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Paul Kisseleff

Le comte Paul Kisseleff (en russe : ĐŸĐ°ÌĐČДл Đ”ĐŒĐžÌŃ‚Ń€ĐžĐ”ĐČоч КОсДлёĐČ, Pavel Dmitrievitch Kisseliov), nĂ© Ă  Moscou le et mort Ă  Paris le , est un gĂ©nĂ©ral puis ministre et enfin diplomate de l’Empire russe qui a exercĂ© la fonction de gouverneur des principautĂ©s roumaines de 1829 Ă  1834.

CarriĂšre militaire

Paul Kisseleff est un chevalier de la Garde impĂ©riale, auquel le dĂ©clenchement des guerres napolĂ©oniennes permet de rĂ©aliser une brillante carriĂšre. Il devient rapidement gĂ©nĂ©ral et aide de camp du comte MikhaĂŻl AndreĂŻevitch Miloradovitch et il participe Ă  la bataille de Borodino et Ă  la marche victorieuse de l’armĂ©e russe jusqu’à Paris. Le il livre un combat sous les murs de la ville au cours duquel il se fait remarquer par le tsar Alexandre Ier de Russie qui se l’attache comme aide de camp.

Cinq ans plus tard Paul Kisseleff est nommĂ© chef d’état major de la cinquiĂšme armĂ©e cantonnĂ©e Ă  Toultchine en Podolie. De nature libĂ©rale il tente de mettre en Ɠuvre des rĂ©formes dans l'armĂ©e notamment l'abandon des chĂątiments corporels ce qui lui attire l’animositĂ© du Ministre de la Guerre.

Gouverneur des principautés roumaines

Au cours de la Guerre russo-turque de 1828-1829 Paul Kisseleff est le commandant des troupes russes en Moldavie et en Valachie, deux principautĂ©s roumaines alors vassales de l'Empire ottoman, dont les Ă©lites et les populations cherchaient Ă  s'Ă©manciper. Il est nommĂ© prĂ©sident des Divans des deux principautĂ©s, c'est-Ă -dire en fait rĂ©gent, le : poste qu’il occupera jusqu’à l'adoubement par le Sultan Mahmoud II des princes roumains Alexandre II Ghica et Mihail Sturdza en 1834.

L’administration de Paul Kisseleff est considĂ©rĂ©e comme bĂ©nĂ©fique pour les Roumains[1]. LiĂ© aux sociĂ©tĂ©s philanthropiques locales, il fait promulguer un « RĂšglement Organique » qui reprend et dĂ©veloppe les termes de la Constitution (en roumain « Marele Hrisov ») promulguĂ©e en 1741 par un hospodar philanthrope, Constantin Mavrocordato, qui avait aussi aboli le servage en 1746-49 en Valachie et en Moldavie, oĂč il rĂ©gna successivement. « Marele Hrisov » a Ă©tĂ© publiĂ© in extenso dans le journal « Mercure de France » de [2]. RĂ©digĂ© en avril 1830, le « RĂšglement Organique » est validĂ© par la cour de l'Empire russe Ă  Saint-PĂ©tersbourg et promulguĂ© en Valachie en juillet 1831 et en Moldavie le : il restera en vigueur jusqu’à l’union des deux principautĂ©s en 1859, qui scella la naissance de la Roumanie.

Afin de faire face aux consĂ©quences du tremblement de terre de 1838 (en), d’un incendie et d’une Ă©pidĂ©mie de peste, Kisseleff supervisa la crĂ©ation de deux « Éphories » ou institutions d’utilitĂ© publique, l’une pour les hĂŽpitaux et l’autre pour les caisses de solidaritĂ©. Soucieux d’assurer la sĂ©curitĂ©, il crĂ©e un corps de pompiers professionnels et une police armĂ©e, payĂ©s par l’État, de 1 700 hommes en Moldavie et de 4 470 hommes en Valachie, auxquels s’ajoutent des gardes-frontiĂšres (« pandoures »).

Il est Ă©galement Ă  l’origine d’amĂ©nagements urbains Ă  Bucarest oĂč en 1832 il fait percer une grande artĂšre sortant de la ville vers le nord, qui est amĂ©nagĂ©e avec des arbres de jardin et de grandes villas (aujourd'hui des ambassades) et qui fut nommĂ©e en 1843 « ChaussĂ©e Kisseleff », nom qu'elle porte toujours. Paul Kisseleff quitte Bucarest le , mais les Roumains reconnaissants lui accordent en 1841 la citoyennetĂ© d'honneur de la Valachie et de la Moldavie[3].

Ministre libéral

De retour dans son pays en 1835, Paul Kisseleff entre au Conseil d’État de l’Empire russe, participe aux commissions secrĂštes recherchant les meilleures conditions de l’émancipation des serfs. Le rĂ©sultat de ces travaux prĂ©sentĂ© au tsar lui attire l’hostilitĂ© des propriĂ©taires terriens conservateurs. En 1837, Kisseleff est nommĂ© Ministre d’État chargĂ© des propriĂ©tĂ©s publiques, poste qu’il occupe pendant 18 ans avec beaucoup d’efficacitĂ©. Il rĂ©forme l’administration des serfs d’état et institue un systĂšme d’école pour les enfants de ces paysans. Il se heurte toutefois aux forces rĂ©actionnaires encouragĂ©es par les options politiques conservatrices du tsar Nicolas Ier de Russie.

Ambassadeur Ă  Paris

En France, aprÚs le plébiscite de 1852[4], Kisseleff remet ses lettres de créance comme ambassadeur de Russie à Paris. Cette cérémonie marque la réticence du tsar à l'égard du nouvel empereur.

« Mardi 28. — Kisseleff a reçu hier ses lettres de crĂ©ance et ses instructions. Ces derniĂšres se distinguent par une grande prĂ©cision, protestent contre le nom de NapolĂ©on III, mais prononcent le mot hĂ©rĂ©ditĂ©. Dans ses lettres de crĂ©ance, l'empereur de Russie apostrophe l'empereur des Français par Sire et bon ami et non, selon l'usage Ă©tabli en pareil cas, par Monsieur mon frĂšre. En mĂȘme temps, le comte de Hatzfeld est prĂ©venu, par le tĂ©lĂ©graphe, que les lettres prussiennes sont rĂ©digĂ©es dans les formes habituelles, c'est-Ă -dire que le roi de Prusse donne a NapolĂ©on le Monsieur mon frĂšre » Cela nous jette dans des perplexitĂ©s. »

— Alexandre de Hubner, Comte de Hubner Neuf ans de souvenirs de l’ambassadeur d'Autriche Ă  Paris sous le Second Empire 1851-1859, Paris Plon, 1905, 3e Ă©dition, page 87.

AprĂšs la mort de Nicolas Ier de Russie, son fils et successeur Alexandre II de Russie dĂ©pĂȘche en 1855 Paul Kisseleff Ă  Paris comme « Ministre plĂ©nipotentiaire » afin de tenter de dĂ©samorcer les tensions qui allaient aboutir Ă  la Guerre de CrimĂ©e. MalgrĂ© l’échec de cette mission, Kisseleff demeure dans la diplomatie et poursuit une carriĂšre Ă  l’étranger jusqu’en 1862. Andreas Fedorovich von Budberg-Bönninghausen le remplace dans ses fonctions d'ambassadeur. Il ne reviendra jamais en Russie jusqu’à sa mort Ă  Paris en 1872.

Union et postérité

Paul Kisseleff avait Ă©pousĂ© Sophie Potocki, fille du comte polonais Stanislas Potocki. AprĂšs la mort de leur fils unique en bas Ăąge, le couple se brisa, mais le gĂ©nĂ©ral Kisseleff n’obtient pas du tsar l’autorisation de divorcer. Il vĂ©cut ensuite maritalement avec une boyarde roumaine rencontrĂ©e Ă  Bucarest, Zoia Văcărescu (d), elle-mĂȘme mariĂ©e avec le prince russe AlekseĂŻ Kirilovitch Bagration (d). ZoĂ© et Paul eurent six enfants dont : Vladimir, Constantin, Alexandrina et Elena.

Notes et références

  1. R.W Setton-Watson Histoires des Roumains PUF Paris 1937 p. 177 Paul Kisseleff Ă©tait un homme de caractĂšre Ă©levĂ© aux vues larges singuliĂšrement compĂ©tent et plus semblable Ă  un philosophe français de l’école de Voltaire et Diderot qu’à un gĂ©nĂ©ral russe Ă  qui le moins Ă©clairĂ© de tous les tsars avait confiĂ© le gouvernement d’un province conquise arriĂ©rĂ©e
  2. Andrei Oțetea, Istoria lumii Ăźn Date, Ed. Enciclopedică, Bucarest, 1969
  3. Kisseleff esprit large, caractĂšre droit fait preuve d’une activitĂ© et d’une force de travail vĂ©ritablement hors ligne selon Alexandru Dimitrie Xenopol.
  4. Son ambassade semble commencer dÚs 1846, des autographes datées de cette année sont en vente sur Internet.

Sources

  • Nicolas Piccolos Paul Kisseleff et les PrincipautĂ©s de Valachie et de Moldavie Editieur Firmin Didot Paris, 1841.
  • Alexandru Dimitrie Xenopol Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'Ă  l'union des principautĂ©s Tome II de 1633 Ă  1859. Éditeur Ernest Leroux Paris (1896).
  • Jean Michel CantacuzĂšne, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian (1992) (ISBN 2-86496-054-0)

Articles connexes

Liens externes

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