Prosodie (linguistique)
En linguistique, le terme prosodie (du latin prosodia, Ă son tour du grec ancien prosĆidĂa « chant pour accompagner la lyre ; variation de hauteur de la voix »[1]), tel quâil est entendu en français, dĂ©nomme la branche de la phonĂ©tique et de la phonologie qui Ă©tudie ce quâon appelle les « traits prosodiques » de la langue, nommĂ©s aussi « traits suprasegmentaux ». Ce sont principalement lâaccent, le ton, lâintonation, la jointure, la pause, le rythme, le tempo et le dĂ©bit. Le terme français a plusieurs correspondants en anglais. Prosody dĂ©signe lâensemble des traits prosodiques, et la discipline qui les Ă©tudie est nommĂ©e par plusieurs termes : prosodics[1], suprasegmental phonetics (« phonĂ©tique suprasegmentale ») ou prosodic phonology (« phonologie prosodique »)[2].
Avant dâĂȘtre adoptĂ© par la phonĂ©tique et la phonologie, « prosodie » Ă©tait un terme utilisĂ© dans la mĂ©trique (voir lâarticle Prosodie). Il a acquis dĂšs lâAntiquitĂ© les sens « prononciation rĂ©guliĂšre des mots, qui respecte lâaccent et la quantitĂ© (durĂ©e) des sons » et « organisation vocalique et consonantique dâun texte »[3]. Le premier de ces sens a constituĂ© la base de la mĂ©trique, la prosodie devenant lâensemble des rĂšgles de versification qui concernent la quantitĂ© des voyelles, les faits accentuels et mĂ©lodiques[4].
Le domaine de recherche de la prosodie est vaste et hĂ©tĂ©rogĂšne, sa littĂ©rature se caractĂ©risant par une grande diversitĂ© dâapproches divergentes quant Ă ce quâon peut prendre en compte en tant que traits prosodiques, Ă leur dĂ©finition et Ă lâĂ©tablissement de ce qui leur est commun[5].
Généralités sur les traits prosodiques
On considÚre généralement comme des traits prosodiques des phénomÚnes phoniques ayant pour caractéristique commune de se manifester simultanément avec les segments de la chaßne parlée, qui sont leurs supports : sons (phones du point de vue de la phonétique, phonÚmes du point de vue de la phonologie) et segments qui en sont formés (syllabes, affixes, mots, syntagmes, phrases simples, propositions membres de phrases complexes, phrases complexes, groupes de phrases correspondant aux paragraphes, discours)[5] - [6] - [7].
Bien que certains traits prosodiques (lâaccent, le ton) se manifestent sur le son, ils ne peuvent ĂȘtre saisis sur le son isolĂ©, mais seulement sur un segment plus grand, par rapport Ă leur manifestation sur dâautres sons[8]. Câest pourquoi on dit que ces traits, ainsi que tous les autres, affectent des segments plus grands quâun son[1] - [9]. Les traits prosodiques se manifestant sur le son sont appelĂ©s intensifs, et ceux qui se manifestent sur des segments plus grands â extensifs, par exemple lâintonation[6].
Certains traits ont un statut ambigu ou controversĂ©. Ainsi, la quantitĂ© (durĂ©e) du son est abordĂ©e comme un trait dâentitĂ© segmentale[10] - [11] - [12] - [13], mais elle apparaĂźt aussi en tant que lâun des traits prosodiques[3] - [1] - [9].
Bien que ce soit une composante de lâaccent, certains auteurs prennent en compte sĂ©parĂ©ment lâintensitĂ© du son[3] - [7] - [14]. Une autre composante de lâaccent, la hauteur du son, est elle aussi considĂ©rĂ©e Ă part par certains auteurs[15] - [14]. Dâautres traitent la hauteur sans la dissocier du ton, quâils opposent Ă lâaccent comme une alternative de celui-ci dans les langues dites Ă tons, oĂč lâaccent nâa quâun rĂŽle marginal selon eux[16].
De lâavis de certains auteurs, on peut considĂ©rer comme prosodiques des traits telles la nasalitĂ©, dans les langues oĂč une consonne nasale nasalise la voyelle qui la prĂ©cĂšde ou qui la suit, ou bien lâouverture des voyelles, dans les langues oĂč lâharmonie vocalique a un rĂŽle important[9] - [14].
Le ton, le rythme ou les pauses peuvent ĂȘtre des Ă©lĂ©ments appelĂ©s paralinguistiques, lorsquâils sont caractĂ©ristiques pour des façons de parler personnelles. Le timbre des sons peut aussi ĂȘtre un tel Ă©lĂ©ment[17], que certains auteurs mentionnent parmi les traits prosodiques[18].
Les traits prosodiques peuvent ĂȘtre abordĂ©s du point de vue phonĂ©tique (leurs caractĂ©ristiques acoustiques, par exemple), mais aussi du point de vue phonologique, dans la mesure oĂč ces traits aussi remplissent la fonction de diffĂ©rencier des sens. Par analogie avec les phonĂšmes en tant quâobjets dâĂ©tude de la phonologie, les traits prosodiques sont appelĂ©es « prosodĂšmes » dans cette perspective, par certains auteurs[9] - [19] - [14].
Les traits prosodiques sont liĂ©s non seulement aux unitĂ©s segmentales, mais aussi entre eux. Ainsi, lâintonation est liĂ©e Ă la hauteur des sons, Ă©tant donnĂ©e par la variation de celle-ci dâun son Ă un autre[20]. Dâun autre cĂŽtĂ©, lâintonation est liĂ©e Ă la pause et Ă lâaccent. Devant une pause qui sĂ©pare deux segments constituant des unitĂ©s syntaxiques, lâintonation est Ă un certain niveau de hauteur. Par exemple, dans la phrase Il nâest pas parti, parce quâil avait peur, lâintonation atteint sa hauteur maximale sur le i de parti, voyelle accentuĂ©e, le mot Ă©tant suivi dâune pause[21].
Traits prosodiques
Lâaccent
- Articles détaillés : Accent tonique, Accent de hauteur
Lâaccent est un trait prosodique intensif, par lequel une syllabe est mise en relief par rapport Ă dâautres syllabes. Câest valable tout dâabord pour un mot polysyllabique, mais le mot Ă accent peut ĂȘtre mis ainsi en relief par rapport aux autres mots de son syntagme, un syntagme dans une proposition ou une proposition dans une phrase complexe[22].
Les composantes principales de lâaccent sont lâĂ©nergie (lâintensitĂ©) du son accentuĂ© et son niveau de hauteur (appelĂ© aussi ton), ayant pour composante secondaire la quantitĂ© (la durĂ©e) de ce son[23].
Selon le rĂŽle fonctionnel plus ou moins important de lâune ou de lâautre des composantes principales de lâaccent, on distingue plusieurs types de langues :
- Dans les langues Ă accent dâĂ©nergie (ou dâintensitĂ© ou dynamique ou expiratoire)[24], que certains auteurs appellent « accent tonique »[25], lâintensitĂ© du son accentuĂ© Ă un rĂŽle primordial par rapport Ă sa hauteur. Le français entre dans cette catĂ©gorie.
- Dans les langues Ă accent de hauteur ou musical, la composante de hauteur a un certain rĂŽle fonctionnel, Ă cĂŽtĂ© de lâintensitĂ©. De telles langues sont BCMS (bosnien, croate, montĂ©nĂ©grin et serbe ou le suĂ©dois, par exemple[26].
- Dans les langues Ă tons, la composante de hauteur a un rĂŽle primordial par rapport Ă lâintensitĂ©. Câest le propre de langues comme le chinois ou le vietnamien[27].
Certains linguistes ne distinguent que deux catĂ©gories, opposant dâun cĂŽtĂ© langues Ă accent, dans lesquelles ils incluent celles Ă accent dâĂ©nergie et celles Ă accent de hauteur, et, dâun autre cĂŽtĂ©, langues Ă tons[16].
Le ton
Le ton est un trait prosodique intensif qui consiste en le niveau de hauteur du son ou en sa variation, limitĂ©s Ă la syllabe dâun mot[27]. Dans les langues Ă tons (le chinois, par exemple), les tons ont une fonction phonologique prĂ©pondĂ©rante, Ă©tant nommĂ©s « tonĂšmes » de ce point de vue. Le ton est aussi prĂ©sent, Ă©tant dâhabitude appelĂ© « hauteur », en tant que composante de lâaccent appelĂ© dâĂ©nergie ou dâintensitĂ©. Dans certaines langues, ce nâest quâun corollaire de lâintensitĂ©, sans valeur fonctionnelle (par exemple en français), dans dâautres il a une fonction phonologique limitĂ©e par rapport Ă lâintensitĂ©, par exemple en norvĂ©gien[16].
Lâintonation
Lâintonation est un trait prosodique extensif qui consiste en la variation de la hauteur des sons dans un segment de la chaĂźne parlĂ©e, donnant Ă ce segment une certaine ligne mĂ©lodique. Elle peut avoir une fonction grammaticale, par exemple dans la distinction des phrases selon le but de la communication (dĂ©claratif, interrogatif ou exclamatif) et/ou dans lâexpression de lâĂ©tat affectif du locuteur, de son attitude ou de ses intentions de communication. Selon sa direction, lâintonation peut ĂȘtre principalement ascendante, descendante ou uniforme[28].
La jointure
La jointure ou joncture est une limite entre deux segments de la chaĂźne parlĂ©e : syllabes, morphĂšmes, mots, syntagmes, propositions ou phrases. Celle de lâintĂ©rieur dâun mot est appelĂ©e jointure interne et celle entre deux mots â jointure externe[29].
Dâun autre point de vue, lâun des types de ce trait est la jointure effective. La pause aussi en fait partie. Lâune des jointures effectives se rĂ©alise sous forme de coup de glotte, par exemple en anglais, entre une syllabe terminĂ©e en voyelle avant une syllabe Ă initiale vocalique, ex. co-operate « coopĂ©rer »[30]. Parfois, la jointure interne entre deux syllabes ou la jointure externe est marquĂ©e par un groupe de consonnes qui ne peuvent pas se suivre Ă lâintĂ©rieur dâune syllabe, par exemple, en roumain, bp, mh, nm, sz, etc. Il y a, par exemple, jointure externe effective dans le syntagme (ro) merg repede « je vais vite »[29], Ă cause du voisinage des consonnes rgr. Il y a Ă©galement jointure externe entre un mot avec la mĂȘme consonne finale que la consonne initiale du mot suivant, groupe qui Ă lâintĂ©rieur dâun mot se prononcerait comme une seule consonne, ex. (en) Good day! [ÉĄÊddeÉȘ] « Bonjour ! » vs sudden [sÊdÉn] « brusque »[31].
Le type de jointure opposĂ© au prĂ©cĂ©dent est la jointure virtuelle. Externe, câest une jointure entre mots qui forment un syntagme quâon peut confondre dans la parole avec un autre syntagme, ex. (fr) lâessence [l#esĂŁs] vs les sens [le#sĂŁs], (en) a name [É#neÉȘm] « un nom » vs an aim [Én#eÉȘm] « une cible ». La jointure virtuelle peut ĂȘtre interne aussi, par exemple entre un morphĂšme racine qui existe en tant que mot Ă©galement, et un morphĂšme affixe, lorsquâon sait que ce sont des morphĂšmes Ă part, ex. farouchement [faruÊ#mĂŁ] (< farouche + suffixe formateur dâadverbes)[32].
La pause
La pause est une interruption dans le flux articulĂ© de la parole, Ă©tant une partie intĂ©grante de ce flux. Il y a plusieurs types de pauses, Ă©tablis de plusieurs points de vue. De lâun, la pause peut ĂȘtre voulue ou non voulue par le locuteur. Lâune des pauses non voulues est celle provoquĂ©e par lâinspiration en tant que phase de la respiration[33]. Une autre de ce genre est la pause dâhĂ©sitation, quand le locuteur ne sait pas quoi dire ou comment dire ce quâil veut exprimer. Certains auteurs distinguent pause dâhĂ©sitation silencieuse et pause dâhĂ©sitation remplie par une sĂ©quence sonore non articulĂ©e, telle euh[34].
La pause voulue peut avoir une motivation pragmatique, par exemple celle utilisĂ©e par un orateur pour faire de lâeffet sur son auditoire[33].
La pause a aussi des fonctions linguistiques, dĂ©limitant des segments de diverses longueurs : syntagmes, propositions, phrases, groupes de phrases. La pause est dâautant plus longue, quâelle dĂ©limite des segments plus longs, la plus longue Ă©tant celle entre groupes de phrases. Ces pauses sont en gĂ©nĂ©ral rendues Ă lâĂ©crit par la ponctuation, et les groupes de phrases constituant une unitĂ© de sens â par des alinĂ©as[33].
Les rĂŽles syntaxiques de la pause sont importantes. Dans le cadre de la phrase complexe, elle dĂ©limite les propositions appelĂ©es isolĂ©es, certains types de propositions lâĂ©tant facultativement, dâautres â obligatoirement. Exemples :
- la proposition incise : Quâallons-nous faire, demanda-t-ilâŻ?[35] ;
- certaines propositions subordonnĂ©es, surtout antĂ©posĂ©es Ă la principale : Comme nous nâavions pas beaucoup de temps, nous avons dĂ» prendre un taxi[36] ;
- la proposition relative intercalĂ©e dans la principale : La rĂ©forme des diplĂŽmes, qui a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e pendant plusieurs annĂ©es [âŠ], entrera en vigueur lâan prochain[37].
Dans la phrase, lâapposition explicative est toujours dĂ©limitĂ©e par des pauses : M. GuĂ©rin, directeur de la cave coopĂ©rative, nous a fait visiter la cave[38]. La pause peut distinguer la fonction syntaxique dâun Ă©lĂ©ment dâune construction, ex. (ro) Problema dificilÄ a rÄmas nerezolvatÄ Â« Le problĂšme difficile est restĂ© sans solution » (Ă©pithĂšte dĂ©terminative dâidentification/qualification) vs Problema, dificilÄ, a rÄmas nerezolvatÄ Â« Le problĂšme, difficile, est restĂ© sans solution » (Ă©pithĂšte dĂ©tachĂ©e, explicative, Ă nuance circonstantielle de cause). En roumain, la pause peut parfois tenir lieu de verbe de la proposition : Eu, acasÄ Â« Moi, je suis rentrĂ© (chez moi) » (littĂ©ralement « Moi, chez moi »). Le russe est une langue dans laquelle la pause correspond Ă la copule « ĂȘtre » au prĂ©sent de lâindicatif, dâordinaire obligatoirement omise : ĐĐ”ĐœŃĐžĐœĐ° ĐșŃĐ°ŃĐ°ĐČĐžŃĐ° Jenchtchina krasavitsa « La femme est une beautĂ© ». La pause distingue cette phrase du mot composĂ© Đ¶Đ”ĐœŃĐžĐœĐ°-ĐșŃĐ°ŃĐ°ĐČĐžŃĐ° « belle femme »[39].
Lâabsence, respectivement la prĂ©sence de la pause peut diffĂ©rencier les sens dâun segment. Exemples :
- (fr)[21] : Il nâest pas parti parce quâil avait peur vs Il nâest pas parti, | parce quâil avait peur ;
- (hu)[33] :
- håromnegyed négy felé « vers quatre heures moins le quart » (litt. « trois quarts quatre vers ») vs
- hårom, « vers trois heures, trois heures et quart » (litt. « trois, quart quatre vers »).
Parfois, câest la place de la pause qui remplit cette fonction. Par exemple, le segment [sĂž ki sav lĆ(Ë)Ê suflÉÊÉÌ] peut ĂȘtre divisĂ© diffĂ©remment en deux groupes, chacun Ă©tant marquĂ© par lâaccent unique du groupe et lâintonation de celui-ci, qui culmine sur la voyelle accentuĂ©e[40] : Ceux qui savent | leur souffleront vs Ceux qui savent lâheure | souffleront.
La pause est liĂ©e Ă dâautres traits prosodiques, Ă lâintonation notamment. En roumain, par exemple, devant la pause de la fin dâune phrase dĂ©clarative, lâintonation descend. Ă la fin dâune phrase interrogative totale (sans mot interrogatif), lâintonation monte, ainsi quâĂ la fin dâune subordonnĂ©e antĂ©posĂ©e Ă la principale[28].
Le rythme
Dans la parole, le rythme est donnĂ© par la rĂ©pĂ©tition Ă des intervalles approximativement rĂ©guliers dâun facteur de proĂ©minence dâune syllabe (accent, durĂ©e plus grande du noyau de syllabe, ton plus haut) aprĂšs un certain nombre de syllabes atones, plus brĂšves, Ă ton moins haut, respectivement. Il est donc directement dĂ©pendant de ces facteurs. Il sâagit souvent dâune combinaison de ceux-ci. Le rythme est rĂ©alisĂ© de façon consciente en poĂ©sie et parfois en prose littĂ©raire[41].
Dans la langue habituelle on rĂ©alise du rythme dans des expressions figĂ©es de façon semblable Ă celle de la poĂ©sie, associĂ© Ă dâautres Ă©lĂ©ments de celle-ci, telle lâallitĂ©ration, la rime ou lâassonance : sans feu ni lieu, Ă la queue leu leu[42].
Dans la langue habituelle, le rythme est perceptible en fonction du poids des intervalles réguliers dans la langue donnée. En français, par exemple, les groupes de mots constituant des unités de sens et délimités par des pauses, appelés justement « groupes rythmiques », tendent à avoir un nombre ni trop petit ni trop grand de syllabes, entre trois et sept environ. Les groupes les plus fréquents sont de trois et de quatre syllabes, par conséquent les rythmes prédominants sont[43] :
- le rythme ternaire : Vous avez | certainement | rĂ©pondu | quâil viendrait | en voiture et
- le rythme quaternaire : Vous avez dit | quâil arriverait | mardi matin.
Ă part celles-ci, il y a encore de nombreux autres combinaisons possibles de groupes de deux Ă quatre syllabes, par exemple[43] :
- 4 | 2 | 4: DĂ©pĂȘchez-vous | dâĂ©crire, | je vous attends ;
- 2 | 3 | 4: Il dit | quâil viendra | un peu plus tard.
Le tempo et le débit
Le tempo (terme pris Ă la musique) ou la vitesse de la parole donne le dĂ©bit (terme pris Ă la physique) de celle-ci, câest-Ă -dire le nombre de segments de la chaĂźne parlĂ©e prononcĂ©s par unitĂ© de temps, par exemple le nombre de syllabes par minute ou le nombre de sons par seconde. Le tempo est trĂšs variĂ© en fonction des individus (certains ont le spĂ©cifique innĂ© de parler plus lentement que dâautres), de lâĂ©tat psychique du moment (un locuteur furieux parle plus vite quâun locuteur calme), mais aussi en fonction de la variĂ©tĂ© rĂ©gionale de la langue (par exemple le français du Nord est plus rapide que celui du Midi[44]), ainsi quâen fonction de la langue. Lâitalien, par exemple, est parlĂ© plus rapidement que le hongrois. On a remarquĂ© aussi que le tempo dâune langue peut Ă©voluer dans le temps. Des Ă©tudes sur le hongrois des annĂ©es 1960 ont constatĂ© un dĂ©bit moyen de 11,35 sons par seconde, alors que dans les annĂ©es 2000 il a atteint 15 Ă 16 sons par seconde[33].
Le tempo dĂ©pend Ă©galement de la situation de communication, qui inclut le statut des locuteurs les uns par rapport aux autres, le type de discours, etc. Par exemple, un adulte parle, normalement, plus lentement Ă un enfant quâĂ un autre adulte, et le tempo dâune conversation quotidienne est plus alerte que celui dâun exposĂ©[33]. Il y a aussi des diffĂ©rences de tempo entre types de discours monologuĂ©s : un sermon, par exemple, est beaucoup plus lent quâune transmission sportive. Les variations du tempo dans un mĂȘme discours ont Ă©galement une fonction : ses ralentissements servent Ă communiquer des informations nouvelles pour les auditeurs, ses accĂ©lĂ©rations Ă©tant associĂ©es Ă celles quâils connaissent dĂ©jĂ [45].
Le tempo est strictement liĂ© aux pauses. Celles-ci sont dâautant plus longues et plus nombreuses que le tempo est plus lent[44].
Notes et références
- Bussmann 1998, p. 962.
- Crystal 2008, p. 393.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 394.
- TLFi, article prosodie.
- Dubois 2002, p. 385-386.
- Bidu-VrÄnceanu et al. 1997, p. 496.
- A. JĂĄszĂł 2007, p. 17.
- KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 93.
- Dubois 2002, p. 458.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 88.
- Bussmann 1998, p. 974.
- Dubois 2002, p. 303.
- Crystal 2008, p. 399.
- Crystal 2008, p. 393â394.
- Bussmann 1998, p. 1151.
- Eifring et Theil 2005, p. 18.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 350.
- Par exemple A. JĂĄszĂł 2007, p. 17.
- A. JĂĄszĂł 2007, p. 74, p. 115.
- A. JĂĄszĂł 2007, p. 141.
- Kalmbach 2013, p. 522.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 13.
- Bussmann 1998, p. 1127.
- Termes utilisés par Dubois 2002, par exemple (p. 3).
- Par exemple BDL, page Lâaccent.
- Bussmann 1998, p. 908.
- Bussmann 1998, p. 1204.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 259.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 267.
- Crystal 2008, p. 213.
- Bussmann 1998, p. 611.
- Dubois 2002, p. 361-362.
- A. JĂĄszĂł 2007, p. 143â144.
- Crystal 2008, p. 355.
- Kalmbach 2013, p. 510.
- Kalmbach 2013, p. 712.
- Kalmbach 2013, p. 613.
- Kalmbach 2013, p. 86.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 357.
- Tranel 1987, p. 199 (la voyelle accentuée en gras).
- Crystal 2008, p. 417.
- Le et Armand 2014, p. 25.
- LĂ©on 1971, p. 70.
- Dubois 2002, p. 478.
- Kassai 2006, p. 591.
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