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Organisation territoriale de la Roumanie

L’organisation territoriale de la Roumanie repose aujourd'hui sur quatre niveaux d'organisation territoriale :

  • 4 macro-régions (Macroregiuni) de niveau NUTS I, qui ne sont pas des régions administratives, mais dont le rôle est de coordonner le développement régional et les principales infrastructures.
  • 8 régions de développement (regiuni de dezvoltare) de niveau NUTS II, qui ne sont pas non plus des entités administratives, mais visent à promouvoir le développement économique régional.
  • 41 départements (județe) de niveau NUTS III ;
  • 103 municipalités (municipalități), 208 villes (orașe, pour les zones urbaines) et 2 825 communes (comune, pour les zones rurales) de niveau NUTS IV.
Le territoire de la Roumanie.
Les 4 macro-régions de niveau NUTS I : Transylvanie en bleu, Sévérine en vert, Moldavie et Bas-Danube en orange, Munténie en rouge.
Les 8 régions de développement de niveau NUTS II : Soméchane en vert, Occidentale en rose, Muréchane en gris, Moldavie en jaune, Olténie en bleu, Munténie en orange, Bucarest-Ilfov en ocre, Bas-Danube en violet.
Les 41 județe (départements) de niveau NUTS III.
Les 3137 communes, villes et municipalités de Roumanie de niveau NUTS IV.

La capitale Bucarest appelée municipiul București, a un statut spécial de niveau NUTS III, tandis que ses six arrondissements (sector pourvu d'un maire élu) sont de niveau NUTS IV.

Divisions et subdivisions actuelles

Macro-régions Régions de développement Județe
Nom officiel Nom vernaculaire Nom officiel Nom vernaculaire
Macro-région 1 Transylvanie (Ardeal) Nord-Ouest (Nord-Vest) Soméchane (Someșana) 6 județe au nord-ouest de la Transylvanie
Centre (Centru) Muréchane (Mureșana) 6 județe à l'est de la Transylvanie
Macro-région 2 Moldavie et Bas-Danube (Moldova și Dunărea de Jos) Nord-Est (Nord-Est) Moldavie (Moldova) 6 județe moldaves, sauf Vrancea et Galați
Sud-Est (Sud-Est) Bas-Danube (Dunărea de Jos) 6 județe : les deux de Dobrogée, deux de Valachie (Buzău et Brăila) et deux de Moldavie (Vrancea et Galați)
Macro-région 3 Munténie (Muntenia) Sud (Sud) Gétique (Getica) 7 județe de Munténie
Bucarest-Ilfov (București-Ilfov) Bucarestoise (Bucureșteana) le județ d'Ilfov et la ville de Bucarest
Macro-région 4 Sévérine (Severina) Sud-Ouest (Sud-Vest) Olténie (Oltenia) 5 județe
Ouest (Vest) Occidentale (Apuseana) 4 județe, deux du Banat plus Arad et Hunedoara

Échelons territoriaux

Macro-régions

Les macro-régions de développement représentent le cadre de coordination des infrastructures régionales, ainsi que des cadres d'organisation militaire, sanitaire, académique et autres d'intérêt national, selon les règles européennes définies par Eurostat pour le niveau I de la nomenclature des unités territoriales statistiques (NUTS)[1].

Régions de développement

Les régions de développement représentent le cadre de récolte de données statistiques particulières, selon les règles européennes définies par Eurostat pour le niveau II de la nomenclature des unités territoriales statistiques (NUTS).

Les régions de développement ont été créées de manière à compter chacune environ le même nombre d'habitants. Chaque région est composée d'environ 6 județe, sauf la région de Bucarest-Ilfov qui est constituée de la municipalité de Bucarest et du județ d'Ilfov.

Județe

C'est l'équivalent roumain du département en France, pourvu d'un préfet (Prefect) et d'un conseil général (Consiliu județean) élu. Il existe 41 județe (județ au singulier, du latin judicium) qui sont des subdivisions administratives de niveau III selon la NUTS.

Municipalité de Bucarest

La capitale Bucarest compte aussi comme subdivision administrative de niveau III sans être un Județ (le județ dans lequel elle se trouve est celui d'Ilfov). On appelle cette subdivision « Municipalité de Bucarest » (municipiul București): elle est divisée en six secteurs (sectoare) et chacun de ces secteurs possède son propre maire et une part d'autonomie locale. Les six secteurs sont des unités administratives locales 1 (anciennement NUTS 4).

Villes, municipalités et communes

La Roumanie compte 208 villes (oraș) et 103 municipalités (municipiu). La différence entre les villes et les municipalités est que les dernières sont plus développées et plus urbanisées, et en général elles ont plus de 15 000 à 20 000 habitants. Il y a 2 825 communes, divisées en 13 092 villages. Les villages et hameaux n'ont pas d'administration individuelle, et ne sont donc pas des divisions politiques, mais seulement des cantons (ocoluri) administratifs des communes.

Divisions territoriales traditionnelles ou en projet

Organisation territoriale ecclésiastique

Dans la mesure où les Églises présentes en Roumanie sont subventionnées par les deniers publics, disposent de chaînes de télévision, de facultés et de séminaires dont les diplômes sont reconnus comme nationaux, et jouent un rôle non négligeable dans la vie scolaire, culturelle et politique du pays, leur organisation territoriale peut être mentionnée ici. Trois églises se partagent le territoire :

  • Diocèses orthodoxes roumains en Roumanie, Moldavie, Hongrie, Serbie et Ukraine.
    Diocèses orthodoxes roumains en Roumanie, Moldavie, Hongrie, Serbie et Ukraine.
  • Diocèses catholiques en Roumanie.
    Diocèses catholiques en Roumanie.

Régions historiques

Le territoire de la Roumanie d'aujourd'hui s'est constitué au cours de l'histoire à partir des régions à majorité roumanophone de l'espace carpatique et danubien, chacune avec son histoire et sa tradition. La Roumanie moderne s'étend donc sur plusieurs régions historiques, héritées de la géographie médiévale, dont certaines appartiennent pour partie à ses voisins. Jusqu'à l'union de 1918, on regroupe en général les régions historiques de la Roumanie, héritées du Moyen Âge, en trois « pays » au sens latin du terme (pays se dit țară en roumain).

La Transylvanie a la particularité d'être une des régions culturellement les plus complexes ; deux villes sont importantes pour la culture roumaine : Sibiu (capitale culturelle de l'Europe en 2007 avec Luxembourg) et Brașov au cœur de la région de Bârsa où se trouve le château de Bran.

En raison de ces changements, la Moldavie a la particularité d'être une des régions historiquement les plus complexes ; deux villes sont importantes pour la culture roumaine : Iași (foyer culturel ancien et ville universitaire majeure) et Chișinău, capitale de la République moldave indépendante depuis la dislocation de l'URSS et proche de la région du Codru que les Moldaves considèrent comme leur refuge historique et leur berceau culturel.

S'il arrive parfois que des partis nationalistes agitent le passé roumain de ces régions, la Roumanie n'a aucune revendication territoriale et a reconnu par des traités avec ses voisins toutes ses frontières.

Dans la partie ukrainienne de l'ancienne Principauté de Moldavie, il n'y a plus, de nos jours, qu'une petite minorité de Moldaves. En Moldavie roumaine, ils sont 98 % de la population et ils peuvent s'affirmer à la fois comme Moldaves (au sens géographique du terme) et Roumains (au sens culturel et linguistique). En République de Moldavie, où ils sont les deux-tiers de la population, la constitution leur interdit de s'affirmer à la fois comme Moldaves et comme Roumains : ils doivent choisir l'un ou l'autre (la plupart, pour ne pas être considérés comme une minorité nationale dans leur propre pays, choisissent l'identité Moldave).

On fait souvent référence à ces provinces historiques lorsqu'on parle de musique populaire, de plats ou de parlers régionaux, de costumes et d'architecture traditionnelle et plus généralement de particularités culturelles.

Évolution historique du territoire

Ces régions historiques ont appartenu à divers États depuis le Moyen Âge (voir Histoire de la Roumanie) et les homonymies sont fréquentes. En particulier :

  • Transylvanie ou Ardeal désigne tantôt l'ancienne Principauté de Transylvanie seulement (notamment pour les historiens), tantôt l'ensemble des territoires hongrois avant 1918 (112 038 km2).
  • Vieux Royaume (en roumain : Regatul vechi, 120 732 km2 en 1878, 128 144 km2 en 1913), ou simplement le Royaume (en roumain : Regatul) désigne la Roumanie d'avant 1918, qui comprend plus ou moins la Moldavie (occidentale), la Valachie et la Dobroudja.
  • Grande Roumanie (en roumain : România Mare) désigne l'ensemble du territoire de la Roumanie dans sa plus grande extension entre les deux guerres mondiales (295 049 km2). C'est la Roumanie actuelle (237 499 km2), plus des régions perdues entre 1940 et 1948 (totalisant 57 550 km2), actuellement bulgares (Dobroudja du Sud), ukrainiennes (Bucovine du nord, Bessarabie du nord et Boudjak) et moldaves (les deux tiers de la Bessarabie).
  • Moldavie désigne soit la partie est (République de Moldavie dont 29 680 km2 sous souveraineté moldave et 4 163 km2 sous contrôle russe), soit la partie ouest (Région de Moldavie roumaine, 35 806 km2) de l'ancienne principauté de Moldavie (86 783 km2 dont 21 297 km2 sont aujourd'hui en Ukraine). Toutefois, les moldavistes de la république de Moldavie, qui se réfèrent à la définition soviétique de la majorité roumanophone, ont réussi à accréditer pour la République de Moldavie, en anglais, allemand, espagnol et même en français officiel (circulaire Juppé), des gentilés différents de ceux de la Moldavie historique : Moldova et Moldawien au lieu de Moldavia, Moldavie et Moldau.

L'étendue territoriale de la Roumanie a ainsi évolué comme suit :

Au XXIe siècle la Roumanie compte 116 767 km2 de plus qu'au moment de son indépendance, issus de la dislocation de l'empire austro-hongrois.

Évolution historique de l'organisation territoriale

L'organisation territoriale des principautés ayant précédé la formation de l'État roumain était basée, depuis le Moyen Âge, sur les megieșuri, județe et ținuturi dirigés par un jude (du latin médiéval judex) nommé par les voïvodes transylvains, valaques et moldaves. En 1859 la Principauté de Roumanie, suivie en 1881 par le Royaume de Roumanie et en 1947 par la République populaire roumaine maintient ces divisions, mais le jude est remplacé par un préfet, sur le modèle des départements français.

En 1950, le régime communiste de Roumanie modifia l'organisation territoriale, adoptant le modèle soviétique de régions (dont l'une, où vivaient de nombreux Hongrois, autonome) divisées en raions. Trois ans après son accession au pouvoir, en 1968, Nicolae Ceaușescu réintroduisit des județe, mais avec une nouvelle organisation territoriale, et avec des secrétaires județeni du parti unique à leur tête. En 1981, les județe d'Ilfov de Vlașca et de Ialomița furent réorganisés pour donner la configuration actuelle, avec les județe de Giurgiu, Călărași et Ilfov-Bucarest.

Le pouvoir post-communiste a conservé l'organisation territoriale héritée du régime Ceaușescu, à un détail près : en 1995, l'Ilfov qui dépendait de Bucarest en tant qu'arrondissement rural retrouva son statut de județ à part entière. En revanche, avec le retour progressif à la démocratie, le modèle français fut réintroduit, avec un préfet et un conseil général élu.

Ultérieurement, deux autres niveaux d'organisation administrative ont été ajoutés : les macro-régions (Niveau I) et les régions de développement (Niveau II), mais seuls les județe (Niveau III) sont de véritables unités administratives pourvues d'institutions propres et d'instances décisionnelles locales.

Les județe sont aujourd'hui, en Roumanie, l'équivalent des départements français avant la décentralisation. Ils sont en effet dirigés par un préfet (prefect) assisté d'un Conseil général élu (Consiliul județean) à la tête duquel se trouve un président élu pour quatre ans par les conseillers généraux.

Propositions d'évolution future

Dès décembre 2001, en prévision de l'intégration du pays dans l'Union européenne, des propositions de réforme de l'organisation territoriale ont été formulée par divers députés, partis et commissions[2]. Toutes affirment vouloir s'intégrer aux normes de l'U.E. comportant cinq niveaux NUTS, mais elles peuvent en gros être classées en deux catégories[3] :

  • celles qui tranchent totalement par rapport au passé (ancien ou récent) et ne tiennent compte d'aucune subdivision ancienne ou actuelle autre que les limites communales : ces propositions sont basées sur des critères exclusivement économiques ou ethniques ;
  • celles qui reprennent en partie d'anciennes ou actuelles subdivisions, notamment pour éviter de chambouler du tout au tout l'administration, le cadastre, les archives, les immatriculations, les préfixes actuels.
  • Proposition de division en huit euro-régions, conservant les județe.
    Proposition de division en huit euro-régions, conservant les județe.
  • Proposition de division en dix euro-régions basées sur les provinces historiques traditionnelles et modifiant quelques județe.
    Proposition de division en dix euro-régions basées sur les provinces historiques traditionnelles et modifiant quelques județe.
  • Proposition de division en douze euro-régions, supprimant les județe (la 5 inclut le pays sicule et aurait une majorité locale magyare).
    Proposition de division en douze euro-régions, supprimant les județe (la 5 inclut le pays sicule et aurait une majorité locale magyare).

Des partis ethniques (autorisés en Roumanie : voir Communautés ethno-linguistiques de Roumanie) comme l'UDMR ont formulé des propositions visant à établir des Euro-régions où les communautés ethniques soient localement majoritaires[4].

Johannes Hahn, le Commissaire européen pour la politique régionale, a encouragé la Roumanie à ne pas céder aux tentations d'émiettement communautariste, allant ainsi dans le sens des partis politiques roumains de gauche, de tradition jacobine, qui préfèrent une organisation territoriale basée sur des échelons égaux en droits comme les actuels județe, ne tenant pas compte des communautés ethniques[5].

Notes

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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