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Mihai Racoviță

Mihai ou Mihail Racoviță, en français Michel Racovitza (en allemand et polonais Rakowitza) est né en 1660 et mort en 1744. Il règne en Moldavie de 1703 à 1705, de 1707 à 1709 et de 1716 à 1726, ainsi qu'en Valachie de 1730 à 1731 et de 1741 à 1744. La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, comme en Transylvanie et en Pologne voisines. Le souverain (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards, puis agréé par les Ottomans : pour être nommé, régner et se maintenir, il s'appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, polonaise, russe et surtout turque, car jusqu'en 1859 les deux principautés étaient vassales et tributaires de la « Sublime Porte »[1].

Mihai Racoviță
Biographie
Naissance
Décès
Père
Boyar Ionitza Racovitza (d)
Conjoint
Ana Codreanu (d)
Enfants
Constantin Racoviță
Ștefan Racoviță
Princess (Anastasia) Racovitza (d)
Prince Mikhael Rakovitzas, beizades (d)
Blason

Origine familiale

Michel Racovitza est issu d’une famille de boyards moldaves dont le représentant le plus connu est le naturaliste et explorateur antarctique des XIXe et XXe siècles, Émile Racovitza. Racoviță est le nom de leur domaine ; le nom d’origine de la famille était Cehan. Il est le fils de Ion Racoviță (mort en juin 1688) et d’Anastasie Cantacuzène, fille de Thomas Cantacuzène, frère cadet de Constantin Cantacuzène et Mare Vornic (faisant office de Premier ministre et garde des sceaux) en 1638, puis Mare Stolnic (faisant office de ministre de la Justice et de chef de la maison princière) en 1644.

Son père avait exercé pendant une trentaine d’années de nombreuses charges à la cour moldave. Par son mariage, il était entré dans l’alliance de la puissante famille phanariote des Cantacuzènes qui dominait à cette époque la vie politique des deux principautés roumaines.

Le frère aîné de Michel, Dimitrie, était marié avec Ilinca Cantacuzène, fille de Michel Canatacuzène ou Mihai Cantacuzino (1640-1716, Mare Spãtar (chef des armées) de Valachie, et sa sœur Ecaterina avait épousé Iordache Cantacuzène-Deleanu, Mare Logofãt (grand chancelier) de Moldavie.

Bien que d’origine autochtone roumaine, la forte hellénisation de la famille Racoviță et surtout les conditions dans lesquelles Michel règne dans les principautés, le font considérer comme un prince phanariote.

Règnes en Moldavie et en Valachie

Il fut élevé au trône de Moldavie de septembre 1703 par l’influence de la famille Cantacuzène qui venait d’obtenir la destitution de Constantin Duca, gendre de Constantin II Brâncoveanu.

Le il est remplacé par son ex beau-frère, l’ancien prince Antioch Cantemir fils aîné de Constantin Cantemir qui retrouve son trône pendant deux ans. Après la seconde destitution d’Antioch Cantemir il est de nouveau porté au trône le .

Le il est destitué par les Ottomans, convaincus par Constantin II Brâncoveanu qu’il était un agent d’influence de la Russie. Michel Racoviță est d’abord emprisonné à Constantinople puis assigné à résidence dans la capitale ottomane. Les Turcs se convainquent cependant de sa fiabilité et, le , après l’élimination définitive de la famille Cantacuzène du pouvoir, il est de nouveau porté au trône de Moldavie en remplacement de Nicolas Mavrocordato promu à celui de Valachie. Lors de la Guerre vénéto-austro-ottomane il doit faire appel aux Tatars de Crimée pour repousser l’invasion autrichienne, mais ces alliés n’en mettent pas moins la Moldavie au pillage[2].

Michel Racovitza est destitué en octobre 1726 en faveur de son rival Grigore II Ghica qui commence alors sa « carrière » d’hospodar de Moldavie.

En octobre 1730, Michel Racovitza est nommé en Valachie à la place de Constantin Mavrocordato pourtant élu par les boyards à la place de son défunt père, mais que la « Sublime Porte » avait refusé d’agréer. Démis après un règne d’un an, il est de nouveau appelé à remplacer Constantin Mavrocordato de septembre 1741 à juillet 1744.

Unions et descendance

Michel Racovitza épousa d’abord :

  1. en 1690, Safta Cantemir, une fille du prince Constantin Cantemir dont il n’eut pas de descendance.
  2. Ana Codreanu dont il eut :

Bibliographie

  • Alexandru Dimitrie Xenopol Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896)
  • Nicolae Iorga Histoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
  • (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
  • Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASIN B0000EA1ET).
  • Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN 2-86496-054-0)
  • Gilles Veinstein, Les Ottomans et la mort (1996) (ISBN 9004105050).
  • Joëlle Dalegre Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman, L’Harmattan Paris (2002) (ISBN 2747521621).
  • Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN 2-9520012-1-9).
  • Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin (2008).

Notes

  1. Le candidat au trône devait ensuite « amortir ses investissements » par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'au moins six à huit mois était nécessaire, mais la « concurrence » était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le « jeu des chaises musicales » sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Celui qui ne parvenait pas à rembourser ses « investisseurs » et à verser le tribut dû, risquait sa vie, mais l'enjeu était si fructueux, que les candidats ne manquèrent jamais. Quant au gouvernement, il était assuré par le Mare Vornic (sorte de premier ministre), ses ministres (spatar-armée, vistiernic-finances, paharnic-économie, « postelnic »-justice, logofat-intérieur... approximativement) et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
    Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
  2. La première razzia tatare en Moldavie date de 1223, la dernière de 1788, avec une fréquence de deux à trois par siècle durant cinq siècles. Les Tatars ont eu une influence importante dans l'histoire du pays : ils ont longtemps dominé des cités comme Orhei et des territoires comme le Boudjak où ils ont laissé de nombreux toponymes, certains se sont christianisés et intégrés, à l'exemple des familles Khan Temir ou Emin, et c'est avec eux que les Roms sont arrivés dans les pays roumains comme bûcherons, charretiers, chiffonniers, chaudronniers, éclaireurs, éleveurs de chevaux, fossoyeurs, tanneurs... avant de passer, lors du reflux des Tatars, sous la protection et au service des boyards et des monastères, jusqu'à leur émancipation en 1825 et à nouveau en 1856. Il reste aujourd'hui environ 26 000 Tatars en Roumanie, et entre 500 000 et 2 millions de Roms selon les recensements et les estimations.
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