Liste des souverains de Moldavie
La liste des souverains de Moldavie va de la première mention jusqu'à l'unification avec la Valachie en 1859. La monarchie étant élective dans les principautés roumaines (comme en Hongrie et Pologne voisines), le prince (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par et parmi les boyards et, pour être nommé, régner et se maintenir, s'appuyait fréquemment sur les puissances voisines, hongroise, polonaise ou ottomane[1].
Prince de Moldavie (ro) Domnitor al Țării Moldovei (en) Prince of Moldavia | ||
Armoiries de la Moldavie | ||
Alexandru Ier Cuza Dernier prince de Moldavie | ||
Création | 1359 | |
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Titre | Prince de Moldavie | |
Mandant | Sublime Porte | |
Abrogation | 1859 | |
Premier titulaire | Dragoș de Moldavie | |
Dernier titulaire | Alexandru Ier Cuza | |
Origines
- Dragoș de Moldavie vers 1351-1353
- Sas de Moldavie vers 1354-vers 1358
- Bâlc de Moldavie 1359
- Bogdan Ier le Fondateur (Bogdan Întemeitorul) vers 1359 -1367
- Petru Ier de Moldavie 1367 - 1368
- Lațcu de Moldavie 1368-vers 1373
- Costea Mușat vers 1373-vers 1374
- Iuga Ologul vers 1374 - 1377
Vassale de la Pologne, 1387-1455
Le fait qu'entre 1387 et 1455 la principauté de Moldavie se soit reconnue vassale et alliée de la Pologne ne signifie pas, comme l'affirment par erreur certains auteurs[2], qu'elle soit devenue une province polonaise ou un fief du roi de Pologne. Ces erreurs sont dues d'une part à la confusion sémantique chez certains historiens modernes, entre voïvodie (province, en polonais) et voïvode (prince régnant, en roumain), ou encore entre suzeraineté et souveraineté, et d'autre part à la rétroprojection nationaliste de l'histoire[3]. Les voïvodes suivants ont été alliés et vassaux de la couronne polonaise (mais il y en a encore eu quelques autres après 1455, en alternance et parfois même en concomitance avec la vassalité envers les Ottomans) :
- Petru II de Moldavie vers 1377-vers 1391
- Roman Ier de Moldavie vers 1391-1394
- Étienne Ier de Moldavie ou Ștefan vers 1394-vers 1399
- Iuga Ologul 1399-1400
- Alexandre Ier le Bon (Alexandru cel Bun) 1400-1432
- Ilie Ier 1432-1433
- Étienne II de Moldavie 1433-1435
- Ilie Ier 1435-1442 coprince
- Étienne II de Moldavie 1435-1447 coprince
- Pierre III Mușat 1444-1445 coprince
- Pierre III Mușat 1447
- Roman II Mușat 1447-1448
- Pierre III Mușat 1448-1449
- Ciubăr 1448-1449
- Alexandre II 1449
- Bogdan II 1449-1451
- Pierre Aron 1451-1452
- Alexandre II 1452-1454
- Pierre Aron 1454-1455
- Alexandre II 1455
Vassale de l'Empire ottoman, 1455-1457
Le fait qu'entre 1455 et 1859 la Principauté de Moldavie se soit reconnue vassale et tributaire de la « Sublime Porte » ottomane ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elle soit devenue une province turque et un pays musulman, d'autant plus que durant cette période, elle se reconnut simultanément une seconde fois vassale de la Pologne entre 1597 et 1623. Seuls certains territoires moldaves sont devenus ottomans : en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 la raya de Tigina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste de la Principauté (y compris la partie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) a conservé ses propres lois, sa religion orthodoxe, boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices[4]. Le premier voïvode moldave à avoir accepté la vassalité envers l'Empire ottoman est :
- Pierre Aron 1455-1457
Indépendante, 1457-1504
- Étienne III le Grand (Ștefan cel Mare) 1457-1504
Vassale de l'Empire Ottoman, 1504-1600
- Bogdan III cel Orb 1504-1517
- Etienne IV Ștefaniță 1517-1527
- Pierre IV Rareș 1527-1538
- Étienne V Lăcusta 1538-1540
- Alexandru III Cornea1540-1541
- Pierre IV Rareș 1541-1546
- Ilie II Rareș 1546-1551
- Etienne VI Rareș 1551-1552
- Ioan Joldea 1552
- Alexandru IV Lăpusneanu 1552-1561
- Ioan Ier Despot-Voda (Ioan Iacob Heraclid) 1561-1563
- Etienne VII Tomșa 1563-1564
- Alexandru IV Lăpusneanu 1564-1568
- Bogdan IV Lăpusneanu 1568-1572
- Ioan II Voda 1572-1574
- Pierre V Șchiopul 1574-1577
- Ioan Potcova 1577
- Pierre V Șchiopul 1578-1579
- Iancu Sașul 1579-1582
- Pierre VI Șchiopul 1582-1591
- Ștefan Șchiopul 1589-1591 prince associé
- Aaron Tiranul 1591-1592
- Alexandru cel Rău 1592
- Pierre VI Cazacul 1592
- Aaron Tiranul 1592-1595
- Etienne VIII Răzvan 1595
- Ieremia Movilă 1595-1600
Union avec la Valachie, 1600
- Michel Ier le Brave (Mihai Viteazul) 1600
Vassale de l'Empire Ottoman, 1600-1739
- Ieremia Movilă 1600-1606
- Simion Ier Movilă 1606-1607
- Mihai Movilă 1607
- Constantin Movilă 1607
- Mihai Movilă 1607
- Constantin Movilă 1607-1611
- Ștefan II Tomșa 1611-1615
- Alexandru Movilă 1615-1616
- Radu Mihnea 1616-1619
- Gaspar Gratiani 1619-1620
- Alexandru Ilie 1620-1621
- Ștefan II Tomșa 1621-1623
- Radu Mihnea 1623-1626
- Miron Barnovschi-Movilă 1626-1629
- Alexandru Coconul 1629-1630
- Musa Movilă 1630-1631
- Alexandru Ilie 1631-1633
- Miron Barnovschi-Movilă 1633
- Musa Movilă 1633-1634
- Basil Lupu 1634-1653
- Gheorghe Ștefan 1653
- Basil Lupu 1653
- Gheorghe Ștefan 1653-1658
- Gheorghe Ghica 1658-1659
- Constantin Șerban 1659
- Ștefăniță Lupu 1659-1661
- Constantin Șerban 1661
- Ștefăniță Lupu 1661
- Eustatie Dabija 1661-1665
- Gheorghe Duca 1665-1666
- Ilie III Alexandru 1666-1668
- Gheorghe Duca 1668-1672
- Ștefan Petriceicu 1672-1673
- Dumitrascu Cantacuzino 1673-1674
- Ștefan Petriceicu 1674-1675
- Dumitrascu Cantacuzino 1675
- Antonie Ruset 1675-1678
- Gheorghe Duca 1678-1683
- Ștefan Petriceicu 1683-1684
- Dumitrascu Cantacuzino 1684-1685
- Constantin Cantemir 1685-1693
- Dimitrie Cantemir 1693
- Constantin Duca 1693-1695
- Antioch Cantemir 1695-1700
- Constantin Duca 1700-1703
- Mihai Racoviță 1703-1705
- Antioch Cantemir 1705-1707
- Mihai Racoviță 1707-1709
- Nicolae Mavrocordat 1709-1710
- Dimitrie Cantemir 1710-1711
- Nicolae Mavrocordat 1711-1715
- Mihai Racoviță 1716-1726
- Grigore II Ghica 1726-1733
- Constantin Mavrocordato 1733-1735
- Grigore II Ghica 1735-1739
Depuis la fin du XVIIe siècle, l'élection du prince se joue de moins en moins à Jassy et Bucarest auprès du Sfat Domnesc (conseil des boyards), et de plus en plus à Constantinople parmi les Phanariotes et auprès des Ottomans ; elle est aussi de plus en plus coûteuse. Au début du XVIIIe siècle (et jusqu'en 1829), les Phanariotes supplantent les boyards roumains et seront très nombreux à régner sur les deux principautés ; les deux aristocraties s'entremêlent, les Phanariotes se roumanisent, les boyards s'hellénisent. C'est aussi la période où l'Empire russe se rapproche des principautés, commence à se poser en champion de la foi orthodoxe contre l'Empire ottoman, y mène des campagnes militaires et intervient dans la politique des principautés roumaines, qui sont alors influencées par l'esprit des Lumières ; leurs aristocraties et bourgeoisies commencent à devenir francophiles et francophones, phénomène qui culminera au XIXe siècle et perdurera jusqu'au milieu du XXe siècle.
Vassale de l'Empire Ottoman, 1739-1769
- Grigore II Ghica 1739-1741
- Constantin Mavrocordat 1741-1743
- Ion Mavrocordat 1743-1747
- Grigore II Ghica 1747-1748
- Constantin Mavrocordat 1748-1749
- Constantin Racoviță 1749-1753
- Matei Ghica 1753-1756
- Constantin Racoviță 1756-1757
- Scarlat Ghica 1757-1758
- Ion Teodor Callimachi 1758-1761
- Grigorie Callimachi 1761-1764
- Grigore III Ghica 1764-1767
- Grigorie Callimachi 1767-1769
- Constantin Mavrocordat 1769
Vassale de l'Empire Ottoman, 1774-1787
- 1774-1777 : Grigore III Ghica
- 1777-1782 : Constantin Moruzi
- 1782-1785 : Alexandru Ier Mavrocordat "Delibey" (le Prince Fou)
- 1785-1786 : Alexandru II Mavrocordat "Firaris" (le Fugitif)
- 1786-1788 : Alexandru Ipsilanti
Vassale de l'Empire Ottoman, 1788-1789
Vassale de l'Empire Ottoman, 1791-1806
Occupée par la Russie, novembre 1806-mai 1812
- 1806-1807: Alexandru Moruzi
- 1807 : Alexandru Hangerli (prince titulaire)
- 1807-1810: Scarlat Callimachi (prince titulaire)
- 1806 : Iordache Ruset-Roznovanu Caïmacan
- 1807-1812 : Veniamin Costache Métropolite de Moldavie (1803-1842) & Caïmacan
L'occupation russe aura duré 6 ans dans la partie occidentale de la Principauté, à l'ouest du Prut, mais se prolongera durant 105 ans dans la partie orientale de la Principauté, à l'est du Prut, qui forme jusqu'en 1917 le gouvernement de Bessarabie, initialement gouverné par le hospodar Scarlat Sturdza (durant un an) et ses successeurs, selon les lois moldaves et en roumain jusqu'en 1828, puis selon les lois russes et en russe[5].
Vassale de l'Empire Ottoman, 1812-1821
- 1812-1819: Scarlat Callimachi
- 1819-1821 : Mihail II Șuțu
- mars-avril 1821 : Veniamin Costache Caïmacan (rétabli)
- avril 1821 : Alexandru Ipsilanti
Administration militaire ottomane, mai 1821-juillet 1822
- automne 1821 juillet 1822 : Étienne Vogoridès, Caïmacan
Vassale de l'Empire Ottoman, 1822-1828
Occupée par la Russie, avril 1828-septembre 1834
Il s'agit ici de l'occupation de la partie occidentale du pays, la partie orientale étant déjà russe depuis 1812.
- 1829-1834 : Paul Kisseleff gouverneur.
Vassale de l'Empire Ottoman, 1834-1853
Occupée par la Russie, octobre 1853-septembre 1854
Même remarque que plus haut.
Vassale de l'Empire Ottoman, 1854-1859
- 1854-1856 : Grigorie V Alexandru Ghica X
- 1856-1857 : Teodor Balș Caïmacan
- mars 1857-octobre 1858 : Nicolas Vogoridès Caïmacan
- Triumvirat (Căimăcămia de trei): Ștefan Catargiu (jusqu'au ), puis Ioan A. Cantacuzène, Vasile Sturdza et Anastasie Panu -
Formation en 1859 de la Roumanie par union avec la Valachie
Le , Alexandru Ion Cuza est élu également souverain de la Valachie et l’union de facto est accompli. Toutefois, les gouvernements et les parlements des deux pays sont encore séparés. Le est formé le premier gouvernement roumain et, deux jours plus tard, le , les deux parlements fusionnent et choisissent Bucarest comme capitale du nouveau pays. À cette date, la Principauté de Moldavie laisse place aux Principautés unies de Moldavie et de Valachie, embryon de l’État roumain, qui restera vassal et tributaire de l’Empire ottoman pendant encore 16 ans, jusqu’en 1878.
Les offices de la principauté de Moldavie
Au début de l’existence de la principauté (du XIVe siècle au XVIe siècle) le voïvode moldave nommait seul les titulaires des offices, parfois proposés par le Sfat domnesc (conseil des aristocrates). Tous étaient révocables. Beaucoup de titulaires sont intégrés à la noblesse d’épée (boieri mari). Plus tard (à partir du XVIIe siècle) les hospodars mettent les offices civils aux enchères et anoblissent les acheteurs, créant ainsi une noblesse de robe (boieri mici). Dans ces cas, les titulaires gardent l’office à vie, et s’ils n’ont pas eux-mêmes les compétences requises, délèguent le travail à des adjoints (custozi) qui peuvent, eux aussi, être éventuellement anoblis. Les offices moldaves ont évolué avec le temps et étaient principalement les suivants[6] :
- Aprod : huissier, page, écuyer ;
- Ban : gouverneur régional, chef de plusieurs Juzi et Pârcălabi ;
- Cămărar : chambellan, chef des serviteurs de la cour et du souverain, ou encore du métropolite ;
- Clucer : ambassadeur ;
- Jude : gouverneur (préfet) et chef des sénéchaux (logofeți) d’un ținut (comté) ;
- Logofăt : greffier ou sénéchal d'un jude ou d’un vornic ;
- Mare-Logofăt : chancelier de la cour ;
- Mare-Vistiernic : grand-argentier (ministre des finances) ;
- Mare-Vornic (ou Mare-Ban) : premier ministre de la principauté ;
- Măscărici : bouffon de la cour, seul autorisé à brocarder, dans certaines limites, le pouvoir et l’église, mais seul à n’avoir aucun espoir d’être anobli ;
- Paharnic : échanson (valet particulier du souverain) ;
- Pârcălab : gouverneur d’une forteresse, bourgmestre d’une ville ;
- Postelnic : ministre des affaires étrangères, chef des clucères ;
- Spătar : connétable, ministre des armées ou consul ;
- Stolnic : ministre de l'économie et du commerce ;
- Vistiernic : collecteur d’impôts ;
- Vornic : maire d’un village.
Références
- Le candidat au trône devait ensuite "amortir ses investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'un semestre au moins était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le "jeu des chaises musicales" sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Quant au gouvernement, il était assuré par les ministres et par le Sfat domnesc (conseil des boyards). Selon l'historien Mircea Petrescu-Dîmbovița (Istoria Românilor - « Histoire des Roumains », vol. 1 : Moștenirea timpurilor îndepărtate - « L'héritage des temps anciens », éd. Enciclopedică, Bucarest 2001, 865 p., (ISBN 9789734503810) ou (ISBN 9734503812)) le souverain des principautés roumaines, états États orthodoxes, n'était pas oint et « sacré » comme les souverains catholiques héréditaires d'Occident et, étant choisi par des hommes, ses pairs, ne régnait pas à vie « au nom et par la volonté » de Dieu, mais était aspergé et « béni » comme les empereurs byzantins pour gouverner durant un temps limité (en moyenne deux ans, à de rares exceptions près) en tant que « servant / esclave » de Dieu (« Рѡбȣ лȣ Дȣмнєѕєȣ »).
- Voir
- L'expression « rétroprojection nationaliste », du Pr. Jean Ravenstein de l'Université de Marseille, désigne la tendance historiographique moderne à projeter dans le passé les nations modernes, comme si elles s'étaient constituées dès le Moyen Âge ou l'Antiquité.
- Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
- K. Heitmann, Moldauisch in Holtus, G., Metzeltin, M. și Schmitt, C. (eds), Lexicon der Romanschinen Linguistik, Tübingen 1989, vol 3, pp.508-21.
- Nicolae Iorga, Histoire des Roumains et de la romanité orientale, Université de Bucarest, 1945
Annexes
Bibliographie
- Théodore Ouspensky, « Une page d'histoire roumaine », Revue historique, t. 6, , p. 100-106 (lire en ligne)
- (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor, Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică Bucureşti, 1976-77.
- Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler, (ISBN 2-9520012-1-9)