Otto Maria Carpeaux
Otto Maria Carpeaux (Vienne, 1900 â Rio de Janeiro, 1978), nĂ© Otto Karpfen, Ă©tait un essayiste, critique littĂ©raire et journaliste autrichien naturalisĂ© brĂ©silien.
Nom de naissance | Otto Karpfen |
---|---|
Naissance |
Vienne, Autriche |
DĂ©cĂšs |
Rio de Janeiro, Brésil |
Activité principale | |
Distinctions |
Prix Jabuti 1961 et 1964 |
Ćuvres principales
- HistĂłria da Literatura Ocidental (1947)
NĂ© et formĂ© en Autriche, Otto Karpfen acquit dans lâentre-deux-guerres un renom comme critique littĂ©raire, et fut en mĂȘme temps un idĂ©ologue du parti catholique conservateur. Cependant, de pĂšre juif, il prĂ©fĂ©ra sâexiler Ă la suite de lâAnschluss de son pays natal au Reich allemand. InstallĂ© au BrĂ©sil, il devint, aprĂšs avoir changĂ© de nom et utilisant dĂ©sormais la langue de son pays dâadoption, chroniqueur littĂ©raire dans divers journaux et revues, et se mit Ă publier parallĂšlement une sĂ©rie dâouvrages de critique littĂ©raire, de musique et dâhistoire culturelle, dont, en 1947, la monumentale HistĂłria da Literatura Ocidental, vaste fresque raisonnĂ©e de la production littĂ©raire dâOccident oĂč auteurs et Ćuvres â dâHomĂšre aux Ă©crivains brĂ©siliens contemporains â sont non seulement situĂ©s dans leur Ă©poque et leur mouvement littĂ©raire, mais aussi, suivant une mĂ©thodologie ample, apprĂ©hendĂ©s au regard de leur contexte psychologique, Ă©conomique, sociologique etc. Proche du PC brĂ©silien, il sâen Ă©loigna peu Ă peu Ă partir de la fin des annĂ©es 1940, mais sâengagea, aprĂšs le coup dâĂtat de 1964, explicitement contre les rĂ©gimes militaires qui se succĂ©dĂšrent ensuite.
Biographie
En Europe
Otto Maria Carpeaux naquit Ă Vienne, alors capitale de lâEmpire austro-hongrois, le , comme fils unique de Max Karpfen, juif autrichien exerçant une profession libĂ©rale, et de Gisela Schmelz Karpfen, de confession catholique et issue dâune famille catholique traditionnelle[1]. Le mĂ©nage au sein duquel il grandit ne disposait pas de grandes richesses matĂ©rielles, mais Ă©tait pleinement intĂ©grĂ©e Ă la sociĂ©tĂ© assez conservatrice (mais se libĂ©ralisant) de son temps. Ă lâissue de ses Ă©tudes secondaires dans sa ville natale, Otto Maria Carpeaux (qui se nommait encore Otto Karpfen) sâinscrivit, sur les instances de sa famille, Ă la facultĂ© de droit, mais abandonna un an plus tard. Entre 1920 et 1930, il Ă©tudia Ă lâinstitut de chimie de lâuniversitĂ© de Vienne, mais nâexerça jamais dâactivitĂ© professionnelle en rapport avec cette formation scientifique[1]. Ă la mĂȘme Ă©poque, il frĂ©quentait en revanche les cercles littĂ©raires de Vienne, assistait aux confĂ©rences publiques de Karl Kraus[1], et Ă©tudia parallĂšlement la philosophie (obtenant un doctorat en 1925), puis les mathĂ©matiques (Ă Leipzig, en Allemagne), la sociologie (Ă Paris), la littĂ©rature comparĂ©e (Ă Naples) et les sciences politiques (Ă Berlin), tout en se consacrant dans le mĂȘme temps Ă la musique.
En , il Ă©pousa HĂ©lĂšne Silberherz, qui devait rester sa compagne toute sa vie[1]. Ainsi quâil appert de certains de ses ouvrages politiques, tels que Wege Nach Rom, il abjura le judaĂŻsme en 1933 pour se convertir Ă la religion catholique[1], et ajouta Ă son nom Maria et Fidelis, ne gardant toutefois ce dernier ajout que quelque temps seulement. Carpeaux, qui Ă©tait rĂ©dacteur de la revue hebdomadaire Berichte zur Kultur- und Zeitgeschichte et publiait dĂ©jĂ , Ă lâĂąge de 31 ans, des articles de critique littĂ©raire dans lâimportante revue Neue Freie Presse, toutes deux Ă©tablies Ă Vienne, sera cependant contraint de quitter son pays peu avant la DeuxiĂšme Guerre mondiale et de renoncer Ă la prometteuse carriĂšre dâessayiste et de journaliste qui sâĂ©tait ouverte Ă lui en Autriche dans les annĂ©es 1930[1].
Karpfen/Carpeaux appartenait Ă une gĂ©nĂ©ration dont les valeurs morales et esthĂ©tiques Ă©taient en porte-Ă -faux avec la culture et la sociĂ©tĂ© traditionnelles autrichiennes et qui sâĂ©tait incarnĂ©e dans le mouvement Jeune Vienne (Jung-Wien), lequel rĂ©unissait quelques noms retentissants dans le domaine de la poĂ©sie et du thĂ©Ăątre europĂ©ens, tels que Hugo von Hofmannsthal, Hermann Bahr, Arthur Schnitzler et Stefan Zweig. Le principal point de dĂ©saccord de Karpfen vis-Ă -vis de ce mouvement portait sur la valorisation extrĂȘme de lâesthĂ©tique et sur lâidĂ©alisme de ses reprĂ©sentants, ce qui les Ă©loignait de lâengagement politique, que Karpfen justement considĂ©rait comme impĂ©ratif dans lâEurope de lâentre-deux-guerres. Aussi Otto Karpfen fut-il actif comme journaliste politique et, une fois sa conversion au catholicisme accomplie, comme intellectuel organique[2] au service du programme politique clĂ©rical et conservateur dĂ©fendu par le Parti social-chrĂ©tien autrichien, au point que certains auteurs en sont venus Ă le qualifier dâidĂ©ologue attitrĂ© de cette mouvance politique.
Il devint lâhomme de confiance de deux premiers ministres Ă Vienne, Engelbert Dollfuss et Kurt von Schuschnigg, les deux derniers chefs de gouvernement de lâAutriche avant que ce pays ne fĂ»t incorporĂ© au Reich allemand. Cette annexion lâobligea Ă prendre le chemin de lâexil. DĂ©but 1938, il sâenfuit avec sa femme Ă Anvers, en Belgique, oĂč il travailla pendant un an environ comme journaliste au quotidien belge de langue nĂ©erlandaise Gazet van Antwerpen, et de solides indices portent Ă croire quâil apporta aussi sa collaboration Ă la revue belge catholique la CitĂ© chrĂ©tienne, sous le pseudonyme dâOtto Maria Fidelis et de Dr Leopold Wiesinger[3].
Il est Ă noter du reste que la partie europĂ©enne de la trajectoire de Karpfen/Carpeaux, quand il signait encore ses Ă©crits par Otto Karpfen ou, aprĂšs sa conversion au catholicisme, par Otto Maria Karpfen, nâa Ă©tĂ© que peu Ă©voquĂ©e par Carpeaux tout au long de sa vie au BrĂ©sil, ou souvent simplement effleurĂ©e, sinon tout Ă fait occultĂ©e.
Les circonstances qui lui firent apparaĂźtre le BrĂ©sil comme une possibilitĂ© dâexil ne sont pas Ă ce jour totalement Ă©lucidĂ©es, mais il est certain cependant que sa condition de juif apostat eut pour consĂ©quence de lâĂ©carter des listes de rĂ©fugiĂ©s dressĂ©es par la communautĂ© juive internationale. Toujours dans la sphĂšre des conjectures, il est possible que les Karpfen aient pu bĂ©nĂ©ficier des activitĂ©s du Raphaelsverein, organisation de bienfaisance allemande fondĂ©e par le Vatican dont le but Ă©tait de trouver des lieux de refuge pour les catholiques non-aryens allemands. Son entrĂ©e au BrĂ©sil eut lieu par le biais dâune structure dans laquelle Ă©tait impliquĂ©, outre le Vatican, le Centro Dom Vital, institution qui, si elle Ă©tait Ă ce moment-lĂ (câest-Ă -dire en 1939) dĂ©jĂ dirigĂ©e par Alceu Amoroso Lima, gardait encore une bonne part des tendances et attitudes ultramontaines hĂ©ritĂ©es de son prĂ©cĂ©dent directeur, Jackson de Figueiredo. Ce parcours ne sera pas sans incidence sur lâaccueil qui sera ensuite rĂ©servĂ© Ă Carpeaux au BrĂ©sil dans certains milieux intellectuels[4].
Au Brésil
Ainsi, Carpeaux, se sentant en insécurité devant la montée en puissance du fascisme en Europe, décida-t-il fin 1939 de fuir avec sa femme pour le Brésil. Durant le voyage en bateau éclata la guerre en Europe. En signe de répudiation de tout lien avec le TroisiÚme Reich, il troqua son patronyme germanique Karpfen pour le nom français Carpeaux.
Au moment oĂč il dĂ©barqua au BrĂ©sil, il ignorait tout de la littĂ©rature brĂ©silienne, ne savait pas un mot de portugais, et ne connaissait personne sur place. Il fut, Ă titre dâimmigrant, envoyĂ© vers une fazenda (exploitation agricole) dans le ParanĂĄ, pour y travailler dans les champs.
Le cosmopolite et Ă©rudit Carpeaux gagna bientĂŽt SĂŁo Paulo, oĂč, sans travail, il parvint Ă survivre en se rĂ©signant Ă vendre ses propres possessions, y compris livres et Ćuvres dâart. DĂ©jĂ polyglotte Ă son arrivĂ©e, sachant en effet, outre lâallemand, sa langue maternelle, lâanglais, le français, lâitalien, lâespagnol, le nĂ©erlandais, le catalan, le galicien, lâoccitan, le latin et le servo-croate, il nâeut aucune peine, vu ses connaissances des autres langues nĂ©o-latines, Ă sâapproprier en lâespace dâun an la langue portugaise.
En 1940, il tenta de prendre pied dans le journalisme de son pays dâadoption, mais sans y parvenir. Câest alors quâil Ă©crivit une lettre Ă Ălvaro Lins au sujet dâun article sur Eça de Queiroz. Le rĂ©ponse vint sous la forme dâune invitation Ă rĂ©diger un article littĂ©raire pour le journal O Correio da ManhĂŁ, de Rio de Janeiro, article qui sera publiĂ© et lui vaudra un emploi de chroniqueur littĂ©raire. Il se mit Ă prĂ©sent Ă publier des articles Ă intervalles rĂ©guliers. JusquâĂ 1942, Carpeaux Ă©crivit en français ses articles, que lâon publiait ensuite en traduction portugaise. Sa grande Ă©rudition lui permit de faire connaĂźtre au BrĂ©sil des auteurs Ă©trangers peu ou mal connus du public local et devint bientĂŽt un critique littĂ©raire renommĂ©. Cette mĂȘme annĂ©e 1942, Otto Maria Carpeaux se naturalisa brĂ©silien et fit paraĂźtre le recueil dâessais Cinzas do PurgatĂłrio (litt. Cendres du purgatoire).
Le bĂ©gaiement dont souffrait Carpeaux lui interdisant dâoccuper une chaire dâenseignant universitaire, il occupa plusieurs postes de bibliothĂ©caire : entre 1942 et 1944, il fut directeur de la bibliothĂšque de la FacultĂ© nationale de philosophie, et de 1944 Ă 1949 directeur de la bibliothĂšque de la Fondation GetĂșlio Vargas. En 1943 parut de sa main Origens e Fins. En 1947, il acheva et publia sa monumentale HistĂłria da Literatura Ocidental, en huit volumes, qui est considĂ©rĂ© comme lâouvrage le plus important en langue portugaise dans le domaine de lâhistoire littĂ©raire[5]. Le critique JosĂ© Lino GrĂŒnewald qualifia cet ouvrage dâun des plus brillants produits de la prose portugaise, nonobstant que Carpeaux ne fĂ»t pas lusophone de naissance. Cette Ćuvre est Ă©galement unique en ceci que lâauteur sâattache Ă Ă©tablir des relations entre les diffĂ©rentes pĂ©riodes, Ă lâeffet de crĂ©er une vision organique de lâhistoire littĂ©raire. Y sont Ă©voquĂ©s briĂšvement et analysĂ©s plus de huit mille Ă©crivains, depuis HomĂšre jusquâaux auteurs modernes, sans compter les auteurs seulement effleurĂ©s ; tous du reste sont traitĂ©s dans leur langue dâorigine, tant dans lâexposĂ© les concernant que dans les passages tirĂ©s de leurs Ćuvres et la bibliographie prĂ©sentĂ©e. Le nombre total des Ćuvres citĂ©es avoisine les 30 000.
En 1950, il devint rĂ©dacteur-Ă©diteur du Correio da ManhĂŁ, et publia en 1951 Pequena Bibliografia CrĂtica da Literatura Brasileira, livre singulier sur la littĂ©rature nationale brĂ©silienne, rĂ©unissant, dans lâordre chronologique, plus de 170 auteurs classĂ©s selon les courants auxquels ils appartiennent, depuis la littĂ©rature coloniale jusquâĂ nos jours. ParallĂšlement, il eut une abondante production de chroniqueur littĂ©raire, Ă©crivant toutes les semaines pour plusieurs journaux.
En 1953, il fit paraßtre Respostas e Perguntas (litt. Réponses et Questions) et Retratos e Leituras (litt. Portraits et Lectures). Vint ensuite la parution de Presenças, et, en 1960, de Livros na Mesa (litt. Des livres sur la table).
En 1961 et 1964, il obtint le prix Jabuti, dans la catĂ©gorie Critique littĂ©raire/thĂ©orie littĂ©raire. AprĂšs le coup dâĂtat militaire, il devint le coĂ©diteur, aux cĂŽtĂ©s dâAntĂŽnio Houaiss, de la Grande EnciclopĂ©dia Delta-Larousse[6].
Il mourut le Ă Rio de Janeiro dâune crise cardiaque.
Positionnement politique
Sur le plan politique et idĂ©ologique, Carpeaux eut des positionnements en apparence contradictoires, propices en tout cas Ă alimenter une controverse autour de sa mĂ©moire, controverse qui du reste avait cours dĂ©jĂ de son vivant et concerne la question de savoir sâil Ă©tait un intellectuel rĂ©actionnaire ou un intellectuel « progressiste ».
Une partie de sa trajectoire, plus prĂ©cisĂ©ment sa pĂ©riode autrichienne, oĂč il Ă©tait proche du parti catholique conservateur, et le fait quâil a pu immigrer au BrĂ©sil grĂące au Centro Dom Vital dirigĂ© peu avant par lâultramontain Jackson de Figueiredo, explique lâantipathie avec laquelle il fut reçu par plusieurs Ă©crivains modernistes dans les annĂ©es 1940, Ă©crivains pour la plupart liĂ©s au Parti communiste du BrĂ©sil (PCB), tels que Jorge Amado[7]. La polĂ©mique qui opposa Carpeaux Ă quelques-uns des collaborateurs de la revue de gauche Diretrizes, parmi lesquels MĂĄrio de Andrade, Oswald de Andrade et Carlos Lacerda, peut servir dâillustration de ces rapports inamicaux : dans le sillage de la publication dans Revista do Brasil dâune nĂ©crologie peu amĂšne sur lâhumaniste français et prix Nobel de littĂ©rature Romain Rolland (oĂč celui-ci Ă©tait visĂ© non pas tant pour ses positions de pacifiste et dâhomme de gauche, mais pour la qualitĂ© de ses Ă©crits), Carpeaux fut lui-mĂȘme la cible dâun manifeste de rejet signĂ© par les Ă©crivains susnommĂ©s et publiĂ© dans ladite revue Diretrizes, ce qui contribua Ă le faire passer pour une figure rĂ©actionnaire. Parmi les griefs formulĂ©s contre lui dans ce manifeste figurait la « sĂ©rie de faveurs » dont il venait de bĂ©nĂ©ficier de la part du gouvernement estado-noviste, notamment lâasile politique et lâobtention en 1944 de la naturalisation brĂ©silienne. La campagne contre lui se prolongera bien au-delĂ de ce manifeste, dâautres articles de rĂ©pudiation contre Carpeaux y faisant suite en effet, qui sâen prenaient cette fois Ă sa production intellectuelle, accusĂ©e de prĂ©senter des « caractĂ©ristiques encyclopĂ©dique, eurocentriste et baroque », autant de traits supposĂ©ment typiques dâun auteur « rĂ©gressĂ© Ă Hegel, un conformiste se drappant de non-conformisme, ayant une position spiritualiste de qui se dĂ©vore lui-mĂȘme », ainsi que lâĂ©nonçait un autre article paru dans Diretrizes[8].
Pourtant, poussĂ© sans doute par ses amis, Carpeaux sâĂ©tait approchĂ© du PCB. La revue communiste Literatura consacra son numĂ©ro du premier semestre de 1947 au centenaire du poĂšte bahianais Castro Alves, numĂ©ro dans lequel fut publiĂ© un manifeste Ă©manant de lâintelligentsia brĂ©silienne (alors majoritairement de gauche) qui tenait Ă souligner entre autres : « Sans aucun doute, la meilleure maniĂšre de cĂ©lĂ©brer le centenaire de Castro Alves consiste Ă rĂ©affirmer la foi patriotique qui ressort du contenu de son Ćuvre patriotique et dĂ©mocratique comme programme permanent de pensĂ©e et dâaction au service du peuple ». Ce manifeste explicite fut signĂ© par quelque 300 intellectuels, dont Afonso Arinos de Mello Franco, Astrojildo Pereira, Caio Prado Jr., Carlos Drummond de Andrade, Graciliano Ramos, Manuel Bandeira, CĂąndido Portinari, HĂ©lio Peregrino, SĂ©rgio Milliet, JosĂ© Lins do Rego, Eneida de Moraes, Prado Kelly, et Otto Maria Carpeaux. Il sâagissait dâailleurs aussi du dernier document Ă©manant du front uni culturel crĂ©Ă© Ă la fin de lâEstado Novo. Cette unitĂ© de lâintelligentsia fut sensiblement Ă©branlĂ©e par la mise hors la loi du PCB en 1947, le renvoi de ses mandataires parlementaires en 1948, et lâexacerbation de la guerre froide Ă la fin de la dĂ©cennie 1940. Dans le mĂȘme temps, la politique culturelle du PCB se faisait de plus en plus Ă©triquĂ©e et sectaire, en concomitance avec la prĂ©dominance des idĂ©es dâAndreĂŻ Jdanov dans la politique culturelle soviĂ©tique. Ces Ă©volutions feront sâĂ©loigner progressivement du mouvement communiste un grand nombre dâintellectuels et dâartistes brĂ©siliens, parmi lesquels Carlos Drummond de Andrade, Manuel Bandeira, Ărico VerĂssimo, Ălvaro Lins, Alceu Amoroso Lima, et aussi Carpeaux. Le plus dramatique sans doute des diffĂ©rents incidents qui Ă©mailleront ce processus de scission de lâintelligentsia brĂ©silienne est celui qui se produisit lors de lâĂ©lection de la SociĂ©tĂ© des Ă©crivains brĂ©siliens (Sociedade dos Escritores Brasileiros, devenue UniĂŁo Brasileira de Escritores en 1958), tenue en , oĂč, pour la premiĂšre fois, deux listes distinctes furent en lice : lâune appuyĂ©e par les communistes, et lâautre par les courants libĂ©raux-dĂ©mocrates. Sur la liste dâopposition libĂ©rale figuraient notamment Carlos Drummond de Andrade, Manuel Bandeira, Afonso Arinos de Melo Franco, et Otto Maria Carpeaux, la plupart ayant pourtant signĂ© naguĂšre le manifeste de 1947 et soutenu alors les candidats communistes. Les intellectuels prĂ©sents en vinrent mĂȘme aux mains pendant la rĂ©union, et Carlos Drummond de Andrade se fit agresser physiquement. Les communistes remportĂšrent le scrutin, mais la SociĂ©tĂ© des Ă©crivains se vida dâune partie de ses effectifs, perdit son caractĂšre unitaire, et vit fortement diminuer lâimportance et l'ascendant quâelle avait encore dans les annĂ©es antĂ©rieures[9].
Une autre raison encore pour laquelle Carpeaux fut cataloguĂ© dans le camp conservateur est le fait quâil sera pendant de longues annĂ©es lâun des principaux rĂ©dacteurs du quotidien carioca du matin Correio da ManhĂŁ, et quâil sera mĂȘme soupçonnĂ© dâĂȘtre lâauteur, ou un des auteurs, des fameux Ă©ditoriaux intitulĂ©s « Basta! » (Assez !) et « Fora! » (Dehors !), respectivement du et du , par le truchement desquels ce journal, connu pour son identification avec la tradition libĂ©rale et avec une conception singuliĂšre de la dĂ©mocratie sous-tendue par cette tradition, joignit finalement sa voix au chĆur des putschistes[10]. Enfin, certains auteurs contestent que Carpeaux ait jamais Ă©tĂ© un penseur de gauche ; le philosophe Olavo de Carvalho p.ex. affirme dans sa prĂ©face Ă Ensaios Reunidos 1942-1978 que Carpeaux ne fut jamais marxiste, quâil ne dĂ©savoua jamais ses idĂ©es conservatrices, et quâil ne sâapprocha du PCB que par pur opportunisme et parce quâil y Ă©tait poussĂ© par ses amis, et souligne, tĂ©moignages directs Ă lâappui, que Carpeaux demeura profondĂ©ment catholique et ne cessa jamais de faire quotidiennement ses oraisons ; il nây eut donc point, selon Carvalho, de « mĂ©tamorphose » idĂ©ologique de Carpeaux au BrĂ©sil, mais une cohĂ©rence dans son positionnement politique, une constance de droite, et ce de sa pĂ©riode autrichienne jusquâĂ sa mort[11].
Ce nonobstant, son rĂŽle dâopposant actif aux gouvernements militaires lui vaudra, Ă la fin de sa vie, une rĂ©putation dâintellectuel dĂ©finitivement liĂ© Ă la partie gauche de lâĂ©ventail politique national. Tout doute au sujet du caractĂšre progressiste de son positionnement fut dissipĂ© par une note par lui signĂ©e et incluse dans son ouvrage Vinte e Cinco Anos de Literatura, publiĂ© en 1968 : il fit savoir en effet par cette note quâil renonçait Ă ce qui avait Ă©tĂ© sa principale activitĂ© pendant plus de trois dĂ©cennies, pour se vouer dĂ©sormais Ă la lutte contre la dictature brĂ©silienne la plus rĂ©cente, ce pourquoi il ne se considĂ©rait plus comme appartenant au « cercle littĂ©raire dâamis » â Ă©crivant textuellement : « Ma tĂȘte et mon cĆur sont ailleurs. Ce qui me reste de capacitĂ© de travail appartient au BrĂ©sil et Ă la lutte pour la libĂ©ration du peuple brĂ©silien. »[12] Ă ce moment-lĂ , Carpeaux avait dĂ©jĂ Ă son actif une sĂ©rie dâarticles de sa main hostiles au coup dâĂtat et aux gouvernements dictatoriaux qui se succĂ©dĂšrent aprĂšs le putsch de 1964 ; il sâĂ©tait distanciĂ© du Correio da ManhĂŁ et avait Ă©tĂ© citĂ© dans un rapport dâenquĂȘte de la police militaire justement en raison de sa prise de position contre la dictature ; il Ă©tait devenu un collaborateur rĂ©gulier de la Revista de Civilização Brasileira, oĂč il se signalait par ses articles Ă©voquant la figure dâAntonio Gramsci et diffusant ses idĂ©es ; et il sâĂ©tait approchĂ© dâintellectuels qui font figure de vigoureux opposants au rĂ©gime militaire, tels que Florestan Fernandes, Henfil, Carlos Heitor Cony, Leandro Konder et plusieurs autres. PrivĂ© dâespace de travail dans la presse durant les gouvernements militaires, il exercera son ultime activitĂ© professionnelle dans lâĂ©quipe de rĂ©daction de lâencyclopĂ©die Delta Larousse[13].
Traits personnels
JosĂ© Roberto Teixeira Leite, homme de vaste Ă©rudition lui aussi, qui connut Carpeaux quand celui-ci vivait Ă Rio de Janeiro, dĂ©crivit ainsi la figure du savant autrichien : « Carpeaux Ă©tait un des hommes les plus laids que jâaie connus... Son apparence nĂ©anderthalesque, tout en mandibules et en sourcils, faisait le dĂ©lice des caricaturistes : il ressemblait, ni plus ni moins, Ă un troglodyte, mais un troglodyte lisant HomĂšre et Virgile dans lâoriginal, se dĂ©lectant de Bach et de Beethoven, et sachant distinguer lâun de lâautre Rubens et Van Dyck ». Et Teixeira Leite dâajouter que Carpeaux Ă©tait totalement bĂšgue, ce qui lâĂ©cartait des chaires universitaires et le confinait dans les bibliothĂšques, les cabinets dâĂ©tudes et les rĂ©dactions[14].
Il sâĂ©tait liĂ© dâamitiĂ© avec nombre dâintellectuels de son Ă©poque, mais sâĂ©tait fait aussi quelques inimitiĂ©s. Plus dâun lâa dĂ©crit comme un homme gĂ©nĂ©reux, patient, mais intransigeant lorsquâil Ă©tait provoquĂ© par des faits et des jugements quâil estimait ineptes ou faux[15].
Ćuvre
Carpeaux est lâauteur de centaines dâarticles dans le domaine de la critique littĂ©raire, de lâhistoire de la culture et de lâhistoire littĂ©raire, et publia, en plus de sa monumentale HistĂłria da Literatura Ocidental, pas moins de 14 livres consacrĂ©s Ă des sujets littĂ©raires. Cet ensemble dâĂ©crits dĂ©termina un enrichissement considĂ©rable de la critique littĂ©raire brĂ©silienne, non seulement parce quâils introduisaient au BrĂ©sil des auteurs jusque-lĂ inconnus dans ce pays, tels que Walter Benjamin ou Franz Kafka, mais aussi parce quâils exposaient et mettaient en Ćuvre de nouvelles mĂ©thodes dâanalyse et de nouvelles grilles de lecture. Ă ces Ă©crits, il faut ajouter plusieurs Ă©tudes biographiques, des Ă©tudes sur lâhistoire de la musique, des scĂ©narios pour Ă©missions radiophoniques et mĂȘme quelques scĂ©narios de film. Viennent enfin complĂ©ter cet abondant corpus les ouvrages et articles de Carpeaux au contenu expressĂ©ment politique, marquĂ©s par son engagement personnel, dâabord dans le contexte agitĂ© de sa pĂ©riode europĂ©enne avant la DeuxiĂšme Guerre mondiale et lâAnschluss, ensuite sous la dictature brĂ©silienne consĂ©cutive au coup dâĂtat de 1964, auquel il sâopposa de façon incisive[16].
En tant que critique littĂ©raire, Carpeaux ne se limita pas toutefois Ă ĂȘtre un simple divulgateur de la production littĂ©raire europĂ©enne, mais fut aussi un intervenant actif dans la crĂ©ation littĂ©raire brĂ©silienne elle-mĂȘme. P.ex., en 1949, alors quâil sĂ©journait au BrĂ©sil depuis moins de 10 ans et quâil possĂ©dait encore imparfaitement sa langue dâadoption, il lança un audacieux ouvrage dont le titre illustre bien sa posture devant la production littĂ©raire de son pays dâaccueil : Pequena Bibliografia CrĂtica da Literatura Brasileira[17].
Ses essais littĂ©raires ont Ă©tĂ© rĂ©unis en deux volumes comprenant, pour le premier, paru en 1999, les quelques livres publiĂ©s par Carpeaux de son vivant dans la pĂ©riode allant de 1942 Ă 1978 (volume I, dirigĂ© et longuement prĂ©facĂ© par le philosophe Olavo de Carvalho), pour le second, paru en 2005, une collection dâarticles de presse, de prĂ©faces et dâintroductions, Ă©crits entre 1946 et 1971 et parus de façon Ă©parse dans divers pĂ©riodiques auxquels il avait collaborĂ© (volume II)[18]. LâĂ©diteur annonce la publication de quatre autres volumes dâarticles (Ensaios Reunidos III, Obras HistĂłricas Breves, Escritos PolĂticos Brasileiros, et Escritos PolĂticos Estrangeiros).
HistĂłria da Literatura Ocidental
Lâouvrage majeur dâOtto Maria Carpeaux, la monumentale HistĂłria da Literatura Ocidental, est aujourdâhui unanimement considĂ©rĂ© par la critique brĂ©silienne non seulement comme lâapogĂ©e de la production carpocienne, mais encore comme lâun des sommets de lâhistoriographie littĂ©raire en langue portugaise, voire mondiale. Paru originellement en 1947 en huit volumes, il connut plus rĂ©cemment, en 2008, par les soins du SĂ©nat fĂ©dĂ©ral du BrĂ©sil, une troisiĂšme Ă©dition, en 4 volumes et 3025 pages. Le livre englobe dans une mĂȘme entreprise analytique toute la littĂ©rature occidentale, depuis les principales Ćuvres grecques classiques jusquâaux Ćuvres alors contemporaines, dont beaucoup dâauteurs brĂ©siliens.
Lâouvrage se compose de centaines dâessais dans lesquels le bagage de sa formation europĂ©enne â lâhistoricisme allemand de Dilthey, Hegel, Simmel, Weber et dâautres, et « lâesthĂ©tique de lâexpression et de lâintuition » de Benedetto Croce â entre en dialogue avec un ensemble dâautres outils mĂ©thodologiques afin de prendre en compte et de donner Ă voir ce qui le culturalisme europĂ©en avait coutume dâĂ©carter et que les thĂ©ories esthĂ©tiques tendaient Ă considĂ©rer comme des Ă©lĂ©ments accessoires de la recherche culturelle, tels que les facteurs historiques et psychologiques. Ă la diffĂ©rence dâautres ouvrages de mĂȘme propos, lâhistoire littĂ©raire de Carpeaux ne se limite pas Ă dĂ©rouler les noms des Ă©crivains significatifs de telle pĂ©riode littĂ©raire ou de la littĂ©rature de tel pays ou en telle langue, avec rĂ©sumĂ©s biographiques et notices bibliographiques, le tout assorti Ă©ventuellement dâune petite anthologie ; le projet de Carpeaux a consistĂ© au contraire Ă exposer une vision dâensemble de toutes les littĂ©ratures occidentales, analysĂ©es au-dedans dâun continuum descriptif, oĂč se trouvent encastrĂ©s dans les dĂ©veloppements chronologiques quantitĂ© de considĂ©rations sociologiques, Ă©conomiques, politiques, religieuses, etc., donnant naissance Ă un panorama oĂč lâon sâattache Ă apprĂ©hender plutĂŽt quâĂ expliquer les phĂ©nomĂšnes humains et sociaux, dans le dessein dâidentifier non leurs causes, mais les intentions et les champs dâaction qui les sous-tendent. Ainsi les analyses proprement littĂ©raires sont-elles prĂ©cĂ©dĂ©es dans chaque chapitre dâune Ă©tude sur lâĂ©poque ou sur la civilisation dans lesquelles les faits dĂ©crits se situent, permettant au lecteur dâapprĂ©cier sous toutes ses facettes telle ou telle pĂ©riode, depuis ses prĂ©mices jusquâĂ son apogĂ©e, avec ses ramifications et ses Ă©ventuelles retombĂ©es dans dâautres pĂ©riodes historiques ou artistiques. Les analyses prĂ©sentĂ©es nâexposent pas seulement les aspects triviaux de la vie des auteurs, mais aident Ă saisir comment et pourquoi leurs Ćuvres ont surgi et les rĂ©percussions quâelles ont pu Ă©ventuellement avoir sur dâautres Ă©poques et rĂ©gions. Par le caractĂšre en quelque sorte tentaculaire des Ă©tudes contenues dans cet ouvrage, il serait inappropriĂ© dâen faire un usage fragmentaire, comme dâun simple catalogue oĂč des publicistes pressĂ©s pourraient aller puiser des donnĂ©es biographiques. Câest un livre dâun seul tenant, quâil convient de lire en entier, comme un cycle de sagas dans lequel interviennent des milliers de personnages engagĂ©s dans le phĂ©nomĂšne de la crĂ©ation littĂ©raire[19].
Ce point de vue mĂ©thodologique Ă©largi, dĂ©coulant du postulat que les aspects biographiques de tel auteur doivent sâapprĂ©cier au regard de son environnement social et de ses influences culturelles, sera appelĂ© par Carpeaux lui-mĂȘme « stylistico-sociologique ». L'auteur prĂ©cisa : « la relation entre littĂ©rature et sociĂ©tĂ© [...] nâen est pas une de simple dĂ©pendance sans plus : câest une relation compliquĂ©e, de dĂ©pendance rĂ©ciproque et dâinterdĂ©pendance des facteurs spirituels (idĂ©ologiques et stylistiques) et des facteurs matĂ©riels (structure sociale et Ă©conomique). »[17]
Bibliographie
Publications dâOtto Maria Carpeaux
- Wege nach Rom â Abenteuer, Sturz und Sieg des Geistes, Reinhold Verlag, Vienne, 1934 (signĂ© Otto Karpfen)
- Ăsterreichs europĂ€ische Sendung, Reinhold Verlag, Vienne, 1935 (sous le pseudonyme dâOtto Maria Fidelis)
- Cinza do PurgatĂłrio (1942)
- Origens e Fins (1943)
- HistĂłria da Literatura Ocidental (8 volumes Ă lâorigine, 1947)
- Pequena Bibliografia CrĂtica da Literatura Brasileira (1951)
- Perguntas e Respostas (1953)
- Retratos e Leituras (1953)
- Presenças (1958)
- Uma Nova HistĂłria da MĂșsica (1958)
- Livros na Mesa (1960)
- A Literatura AlemĂŁ (1964)
- A Batalha da América Latina (1965)
- O Brasil no Espelho do Mundo (1965)
- As Revoltas Modernistas na Literatura (1968)
- 25 Anos de Literatura (1968)
- Hemingway: Tempo, Vida e Obra (1971)
- Alceu Amoroso Lima (biographie, 1978)
- Sobre Letras e Artes (1992)
- 1999 - Ensaios Reunidos 1942-1978 (Vol.1, de A Cinza do PurgatĂłrio Ă Livros na Mesa. Notice biographique dâOlavo de Carvalho)
- 2005 - Ensaios Reunidos 1946-1971 (Vol.2)
Ouvrages et essais Ă propos dâOtto Maria Carpeaux
- Eduardo Gomes Silva, « ReacionĂĄrio » ou « progressista »? A disputa acadĂȘmica e editorial em torno da memĂłria de Otto Maria Karpfen/Carpeaux, communication pour le XXVIe Symposium national dâhistoire, organisĂ© par lâAssociação Nacional dos Professores UniversitĂĄrios de HistĂłria (ANPUH) et tenu en Ă SĂŁo Paulo.
- José Maria e Silva, "A Missão Civilizatória de Otto Maria Carpeaux, " Jornal Opção, .
- Olavo de Carvalho, Otto Maria Carpeaux, dans Portuguese Literary & Cultural Studies. Special Issue, no 4. JoĂŁo Cezarde Castro Rocha (org.), University of Massachusetts, Dartmouth, 2000.
- Pedro Maciel, O Historiador das Idéias, Digestivo Cultural, .
- SĂ©rgio Augusto, O Melhor Presente que a Ăustria nos Deu, Digestivo Cultural, 2002.
- Mauro Souza Ventura, De Karpfen to Carpeaux. Rio de Janeiro: Topbooks, 2002.
- JosĂ© Roberto Teixeira Leite. Di Cavalcanti e Outros PerfĂs. SĂŁo Paulo: Edifieo, 2007.
- Leandro Konder, Otto Maria Carpeaux (1900-1978), Revista Espaço AcadĂȘmico, no 82, 2008.
- Ivo Barroso, A HistĂłria de Carpeaux, O Estado de SĂŁo Paulo, .
- Mauro Souza Ventura, Otto Maria Carpeaux Leitor de Walter Benjamin, GHREBH, Vol. 1, no 15, 2010.
- Ademir Luiz da Silva, O Maior dos Escritores de Segunda Ordem: A PolĂȘmica CrĂtica Carpeaux-Mann, Via Litterae, Vol. 2, no 2, jul./dez. 2010.
- J. C. Guimarães, Carpeaux e Alguns Profetas, Jornal Opção, no 1889, .
- Franklin Jorge, Otto Maria Carpeaux e a Literatura, Blecaute, année 4, no 12, .
- J. C. GuimarĂŁes, A Odisseia do EspĂrito, Jornal Opção, no 1948, .
- J. C. GuimarĂŁes, A Odisseia do EspĂrito: Final, Jornal Opção, no 1949, .
- Raimundo de Menezes, DicionĂĄrio literĂĄrio brasileiro, Rio de Janeiro, Ă©d. LTC, 1978.
Notes et références
- Mauro Souza Ventura, 29 novembre 2011). Juventude comum, trajetórias opostas, consulté le 1er décembre 2011.
- Organique au sens gramscien du terme.
- Murray G. Hall, Gerhard Renner, Handbuch der NachlÀsse und Sammlungen österreichischer Autoren, éd. Böhlau Verlag, Wien, Köln, Weimar, 1995.
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 6.
- « A monumental HistĂłria da Literatura Ocidental volta Ă s livrarias », Veja, no 2250,â .
- Ivo Barroso, « A história de Carpeaux » (consulté le ).
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 7.
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 7.
- Cf. http://www.espacoacademico.com.br/032/32cbuonicore.htm article dâAugusto Buonicore, sur le site Espaço AcadĂȘmico.
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 8.
- Olavo de Carvalho a publiĂ© un extrait de sa prĂ©face sur son site personnel. Carvalho va jusquâĂ insinuer que le dĂ©but de la phase dâengagement politique dĂ©clarĂ© de Carpeaux contre la dictature militaire, au milieu des annĂ©es 1960, coĂŻncide chronologiquement avec une baisse perceptible de qualitĂ© de sa production comme critique littĂ©raire.
- CitĂ© par Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 8.
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 9.
- JosĂ© Ricardo Teixeira Leite, Di Cavalcanti e outros perfĂs, Sao Paulo, Edifieo, , p. 53.
- (pt) SĂ©rgio Augusto, « O melhor presente que a Ăustria nos deu », Digestivo cultural, (consultĂ© le ).
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 3.
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 13.
- Eduardo Gomes Silva, communication au symposium de lâANPUH, p. 10.
- Ivo Barroso, art. dans O Estado de SĂŁo Paulo du 2 novembre 2008.
Liens externes
Ăcrits de Carpeaux consultables en ligne
- HistĂłria da Literatura Ocidental
- O BĂĄrbaro Barbado
- A Obra de Max Weber
- MĂșsica do Diabo e de Deus
- Jacob Burckhardt: Profeta da Nossa Ăpoca
- As Nuanças de Jens Peter Jacobsen
- A Idéia das Universidades e as Idéias das Classes Médias
- VisĂŁo de Graciliano Ramos
- Poesia e Ideologia
Autres
- Mauriac e Seus CrĂticos
- Otto Maria Carpeaux, O Digno Farejador do Universo
- A Primeira Entrevista, no Brasil, de Otto Maria Carpeaux
- Grandes Entrevisas: Otto Maria Carpeaux
- Carpeaux, um GĂȘnio, Humilhado e Ofendido no Correio da ManhĂŁ
- O Lugar de Otto Maria Carpeaux no Campo da CrĂtica
- âReacionĂĄrioâ ou âProgressistaâ? A Disputa AcadĂȘmica e Editorial em Torno da MemĂłria de Otto Maria Karpfen/Carpeaux
- Outro Retrato do Brasil: Cultura e HistĂłria na Obra CrĂtica de Otto Maria Carpeaux