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Perdrix grise

Perdix perdix

La Perdrix grise (Perdix perdix) est une espĂšce d'oiseaux de l'ordre des Galliformes, appartenant Ă  la famille des Phasianidae.

Elle est considĂ©rĂ©e comme chassable (gibier) dans certains pays, mais a depuis une cinquantaine d'annĂ©es fortement rĂ©gressĂ©, et mĂȘme disparu d'une partie importante de son aire naturelle de rĂ©partition.

Cette perdrix est essentiellement aujourd'hui trouvĂ©e sur des milieux ouverts, le plus souvent des terres agricoles d'Europe occidentale et d'Asie. Elle Ă©tait autrefois largement prĂ©sente en AmĂ©rique du Nord et est encore commune dans certaines rĂ©gions du sud du Canada et du nord des États-Unis. Les femelles peuvent pondre jusqu'Ă  vingt Ɠufs dans un nid construit au sol, souvent en marge d'un champ de cĂ©rĂ©ales, et plus communĂ©ment de blĂ© d'hiver en AmĂ©rique du Nord. Comme beaucoup d'espĂšces appartenant Ă  cette famille, c'est un oiseau non migrateur (sĂ©dentaire) terrestre, qui vit en petites bandes, sauf en saison de reproduction. Elle peut effectuer de petites migrations locales pour fuir une mĂ©tĂ©orologie difficile avant de regagner son habitat.

Description

Perdrix grise, Russie

Taille : oiseau Ă  la silhouette arrondie, Ă  queue et ailes courtes. Il pĂšse adulte 350 Ă  400 grammes, pour une taille de 28 Ă  32 cm de long. Le bec est court et clair, arrondi et pointant lĂ©gĂšrement vers le bas.
La tĂȘte est ronde. L'Ɠil est foncĂ© Ă  la paupiĂšre infĂ©rieure ornĂ©e de rouge.
Couleur : gris bleutĂ©, ocrĂ©e Ă  brunĂątre sur les ailes et les cĂŽtĂ©s de la tĂȘte, rectrices de couleur chĂątain, sous-caudales blanchĂątres, flancs et poitrine gris, ventre blanc, gĂ©nĂ©ralement marquĂ© d'une forme de fer Ă  cheval brun-rouille chez les mĂąles et chez un grand nombre de femelles (le "fer Ă  cheval" est plus petit et moins marquĂ© chez la femelle). Les pattes et leurs doigts sont jaunĂątres chez le jeune et gris-bleu chez l’adulte.
En pĂ©riode nuptiale, la couleur de la tĂȘte vire Ă  l'orangĂ©. Le cou et le haut du torse se parent de fines rayures alternant le gris et le gris clair. Les flancs se rayent de chĂątain et blanc.

Le duvet du poussin est gris sur le dessous et gris jaunùtre sur le dessus. Le juvénile a un plumage plus terne que l'adulte, brun jaunùtre et le bec foncé (et plus long ; adapté au régime insectivore) que celui de l'adulte.

kieerr-ik est le chant commun souvent émis la nuit. De jour le motif est plutÎt «ker/uit, ker/uit» ou «kirric-kirric» et en vol «ripripriprip-rip-rip-rip». Cri d'alarme : «pitt pitt pitt». La perdrix est plus loquace en groupe et en vol.
Selon les auteurs et les régions, on dit que la perdrix grise brourit, cacabe, glousse, pirouitte, rappelle...

Les vols sont généralement courts. Les battements d'ailes sont bruyants, mais interrompus de vols planés. La perdrix grise peut décontenancer ses prédateurs par de brusques plongées vers le sol ou des virevoltes et virages sur l'aile.

Dimorphisme sexuel

La tache de couleur rouille, en forme de « fer à cheval » est bien plus nette et grosse chez le mùle

La seule diffĂ©rence constante entre les sexes est ce qu'on appelle "le fer Ă  cheval", tache rouille Ă  deux barres transversales visible sur la poitrine du mĂąle. Cette tache est beaucoup moins marquĂ©e, voire quasiment insignifiante, chez la femelle. Ces taches ne sont prĂ©sentes qu'aprĂšs environ 16 semaines, aprĂšs la mue donnant le plumage adulte. La seule façon de s'assurer du sexe est la prĂ©sence de la croix de Lorraine situĂ©e sur le plumage de l'aile des oiseaux. Le sujet est un mĂąle quand une simple barre verticale est prĂ©sente. Il s'agit en revanche d'une femelle quand une barre verticale et une ou deux barres horizontales sont prĂ©sentes. Ce sexage par la plume ne peut ĂȘtre effectuĂ© qu'Ă  l'Ăąge adulte.

Reproduction

ƒuf de Perdix perdix - MusĂ©um de Toulouse

Aprùs une parade nuptiale et un accouplement, la femelle pond 15 Ɠufs en moyenne (10 à 20) en mai. Les Ɠufs (brun verdñtre/olivñtre) sont pondus sur plusieurs jours.
La femelle les couve durant 21 Ă  26 jours, seule. Si elle quitte le nid, elle recouvre partiellement les Ɠufs de plantes ou feuilles mortes. AprĂšs l'Ă©closion (en juin ou dĂ©but juillet), les poussins sont nourris d'insectes par les deux parents puis peu Ă  peu de graines qu'ils apprennent ensuite Ă  trouver seuls.
Les poussins savent effectuer de trĂšs petits vols dĂšs 10 Ă  12 jours d'Ăąge, puis des vols normaux Ă  16-20 jours.

Habitat

Milieux ouverts de la montagne (2 500 m) jusqu'aux plaines cultivĂ©es (cĂ©rĂ©ales, betterave, pomme de terre), ou zone bocagĂšre et de bosquets. Elle semble fuir les zones humides et la forĂȘt dense. Par rapport Ă  d'autres perdrix, mĂȘme si elle voisine volontiers avec la perdrix rouge, elle semble prĂ©fĂ©rer les climats plus frais que ceux de la zone mĂ©diterranĂ©enne ou pyrĂ©nĂ©enne oĂč on ne la trouve qu'en montagne.

Dynamique de population

En Europe, ses populations sont en forte diminution dans toutes les zones de grandes cultures (ex : - 55 % en Grande-Bretagne en 25 ans), ce qui est jugé préoccupant par de nombreux acteurs[1].

En France, la perdrix grise est en fort dĂ©clin gĂ©nĂ©ral, mais encore relativement courante dans les deux tiers nord du pays (appelĂ©e Perdrix des plaines car essentiellement dans les plaines cĂ©rĂ©aliĂšres) et dans les PyrĂ©nĂ©es (Perdrix grise des PyrĂ©nĂ©es) oĂč elle fait l'objet de plans de gestion. L'espĂšce a rĂ©gressĂ© presque partout, surtout dans le bassin parisien et dans le Nord/Pas de Calais[2] ou a disparu d'une partie de ses anciens territoires. L'estimation de ses effectifs au printemps 2008 est d'environ 800 000 couples[3].

En Italie, la sous-espĂšce perdix perdix italica a disparu Ă  l'Ă©tat naturel. Cependant, un programme de reconstitution du gĂ©nome est Ă  l'Ɠuvre Ă  partir d'animaux d'Ă©levage. En 2020, les premiers individus sont relĂąchĂ©s dans la rĂ©serve naturelle de la Valle del Mezzano, avec l'objectif, Ă  terme, de reconstituer une population viable de 2200 couples[4].

Causes du déclin

Les adultes sont granivores, mais les jeunes se nourrissent d'insectes, qu'ils ne trouvent plus Ă  manger en raison des pesticides ou qui peuvent avoir concentrĂ© ces produits toxiques quand la perdrix juvĂ©nile les mange. Certains grains enrobĂ©s de pesticides peuvent aussi empoisonner les adultes, qui sont dans les zones cultivĂ©es trĂšs exposĂ©s (directement ou indirectement) Ă  divers cocktails de pesticides[5]. Certains de ces pesticides affectent la santĂ© des reproducteurs, voire leur santĂ© reproductive et se montrent toxiques pour l'embryon quand ils sont expĂ©rimentalement injectĂ©s dans l'Ɠuf[6].

En 2006 une Ă©tude française a portĂ© sur les pesticides Ă©ventuellement prĂ©sents dans les Ɠufs de perdrix, Ă  partir de 139 Ɠufs pondus par 52 perdrix grises, provenant de 12 zones de culture intensive de France, Ă©chantillonnĂ©s en 2010-2011, avec comme limite de quantification 0,01 mg/kg (l'une des rĂ©fĂ©rences lĂ©gales)[7] - [8]. Cette Ă©tude a confirmĂ© la prĂ©sence de pesticides dans l'Ɠuf mĂȘme avec 15 composĂ©s dĂ©tectĂ©s lors de cette Ă©tude dans 24 Ɠufs embryonnĂ©s, dont neuf pesticides utilisĂ©s par les agriculteurs locaux comme fongicides (difĂ©noconazole, tĂ©buconazole, cyproconazole, fenpropidine et prochloraze), insecticides (lambda-cyhalothrine et thiamethoxam / clothianidine) et dĂ©sherbants chimiques (bromoxynil et diflufenicanil). Plusieurs anciens pesticides aujourd’hui interdit ont aussi Ă©tĂ© trouvĂ©s (fipronil (+ sulfone), HCH (α, ÎČ, ĂŽ isomĂšres), diphĂ©nylamine, heptachlore (+ Ă©poxyde) et mĂȘme du DDT (isomĂšres ÎŁ). Des PCB (153, 180) ont aussi Ă©tĂ© retrouvĂ©s. Les taux de ces produits variaient gĂ©nĂ©ralement de 0,01 et 0,05 mg/kg, mais atteignaient 0,067 mg/kg pour le thiamĂ©thoxam / clothianidine ; 0,11 mg/kg (heptachlor + epoxyde) et 0,34 mg/kg pour la fenpropidine, confirmant que l'exposition des femelles se traduit aussi par une exposition des Ɠufs et embryons y compris Ă  des produits (ou Ă  leurs rĂ©sidus) interdits en France depuis des annĂ©es, voire dĂ©cennies. Ce pourrait ĂȘtre l'une des explications au dĂ©clin de cette espĂšce en France[9], notamment dans les agrosystĂšmes cĂ©rĂ©aliers[10] intensivement cultivĂ©s[11], d'autant qu'aprĂšs l'Ă©closion, les poussins peuvent ĂȘtre confrontĂ©s au manque d'insectes ou ĂȘtre exposĂ©s au risque de consommer des insectes venant d'ĂȘtre traitĂ©s par des insecticides[12]. Les perdrix peuvent s'intoxiquer in ovo ou dans leur environnement[13]

L'embryogenĂšse peut ĂȘtre affectĂ©e par des polluants largement rĂ©pandus dans l'environnement (plomb, cadmium, pesticides, polluants organiques persistants, qui peuvent cumuler ou multiplier leurs effets respectifs). De tels produits (dont certains sont perturbateurs endocriniens ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s jusque dans les Ɠufs et embryons de nombreuses espĂšces d'oiseaux (marins notamment)[14].
Ce type d'effondrement de populations est aussi constatĂ© depuis quelques dĂ©cennies chez la plupart des oiseaux « spĂ©cialistes Â» des milieux cultivĂ©s[15] (En 2016, la liste rouge europĂ©enne des espĂšces menacĂ©e ne comptait que 48% d'espĂšces d'oiseaux d'agrosystĂšmes classĂ©es dans le statut « peu prĂ©occupant » (contre 80% pour l'ensemble des espĂšces d'oiseaux[16], en dĂ©pit de l'objectif 3 du plan stratĂ©gique europĂ©en pour la biodiversitĂ© qui est « accroĂźtre la contribution de l'agriculture et de la foresterie au maintien et au renforcement de la biodiversitĂ© d'ici Ă  2020 »[17])

Pistes de solutions

Comme dans d'autres pays d'Europe, dont la France, au Royaume-Uni, des ONG telles que la Game Conservation Trust tentent de mettre fin Ă  la baisse des populations par des plans de conservation et en encourageant l'agriculture biologique.
En 1995, cette espÚce a été incluse dans le Plan d'action pour la biodiversité (comme le « Biodiversity Action Plan » du Royaume-Uni et ses déclinaisons régionales par les County Concils).

Éthologie

Elle vit en couple ou trio de la fin d'hiver au printemps ou le reste de l'année en bandes dites "compagnies". Les compagnies rassemblent une ou quelques familles (adultes et jeunes et adultes sans jeunes).
C'est une espÚce légÚrement lucifuge, qui semble s'activer les jours nuageux et qui se nourrit le plus à l'aube et au crépuscule.

Quand on les dĂ©range, comme la plupart des oiseaux de ce type, les perdrix se sauvent en courant tout en lançant des regards vers la source de danger et/ou aprĂšs s'ĂȘtre cachĂ©es s'envolent brutalement sur une courte distance avec un cri d'alarme : "rick rick rick".

Alimentation

L'adulte est souvent rĂ©putĂ© granivore (et les chasseurs les alimentent avec des agrainoirs), mais dans la nature, ils seraient plutĂŽt omnivores, consommant aussi des vĂ©gĂ©taux (dont de petits fruits et baies), et de petits animaux (vers, invertĂ©brĂ©s divers)[18]. Seuls les poussins sont nettement insectivores. Les 10 premiers jours de vie, les jeunes ne peuvent chasser seuls les insectes. Les parents les nourrissent d'invertĂ©brĂ©s durant deux Ă  trois semaines, puis les conduiront vers les champs de cĂ©rĂ©ales ou vers d'autres graminĂ©es dans la montagne, sous les haies, etc., oĂč ils sont susceptibles de fouiller le milieu pour y trouver des insectes et d'autres aliments. Si l'espĂšce a pu parfois ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme "nuisible" en raison des grains qu'elle peut consommer, les jeunes jouent un rĂŽle utile en dĂ©barrassant les champs des insectes. Un grand nombre des jeunes mourront avant de pouvoir se reproduire, victimes de leurs prĂ©dateurs naturels ou de maladie, ou empoisonnĂ©s par les pesticides (ou faute d'insectes Ă  manger en quantitĂ© suffisante).

Statut de protection/menaces

C'est une espÚce qui a disparu d'une partie de son aire potentielle de répartition, et qui fait localement l'objet de Plans de gestion, voire de réintroductions ou confortement de population.

Des plans de chasse avec marquage obligatoire et/ou une limitation de la pĂ©riode de chasse Ă  quelques jours dans l'annĂ©e, voire des fermetures temporaires de la chasse sont ainsi pratiquĂ©s en France. Des quotas sont Ă©tablis Ă  la suite de comptages des reproducteurs et/ou estimation du succĂšs de reproduction. Il existe des divergences sur le fait de lutter contre les prĂ©dateurs de l'espĂšce (renard en particulier), certains estimant qu'ils jouent un rĂŽle important de sĂ©lection naturelle en Ă©liminant les animaux malades ou porteurs d'anomalies, au bĂ©nĂ©fice de l'espĂšce, le nombre d'Ɠufs annuellement pondus devant normalement suffire Ă  pĂ©renniser l'espĂšce, d'autant mieux que la sĂ©lection naturelle aura conservĂ© les perdrix les plus vigoureuses. Dans les annĂ©es 1990, des jachĂšres cynĂ©gĂ©tiques ou faunistiques ont Ă©tĂ© mises en place dans de nombreux territoires, mais le broyage mĂ©canique ou chimique (roundup) obligatoire en mi-juillet peut ĂȘtre responsable de la mort de nombreux oiseaux. Le surfactant du Roundup (adjuvant au glyphosate qui est la matiĂšre active biocide) Ă©tant toxique, il est possible qu'il ait Ă©galement pu affecter l'espĂšce. La limitation de sa chasse semble avoir contribuĂ© Ă  stabiliser voire Ă  restaurer certaines populations (Par exemple, rien qu'en France, selon l'ONCFS qui recueille les statistiques dĂ©partementales, l'enquĂȘte nationale 1998-1999 a conclu que 1 453 780 oiseaux avaient Ă©tĂ© abattus en une seule saison par les chasseurs français. De nombreux oiseaux blessĂ©s par plomb et morts dans la nature ne sont pas pris en compte par ces statistiques). La protection et restauration de ses habitats via la restauration de haies et bandes enherbĂ©es, l'agriculture bio ou la restauration d'une trame verte sont aussi des moyens de restaurer les effectifs de l'espĂšce. On a montrĂ© en AmĂ©rique du Nord (par Ă©tude de gĂ©siers) que les perdrix pouvaient, comme de nombreux autres oiseaux s'intoxiquer (saturnisme) en mangeant des billes de plomb de chasse tombĂ©es au sol. En AmĂ©rique du Nord des munitions moins toxiques (sans plomb) sont utilisĂ©es.

Si l'espÚce a localement disparu, ses métapopulations restent importantes, ce pourquoi son état n'est jugé que faiblement préoccupant du point de vue de la Liste rouge de l'UICN des espÚces menacées. Certains auteurs estiment cependant qu'une partie de la richesse génétique des sous-populations a été perdue, ce qui pourrait avoir des conséquences en matiÚre de dynamique des populations.

L'espĂšce a Ă©tĂ© introduite ou rĂ©introduite (souvent avec succĂšs) dans de nombreuses parties du monde pour la chasse, y compris de vastes rĂ©gions de l'AmĂ©rique du Nord oĂč elle est plus communĂ©ment connue sous le nom de perdrix de Hongrie (Hungarian partridge), ou plus simplement "Hun".

Des avis diffĂ©rents voire opposĂ©s existent quant Ă  l'importance des diverses causes de dĂ©cĂšs. Une Ă©tude rĂ©cente (2013) a cherchĂ© s'il Ă©tait possible de savoir si les cadavres de perdrix retrouvĂ©s sur le sol, et en tout ou partie mangĂ©s par des prĂ©dateurs Ă©taient ceux de perdrix tuĂ©es par ce prĂ©dateur ou dĂ©jĂ  mortes d'une cause naturelle ou humaine (empoisonnement par limacides par exemple[19]), mort par engin agricole, blessure de chasse...) ou si elles Ă©taient plus nombreuses Ă  ĂȘtre affaiblies par une autre cause (la prĂ©dation ayant alors un rĂŽle positif de sĂ©lection naturelle][20]. L'Ă©tude basĂ©e sur un « travail de terrain et d’analyses (autopsies et recherche de rĂ©sidus) trĂšs consĂ©quent et coĂ»teux, 80 % des cadavres « consommĂ©s » Ă©taient dans un Ă©tat ne permettant pas de rĂ©elles investigations » a conclu qu'il Ă©tait difficile de prĂ©ciser la cause primaire de la mort d'une perdrix grise. 90 perdrix Ă©taient dans ce cas en assez bon Ă©tat pour ĂȘtre autopsiĂ©es et ce travail n'a pas selon l'ONCFS « fondamentalement remis en question la dĂ©termination des causes de mortalitĂ© (prĂ©dation et autres) »[20] , les auteurs ont conclu que - selon les donnĂ©es dont ils disposent - la rĂ©ponse Ă  cette question reste difficile mais que « les autopsies ne semblent pas montrer que le taux important de mortalitĂ© des perdrix grises par prĂ©dation peut s’expliquer par un important taux de nĂ©crophagie. Elles n’ont pas non plus mis en Ă©vidence que les oiseaux morts de prĂ©dation semblaient plus affaiblis que ceux morts d’autres traumatismes »[20], mais on sait par ailleurs que les insectes nĂ©crophages enterrent et cachent rapidement les cadavres qu'ils utilisent pour nourrir leurs larves.

Sous-espĂšces

Un grand nombre de sous-espĂšces et races ont Ă©tĂ© dĂ©crites, ce qui n’a rien d’étonnant compte tenu de la vaste rĂ©partition gĂ©ographique de cette espĂšce. Le sĂ©quençage de 390 nuclĂ©otides de l’ADN mitochondrial de 227 oiseaux, Liukkonen et al. (2002) a montrĂ© que la perdrix grise se divisait en deux clades principaux : un occidental, rencontrĂ© en France, Angleterre, Allemagne, Pologne, Italie et Autriche ; et l’autre, oriental, rencontrĂ© en Finlande, Bulgarie, Russie, Estonie, Kazakhstan et GrĂšce. Le clade occidental trouverait son origine dans la PĂ©ninsule IbĂ©rique alors que le clade oriental serait originaire du Caucase et des Balkans. La sĂ©paration aurait eu lieu il y a environ 1,1 million d’annĂ©es Ă  la suite des glaciations (Hennache & Ottaviani 2011).

Actuellement huit sous-espĂšces sont reconnues :

  • P. p. perdix (LinnĂ©, 1758) inclut P. p. borkumensis Harrison 1952. Il s’agit de la forme nominative qui se rencontre dans les Ăźles Britanniques et le sud de la Scandinavie, au sud jusqu’en France et Ă  l’est jusqu’aux Balkans et la GrĂšce.
  • P. p. hispaniensis Reichenow, 1892 est propre aux PyrĂ©nĂ©es et au Nord de l’Espagne et du Portugal. Cette forme est plus foncĂ©e que la forme nominative et marquĂ©e de noirĂątre sur les parties supĂ©rieures. La tache ventrale, presque noirĂątre, est plus Ă©tendue.
Perdix perdix hispaniensis - Muséum de Toulouse
  • P. p. sphagnetorum (Altum, 1894) vit dans les landes tourbeuses Ă  bruyĂšres du nord-est des Pays-Bas et du nord-ouest de l’Allemagne. Les vermiculures grises de la poitrine sont trĂšs foncĂ©es et plus serrĂ©es. Les parties supĂ©rieures sont fortement marquĂ©es de noirĂątre.
  • P. p. armoricana Hartert, 1917 est une sous-espĂšce locale reconnue en Bretagne, Normandie et centre de la France. Elle serait plus rousse que la forme nominative, surtout sur la poitrine.
ƒufs de Perdix perdix armoricana - MusĂ©um de Toulouse
  • P. p. italica Hartert, 1917 se rencontre en Italie. La validitĂ© de cette sous-espĂšce est discutĂ©e tant sa diffĂ©rence avec P. p. perdix est faible.
  • P. p. lucida (Altum, 1894), est une forme dont la distribution va du sud de la Finlande Ă  la chaĂźne de l’Oural, Ă  l’est, et jusqu’à la mer Noire, la CrimĂ©e et le nord du Caucase au sud. La teinte grise est plus pĂąle dans toutes les parties du corps.
  • P. p. canescens Buturlin, 1906 inclut P. p. furvescens Buturlin, 1908 et vit en Turquie, au Caucase et en Iran. Cette sous-espĂšce est encore plus claire que P. p. lucida, non seulement dans les teintes grises mais aussi dans les teintes brunes.
  • P. p. robusta Homeyer & Tancre, 1883 inclut P. p. arenicola Buturlin, 1904 et s’étend de la riviĂšre Oural jusqu’en Chine. Chez cette forme la teinte brune est encore plus pĂąle que chez la sous-espĂšce canescens, alors que le gris est plus foncĂ©.

Génétique

En Europe occidentale, les introductions par les chasseurs de souches de perdrix d'une région et d'un pays à l'autre ont en grande partie effacé les différences subspécifiques, par un phénomÚne de croisement avec les souches autochtones (pollution génétique).

Cette espĂšce a Ă©galement Ă©tĂ© introduite en AmĂ©rique du Nord et en Nouvelle-ZĂ©lande oĂč elle est devenue un gibier courant pour les chasseurs locaux.

Gestion des populations

Des quotas de prĂ©lĂšvement de chasse, ou l'arrĂȘt momentanĂ© de la chasse lĂ  oĂč elle a presque disparu, et des opĂ©rations de renaturation, restauration de couvert vĂ©gĂ©tal, bandes enherbĂ©es et de trame verte et bleue en zone de grande culture semblent pouvoir y favoriser la restauration de ses effectifs[21].

Source

  • GĂ©roudet P. (1978) Grands Ă©chassiers, GallinacĂ©s, RĂąles d'Europe. Delachaux et NiestlĂ©, NeuchĂątel, Lausanne, Paris, 429 p.
  • Hennache, A. & Ottaviani, M. (2011). Cailles, Perdrix et Francolins de l’Ancien Monde, 400 pages. Éditions W.P.A. France, ClĂšres, France.
  • Liukkonen-Anttila, T., Uimaniemi, L., Orell, M. & Lumme, J. (2002). Mitochondrial DNA variation and the phylogeography of the grey partridge (Perdix perdix) in Europe: from Pleistocene history to present day populations. J. Evol. Biol. (15): 971-982.

Notes et références

  1. Bro E., Terrier M-E., Soyez D., Berny P., Reitz F. & J-R. Gaillet (2004), Faut-il s’inquiĂ©ter de l’état sanitaire des populations de Perdrix grises sauvages ? Revue Faune sauvage, ONCFS, no 261 : 6-17.
  2. Carte de densité/répartition pour la France
  3. Situation nationale de la perdrix grise et du faisan commun en 2008 : rĂ©sultats d’une enquĂȘte communale, Office national de la chasse et de la faune sauvage
  4. (it) « La starna italica verrà reintrodotta in natura: il video », sur La Nuova Ecologia, (consulté le )
  5. Bro, E., Millot, F., Decors, A., & Devillers, J. (2015). Quantification of potential exposure of gray partridge (Perdix perdix) to pesticide active substances in farmlands . Science of the Total Environment, 521, 315-325.
  6. Dunachie JF, Fletcher WW (1970) The toxicity of certain herbicides to hens’ eggs assessed by the egg-injection technique. Annals Appl Biol 66:515–520. doi:10.1111/j.1744-7348.1970.tb04631.x
  7. Bro E, Devillers J, Millot F, Devillers H, Decors A. (2016). 'DĂ©tection de produits phyto dans les Ɠufs de perdrix grises'. Phytoma, 697: 41 ‐ 44
  8. Bro, E., Devillers, J., Millot, F., & Decors, A. (2016). Residues of plant protection products in grey partridge eggs in French cereal ecosystems. Environmental Science and Pollution Research, 23(10), 9559-9573.
  9. Bro, E., Sarrazin, F., Clobert, J., & Reitz, F. (2000). Demography and the decline of the grey partridge Perdix perdix in France. Journal of Applied Ecology, 37(3), 432-448.
  10. xxxxxxxxx
  11. Chamberlain DE, Fuller RJ, Bunces RGH, Duckworth JC, Shrubb M (2000) Changes in the abundance of farmland birds in relation to the timing of agricultural intensification in England and Wales. J Appl Ecol 37:771–788. doi:10.1046/j.1365-2664.2000.00548.x
  12. Benton TG, Bryant DM, Cole L, Crick HQP (2002) Linking agricultural practice to insect and bird populations: a historical study over three decades. J Appl Ecol 39:673–687. https://www.jstor.org/stable/827176
  13. Bro E, Decors A, Millot F, Soyez D, Moinet M, Berny P, Mastain O (2010) Intoxications des perdrix grises en nature. Nouveau bilan de la surveillance « SAGIR ». Faune Sauvag 289:26–32. http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/file/suivi-sanitaire/FS289_bro.pdf. (fr)
  14. Augspurger TP, Echols KR, Peterman PH, May TW, Orazio CE, Tillitt DE, Di Giulio RT (2008) Accumulation of environmental contaminants in wood duck (Aix sponsa) eggs, with emphasis on polychlorinated dibenzo-p-dioxins and polychlorinated dibenzofurans. Arch Environ Contam Toxicol 55:670–682. doi:10.1007/s00244-008-9199-1
  15. Donald PF, Green RE, Heath MF (2001) Agricultural intensification and the collapse of Europe’s farmland bird populations. Proc Royal Soc London Ser B Biol Sci 268:25–29. doi:10.1098/rspb.2000.1325
  16. BirdLife International (2015) European red list of birds. Luxembourg: office for official publications of the European Communities. http://www.birdlife.org/datazone/userfiles/file/Species/erlob/EuropeanRedListOfBirds_June2015.pdf
  17. Commission européenne (2011) EU biodiversity strategy to 2020 ; Publ Offic : 60.doi:10.2779/39229
  18. Perdrix grise - Perdix perdix
  19. Bro, E, Decors, A Millot, F, Soyez, D, Moinet, M, Berny, P & Mastain, O. (2010). Intoxications des perdrix grises en nature. Nouveau bilan de la surveillance «SAGIR». Faune Sauvage, 289, 26-32
  20. Millot F & Bro É (2013) La prĂ©dation des perdrix grises s’exerce-t-elle sur des oiseaux affaiblis ? Apports de l’étude PeGASE Revue Faune sauvage no 301 - 4e trimestre 2013.
  21. Mayot P., Baron Y., Malecot M., Meunier C., Niot D., Nouailles F., Peltier D., Pindon G., Bro E. & Reitz F. (2004), Impact des couverts faunistiques sur la Perdrix grise en plaine de grandes cultures. RĂ©sultats d’expĂ©rimentations menĂ©es en rĂ©gion Centre. Revue faune sauvage (ONCFS), no 262 : 33-41.

Voir aussi

Références taxonomiques

Liens externes

Bibliographie

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