit | qu’il arriverait | mardi matin.

À part celles-ci, il y a encore de nombreux autres combinaisons possibles de groupes de deux à quatre syllabes, par exemple[43] :

  • 4 | 2 | 4: DĂ©pĂȘchez-vous | d’écrire, | je vous attends ;
  • 2 | 3 | 4: Il dit | qu’il viendra | un peu plus tard.

Le tempo et le débit

Le tempo (terme pris Ă  la musique) ou la vitesse de la parole donne le dĂ©bit (terme pris Ă  la physique) de celle-ci, c’est-Ă -dire le nombre de segments de la chaĂźne parlĂ©e prononcĂ©s par unitĂ© de temps, par exemple le nombre de syllabes par minute ou le nombre de sons par seconde. Le tempo est trĂšs variĂ© en fonction des individus (certains ont le spĂ©cifique innĂ© de parler plus lentement que d’autres), de l’état psychique du moment (un locuteur furieux parle plus vite qu’un locuteur calme), mais aussi en fonction de la variĂ©tĂ© rĂ©gionale de la langue (par exemple le français du Nord est plus rapide que celui du Midi[44]), ainsi qu’en fonction de la langue. L’italien, par exemple, est parlĂ© plus rapidement que le hongrois. On a remarquĂ© aussi que le tempo d’une langue peut Ă©voluer dans le temps. Des Ă©tudes sur le hongrois des annĂ©es 1960 ont constatĂ© un dĂ©bit moyen de 11,35 sons par seconde, alors que dans les annĂ©es 2000 il a atteint 15 Ă  16 sons par seconde[33].

Le tempo dĂ©pend Ă©galement de la situation de communication, qui inclut le statut des locuteurs les uns par rapport aux autres, le type de discours, etc. Par exemple, un adulte parle, normalement, plus lentement Ă  un enfant qu’à un autre adulte, et le tempo d’une conversation quotidienne est plus alerte que celui d’un exposĂ©[33]. Il y a aussi des diffĂ©rences de tempo entre types de discours monologuĂ©s : un sermon, par exemple, est beaucoup plus lent qu’une transmission sportive. Les variations du tempo dans un mĂȘme discours ont Ă©galement une fonction : ses ralentissements servent Ă  communiquer des informations nouvelles pour les auditeurs, ses accĂ©lĂ©rations Ă©tant associĂ©es Ă  celles qu’ils connaissent dĂ©jĂ [45].

Le tempo est strictement liĂ© aux pauses. Celles-ci sont d’autant plus longues et plus nombreuses que le tempo est plus lent[44].

Notes et références

  1. Bussmann 1998, p. 962.
  2. Crystal 2008, p. 393.
  3. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 394.
  4. TLFi, article prosodie.
  5. Dubois 2002, p. 385-386.
  6. Bidu-Vrănceanu et al. 1997, p. 496.
  7. A. JĂĄszĂł 2007, p. 17.
  8. KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 93.
  9. Dubois 2002, p. 458.
  10. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 88.
  11. Bussmann 1998, p. 974.
  12. Dubois 2002, p. 303.
  13. Crystal 2008, p. 399.
  14. Crystal 2008, p. 393–394.
  15. Bussmann 1998, p. 1151.
  16. Eifring et Theil 2005, p. 18.
  17. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 350.
  18. Par exemple A. JĂĄszĂł 2007, p. 17.
  19. A. JĂĄszĂł 2007, p. 74, p. 115.
  20. A. JĂĄszĂł 2007, p. 141.
  21. Kalmbach 2013, p. 522.
  22. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 13.
  23. Bussmann 1998, p. 1127.
  24. Termes utilisés par Dubois 2002, par exemple (p. 3).
  25. Par exemple BDL, page L’accent.
  26. Bussmann 1998, p. 908.
  27. Bussmann 1998, p. 1204.
  28. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 259.
  29. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 267.
  30. Crystal 2008, p. 213.
  31. Bussmann 1998, p. 611.
  32. Dubois 2002, p. 361-362.
  33. A. Jászó 2007, p. 143–144.
  34. Crystal 2008, p. 355.
  35. Kalmbach 2013, p. 510.
  36. Kalmbach 2013, p. 712.
  37. Kalmbach 2013, p. 613.
  38. Kalmbach 2013, p. 86.
  39. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 357.
  40. Tranel 1987, p. 199 (la voyelle accentuée en gras).
  41. Crystal 2008, p. 417.
  42. Le et Armand 2014, p. 25.
  43. LĂ©on 1971, p. 70.
  44. Dubois 2002, p. 478.
  45. Kassai 2006, p. 591.

Sources bibliographiques

  • (hu) A. JĂĄszĂł, Anna, « Hangtan » [« PhonĂ©tique et phonologie »], dans A. JĂĄszĂł, Anna (dir.), A magyar nyelv könyve [« Le livre de la langue hongroise »], Budapest, Trezor, , 8e Ă©d. (ISBN 978-963-8144-19-5, lire en ligne), p. 73-162
  • (ro) Bidu-Vrănceanu, Angela et al., Dicționar general de științe. Științe ale limbii [« Dictionnaire gĂ©nĂ©ral des sciences. Sciences de la langue »], Bucarest, Editura științifică, (ISBN 973-44-0229-3, lire en ligne)
  • (en) Bussmann, Hadumod (dir.), Dictionary of Language and Linguistics [« Dictionnaire de la langue et de la linguistique »], Londres – New York, Routledge, (ISBN 0-203-98005-0, lire en ligne)
  • (en) Crystal, David, A Dictionary of Linguistics and Phonetics [« Dictionnaire de linguistique et de phonĂ©tique »], Oxford, Blackwell Publishing, , 4e Ă©d., 529 p. (ISBN 978-1-4051-5296-9, lire en ligne)
  • Dubois, Jean et al., Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse-Bordas/VUEF, (lire en ligne)
  • (en) Eifring, Halvor et Theil, Rolf, Linguistics for Students of Asian and African Languages [« Linguistique pour les Ă©tudiants en langues asiatiques et africaines »], UniversitĂ© d’Oslo, (lire en ligne)
  • (hu) KĂĄlmĂĄn, LĂĄszlĂł et TrĂłn, Viktor, BevezetĂ©s a nyelvtudomĂĄnyba [« Introduction Ă  la linguistique »], Budapest, Tinta, , 2e Ă©d. (ISBN 978-963-7094-65-1, lire en ligne)
  • Kalmbach, Jean-Michel, La grammaire du français langue Ă©trangĂšre pour Ă©tudiants finnophones (version 1.1.4.), JyvĂ€skylĂ€ (Finlande), UniversitĂ© de JyvĂ€skylĂ€, (ISBN 978-951-39-4260-1, lire en ligne)
  • (hu) Kassai, Ilona, « 26. fejezet – Fonetika » [« Chapitre 26 – PhonĂ©tique »], dans Kiefer, Ferenc (dir.), Magyar nyelv [« La langue hongroise »], Budapest, AkadĂ©miai KiadĂł, (ISBN 963-05-8324-0, lire en ligne), p. 564-595
  • Le Thi Hoa et Armand, Françoise, « Enseigner des expressions figĂ©es mĂ©taphoriques françaises avec l’approche de traduction/comparaison Ă  des apprenants vietnamiens », Revue canadienne de linguistique appliquĂ©e, vol. 17, no 2,‎ , p. 23-44 (ISSN 1920-1818, lire en ligne, consultĂ© le )
  • LĂ©on, Pierre et LĂ©on, Monique, Introduction Ă  la phonĂ©tique corrective, Paris, Hachette / Larousse,
  • « TrĂ©sor de la langue française informatisĂ© (TLFi) » (consultĂ© le )
  • (en) Tranel, Bernard, The sounds of French: an introduction [« Introduction aux sons du français »], Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-30443-1, lire en ligne)
  • « Vitrine linguistique. Banque de dĂ©pannage linguistique », Office quĂ©bĂ©cois de la langue française (consultĂ© le ) (BDL)

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.